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¿QUE ES LA DECLARACION DEL MILENIO DE NACIONES UNIDAS? La Declaración del Milenio de LA ONU fue aprobada por 191 gobiernos en septiembre del año 2000,

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OISEAUX

Less

© Sylvain Chartier

Réalisé par des éleveurs... pour des éleveurs

Diamant à gouttelettes

36ème année - N°402 - Décembre 2022

ddu Monde

ÉDITO Éditeur : UOF(COM France) Directeur de la publication Pierre CHANNOY 8 rue Racine 30133 LES ANGLES Rédacteur en chef Lionel DUROCHAT [email protected] Abonnements Publicité Daniel HANS 11 rue Heibel 68380 BREITENBACH [email protected] Tél : 06 08 53 88 59 Établir votre chèque à l’ordre de «SAS - Les Oiseaux du Monde» Conception Guy DOUMERGUE Impression Onlineprinters Neustadt - Allemagne Numéro de C.P.P.A.P. 0527 G 90004 ISSN 0754-0884 Dépôt légal : à parution Les Oiseaux du Monde est une publication de l’UOF gérée par la SAS Les Oiseaux du Monde Siret 52755047900010 / TVA intra. FR31527550479 / APE4778C

La revue Les Oiseaux du Monde est distribuée uniquement par abonnement aux conditions générales suivantes : Abonnement pour 10 parutions Abt individuel Abt DOM et TOM Abt autres pays Abt adhérent UOF

48,00 € 58,00 € 58,00 € 40,00 €

Prélèvement trimestriel possible.

L

« ’année ornithologique n’est pas terminée ! » Nous voici déjà arrivés à la fin de l’année 2022, mais notre saison des expositions est loin d’être arrivée à son terme. En effet, année inédite, le Championnat de France U.O.F. (COM France) se tiendra en janvier prochain à Châteauroux du 6 au 8 janvier 2023. Or, un championnat de France reste bien l’apogée de nos rencontres et la sanction annuelle de notre travail de sélection ! Si comparer ses oiseaux à ceux de son voisin relève déjà d’une démarche positive, les faire concourir à un niveau régional puis national est une nécessité joyeuse et plaisante pour une approche plus globale. En effet, hormis les espèces et les variétés les plus courantes, rares sont les possibilités de faire confronter ses oiseaux à d’autres de la même variété. J’entends çà et là des ronchons se plaignant de la proximité du Championnat de France avec le Championnat du Monde, mais ces mêmes personnes auraient elles préféré l’absence du rendez-vous annuel national ? Nous avons tous du mal à évaluer la somme de travail et d’investissement personnel que requiert l’organisation d’un

Pierre Channoy Directeur de la revue

Championnat de France que ce soit matériellement, financièrement, sanitairement ou encore du point de vue du bénévolat et pourtant… Il est plus que nécessaire d’encourager notre président Daniel HANS et la région 12 impulsée par Brigitte MARDON et son club Les Amis des Oiseaux de Vierzon. Présentez des oiseaux ! Visitez l’exposition ! Soutenez nos responsables ! En septembre dernier, ma région, la ROSE me demandait un petit mot sur l’évolution de la réglementation en matière de lutte contre l’Influenza aviaire. J’écrivais alors que contrairement à d’autres éleveurs, je pensais que la situation s’améliorait… Non pas qu’il y avait moins de cas, mais parce que les pouvoirs publics avaient appris à vivre avec… Quelques mois après, je pense que mon diagnostique n’était pas trop éloigné de la réalité. En effet, la grande majorité des expositions a pu se tenir. J’évaluerais cette proportion à 70% de

Les abonnements peuvent être contractés à n’importe quel moment de l’année. COPYRIGHT : toutes reproductions sont interdites sans autorisation écrite de l’auteur et de la rédaction de la revue. La rédaction ne serait être tenue pour responsable des propos tenus par les auteurs dans leurs articles.

Diamant à gouttelettes bec et croupion jaunes Éleveur Joris RABIN Championnat de France Les Herbiers 2014 © Sylvain Chartier Les Oiseaux du Monde - 1 - N° 402 - Décembre 2022

maintien de nos rassemblements grâce aux dérogations obtenues. Certes, quelques zones du territoire national restent bloquées par rapport à des cas locaux d’Influenza et elles doivent avoir tout le soutien de l’ensemble de l’Union, mais la quasi-totalité des expositions a pu se maintenir. Rappelons que les dérogations peuvent être obtenues quel que soit le niveau de vigilance parce que nos oiseaux sont réputés vivre en confinement permanent, il faut aller de l’avant et demander ces dérogations et en cas de refus exiger les motifs des décisions pour éventuellement pouvoir les contester et les renégocier. Le refus d’hier peut toujours se changer en une agréable autorisation demain ! Cette fin d’année s’accompagne également de l’ouverture de nouvelles négociations auprès du ministère de l’Écologie notamment sur la question de la liste positive. Restons positifs et soutenons nos représentants qui nous défendront au mieux de nos intérêts ! Daniel et son équipe nous apporteront dans les semaines à venir les informations pertinentes attendues… Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter d’excellentes fêtes de fin d’année, de profiter de ces temps avec vos proches pour vous reposer et déconnecter. Oubliez vos soucis pendant ces quelques jours, et revenez-nous en forme pour accomplir en 2023 de belles choses tous ensemble, à commencer par un Championnat de France à Châteauroux, puis une forte représentation française au Mondial de Naples !

L‘UOF et les Oiseaux du Monde vous souhaitent de très bonnes fêtes de fin d’année Les Oiseaux du Monde - 2 - N° 401 402 - Novembre Décembre 2022

Sommaire

Moineau du Cap ou Moineau mélanure - Éleveur Patrick Henrion Guêpier d’Orient Merops orientalis National Les Herbiers 2014 © Sylvain Chartier © Mohsan Raza Ali

Éditorial

p1

Sommaire

p3

La quête de l’impossible ?

p4

Les espèces du genre Stagonopleura 2

p7

Les mutations du Diamant à gouttelettes p 10 Complément d’information sur les Guêpiers

p 15

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p 12

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Olivia, Guêpier apprivoisé

Les oiseaux du genre Passer Sauvegarde d’une espèce en voie de disparition : la Perruche de Nareth 2 Les perruches de Northiella Complément d’information Détention et élevage du Ara à front rouge Ma pièce d’élevage de Calopsittes élégantes Zéalandia La page du débutant

Les Oiseaux du Monde - 3 - N° 402 - Décembre 2022

p 17 p 20 p 23 p 25 p 27 p 29 p 32

Le L e prochain prroch hain i nu numéro méro é arrivera arrive era chez vous vers v ers le e 15 janvier 2023

La quête de l’impossible ?

Les « beaux » chanteurs, ou l’aventure du Canari Smet Christophe Jacobs Jean-Paul Glemet Eਭ ਲ਴਱ਥਠਭਲ਼ ਲ਴਱ Iਭਲ਼ਤ਱ਭਤਲ਼ nous avons découvert une copie d’un article de 1955 dans la revue Anthologie canaricole. Cette revue est une mine d’informations et en français. Et là, un article de Marcel Cioutat qui relate la création du canari Smet et de la Société Nationale du canari Smet.

L

e nom de Smet est connu de beaucoup d’éleveurs de canaris en France, même actuellement. Cela pour deux raisons. Tout d’abord parce que Gustave Smet a écrit entre autres, deux livres bien connus : en 1937 « Les canaris et les secrets de leur élevage » et aprèsguerre « Les canaris couleurs ». Ces ouvrages ont été maintes fois réédités et c’était LA bible pour tous ceux qui ont démarré l’élevage des canaris de 1950 à 1979 (date de parution de « ABC » pratique de l’éleveur de canaris couleurs d’Alain Delille). Mais ce nom est aussi familier parce que la Société Nationale du canari Smet a été un club très actif et bien connu en région parisienne bien après sa création. On disait LA SMET et ce club a disparu au début des années 80. Les nostalgiques du marché aux oiseaux de Paris ont tous entendu parler de La Smet. Nota : Il faut dire aussi que les éleveurs de la Smet ont été parmi les premiers à utiliser des colorants synthétiques dans la fin des années 60 et étaient donc les premiers à présenter des canaris rouge vif alors que d’autres clubs ou fédérations interdisaient cette coloration et n’avaient que des canaris orange dopés à la carotte. Alors évidemment le public a préféré les canaris rouges. L’article de Marcel Cioutat rend un hommage appuyé à Gustave Smet, président de la société sérinophile de Paris et qui, dès la fin de la guerre jusqu’à sa mort, c’est-à-dire en seulement 7 ans, voulut créer un canari alliant beauté de coloris avec beauté et diversité de chant. Ce canari devait avoir pour nom « Canari de Paris ». Alors G. Smet était-il arrivé à quelque chose ou bien fut-ce après sa mort une

très belle opération commerciale, un coup de pub ou quelque chose faisant le buzz comme on dirait aujourd’hui ? A vous de juger.

Retour sur l’histoire du « canari Smet » Serinus smeteius, un nom latin, rien que cela. Un nom latin pour désigner une nouvelle race de canaris ? Pas vraiment. C’est surtout un rêve ou une intuition de Gustave Smet de « créer » un « canari qui représente à la fois l’esthétique, le chant et la beauté ». Il faut dire que Gustave Smet était un musicien, un mélomane et même un compositeur. De sa passion pour la musique et les oiseaux est né ce projet un peu fou d’obtenir de « beaux » oiseaux chanteurs. Éleveur de Harz et de Malinois, il avait également eu un intérêt certain pour des canaris à fond rouge. Rapidement, il se mit donc en tête d’obtenir des oiseaux de chant à fond rouge. Après-guerre, il n’existait que des lipochromes orangerouge intensifs et schimmels, des noirs rouges (dénommés cuivre) et des agate. Et il faut savoir qu’il n’existait aucun colorant de synthèse donc tous ces oiseaux étaient avec une tonalité orange plus ou moins foncée. Comme il était mélomane, il tenta de plus d’écoler ses jeunes oiseaux avec d’autres maîtres chanteurs : non seule-

Gustave Smet - Cliché extrait de l’article de Marcel Cioutat

ment des Harz rollers et des Malinois, mais aussi ensuite avec des Bengalis rouges, des Serins à croupion blanc (« chanteurs d’Afrique »), voire parfois avec des alouettes, des Chardonnerets élégants ou encore des Rossignols philomèles, nous relate l’article. Tout ce travail, déjà fort avancé, M. Smet n’en verra pas l’issue, puisqu’il disparaît malheureusement le 10 décembre 1952. C’est ensuite que naît la « légende » et cette volonté de poursuivre ou tout du moins de transmettre son « œuvre ». C’est ce que présente ensuite M. Cioutat à travers toute « la protection » du travail accompli par Gustave Smet. Il s’agissait à travers la création tout d’abord de la Société du Canari Smet, de « perpétuer le souvenir d’un grand canariculteur français ». Ensuite, et c’est sans doute moins connu, il s’agissait de protéger la création face à l’inévitable « contrefaçon » (le « maquignonnage » évoqué dans l’article).

Les Oiseaux du Monde - 4 - N° 402 - Décembre 2022

Le jugement d’un « canari Smet » et le label « canari Smet » Observons maintenant la fiche de jugement établie et présentée en 1955 sous le nom de canari Smet. On découvre que la couleur, la forme et le plumage représentent 55 points. D’accord, mais regardons maintenant la partie chant. Il y a trois rubriques, chacune à 15 points. Rubrique « beaux chants d’oiseaux divers » : 5 points si un chant d’oiseau, 10 à 15 points si deux chants d’oiseaux ou plus. Et là il suffit de reconnaître une strophe du chant d’alouette ou de rossignol ou de chardonneret etc. En clair des tours de chant appris par écolage et écoute de chant (et non génétiquement).

Fiche jugement Canari Smet - Recto

Ensuite il y a 15 points pour du chant Harz : 5 points pour un tour, 10 points pour deux tours, etc. On ne parle pas de qualité du chant mais d’avoir à son répertoire de un à trois tours de chant Harz. Et ensuite, même chose pour le chant Malinois : on doit reconnaître un, deux ou trois tours de chant du Malinois mais rien sur la qualité du chant. Le dos de la fiche de jugement était transformé en fiche de pédigree et « label » avec tampons et signatures diverses et même fixation d’une valeur. Il s’agissait de « labelliser » les canaris Smet et c’était à la Société du Canari Smet de valider le tout. C’est là toute l’innovation commerciale de Marcel Cioutat : créer un canari unique et le présenter comme un produit de luxe, en édition limitée et estampillé et certifié. Il fallait déjà deux juges pour signer la fiche de jugement + la signature du président de la société Smet + un accord sur le prix de l’oiseau à indiquer sur la fiche (prix fixé collégialement par trois éleveurs et trois marchands oiseliers). Si cet oiseau était cédé à un particulier, c’était au prix marqué sur la fiche, si l’oiseau était cédé à un revendeur, ce revendeur l’achetait à 50% du prix marqué.

Du « canari de Paris » au « canari Smet ». Une continuité, un hommage ou une opération marketing ? Sans doute une continuité et la volonté de faire de Paris une place forte de l’ornithologie mondiale. C’était aussi les balbutiements du Salon International de Paris, exposition qui avait une très bonne presse et qui plaisait au grand public. Sans doute aussi envie de créer une nouvelle race française et d’en faire la promotion comme cela avait été le cas pour le canari Frisé parisien. Mais la fiche « label », les différentes signatures et tampons étaient aussi là pour distinguer ces canaris des simples canaris de base, en faire des produits uniques et de luxe et c’est là qu’est l’innovation marketing de Marcel Cioutat.

Fiche jugement Canari Smet - Verso

Canari Harz roller rouge, cité par Norbert Schramm dans le livre cité supra. Éleveur Heiko Rothbarth © Norbert Schramm

Et les femelles dans tout ça ? Rien à ce sujet. Mais il est évident que les femelles ne chantant pas ne pouvaient pas être évaluées. Cependant étant sœurs de …, elles devraient ou auraient dû avoir droit au nom de canari Smet.

Le « canari Smet », un cas isolé ? La canariculture française a retenu ce nom de canari Smet. Pour autant, Gustave Smet n’était pas le seul à vouloir concilier beauté du plumage et beauté du chant dans un seul canari. D’autres canariculteurs à l’oreille musicale se sont également attelés à cet exercice : l’éleveur allemand Karl Reich, l’éleveur argentin Dr Evaristo Fratantoni et ses Harz (cf. son manuel « Tratado de canaricultura Roller ») ou encore Livio Susmel, éleveur italien, avec sa propre race de canaris Usignolato Fiume. Ces initiatives ont souvent fait l’objet de critiques de la part de leurs contemporains ou successeurs. M. Pomarède, par exemple, arrive dans son Précis de canariculture à la conclusion suivante : « On peut considérer que l’expérience entreprise par G. Smet de croiser des Malinois avec des canaris de couleur, pour obtenir de beaux chanteurs, n’a pas abouti à un résultat satisfaisant. La qualité du chant ne relève pas de la seule génétique, on n’hérite pas d’une roulée profonde comme on hérite du caractère opale. Il y a actuellement de très beaux canaris de couleur, de très bons canaris de chant ; on peut améliorer le chant des

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Canari de Harz - Éleveur Jack Christy Championnat de France Les Herbiers 2014 © Guy Doumergue

premiers et la couleur des seconds, mais une synthèse ne peut se faire qu’en vue d’un type moyen. Il n’est pas sûr qu’elle soit souhaitable. » D’autres sont plus véhéments dans leurs propos. Mais regardons les résultats : à ce jour, dans les classes de concours d’oiseaux de chant, il y a très peu de place pour les « beaux » chanteurs. En France pour les Harzer, mis à part les jaunes ou les blancs, le rouge si cher à Gustave Smet ne fait pas l’objet d’une classe à part, il serait inclus dans celle pour les « couleur lipochrome autre que jaune » . La couleur rouge n’est pas non plus reconnue chez les Malinois ni chez les Timbrados. A la COM (Confédération Ornithologique Mondiale), la question de la couleur n’est pas prise en compte chez les canaris de chant des différentes races. Aux Pays-Bas , les classes sont encore plus généralistes. Toujours pas de distinction de couleur quelle que soit la race de chant. En Allemagne , enfin, les canaris de chant font l’objet d’une classification plus riche à ce niveau, du moins pour les canaris Harzer où on va distinguer des classes jaune schimmel, blanc dominant, noir jaune schimmel, noir jaune opale, jaune intensif, classe collective (nouvelles couleurs), canari de chant de posture - Huppé allemand. Mais toujours pas de fond rouge. Il n’y a pas encore non plus, dans ce pays, de classe dédiée à notre Serinus smeteius. Mais c’est sans doute là que ce dernier a le plus de chance de réapparaître. Car oui, ce rêve n’a pas disparu. Quelques spécimens commencent à réapparaître çà et là, dans des élevages de Harz Roller. Et Norbert Schramm, auteur de plusieurs ouvrages dédiés à l’élevage des canaris , donne même quelques pistes pour que ce rêve

puisse, un jour, devenir réalité : « Mais ce n’est pas en cinq ou dix générations qu’il sera possible d’obtenir des oiseaux qui répondent aux exigences élevées d’aujourd’hui d’un chant Harzer Roller et d’un canari de couleur. Cela n’est possible que sur une plus longue période de temps, au cours de laquelle une sélection de reproduction cohérente est pratiquée en ce qui concerne le chant et la couleur. Cependant, cela nécessite également un grand nombre d’éleveurs et d’oiseaux reproducteurs. » Il détaille, sur plusieurs pages, quelle stratégie adopter pour aboutir à des canaris de chant couleurs en plusieurs années, suivant que l’on souhaite introduire une couleur à hérédité libre ou récessive, ou intermédiaire ou liée au sexe. L’aventure Serinus smeteius n’est donc pas terminée, loin de là ! Quelques éleveurs tentent encore l’aventure, notamment en Allemagne (Thomas Müller, Hei-

ko Rothbarth par exemple), mais il faut de nombreux couples et de nombreuses générations, y compris d’éleveurs, pour fixer cette double exigence. Peu de gens s’y risquent et cela reste marginal. Cette histoire démontre tout de même une chose : que le canari est un excellent imitateur. Les tours de chant appris par les Serinus smeteius écolés par des rossignols, des fauvettes et autres chardonnerets, n’étaient qu’imitation. Au fond, le plus grand mystère réside sans doute maintenant à essayer de comprendre : 1) pourquoi le canari imite d’autres oiseaux et 2) quel est le sens de ses propres phrases. Car ces tours de chant, que les canaris soient de couleur, de chant ou de posture, ont bien des significations. Des travaux scientifiques commencent à s’y intéresser, mais nous n’en sommes qu’au tout début. Il ne s’agit plus aujourd’hui d’obtenir de « beaux chanteurs », mais de tendre l’oreille et d’écouter ce qu’ils ont à nous dire. En guise de conclusion, retenons surtout cette phrase de Marcel Cioutat, qui conclut l’article de 1955 : « La canariculture doit demeurer un art en même temps qu’une source de distractions saines ». Tout cela valait bien une appellation latine que nous avons inventée : « Serinus smeteius ».

Qui était Marcel Cioutat ? Un personnage très important qui pesait de tout son poids et de son charisme. Prenant la relève de G. Smet il a créé la Société Nationale du Canari Smet tout en étant en même temps vice-président de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). Oui vous avez bien lu, un éleveur était aussi un protecteur, il n’y avait rien d’incompatible. Aujourd’hui aussi nous élevons et nous protégeons mais essayez donc de faire partie de la LPO et d’entrer dans ses instances dirigeantes. Alors que des années 50 jusque 1975 c’était possible et il y avait de très bonnes relations entre la LPO et les fédérations d’éleveurs d’oiseaux. Marcel Cioutat est ensuite devenu président de la FFO (Fédération Française d’Ornithologie). A cette époque la FFO était une fédération très puissante, peut-être même la plus importante de France. La société Smet, quant à elle, partait vers d’autres aventures notamment avec M. Chateauneuf à sa tête. Marcel Cioutat s’est ensuite lancé dans la création d’un canari couleur avec huppe. Il s’agissait d’associer une huppe ronde de type Gloster sur des canaris couleurs de diverses couleurs. C’est en 1970-1971 qu’il présente le canari Rex (Rex pour roi = couronne et peut-être aussi Rex comme Royal par mégalomanie). Marcel Cioutat est mort brutalement en 1972, juste au lancement du canari Rex. On aurait pu ainsi avoir encore une nouvelle race française mais le destin en a décidé autrement. Marcel Cioutat, quelle destinée et quelle action, chapeau l’artiste !

Les Oiseaux du Monde - 6 - N° 402 - Décembre 2022

Les espèces du genre Stagonopleura

Suite de l’article publié dans le numéro de novembre 2022 de votre revue « Les Oiseaux du monde ». sero se ront ro nt sex exue uellllllem ue emen em entt ma en matu ture tu ress en re entr tre tr e 9 ett 12 mo ois is. Le Le coupl ple to toutt au lo long g de la pé de périiod ode de de de rep pro rod duct du ctitio ion de ion devi vien ien entt très tr ès agr g es essi siff et ter si erri rito ri tori to rial ri al. al

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alheureusement, il faut dire que cet estrildidé fascinant est mentionné dans la liste rouge de l’UICN des espèces menacées établie en 1948, qui représente la plus grande base de données d’informations sur l’état de conservation des espèces animales et végétales dans le monde entier. Pour cette raison, il a été interdit d’exportation, même lors de la grande période d’importations. Il faut également dire que cette espèce n’est pas soumise au CITES. Certaines informations sur sa présence en captivité peuvent être obtenues sur le site Web www.australianfinches.com où il est confirmé que ce n’est pas un oiseau populaire en captivité en raison des réglementations gouvernementales qui appliquent des restrictions strictes pour faciliter à juste titre sa conservation. Pour cette raison, il est signalé comme rare dans les élevages australiens. Il est précisé que les quelques couples présents à la vente sont très chers. Lors de sa reproduction, on dit qu’il a besoin de grandes volières extérieures, riches en végétation, avec en plus un bon mélange pour oiseaux exotiques comme celui utilisé pour les Diamants de Gould, avec

Stagonopleura guttata © Lip Kee domaine public commons.wikimedia.org

Luigi Pagliei (Italie)

des graines de banksia à feuilles de bruyère Banksia ericifolia, de plantes des genres Casuarina et Melaleuca. Il est précisé qu’il est préférable de ne loger qu’un seul couple par volière pour faciliter la reproduction, très difficile à obtenir. On parle aussi d’une durée de vie moyenne qui varie entre 6 et 8 ans. Si le Diamant queue-defeu n’a jamais « mis les pieds » en Italie, il y a eu quelques apparitions sporadiques dans le reste de l’Europe, notamment en Hollande et en Belgique où certains couples sont arrivés ces dernières années. Mais malgré les différentes astuces, il n’a pas été possible de les faire se reproduire. L’un de ses points faibles est l’humidité : en fait parmi les estrildidés, c’est l’un de ceux qui ont besoin d’une plus grande humidité dans leur environnement. A cela il faut ajouter que les échecs dans sa reproduction sont dus à divers facteurs avec en premier lieu le manque de connaissance de ses habitudes : ce n’est qu’en comprenant ces dernières qu’il sera possible de reproduire cette espèce, d’ici là on ne peut qu’espérer que sa population augmentera.

Le Diamant occulé, Stagonopleura oculata, Quoy et Gaimard 1830. C’est une espèce monotypique, endémique, et avec une aire de répartition extrêmement limitée représentée par l’arrière-pays de la ville de Perth dans le sud-ouest de l’Australie occidentale. Cette espèce vit dans la forêt d’Eucalyptus marginatus, caractérisée par un sous-bois dense et buissonnant et des clairières herbeuses éparses, présentes dans les canyons et les plaines. Elle est également présente dans les broussailles côtières et dans

Stagonopleura oculata distribution domaine public commons.wikimedia.org

Les Oiseaux du Monde - 7 - N° 402 - Décembre 2022

les marais avec des bois de Melaleuca alternifolia (arbre à thé). Elle est absente des zones montagneuses. Il n’y a aucune trace de ce diamant en dehors de sa répartition géographique naturelle. Étant une espèce sédentaire, le développement de l’activité agricole a conduit à la réduction drastique de ses effectifs. C’est un animal très timide et contrairement à de nombreux autres estrildidés, sa présence n’a eu aucun impact sur l’homme (en particulier sur les cultures). En dehors de la période de reproduction, il vit en groupes familiaux qui passent la plupart de leur temps parmi les buissons, se réfugiant dans l’épaisseur de la végétation arboricole. Caractérisé par une apparence trapue et peu élancée, il mesure entre 12 et 13 cm de long avec un poids qui varie entre 15 et 20 grammes. Il a un fort bec conique, de forme et de couleur similaires à son congénère le Diamant queue-de-feu. Les sexes en dehors de la période de reproduction sont identiques. Le Diamant oculé est un oiseau granivore ; il se nourrit de graines d’herbes et de Casuarina. Surtout pendant la

période de reproduction, l’alimentation (qui comprend également des baies, des fruits et des pousses) peut également inclure de petits insectes. La saison de reproduction coïncide avec le printemps austral, entre septembre et novembre : à cette période, les mâles deviennent très territoriaux et agressifs, chassant tout ennemi éventuel. Les deux sexes collaborent à la construction du nid en forme de bouteille qui mesure jusqu’à 40 cm de long avec son tunnel d’accès de 15 et 20 cm de long composé de brins d’herbe et de feuilles à l’extérieur. L’intérieur est rembourré de plumes douces. Le nid

Diamant occulé © Naidu Kumpatla

Les Oiseaux du Monde - 8 - N° 402 - Décembre 2022

est situé sur les branches terminales des eucalyptus, entre huit et quinze mètres au-dessus du sol. À l’intérieur, la femelle dépose quatre à cinq œufs blancs couvés par les deux sexes. L’incubation dure 14-15 jours puis les oisillons sont pris en charge par les deux parents pendant une vingtaine de jours, après quoi ils restent près du nid pendant encore 3-4 semaines avant de s’en éloigner définitivement. Le couple parvient à réaliser deux à trois couvées par saison de reproduction. Les juvéniles ont une couleur gris terne avec une mauvaise définition des lignes noires qui caractérisent l’espèce et leur bec est noir. La transition du plumage juvénile à adulte aura lieu vers l’âge de 10 à 14 semaines. Mâle et femelle sont très similaires mais pendant la saison de reproduction, l’identification des sexes devient simple : la tache cramoisie derrière l’œil du mâle devient très brillante tandis que celle de la femelle reste plus terne, prenant une couleur rouge orange-écarlate. De plus, un changement se produit sur la couleur du bec qui chez le mâle devient rouge cramoisi, tandis que chez la femelle il reste rose. Malheureusement, il faut dire que Stagonopleura oculata, tout comme Stagonopleura bella, est mentionné dans la liste rouge de l’UICN des espèces menacées. Pour cette raison, il est interdit de l’exporter. N’étant pas en danger d’extinction, cette espèce n’est pas soumise au CITES. Le site www.australianfinches.com confirme que ce n’est pas un oiseau populaire en captivité, absent des élevages australiens. En Europe, le Diamant oculé n’a jamais été présent. En parlant avec un cher ami australien (M. Pollard, professeur à l’Université de Tasmanie), j’ai découvert qu’en Australie Stagonopleura oculata est plus commun que Stagonopleura bella, mais en raison de sa nature particulièrement agressive, il est peu élevé, contrairement à l’espèce cousine plus douce et donc plus facile à garder en captivité. Au cours d’une longue discussion, Pollard m’a expliqué que les deux espèces sont protégées et que, pour les détenir, les éleveurs ont besoin d’une licence spéciale délivrée par les autorités locales. Il a réussi à reproduire avec succès la Stagonopleura bella. Il m’a également confié qu’une fois la licence obtenue, le prix à payer pour chaque couple est d’environ 1500 dollars australiens,

Diamant occulé © Vikrant Deshpande

soit un peu plus de 1000 euros, un chiffre très élevé qui fait renoncer de nombreux éleveurs intéressés par la reproduction de cette espèce. Une initiative intéressante a été menée au milieu des années 1990, lorsqu’un programme d’élevage en captivité du Diamant oculé a été mis en place grâce à la Westwern Australian Finch Society : environ vingt couples ont été confiés à dix aviculteurs locaux dans le but de constituer une souche en captivité et empêcher le déclin drastique des effectifs ces dernières années. Mais malheureusement presque tous ont lamentablement échoué avant la phase de reproduction : le principal problème était la faible capacité de l’espèce à s’acclimater à la captivité. En fait certains sujets sont morts quelques semaines après avoir été placés dans la volière, les autres étaient incapables de se reproduire. David Myers, a réussi à obtenir quatre jeunes en mai 1992, mais au prix de grandes volières riches en végétation et en sources d’eau, avec un seul couple par enceinte. Il ne recommande évidemment pas cette espèce aux débutants. Une curiosité à propos du Diamant oculé réside dans le fait que contrairement à beaucoup d’estrildidés, cette espèce n’aime pas les insectes vivants, préférant plutôt les graines germées et les épis immatures. David Myers utilise un mélange de graines de première qualité pour oiseaux exotiques, composé de 30% de panic rouge, 25% de millet japonais, 20%

de panic jaune, 10% de millet blanc, 10% de graines d’alpiste, 3% de niger et 2% de graines de Casuarina. Dans son article, il cite parmi les principales causes de l’incapacité de reproduire cette espèce la faible capacité d’adaptation à la vie en captivité, la grande territorialité qui provoque des attaques continues chez les mâles et le caractère fortement timide qui conduit à des situations de stress et de nervosité des sujets contraints à la captivité. Pour ces raisons, il faudra encore plusieurs années avant de pouvoir admirer cette espèce dans nos élevages, l’important est de ne jamais se décourager et d’espérer trouver le bon moyen d’aider des espèces comme celles-ci à ne jamais atteindre le bord de l’extinction.

Les Oiseaux du Monde - 9 - N° 402 - Décembre 2022

Les mutations du Diamant à gouttelettes Lionel Durochat

Cette espèce est très commune dans les élevages, à tel point que plusieurs mutations de couleur sont apparues : o Brun (autosomique récessive) : la couleur noire n’est pas exprimée, de sorte que la couleur de la poitrine et des côtés devient gris-noir et le dos devient gris-brun clair, tandis que le rouge conserve sa tonalité. o Bec et croupion orange (autosomique récessive) : la couleur rouge du bec, du croupion et du bord périoculaire devient orange. o Opale (autosomique récessive) : la coloration apparaît presque complètement blanche (avec des nuances de gris sur le dos et les côtés), tandis que le rouge ne perd pas sa teinte. o Cinnamon (récessive liée au sexe) : mutation présente en Australie et encore très rare. Aspect plus dilué que le brun. o Isabelle (récessive liée au sexe) : les marques noires et rouges restent intactes, mais le reste est dilué de sorte que la tête est d’un argentée pâle et le dos gris-brun. o Pastel (autosomique récessive). o Silver (autosomique récessive) : présent au Japon et en Australie. Cette mutation ressemble au pastel européen. o Blanc. o Panaché (autosomique récessive). Des incertitudes persistent quant à l’identification exacte et les différences entre les mutations brun, cinnamon et isabelle, tout comme entre l’opale, le silver et le pastel. Il reste encore du travail de ce côté-là ! Toutes ces mutations se combinent souvent grâce à des accouplements ciblés, de sorte qu’il est possible d’obtenir, comme les photos le montrent, des spécimens opale bec et croupion orange ou isabelle panaché. Un spécimen à triple combinaison opale brun bec et croupion jaunes avait même été photographié par Philippe Rocher lors du Mondial de Tours 2011 !

Diamant à gouttelettes bec et croupion jaunes - Éleveur Rodolphe Delporte Championnat de France Palavas-les-Flots 2019 © Philippe Rocher

Diamant à goutelettes opale Éleveur Teddy Stephan Championnat de France Castres 2012 © Sylvain Chartier

Stagonopleura guttata opale brun bec et croupion jaunes Mondial Tours 2011 © Philippe Rocher

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Stagonopleura guttata isabelle © Ton Albers - www.ton-albers.nl

Stagonopleura guttata blanc © Ton Albers www.ton-albers.nl

Diamant à gouttelettes brun Éleveur Jean-Pierre Delhoste CGTE 2018 © Sylvain Chartier

Stagonopleura guttata pastel © Ross Walker - www.ohmifinch.com

Stagonopleura guttata opale bec et croupion jaunes - Éleveur Rodolphe Delporte Championnat de France Woincourt 2018 © Philippe Rocher

Les Oiseaux du Monde - 11 - N° 402 - Décembre 2022

OLIVIA

Volière de Guêpiers Élevage et © Lou Megens

Tਮ਴ਲ਼ ਠਫਫਠਨਲ਼ ੊ਲ਼਱ਤ ਣਨਥਥ੉਱ਤਭਲ਼ ਢਤਲ਼ਲ਼ਤ ਠਭਭ੉ਤ… Après plusieurs

Lou Megens (Pays-Bas)

années d’élevage réussi du Guêpier d’Europe, je pensais en avoir suffisamment appris pour m’assurer quelques oiseaux sur le perchoir, pour faire plaisir aux autres aussi.

P

Détail de la tête du Guêpier d’Europe Élevage et © Lou Megens

arce qu'ils sont extrêmement beaux, ces guêpiers ! C’est aussi un oiseau calme avec un comportement intéressant de chasse, d'accouplement et de creusement de cavités de nidification. Et une fois qu'il y a des oisillons, c'est un grand spectacle de voir toute la colonie (parents, oncles et tantes) aider à nourrir les jeunes. Sans oublier de mentionner la belle sonorité de leur chant ! Je pensais avoir dépassé les années d'apprentissage et enfin maîtriser les problèmes. La volière avait quant à elle été agrandie avec un bel espace de 8 mètres de long : fond déblayé de la végétation, perchoirs et cordes tendues bien placés, et toute cette nouvelle zone couvertes contre la pluie. La nourriture était équilibrée et bien acceptée. L'eau du bain était volontiers et fréquemment utilisée. Les nichoirs étaient devenus des nichoirs éprouvés de près d'un mètre de long et les oiseaux étaient en parfait état. En hiver, ils restent dans une volière plus petite, mais à l'extérieur en étant protégée des intempéries par du

plastique. Un perchoir chauffé électriquement garantit que leurs pattes ne souffrent pas en cas de gel sévère. Je n'ai jamais eu de guêpier mort, à l'exception du drame de l'année dernière où des rats ont tué et mangé quatre des huit adultes. Bref, tout était en ordre pour une bonne saison de reproduction ! Au cours des trois dernières années, les résultats de reproduction étaient de 0, 4 et 6 poussins sevrés par an. Cette année devait certainement être meilleure ! Trois nichoirs ont été affouillés. Mais ce que je ne pouvais pas contrôler, c’était les facteurs externes. Non seulement le printemps a été extrêmement froid et humide, mais en plus mes deux voisins (de gauche et de droite) ont décidé de rénover en profondeur leur maison en même temps. Les murs et les sols ont été démolis, des mois de bruit de marteaux et de marteaux-piqueurs ! Des ouvriers du bâtiment qui ne déposaient jamais rien en douceur mais jetaient toujours tout dans des conteneurs en acier. Bref, un bruit terrible ! La haie de protection en limite du jardin juste à côté de la volière a été enlevée par les voisins, créant une vue dégagée sur le côté de la volière des guêpiers. Même si j'espérais le contraire, tout cela a eu un impact négatif sur les résultats de reproduction des oiseaux. Des œufs ont malgré tout été pondus, mais j'en ai aussi trouvé quatre cas-

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sés au sol. Pourquoi ? Les oiseaux ont-ils été dérangés ? La reproduction a commencé fin mai, je pouvais donc m'attendre à des éclosions fin juin (28 jours de période d’incubation). À ma grande déception, seuls deux jeunes guêpiers ont éclos. Tous les autres œufs n'étaient pas fécondés ou l'embryon était mort prématurément dans l’œuf. Presque tous les œufs avaient de petits impacts. Les oiseaux auraient-ils été surpris par le bruit fort et auraient-ils endommagé les œufs en s'envolant ? Cependant, seulement deux poussins… C’était extrêmement décevant pour un total de quatre couples. Les poussins ont bien grandi et après un peu plus d'une semaine, ils étaient déjà assez gros, mais toujours presque complètement nus. Malheureusement il y a eu une journée de pluie ininterrompue au cours de laquelle la température n’a pas franchi les 13°C. Les deux jeunes ne pouvaient pas se réchauffer seuls et les parents ne pouvaient plus les couvrir (ils étaient tout simplement trop

gros). Parce qu'ils étaient presque entièrement nus, l'un d'eux est mort de froid. J'ai décidé de vérifier quotidiennement, pour au moins sauver le poussin survivant. Mais le lendemain je l'ai vu dans le nid avec les pattes écartées à l'horizontale. Cela ne pourra jamais bien se passer ! Très déçu, j'ai réfléchi aux différentes options possibles : laisser le poussin dans le nid ne lui donnerait que très peu de chances de survie. Placer des attelles aux pattes l’empêcherait de bouger, et les parents ne l'accepteraient probablement pas non plus. La meilleure option était d'essayer d'élever le poussin à la main. J'ai donc mis l'incubateur à 30°C et j'ai fixé les pattes du malheureux avec du scotch et du papier. Je l’ai nourri avec des larves (teigne de ruche, vers de farine et vers morios auxquels la tête est enlevée) et des grillons toutes les heures de 6h00 du matin à 21h00 le soir. Après deux jours, j'ai retiré le ruban adhésif et placé le poussin

Croissance d’Olivia De haut en bas : - oisillon d’un jour - oisillon de 16 jours - jeune de 25 jours Élevage et © Lou Megens Ci-contre, le jeune a 36 jours, Olivia peut voler. Élevage et © Lou Megens

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dans un petit bol, en le soutenant des deux côtés (avec du papier absorbant), pour garder ses pattes sous son corps. L'élevage s'est bien passé et au bout d'une semaine, il a pu se redresser. Peu à peu, les plumes sont apparues et les premières couleurs sont devenues visibles. On aurait pu dire que le jeune s'est petit à petit transformé en une femelle que nous avons prénommée Olivia (à cause de la couleur du dos vert olive). Olivia était bien sûr seule et heureuse de l'attention qu'elle recevait. Elle aimait se pelotonner dans une cavité protectrice, comme votre coude, votre cou, vos mains ou votre veste. Elle s'y endormait rapidement ! Quel bel oiseau ! Les premières tentatives de vol à l'intérieur de la maison ont été un peu maladroites, mais après avoir volé une fois contre la fenêtre, elle n'a plus jamais essayé. Pas même si nous la laissions voler dans la chambre. Quel oiseau intelligent ! Bientôt, Olivia a appris à manger toute seule et nous l'avons gardée dans une cage plus grande dans la maison, où elle volait souvent librement. Mais cela restait un espace de vie limité et artificiel. J'ai donc décidé de la ramener dans la volière extérieure avec la colonie pour lui assurer un espace de vol suffisant et un comportement naturel. Si Olivia perd sa docilité envers nous, qu'il en soit ainsi. Olivia vola bientôt comme un guêpier adulte, attrapant tout le temps des mouches comme si elle n'avait jamais rien fait d'autre !

Olivia, première sortie dans la volière Élevage et © Lou Megens

Pour notre bonheur, elle nous est restée proche et affectueuse ! De loin, elle commence à nous appeler quand nous marchons jusqu'à la volière et n’hésite pas à venir me faire un câlin. Sa place préférée est une corde tendue. Si je m'éloigne un peu d'elle et que je dis « allez », elle bouge rapidement sur le côté et se serre fermement contre mon visage, profitant de la chaleur et du contact (moi aussi d'ailleurs…). Je lui parle un peu et elle discute un peu ensuite. Quand je mets mon visage en avant et que j'appelle les geais dans la volière adjacente, elle est clairement irritée et je reçois de méchants bisous sur la joue. La bête est jalouse... Elle fait aussi clairement la différence entre ma femme et moi. Elle est très enthousiaste avec elle, mais principalement à cause des friandises qu'elle reçoit toujours de sa part. Avec moi, c'est de l'affection pure envers celui qui l'a élevée. Parfois, lorsque nous avons des visiteurs, nous faisons une petite démonstration. Les visiteurs sont toujours étonnés qu'un oiseau puisse devenir si confiant, surtout un Guêpier d’Europe ! Qui aurait pu penser cela ? Nous ne l'avons pas voulu, mais nous sommes extrêmement heureux avec elle ! Par rapport à notre objectif initial, la saison a été mauvaise en termes quantitatifs, mais vue la chance inattendue, ça ne pourrait finalement pas être mieux !

Olivia, bien au chaud contre maman Élevage et © Lou Megens

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Complément d’information sur les guêpiers Lionel Durochat

Guêpier à gorge verte - Merops americanus © Kevin Manila

Le genre Merops comporte 24 espèces. La plupart sont d’origine africaine, principalement en Afrique subsaharienne (certaines espèces comme le Guêpier de Revoil remontent jusqu’en Ethiopie). Quelques autres font exceptions : • Le Guêpier à queue azur est exclusivement asiatique. • Le Guêpier à gorge bleue et le Guêpier de Leschenault sont situés en Asie du sud-est et quelques îles indonésiennes. • Le Guêpier arc-en-ciel est présent sur les îles indonésiennes et l’Australie. Par ailleurs, trois autres espèces ont une aire de répartition qui déborde de l’Afrique : • Le Guêpier d’Orient, présent aussi en Asie du sud-ouest (de la péninsule arabique jusqu’en Indochine, Iran, Pakistan et le sous-continent indien). • Le Guêpier d’Europe, seul guêpier européen, mais aussi présent dans toute l’Asie. • Le Guêpier de Perse qui se rencontre sur tout le continent asiatique.

L

Guêpier à gorge blanche Merops albicollis © Darren Diserens

es tailles oscillent de 16 cm (Guêpier de Böhm) à 39 cm (Guêpier carmin). On les trouve en lisière de forêts, dans les clairières, les parcelles clairsemées, les plantations, les savanes buissonnantes, … Souvent à proximité de cours d’eau. Parfois les steppes et les zones semi-désertiques. Le Guêpier montagnard, qui porte bien son nom, se trouve entre 1800 et 2300 mètres d’altitude, voire jusqu’à 3000 m dans certaines régions ! Seul le Guêpier à moustaches est classé « NT » (quasi menacé).

La plupart du temps, le dimorphisme sexuel est inexistant. S’il existe, il ne se manifeste que par de légères différences dans l’intensité des couleurs. Le nid est toujours un tunnel pouvant mesurer jusqu’à 1m de long (voire 2m pour le Guêpier de Madagascar ou le Guêpier arc-en-ciel par exemple, même jusqu’à 3m pour le Guêpier de Perse ou le Guêpier à gorge bleue !) qui débouche sur une « chambre » où la ponte a lieu. On trouve les nids au niveau de falaises, talus, berges, parfois même termitières. Ces espèces peuvent nicher en couples isolés, mais la plupart préfèrent les colonies plus ou moins importantes : jusqu’à 250 nids pour une colonie de Guêpiers à gorge blanche en Mauritanie et plusieurs milliers pour le Guêpier gris-rose et le Guêpier carmin ! Tous les guêpiers se nourrissent d’insectes volants : abeilles, mouches, guêpes, libellules, papillons, bourdons, criquets, punaises, sauterelles, termites, coléoptères, fourmis ailées, cigales, etc. tous chassent à l’affût à partir d’un perchoir. On sait que le Guêpier carmin a développé une immunité partielle aux piqures de guêpes et d’abeilles et qu’il retire l’aiguillon des hyménoptères avant de les avaler. Comme beaucoup d’espèces insectivores, les guêpiers sont affectés par l’utilisation d’insecticides. Le Guêpier à collier bleu fait exception puisqu’il lui arrive de plonger pour attraper de petits poissons.

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Guêpier d’Orient Merops orientalis © Vivek Awasthi

Guêpier à queue d’azur Merops philippinus © Kevin Manila

Guêpier arc-en-ciel Merops ornatus © Darren Diserens

Guêpier d’Orient Merops orientalis © Mohsan Raza Ali

Guêpier nain Merops pusillus © Darren Diserens

Guêpier d’Europe in situ © Sylvain Chartier

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Les oiseaux du genre Passer Lionel Durochat Morphologie Ce sont des oiseaux dont la taille oscille entre 11 cm (Moineau d’Emin) et 18 cm (Moineau perroquet). Tous les moineaux présentent des teintes dans les tonalités de brun, noir, gris et blanc, avec des plumages plus ou moins nuancés ou contrastés selon les espèces. Aux extrêmes, on a le Moineau blanc dont le plumage est une nuance de blanc et de gris clair (excepté la bavette noire chez le mâle) et le Moineau d’Emin entièrement brun foncé. Plus rarement, on trouve du jaune chez trois espèces : Moineau doré, Moineau d’Arabie et Moineau flavéole.

Biologie in situ La plupart des espèces de moineaux sont inféodés soit aux biotopes arides (zones désertiques ou semi-désertiques, savanes sèches) soit aux espaces modifiés par l’Homme (zones urbaines, zones résidentielles, etc.). Le Moineau rutilant est aussi montagnard (au-dessus de 1000 m). Ce sont des oiseaux grégaires et non-migrateurs, même si certaines populations se déplacent selon le climat et la nourriture disponible. On les rencontre autant en Afrique qu’en Europe ou en Asie même si certaines espèces ont une aire de répartition extrêmement réduite tel le Moineau d’Abd’Al-Kuri endémique de l’île d’Abd’Alkuri dans la mer d’Arabie, le Moineau à dos roux endémique de l’archipel du Cap vert ou le Moineau de Socotra endémique des îles de Socotra, Samha et Darsah dans l’Océan Indien. Leur régime se compose en majorité de graines variées auxquelles ils ajoutent des insectes (principalement lors du nourrissage des oisillons) et des fruits. Les moineaux sont cavernicoles : leur nid se situe dans un trou ou une cavité : tronc d’arbre, affleurement de terre (berges, falaises), sous-toitures, vieux murs en pierres, etc. Les pontes comptent en moyenne 5/6 œufs blancs parfois tachetés de marron, l’incubation dure au maximum deux semaines et les oisillons restent au nid deux semaines supplémentaires. Fait remarquable, une espèce de moineau adopte occasionnellement un comportement parasitaire sous la forme d’un parasitisme de nid : le Moineau d’Emin pond ses

œufs dans le nid de Pseudonigrita arnaudi (Républicain d’Arnaud) puis harcèle les républicains jusqu’à ce qu’ils abandonnent leur nid au profit des moineaux. Le Moineau d’Emin peut aussi utiliser des nids inutilisés et est parfaitement capable de construire son propre nid.

Statuts de protection Tous les passeridés européens comme entre autres le Moineau friquet et le Moineau domestiques sont des espèces reprises en Annexe I de la loi du 10 août 2004 sur les élevages d’agrément. Ils nécessitent donc une autorisation préfectorale de détention. Pour ce qui est des espèces « exotiques », aucune d’entre elles n’est inscrite en annexe de la Convention de Washington.

Les moineaux en élevage Parmi toutes ces espèces, très peu se rencontrent en élevage. Les plus répandues sont : • Le Moineau doré ; • Le Moineau domestique (avec les mutations phaéo, agate, opale, brun, brun pastel, albinos, blanc, satiné et ivoire) ; • Le Moineau friquet (avec les mutations opale et brun) ; • Le Moineau mélanure ; • Le Moineau blanc. Les éleveurs privilégient la détention en volière d’un groupe ou d’un trio (un mâle pour deux femelles) : en effet, la prédisposition grégaire des moineaux favorisera la reproduction en captivité dans de telles conditions. Mais certains éleveurs préfèrent la détention en grande cage par couple. La plupart des éleveurs notent leur tempérament agité et farouche. Il semble donc important de fournir des zones protégées qui puissent rassurer les oiseaux. Il est important de bien penser la volière qui accueillera des moineaux pour rendre les moments

Grand moineau Passer motitensis © Jody de Bruyn

de nourrissage ou de nettoyage les plus efficaces, les moins stressants et les moins dérangeants possible. Les femelles utilisent soit des nichoirs en bois type perruche, soit différents matériaux (branchages, fibres de coco et de sisal, etc.) pour construire leur propre nid volumineux.

Moineau à gorge jaune Gymnoris xanthocollis © Mohsan Raza Ali

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mondendron) surnommé saxaoul. En toutes langues, cette référence le désigne (Saxaul sparrow, Saxaulspeling, Gorrión de Saxaul...

Moineau blanc mâle Passer simplex © Marc Bumb

Le genre Passer Marc Bumb Ce genre regroupe la plupart des moineaux. Passer désigne le moineau en latin, et plus généralement les « petits oiseaux ». D’ailleurs en portugais, l’oiseau se nomme passaro. Quand à moineau, son étymologie n’est pas clairement établie, mais elle semble plutôt s’affilier à « moine », pour la robe et la calotte de l’oiseau. On connaît le qualificatif familier de « piaf » formé sur une onomatopée de son cri. Les mots anglais (sparrow), comme allemand (sperling) auraient la même origine sparo = voletter en haut allemand. En espagnol, gorrión serait à rapprocher de gorrón, pique assiette, caractère reconnu du moineau ! Moineau des saxaouls : Passer ammodendri ammodendri : en référence à un arbre des steppes d’Asie centrale (Haloxylon am-

Moineau domestique : Passer domesticus domesticus : il faut prendre le terme « domestique » sous le sens de proche de la maison, du foyer (House Sparrow, Haussperling) et non « apprivoisé », cette espèce profitant des activités humaines. En portugais, c’est le voleur brun (Pardal ladrào) ! En italien, son aire de dispersion est soulignée (Passera europea) mais on le retrouve sur tous les continents ! Moineau cisalpin : Passer italiae italiae : d’Italie. En francais, le terme de cisalpin désigne un oiseau en deçà les Alpes, donc d’Italie du Nord. Cette espèce semble être une spéciation issue d’une hybridation (moineau domestique x moineau espagnol). Moineau espagnol : Passer hispaniolensis hispaniolensis : d’Hispania (Espagne). Curieusement, suivant les nations, il est toujours le « sudiste » de chaque regard : en Espagne, c’est le moineau mauresque (Gorrión moruno), en Italie, il est sarde (Passera sarda). En allemand, on observe sa prédilection pour les milieux humides, les saules (Weidensperling) mais toujours en zone médittérranéenne. Moineau du Sind : Passer pyrrhonotus pyrrhonotus : de pyrrho (rouge) et not (dos) donc à dos roux. C’est un moineau de la région de Sind (province du Pakistan, dans la vallée de l’Indus). Plutôt forestier, c’est le Moineau de la jungle en allemand (Dschungelsperling).

Moineau d’Emin Passer eminibey mâle Éleveur Jean-Pierre Lopez Castres 2012 © Philippe Rocher

Moineau de Somalie : Passer castanopterus castanopterus : de castano (chatain) et pterus (ailes), c’est la seule indication descriptive, car toutes les langues s’appuient

Moineau sud-africain Passer diffusus © Mike Buckham

sur son lieu de vie pour le désigner (Somali Sparrow, Somalisperling... ). Moineau rutilant : Passer rutilans rutilans : rougeoyant en latin, son dos et sa tête sont d’un roux vif. Là encore les langues sont unanimes sur ce caractère particulier. Moineau flavéole : Passer flaveolus flaveolus : en latin, jaunâtre. Cette couleur s’applique au ventre de l’oiseau (Gelbbauschsperling), son dos est uni (Plainbacked Sparrow, Passero dorsouniforme). On désignait anciennement cette espèce asiatique sous le nom de moineau de Pegu (région en Birmanie). Moineau à dos roux : Passer iagoensis iagoensis : originaire de Tiago (San tiago), soit une ile du Cap vert, c’est une espèce endémique très localisée. Moineau de la mer Morte : Passer moabiticus moabiticus : habitant de la région de Moab (à l’est de la mer Morte), ce moineau n’est défini que par son origine géographique. Grand Moineau : Passer motitensis motitensis : de la région de Motito (Afrique du Sud), c’est une grand espèce (Great Sparrow) à dos roux (Rostsperling). Moineau de Socotra : Passer insularis insularis : moineau insulaire endémique à Socotra (iles au large du Yémen). Moineau d’Abd’Al-Kuri : Passer hemileucus hemileucus : de hemi (demi) et leucus ( blanc), ce moineau est un insulaire endémique à l’ile d’Abd’Al-Kuri Socotra (île au large de Socotra), anciennement sous-espèce du précédent. Moineau roux : Passer rufocinctus rufocinctus : de rufo (roux) et cinctus (bande, ceinture) . Il vit au Kenya (Kenya Sparrow, Keniasperling...).

Les Oiseaux du Monde - 18 - N° 402 - Décembre 2022

Moineau de Shelley : Passer shelleyi shelleyi : dédié à Edward Shelley (18271890), explorateur anglais en Afrique tropicale. En allemand on localise l’espèce à la région du Nil (Nilsperling). Cette espèce était considérée auparavant comme une sous-espèce du Moineau roux. Moineau de Kordofan : Passer cordofanicus cordofanicus : de la région de Cordofan (Soudan). Comme la précédente, elle a été séparée du moineau roux récemment. Moineau de Swainson : Passer swainsonii swainsonii : dédié à William Swainson (1789-1855), naturaliste et collecteur anglais. Moineau perroquet : Passer gongonensis gongonensis : habitant la région de Gongoni (Kenya) c’est le type du moineau gris. Son gros bec le caractérise (Gorrión picogordo) et l’apparente à celui du perroquet (Papageischnabelsperling, Parrot-billed Sparrow, Passera pappagallo...). Moineau swahili : Passer suahelicus suahelicus : originaire des côtes swahili (Zanzibar, Tanzanie, Comores...). Moineau d’Asie : Passer zarudnyi zarudnyi : moineau d’Asie dédié au Dr Nicolaï Zarudny (1859-1919), zoologue et collecteur russe. Cette espèce était auparavant considérée comme sous-espèce du Moineau blanc. Elle occupe les zones arides du Turkménistan. Moineau doré : Passer luteus luteus : de lutea (jaune) c’est un moineau africain courant, à la teinte jaune doré (Sudan Golden Sparrow) avec un manteau brun (Braunrücken-Goldsperling). On précise son origine (Nigeria, Soudan, Ethiopie), pour le différencier du suivant.

Moineau d’Arabie : Passer euchlorus euchlorus : de eu (vrai) chlorus (vert), jaune-vert... c’est un oiseau doré, uni, originaire d’Arabie (Arabian Golden Sparrow) ou du Yémen (Jemengoldsperling). Moineau d’Emin : Passer eminibey eminibey : dédié Emin Bey, nom d’adoption de Edouard Schutzler (18401,1992) administrateur allemand des provinces turques du Soudan/Egypte. C’est un moineau marron (Chestnut Sparrow, Maronensperling) uni.

Moineau rutilant Passer rutilans © Mohsan Raza Ali

Moineau mélanure : Passer melanurus melanurus : de melan (noir) urus (queue), un moineau à queue noire, à capuchon noir et habitant la région du Cap (Cape Sparrow, Kapsperling, Passera del Capo, Gorrión de El Cabo). Moineau gris : Passer griseus griseus : un oiseau à tête grise (Northern Grey-headed Sparrow, Graukopfsperling) , mais pas uniquement, que l’on rencontre en Afrique sub-saharienne, sauf à l’extrême sud. Moineau sud-africain : Passer diffusus diffusus : la version méridionale du précédent (Southern Grey-headed Sparrow) en sud Namibie, dans le Damara (Damarasperling). Moineau blanc : Passer simplex simplex : simple, sans couleur vive, le terme « blanc » est impropre, on devrait lui préférer le terme « pâle ». Il occupe le désert (Desert Sparrow, Wüstensperling, Gorrión Sahariano) on le connaît aussi sous le nom de Moineau des sables.

Moineau domestique Passer domesticus © Sylvain Chartier

Moineau friquet : Passer montanus montanus : son aire de répartition ne se restreint pas seulement à la montagne, puisqu’on le rencontre de l’Espagne au Japon, plutôt en campagne (Feldsperling). Plus rural que son cousin domestque, il niche dans les arbres (Eurasian Tree Sparrow) les buissons (Passera mattugia), les moulins (Gorrión Molinero) ? friquet : cela qualifie son caractère élégant, fringant, remuant, pimpant... on le nomme aussi bâtard, par opposition au moineau franc (moineau vrai, ou domestique). Moineau mélanure Passer melanure Éleveur Valentin Alessantini Mondial Tours 2011 © Philippe Rocher

Moineau friquet Passer montanus Éleveur Moreno Ramirez Mondial Tours 2011 © Philippe Rocher

Les Oiseaux du Monde - 19 - N° 402 - Décembre 2022

Sauvegarde d’une espèce en voie de disparition : la Perruche de Nareth Suite de l’article publié dans le numéro de novembre 2022 de votre revue « Les Oiseaux du monde ».

Lois and Wayne Gearing (Australie)

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D

e l’adoption de ce premier couple qui a intrigué et suscité l’intérêt de notre famille, s’est développée une vie entière de bienveillance pour la Perruche de Nareth que nous détenons aujourd’hui dans notre collection. Le succès de cet élevage n’a rien d’étonnamment nouveau ou spécial, mais est plutôt basé sur des principes fondamentaux de soin et de considération des oiseaux, que l’on pourrait penser être très similaires aux pratiques de nombreuses autres personnes. Considérer que chaque oiseau est différent et que chacun de ses traits uniques exige que l’aviculteur agisse envers chaque espèce d’oiseau d’une manière différente. Oui, cette perruche a ses propres idiosyncrasies [Ndlr : Caractère individuel, tempérament personnel.], mais c’est son répertoire unique de comportements qui la rend intéressante et stimulante, et en fait un véritable personnage australien. Dans l’ensemble, il s’agit de respecter trois exigences de base :

1. Prise en compte des besoins fondamentaux des oiseaux Logement Nos perruches sont gardées dans des volières avec un double grillage, en partie semi-suspendues et conventionnelles. Les autres becs crochus de notre collection sont également conservés en volières à double grillage car beaucoup aiment pincer les doigts de leurs voisins ! Chaque volière mesure 1,2 m de large, 2,4 m de haut et 3 m de long dont 1,2 m concerne une partie suspendue (le reste étant en format conventionnel).

Les volières sont construites en métal car nous sommes une zone à forte activité termitière. L’accès à chaque volière se fait par une porte arrière qui s’ouvre sur une allée de 150 m de long. Chaque porte arrière est construite à moitié en grillage de couleur et à moitié en grillage à l’épreuve des souris afin de faciliter la ventilation. Le sol de la volière est rempli de sable blanc. Chaque volière bénéficie d’une buse de brumisation individuelle montée sur le toit pour faciliter le rafraîchissement des oiseaux pendant les mois les plus chauds. Un plateau métallique à l’arrière de la volière présente les gamelles de nourriture et de grit. Des bols d’eau sont placés dans la partie suspendue. La section abritée est recouverte de lattes de roseau et de bambou et possède également une clôture électrique. Alimentation • Alimentation de base en graines : nous distribuons un mélange qui contient des graines de millet blanc, d’alpiste et de panic. En hiver (et nos hivers sont doux par rapport à la France) on leur donne une petite quantité d’avoine décortiquée.

Northiella narethae © Lois and Wayne Gearing

• Nourriture humide : une variété de légumes et de graines trempées (avec des fruits très occasionnellement) sont proposés tout au long de l’année. Chaque portion est saupoudrée de diverses vitamines/huiles. Pendant la saison de reproduction, des biscuits aux œufs ou des œufs cuits durs écrasés sont également fournis. • Graines de plantes / d’herbes : elles sont à chaque fois la préférence de nos Perruches de Nareth. Nous leur proposons plusieurs variétés indigènes et introduites d’herbes et toutes sont consommées avec enthousiasme.

Santé Dans l’ensemble, ces perruches ont peu de problèmes de santé notables. Cependant, en tant que perruche vivant au sol, tout comme d’autres membres de ce groupe d’amoureux du sol, comme la Perruche splendide, une attention particulière doit être portée aux traitements vermifuges réguliers.

Les Oiseaux du Monde - 20 - N° 402 - Décembre 2022

Par mesure de précaution, lors du transport d’oiseaux vers d’autres parties de l’Australie (car il s’agit généralement d’un long voyage pour eux), les oiseaux qui doivent voyager reçoivent Vetafarm Spark Liquid ® / Rob Marshall’s Quick Gel ®. Une composante essentielle du succès de l’élevage est le maintien de cette espèce en bonne santé. Nos Perruches de Nareth consomment un mélange de grit / charbon de bois broyé / os de seiche broyé à un rythme similaire à leur alimentation en graines. Le charbon de bois est acheté pré broyé, on y ajoute de l’os de seiche frais et broyé et des coquille finement broyées, le tout en portions égales.

2. Modélisation de l’environnement naturel de l’oiseau Nichoirs Comme pour les trois sous-espèces de Perruche bonnet bleu ; la Perruche de Nareth est un reproducteur précoce. Tous nos couples reproducteurs pondent leurs premières couvées à la mi-juillet. Malgré ce qui a été écrit précédemment concernant les exigences relatives aux nichoirs, nous n’utilisons pas de bûches dans nos volières. Les boîtes que nous utilisons principalement sont des boîtes en bois inclinées de 700 mm de long et une base de 250 mm de large. L’un des couples utilise une boîte rectangulaire classique de 160 mm de côté et 450 x 450 mm de base. La plupart des boîtes, mais pas toutes, ont une ouverture en bois naturel de 32-34mm. La taille de l’entrée est critique. Un trou trop grand rebutera la femelle ou permettra au mâle d’entrer dans la boîte, ce qui entraînera finalement des querelles et des œufs cassés. Tous nos nichoirs inclinés sont suspendus inclinés à 45 degrés et placés à 2 m du sol. Dans le nichoir se trouve un mélange de sciure fine, de chanvre et de copeaux de bois brun, qui sont tous achetés en magasin. Les nichoirs ne sont pas laissés dans les volières. Ils sont enlevés, généralement pendant l’été, nettoyés, réparés si nécessaire, puis replacés vers la fin juin. Ils doivent être rendus aux couples assez tôt pour que les partenaires « l’acceptent » (ce qui dure généralement plusieurs jours), mais pas trop tôt pour que les couples ne s’accouplent pas avant que la femelle

n’explore son nid. Regarder le processus d’acceptation d’un nichoir est fascinant. Le mâle et la femelle l’inspecteront et les deux frotteront ensuite leur tête (la zone près de leur bec) sur diverses parties du nid (le couvercle, les côtés et autour du trou d’entrée). Certains aviculteurs qualifient ce comportement de « beaking » et il n’est pas propre à cette espèce. Dans l’élevage de cette espèce, nous souhaitons attirer l’attention sur l’importance de la socialisation des jeunes oiseaux. Comme nos volières contiennent plusieurs lignées, chaque oiseau est muni d’une bague ouverte avec un code couleur. Les bagues ouvertes sont privilégiées car nous croyons fermement qu’il faut laisser les oisillons seuls et minimiser tout contact humain pendant la période critique d’élevage au nid. Les bagues à code couleur permettent une identification visuelle facile des oiseaux non apparentés. Environ trois semaines après que les oisillons soient autonomes, les jeunes perruches non apparentées sont placées ensemble dans une volière. Ils restent dans ce groupe jusqu’à l’approche de la saison de reproduction suivante. À ce moment, les couples identifiés sont retirés du groupe et placés dans leur propre volière (sans nichoir) en couple. Cette socialisation des jeunes, à notre humble avis, fait partie intégrante de l’élevage d’oiseaux adultes en bonne santé. Au cours des années passées, les personnes qui vivaient et travaillaient dans les terres natales de la Perruche de Nareth ont relaté de grandes troupes de ces oiseaux et si vous visitiez leurs terres natales aujourd’hui, en dehors

Northiella narethae © Lois and Wayne Gearing

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de la saison de reproduction, vous verriez ces oiseaux voler ensemble en groupes car ce ne sont pas naturellement des oiseaux solitaires toute l’année. Le besoin d’être séparés en couple ne survient que pendant la saison de reproduction, comme c’est le cas pour de nombreuses autres espèces d’oiseaux.

3. Activités d’enrichissement Jusqu’à ces dernières années, nous n’avions pas vraiment de mot pour décrire cet aspect de notre élevage d’oiseaux, tel que nous l’avons fait. L’accès facile aux informations du monde entier et en particulier les tendances des parcs zoologiques dans le monde concernant le soin de la faune en ont fait un terme commun désormais appliqué à tous les animaux détenus en captivité. Comme les aviculteurs sont de véritables amoureux des oiseaux, tous apprécient, espérons-le, que nos oiseaux soient confinés afin qu’ils ne puissent pas s’envoler pour aller voir ce qui se passe « dehors ». Alors, en tant qu’aviculteurs responsables, nous devons offrir à nos oiseaux des activités significatives qui occupent leurs journées afin qu’ils ne succombent pas à l’ennui. Les volières de nos Perruches de Nareth sont pourvues de végétations régulières et variées, y compris l’eucalyptus, le callistemon, l’acacia, l’atriplex (quel que soit l’état dans lequel elles se trouvent selon les époques, c’est-à-dire en fleurs, en noix ou en graines), des plantes non indigènes telles que la tagasaste (luzerne arborescente) qui est une des préférées lorsqu’elles sont en fleurs, les rosiers et les églantiers et toutes les graminées naturelles trouvées sur place ou que nous cultivons intentionnellement dans notre jardin ; en prenant toujours soin d’éviter les zones susceptibles d’avoir été soumises à des herbicides. Bilan d’élevage et bilan personnel En appliquant ces trois principes directeurs lors de la détention de Perruches de Nareth de notre collection, nous avons eu la chance d’avoir réussi à les élever chaque année et de continuer à maintenir des oiseaux adultes en bonne santé. Nos volières n’ont rien de spectaculaire et tout éleveur moyen, à condition qu’il prenne le temps et économise son argent, pourrait reproduire la même chose chez lui si l’espace le permet ! Nos volières ne sont pas climatisées, ni éclairées arti-

ficiellement, nous ne pratiquons pas l’élevage « intensif », nous n’élevons pas à la main les jeunes ni n’incubons les œufs. Au lieu de cela, nos volières reproduisent des conditions aussi proches que possible (en tant que famille australienne moyenne) du terrain où nous avons vu cette espèce évoluer in situ. Oui, nous acceptons que nos oiseaux ne soient pas dans leur biotope d’origine, volant librement, comme beaucoup pourraient nous le reprocher, mais ce sont des oiseaux élevés en captivité, semblables au chat ou au chien de compagnie d’une famille. Ils ne survivraient tout simplement pas s’ils retrouvaient leur liberté parce qu’ils n’ont connu qu’une vie en volière. Nos oiseaux ne sont pas des oiseaux élevés dans la nature et n’ont donc aucune des compétences essentielles pour survivre. Dans la nature, dans les terres natales, il y a de nombreuses pressions sur cette espèce, et il y a une très forte probabilité qu’elle disparaisse (comme bien d’autres) à l’avenir. Nous avons tous lu et entendu cette menace à plusieurs reprises, pas uniquement pour la Perruche de Nareth. Ainsi, plutôt que de considérer nos oiseaux comme des oiseaux captifs qui ne mènent pas une vie libre, nous aimons à penser que nous ne sommes que les gardiens d’une réserve génétique qui, en cas de problèmes tels une catastrophe naturelle ou une maladie, pourra aider à reconstruire une population indigène ou fournir une réponse génétique. Nous sommes une famille de gardiens d’un oiseau unique et merveilleux d’Australie occidentale, souhaitant partager nos connaissances sur cet oiseau avec tous ceux

qui sont intéressés et qui écouteront. Beaucoup de nos concitoyens ne savent même pas que la Perruche de Nareth existe et beaucoup d’autres ne réalisent même pas que son aire de répartition se trouve dans notre état. Si d’une manière ou d’une autre nous pouvons partager ce que nous savons, offrir une solution contre son extinction à l’avenir et garder les oiseaux que nous détenons en aussi bonne santé et aussi heureux que possible, alors nous pensons que nous sommes honorés de participer à ce projet. Nous encourageons toute personne intéressée à visiter notre page Facebook (« Naretha Bluebonnet Parrots of Australia ») et à voir par eux-mêmes les nombreuses photos, vidéos et informations sur cette fascinante perruche d’Australie occidentale.

Northiella narethae © Lois and Wayne Gearing

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Les perruches du genre Northiella Complément d’information

Lionel Durochat

Le genre Northiella (Mathews, 1912) comporte deux espèces. Au sein de ce genre, la Perruche à bonnet bleu (« Eastern Bluebonnet ») Northiella haematogaster (Gould, 1838) est l’espèce la plus connue et la plus courante en Australie. Elle est présente au sud-est australien et il en existe trois sous-espèces : • Northiella haematogaster haematorrhoa que l’on peut rencontrer au sud-est de l’Australie : au sud-est du Queensland et nord-est de la Nouvelle-Galles du Sud. • Northiella haematogaster haematogaster présente elle-aussi au

Corps Abdomen Couvertures alaires Épaules

sud-est de l’Australie : sud-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud, sud-est de l’Australie méridionale et nord-ouest de l’état de Victoria. • Northiella haematogaster pallescens visible au nord-est de l’état d’Australie méridionale. Les australiens l’appellent « greater Bluebonnet », et distinguent la sousespèce nominale (« yellow vented bluebonnet ») de la sous-espèce haematorrhoa (« red vented bluebonnet »). Les points de différence entre ces deux sous-espèces se situent sur quelques points facilement identifiables :

Northiella haematogaster haematogaster

Northiella haematogaster haematorrhoa

Gris clair

Gris plus foncé

Jaune

Rouge

Jaune doré

Rouges

Bleues

Vertes

La Perruche de Nareth (« Naretha Bluebonnet ») Northiella narethae (White, HL, 1921) a longtemps été considérée comme une sous-espèce de la Perruche à bonnet bleu. A la suite de d’études phylogéniques réalisées en 2015 par G. Dolman et L. G. Joseph, le Congrès ornithologique international, dans sa classification de référence de 2015, la classe désormais comme une espèce à part entière. Elle est plus petite (28 cm contre 32 cm) et moins agressive que la précédente. Elle est présente dans le sud-est de l’Australie occidentale voire au sud-ouest de l’état d’Australie méridionale. Les australiens la nomme « little Bluebonnet » ou « Naretha Bluebonnet ». En ce qui concerne le statut de protection : • La Perruche à bonnet bleu est classé « NC » (préoccupation mineure) par l’UICN. • La Perruche de Nareth est en annexe 2 de la Cites 2 et en Australie-Occidentale est classée comme faune prioritaire 4, ce qui leur confère des protections spéciales. Elles ne peuvent être conservées en élevage en Australie que grâce un permis de classe C et les éleveurs doivent transmettre des déclarations annuelles au gouvernement sur le nombre d’oiseaux élevés et fournir un permis spécial s’ils sont vendus.

Perruche à bonnet bleu ssp haematorrhoa © Nathan Childs

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Northiella haematogaster haematogaster à gauche Northiella haematogaster haematorrhoa à droite © Peter Tidswell

Perruche à bonnet bleu ssp nominale © Mike Ody

Perruche à bonnet bleu ssp haematorrhoa © Nathan Childs

Perruche à bonnet bleu ssp haematorrhoa et ssp pallescens © Sue Marshall

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Détention et élevage du Ara à front rouge ou Ara de Lafresnaye * (Ara rubrogenys) *(Lafresnaye 1847)

Tom Kolb (Allemagne)

Jਤ ਵਮ਴ਣ਱ਠਨਲ ਵਮ਴ਲ ਯਠ਱ਫਤ਱ de notre élevage du Ara à front rouge et vous donner un petit aperçu de nos expériences et de nos succès d’élevage. En 1998, mon père avait acheté son premier couple d’Aras à front rouge.

A

cette époque ils coûtaient environ 8000-10000 Deutschmark, aujourd’hui c’est autour de 4000-5000 euros le couple. Le prix est resté très stable depuis les années 90. Mais il n’a pas eu de chance du tout avec ce couple. Celui-ci ne s’intéressait absolument pas au nichoir et il n’y a eu aucun succès de reproduction. Après environ 10 ans, il a abandonné ce couple et a cessé d’élever cette espèce. En 2009, mon père et son collègue éleveur ont acquis un groupe d’Aras à Couple reproducteur n° 1 Élevage et © Tom Kolb

front rouge composé de 11 individus. Tous les oiseaux avaient entre 1 et 3 ans à l’époque, donc l’âge idéal pour commencer à chercher le bon partenaire de vie. Ces aras sont des oiseaux amicaux et faciles à socialiser avec d’autres congénères, ils conviennent donc aux volières communautaires. Bien sûr, ils ont besoin de suffisamment d’espace pour un tel nombre de perroquets. Le groupe se trouvait dans une volière relativement grande : environ 20m² pour la volière intérieure avec une volière extérieure de 5 m de long, 3 m de large et 4 m de haut. Après un certain temps, cependant, nous avons réalisé que notre volière était trop petite. Certains des oiseaux ont commencé à se plumer mutuellement. Deux individus sont morts mais malheureusement nous n’en avions pas trouvé la cause, et aucune enquête n’avait été menée à l’époque, ce qui, avec le recul, aurait peut-être été utile. Nous avons alors décidé de déplacer quatre des oiseaux qui se sont avérés être des couples en volières individuelles.

Couple reproducteur n°1 C’est notre plus ancien couple re-

producteur depuis 2011, peu de temps après la séparation du groupe, après qu’un nouveau mâle a été mis à cette femelle, son véritable partenaire étant l’un des deux aras décédés. Ils se sont très bien entendus dès le début. Après un an, ils avaient déjà leur première couvée de trois œufs dans le nichoir, dont deux ont éclos. La deuxième année, le couple a de nouveau eu trois œufs et cette fois trois oisillons ont éclos. Depuis le début jusqu’à aujourd’hui, ce couple élève ses petits entièrement sans aucune aide humaine. Ce couple se reproduit dans un nichoir rectangulaire en bois (dimensions 30 cm x 30 cm et 50 cm de haut). Leur volière intérieure mesure 2 m x 2 m, cela suffit, mais la volière extérieure mesure 9 m x 2 m et 3 mètres de haut ! Son sol est en terre naturelle, et elle est plantée de bambou et d’herbe, avec au milieu un bout de clôture sur lequel on peut s’asseoir. Cette femelle s’est plumée la moitié de la poitrine l’année dernière sans aucune raison ni changement dans la volière. Après vérification, une maladie comme le PBFD n’est pas présente chez l’un ou l’autre des oiseaux. Ce couple reproducteur se comporte de manière relativement agressive et nous empêche de regarder dans le nichoir. Lorsque la femelle couve, le mâle se pose devant le nichoir et observe ce qui se passe autour de lui. Tous deux vont peu ou pas du tout dans la volière extérieure pendant cette période.

Couple reproducteur n°2 Il a également été mis en volière individuelle depuis 2011, c’est le plus jeune couple des deux. Il lui a fallu un an de plus pour avoir sa première couvée. Nous avons également eu des problèmes d’élevage pendant les trois premières années, ils pondaient tou-

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jours trois œufs mais n’incubaient pas correctement. Parfois, ils enterraient leurs œufs dans la litière du nichoir, nous devions donc avoir recours à l’incubation artificielle. Après la troisième année, tout s’est soudainement bien passé : ils ont couvé eux-mêmes leurs œufs et élevé leurs petits de manière exemplaire. Au cours des premières années, ce couple était placé dans une volière mixte avec l’intérieur mesurant 2,5 m x 1,5 m et l’extérieur 7 m x 4 m et 3 mètres de haut. Comme ils n’utilisaient pas le grand volume extérieur de cette volière, ils ont dû déménager dans une volière plus petite intérieure 3 m x 2 m et extérieure également de 3 m x 2 m à l’extérieur. Cette taille convient aux oiseaux qui ne veulent pas beaucoup voler, mais elle ne devra pas être plus petite. Ce couple reproducteur est le plus calme des deux : ils nous permettent de vérifier les œufs et les jeunes en toute tranquillité. Ici aussi, le mâle se place devant le nichoir et observe ce qui se passe, mais il va aussi souvent dans la volière extérieure lorsque la femelle couve. Lorsque les jeunes ont environ 3-4 semaines, elle quitte le nichoir fréquemment et pendant une période plus longue, elle ne va généralement au nichoir que pour nourrir les jeunes et dormir.

Alimentation La saison d’élevage commence chez nous en janvier lorsque nous modifions la nourriture. Pour nos deux couples reproducteurs (qui devraient encore jouer un rôle important dans l’année de reproduction 2023), dès le début du mois, nous donnons des granulés d’élevage. Ces derniers ne sont distribués que le week-end, car nous n’avons pas de fruits le week-end. Pendant la semaine, les aras reçoivent des fruits et légumes frais additionnés d’œufs durs ; ce mélange est réalisé tous les deux jours à partir de pommes, de poires et de carottes additionnées en alternance de bananes, d’oranges, de nectarines, de poivrons, de céleri, de betteraves et de raisins. Tous les deux jours, de la pâtée aux œufs est ajoutée à la salade de fruits et de légumes dans laquelle nous ajoutons aussi toutes les herbes, les fleurs séchées, les épices (telles que le persil, le romarin et les fleurs de camomille) et les céréales qui sont bonnes pour la digestion et le système immunitaire des oiseaux. Deux fois par semaine, lorsqu’il n’y a pas de

pâtée aux œufs, les aras reçoivent une bonne poudre de vitamines sur leurs fruits. A partir de mi-mars, les graines germées sont proposées tous les deux jours jusqu’à fin avril. A partir de mai, elles sont données tous les jours jusqu’à fin juin. La saison de reproduction pour nous commence généralement à la fin du mois de mai (il y a aussi eu des exceptions où les femelles n’ont pondu que fin juin / début juillet). La saison de reproduction pour nous commence généralement fin mai (il y a aussi eu des exceptions où elles ne pondaient que fin juin ou début juillet). Les couvées se composent de trois ou quatre œufs, qui sont incubés par la femelle. Au cours des cinq dernières années, les deux couples ont eu un taux d’éclosion de 95 %, couvent naturellement et élèvent eux-mêmes leurs petits sans exception. Dans les mois allant de la fin de l’élevage jusqu’au début de la prochaine saison d’élevage, nos aras mangent peu de fruits et légumes. En revanche, la consommation pendant l’élevage est presque trois fois supérieure à la normale sur un an. Un composant principal de l’alimentation consiste en un mélange de céréales et de graines, que nous mélangeons également avec plusieurs aliments différents. Les aras à oreilles rouges et tous les autres aras reçoivent chaque jour ce mélange de céréales. Nous nourrissons nos jeunes oiseaux trois fois par jour pendant que nous les élevons. Le matin à 8 heures du matin, il y a un mélange de fruits, de légumes, de pâtée aux œufs, de graines et de céréales. L’après-midi à 13 heures, ils reçoivent à nouveau des céréales et le soir avant que les oiseaux ne soient enfermés, il y a à nouveau des céréales. Bien sûr, la quantité de ces mélanges est appropriée afin que les oiseaux ne grossissent pas trop. En cette année 2022, aucun granulé d’élevage n’a été distribué. Nos quatre couples d’aras (deux couples d’Aras à front rouge et deux d’Aras chloroptères), ont mis du temps à se mettre en

Nourriture : fruits et légumes Élevage et © Tom Kolb

Oisillons âgés de 10 à 14 jours Élevage et © Tom Kolb

Oisillons âgés d’un mois et demi Élevage et © Tom Kolb

reproduction, et nous avons perdu trois jeunes cette année car ils n’ont pas éclos ou sont morts au moment de l’éclosion. Nous supposons que sans les vitamines et minéraux importants contenus dans ces granulés, certains des embryons étaient tout simplement trop faibles pour sortir de l’œuf.

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Ma pièce d’élevage de Calopsittes élégantes Jਤ ਬ’ਠਯਯਤਫਫਤ Pਮਭਦਣਤ਩ Pਠਨ਱ਮ਩ਣਤਢਧਠਪ਴ਫ, Aun est mon surnom.

Ponde-je Pairojdechakul (Thaïlande)

Je suis le fils aîné, j’ai deux frères et une sœur. J’ai vécu à Bangkok en Thaïlande. Depuis mon enfance, j’aime toutes sortes d’animaux surtout les oiseaux. J’en possède comme animal de compagnie depuis très longtemps.

Q

uand je dis toutes sortes, cela va des aras (Aras chloroptères Ara chloropterus, Aras bleus Ara ararauna, Aras catarina et Aras arlequin) au couple de Casoars à casque Casuarius casuarius. Pour les premiers, ils sont devenus trop bruyants et je ne Calopsitte élégante cinnamon panaché perlé argenté récessif Éleveur et © Ponde-je Pairojdechakul

les détiens plus tous ensemble. Pour les seconds, je les avais eus quand j’avais 15 ans, mais cette espèce semble devenir très agressive en devenant adulte, j’avais donc dû les donner à un zoo près de chez moi. En ce moment, je possède des Grues du Japon Grus japonensis, des Grues royales Balearica regulorum, des Cygnes à cou noir Cygnus melancoryphus, des Paons bleus Pavo cristatus albinos, des Canards mandarins Aix galericulata albinos. Tous par couples. Je parviens à obtenir des jeunes de chacun d’entre eux chaque année, très heureux de voir leur progéniture pour les nouvelles générations ! J’ai commencé mon programme d’élevage avec la Calopistte élégante en septembre 2021 et je nomme ma pièce d’élevage « ZenithiTiel » qui vient de Zenith signifiant le meilleur des meilleurs mais j’y ai ajouté i et Tiel qui vient de « Cockatiel » (nom anglophone de la

L’auteur et une Calopsitte élégante DF argenté dominant perlé argenté récessif Éleveur et © Ponde-je Pairojdechakul

Calopsitte élégante). Je suis vraiment tombé amoureux de cette espèce, je peux dire qu’elle est devenue ma passion première. J’adore son apparence : de mon point de vue, je lui trouve une tête très mignonne, en particulier avec leur crête lorsqu’elle est redressée. De plus, quand elles sont nombreuses, leurs cris ne sont pas trop forts, c’est acceptable. Je décline mes « face blanche » en panaché perlé, emerald, simple facteur dominant argenté, argenté récessif, fallow cendré, simple facteur dominant argenté panaché, albinos, etc. Maintenant, j’ai environ 90 calopsittes. Mon défi personnel est la création d’une nouvelle couleur que personne n’a dans ce monde. En ce qui concerne les mutations, d’après mes connaissances, il n’y a pas de limites à cela et oui, la chance est l’une des clés du succès auquel je crois ! Garder mes oiseaux dans un environnement très hygiénique et magnifique est une des règles très importantes pour moi, c’est pourquoi je décore ma pièce d’élevage avec beaucoup

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de plantes et de fleurs pour obtenir un bel environnement. Je veux juste m’assurer que si je suis heureux, ils devraient l’être aussi. La nourriture et l’eau sont changées deux fois par jour à 7 h 00 et 13 h 00. Tous les récipients d’eau sont sortis à 19 h 00, pour éviter qu’ils ne boivent tôt le matin avant que les bols d’eau ne soient propres. Les vitamines sont également très importantes pour mes oiseaux, je leur en distribue trois fois par semaine, soit le lundi, le mercredi et le vendredi. Je mélange normalement du calcium et des multivitamines, et pour les couples reproducteurs, je donne dans l’eau des vitamines supplémentaires à des fins de reproduction. Je leur présente aussi des herbes fraîches deux fois par semaine : du basilic et une herbe thaïlandaise appelée la Chirette verte Andrographis paniculata que je cultive moi-même pour booster leur système immunitaire et apporter une aide à la digestion. Un bain est proposé environ une fois par semaine et elles semblent vraiment aimer ça. J’utilise un brumisateur pour les vaporiser et elles jouent juste avec cette brume d’eau. Les traitements contre les vers sont aussi très importants, je traite mes oiseaux tous les 6 mois.

Bangkok est une ville très humide : 70 à 80 % d’humidité toute l’année ! Les Calopsittes élégantes y sont très à l’aise. La température varie normalement entre 20 à 40 degrés Celsius selon les saisons. Nous sommes un pays chaud ! Cependant, parfois, le temps peut changer en une journée. Ainsi, je contrôle de manière entièrement automatique depuis mon téléphone portable les paramètres de ma pièce d’élevage. Lorsque la température dépasse 33 degrés Celsius, le ventilateur et les brumisations (pour faire baisser la température) s’activent et tout s’arrête si la température descend à 32 degrés Celsius. De plus, si elle est inférieure à 28 degrés Celsius, les lumières chauffantes s’activeront et s’éteindront lorsque la température atteindra 29 degrés Celsius. La surface de ma pièce d’élevage est de 50 mètres carrés. Je dispose de 25 cages d’élevage et 2 volières. Je place mes oiseaux par secteurs pour ne pas me louper sur le type de couleurs et les accouplements. La taille de mes cages d’élevage est de 90 x 60 x 50 cm, 90 x 70 x 50 cm et 120 x 60 x 50 cm. Dans ces dernières, je place deux couples reproducteurs en prenant garde d’en choisir qui ne se

battent pas les uns contre les autres pour éviter les blessures graves. Presque toutes mes Calopsittes élégantes sont nourries à la main depuis leur très jeune âge car je veux qu’elles soient apprivoisées et pour les manipuler très facilement. J’aime jouer avec elles même quand elles sont plus âgées et ont des jeunes au nid. La Calopsitte élégante s’effraie très facilement, donc avoir des oiseaux familiarisés aide beaucoup pour cela aussi. Après tout, je dis que si vous voulez avoir et posséder cette espèce, vous devez vous assurer que vous les aimez vraiment et que vous pouvez prendre soin d’elles car elles vivent assez longtemps, environ 15 à 25 ans. Pas si longtemps que cela si on les compare aux aras, mais beaucoup plus longtemps que le chat et le chien. Vous serez enchantés par leurs comportements et leurs actions tout simplement adorables, je peux vous le garantir !

Pièce d’élevage de l’auteur Éleveur et © Ponde-je Pairojdechakul

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Zealandia Madeleine Parpet A Wਤਫਫਨਭਦਲ਼ਮਭ, ਫਠ ਢਠਯਨਲ਼ਠਫਤ ਭ੉ਮ-ਹ੉ਫਠਭਣਠਨਲਤ, un projet un peu fou a vu le jour. Il s’agit de Zealandia, une réserve naturelle à deux pas de la ville.

E

n Nouvelle-Zélande, avant l’arrivée de l’homme, les oiseaux étaient rois. Il n’y avait aucun mammifère en dehors d’une petite chauve-souris. En l’absence de prédateurs, nombre d’entre eux, dont le célèbre Kiwi, ont commencé à nicher au sol et perdu leur capacité à voler. Avec les

Méliphage hihi © Madeleine Parpet

Créadion de Lesson © Madeleine Parpet

hommes sont aussi arrivés les mammifères (rats, lapins, opossums, …) qui ont mis à mal cet équilibre. Il y a environ 47 millions d’opossums dans le pays pour 4,9 millions d’habitants et cela représente un enjeu majeur dans la préservation de la biodiversité. Il y a un peu plus de 25 ans, un couple s’est lancé dans un projet colossal : créer une réserve aux portes de la capitale. La particularité de leur projet est d’offrir une vision sur le long terme. Le but est de se rapprocher autant que possible de l’état de la vallée avant l’arrivée de l’homme. Cet état où la forêt et ses habitants seraient essentiellement composés d’espèces endémiques ou natives et n’auraient plus besoin de l’homme pour fonctionner devrait être atteint dans… 500 ans ! 25 ans après la naissance du projet, les premiers effets se font déjà sentir, dans le sanctuaire comme aux alentours. Tout d’abord l’espace a été clôturé pour empêcher les mammifères d’y pénétrer et une grande entreprise d’éradication des rongeurs a été lancée. Côté végétation, les espèces exotiques comme le pin sont peu à peu remplacées par des essences locales, notamment des arbres géants comme le Rata du sud (Metrosideros umbellata), qui fournit un habitat adapté à de nombreuses espèces. Dans cette réserve de 225 hectares, on trouve aujourd’hui quarante espèces d’oiseaux natives et vingt-quatre endémiques, dont 150 Kiwis en liberté. Mais aussi des reptiles comme le « Tuatara » (Sphenodon punctatus), des amphibiens ou des insectes dont les wetas (genres Hemideina et Deinacrida). Parmi les espèces d’oiseaux qu’on peut y observer, certaines aussi courantes que le fantail (Rhipidure à collier Rhipidura fuliginosa), le tui (Méliphage tui Prosthemadera novaeseelandiae) ou le tomtit (Miro mésange Petroica

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Méliphage tui © Madeleine Parpet

Mohoua à tête blanche © Madeleine Parpet

Nestor superbe © Madeleine Parpet

macrocephala). Mais aussi des kakas (Nestor superbe Nestor meridionalis), kiwis (Kiwi austral Apteryx australis), whiteheads (Mohoua à tête blanche Mohoua albicilla) ou hihis (Méliphage hihi Notiomystis cincta). Parmi les espèces réintroduites, on compte le « north island saddleback » (Créadion de Lesson, Philesturnus rufusater, un passereau de la famille des callaeidae). Il avait totalement disparu de l’île du Nord et on n’en trouvait plus que dans réserves situées sur de petites îles plus préservées. En juin 2002, 39 saddlebacks sont réintroduits à Zealandia. Il s’agit de la première tentative de réintroduction de l’espèce sur l’une des îles principales. Un dispositif a été mis en place (des boîtes de naissances notamment) pour les encourager à rester dans l’enceinte du sanctuaire. Malgré tout certains sont sortis des limites de la réserve. Il ne restait à un moment que cinq couples, donnant à douter de la réussite de l’opération. Pourtant, après ces débuts difficiles, 10 ans après leur réintroduction, il était devenu courant de voir des saddlebacks dans le sanctuaire et en 2014 on a découvert le premier couple nichant en dehors des limites de Zealandia. Cette naissance a été la première sur l’île depuis plus de 100 ans. Depuis, on trouve également des saddlebacks à Pohill reserve, à quelques kilomètres de là. Ils restent très vulnérables aux prédateurs et ne parviennent à se reproduire que là où des pièges sont mis en place pour protéger les nids. Cependant, cette réintroduction, bien qu’encore fragile, semble en voie de devenir une belle réussite. Les exemples d’actions menées par le site sont nombreux. Le sanctuaire offre des sentiers de randonnées qui deviennent plus sauvages à mesure qu’on s’éloigne de l’entrée. On trouve de nombreux panneaux explicatifs avec les usages traditionnels des végétaux et des fiches sur les oiseaux, mais aussi des bornes sonores pour apprendre à reconnaître certains chants. C’est très pédagogique et cela permet de se familiariser avec la faune et la flore du pays. J’ai trouvé ça passionnant. On trouve également des explications sur le projet, sur les espèces nuisibles et les mesures mises en place. Il y a de plus une partie musée, essentiellement consacrée aux espèces disparues, notamment les oiseaux géants comme le Moa

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Miro rubisole © Madeleine Parpet

géant de l’île du Sud (Dinornis robustus). Pour en apprendre plus, ou pour aider les ornithologues débutants à débusquer des espèces rares, des visites guidées sont organisées, soit en journée, soit en soirée pour les espèces nocturnes (dont le Kiwi, que l’on a bien peu de chances d’observer sans cela). De plus, les équipes de Zealandia souhaitent développer une méthodologie qui soit applicable à des projets similaires et participe à d’autres programmes nationaux de restauration. Une volonté de trans-

mettre ses savoirs que l’on retrouve aussi bien chez les professionnels que les visiteurs. J’ai beaucoup aimé cette visite. L’endroit est grand (32 km de sentiers !) et lorsqu’on marche un peu, on oublie vite que l’on n’est pas totalement en pleine nature. Je ne saurais que trop conseiller de prévoir au moins une demi-journée pour la visite, surtout si vous faites de la photo et souhaitez vous éloigner un peu de la foule (toute relative). Les lieux ferment assez tôt, si vous souhaitez observer les espèces nocturnes il faudra donc

réserver la visite prévue à cet effet. Certaines espèces assez rares sont très bien implantées aujourd’hui et avec un peu de chance et de patience on peut les rencontrer dans les autres parcs de Wellington. Le signe que ce beau projet commence à porter ses fruits. Zealandia 53 Waipu road, Wellington Tarif adulte 24$. Visites guidées : en journée, 2h, 55$ - lever du soleil, coucher du soleil et nocturne, 2h30, 85$ - tour photo, 3h30, 120$ Ouvert de 09h à 17h (dernière entrée à 16h) Possibilité de se restaurer au café à l’entrée du parc Pour s’y rendre en voiture, comptez 10 min depuis le centre. Parking gratuit devant le sanctuaire. Une navette gratuite rejoint le téléphérique et le e-site (office de tourisme) au centreville. Plusieurs bus de ville desservent également l’arrêt situé à quelques centaines de mètres de l’entrée.

Zealandia © Madeleine Parpet

Les Oiseaux du Monde - 31 - N° 402 - Décembre 2022

Trois exemples de découvertes de nouvelles espèces d’oiseaux

LA PAGE DU DÉBUTANT DÉBUTANT Les Drongos constituent la famille des Dicruridés. Toutes les

Lionel Durochat

espèces de cette famille (environ 25) sont regroupées dans le seul genre Dicrurus et sont originaires d’Afrique, d’Asie du sud-est, de Madagascar, des Comores, et d’Australie. Ce sont des oiseaux au plumage à dominance noire ou gris foncé, souvent avec un éclat métallique et une queue fourchue. L'espèce en question, appelée Drongo occidental (Fuchs, Douno, Bowie, Fjeldsa 2018), Dicrurus occidentalis (appelée en anglais Drongo à queue carrée de l'ouest), a été décrite par Jérôme Fuchs, chercheur au Muséum National d'Histoire Naturelle, et ses collègues de Guinée-Conakry, du Danemark et des États-Unis : « cette espèce habite la forêt secondaire et la forêt galerie de la côte guinéenne au Nigeria », ont déclaré les scientifiques. « Les points d'échantillonnage, relativement denses, indiquent que la limite de répartition à l'est se situe au niveau des rivières Niger et Benue (Nigéria) ». Le Drongo occidental de l'ouest se distingue des espèces proches par son bec légèrement plus fort et par une divergence génétique substantielle par rapport à son espèce sœur, le Drongo de Sharpe (Dicrurus ludwigii sharpie). « Selon nos estimations, le Drongo occidental et le Drongo de Sharpe Dicrurus sharpei (Oustalet 1879) ont divergé il y a environ 1,3 million d'années », ont déclaré les ornithologues. Cette découverte est décrite dans un article du 20 juin 2017 de la revue Zootaxa.

Le Garrulaxe des Buguns est une espèce d'oiseau passereau de la famille des Leiothrichidés étroitement liée au Garrulaxe de l'Omei Liocichla omeiensis. Il affectionne les forêts montagneuses humides aux alentours de 2000m d’altitude. Repéré pour la première fois en 1995 dans l'Arunachal Pradesh, un état du nord-est de l'Inde, il n’a été revu que 10 ans plus tard (3 janvier 2005) puis décrit comme une nouvelle espèce en 2006 grâce à l'ornithologue amateur Ramana Athreya. Seuls quatorze individus ont été recensés ! Nom scientifique : Liocichla bugunorum (Athreya 2006). Son nom provient de celui d'une tribu locale, les Buguns, qui peuple les forêts de la région où l’espèce a été trouvée. L’UICN le classe comme vulnérable (VU) à cause de sa faible population et au projet de construction d'une route dans la zone supposée être son principal habitat, même si la Cour suprême de l'Inde a interrompu sa construction.

Dicrurus occidentalis © Jérôme Fuchs

Le Pouillot de Rote Philippe Verbelen travaille comme expert en forêts en Indonésie. En 2009, il a pu y observer un pouillot qu'il n'avait jamais vu avant : « Le bec était beaucoup plus long et le corps plus jaune que le Pouillot de Timor Phylloscopus presbytes présent sur l’île voisine de Timor ». Cet oiseau avait été observé pour la première fois en 2004 par le Dr. Colin Trainor, un biologiste australien, mais à cette époque, celui-ci présumait qu’il s’agissait du Pouillot de Timor (en ce temps-là, il n’avait pas pu faire d’observations détaillées et n’avait pas pu prendre des photos). Après un nouveau voyage en 2014 pour comparer l’oiseau à ceux des îles voisines, c'est une équipe scientifique mixte de l’Université National de Singapour (N.U.S.) et de l’Institut Indonésien pour la Science (LIPI) qui a exploré les forêts de Rote en 2015 pour étudier ce pouillot plus en détail. Selon les résultats de leurs analyses, il s’agit bien d’une nouvelle espèce. Elle a été nommée le « Pouillot de Rote » Phylloscopus rotiensis. Il s’agit de la deuxième nouvelle espèce d’oiseaux de l’île de Rote qui est scientifiquement décrite en moins d’un an en 2018. Les forêts indonésiennes abritent plus de 1700 espèces d’oiseaux, soit environ 15 % des oiseaux connus au monde. Près de 500 d’entre eux ne sont présents qu’en Indonésie.

Liocichla bugunorum © Shaleena Phinya

Pouillot de Rote © Philippe Verbelen

Les Oiseaux du Monde - 32 - N° 402 - Décembre 2022

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