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mercredi 11 janvier 2023 le figaro - N° 24 382 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr

reportage

après l’accident d’un lycéen, le rugby scolaire sur la sellette Page 10 Énergies renouvelables : dans l’Hémicycle, un problème technique retarde le vote PAGE 6

Source animale naturelle ou fuite de laboratoire ? L’obstruction systématique de la Chine complique le travail d’enquête des scientifiques pour comprendre l’émergence du Sars-CoV-2.

otan

Le chantage d’Erdogan à la Suède

Le 11 janvier 2020, les médecins de Wuhan révélaient au monde le premier décès d’une personne touchée par une mystérieuse pneumonie. Trois ans plus tard, le Covid a balayé la planète, faisant au

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environnement Haro sur les zones à faibles émissions

cinéma

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Réponses à la question de mardi : Les Républicains doivent-ils voter la réforme des retraites ?

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Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Réforme des retraites : êtes-vous favorable au projet présenté par Élisabeth Borne ? LEBAN SEBASTIEN/PRESSE SPORTS - Anthony Behar/Sipa USA via Reuters Connect

volants présentent des similarités troublantes avec le vecteur du Covid. Les deux pistes restent possibles, mais l’enquête se heurte toujours au mur du silence érigé par Pékin depuis 2020.

Bataille autour de l’ouverture à la concurrence des bus parisiens

La première ministre a présenté mardi son projet de loi, confirmant un report de l’âge de départ à 64 ans en 2030 et un relèvement de la pension minimum pour les carrières complètes à 1 200 euros bruts. PAGES 2 À 6, 18, 19 ET L’ÉDITORIAL

La mairie de Paris réclame un report de l’ouverture à la concurrence, prévue le 1er janvier 2025, des lignes de bus parisiennes. Le ministre des Transports, Clément Beaune, y est aussi favorable. Dans un entretien au Figaro, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-deFrance, exige la fin du monopole de la RATP au nom de la qualité du service et de l’intérêt des voyageurs. PAGEs 22 et 23

éditorial par Vincent Trémolet de Villers [email protected]

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Les mots et les maux

rrêtons-nous un peu sur les mots. Retraite, d’abord, cette chose que Noël Le Graët, à 81 ans, se refuse à prendre, mais qui, dans notre imaginaire, est devenue l’autre nom du paradis. Ce retrait de la grande machinerie sociale et économique se comprend pour les corps harassés, les esprits épuisés ; mais le travail n’est pas qu’un châtiment, il peut aussi être un accomplissement. Le repos après l’effort, principe de civilisation, s’est transformé en une forme de droit opposable aux loisirs. Acceptons-le comme tel, mais vingt-quatre mois supplémentaires de labeur, quand l’espérance de vie atteint les 80 ans, cela justifie-t-il grèves, cortèges, blocages? Le métier, selon Péguy, est le cœur du génie français : il est devenu pour trop de compatriotes une épreuve dont tout citoyen devrait pouvoir se libérer. C’est une des causes profondes de la dépression nationale. Pour la guérir, il faudra bien plus qu’une réforme. D’autant qu’on lui donne une charge symbolique disproportionnée pour un indispensable ajustement technique. Démographie, ensuite, mot malheureusement absent de la démonstration d’Élisabeth Borne. Moins d’actifs, plus de retraités,

l’équation est simplissime. Reste cependant un incroyable impensé. La France a les tempes qui blanchissent, et la puissance publique reste sourde à toute idée de politique ­familiale. C’est pourtant les générations futures qui porteront les retraités de demain. La natalité n’est pas un gros mot, sauf à considérer que l’immigration lui est préférable. Il ne semble pas que ce soit l’opinion majoritaire. Justice, enfin, dont la première ministre a fait le pivot de son discours. Qui peut y être opposé ? Mais cette justice a un coût, et il serait malheureux de dépenser par avance les économies qui ne sont pas encore réalisées. D’autant qu’on appelle parfois justice ce qui s’apparente à la prudence, quand ce n’est pas de la pusillanimité. La « clause du grand-père », dont bénéficient les régimes spéciaux, en est l’illustration. Pourquoi une catégorie de Français bénéficierait d’un tel privilège de traitement ? Serait-ce parce qu’ils peuvent bloquer le pays ? On n’ose le croire : ce ne serait pas juste. ■

« Moins d’actifs, plus de retraités, l’équation est simplissime »

AND : 4,10 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852

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2 000 km de là ? Un lien avec les recherches du laboratoire de virologie de Wuhan ne peut être exclu, mais des recherches récentes montrent que certains coronavirus retrouvés sur des mammifères

BERTRAND GUAY/POOL/AFP

champs libres

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tainement une chauve-souris qui vivait dans une région à cheval entre le Yunnan, dans le sud de la Chine, la Birmanie, le Laos et le Vietnam. Mais comment le virus est-il arrivé à Wuhan, à presque

Retraites : Élisabeth Borne défend un projet « d’équilibre, de justice et de progrès social »

« L’immensita », secret de famille L’étrange disparition en mer d’un célèbre chirurgien new-yorkais Quels furent les 74 référendums locaux votés en France en 2022 ? Un entretien avec Jean-Thomas Lesueur La tribune de Benjamin Morel La chronique de Bertille Bayart L’analyse d’Arnaud de La Grange

moins 15 millions de morts, mais l’origine du coronavirus n’a toujours pas été clarifiée. Comme pour des dizaines d’autres coronavirus connus, le premier réservoir animal du Sars-CoV-2 est très cer-

è des dizaines de milliers de contaminations par des coronavirus chaque année pages 12 ET 13

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édition, télévision… le filon commercial d’une querelle de famille Pages 19 et 27

Origine du Covid : trois ans après, le mystère demeure

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prince harry

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les mesures clés ● L’âge légal de départ sera relevé à compter du 1er septembre 2023, à raison de 3 mois par année de naissance. Il sera fixé à 63 ans et 3 mois en 2027, puis atteindra 64 ans en 2030. Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027, avoir travaillé 43 ans, durée de cotisation votée dans la loi Touraine de 2014. ● Le minimum de pension augmentera de 100 € par mois pour une carrière complète. Un salarié au smic toute sa carrière aura une pension de 85 % du smic net. ● Le dispositif carrières longues évoluera pour qu’aucune personne ayant commencé à travailler tôt ne doive travailler plus de 44 ans. ● Les nouveaux embauchés à la RATP, dans les industries électriques et gazières, à la Banque de France, les clercs de notaires et les membres du Cese seront affiliés au régime général.

+

» Lire aussi page 18 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Borne lance l’offensive de la retraite à 64 ans

La première ministre a présenté mardi ses arbitrages pour rééquilibrer le système. TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL £@TristanQM

LA MÈRE DES RÉFORMES - ou des batailles - est lancée. En présentant mardi la réforme des retraites promise par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, Élisabeth Borne a ouvert le chantier qui sera probablement le plus périlleux qu’elle aura à mener. Par le passé, toutes les réformes similaires ont provoqué d’importants mouvements sociaux. « Je suis bien consciente que ce n’est neutre pour personne, mais pour l’avenir de notre système de retraite par répartition, nous proposons que celles et ceux qui le peuvent travaillent progressivement plus longtemps », a déclaré la première ministre lors d’une conférence de presse solennelle organisée à Paris. En 2030, l’âge légal de départ à la retraite atteindra 64 ans. À raison de trois mois par an, à compter du 1er septembre prochain. À ses côtés se tenaient le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui por-

tera le texte au Parlement (lire page 5), le patron de Bercy, Bruno Le Maire, qui prévoit de s’investir politiquement pour porter la réforme, et Stanislas Guerini, le ministre de la Fonction publique, alors que « la plupart des régimes spéciaux existants » vont être « fermés » (lire cidessous).

Rendez-vous avec l’opinion La macronie, qui était restée sur son échec de 2019, a maintenant rendez-vous avec l’opinion. Une écrasante majorité de Français est hostile à cette réforme, selon toutes les enquêtes publiées ces derniers mois. Les concertations menées depuis la fin de l’été ont abouti… à la formation d’un large front syndical inédit depuis plus d’une décennie (lire page 4). Une première journée de mobilisation est prévue le 19 janvier. Pour autant, le projet du gouvernement est « meilleur qu’il ne l’était il y a six mois », a salué Élisabeth Borne. Alors que les organisations syndicales et les partis de gauche sont vent debout

La chef du gouvernement, Élisabeth Borne, sur le plateau du Journal de France 2, mardi soir, après la présentation à l’Assemblée nationale du texte sur la réforme des retraites. capture france2

contre le décalage de l’âge légal de départ à la retraite, la chef du gouvernement a évoqué « un projet de justice porteur de progrès social » à travers des mesures pour les carrières longues et la pénibilité. Bruno Le Maire a affirmé que la réforme « apportera 17,7 milliards d’euros » aux caisses de retraite en 2030. « Chaque euro compte pour un État qui a (près de) 3 000 milliards d’euros de dette », a-t-il dit. Demander aux Français de travailler davantage avant de prendre sa retraite, « des majorités, de droite comme de gauche, l’ont fait avant nous », a plaidé Élisabeth Borne, référence aux réformes de la socialiste Marisol Touraine en 2014, du sarkozyste Éric Woerth en 2010, ou de François Fillon en 2003. Mais ce n’est que sur Les Républicains qu’elle devrait pouvoir s’appuyer cette fois-ci. Le président du parti, Éric Ciotti, a ouvert la porte à un vote favorable en s’entendant sur la question de la revalorisation des pensions des retraités actuels. La réforme présentée par Élisabeth

Borne prévoit un relèvement de la retraite minimale à 85 % du smic net - soit 1 200 euros brut actuellement - pour les carrières complètes et les actuels bénéficiaires. « Nous sommes prêts à faire encore évoluer notre projet », a dit la première ministre qui a fait le vœu d’un « débat parlementaire loyal et constructif ». Mais déjà La France insoumise promet de descendre dans la rue et de multiplier les coups d’éclat dans l’Hémicycle. Jean-Luc Mélenchon a aussitôt dénoncé « une grave régression sociale », lui qui brandit encore le symbole de la retraite à 60 ans. Comme le socialiste Olivier Faure. Une mesure « démagogique », a répondu Élisabeth Borne qui y voit le risque « d’aggraver davantage » les déficits. Marine Le Pen n’est pas en reste, promettant de « faire barrage à cette réforme injuste ». « La confrontation d’idées peut se faire sans désinformation, sans agiter les peurs », a d’ores et déjà avancé la chef du gouvernement, qui sait que la bataille de l’opinion sera plus difficile que la confrontation au Parlement.

Anticiper les blocages Pour convaincre les Français, l’exécutif devra imposer un récit alors que la finalité de sa réforme n’a pas toujours été très claire. « Chaque euro servira à financer nos retraites, rien d’autre », a insisté Élisabeth Borne, quand le candidat Macron évoquait d’abord les ressources à dégager pour financer la transition écologique ou l’amélioration des services publics. Politiquement, la majorité s’organise pour faire face aux cortèges et blocages divers et variés qui attendent le pays. « Députés et ministres, à nous d’envahir tous les espaces », estime Sylvain Maillard, le vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale. La chef des députés macronistes Aurore Bergé veut « une offensive ». Le ministre du Budget, Gabriel Attal, devrait lui aussi se déployer ces prochains jours. Tandis que le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, se rendra dès mercredi dans une entreprise des Yvelines pour échanger avec les salariés. Ce « moment de vérité », pour reprendre les termes d’Élisabeth Borne, sera décisif pour la poursuite de son bail à Matignon. Nommée il y a près de huit mois avec la crainte qu’elle ne soit pas assez politique, la première ministre a là une occasion de démontrer sa capacité de résistance. ■

Jusqu’où les dépenses nouvelles vont-elles rogner les économies attendues ?

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Marie-Cécile Renault £@Firenault

POUR les Français nés à partir de juillet 1961, l’âge légal de départ en retraite sera relevé progressivement, pour atteindre 63 ans et 3 mois en 2027, puis 64 ans en 2030. Cette mesure se double d’une accélération de la réforme Touraine : pour toucher sa retraite à taux plein, il faudra avoir travaillé 43 ans (172 trimestres) dès 2027 au lieu de 2035. Alors qu’Emmanuel Macron s’était clairement prononcé pour un relèvement de l’âge de départ à 65 ans durant la campagne, il a finalement choisi une réforme moins lisible et surtout moins puissante sur le plan économique. Mais sans doute plus acceptable par l’opinion. D’autant que pour faire accepter une mesure d’âge impopulaire, le gouvernement multiplie les exceptions à la règle et les mesures d’accompagnement social qui risquent, en s’additionnant, de se

révéler fort coûteuses. Pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, la première ministre a annoncé un élargissement du dispositif « carrières longues » : ceux qui ont débuté avant 16 ans pourront partir dès 58 ans, entre 16 et 18 ans à partir de 60 ans et entre 18 et 20 ans à partir de 62 ans. Soit un coût de 600 millions en 2030. Pour les métiers pénibles, Élisabeth Borne élargit le nombre des bénéficiaires du compte professionnel de prévention : 60 000 per­­son­ nes supplémentaires seront couvertes par ce dispositif qui donnera plus de droits, par exemple en cas de travail de nuit. Elle a aussi annoncé la création d’un fonds de prévention de l’usure professionnelle, doté de 1 milliard d’euros. La réforme donnera aussi des trimestres de retraite aux « TUC » des années 1980, ces jeunes qui ont effectué des stages d’utilité collective, mais aussi aux parents qui prennent un congé parental ou encore aux aidants familiaux ­ contraints de réduire leur activité

pour s’occuper d’un proche parent ou d’un enfant. Quant à la revalorisation à 1 200 euros mensuels des petites pensions pour une carrière complète, elle concernera les nouveaux retraités (le « flux ») dès cette année avec un coût estimé à 700 millions par an en 2030. Mais elle sera aussi étendue aux personnes déjà à la retraite (le « stock »). Une largesse chiffrée selon les calculs entre 1,8 et 2,5 milliards d’euros supplémentaires par an.

Mieux valoriser le travail Les demandes en ce sens de LR, des syndicats (CFDT, CFTC, Unsa) mais aussi des petits patrons (CPME et U2P) ont fait pencher la balance. Dans un contexte d’inflation, le chef de l’État - qui a pris cette semaine la défense des boulangers, restaurateurs, artisans commerçants - se serait montré sensible aux arguments sur la nécessité de mieux valoriser les indépendants qui travaillent pour des salaires modestes. La réforme acte certes l’extinc-

Il manque donc « 600 millions

d’euros, qui seront comblés par un transfert de la Sécurité sociale, via la branche accidents du travailmaladies professionnelles, qui est excédentaire

Bruno Le Maire

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tion des principaux régimes spéciaux de retraite, mais uniquement pour les nouveaux embauchés : à la RATP, dans les industries électriques et gazières (EDF, Engie, etc.), à la Banque de France, les clercs de notaire et les membres du CESE seront affiliés au régime général pour la retraite. Dans la fonction publique, les militaires et les fonctionnaires en catégories actives (policiers, gardiens de prison, aidessoignants, etc.) conserveront aussi leur droit à partir plus tôt compte tenu de leurs sujétions de service public et d’exposition aux risques. Au final, les exceptions à la règle et les dépenses nouvelles viennent inévitablement obérer les économies attendues de la réforme. Celles-ci sont indispensables pour rétablir l’équilibre du système de retraite, qui sera déficitaire sur les vingt-cinq prochaines années. Une situation intenable dans un pays qui supporte déjà 3 000 milliards d’euros de dette. Alors que le régime accusera 13,5 milliards de déficit en 2030,

la réforme apportera 17,7 milliards d’euros dans les caisses. Les mesures d’accompagnement social coûtent au total 4,8 milliards. « Il manque donc 600 millions d’euros, qui seront comblés par un transfert de la Sécurité sociale, via la branche accidents du travailmaladies professionnelles, qui est excédentaire », a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. « Cela permettra de boucler l’équilibre à l’euro près en 2030 », a-t-il affirmé, assurant que chaque euro ira bien « uniquement et exclusivement » aux retraites. Mais, au-delà de 2030, le déficit doit continuer à se creuser plus vite pour atteindre 21,2 milliards en 2035 et 43,9 milliards en 2050. Or, à cette date, les effets du report de l’âge à 64 ans s’estomperont. Relever l’âge à 65 ans aurait constitué une mesure plus puissante à long terme et un signal plus fort vis-à-vis de Bruxelles et des partenaires européens de la France, mais aussi des marchés financiers sur lesquels le pays doit continuer à emprunter. ■

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* En chaque Blancpain, l’éternité L’esprit de préservation

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La droite favorable à la réforme, la gauche et le RN hostiles La présentation du projet gouvernemental, mardi, a provoqué des réactions politiques contrastées. Emmanuel Galiero £@EGaliero, Pierre Lepelletier £@PierreLepel, Marylou Magal £ @marylou_magal, et Marion Mourgue £@MarionMourgue

À PEINE dévoilé par Élisabeth Borne, le projet de réforme des retraites a suscité une vague de réactions au sein des différentes familles politiques.

des LR mais encore u Soutien des points à clarifier

Les Républicains ont été bichonnés. Mardi, Élisabeth Borne, qui les a cités deux fois pendant sa présentation de la réforme, a repris presque toutes leurs conditions. « Il y a des points positifs dans les annonces du gouvernement, conformément à ce que nous avions demandé », reconnaît le président de LR, Éric Ciotti, en évoquant le « rythme atténué de la réforme » par rapport au projet initial, « la revalorisation des petites retraites et la prise en compte des congés parentaux ». La droite s’est aussi satisfaite de l’engagement d’Élisabeth Borne que « l’argent des retraites financera les retraites », comme le souligne la viceprésidente de la commission des finances, Véronique Louwagie. « Globalement, ils reprennent le projet du Sénat voté depuis quatre ans et cela est plutôt positif », se satisfait Gérard

Larcher, président du Sénat. « En revanche, ils vont plus vite sur l’accélération des 43 annuités et les 64 ans même s’ils retiennent le rythme que nous avions proposé de 3 mois par an. Cette accélération sera un point de discussion, comme le sera le sujet des petites retraites. » Une ligne rouge à LR. « Deux garanties pour lesquelles nous nous sommes battus ne sont pas à ce stade clairement assurées », explique Aurélien Pradié, député LR du Lot. « La première, c’est l’assurance de relever à 85 % du smic les retraites actuelles et pas seulement les nouvelles pour celles et ceux qui ont travaillé toute leur vie. » Élisabeth Borne annonce une « augmentation » de ces pensions. « Le niveau de 85 % du smic est une ligne rouge. En deçà, l’effort ne sera pas à la hauteur », poursuit-il en demandant une clarification du gouvernement. « La seconde, c’est d’assurer que ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans puissent partir avec 42 puis demain 43 annuités de cotisation », détaille l’ex-candidat à la présidence du parti. « Pour ces travailleurs qui ont débuté tôt, nous devons leur assurer de ne pas avoir besoin d’aller jusqu’à l’âge légal. Pour eux, la durée de cotisation acquise doit primer sur l’âge légal. » Dès lors, pour LR, « à cette heure, le compte n’y est pas » encore, fait valoir Éric Ciotti.

« Je serai très attentif à la question de l’emploi des seniors et des carrières hachées pour les femmes. Tout cela laisse de la place au débat parlementaire », acquiesce Gérard Larcher. « Ces sujets sont très techniques et le diable se niche souvent dans les détails, conclut Olivier Marleix. Nous vérifierons chaque point de manière précise mais nous actons le fait que le gouvernement fait l’effort de venir sur nos propositions. »

u Refus de la gauche

« C’est une grave récession sociale », a dénoncé Jean-Luc Mélenchon. Après ces annonces, la coalition de la Nupes s’est dite prête à mener « le combat » contre la réforme. Un tout premier meeting unitaire avait d’ailleurs lieu mardi soir à Paris. « Madame Borne n’a honte de rien », a répliqué sur Twitter Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI. « Un projet “de justice, d’équilibre et de progrès” ? Euh… non. Un projet pour faire des économies, archaïque, injuste, brutal, cruel ? Oui », a rectifié l’Insoumise. « La guerre sociale est déclarée », a également jugé le député LFI Louis Boyard. Sa collègue du même groupe, Alma Dufour, a, elle, voulu ironiser, faisant le lien avec le réchauffement climatique : « L’in­action climatique

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Unité syndicale Si le patronat se dit satisfait, cela faisait douze ans - soit au moment de la réforme des retraites portée par Éric Woerth- que l’exécutif n’avait pas fait l’unanimité syndicale contre lui. Pour les organisations, tout l’enjeu sera de maintenir cette union s’ils souhaitent tenter d’obtenir des concessions. Et la réussite du mouvement sera une épreuve de vérité pour eux. De quoi laisser présager des semaines compliquées pour les Français avec d’innombrables grèves et blocages. ■

La bataille de l’opinion, le vrai défi de Borne et de Macron

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C’est le coup de départ d’une puissante mobilisation qui s’inscrira dans la durée

»

Laurent Berger, numéro un de la CFDT

u Opposition du RN

À ses députés, Marine Le Pen l’a répété lors de ses vœux, ce lundi : la

question des retraites sera prioritaire pour le RN. C’est d’ailleurs sur ce sujet que la chef de file du groupe RN à l’Assemblée concentrera ses prises de parole. Ce mardi, dans l’hémicycle, elle a interpellé la première ministre, Élisabeth Borne. « Pensez-vous sincèrement qu’il est bon pour le pays de proposer une réforme des retraites en vue de décaler l’âge de départ, à laquelle 70 % des Français sont opposés, en leur faisant payer les échecs de vos politiques ? », a questionné Marine

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

Sébastien SORIANO/Le Figaro

CE QUI ÉTAIT tant redouté par les syndicats est finalement arrivé. Après de nombreux mois de concertations mais aussi d’oppositions et de mobilisations, le gouvernement a dévoilé mardi les contours de sa réforme des retraites. Et en fixant l’âge de départ à 64 ans tout en accélérant la réforme Touraine, l’exécutif s’est mis à dos, sans surprise, tous les syndicats, y compris la CFDT qui avait fixé cette solution comme une ligne rouge. Et les gestes du gouvernement au syndicat réformiste sur les carrières longues ou la pénibilité n’ont pas suffi. Sans tarder, dans la foulée de la présentation de cette promesse de campagne du candidat Macron, les huit principales centrales (la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’Unsa, FSU et Solidaires) se sont réunies pour se mettre en ordre de bataille et dessiner la contre-offensive. Les leaders des différentes organisations se sont mis d’accord pour une première journée de mobilisation jeudi 19 janvier. « C’est le coup de départ d’une puissante mobilisation qui s’inscrira dans la durée », a annoncé le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, à la sortie de l’intersyndicale. L’idée était de dégainer vite, notamment pour devancer la mobilisation politique, avec entre autres la marche de La France insoumise prévue le 21 janvier. Une volonté symbolique pour montrer que les syndicats donnent le « la » de la contestation. Le 19 au soir, les centrales se réuniront de nouveau pour « prolonger et convenir d’autres initiatives », a précisé Laurent Berger. « En choisissant l’affrontement, le président doit s’attendre à une

mobilisation dure, profonde et intense dans les semaines qui viennent », prévient le secrétaire général de l’Unsa, Laurent Escure, qui qualifie cette réforme « d’injuste et d’inutile ». « Des générations complètes vont être prises en tenailles. La contestation de cette réforme va être forte », prédit Michel Beaugas, de Force ouvrière. « On souhaite qu’il y ait le maximum de salariés en grève ce le 19. Nous sommes mobilisés pour obtenir le retrait de cette réforme », a quant à lui commenté le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. À la CFTC, syndicat réputé plus modéré, on suivra également le mouvement. « Nous avions prévenu que s’il y avait un report de l’âge, nous serions dans la rue. Alors nous le serons ! Mais c’est tout de même dramatique pour l’État de se couper de syndicats comme les nôtres qui étaient prêts à discuter. Nous avions apporté des solutions, mais jamais l’exécutif n’a voulu nous écouter », regrette le président de la CFTC, Cyril Chabanier. Même chez les cadres, pourtant peu prompts à se mobiliser, « on sent une forte opposition à cette réforme », confie Gérard Mardiné, secrétaire général de la CFE-CGC.

JULIEN DE ROSA/AFP

de nos dirigeants est tellement grave qu’on dirait que c’est fait exprès pour être sûr de ne pas nous faire bénéficier de retraites, à nous, les moins de 35 ans. » « La première ministre prétend que sa réforme des retraites est un projet de justice sociale. Mais elle va accélérer dangereusement les inégalités ! », a également mis en garde le député PCF Pierre Dharréville.

CONTRE-POINT

Les syndicats lancent la contre-offensive le 19 janvier william plummer £@PlummerWilliam

Présentée en Conseil des ministres le 23 janvier, la réforme sera débattue début février à l’Assemblée nationale.

e longues concertations n’ont pas permis de désarmer l’opposition des syndicats, de tous les syndicats, au moindre report de l’âge légal de départ en retraite ; mais qui y croyait ? Quelques discussions ont permis de poser les bases d’un accord avec Les Républicains, étrangement vaccinés contre l’audace ; mais qui en doutait ? Partant de ce double constat, il est certain que la réforme présentée par Élisabeth Borne sera contestée dans la rue ; il est probable qu’elle sera votée dans l’Hémicycle. Mais c’est une autre bataille, plus décisive encore, qu’engage l’exécutif : celle de l’opinion. Une opinion que ni les syndicats ni les partis politiques ne maîtrisent ou ne sont capables d’orienter. Une opinion dont l’hostilité à la retraite à 64 ans est majoritaire, à en croire les sondages, mais dont personne n’est en mesure de dire si elle est résignée ou remontée, dépressive ou explosive, lassée ou mobilisée. Or, c’est aussi le moral général du pays qui décidera de l’issue du grand chantier de ce quinquennat. Il faut donner acte à Élisabeth Borne d’avoir concilié exigence de vérité et souci de valoriser certaines avancées sociales. Oui, l’équilibre du régime est bien en péril si rien n’est fait. Il fallait ce rappel d’évidence tant les tenants de l’immobilisme ou de la taxation des autres avaient fini par semer le doute chez les Français quant à la réalité d’un danger financier. La conscience de la menace est la première condition de l’acceptabilité de la réforme. La chef du gouvernement n’a pas cherché non plus à minimiser

Il faut donner acte à Élisabeth Borne d’avoir concilié exigence de vérité et souci de valoriser certaines avancées sociales

»

ce que ce passage, progressif, aux 64 ans avait d’exigeant et de contraignant. Tout déni serait un facteur supplémentaire d’exaspération. Parfois jugée raide, Borne fait de sa détermination face à la difficulté sa signature. Voilà les opposants à la réforme prévenus, et ses partisans rassurés. Il fallait cependant prouver que déterminé n’était pas synonyme de buté, ou d’inflexible. Dans les explications de l’occupante de Matignon et de ses ministres, l’insistance a été forte sur les évolutions, aménagements et améliorations résultant des concertations sociales ou politiques. De la validation des TUC, ces emplois aidés des années 1980, à celle des congés parentaux, de l’extension du minimum contributif à tous les

retraités au nouveau dispositif sur la pénibilité, le gouvernement veut convaincre que la copie présentée en Conseil des ministres le 23 janvier n’est pas la simple transposition du projet initial. Toutes ces assurances, sur la méthode et sur le fond des « avancées » acceptées, visent à convaincre que les volets « justice » et « progrès » de la copie gouvernementale sont aussi importants que le volet « équilibre ». Dans l’espoir, évidemment, de conjurer une contestation trop brutale et toute explosion qui aurait raison de la réforme 2023, comme le Covid avait eu raison de la réforme 2019. Mais c’est ici que commence l’inconnu. Car si les forces syndicales et politiques savent gérer un conflit « classique », indexé sur le nombre de manifestants et le nombre de jours de grèves, personne ne sait appréhender une conflictualité non encadrée. Le gouvernement redoute un mouvement style « gilets jaunes » déclenché par une question de pouvoir d’achat ; les syndicats ont la hantise d’une grève style contrôleurs SNCF avant Noël. C’est ce climat incertain dans le pays, maussade mais pas ostensiblement insurrectionnel, qui pèse sur tous les acteurs de la réforme des retraites. ■

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TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL £@TristanQM et MARIE-CÉCILE RENAULT £@Firenault

Le Pen. Jordan Bardella, lui aussi, a rappelé sa volonté de voir le RN s’illustrer comme le premier opposant à cette réforme. Le combat du parti à la flamme, pour autant, se concentrera au Palais Bourbon. Car pas question pour le RN d’envisager de se joindre à une quelconque manifestation. « Cela n’est pas et n’a jamais été notre ADN », confirme une députée. « Il n’y a pas que la rue, il y a aussi le travail médiatique », assurait encore ce mardi Marine Le Pen en privé. ■

LE CALME qui règne ce soir-là dans les couloirs du ministère du Travail tranche avec la tension qui attend le pays. En amont de la présentation de la très clivante réforme des retraites, Olivier Dussopt relativise. « J’ai vécu des situations plus stressantes comme maire. Quand vous êtes face à des questions d’ordre public qui concernent des vies humaines, quand vous devez reconnaître des corps, placer des enfants, décider d’un internement, ça remue plus que mener une réforme », lâche avec une pointe d’émotion ce dur à cuire qui devra conduire à bon port la promesse présidentielle. Les oppositions, de la Nupes au RN, promettent de le malmener au Parlement. Les syndicats, unis comme jamais en dix ans, imaginent placer leurs cortèges au travers de sa route. À 44 ans, le voilà en première ligne pour porter ce qui sera probablement la réforme la plus emblématique du quinquennat. Curieuse mission pour cet ancien socialiste que de terminer de mettre à terre un des totems des années Mitterrand. « La réalité est que depuis 1981, pas une réforme des retraites n’a été remise en cause », avance-til en ironisant sur son ancienne famille politique qui n’a pas cherché à remettre en cause la réforme Fillon de 2010… Charge à ce ministre « précis et malin », dixit Édouard Philippe, d’aller plus loin que la droite et de faire oublier la réforme avortée de 2019. Derrière le ton impassible, il se doute de la dureté de la tâche qui l’attend. « Peut-être qu’il y aura des banderoles désagréables avec mon nom », imagine celui dont 64 % des Français ignorent l’existence, selon une récente enquête d’Odoxa. Jean-Paul Delevoye, qui s’était essayé à la tâche, s’imaginait être « sanctifié » ou « carbonisé » par l’épreuve. En

athée convaincu, Olivier Dussopt ne se projette que par un bref sourire. Il a succédé, Rue de Grenelle, à Élisabeth Borne, ce qui attise les spéculations sur son avenir. Cette dernière, très attentive à ce dossier, ne l’a pas laissé seul aux manettes. Et ses relations avec les syndicats ne sont pas empreintes de chaleur. « On aurait bien aimé voir le ministre durant la concertation. Mais on ne l’a vu qu’une fois, au tout début », s’étonne Michel Beaugas (FO). Parler de la retraite « c’est toujours très anxiogène car ça remue des choses très personnelles », analyse le ministre. Ajoutant : « Ça renvoie à la vieillesse, à l’inquiétude pour la précarité, ça oblige à un examen de conscience, à examiner sa vie pour reconstituer sa carrière avec des moments heureux et désagréables, des parties de sa vie dont on est plus ou moins fier… »

Un pur produit politique La sienne serpente d’abord dans les couloirs de Solférino, où il fut tour à tour hamoniste, aubryste puis vallsiste. Avant de devenir une valeur sûre du macronisme. Nommé au gouvernement en 2017 (Fonction publique puis Budget), il fut l’un des rares ministres à être cité en exemple par le chef de l’État lors de la dernière campagne présidentielle. « Je pensais me prendre une veste en proposant sa nomination mais le président m’y a encouragé. Il m’est arrivé de prendre de mauvaises décisions, mais celle-là fut une sacrée bonne idée ! », constate Édouard Philippe. Quand Olivier Dussopt est, lui, disert sur ce « coup de foudre d’amitié » qui le lie encore avec l’ancien premier ministre. On présente souvent Olivier Dussopt comme le ministre de gauche préféré de la droite. Voir ses textes soutenus par LR, « ce n’est pas sale », insiste sans ciller celui qui a déjà fait adopter la réforme de l’assurance-chômage ou la réforme de la fonction publique alors qu’on lui « prédisait Verdun ». « Il est un peu bonhomme mais pas tendre pour autant »,

François BOUCHON/Le Figaro

Olivier Dussopt, un discret envoyé au front

Le ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, Olivier Dussopt. constate Dominique Corona (Unsa). Gérald Darmanin ne tarit pas d’éloges sur ce fils d’ouvriers, qui se méfie comme lui des grands énarques. Mais dans le même temps, ses camarades au gouvernement s’étonnent ou s’inquiètent de voir ce pur produit politique fuir les estrades. À l’image de ses balbutiements lors de la présentation de la réforme. « Il est très légitime sur le fond. Mais on ne parle qu’aux syndicats alors qu’il faut parler à la France qui travaille », grince-t-on dans les couloirs de l’exécutif. « Il adore citer des chiffres. Il a de la mémoire. C’est le syndrome Bérégovoy : “Ce n’est pas parce que je ne suis pas polytechnicien que je ne maîtrise pas les dossiers” », souffle un ministre. Lequel abonde : « Sa valeur ajoutée ce n’est pas l’émotion, mais le président et la première ministre aiment son côté pro, efficace et sa discrétion. Ce sont ses atouts sur lesquels il capitalise. » Le natif et ex-maire d’Annonay, ville moyenne de l’Ardèche qui a placé Jean-Luc Mélenchon en tête en avril dernier, serait-il devenu un brin techno ? « Je préfère être clair et précis que les effets de man-

Pour économiser l’énergie, on agit, on réduit.

Je baisse

ches. Je préfère être chiant qu’imprécis », martèle Olivier Dussopt qui peste en privé contre les médisances qui pointent le bout de leur nez à mesure que son poids politique augmente. « Je savais bien qu’en menant cette réforme, je n’allais pas me faire que des amis », constate-t-il de sa voix fine, si souvent relevée dans les portraits qui sont faits de lui. Il est peu probable de le voir enfiler des gants de boxe face à Philippe Martinez. Ce lève-tôt qui s’impose une séance de sport quotidienne ou une longue marche à pied dans la capitale compte sur sa connaissance de la vie parlementaire et son endurance. « J’ai été l’un des porte-parole du groupe socialiste pendant le débat sur le mariage pour tous, j’ai reçu 5 000 courriers d’insultes. Donc j’ai vu pire », argue-t-il en relevant qu’il a déjà traversé cinq discussions budgétaires. Avant de se lancer dans la bataille, il a commencé à lire Une sortie honorable d’Éric Vuillard sur la guerre d’Indochine. Sur la réforme des retraites, c’est tout ce que ses amis lui souhaitent : une sortie honorable. ■

J’éteins

Je décale

Notre consommation de gaz et d’électricité a baissé de 12 % entre octobre et décembre. Continuons à agir ensemble ! J’ÉTEINS TOUS MES APPAREILS en marche ou en veille quand ils ne sont pas utilisés

À la maison JE RÈGLE MON CHAUFFAGE à 19 degrès maximum

JE LANCE MES MACHINES l’après-midi ou la nuit

JE RÈGLE MON CHAUFFE-EAU à 55 degrès et reste moins longtemps sous la douche

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chaquegestecompte.gouv.fr

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l'événement

L’âge de la retraite en France est l’un des plus bas d’Europe

Plusieurs pays comme l’Italie, l’Allemagne ou le Danemark ont fixé l’âge légal à 67 ans. Certains évoquent déjà l’allongement à 68 voire 69 ans. Florentin Collomp £@fcollomp

DEPUIS le début de l’année, les Portugais peuvent partir à la retraite trois mois plus tôt qu’auparavant. Une nouvelle en trompe-l’œil, qui reflète le recul de l’espérance de vie, conséquence du Covid, sur laquelle l’âge légal du départ en retraite est indexé. Celui-ci est tout de même de 66 ans et 4 mois depuis une réforme adoptée en 2014. La plupart des pays européens ont réformé, certains plusieurs fois, leur système de retraite ces dernières années. Tous sont confrontés au même diagnostic de vieillissement de leur population et de déséquilibre entre actifs et retraités, menaçant le financement des pensions. Pour schématiser, on passera de 3 actifs pour un retraité aujourd’hui à 1,8 en moyenne à travers l’Union européenne d’ici à 2070, selon la Commission. « Les pays sont tous confrontés au défi du vieillissement de la population pour leur système de retraite mais pas dans les mêmes proportions », tempère Hervé Boulhol, économiste à l’OCDE. Parmi les réformes structurelles d’ambition, la Suède, en 1994, a mis en place un système fondé sur des « comptes notionnels », dont Emmanuel Macron voulait s’inspirer pour son projet avorté en 2019. Chaque couronne cotisée alimente un compte personnel et donne droit à un montant prédéterminé de pension. Mais le système est critiqué alors que les niveaux des pensions baissent et il devrait à nouveau être amendé. Les Pays-Bas ont, eux aussi, modifié profondément leur mécanisme après la crise financière de 2008 pour y intégrer un volet important de capitalisation à prestation définie, ce qui en fait l’un des régimes les plus généreux en Europe en termes de taux de remplacement. Depuis, la plupart des lois adoptées ces dernières années ont porté sur le recul de l’âge de départ plutôt que sur des réformes systémiques. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède ont légiféré pour le reculer. Un décalage de deux ans en moyenne. De plus en plus, les réformes intègrent un ajustement dynamique en fonction de l’espérance de vie ou de la démographie, afin d’assurer l’avenir du système sans avoir à remettre le chantier sur l’établi à intervalle régulier. À 62 ans, l’âge légal aujourd’hui en vigueur en France reste l’un des plus faibles d’Europe, avec la Grèce, la Norvège et la Suède. Dans ce dernier pays, il passera à 63 ans cette année, 64 ans

en 2026 et évoluera ensuite en fonction de l’espérance de vie. Cet âge légal est déjà passé à 65 ans en Suisse, en Belgique, en Espagne ou au Luxembourg, 66 ans au Portugal, aux Pays-Bas, en Autriche, en Irlande ou Royaume-Uni, 67 ans au Danemark, en Italie ou en Allemagne, à partir de 2031. En Espagne, il doit aussi progressivement augmenter à 67 ans d’ici à 2027 et une réforme adoptée en 2021 a relevé le montant des cotisations patronales et salariales. En Belgique, le passage à 66 ans est prévu pour 2025, puis à 67 ans en 2030. En Italie, l’âge légal est fixé depuis plus de dix ans à 67 ans pour les hommes et 66 ans et 7 mois pour les femmes. En 2019, la coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue avait lancé une expérimentation, le « quota 100 », qui donnait la possibilité d’arrêter de travailler si la somme de l’âge et de la durée de cotisation atteignait 100. Par exemple à 60 ans avec 40 ans de cotisation. Trop cher, ce système a été abandonné. Certains pays évoquent désormais un report du départ à 68 ans, comme le Royaume-Uni ou l’Irlande, voire 69 ans au Danemark à horizon 2035, ou en Allemagne, même si ce n’est pas entériné.

Comparaisons difficiles Derrière ces seuils, les différents systèmes intègrent des spécificités qui compliquent les comparaisons. La France fait partie des huit pays à ajouter à l’âge légal une durée minimum de cotisation. Ce qui fait qu’une part importante de salariés, dans les faits, partent après l’âge légal de 62 ans. En moyenne, les habitants de l’UE prennent effectivement leur retraite à 63,8 ans. « En Finlande, si on part avant 65 ans, on fait face à des pénalités sur le montant de sa pension pour l’ensemble de sa retraite, ce qui n’a pas d’impact sur l’équilibre du système, mais un impact individuel », note Hervé Boulhol. Aux Pays-Bas, au Danemark ou au Royaume-Uni, la part du système reposant sur la capitalisation (via des fonds de pension) transfère le risque économique sur les retraités, dont les niveaux de pension dépendent du rendement de l’épargne. D’où le retour en arrière de plusieurs pays d’Europe centrale et orientale qui avaient adopté de tels systèmes, mais ont déchanté face au risque sur les revenus des retraités. Au bout du compte, sauf à mobiliser les ressources du budget de l’État ou la dette, les gouvernements ont peu d’autres choix que de jouer sur l’âge, vu les marges de manœuvre étroites existant sur le paramètre des cotisations ou du niveau des pensions. ■

Retraite : l’âge légal en vigueur en France est l’un des plus faibles d’Europe avec la Grèce, la Norvège et la Suède Âge légal de départ à la retraite (au 1er janvier 2022) 61 ans France

62

63

64

65

66

67

Dépenses publiques liées aux retraites en % du PIB en 2020

62 ans

14,7 %

62 ans (Pour 40 ans d’assurance)

13,4 %

Norvège

62 ans

11 %

Suède

62 ans

Grèce

Slovaquie République tchèque

7,6 %

62 ans et 10 mois

8,3 %

: de 60 ans et 2 mois à 63 ans 63 ans et 10 mois (Femmes et 10 mois, en fonction du nombre d'enfants)

8,1 %

Finlande

64 ans

13,8 %

Malte

64 ans

7,8 %

Estonie

64 ans et 3 mois

7,8 %

Lettonie

64 ans et 3 mois

6,8 %

Lituanie

64 ans et 4 mois (Femmes : 63 ans et 8 mois)

7%

Bulgarie

64 ans et 5 mois (Femmes : 61 ans et 10 mois)

9,1 %

Autriche

65 ans (Femmes : 60 ans)

13,9 %

Belgique

65 ans

12,6 %

Espagne

65 ans

12,3 %

Pologne

65 ans (Femmes : 60 ans)

11,1 %

Slovénie

65 ans

11 %

Croatie

65 ans (Femmes : 63 ans)

10,4 %

Chypre

65 ans

10,2 %

Hongrie

65 ans

9%

Luxembourg

65 ans

9%

Roumanie Allemagne

65 ans (Femmes : 61 ans et 9 mois)

7,3 %

65 ans et 10 mois

10,3 %

Royaume-Uni

66 ans

7,7 %

Irlande

66 ans

5,1 %

Portugal

66 ans et 7 mois

13,6 %

Pays-Bas

66 ans et 7 mois

7%

Italie

67 ans

Danemark

67 ans

Sources : OCDE, Commission européenne

15,6 % 9,3 % Infographie

Énergies renouvelables : le projet de loi adopté après un problème technique wally bordas £@wallybordas

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©CAPA Pictures / Europe 1

NOUVEL imbroglio inédit au Palais Bourbon. Il est un peu plus de 18 heures mardi soir lorsque la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, décide de suspendre la séance et d’organiser un vote par bulletins nominatifs dans l’urne. La raison ? Un problème technique empêchant certains députés présents dans l’Hémicycle de voter via le boîtier électronique situé sur leurs tables. « C’est du jamais vu », chuchote, éberluée, une cadre du camp Macron. Et ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. À trois reprises, Yaël Braun-Pivet met au vote le projet de loi visant à accélérer la production d’énergies renouvelables. Trois fois où le texte ob-

tient d’ailleurs la majorité... Mais à chaque fois, toutes les voix des parlementaires présents ne sont pas prises en compte. « Ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas », préviennent de nombreux élus, de part et d’autre de l’Hémicycle. Le résultat attendra donc plus tard, le temps d’organiser ce scrutin dans les salles adjacentes. Une organisation improvisée non sans mal provoquant une « cohue incroyable » dans les travées du Palais Bourbon. Mais ce contretemps n’empêchera pas son adoption. La nouvelle tombe un peu après 21h30 : ce projet de loi, défendu par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, est finalement adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, avec 286 voix pour et 238 contre.

7 H -9 H EUROPE MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

Son examen était pourtant redouté par l’exécutif. Si bien que plusieurs cadres du camp présidentiel pensaient même qu’il ne pourrait pas être adopté, au vu de la configuration politique de l’Assemblée nationale comme du Sénat. « J’étais très pessimiste sur l’avenir de ce texte, le fait est que finalement, ça se passe plutôt pas mal », se félicite par exemple Laurent Marcangelli, patron du groupe Horizons.

Des compromis à faire Après avoir cherché le compromis à droite de l’Hémicycle sur les précédents textes, c’est sur son côté gauche que le camp présidentiel est cette foisci allé négocier. Avec succès concernant les socialistes. Les parlementaires du parti à la rose ont voté favorablement pour ce projet de loi visant notamment à accélérer les procédures pour l’installation de parcs éoliens et solaires et à accentuer le déploiement de l’éolien en mer. « Il y a un temps pour dire non, ce sera celui des retraites, et il y a un temps pour coopérer au nom de l’intérêt général, celui-ci est venu. Il nous faut agir et nous serons au rendez-vous de nos responsabilités », avait annoncé le député PS Dominique Potier devant la presse un peu plus tôt ce mardi. Sur ce texte, les socialistes se félici-

tent du « véritable dialogue » entre l’exécutif et les partis de gauche. « Des concertations dont personne ne sait si elles sont une parenthèse ou un laboratoire », a vanté Dominique Potier. Une discussion « permanente » largement observée lors des débats au Palais Bourbon, ponctués par de nombreuses interruptions de séance durant lesquelles Agnès Pannier-Runacher a réuni les chefs de file des différents groupes de gauche pour trouver des accords. Des négociations d’ailleurs mal vécues par certains membres de la majorité. « Il y a une sorte de frustration de voir que de très nombreuses concessions ont été faites à la gauche sans pour autant que ces derniers votent finalement tous le texte », soupire un cadre Renaissance. Car plus contrariant pour l’exécutif, les écologistes eux, se sont abstenus de voter ce projet de loi, dénonçant un texte qui « manque » selon eux « d’ambition ». « Ce texte n’est pas bon et nous ne pouvons pas lui donner un crédit écologiste », expliquait en fin de semaine dernière le député EELV Charles Fournier auprès du Figaro . De leur côté, les Insoumis, ont, comme les élus du Rassemblement national ou ceux des Républicains, majoritairement voté contre ce projet de loi. « Ce texte souffre de lacunes que nous estimons majeu-

res, tout particulièrement s’agissant de la structuration des filières industrielles et de l’offre de formation », a notamment expliqué le groupe LFI dans un communiqué de presse. Mais le vote de ce texte en première lecture à la chambre basse n’augure en rien son adoption définitive. Car la version validée par les députés est en de nombreux points différente de celle votée par les sénateurs - à majorité LR - il y a quelques semaines. Une commission mixte paritaire (CMP) qui réunira députés et sénateurs sera donc chargée le 24 janvier de tenter de trouver un accord sur les différents points clivants du texte. « Nous serons extrêmement vigilants sur ce qui sortira de la CMP. Si le texte prend une orientation différente, nous voterons ensuite contre (en seconde lecture, NDLR) », prévient la députée PS Marie-Noëlle Battistel. Une crainte partagée par les écologistes, qui redoutent l’intervention des sénateurs de droite. D’autant que si ces derniers avaient voté le texte dans sa première version à la chambre haute, les députés LR l’ont âprement combattu au Palais Bourbon. Pour le camp Macron, en dépit de ce résultat favorable, rien n’est donc acquis. Et l’équation reste pour le moins complexe. ■

le figaro

International

mercredi 11 janvier 2023

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La fuite en avant de Kim met à l’épreuve l’alliance SéoulWashington Les deux Corées sont de nouveau à couteaux tirés, alors que le 70e anniversaire du fragile armistice de Panmunjom sera célébré en juillet prochain. Correspondant en Asie

Asie Bataille de drones dans le ciel de Séoul. Le régime de Kim Jong-un a chatouillé le président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, jusque dans le ciel de sa capitale ces derniers jours. Cinq drones nord-coréens ont pénétré l’espace aérien de la mégapole, se ­ jouant de l’armée sud-coréenne et déclenchant la colère du dirigeant ­ vateur, en plein regain de conser­ ­tensions sur la péninsule. Yoon a fustigé l’incapacité des militaires à abattre les engins de ­ ­reconnaissance ennemis, lors de cette incursion sans précédent depuis cinq ans. Les chasseurs décollés d’urgence sont restés impuissants face aux ­drones espions ayant franchi la ligne de front barbelée, située à seulement une quarantaine de kilomètres du ­palais présidentiel de Séoul, de crainte de dégâts collatéraux au-dessus de l’agglomération de 15 millions d’habitants. L’ancien procureur ne décolère pas, forçant les hauts gradés à des excuses publiques, et menace de ­ remettre en cause un rare accord ­ militaire bilatéral avec le Nord si ­ Pyongyang poursuit ses « provo­cations ». Ce ­ document visant à ­prévenir des incidents frontaliers avait été approuvé par son prédécesseur Moon Jae-in en 2018, en pleine lune de miel inter­ coréenne, à l’heure du sommet historique entre Donald ­ Trump et Kim Jong-un, à Singapour. La page de la détente est bien ­tournée le long de la DMZ. Les deux Corées sont à nouveau à couteaux tirés à la veille des 70 ans du fragile armistice de Panmunjom, dont ­ l’anniversaire sera célébré en juillet ­ sous le regard inquiet des États-Unis, accaparé par l’Ukraine, et de la Chine. Plus que les drones rudimentaires nord-coréens, c’est bien la fuite en avant atomique de Kim Jong-un qui préoccupe les stratèges, mettant à l’épreuve l’alliance entre Séoul et Washington. Le Leader suprême a affirmé vouloir développer de façon ­ « exponentielle » son arsenal atomique, y compris ses armes tactiques, le 1er janvier, à l’issue d’une session 150 km

RUSSIE

CHINE

CORÉE DU NORD Pyongyang Panmunjon

Mer du Japon (Mer de l’Est)

Zone démilitarisée (DMZ) Séoul

Mer Jaune

CORÉE DU SUD

JAPON

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­ lénière du Comité central du Parti des p travailleurs. Joignant l’image à la ­parole, le dictateur trentenaire a passé en revue d’imposants missiles intercontinentaux (ICBM) Hwasong en compagnie de sa fille, selon les images diffusées par la propagande. Une mise en scène affichant sa détermination à braver les mises en garde de Washington, et les résolutions de ­ l’ONU qui lui interdisent l’usage de la technologie balistique et atomique. Alors que le régime paria agite le spectre d’un septième test nucléaire, il compte lancer un satellite de ­« reconnaissance militaire », « d’ici à avril » a annoncé le Rodong Sinmun, quotidien du régime. Un paravent usé, par le passé, pour poursuivre un programme balistique interdit par ­ l’ONU, alors qu’il perfectionne des ICBM, capables d’atteindre le territoire américain. La production d’armes nucléaires ­tactiques, couplée à la mise en service, en octobre, de nouveaux systèmes de lanceurs de roquettes 600 mm, marque une inflexion inquiétante de sa ­doctrine, aux yeux de Séoul. La riche Corée du Sud est en première ligne, à portée d’artillerie, et serait vulnérable en cas d’usage de « bombes atomiques » tactiques, bien plus que les États-Unis. Cette perspective relance le scénario d’un possible conflit Nord-Sud sur la péninsule, et un potentiel « décou­



La question est de savoir quand les Américains reconnaîtront la Corée du Nord comme une véritable menace nucléaire

le spectre d’un conflit intercoréen où l’Amérique hésiterait à répliquer à une frappe atomique tactique ciblée sur la péninsule. « Les Américains comblent leur ­retard, mais l’Administration Biden est peuplée d’experts issus de la nonprolifération. La question est de savoir quand ils reconnaîtront la Corée du Nord comme une véritable menace nucléaire », juge Go. Un enjeu qui dépend de l’avancée du programme d’ICBM, dont l’efficacité réelle divise les ­spécialistes. Si la propagande affirme pouvoir déjà frapper le territoire américain grâce à son « formidable » ­ arsenal, certains restent sceptiques, pointant les limites de la capacité de rentrée dans l’atmosphère des ogives, ainsi qu’un nombre d’ICBM trop limité pour tromper le bouclier antimissile de la première puissance mondiale. Le retour des conservateurs au ­pouvoir l’an passé a renforcé l’alliance « de fer » avec Washington, alors que Séoul devient un pion essentiel pour

encercler la Chine, sur le front technologique, notamment des semiconducteurs. Le Pentagone montre ses muscles face au « comportement ­irresponsable » de Pyongyang ces ­derniers mois, déployant en novembre des chasseurs furtifs F-35, capables de mener des frappes de « décapitation », dans le ciel de la péninsule. Mais ces gesticulations ne suffisent pas à lever tous les doutes, alors qu’une majorité grandissante de SudCoréens souhaitent se doter de l’arme atomique, montrent les sondages. « Faire reposer notre sécurité uni­ quement sur la dissuasion américaine est présomptueux. L’idée que la Corée du Nord ne lancera jamais une attaque nucléaire contre nous est illusoire », juge Cheong Seong-chang, chercheur au Sejong Institute, appelant la quatrième ­ économie d’Asie à développer sa propre bombe si son ­ frère ennemi n’enraye pas sa fuite en avant. Un sujet tabou, aux yeux de Washington. ■

en bref En Iran, l’ONU dénonce les « meurtres d’État »

Téhéran utilise les condamnations à la peine de mort contre des manifestants pour effrayer la population iranienne et faire taire la contestation, ce qui confine au « meurtre d’État », a affirmé mardi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.

Israël : une loi pour étendre le droit pénal aux colons Le Parlement israélien a voté, dans la nuit de lundi à mardi en première lecture, un projet de loi visant à renouveler l’extension du droit pénal israélien aux colons vivant en Cisjordanie occupée.

Du 11 janvier au 7 février



Go Myong-hyun, chercheur au Asan Institute, à Séoul

plage » entre les deux alliés, poussant l’administration Yoon à demander des réassurances auprès de Washington. L’administration conservatrice a appelé à un engagement plus robuste de Washington, pour asseoir la ­crédibilité de son parapluie atomique, évoquant même le redéploiement temporaire d’armes stratégiques sur la péninsule lors d’exercice. Le président Joe Biden s’était engagé à une ­« dissuasion étendue » lors de sa visite à Séoul en mai, mais s’est gardé de franchir cette ligne, aux allures de ­ chiffon rouge pour le Nord. Les alliés devraient conduire des exercices de « planification » impliquant des ­scénarios de frappe nucléaire, à défaut de ramener la « bombe » sur la péninsule, où elle était entreposée ­ durant la guerre froide. « L’arsenal ­ nord-coréen a grandi de façon ­exponentielle depuis une décennie alors que l’engagement américain n’a pas évolué. Et le méca­nisme de la dissuasion renforcée reste vague », explique Go Myong-hyun, chercheur au Asan ­Institute, à Séoul. En 2022, Kim Jong-un a conduit un record de 70 tests de missiles ­balistiques, bien plus en un an que sur l’ensemble du règne de son père, Kim Jong-il. Et il pourrait se doter de 200 armes nucléaires, dont une dizaine d’ICBM, ainsi que des ­ ­centaines de missiles de théâtre, capables de les emporter, selon une étude de la Rand Corporation et de l’Asan Institute, datant de 2021. Avec à la clé,

Liste des magasins Roche Bobois participant à l’opération sur www.roche-bobois.com

OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES DIMANCHES DE L’OPÉRATION (selon autorisation)

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Sébastien Falletti £@fallettiseb

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un (au centre) assiste à une cérémonie où sont présentés les nouveaux lance-missiles multiples de grande dimension, à Pyongyang le 1er janvier. KCNA/via REUTERS

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International

Joe Biden au Mexique pour parler immigration

et Trudeau, lors de ce 10e sommet trilatéral, un format créé en 2005 et relancé en 2021 après cinq ­années de hiatus liées à l’hostilité de Donald Trump. Les trois chefs d’État et de gouvernement projettent également de parler ­ économie, Haïti (envoi d’une ­force multinationale) et lutte antidrogue, après l’arrestation à point nommé, le 5 janvier dernier, d’Ovidio Guzman, 32 ans, fils du célèbre narcotrafiquant de ­fentanyl Joaquin Guzman Loera, dit « El Chapo », lui-même ­incarcéré à perpétuité aux ÉtatsUnis. L’opéra­ tion de la police mexicaine avait fait dix morts parmi les forces de l’ordre et dixneuf parmi les membres du cartel de Sinaloa, dans la localité de Jesus Maria, à Culiacan (lire ­ ­ci-dessous). Le fentanyl, une drogue de synthèse produite par les cartels sudaméricains, transite par le Mexique pour pénétrer le marché des États-Unis. Les quantités de ce puissant opiacé saisies en 2022 seraient suffisantes pour tuer ­ l’ensemble de la population américaine, soit 330 millions d’âmes,

Le trafic des opioïdes était aussi au menu du sommet entre les présidents d’Amérique du Nord. Maurin Picard £@MaurinPicard New York

Amérique du Nord Deux ans, presque jour pour jour : c’est le temps qu’il aura fallu à Joe Biden pour prendre l’épineux problème de l’immigration clandestine à bras-le-corps. À la dernière ­minute, le président démocrate a ajouté une escale à la ville fron­tière d’El Paso (Texas), dimanche 8 janvier, avant de se rendre à Mexico pour le sommet des leaders d’Amérique du Nord, mardi, en compagnie du président mexicain, Andrés Manuel Lopez ­ Obrador, et du premier ministre canadien, Justin Trudeau. Peu importe si le centre d’accueil visité par Joe Biden résonnait dans le vide ce jour-là, par simple coïncidence : il s’agissait avant tout de rencontrer les acteurs de la gestion de crise, gardes-frontières, bénévoles, associations humanitaires et religieuses caritatives. Et crise, il y a : depuis son entrée à la Maison-Blanche, tous les records de franchissement clandestin explosent, sur le flanc sud des ÉtatsUnis. Le 19 septembre dernier, la police des frontières annonçait que le nombre d’interpellations, durant l’année fiscale écoulée, avait pour la première fois dépassé la barre des 2 millions (2,15 millions dont 500 000 en Arizona), contre 1,7 million en 2021. 27 % des ­personnes interceptées étaient des récidivistes.

Pour juguler cette « invasion » dénoncée par les républicains durant la campagne des élections parlementaires de mi-mandat (midterms), en 2022, l’Administration Biden restait jusque-là sur une approche « light » : le dossier, confié à la vice-présidente Kamala Harris, comportait une tournée diplomatique des capitales d’Amé­­ rique centrale par cette dernière, et la fin de la politique inhumaine de séparation des familles après interpellation. Tout le reste, l’abrogation des mesures draconiennes décrétées par l’ex-président Donald Trump, comme le titre 42 (refoulement sans conditions des illégaux par les gardes-frontières), demeurait considérablement « toxique ». Cette disposition, à l’origine de nature médicale, consistait à empêcher les nouveaux arrivants de demander asile aux États-Unis durant la pandémie de Covid-19. Elle n’est plus appliquée depuis le 21 décembre, augmentant le flot de migrants durant l’hiver, une période propice climatiquement avant le retour des grandes chaleurs estivales. La divulgation de nouveaux franchissements records - une moyenne de 2 640 par jour entre le 10 et le 13 décembre, pour le secteur d’El Paso – a incité le cercle de conseillers présidentiels à propulser Joe Biden sur le devant de la scène, de peur que son absence remarquée en zone frontière ne génère un coût politique insurmontable en 2024. À Mexico, Joe Biden devait annoncer des mesures visant à ­



Le fentanyl, une drogue de synthèse produite par les cartels sud-américains, transite par le Mexique pour pénétrer le marché des États-Unis



Le président américain, Joe Biden, et son homologue mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, au Palais national, à Mexico, le 9 janvier. JIM WATSON/AFP

apaiser les esprits sur la crise migratoire en cours : l’érection ­ d’un centre d’accueil et d’information, côté mexicain, à Tapachula (sud), ainsi que la ­ ­création – d’ici quelques mois d’une « plateforme ­digitale » ­visant à orienter plus efficacement

les candidats à l’immigration, égarés dans la jungle bureau­ cratique et induits en erreur par des passeurs sans scrupule. Le dossier immigration devait être abordé prioritairement par les « trois amigos », surnom attribué par la presse à Obrador, Biden

Le fils d’« El Chapo » arrêté avant la venue du président américain

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Patrick Bèle [email protected]

JEUDI dernier, à Culiacan, la capitale de l’État mexicain de Sinaloa, le chaos a régné pendant une bonne partie de la journée. La plupart des avenues étaient bloquées par des dizaines de voitures et des camions en feu. Des milliers de policiers étaient mobilisés. Le matin même, vers 4 heures, la police est parvenue à arrêter Ovidio Guzman, l’un des fils d’« El Chapo » Guzman, un trafiquant de drogue qui purge aujourd’hui une peine de prison à perpétuité aux États-Unis. Ce dernier s’est fait connaître par ses multiples évasions et surtout par la dernière d’entre elles : c’est par un tunnel de 1,5 km de long qu’il a parcouru à moto qu’« El Chapo » avait faussé compagnie aux ­gardiens de sa prison. Depuis six mois, la police mexicaine attendait une occasion pour arrêter Ovidio Guzman, surnommé « El Raton » (« la souris »). Les autorités ne voulaient pas répéter le scénario catastrophe du 17 octobre 2019. Alors qu’elles avaient arrêté « El Raton », ses troupes avaient semé le chaos dans Culiacan à l’heure du déjeuner, ­ quand les enfants sortaient de l’école et que la vie urbaine battait son plein. Ces fusillades et ces attaques contre la police avaient choqué la population. Une vidéo montrait « El Raton », entre les mains de la police, tentant de ­calmer ses troupes : « Arrêtez tout, écoutez : je me suis rendu », ­clamait-il. Mais rien n’y avait fait. Le président Andrés Manuel Lopez Obrador avait dû ordonner sa

Des militaires surveillent la prison de haute sécurité d’Altiplano, où le trafiquant de drogue Ovidio Guzman est emprisonné, à Almoloya de Juarez (Mexique), le 7 janvier. NICOLAS ASFOURI/AFP

l­ibération pour que la capitale du Sinaloa retrouve son calme. Cette fois, l’opération semble avoir été mieux préparée, avec le prépositionnement de nombreuses troupes dans la ville et le choix d’intervenir au petit matin, dans le quartier de Jésus Maria. Mais les combats n’en ont pas moins été violents. D’abord à Jésus Maria, puis dans le centre-ville de ­Culiacan. Les membres des g ­ roupes d’Ovidio ont volé des dizaines de voitures et de camions pour y mettre le feu. L’objectif était de ­ bloquer les axes de circulation pour empêcher le transport d’« El ­ Raton » vers Mexico. Ils ont ensuite attaqué l’aéroport, d’où, pensaient-ils, devait être emmené leur chef, semant la terreur. Deux avions militaires et au moins un ­ avion civil de la compagnie

­ eromexico ont été touchés par des A tirs. Les troupes d’Ovidio étaient lourdement armées : la ­ police a ­récupéré quatre fusils Barrett et six mitrailleuses de c­ alibre 50 capables de percer les blindages des véhi­cules de la p ­olice. Quarante camionnettes ont été détruites, ­ dont 26 blindées. Les affrontements ont fait 29 morts, dont 10 membres des forces de l’ordre.

Un geste envers Washington

Joe Biden était attendu à Mexico trois jours plus tard. « Sa détention pourrait être un cadeau pour les gringos », a commenté l’un des meilleurs spécialistes de la drogue au Mexique, Benjamin Smith. Le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a nié que l’arrestation d’« El Raton » soit

un geste à l’égard de Washington et a exclu toute extradition express. Cette arrestation « n’est pas un accomplissement insignifiant de la part des autorités mexicaines », a commenté John Kirby, un porteparole de la M ­ aison-Blanche. Ovidio Guzman dirige une branche du cartel de Sinaloa, ­ Los Chapitos. Il est considéré comme l’un des principaux exportateurs de fentanyl, un opiacé de synthèse qui fait des ravages aux États-Unis, où 138 000 citoyens sont morts d’une overdose en 2021. Le fentanyl est 100 fois plus puissant que ­l’héroïne. Cette drogue était auparavant en grande partie fabriquée en Chine. Mais ces exportations ont depuis quelques mois été ­sévèrement régulées. Les cartels mexicains y ont vu une nouvelle opportunité. Sa fabri­ cation coûte moins cher que celle des autres drogues et ne nécessite pas de culture. Ovidio Guzman a grandi dans un quartier chic de Mexico. Il a suivi des études dans le très huppé collège des Légionnaires du Christ. « C’est la première génération de trafiquants nés dans l’opulence, précise l’analyste mexicain Alejandro Hope. Ils ont choisi d’être narcos alors qu’ils auraient pu être ingénieurs ou médecins. » Ovidio est devenu narcotrafiquant dès l’âge de 18 ans et s’est rapidement imposé, avec son frère Joaquin, comme l’un des chefs les plus redoutés du cartel de Sinaloa. Contrairement à leur père, Joaquin et Ovidio vivaient au grand jour, n’hésitant pas à affronter les forces de l’ordre avec des armes lourdes achetées aux États-Unis. Jusqu’à leur arrestation. ■

estime l’agence antidrogue (DEA). Les États-Unis ont exprimé leur « reconnaissance » envers le Mexique pour la capture du fils Guzman, selon le porte-parole du Département d’État John Kirby. En 2018, l’ex-président Donald Trump avait, durant les midterms, agité le spectre de « cara­ igrants affluant vers vanes » de m la frontière américaine et de criminels fondus dans la masse, ­ les poches pleines de doses de ­fentanyl. L’argument n’avait alors pas suffi à empêcher la déroute du Parti républicain dans les urnes. Mais le bilan ­effroyable de la crise des opioïdes aux États-Unis (108 000 morts en 2021, dont deux tiers à cause du fentanyl), conjugué aux chiffres records de l’immigration clan­ destine, pourrait hanter Joe B ­ iden, si d’aventure il briguait une réélection en 2024. ■

zoom Vague de soutiens à Lula au Brésil

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a obtenu un vaste soutien de la part du pouvoir politique et judiciaire de son pays, lundi, au lendemain des invasions et des saccages de trois lieux de pouvoir emblématiques de Brasilia par des bolsonaristes déchaînés. « Nous ne laisserons pas la démocratie nous échapper », a promis le président de gauche lundi soir à Brasilia, avant de descendre la rampe du palais du Planalto, le siège du gouvernement lourdement endommagé, entouré de juges de la Cour suprême, de membres du Congrès et de gouverneurs d’États. M. Lula s’est réuni avec les présidents du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême au palais du Planalto. Ils ont signé une déclaration commune « en défense de la démocratie » publiée sur le compte Twitter du chef d’État de gauche. La condamnation a également trouvé un écho dans les rues de São Paulo, sur l’emblématique avenue Paulista, où, tard dans la nuit, des milliers de personnes se sont rassemblées pour « défendre la démocratie » et demander « l’emprisonnement des putschistes ». Des campements de radicaux qui rejettent toujours la victoire de Lula plus de deux mois après son élection ont été démantelés par les forces de l’ordre, qui ont aussi procédé à de nombreuses arrestations, signant une reprise en main.

le figaro

mercredi 11 janvier 2023

International

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Otan : le chantage d’Erdogan à la Suède Le président turc continue de bloquer l’adhésion de Stockholm et Helsinki à l’Alliance atlantique. PKK, le Parti des travailleurs du ­ urdistan ou de sa version syrienne, le K YPD, et du mouvement gülleniste accusé d’être à l’origine de la tentative de coup d’État de 2016, Ankara a mis son veto à l’accession de la Suède et de la Finlande dans l’Otan. Les deux capitales ont été contraintes à de nombreuses concessions pour lever l’opposition de la Turquie et s’accorder avec elle dans un mémo­ randum en juin 2022. Elles ont dû notamment lever l’embargo sur l’exportation des armes à destination d’Ankara, s’engager à accélérer les procédures ­ d’extradition des personnes accusées de crimes politiques, promettre un durcissement de la législation antiterroriste. Mais la liste des exigences d’Ankara s’est allongée, comme le nez de Pinocchio, malgré l’entente du début de l’été. Ce n’est pas la première fois : les Occidentaux ont sous-estimé l’obsession kurde de la Turquie d’Erdogan, qui a fait du sujet

défense Ce qui devait être une promenade de santé est devenu un parcours du combattant. Quand elles ont décidé de renoncer à leur neutralité pour intégrer l’Otan, juste après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la Suède et la Finlande pensaient qu’il ne s’agirait que d’une formalité, tant les bras des membres de l’Alliance leur étaient ouverts, pour qu’elles se protègent des pulsions impérialistes de Moscou. Le secrétaire général Jens ­Stoltenberg l’avait dit : la candidature des deux pays nordiques sera l’une des plus rapides de l’histoire de l’Alliance. Un jeu d’enfant par rapport à la longue attente, qui restera peut-être vaine, de l’Ukraine et de la Géorgie. C’était sans compter l’opposition de Budapest et d’Ankara. Huit mois plus tard, Stockholm et ­Helsinki attendent toujours dans l’antichambre de l’Alliance atlantique, trépignant d’impatience après déjà beaucoup de sacrifices, alors que l’ours russe a choisi l’escalade et la surenchère ­meurtrière. Le blocage de la Hongrie de Viktor Orban, principal allié européen de ­ ­Vladimir Poutine, qui saisit toutes les occasions et use de toutes les manœuvres dilatoires pour plaire au Kremlin et briser l’unité de l’UE, pourrait être levé dans les prochaines semaines avec la ratification de l’accord par le Parlement. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Budapest en décembre dernier. Mais pas le blocage de la Turquie, pilier rebelle du flanc est de l’Alliance, qui après avoir semé la zizanie dans la Méditerranée, en provoquant la Grèce et la France, a pris depuis la fin du printemps ses membres et ses futurs membres en otages au nom de ses intérêts de politique intérieure et extérieure. Or l’entrée d’un nouveau membre dans la famille atlantiste doit obligatoirement recevoir le feu vert des 30 membres de l’Otan. C’est la règle de l’unanimité. Dénonçant la mansuétude de ces deux pays nordiques vis-à-vis des réfugiés kurdes, dont certains sont proches du

G. FUENTES/REUTERS

isabelle lasserre £@ilasserre



La Turquie veut des choses qu’on ne peut pas lui donner



Ulf Kristersson, premier ministre suédois

l’alpha et l’oméga de sa politique. Aujourd’hui, c’est surtout la Suède, où vivent 100 000 réfugiés kurdes, qui est la cible d’Ankara, même si, l’accession des deux pays étant couplée, Helsinki attendra Stockholm. Les dirigeants turcs ont établi une longue liste de « terroristes » dont ils demandent l’extradition. Ils ont demandé la démission d’un ministre qui avait participé à une fête pro-PKK il y a dix ans ! Et réclamé l’ouverture d’une enquête sur un rassemblement d’un groupe jugé proche du PKK. Après avoir salué la nouvelle loi antiterroriste en vigueur depuis le 1er jan­ nkara a depuis regretté le vier en Suède, A refus apporté par la Cour suprême suédoise, le mois dernier, d’extrader le journaliste Bülent Kenes. « La Turquie veut des choses qu’on ne peut pas lui donner », a

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan (au premier plan), et Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, lors d’un sommet de l’Alliance, à Madrid, le 29 juin dernier. SUSANA VERA/REUTERS commenté lundi le premier ministre, Ulf Kristersson. La position d’équilibriste du gouvernement, qui tente de satisfaire Ankara sans trahir ses valeurs et ses lois, est critiquée par une partie de l’opposition, qui considère que la Suède, petit pays de dix millions d’habitants qui fait en vain les yeux doux à la Turquie depuis huit mois, « doit arrêter de s’humilier ». En bloquant son entrée dans l’Otan, la Turquie tente de changer la politique

suédoise d’accueil des réfugiés kurdes. Mais elle resserre aussi son alliance avec la Russie de Vladimir Poutine, contre laquelle elle n’applique pas les sanctions prises par les Occidentaux. Le chantage vis-à-vis des pays nordiques est aussi un moyen indirect de faire pression sur les États-Unis, la colonne vertébrale de l’Otan, qui fournissent des armes en Syrie aux YPG, considérés par Ankara comme une organisation terroriste au même titre

que le PKK. La Turquie n’a pas digéré son exclusion du programme des chasseurs américains F-35. Et n’a pas apprécié la condamnation par Washington de ses frappes dans le nord-est de la Syrie, en novembre dernier. Mais le chantage turc, en détournant le débat de la mauvaise situation économique, est aussi un levier en politique intérieure, alors que l’élection présidentielle de juin 2022 s’annonce délicate pour Erdogan. ■

En recevant Babis, Macron suscite la colère à Prague Les autres candidats critiquent ce « coup de pouce » juste avant l’élection présidentielle.

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République TCHèQUE Contrairement au scrutin législatif de 2017, qui avait vu le populiste de droite Andrej Babis devenir premier ministre dans la foulée de l’élection de Trump, la présidentielle tchèque, qui se tiendra ce vendredi et ce samedi à Prague, ne suscite guère d’intérêt médiatique et politique à travers l’Europe. Le geste d’Emmanuel Macron, qui devait recevoir Babis ce mardi à l’Élysée, alors qu’il est redevenu député et est en lice pour la présidence, n’en suscite que plus d’émoi et de frustration agacée dans une République tchèque, où l’on ne comprend pas bien « ce coup de pouce » important, à trois jours du scrutin. Babis, populiste d’origine slovaque, qui s’est longtemps présenté comme une ­version tchèque de Trump ou d’Orban, en moins explosif - pas exactement la tasse de thé macronienne - est au coude-à-coude dans les sondages avec le général Petr ­Pavel, ex-chef d’état-major et ancien haut cadre de l’Otan, et la jeune économiste Danuse Nerudova. Une coalition de centre droit dirigée par le premier ministre, Petr Fiala, est par ailleurs aux commandes du gouvernement. Rendant le soutien de ­Macron d’autant plus précieux pour l’expremier ministre Babis dans la dernière ­ligne droite. « C’est une manœuvre de relations publiques habile. Babis ira certainement aux élections renforcé par l’effet de cet accueil “en homme d’État” que lui a fait le président français. C’est une tentative pour améliorer sa réputation entachée par nombre de scandales en République tchèque et en France », analyse son principal rival, Petr Pavel, pour Le Figaro.

« Bien sûr, cette visite à l’Élysée a reçu un habillage politique, celui d’une rencontre dans le cadre du groupe européen Renew, le parti Ano (de Babis, NDRL) étant dans la même alliance que Renaissance », nous ­ ischer, en quaconfie le candidat Pavel F trième position dans les sondages et qui se ralliera au général Pavel si nécessaire. Mais « il s’agit en réalité d’un chèque en blanc de Macron à Babis, qui revient à une forme d’interférence », déclare-t-il, ne voyant d’autre explication que la volonté française de se trouver des alliés, pour sécuriser un contrat de construction d’une centrale nucléaire. « À Prague, Babis est mal vu. Il n’est jamais venu à un seul débat avec ses concurrents directs. Et voilà qu’on lui déroule le ­tapis rouge à Paris ! », insiste Fischer.

Un deuxième tour incertain L’étape parisienne de Babis intervient alors qu’une autre bonne nouvelle a dopé sa campagne lundi, quand un tribunal l’a acquitté dans une affaire de fraude aux subventions européennes. Ce contexte pourrait l’aider à arriver en tête au premier tour, mais le deuxième tour paraît beaucoup plus incertain, vu l’engouement que suscite le général Pavel, qui a séduit l’électorat par son image rassurante, en pleine guerre russo-ukrainienne. Ce dernier affirme que « l’enjeu clé de l’élection est de savoir si la République tchèque prendra le chemin du populisme ou celui de la coopération européenne et transatlantique ». « Si je ­gagne, la direction prise avec succès par l’actuel gouvernement ne changera pas, mais si Babis revient, je vois un danger pour la République tchèque et l’Europe, car il déclare ouvertement s’inspirer d’Orban pour le style comme pour le fond de la politique étrangère », avertit Petr Pavel. ■

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Laure Mandeville £@lauremandeville

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

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Société

Dictée, lecture… Ndiaye rallie la méthode Blanquer Le ministère de l’Éducation s’apprête à publier des consignes strictes sur les « savoirs fondamentaux », au grand dam des syndicats. matière « deEncontrôle

des pratiques enseignantes, c’est même pire. On explique aux enseignants ce qu’ils doivent faire pendant leur journée de classe

»

Guislaine David, au Snuipp

Caroline Beyer £@BeyerCaroline

éducation « Pratique régulière de la dictée, pratique quotidienne de la rédaction, temps hebdomadaire d’écriture, régularité du calcul mental… » Les mots de Pap Ndiaye, mardi, à l’Assemblée nationale, pour présenter son action sur « les savoirs fondamentaux » en CM1 et CM2, auraient pu être prononcés par Jean-Michel Blanquer. Pour ceux qui en doutaient encore, le ministre marche prestement dans les pas de son prédécesseur qui, sur le fond comme la forme, avait cristallisé la colère des syndicats ­enseignants. Le projet de note de service sur « la maîtrise des savoirs fondamentaux » en CM1, CM2 et 6e, que

le ministère de l’Éducation doit publier ce 12 janvier et que Le Figaro a consulté, énumère des consignes extrêmement précises. Il sera adressé aux cadres de l’Éducation nationale, qui auront pour mission de les faire vivre sur le terrain. En lecture, le texte reprend ce que nous disent les neurosciences représentées à l’Éducation nationale par Stanislas Dehaene, le président du conseil scientifique : seuls le décodage (le « b.a.-ba ») et l’automatisation permettent d’accéder à la compréhension. Des méthodes que les syndicats majoritaires regardent avec circonspection. Aussi, le ministère a-t-il des recommandations très pointues. À l’entrée en CM1, « les élèves qui n’arrivent pas à lire un texte avec fluidité et expressivité, à une vi-

tesse d’environ 90 mots par minute » doivent bénéficier d’ « une pratique quotidienne spécifique, pendant au moins quatre semaines ». En fin de CM2, ils doivent atteindre la moyenne de 120 mots par minute. Rythme que seuls 56 % des élèves - et 39 % en éducation prioritaire - tiennent, selon les résultats des dernières évaluations de 6e.

« Une communication en direction de l’opinion »

Pour travailler la compréhension - sur laquelle les petits Français affichent un niveau inférieur à la moyenne européenne -, « au moins deux textes longs », d’ « au moins 1 000 mots », doivent être lus « chaque semaine ». « L’écriture manuscrite », elle, doit faire l’objet d’une « pratique quoti-

dienne », pour parvenir à « une écriture ferme, régulière et lisible ». « À ce titre, l’usage des photocopies doit être strictement limité, notamment les textes dits “à trous”», précise le texte. En rédaction, les écoliers, en fin de CM2, « doivent pouvoir rédiger un texte de 15 lignes en respectant les règles orthographiques, syntaxiques, lexicales et de présen­tation ». Pour « automatiser les règles de grammaire et d’orthographe », la note recommande « des exercices de toute nature, notamment de dictée brève quo­tidienne ». « Toutes les marottes de JeanMichel Blanquer, résume Guislaine David, au Snuipp, le syndicat majoritaire du primaire. En matière de contrôle des pratiques enseignantes, c’est même pire ! On

explique aux enseignants ce qu’ils doivent faire pendant leur journée de classe. » «C’est très normé, très technique… Et inapplicable », estime Jérôme Fournier, à l’Unsa, qui décrit « une communication en direction de l’opinion » et « un ministre qui veut montrer qu’il agit ». « L’orthographe, la dictée… Comme avec Najat Vallaud-Belkacem et Jean-Michel Blanquer, on est sur de la glose et de la communication politique », assène-t-on, au Snalc. Quant au « dialogue » avec les partenaires sociaux, que Pap Ndiaye avait mis en avant, il semble bel est bien au point mort. « Il écoute, il prend des notes, il sort ses fiches. Mais tout est bouclé à l’avance. On sait d’ailleurs qu’il n’a aucun poids », assène un syndicaliste. ■

Après le grave accident d’un lycéen, émotion et interrogations sur le rugby scolaire Mathias, 17 ans, est devenu tétraplégique après un plaquage lors d’un match avec son lycée des Hautes-Pyrénées. aude bariéty £@AudeBariety

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envoyée spéciale dans les Hautes-Pyrénées

éducation C’est un stade de rugby des Hautes-Pyrénées doté d’une vue imprenable sur le Pic du Midi et d’un foyer décoré pour Noël. Dans le vestiaire est affichée une photo discrète. Celle de Mathias Dantin, 17 ans, ailier des juniors du Stade Bagnérais. Une manière pour le club de rappeler que le jeune homme est toujours là, même si l’époque où il enfilait le maillot noir et blanc avant d’aller cavaler sur le terrain du stade Marcel-Cazenave est définitivement révolue. Samedi 7 janvier, pour leur premier match sans Mathias, les juniors ont vaincu à domicile le FC Lourdais XV, 41 à 14. Pendant qu’à Toulouse, leur coéquipier mène le « match de sa vie » depuis son lit d’hôpital. Qu’à Tarbes, son autre équipe, celle de son lycée, n’a plus le droit de jouer. Et qu’à ­Paris, les autorités du sport scolaire s’interrogent sur l’avenir de la pratique du rugby à l’école. L’accident est survenu le mercredi 14 décembre. À deux jours des vacances scolaires, le lycée professionnel Saint-Pierre de Tarbes affronte l’Institution ­Notre-Dame de Garaison dans un match de rugby à 7 organisé sous l’égide de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS). Mathias, élève en bac pro « métiers de la sécurité », est capitaine de l’équipe de Saint-Pierre. Alors que la partie touche à sa fin, le jeune homme est sèchement plaqué par un joueur de l’équipe adverse. Son père Jérôme, un passionné de rugby qui assiste ce jour-là au match, comprend ­immédiatement la gravité de la situation et se précipite sur le terrain. À l’hôpital Pierre-PaulRiquet de Toulouse, où l’adolescent, adopté il y a quinze ans en Colombie, est transporté et opéré en urgence, le verdict tombe : tétraplégie. La vie de Mathias bascule, son rêve de devenir militaire « dans les forces spéciales » s’envole en fumée. Sitôt l’accident rendu public, une vague de soutien déferle vers Mathias et sa famille. Son club de Bagnères-de-Bigorre lance une cagnotte Leetchi, qui rassemble à ce jour près de 40 000 euros, et décide d’attribuer les bénéfices de sa traditionnelle tombola de fin d’année à la famille de son joueur. Le monde du rugby se mobilise et envoie messages, vidéos, maillots dédicacés… Mardi, une dizaine de joueurs du Stade toulousain ont rendu visite au jeune blessé à l’hôpital.

Près d’un mois après l’accident, l’émotion et le soutien ne sont pas retombés. Le président du Stade Bagnérais, Patrice Padroni, n’en revient toujours pas. « Cet élan de solidarité nous touche énormément. On ne s’attendait pas à ça. Toute la famille du rugby est derrière Mathias. » Depuis son lit d’hôpital, ce dernier accueille avec stupéfaction et bonheur toutes ces attentions. Lui dont l’état est encore « fragile » mais qui « fait des progrès » est « très lucide » sur sa situation, confie son père, qui se relaie à son chevet avec sa mère. « C’est un combat de tous les instants. Nous avons l'espoir que son état s’améliore, même si nous ne savons pas à quel point il va pouvoir récupérer. On vit au jour le jour », décrit Jérôme Dantin.

Décision radicale Parallèlement, ce dramatique accident a poussé les instances ­organisatrices du sport scolaire à prendre une décision radicale. Dès le 16 décembre, l’UNSS, fédération sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale, suspend « jusqu’à nouvel ordre la pratique du rugby sous toutes ses formes » dans le cadre scolaire.

Les joueurs du club de Bagnères-de-Bigorre ont porté, lors d’un match, le 18 décembre, un tee-shirt en soutien à Mathias. Bastien Arberet/ Stade Bagnérais Rugby

Une décision qui ne fait pas l’unanimité. « C’est une bonne chose que ça ait été mis sur pause, le temps que tout le monde se remette en question. On n’amène pas nos enfants à l’école pour qu’ils se blessent. Je ne suis pas expert mais il y a peut-être des choses à revoir, à améliorer. Après, il faut que le rugby continue », souligne Jé­ rôme Dantin, qui souhaite avant tout que ce qui est arrivé à son fils « ne soit pas oublié ». En revanche, le Syndicat national de l’éducation physique (Snep-FSU) dénonce une décision « incompréhensible » prise dans la « précipitation ». « Vous semez le doute sur les compétences professionnelles des enseignants d’EPS et portez atteinte à la confiance que leur accordent les chefs d’établissement, [inspecteurs], parents et élèves », estime le syndicat dans un courrier adressé notamment à Pap Ndiaye, le ministre de l’Éducation nationale. « Dans plusieurs disciplines, des accidents graves comme celui-ci sont déjà arrivés, malheureusement. Mais une suspension, c’est une première », ajoute Benoît Hubert, co-secrétaire général. « Une telle mesure peut laisser supposer que les en-

seignants d’EPS font n’importe quoi en UNSS. Alors qu’au contraire, il faut rassurer, notamment les parents qui peuvent avoir des craintes : même si le risque 0 n’existe pas, le rugby reste un sport superbe et très encadré ! »

« Mesures complémentaires »

Du côté du Stade Bagnérais, le président, Patrice Padroni, ne voit pas non plus l’intérêt de « mettre sur pause les compétitions UNSS, et pendant les vacances en plus… ». « Ça ne sert pas à grand-chose. En cas d’accident de la circulation, on ne va pas ­fermer la route et dire aux gens d’arrêter de conduire ! », poursuit-il, avant d’ajouter que cette suspension peut tout de même être « l’occasion de s’asseoir autour d’une table et de discuter » pour « améliorer les choses ». Comme Benoît Hubert, Patrice Padroni souhaite avant tout « rassurer ». « Les gens ont en tête l’image du sport professionnel, des gros gabarits, des commotions ­cérébrales. Mais le rugby qu’on voit à la télé, ce n’est pas celui qu’on pratique le dimanche chez les amateurs ! », insiste-t-il. Le 6 janvier, l’UNSS a finalement décidé d’autoriser la rep­-

rise du rugby à 5 – qui se pra­tique sans plaquage – et à 13. Mais les autres formes de rugby restent suspendues. « Des mesures complémentaires de nature à optimiser la préservation de l’intégrité physique des licenciés sont étudiées avant toute date de reprise effective », précise l’UNSS. Quels que soient ces « aménagements », Benoît Hubert, du Snep-FSU, anticipe le travail de « pédagogie » et même de « lobbying » qui devra être mené auprès des chefs d’établissement. « Nous avons eu des remontées selon lesquelles certains directeurs ont pris la décision de non seulement stopper le rugby en UNSS mais aussi en cours d’EPS, dans les sections spor­ tives… », déplore le syndicaliste. L’enjeu est d’autant plus important que cette année 2023 est celle de la Coupe du monde de rugby en France. Pour les autorités, l’équation est difficile à résoudre : comment promouvoir un tel événement et la pratique de ce sport si, dans le même temps, cette dernière est restreinte dans les écoles ? « Notre priorité, c’est la sécurité des enfants », répond l’UNSS. ■

le figaro

mercredi 11 janvier 2023

Société

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Haro sur les zones à faibles émissions Alors que le gouvernement a fait un pas en arrière, l’opposition va jusqu’à réclamer leur suppression. Angélique Négroni £[email protected]

Environnement Les zones à faibles émissions (ZFE) qui doivent, à l’horizon 2025, être mises en place dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants pour chasser de leurs rues les véhicules les plus polluants, sont de plus en plus contestées. Alors que le gouvernement a fait lui-même un pas en arrière en publiant, la veille du réveillon de Noël, un décret pour lever le dispositif dans certains cas, les attaques pleuvent de toutes parts. Cette semaine est celle de toutes les remises en cause au Parlement et le bal de critiques s’est ouvert ce mardi au Sénat. À l’initiative des Républicains, un débat a été lancé dans l’hémicycle sur ces ZFE. Onze ont déjà été installées sur les 43 prévues, en s’appuyant sur le système des vignettes Crit’Air pour repérer les voitures à bannir. Le ton a été donné avec le discours d’ouverture de Philippe Tabarot, le rapporteur LR

du budget transport au Sénat. Sans vouloir tuer les ZFE, celui-ci fustige un calendrier de mise en œuvre jugé trop rapide et un dispositif d’aide financière pour l’achat d’un véhicule propre insuffisant. Si bien que les ZFE sont programmées pour être, dit-il, « des zones à forte exclusion ». Les plus modestes mais aussi des catégories un peu plus aisées seront exclus de ces zones qui concentrent la plupart des services publics. « Dans un sectarisme bureaucratique (…), vous chassez même ce qui fait la richesse d’une nation, la classe moyenne, aujourd’hui figure malgré elle de la paupérisation de notre nation », dénonce le sénateur. Si l’appel à la mobilisation des « gilets jaunes », samedi dernier, n’a rassemblé qu’une poignée de manifestants en France, le contexte social explosif fait craindre aux autorités une résurgence du mouvement. En 2018, l’étincelle qui avait embrasé la colère, plongeant le pays dans deux années de crise, concernait la voiture avec l’annonce d’une hausse des prix du carburant.

Onze ZFE (ici à Toulouse) ont déjà été installées sur les 43 prévues, en s’appuyant sur le système des vignettes Crit’Air pour repérer les voitures à bannir. F. Scheiber/Hans Lucas via Reuters

Le gouvernement pressent-il que le dispositif, tel qu’il existe aujourd’hui, pourrait être, comme l’a indiqué Philippe Tabarot, « une fabrique en puissance à “gilets jaunes” » ? Par le biais de ce décret du 23 décembre, il a desserré l’étau. Les agglomérations de plus de 150 000 habitants ne seront plus tenues d’instaurer une ZFE sous certaines conditions. Pour y déroger, elles devront démontrer que les concentrations moyennes annuelles en dioxyde d’azote sont inférieures à des seuils fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou qu’elles proposent des mesures dont les effets seront les mêmes qu’avec une ZFE pour améliorer la qualité de l’air.

Des règles différentes Ce décret, qui vise à apporter de la souplesse à un arsenal jugé trop rigide et qui pourrait concerner dix agglomérations, a une contrepartie. Celle d’ajouter de la confusion à la confusion. Car déjà au sein des ZFE lancées par des collectivités qui ont la maîtrise des règles - comme

le type de véhicules à bannir ou encore le calendrier d’exclusion - des dérogations « maison » commencent à fleurir çà et là. Ainsi, depuis le 1er janvier, si les véhicules Crit’Air 5 ne peuvent plus rouler dans la ZFE de Strasbourg, elles pourront quand même le faire à 24 reprises dans l’année… Comment l’usager de la route va-t-il s’y retrouver entre toutes ces zones soumises à des règles différentes, qui elles-mêmes subiront des modifications ? On est loin de la volonté d’harmonisation souhaitée par le gouvernement qui, dans cette perspective, va créer un comité de concertation et nommer un responsable ZFE chargé de superviser l’ensemble du dispositif. Pour le Rassemblement national, qui adresse les mêmes griefs que LR, ces ZFE doivent tout simplement disparaître. Le groupe a déposé une proposition de loi visant à leur suppression. Elle sera débattue ce jeudi à l’Assemblée nationale. « On a dévitalisé les zones rurales et on va interdire à leurs habitants propriétaires de vieilles voitures d’aller

dans les ZFE où se trouvent désormais tous les services ! », pointe Pierre Meurin, rapporteur RN du texte. Criant au « séparatisme » que provoquent ces zones, celui-ci dénonce un retour à une « France féodale », avec des fiefs fonctionnant selon des régimes différents. Également critique, La France insoumise demande, quant à elle, la suspension du déploiement des ZFE. Face à ces coups de boutoir, le gouvernement admet avoir commis une erreur. Celle de ne pas avoir assez communiqué sur ces mesures que beaucoup de Français méconnaissent. « Il y a eu un défaut de pédagogie et le RN s’engouffre dans la démagogie ! », réagit-on dans l’entourage de Christophe ­Béchu, le ministre de la Transition écologique. Si le décret du 23 décembre donne l’impression d’une reculade, le ministère s’en défend. D’ailleurs, celui-ci envisage de mettre en place d’autres zones à faibles émissions : des ZFE maritimes pour les villes portuaires empoisonnées par la pollution des n ­ avires. ■

JO 2024 : la sécurité menacée par « un déficit capacitaire » À dix-huit mois des Jeux olympiques et paralympiques, la Cour des comptes préconise de stabiliser un « plan global ».

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Sécurité Accélérer sur le front de la sécurité pour ne pas trébucher dans la dernière ligne droite. À un an de la Coupe du monde de rugby, et à dix-huit mois des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dont l’organisation s’impose comme l’un des principaux défis du second quinquennat d’Emmanuel Macron, le dernier rapport de la Cour des comptes consacré au sujet sonne comme un coup de semonce. Présenté ce mardi à l’Assemblée et au Sénat, ce document exhorte les organisateurs et l’État à changer de braquet pour être prêts au coup d’envoi de cet événement planétaire. « Le plan global de sécurité (…) n’est pas à ce jour stabilisé, s’inquiètent les sages de la rue Cambon. Il est (…) impératif de rendre les décisions nécessaires et d’arrêter ce plan pour entrer en phase de planification opérationnelle. » Plus que jamais, le « relais de la flamme », qui va parcourir 63 départements de mi-avril au 26 juillet 2024, ainsi que la cérémonie d’inauguration, où 180 embarcations remonteront la Seine devant 600 000 spectateurs, sont considérés comme les deux « manifestations à fort enjeu de sécurité ». Or, « le coût de la sécurité et la répartition du financement entre les pouvoirs publics et l’organisateur n’ont pas à ce jour été précisément établis et (…) doivent être déclinés rapidement dans leurs modalités opérationnelles », insiste le rapport. Si les acteurs du dossier sont courts dans les temps, ils sont aussi contraints dans les moyens. Comme le dit le rapport, tous ont ainsi « pris la mesure du déficit capacitaire de la sécurité privée ». En dépit d’« actions visant à restaurer l’attractivité de cette branche », les sages estiment qu’elle « présente de longue date des fragilités structu-

relles qui ne pourront cependant être traitées d’ici aux Jeux ». La Cour des comptes se montre sans illusion : « Ce défi capacitaire ne pourra donc être pleinement relevé et il importe dès à présent de planifier les scénarios alternatifs. »

« Multiples contraintes » Aussi les policiers et les gendarmes pourraient-ils être, une fois en­ core, mis à contribution. Le moindre accroc, sous le regard de 20 000 journalistes accrédités, aura des effets calamiteux. Mais la cour prévient : « L’acceptabilité des Jeux par la population suppose, dans le même temps, d’assurer un équilibre entre les missions de sécurité liées aux Jeux et la permanence des mesures de sécurité sur l’ensemble du territoire. Ce défi reste, lui aussi, à relever. » Si nos soldats pourraient

prêter main-forte aux opérations préventives de déminage et de lutte contre les drones malveillants, ils n’ont pas vocation à remplacer, Famas en bandoulière, les agents de sécurité manquants. « En raison de ces multiples contraintes, il est indispensable d’assurer la montée en charge et le recours aux réserves opérationnelles de la police nationale, de la gendarmerie nationale et des armées, conclut le rapport. Pour « assurer une meilleure sécurité des Jeux et réduire les besoins », le document convient que des innovations technologiques pourraient être déployées. Mais cellesci doivent être « arbitrées et financées sans délai » compte tenu du temps imparti pour « leur mise en œuvre et de l’éventuelle nécessité de procéder à des adaptations législatives et réglementaires ». Depuis

«

Il est (..) impératif de rendre les décisions nécessaires et d’arrêter ce plan pour entrer en phase de planification opérationnelle

»

rapport de la Cour des comptes

le 22 décembre, un projet de loi olympique, présenté en Conseil des ministres, rend possible, notamment pour la cérémonie d’ouverture, l’utilisation d’un système d’intelligence artificielle. Il permet de détecter en temps réel, par des algorithmes, des mouvements de foules dans ou aux abords des stades, sur les voies publiques ainsi que dans les transports. Réclamées de longue date par le délégué interministériel aux JO, Michel Cadot, ces caméras dites « augmentées » sont une « expérimentation » pour des « manifestations récréatives, sportives ou culturelles » exposées à des « risques de terrorisme » ou « d’atteinte grave à la sécurité des personnes ». Autorisées par décret après avis de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), elles pourront fonc-

tionner dès l’entrée en vigueur de la loi, jusqu’au 30 juin 2025. Comme l’a demandé la Cnil, ces caméras « n’utilisent aucune donnée biométrique, ne mettent en œuvre aucune technique de reconnaissance faciale et ne peuvent procéder à aucun rapprochement, interconnexion ou mise en relation automatisée avec d’autres traitements de données à caractère personnel ». Par ailleurs, des scanners cor­porels, jusqu’à présent utilisés uniquement dans les aéroports, seront autorisés à l’entrée des enceintes de plus de 300 individus, avec le consentement de la personne. Autant dire que l’exécutif met les bouchées doubles pour que les Jeux de Paris, comme en rêve Emmanuel Macron, restent un événement « inoubliable, surprenant et unique ». ■

La Cour des comptes presse les organisateurs de tenir les délais Frédéric de monicault [email protected]

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millions de spectateurs sont attendus aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024

IL N’Y A plus de temps à perdre. Le message de la Cour des comptes est clair : dans leur rapport au Parlement, publié mardi, sur l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, les magistrats de la rue Cambon ont averti de la nécessité d’une accélération opérationnelle. À dix-huit mois de l’échéance, on bascule dans cette zone qui relie la préparation à la livraison, avec forcément son lot d’obstacles. Au cours d’un point presse précédant ses auditions au Parlement, Pierre Moscovici, le premier pré­sident de la Cour, a souligné que la planification stratégique, « qui s’est déroulée dans de bonnes conditions », doit maintenant être rapidement relayée par les

contrats de mise à disposition des sites. L’intéressé ne veut pas tirer la sonnette d’alarme mais prévient que la situation est tendue et que des délais qui s’allongeraient seront difficiles à rattraper. Dans son rapport, la Cour traite bien sûr de la question des surcoûts des Jeux, liés aux facteurs exogènes que sont l’inflation et la hausse des prix d’approvisionnement. « Nous n’avons pas recensé de dérives extérieures à ces éléments », insiste le premier président. Fin 2022, le budget de l’événement est passé de 6,9 milliards à plus de 8 milliards d’euros, avec un engagement à hauteur de 3 milliards d’euros de la part de la puissance publique. La Cour précise au passage qu’il faudra attendre la fin des Jeux olympiques et paralympiques pour connaître leur coût exact. De même, les rentrées sont loin d’être fixées, avec des

négociations qui se poursuivent avec d’éventuels sponsors. Mardi, ­Pierre Moscovici a redit que la plus grande manifestation mondiale sur le plan sportif devrait être suivie par 13 millions de spectateurs et quatre milliards de téléspectateurs selon le Comité d’organisation (Cojop).

Réserve pour aléas Les incertitudes sur les équilibres financiers n’empêchent pas la Cour des comptes de se montrer extrêmement vigilante. Elle aurait souhaité d’ailleurs que le Cojop puisse proposer plusieurs scénarios de redimensionnement du budget, suite à la prise en compte de ces facteurs exogènes. Parallèlement, les magistrats financiers n’ont pas vu d’un très bon œil le Comité d’organisation piocher dans la réserve budgétaire pour aléas – à hauteur de 115 millions

d’euros - pour ramener cette enveloppe à 200 millions d’euros. « Nous sommes dans un travail ­inédit pour la Cour, ajoute Pierre Moscovici, alors que nous analysons les faits souvent après qu’ils se sont produits, cette fois nous accompagnons littéralement l’organisation des Jeux, avec une forme de contrôle continu. » Un nouveau rapport devrait ainsi être publié dans le courant du mois de juin. En attendant, la Cour suit aussi avec une grande attention les chantiers liés aux transports et à la sécurité (lire ci-dessus), les deux domaines étant indissociablement liés. Elle se projette aussi dans les questions d’héritage de la manifestation, en martelant que la plus grande transparence est requise pour gagner la confiance des citoyens. Dans un passé proche, certains pays ont mis du temps à digérer les lendemains olympiques. ■

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Christophe Cornevin £@ccornevin

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Sciences

Trois ans d’enquête et de controverses sur l’origine de la pandémie Le débat entre une cause naturelle et une fuite de laboratoire est relancé par de nouvelles découvertes.

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Vincent Bordenave £@bordenavev

Covid-19 Il y a trois ans jour pour jour, la Chine déclarait au monde qu’un premier patient était mort des suites de la mystérieuse « pneumonie atypique de Wuhan », premier nom de la maladie avant sa description sous le terme de Covid-19 par l’OMS. Après des années de très stricte stratégie « zéro Covid », Pékin a relâché tout contrôle sur le virus, et affronte une très violente flambée épidémique dans tout le pays. Officiellement, le pays n’a connu que 5 267 morts du Covid-19 depuis le début de la pandémie en 2020, et n’a déclaré qu’une vingtaine de décès depuis le relâchement des mesures de contrôle le 7 décembre dernier. Mais les nombreuses morts de célébrités et les images des hôpitaux débordés rapportés par la presse internationale, laissent deviner que la situation est en réalité catastrophique et que le bilan humain est forcément beaucoup plus lourd. Ce mensonge de Pékin sur les statistiques officielles n’est pas sans rappeler l’opacité qu’il fait régner depuis trois ans sur la question pourtant cruciale des origines du virus. Le sujet, ô combien sensible, se résume souvent à une question binaire : s’agit-il d’une fuite de laboratoire à Wuhan ou d’une introduction naturelle du virus par l’intermédiaire d’un hôte animal ? Les publications scientifiques se succèdent, certaines prétendent même clore le débat, mais dans les faits aucune ne parvient à faire consensus. Raconter l’histoire virologique du Sars-CoV-2 revient en fait à rassembler un puzzle dont les trois quarts des pièces sont manquantes, à cause du verrouillage des informations par les autorités chinoises. Côté certitude, le Sars-CoV-2 a été officiellement identifié en décembre 2019 après une série de cas pour la plupart liés à la fréquentation d’un marché de Wuhan dans la province du Hubei en Chine. Mais Wuhan n’est pas seulement célèbre pour son marché, elle l’est aussi par son Institut de virologie (WIV) équipé d’un laboratoire P4, plus haut degré de sécurité (dont la construction a été financée par la France). La présence de ce laboratoire a longtemps alimenté soupçons et rumeurs. Des rumeurs parfois totalement délirantes, mais d’autres, nourries par de sérieux doutes. Comme, quand des scientifiques ont découvert que le virus connu le plus proche du SarsCoV-2, le RaTG13 avait été prélevé en 2013 par des scientifiques de l’Institut de virologie de Wuhan sur des chauves-souris dans des grottes dans le Yunnan à 2 000 km de là dans le sud du pays. Pour certains scientifiques, le seul moyen de passer de ce virus animal à une souche aussi dangereuse pour l’homme que le Sars-CoV-2, était par l’intermédiaire de manipulations en laboratoire. Mais, en 2021, dans cette même région de reliefs karstiques sculptées par les eaux et regorgeant de grottes abritant des chauves-souris, mais de l’autre côté de la fron-

tière, au Laos, une découverte a permis de faire un pas de géant dans cette quête des origines. Elle a en fait rendu caduques toutes les hypothèses impliquant une manipulation du RaTG13. L’équipe de Marc Eloit, responsable du laboratoire découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur à Paris, a trouvé des virus très semblables au Sars-CoV-2. Baptisés « BANAL » par leurs découvreurs, ils sont beaucoup plus proches du Sars-CoV-2 que ne l’est RaTG13, puisqu’ils partagent 97 % de son patrimoine génétique. « Il s’agit des travaux les plus importants sur le sujet », commente ainsi Étienne Decroly, virologue à l’université d’Aix-Marseille. Après avoir injustement soupçonné le pangolin au début de l’épidémie, le consensus scientifique s’accorde pour dire que le premier réservoir animal du virus est bien la chauve-souris. Ces petits mammifères volants résistent particulièrement bien aux infections virales. En cas de proximité avec d’autres populations, humaines ou animales, elles peuvent être source de contamination de nouvelles maladies (lire article ci-contre). En comparaison avec le RaTG13, le virus retrouvé au Laos le plus proche du Sars-CoV-2, BANAL-236, dispose d’une arme génétique qui lui donne une affinité suffisante pour infecter les cellules humaines. Mais en dépit de cet avantage, « il manque une ca-

Des scientifiques chinois travaillent dans le laboratoire P4, de l’institut de virologie, le 23 février 2017, à Wuhan, capitale de la province du Hubei, en Chine. JOHANNES EISELE/AFP



Sans site de clivage de la furine, il peut y avoir des contaminations, mais pas de pandémie



Étienne Decroly, virologue à l’université d’Aix-Marseille

ractéristique essentielle aux virus de type BANAL-236 pour en faire des virus à potentiel pandémiques, précise Étienne Decroly. Ce qui fait du Sars-CoV-2, un virus particulièrement dangereux c’est le site de clivage de la furine. » Le terme peut paraître abscons, mais il décrit un point crucial dans cette traque des origines. Pour faire simple, le site de clivage de la furine est une séquence génétique particulière qui va permettre à la protéine Spike du virus (les piquants de l’enveloppe du coronavirus) de fusionner avec la membrane des cellules humaines. « Sans site de clivage de la furine, il peut y avoir des contaminations, mais pas de pandémie, résume Étienne Decroly. Car c’est cette particularité qui va permettre au Sars-CoV-2 d’être transmissible par aérosol. » Le BANAL est d’ailleurs un virus avec un tropisme digestif qui, s’il peut infecter les cellules humaines, ne rend pas son hôte particulièrement malade. « Tout l’enjeu est désormais de savoir à quel moment de son histoire évolutive est apparu ce site de clivage à la furine, analyse Étienne Decroly. À partir de là, il y a plusieurs hypothèses. » Apparition naturelle de ce site sur des virus qui circulent sans être détectés ? Modification d’un virus dans le cadre de manipulation en laboratoire ? Ou bien le virus a été conservé en laboratoire après avoir été découvert dans le cadre d’une

Le Sars-CoV-2, virus responsable de la maladie, a été officiellement identifié en décembre 2019 après une série de cas pour la plupart liés à la fréquentation d’un marché de Wuhan. STEPHEN SHAVER/UPI/ MAXPPP

activité de recherche ? Toutes ces questions restent ouvertes. « La présence du site de clivage à la furine présente un tel avantage sur le plan évolutif qu’il a pu apparaître à peine quelques jours avant le début des contaminations sur le marché de Wuhan, analyse de son côté Marc Eloit. Après la découverte du virus BANAL nous avions fait l’hypothèse qu’un ancêtre du Sars-CoV-2 avait pu circuler à bas bruit au sein de population humaine et qu’à force de contaminations, les mutations du virus auraient pu faire apparaître ce site de clivage de la furine. » Pour tester cette hypothèse, les scientifiques ont cherché des traces d’anticorps chez les personnes les plus en contact avec ces chauvessouris infectées. Sans résultat tangible. « Par ailleurs, nous avons testé le virus sur des macaques, des souris humanisées (génétiquement modifiées pour que leurs cellules reprennent le récepteur du virus présent dans les cellules humaines, NDLR) et in vitro, dans des cellules humaines, détaille Marc Eloit. Nous nous sommes demandé si en réalisant des passages d’un individu à l’autre mimant des circonstances naturelles, un virus pouvait muter vers un virus plus proche du Sars-CoV-2, et surtout si le site de clivage à furine pouvait apparaître. Nous n’avons rien vu de tel. » L’ensemble de ces résultats négatifs suggère qu’il n’y a pas eu de circulation à bas bruit aux confins de la Chine et du Laos qui

aurait donné naissance à la pandémie à 2 000 km de là. Retour à la casse départ donc… Malheureusement, l’ambition de comprendre par quel mécanisme la pandémie a pu démarrer ne soulève pas de dynamique particulière au niveau des États. C’est même tout le contraire. Depuis le début de l’année 2020, la Chine refuse d’ouvrir ses archives à des scientifiques étrangers et les chercheurs chinois ne publient rien sur le sujet. Aux États-Unis, des mails officiels rendus publics après des recours invoquant la loi américaine sur la liberté d’accès aux informations (FOIA) ont montré qu’Anthony Fauci, alors directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses était intervenu en amont d’une publication parue en mars 2020 dans la revue Nature Medicine. Il semble avoir demandé aux auteurs de ne pas mentionner les éléments qui auraient pu faire penser à une fuite de laboratoire. La pandémie commençait à peine et le but de cette intervention était d’éviter de donner du grain à moudre aux multiples théories complotistes qui tournaient à l’époque et étaient mises en avant par Donald Trump… le résultat fut tout à l’inverse. Car quelques mois plus tard, des révélations ont montré que des scientifiques américains avaient mené des recherches très contestables sur des coronavirus avec leurs homologues chinois de l’Ins-

titut de virologie de Wuhan. Un groupe de recherche indépendant sur l’origine du Covid, appelé Drastic, a révélé que le groupe américain EcoHealth Alliance (organisation spécialisée dans la prévention des pandémies dirigée par le virologue Peter Daszak), avait demandé en 2018 pour le compte de l’institut de virologie de Wuhan le financement public d’expériences visant à introduire artificiellement ce fameux site furine sur le virus du Sars (Sars-Cov-1). Ces expériences, dites de « gain de fonc-



Le virus peut très bien être issu de l’activité de collecte par des scientifiques, sans avoir été modifié au sein d’un laboratoire



Marc Eloit, responsable du laboratoire découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur à Paris

tion », visent en quelque sorte à prendre les devants sur l’évolution naturelle, en cherchant à faire émerger en laboratoire les éventuelles mutations qui pourraient rendre des virus animaux dangereux pour l’homme. Ces manipulations ne nécessitent pas forcément une technologie très développée : cultiver un virus in vitro avec des cellules humaines peut parfois suffire à favoriser artificiellement les mutations qui donnent au virus les capacités de les infecter. Un moratoire a interdit ce type d’expérience aux États-Unis de 2014 à 2017, et plusieurs équipes ont tenté de délocaliser leurs travaux dans des pays un peu moins regardants. Des scientifiques auraient-ils été tentés de modifier un coronavirus pour lui permettre de devenir à ce point contagieux ? Rien dans l’analyse du génome du Sars-CoV-2 ne permet de l’affirmer. Le financement fédéral demandé par EcoHealth Alliance en 2018 avait d’ailleurs été refusé, et les analyses génétiques montrent que le virus du Covid n’est absolument pas un Sars-CoV-1 transformé en laboratoire. Et l’histoire a montré que les épidémies d’origine animale n’ont pas besoin d’une intervention humaine pour décimer les populations. Et on sait que certains coronavirus qui circulent dans la nature sont

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Sciences

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Des dizaines de milliers de contaminations par des chauves-souris chaque année Il existe « plus

Delphine Chayet £@delchayet

d’un million d’espèces de virus susceptibles de toucher l’homme, dont beaucoup sont encore inconnues, et ce dans toutes les régions tropicales du monde. On recense plusieurs événements de pathologie infectieuse chaque année, et leur fréquence s’accélère

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eux aussi dotés d’un site de la furine assez proche de celui du SarsCoV-2. Une recombinaison naturelle entre un de ces virus et un ancêtre du Sars-CoV-2 chez les chauves-souris ou un hôte intermédiaire est donc une hypothèse tout à fait crédible. Lors de l’été 2022, deux articles publiés dans la revue Science ont fait beaucoup de bruit dans la communauté scientifique et donnent du crédit à l’hypothèse d’une origine naturelle. Les auteurs montrent qu’au moins deux franchissements de la barrière des espèces ont eu lieu au tout début de l’épidémie, sur le marché de Wuhan. Le virus serait donc passé de l’animal à l’homme via des spécimens vendus sur les étals du marché. Mais ces travaux ne convainquent pas tout le monde. « Les données sont incomplètes et ne permettent pas de conclure aussi catégoriquement que le font les auteurs », explique la biologiste Virginie Courtier à l’Institut Jacques Monod à Paris. Avec une trentaine de scientifiques, elle fait partie des premiers à avoir interpellé publiquement l’OMS sur l’opacité qui régnait autour de cette question. « Par exemple, seules deux mutations séparent les deux lignées, on ne peut pas exclure qu’elles soient apparues au sein des humains et non des animaux sauvages du marché, d’autant qu’aucun animal hôte intermédiaire et aucun virus progéniteur issu d’un animal n’ont été identifiés sur place. » La publication dans Science est d’ailleurs arrivée à contretemps, car à la même période deux rapports internationaux, « celui du journal The Lancet et celui du SAGO, un groupe consultatif constitué par l’OMS, indiquent qu’il est impossible de conclure, continue la scientifique. Jusqu’à présent, aucune enquête détaillée, indépendante, internationale, transparente et scientifique n’a été menée sur la possibilité d’un accident de laboratoire ». Les carnets de laboratoire, les courriers électroniques, les bases de données et les échantillons des institutions impliquées dans ces recherches n’ont pas été mis à la disposition des chercheurs étrangers ou de l’OMS par la Chine. Et comme les bases de données des différents laboratoires de Wuhan ont été retirées d’internet dès 2020, il est désormais impossible de savoir si des virus proches du Sars-CoV-2 pourraient y

être conservés. « Et pourtant des moyens existent qui pourraient rapidement éliminer telle ou telle piste, juge Virginie Courtier. Sur 100 cas confirmés par PCR de Covid-19 en Chine avec symptômes en décembre 2019, seule une vingtaine de génomes sont actuellement disponibles. Il faudrait avoir accès aux génomes des autres patients. Plus on aura de génomes, plus on pourra s’approcher de la réponse. Si le virus a été congelé un certain temps en laboratoire, sans pour autant être modifié, on peut aussi le voir en suivant son histoire évolutive. » De son côté, Marc Eloit plaide pour continuer à explorer les hypothèses naturelles qui sont accessibles à l’étude, quitte à les invalider. « Il est très probable que l’acquisition du site du clivage de la furine dans les virus précurseurs du Sars-CoV-2 ait eu lieu avant le passage de la chauvesouris à l’homme ou un hôte intermédiaire, explique-t-il. L’hypothèse d’un virus naturel reste donc ouverte, et on continue de notre côté à chercher des virus encore plus proches, ou au moins des virus dotés de ce fameux site furine et qui pourraient être une source pour une recombinaison. » Mais il restera toujours à expliquer comment des virus de chauve-souris ont traversé les 2 000 km qui les séparent de l’épicentre de l’épidémie, Wuhan. « Il faut dissocier la notion de source et d’origine, remarque Marc Eloit. Le virus peut très bien être issu de l’activité de collecte par des scientifiques, sans avoir été modifié au sein d’un laboratoire. » Si le virus peut, in fine, s’avérer 100 % naturel, la responsabilité humaine pourrait tout de même être engagée. En 2001, le Sars-CoV-1 a par exemple circulé dans des élevages de civettes en Chine avant d’être transmis à l’homme. « Quelle que soit l’origine du virus, il y a des leçons à tirer et des contre-mesures à prendre pour que cela ne se reproduise pas, conclut Étienne Decroly. S’il s’agit d’une zoonose, il faut identifier l’hôte intermédiaire et mettre en place des réseaux de surveillance, comme on sait le faire pour les grippes aviaires afin d’intervenir avant que le virus ne franchisse la barrière des espèces. S’il s’agit d’un accident de recherche, on doit réfléchir à la biosécurité. Et enfin si ce virus est vraiment issu d’une manipulation, il faut trouver les cadres législatifs internationaux pour garantir une recherche efficace et sécurisée. » ■

Vente de chauves-souris sur le marché de Tomohon, sur l’île indonésienne de Sulawesi, le 8 février 2020. RONNY ADOLOF BUOL/AFP l’envol au-dessus de leur tête de centaines de mammifères, soit par la consommation d’eau et de fruits pollués par des fientes. »

Un système de surveillance Le résultat de l’étude illustre l’ampleur des rencontres entre ce type de virus et les humains dans cette région du monde. « Plus les contaminations sont fréquentes, plus le risque de rencontre avec un pathogène dangereux augmente, tout comme celui de voir un virus s’adapter à son hôte et se propager plus largement », souligne JeanFrançois Julien. Et encore, l’étude ne prend-elle pas en compte les transmissions via un hôte intermédiaire, comme les animaux d’élevage. Les chercheurs expliquent que l’identification des zones les plus à risque d’émergence permettra de mettre en place un système de surveillance des populations humaines et des animaux domestiques, pour réagir rapidement en cas de débordement. « L’approche

est très intéressante, mais elle est incomplète, commente Benjamin Roche, épidémiologiste à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Rappelons qu’il existe plus d’un million d’espèces de virus susceptibles de toucher l’homme, dont beaucoup sont encore inconnues, et ce dans toutes les régions tropicales du monde. On recense plusieurs événements de pathologie infectieuse chaque année, et leur fréquence s’accélère. » Le chercheur fait partie de l’équipe de coordination de l’initiative Prezode, lancée en 2021 par Emmanuel Macron et qui réunit 180 instituts de recherche, dont l’objectif est de prévenir l’apparition de maladies zoonotiques. « Même si tout porte à croire que nous connaîtrons de nouvelles pandémies, il est possible de réduire le risque par une gestion locale adaptée des écosystèmes », dit-il, rappelant que la déforestation et l’élevage intensif sont les deux principaux facteurs de déstabilisation. ■

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Benjamin Roche, épidémiologiste à l’Institut de recherche pour le développement

LE PLUS DUR de la pandémie de Covid semble passé, et les scientifiques ont le regard tourné vers l’avenir : à quand l’irruption d’un nouveau coronavirus dans nos vies ? Selon un rapport international présenté en 2020 à l’ONU, ce type de crise pourrait survenir tous les dix ans en moyenne, dans un monde hyperconnecté où les contacts entre l’homme et la nature sont de plus en plus étroits. Rien que pour les coronavirus, une étude publiée l’été dernier dans la revue Nature Communications a évalué à plusieurs dizaines de milliers le nombre de personnes infectées chaque année par un cousin du Sars-CoV-2 en Asie du Sud-Est. Cette estimation globale, forcément approximative, résulte du recoupement de plusieurs jeux de données, dont la répartition géographique des 26 espèces de chauves-souris hôtes de ces virus ainsi que les zones abritant les populations les plus variées et les plus denses de ces mammifères. Les chercheurs dessinent ainsi une carte des territoires à risque, notamment dans le sud de la Chine et les régions frontalières, mais aussi en Indonésie. En reprenant les rares études de recherche d’anticorps auprès des habitants de ces régions, ils concluent enfin, par extrapolation, que 66 000 personnes environ seraient infectées chaque année par un coronavirus. L’étude ne permet pas de dire si les personnes touchées ont été malades ou contagieuses. Jean-François Julien, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, précise qu’il y a deux voies possibles de passage de la chauve-souris à l’homme : « Soit par aérosol, lorsque les villageois se rendent dans les grottes pour récolter le guano, provoquant

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

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Sport

Nikola Karabatic, la vingtaine rugissante

Après avoir célébré ses 20 ans de présence en sélection, le Français débute ce mercredi son 10e championnat du monde. Sans la moindre lassitude et bien décidé à triompher de nouveau avec les champions olympiques. cédric callier [email protected]

handball Une histoire d’amour longue de vingt ans, qui débuta un beau jour de novembre 2002, le 2, précisément, à Göteborg. À l’occasion d’une demi-finale de la World Cup face à la Russie, Nikola Karabatic vivait sa première apparition sous le maillot de l’équipe de France. Avec à l’arrivée une victoire à la clé (25-23). Comme un symbole de la réussite qui allait suivre, avec dix médailles d’or sur le plan international, quasiment équitablement réparties entre les trois grandes compétitions : trois titres olympiques (2008, 2012 et 2021), quatre mondiaux (2009, 2011, 2015 et 2017) et trois européens (2006, 2010 et 2014). Et même lorsqu’il était permis d’imaginer la fin de son aventure en bleu à l’issue du sacre aux Jeux de Tokyo en août 2021, Karabatic a trouvé le Nikola ­ moyen de surprendre et de prolonger le plaisir. Loin d’être rassasié après 339 matchs et 1 266 buts marqués. « Je ne me lasse pas d’être en équipe de France, confiait-il ainsi au Figaro entre Noël et le jour de l’An. Si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il est temps pour moi de m’arrêter. Je me remémore toujours mon rêve d’enfant qui était de porter un jour ce maillot et, depuis, je fais tout pour ne jamais le considérer comme un acquis. Je prends chaque nouvelle sélection, chaque nouveau rassemblement avec cette bande de potes comme une bénédiction, et je suis très heureux d’être là. » Heureux de vivre une énième préparation lors des fêtes de fin d’année. « Je crois que ma première année en bleu a correspondu avec le premier stage de l’équipe de France à la période de Noël, à la différence que nous n’étions pas à Créteil mais dans les Alpes. J’ai aussi connu le Sud-Ouest et Capbreton. » De quoi faire de lui une encyclopédie vivante du handball français.



Je sais que je suis proche de la fin, et du coup, aujourd’hui, ce qui me pousse, ce ne sont plus les records, mais simplement le bonheur d’être dans cette équipe

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Nikola Karabatic



À bientôt 39 ans – il les aura le 11 avril prochain –, Nikola Karabatic demeure une référence incontournable. « Le grand patron », comme le qualifie affectueusement son partenaire Nedim Remili. Un « irremplaçable » aux yeux de son sélectionneur, Guillaume Gille, qui a évolué tant d’années à ses côtés du temps des fameux Experts avant de le diriger désormais. Une longévité au plus haut niveau international qui le laisse pantois. « Plus de vingt ans en équipe de France, c’est juste un nombre délirant, incroyable. Quand on voit l’exigence que demande le jeu aujourd’hui et quand on regarde son palmarès, ça le place dans un cercle très fermé. Peut-être même, d’ailleurs, qu’il est tout seul dans son cercle », s’amuse l’entraîneur de l’équipe de France, guère décidé à se passer des services du célèbre numéro 13. Pour Remili, en tout cas, quand le joueur du PSG parle, tout le monde se tait. « Et encore, il m’énerve car il est parfois trop gentil, ajoute-t-il. Mais si demain il nous demande de faire ci ou ça, nous allons le faire, et si cela ne marche pas, personne ne dira que c’est de sa faute. Il a mené ce groupe à tellement de succès ! Certes, aujourd’hui, cer-

tains joueurs ont pris de l’ampleur, notamment Dika Mem, qui est certainement le meilleur joueur du monde actuellement, mais Niko est toujours là à nous guider, à nous aider. En fait, je me rends compte que je pourrais parler de lui en des termes élogieux pendant des heures… » Parmi les innombrables talents du natif de Nis, en Serbie, le plus important aujourd’hui réside certainement dans sa capacité à être conscient de son propre vieillissement. Si certains grands champions n’ont pas su, ou voulu, s’adapter, Nikola Karabatic, lui, s’est rendu compte que sa prise d’intervalle n’était plus aussi dévastatrice et tranchante qu’avant. Qu’il ne pouvait plus peser de la même manière sur tout un match. Mais sa vision du jeu, son expérience, sa capacité à faire briller les autres et à être décisif pile quand il le faut demeurent intacts. Avec en plus ce sentiment du devoir déjà accompli, forcément libérateur. « Je sais que je suis proche de la fin, et du coup, aujourd’hui, ce qui me pousse, ce ne sont plus les records, mais simplement le bonheur d’être dans cette équipe, avouet-il. Je ne passe pas mon temps à regarder à combien de buts ou de passes décisives je suis. Je veux vivre tous ces derniers instants à fond. » À partir de mercredi, et jusqu’au 29 janvier si tout va bien pour les champions olympiques, il devrait ainsi vraisembla­ blement vivre le dernier Mondial de sa carrière. Une compé­tition qui démarrera fort avec un duel face à la Pologne, l’un des deux pays organisateurs avec la Suède, chez elle, à Katowice (ce mercredi à 20 h 30, beIN). Dans une ambiance qui s’annonce bouillante. « Dans le meilleur des mondes, je pense que c’est mieux de monter crescendo dans une compétition, analyse-t-il. Mais là, en commençant par la Pologne, dans une ambiance dont on sait qu’elle sera très hostile, ce n’est pas forcément le meilleur des débuts. Je crois cependant que l’équipe est à la hauteur du défi et si cela tourne bien pour nous, cela va nous gonfler niveau confiance, ce qui peut être un vrai plus pour la suite. » Il faut dire que, fidèle à sa tradition depuis trois décennies, l’équipe de France a su se renouveler et intégrer de jeunes talents pour se maintenir au plus haut niveau, elle qui reste sur un titre olympique à Tokyo et deux quatrièmes places au Mondial 2021 et à l’Euro 2022. Deux résultats laissant un goût d’inachevé au sein des Bleus. Et Nikola Kara­ batic aimerait bien se parer d’or de nouveau, alors que se profilent, dans un an et demi, des Jeux olympiques à Paris qu’il garde dans son viseur – sa volonté de prolonger son contrat jusqu’en 2024 avec le PSG en atteste –, même s’il se veut davantage en mode carpe diem. Histoire de ne pas penser à l’instant où le clap de fin tombera. « J’essaie de ne pas trop me concentrer sur ce moment-là. Je sais que cela va arriver très vite. Mais quand j’y pense quand même un peu, je ne ressens pas de la peur, mais de la joie, de la fierté. Ce sera alors une grande partie de ma vie qui va s’arrêter mais cela me permettra de passer à autre chose. » Avant de conclure, lui qui a été sacré 19 fois champion de France, d’Allemagne et d’Espagne en club, avec le sourire : « Il y a un milliard de trucs que j’ai mis de côté durant ma carrière. Je vais pouvoir pratiquer d’autres sports, partir davantage en vacances, fêter les anniversaires de mes amis, être présent pour ma famille plus que je ne l’ai été. Ou, à Noël, je pourrai aller en Laponie voir le Père Noël plutôt que d’être à Créteil. Enfin, s’il y a encore de la neige au moment où j’arrêterai… » ■

Nikola Karabatic affrontait les Suédois en demi-finale du championnat d’Europe de handball, le 28 janvier 2022, à Budapest, en Hongrie. ATTILA KISBENEDEK/afp

Poignardé il y a un an, Prandi rêve de nouveau

ision « deMalav­ vie tout

court a changé, pas uniquement ma manière d’aborder la compétition

»

Elohim Prandi, joueur du PSG et de l’équipe de france de handball

Elohim Prandi, sous le maillot du PSG, en octobre 2020. Valentin Desbriel/Icon Sport/ABACA

LE 1ER JANVIER 2022, tout faillit s’arrêter pour Elohim Prandi. Alors âgé de 23 ans, celui à qui tout le monde prédit monts et merveilles sur les parquets de handball est victime d’une terrible agression lors du réveillon de la Saint-Sylvestre, à quelques dizaines de mètres des Champs-Élysées. Un épisode dont il avait narré le déroulé deux mois plus tard auprès du quotidien Le Parisien, une fois hors de danger et en phase de reprise avec son club du Paris SG. « J’étais avec deux amis très proches et ma mère dans une soirée privée chez quelqu’un que je connais très bien. Sur un malen­tendu et à cause d’une bouteille d’eau renversée, j’ai été pris à partie par un groupe de personnes. Je ne suis pas quelqu’un qui cherche les ­ennuis mais j’ai été obligé de me défendre. Tout d’un coup, je ne sais pas ce qui est passé par la tête d’un gars mais il est venu me planter six coups de couteau au niveau de la cage thoracique dans le dos. » Quasi miraculeusement, aucun des coups portés par son assaillant ne s’avère fatal. Même si le traumatisme, lui, demeure prégnant. Comme il le racontait au Figaro un an après les faits à Créteil, au sein du fief du handball français et de sa sélection à succès. « À une ou deux reprises, je me suis senti ­partir pour de vrai, se souvient-il. Au tout début, il m’arrivait même de ne pas vouloir fermer mes yeux pour dormir, de peur de ne jamais les rouvrir. Mais rapidement, mon moral a repris le dessus. Je me suis dit que je n’avais que 23 ans, qu’il me restait beaucoup à accomplir. Je veux construire une famille, gagner des titres avec mon club. Simplement, avant, j’avais un tempérament à tout prendre à la rigolade mais pas là. Il m’a fallu un peu de temps pour retrouver mon carac­tère naturel. » Du temps, il lui en a fallu aussi pour retrouver l’équipe de France

avec qui il restait sur une vive déception, lors de sa première ­ grande compétition internatio­nale chez les A à l’occasion d’un Euro 2020 achevé collectivement sur une élimination dès le tour préliminaire – et individuellement sur un très pâle deux sur dix au tir –, et sur une longue ab­sence. Blessé à l’épaule droite, il avait en effet vu le Mondial de janvier 2021 lui filer sous le nez, de même que le tournoi de qualification olympique deux mois plus tard, cette fois en raison d’une entorse à la cheville. Avant de ne pas être retenu par Guillaume Gille dans le groupe pour les Jeux de Tokyo. Si bien que depuis sa première sélection en bleu le 24 octobre 2019, Elohim Prandi n’a ajouté que onze petites capes à son compteur en trois ans.

Un sou­rire retrouvé Mais aujourd’hui, au moment d’aborder le championnat du monde qui débutera pour la France par un duel face à l’un des deux pays organisateurs, la Pologne, chez elle (ce mercredi, 20 h 30), l’arrière gauche ne veut se tour­­ner que vers l’avenir. Avec un sou­rire retrouvé, et une autre façon de voir les choses désormais. « Ma ­vision de la vie tout court a changé, pas uniquement ma manière d’aborder la compétition, explique-t-il. Cet épisode dramatique m’a fait évoluer, grandir, gagner en maturité sur plein de choses. Concernant qui je voulais devenir en tant que personne, qui je voulais être aussi en tant que sportif. Je veux devenir un très grand joueur, j’ai cette ambition et cela démarre aujourd’hui. Je veux m’installer sur le poste d’arrière gauche de façon claire et nette. Cela passera par une multitude de facteurs, comme celui d’être performant et régulier avec mon club, et aussi en sélection. Par le passé, j’ai trop été fluctuant au niveau de mes performances et je dois continuer à travailler là-dessus. » Depuis le début de la saison, Elohim Prandi – dont le père, Raoul, et la mère, Mézuela, ont tous les deux été internationaux de handball sous le maillot de la France dans les années 1990 – démontre bien avec le PSG que ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Quatrième meilleur buteur du championnat de France avec 88 buts inscrits – il est même l’artificier numéro 1 sans prendre en compte les penaltys -, l’arrière gauche a visiblement passé un cap. « Pour moi, mon premier ­objectif était d’être performant de

nouveau avec mon club car je ­savais que si c’était le cas, l’équipe de France redeviendrait possible, envisageable, analyse-t-il avec lucidité. Mais quand je dis performant, à mes yeux, il fallait même que je sois meilleur qu’avant, plus rigoureux, peser davantage en termes de leadership. J’ai l’impression que c’est le cas depuis le début de la saison. » À lui désormais de confirmer à l’échelon interna­ tional au sein d’une équipe de France où il veut s’installer à un an et demi des Jeux olympiques à Paris. ■ c. C.

phase de groupe championnat du monde france

mercredi pologne 20 h 30 beIN

france samedi 18 h Arabie saoudite france lundi 18 h slovénie

zoom Foot : Le Graët s’explique devant un comité exécutif extraordinaire ce mercredi

Avis de tempête sur la Fédération française de football et son président, Noël Le Graët. Fragilisé par une salve de critiques après sa sortie irrespectueuse envers Zinédine Zidane ou encore le témoignage de harcèlement de l’agent de joueurs Sonia Souid, le dirigeant de 81 ans a convoqué le comité exécutif de la FFF pour une session extraordinaire ce mercredi à Paris. La séance, programmée à 11 heures au siège de la FFF permettra au patron du football français de s’expliquer sur trois sujets d’actualité : la prolongation de contrat de Didier Deschamps jusqu’en 2026, qui a crispé le comex, non mis au courant en amont, ses propos sur Zidane ou encore l’audit lancé par le ministère des Sports et pour lequel il a été entendu mardi, tout comme sa directrice générale, Florence Hardouin, avec laquelle il est plus que jamais en froid. Ce sera surtout l’occasion pour lui de se positionner par rapport à une éventuelle démission. D’un point de vue réglementaire, le comex ne peut pas destituer le président, mais simplement le pousser à se retirer en le mettant en minorité et en demandant une assemblée B. D. générale extraordinaire.

le figaro

LE CARNET DU JOUR Les annonces sont reçues avec justification d’identité du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches de 9h à 13h. Elles doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain, avant 13 h les dimanches.

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deuils Marie-Estelle, sa fille, Adrien et Ariane, ses petits-enfants, Monique, née Essayie, sa seconde épouse, Brigitte Baufumé Delesques, sa première épouse, Bruno et Marie-Cécile, ses frère et sœur, Isabelle, sa belle-sœur, ses nièces et neveux ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Olivier BAUFUMÉ

ancien avoué près la cour d'appel de Paris, juge de proximité près les tribunaux de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles,

Fabrice et Xavier Deschamps, ses fils, Maima et Yaël, ses belles-filles, Vaiana, Vaéa, Théo, Thomas, Chloé, Lisa, ses petits-enfants, la famille Cadousteau, la famille Boosie-Haereraaroa ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de

Mihi BROCHARD survenu le 31 décembre 2022, à l'âge de 83 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 17 janvier 2023, à 10 h 30, en l'église Saint-Ferdinand-des-Ternes, Paris (17e), suivie de la crémation au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, en la salle de la Coupole, à 15 h 30, où les derniers hommages lui seront rendus. Cet avis tient lieu de faire-part. 71-73, avenue des Ternes, 75017 Paris. Yolaine Cauchard, son épouse, Flore et Aurélien, ses enfants, François, son gendre, Anne, sa belle-fille, Hugo, Bianca, Auguste, Louison, Ernest et Oscar, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

François CAUCHARD survenu le 7 janvier 2023, à l'âge de 79 ans, à Paris. Une bénédiction sera célébrée en l'église Saint-Pierre-de-Montrouge, à Paris (14e), le lundi 16 janvier 2023, à 10 h 30. Ascain (Pyrénées-Atlantiques). La famille Danel, Olivier, Nicolas, Bruno Danel ont la douleur de faire part du décès de

Anne Marie DANEL née Gibert, veuve de

Claude Danel

le 9 janvier 2023, à l'âge de 79 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 16 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Honoré-d'Eylau, Paris (16e). Cet avis tient lieu de faire-part.

survenu le 10 janvier 2023, à l'âge de 98 ans, à Saint-Jean-de-Luz.

marie-estelle.baufume @orange.fr [email protected] Gif-sur-Yvette (Essonne).

ont la tristesse de faire part du décès de

ses six petits-enfants, ses cinq arrière-petits-enfants, sa sœur Marie-France, ont la douleur de faire part du décès de

Jacques BONNET

chevalier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite,

Camille et Emilien, ses enfants, M. et Mme Jean-Pierre Dorlhac, ses parents, M. et Mme Étienne Lengereau, sa sœur et son beau-frère, Marguerite et Hippolyte Lengereau, ses neveux, les familles Dorlhac et Meilhac ont l'immense douleur de vous faire part de la disparition subite de

Arnaud DORLHAC à son domicile, à Paris, le 6 janvier 2023, à l'âge de 53 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 14 janvier, à 10 h 30, en l'église Notre-Dame-des-Champs, à Paris (6e). Il sera inhumé au cimetière de Vaumoisson, à Jullouville, dans les jours prochains.

Philippe et Hélène Guilbaud, Olivier Guilbaud, ses fils et sa belle-fille, Irène et Alice Guilbaud, ses petites-filles, ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Monique GUILBAUD née Schorsch, ancienne professeure d'espagnol,

M. Benoît DESBANS survenu le 3 janvier 2023, en son domicile, le domaine de Chatenay. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Saint-Saturnin, le vendredi 13 janvier, à 14 h 30. Mme Sylvie Gauchery, ses enfants et petits-enfants font part du rappel à Dieu de

M. Bernard GAUCHERY

survenu le 6 janvier 2023, à l'âge de 91 ans.

le 7 janvier 2023, à l'âge de 84 ans, à Clohars-Carnoët (Finistère).

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Paul de Chevry, à Gif-sur-Yvette, le lundi 23 janvier 2023, à 10 heures.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Notre-Dame-des-Champs, à Paris (6e), le vendredi 13 janvier, à 13 h 30.

Elle a rejoint son époux André, décédé le 2 février 2021. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Sainte-Marie-aux-Fleurs, 20, rue d'Alsace-Lorraine, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), le vendredi 20 janvier 2023, à 10 heures. 2, villa Papillion, 94100 Saint-Maur-des-Fossés. [email protected] 29, rue de Constantinople, 75008 Paris. [email protected]

« Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » Victor Hugo. Crans-Montana (Suisse). Mme Evangeline Hersaint, sa fille, Mme Laetitia Altwies-Lair, sa belle-fille, ont la douleur de faire part du décès de

née Moutier, veuve de

Claude Hersaint survenu le 6 janvier 2023, à l'âge de 88 ans, à Crans-Montana, Valais (Suisse). Elle était l'amie des peintres et des artistes. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église du Sacré-Cœur, à Crans-Montana, ce mercredi 11 janvier 2023, à 10 h 30.

Nathalie et Eric de l'Escalopier, Sabine et Henri Castellan, ses enfants, Laure, Guillaume, Claire, Benoît, Sophie, Joseph, Grégoire et Priscille, ses petits-enfants,

2023-01-12T09:29:05+01:00

2023-01-11T03:09:04c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Demain

ont la tristesse de vous faire part du décès de

M. Honoré LE FUR

chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, ancien combattant 1939-1945, survenu le lundi 9 janvier 2023, à l'âge de 98 ans. La cérémonie religleuse sera célébrée le samedi 14 janvier 2023, à 10 heures, en l'église Saint-Nicolas de La Tranche-sur-Mer.

M. Le Fur repose à son

domicile, 3, rue des Peupliers, à La Tranche-sur-Mer. Cet avis tient lieu de faire-part.

Alix Marilhet, ses enfants, Pauline, Hugues et Charlotte, ont la tristesse de vous faire part du décès de

Bruno MARILHET le 8 janvier 2023, à l'âge de 57 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Joseph de La Trinité-sur-Mer, le vendredi 13 janvier, à 14 h 30.

M. Jean-François Mondy, M. et Mme Xavier Laffargue, M. et Mme Nicolas Mondy, ses enfants, Anne, Sophie et Simon, Thomas, Brice et Sophie, Blandine et Fabien, Paul, Clémence, ses petits-enfants, ses sept arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Mme François MONDY

La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 13 janvier, à 10 heures, en l'église Notre-Dame de Versailles. L'inhumation aura lieu le lundi 16 janvier, à 11 heures, au cimetière de Chérac (Charente-Maritime).

Arrentières (Aube). Mme Emmanuel Piot, née Marie-Christine de Chefdebien-Zagarriga, son épouse, M. et Mme Jean Sébastien Piot, Mlle Marie-Adélaïde Piot, ses enfants, Marine et Rémi, ses petits-enfants, vous font part du rappel à Dieu de

M. Emmanuel PIOT le 9 janvier 2023. Une messe sera célébrée le samedi 14 janvier 2023, 15 heures, en l'église Saint-Jacques d'Arrentières.

Strasbourg. Biganos. Paris. « Aimer envers et contre tout. » Anne-Marguerite et Emmanuel Colonna-Ceccaldi, Jean-Marie et Florence Thomas-Delecourt, Marie-Bénédicte et Ludovic Berlioux, ses enfants, Louis et Manon-Eva, Thibault, Maëlys (†), Lætitia, Florian, Amaury, Héloïse, Pierre-Marie, Paul-Henri et Eloi, ses petits-enfants, les familles Klotz, Dechelette, Thomas et Hugueny ont l'immense tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Elisabeth THOMAS née Klotz, épouse du

colonel (e.r.) Georges Thomas (†) Elle a terminé son pélerinage terrestre dans l'espérance de la Résurrection, le 9 janvier 2023. La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 13 janvier, à 11 heures, en l'église catholique Saint-Pierre-le-Jeune (en face du tribunal), à Strasbourg. Les fleurs peuvent être remplacées par des dons en faveur des séminaires.

Frédérique et Christian Cabouat, Pascaline Vatin, Stéphanie et Frédéric Doré, Laure et Christophe Langerock, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants font part du rappel à Dieu de

M. Alexandre VATIN le 8 janvier 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Honoré-d'Eylau, 66 bis, avenue Raymond-Poincaré, Paris (16e), le vendredi 13 janvier, à 10 h 30.

Françoise HERSAINT

Mme Nicolas Lanquest, née Catherine Pellerin, son épouse,

[email protected]

Chantal Le Fur Boulard et Guy Boulard, Micheline Le Fur Weber (†) et Pascal Weber, ses filles et ses gendres, Ludovic, Jérémy, Annabel, Géraldine et Charlotte, ses petits-enfants, et ses 12 arrière-petits-enfants

née Hélène Boyer,

Mme François Lanquest, sa mère,

Naissances, fiançailles, mariages, anniversaires, deuils, souvenirs...

Paris (15e). La Tranche-sur-Mer.

le 8 janvier 2023, dans sa 95e année.

Cet avis tient lieu de faire-part.

TOUS LES ÉVÈNEMENTS DE LA VIE S’ANNONCENT DANS LE CARNET DU JOUR :

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survenu à Créteil, le 4 janvier 2023.

Saint-Saturnin (Sarthe). Mme Boguslawa Desbans, son épouse, ses enfants et leurs conjoints, sa sœur, son beau-frère et sa famille

Sophie Bonnet, Delphine Taghian et son mari Magdi, Isabelle Guibert et son mari Philippe, ses trois filles et ses gendres,

Mme Arnaud Dorlhac, née Florence Meilhac, son épouse,

ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu le 10 janvier 2023, dans sa 76e année, de

Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor). M. et Mme Jacques Duboys Fresney, le docteur Chantal Moy, M. et Mme François-Xavier Lenoir, ses onze petits-enfants et quatre arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Mme Jacques MOY

née Cécile Armand, le samedi 7 janvier 2023, dans sa 101e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 12 janvier, à 14 h 30, en la basilique Notre-Dame-d'Espérance de Saint-Brieuc.

Frédérique et Philippe Alric, François-Christophe et Catherine Pietri, ses enfants et leurs conjoints, Antoine, Laetitia, Jean-Baptiste, Juliette, Jérôme, ses petits-enfants,

remerciements Michel Nguyen Lê Truong, son fils, Mme Lê Thi Bach Nga (†) et son mari, Mme Lê Thi Chi Linh et son mari, Mme Lê Thi Thanh Son et son mari, Mme Lê Thanh Duong, M. Lê Huu Dung, ses sœurs, son frère, ses beaux-frères, ses neveux et nièces, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès de

Angèle NGUYEN

née Lê Thach Truc, avocate au barreau de Saïgon, chef-propriétaire du restaurant Le Santal, à Paris, remercient tous ceux qui ont pris part à leur peine. Une messe sera célébrée à sa mémoire le vendredi 20 janvier 2023, à 19 heures, en l'église Saint-Louis-en-l'Île, à Paris (4e).

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Michèle PIETRI née Guyot,

survenu le 7 janvier 2023, à l'âge de 86 ans.

La messe d'A-Dieu aura lieu le vendredi 13 janvier, à 10 h 30, en l'église Notre-Dame des Loges (Seine-Maritime), suivie de l'inhumation au cimetière des Loges.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Sainte-Thérèse, 62, rue de l'Ancienne-Mairie, à Boulogne-Billancourt, le vendredi 13 janvier 2023, à 14 h 30, suivie de l'inhumation au cimetière ancien de Boulogne, 1, rue de l'Ouest.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Cet avis tient lieu de faire-part.

M. Nicolas LANQUEST

Mercredi 11 Janvier 2023

messes Une messe sera célébrée le lundi 16 janvier 2023, à 18 heures, en la basilique Sainte-Clotilde, 23 bis, rue Las Cases, Paris (7e), à la mémoire de

Hervé LE BAULT de la MORINIÈRE endormi dans la Paix le 13 décembre 2022.

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mercredi 11 janvier 2023 le figaro

champs libres Enquête L’étrange disparition en mer d’un célèbre chirurgien new-yorkais 16

torze ans avec Hanyue Zhu, dite Hannah, rencontrée en 2007 et épousée en 2008 lorsqu’elle était enceinte. En jeu, la garde de leur fille de 12 ans. La procédure, qui traîne en longueur depuis cinq ans, a déjà généré des frais d’avocats monumentaux. Un cabinet réclame au bon docteur 69 000 dollars d’impayés, et lui intente à son tour un procès au civil. Le revers de fortune est accablant pour ce fils d’immigrant chinois. Marvin Moy a grandi dans l’arrière-boutique d’un restaurant de Chinatown, le Mee Sum Cafe, au 26 Pell Street, en bordure du Brooklyn Bridge et du Manhattan Bridge. Quelques étés à la plonge le motivent pour entamer des études de médecine à New York, puis à Buffalo. Il reviendra à Manhattan en 2004, pour ouvrir une clinique, puis rapidement d’autres dans le Bronx, à Brooklyn et plus à l’est sur Long Island. Une réussite stupéfiante, foudroyante.

À l’instar du Dr Godard, le médecin Marvin Moy, perclus de dettes, a largué les amarres dans les Hamptons, avant de sombrer. L’homme qui ce soir-là l’accompagnait est toujours sur son lit d’hôpital. Ses premiers témoignages sur la tragédie ne dissipent pas tous les doutes et suspicions.

« J’ai toujours su qu’il était un menteur »

Maurin Picard

£@MaurinPicard

M

New York

arvin Moy aimait larguer les amarres. Comme pour fuir cette éreintante vie newyorkaise, qui avait failli le terrasser. Médecin d’origine chinoise âgé de 51 ans, connu comme le loup blanc dans son quartier, il avait mené grand train, pendant deux ou trois décennies, avant de connaître le sort des ambitieux qui se brûlent les ailes au soleil : une escroquerie montée avec des partenaires véreux, un divorce somptuaire avec sa femme négligée, et des dettes astronomiques auprès de ses avocats, remplacés les uns après les autres. Quelle bouffée d’air, ce matin du 12 octobre 2022, lorsqu’il désamarre son petit bateau de pêche, le Sure Thing, à la marina de Moriches, dans les Hamptons, à la pointe de Long Island, et prend le large, en compagnie d’un ami, Max Wong, infirmier du Queens âgé de 36 ans, membre du même club nautique, le Center Yacht Club. Direction le Hudson Canyon, un site poissonneux très apprécié des amateurs de pêche au gros, six heures de cabotage plus au sud. Leur excursion accomplie, le pont encombré de leur butin, à la nuit tombée, les deux hommes entament le chemin du retour et cinglent vers Moriches.

2023-01-12T09:29:05+01:00

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« Il y a des questions sans réponse »

Le Sure Thing ne reviendra jamais au port. La nuit suivante, peu après minuit, les gardes-côtes américains reçoivent un signal émanant de la balise de détresse de l’esquif. Parvenus sur les lieux, à 25 miles au sud de Fire Island, les secours ne retrouvent qu’une large tache d’huile et des débris épars semblant provenir de l’embarcation du Dr Moy. Celui-ci a disparu, corps et biens. Son accompagnateur, lui, est repêché vivant, une balafre douloureuse en travers du visage. Il est héliporté sur la terre ferme. Son témoignage est la source la plus directe pour comprendre ce qu’il s’est passé, peu après minuit, mais il demeure confus, à la limite de la plausibilité. Il parle d’une « collision » entre le Sure Thing et un autre navire « de grande taille », d’un choc violent qui aurait projeté son ami par-dessus bord. Les recherches dureront trente heures. Sur Twitter, les gardes-côtes mobilisent toutes les bonnes volontés : « Un individu est toujours manquant et aurait été vu portant un gilet de sauvetage. » Le signalement est optimiste, vu la situation délicate du disparu, la houle, la nuit, et le délai habituellement accordé aux secours pour retrouver un individu à la dérive, en considérant l’hypothermie et l’épuisement : 24 heures. 4 830 milles nautiques seront passés au peigne fin en vedette rapide et en hélicoptère, sans résultat. Le 14 octobre à 13 heures, un nouveau message Twitter, plus sinistre celui-là : « Mise à jour : la recherche de la personne disparue a été suspendue. » Seule la balise que Moy conservait sur lui en permanence est retrouvée, dérivant sur les flots. Cette trajectoire, similaire à celle du Dr Yves ­Godard, médecin acupuncteur de Caen porté disparu en mer au large de la Bretagne en septembre 1999, à l’âge de 44 ans, comporte cependant une anomalie, et de taille. Personne ou presque ne croit à la thèse de la collision en haute mer, comme le relate le New York Times le 22 décembre. « Il y a des questions sans réponse, plaide un ami proche.

Nous ne savons vraiment pas ce qui s’est passé. » Première étrangeté : Marvin Moy aimait passionnément la mer, au point de décorer son appartement de l’Upper West Side comme une cabine de vieux loup de mer. Passionnément, mais tout de même pas au point de lever l’ancre au milieu de la nuit.

« Une des plus vastes fraudes à l’assurance de toute l’histoire »

Seconde interrogation : la disparition du Dr Moy survient neuf mois après son inculpation devant le tribunal fédéral de Manhattan pour complicité dans une fraude aux soins de santé, s’élevant à 100 millions de dollars. À l’incitation de deux gangsters, Alexander Gulkarov et Bradley Pierre, il aurait reçu des patients victimes d’accidents de voiture, réorientés par des urgentistes et du personnel hospitalier vers son cabinet pour des « tests électro-diagnostiques de douleur », dont les malades n’avaient absolument pas besoin. En janvier 2022, Moy est appréhendé, avec plusieurs autres praticiens, et inculpé pour « une des plus vastes fraudes à l’assurance de toute l’his­ toire », selon le juge Damian Williams. Il encourt alors une peine de plusieurs années de prison. L’audience liminaire était prévue le 19 octobre, une semaine après l’incident au large de Long ­Island. Et encore, s’il n’y avait que la fraude ! Marvin Moy peine à se dépêtrer d’un interminable divorce : la conclusion d’un mariage houleux de qua-

La disparition du Dr Marvin Moy survient neuf mois après son inculpation devant le tribunal fédéral de Manhattan pour complicité dans une fraude aux soins de santé s’élevant à 100 millions de dollars. Facebook/Marvin Moy M.D.

Lorsqu’il épouse Hannah, Marvin Moy emménage dans un studio sans fard de l’Upper West Side. Sa carrière est stoppée net une première fois, juste après les noces, lorsqu’il se découvre atteint d’un cancer du pancréas. Une ablation partielle suivra, provoquant une affection diabétique et un éloignement définitif de sa femme, selon ses dires. Un tabloïd britannique alourdit la barque du Dr Moy : le Daily Mail dit avoir retrouvé la trace d’une petite amie de l’ex-étudiant de médecine. Celle-ci, sous couvert de l’anonymat, décrit l’escroc en herbe qu’elle finira par quitter. « Je pensais qu’il avait décidé de devenir docteur parce que sa mère était décédée d’un cancer, mais j’ai toujours su qu’il était un menteur. Il a toujours aimé les bateaux. Il travaillait dans un magasin d’équipements nautiques, et il dérobait des choses, telles que des instruments GPS, pour les confier ensuite à des amis, afin qu’ils les vendent d’occasion dans d’autres magasins et qu’il puisse dépenser avec les gains ainsi récupérés. » Il y a pire : la même femme assure que Moy usait et abusait naguère de la générosité de ses grandsparents. « Un été où nous vivions ensemble, poursuit-elle, ils lui avaient donné des milliers de dollars pour qu’il suive une préparation à l’entrée en faculté de médecine. Sitôt après le début des cours, il était allé voir l’administration pour dire qu’il abandonnait et avait demandé à se faire rembourser. Il n’avait récupéré qu’une partie de la somme, mais n’avait rien dit à ses grands-parents et faisait semblant de continuer à aller en cours », alors qu’il préférait l’école buissonnière et le nautisme (ce qui n’empêchera pas le dilettante de décrocher un vrai diplôme de médecin). Pour toutes ces raisons, la tragédie en haute mer incite les autorités non pas à rendre hommage à un homme pris par les flots, mais à lancer un avis de recherche. Lors de l’audience du 19 octobre au tribunal de Manhattan, les juges suspectent un délit de fuite savamment orchestré plutôt qu’une banale noyade. Au point de subodorer que Moy, toujours considéré en vie tant que son corps n’a pas été retrouvé, pourrait avoir brouillé les pistes à la faveur de l’obscurité et laissé Max Wong saborder le navire, tout seul comme un grand. Ce qui ferait de ce dernier un complice dans une évasion en haute mer. Mais Max Wong se tait, pour le moment, alors qu’il est en convalescence sur son lit d’hôpital. À Moriches Bay, les regards se portent sur ce tout nouveau membre, arrivé dans le club en septembre, et dont les compétences en termes de navigation paraissaient au mieux limitées. Un des pêcheurs du cru, George Harned, a questionné Wong par texto : « Il faut que tu montres patte blanche », lui assène-t-il. « J’ai été malade pendant le voyage et j’ai arrêté de pêcher, ça s’est terminé plus tôt que prévu », répond l’infirmier. L’homme se serait assoupi dans la cabine, pour être réveillé en sursaut par le vacarme de la collision. Wong aurait sauté par-dessus bord, avant de voir Moy agrippé à une bouée. « La dernière fois que je l’ai entendu, il me disait : “Max, tu vas bien ?” » Le hic, dans cette version : aucun navire, petit ou gros, n’a fait état d’un tel accident, qui aurait laissé des traces visibles sur la coque. Les membres du Center Yacht Club, cependant, affichent plus de foi en Marvin Moy que la police et les juges. « Le propriétaire du bateau est un bon ami à moi, et c’est un des types les plus sympas du coin », écrit l’un d’eux sur le site nautique thehulltruth.com. « Marvin est un copain d’embarcadère dans ma ­marina, confie un autre. Et c’est l’un des skippers les plus compétents que je connaisse. » « De vilaines choses peuvent se produire en mer », élude un troisième, John Chase. ■

La dernière fois que je l’ai entendu, il me disait : “Max, tu vas bien ?” Max Wong, l’accompagnateur de Marvin Moy sur son bateau de pêche, le Sure Thing

»

mercredi 11 janvier 2023

champs libres le figaro

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Politique

Quels furent les 74 référendums locaux votés en France en 2022 ? £@Ellibec Analyste de l’opinion

Démocratie locale 2022 aura été l’année record pour la démocratie directe locale en France, avec 74 référendums locaux et consultations locales, contre 26 en 2021, 8 en 2020 et 10 en 2019. Si ce chiffre peut paraître faible rapporté aux quelque 35 000 communes du pays, la législation actuelle autour du référendum local - qui date de 2003 - pénalise par sa complexité les maires qui s’y aventurent, nécessitant à la fois que le vote se concentre sur les seules compétences de la commune et que plus de la moitié des électeurs se déplacent pour voter, sous peine de donner le dernier mot non plus au peuple mais au conseil municipal. Si bien que, sur les 74 votes recensés en 2022, à peine une dizaine rentraient formellement dans le cadre légal, les autres étant organisés comme des référendums classiques, mais uniquement à portée consultative.

public, tourisme, sécurité ❙ éclairage Bien d’autres thématiques ont été soumises au vote de ces presque 150 000 Français appelés à s’exprimer au cours de l’année, notamment en matière de production industrielle avec l’extension d’une carrière de sable GSM-Lafarge à Saint-Colomban en Loire-Atlantique (54,4 % de oui), d’économie d’énergie avec l’organisation de six consultations, toutes favorables - et très largement, à plus de 80 % - à l’extinction de l’éclairage public la nuit, à propos du déploiement de la 5G (un refus au Tignet, dans les Alpes-Maritimes, et un accord à Saint-Léger-aux-Bois, dans l’Oise) ou encore du développement du tourisme avec la construction d’un camping de luxe (oui dans 12 communes du Grand-Figeac, dans le Lot) ou d’une passerelle piétonne au-dessus du lac de Guérledan (non à 60,5 % à SaintAignan, dans le Morbihan). À Damgan (Morbihan), les citoyens ont accepté à 81,4 % le rachat par la commune d’un local pour en faire un cabinet médical, dans l’espoir peut-être de trouver un médecin qui accepterait de s’y installer, un problème qui touche un nombre important de communes aujourd’hui. Chacun de ces votes répond bien entendu à des caractéristiques locales qui permettent d’expliquer pourquoi les habitants de Saint-Aignan s’opposent au développement de l’activité touristique de leur région par crainte d’une saturation des espaces naturels et pourquoi, à l’inverse, les communes du Grand-Figeac acceptent l’installation d’un camping de luxe dont les garanties de préservation de l’environnement naturel ont été présentées aux élus et à la population. L’enseignement de ces consultations prouve que les citoyens ne sont pas de-

les éoliennes ❙ 14surconsultations Parmi la multitude des sujets soumis au vote, pas moins de 14 portaient sur la question de l’implantation d’éoliennes, uniquement via des consultations non contraignantes, étant donné la compétence exclusive de l’État en la matière. L’intégralité de ces votes, principalement organisés dans des communes de moins de 1 500 habitants, se sont soldés par des non allant de 93,6 % à 59,9 %. Dans le cas précis des éoliennes, l’objectif des maires diffère : certains entendaient simplement s’assurer de l’assise populaire du projet, quand d’autres cherchaient à confirmer leur propre refus de voir s’implanter sur leur commune des mâts d’éoliennes, en utilisant la légitimité populaire la plus large possible pour convaincre les autorités de l’État d’abandonner le projet. Peu importent les intentions de départ du maire, le résultat fut le même, un large et net rejet des citoyens de voir s’installer ces éoliennes au milieu d’un paysage bien souvent rural et préservé. Ces votes résonnent avec l’actualité politique nationale et surtout incarnent

1 72 référendums locaux en 2022*

Vote « non » Score :

Vienneen-Bessin Fontenayle-Marmion

Tréflez

Golancourt Serqueux Saint-Léger-aux-Bois 5G Vaucelles-et-Beffecourt Luzarches Nomeny Le Pecq Le Kremlin-Bicêtre

(quartier des Vignes-Benettes)

Saint-Aignan

Roeschwoog

5G

Damgan

Ozouerle-Voulgis

Flagey-Rigney

Rezé

Frangy-en-Bresse

PARTICIPATION Supérieure au 1 tour des législatives er

RÉSULTATS

en % des suffrages exprimés Oui 75 % et plus De 50 à 75 % 50 % De 50 à 75 % 75 % et plus Non

Saint-Médard-Nicourby

Saint-Hilaire

Labastide-du-Haut-Mont

Gorses

Sénaillac-Latronquière

Saint-Cirgues

Lauresses

Sabadel-Latronquière

Bessonies

Sousceyrac-en-Quercy

Latronquière

Terrou

2023-01-12T09:29:05+01:00

2023-01-11T03:09:04c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Fontenay-le-Marmion

Beauvais-sur-Tescou

Prats-de-Mollo-la-Preste

Corsavy

Taulis

Saint-Marsal

Lamanère

Montbolo

Saint-Laurent-de-Cerdans

La Bastide

Le Boulou

Serralongue

Amélie-les-Bains-Palalda

Vivès

Saint-Jean-Pla-de-Corts

Taillet

Le Perthus

Céret

Maureillas-las-Illas

Coustouges

Arles-sur-Tech

Montferrer

L’Albère

Reynès

Le Tech

Les Cluses

90,4

Arbois

89,8

Beauvais-sur-Tescou

89

Vienne-en-Bessin

88,3 84,2

Cirey-lès-Pontailler

Chaffois

79,1

Nomeny

Le Fay

78,9

Flaviac Grand-Corent

72,9

Flagey-Rigney

Lachaux

64

Montcony

64

Frangy-en-Bresse Flaviac

64

Le Fay Garde-Colombe

*Sur un total de 74 référendums locaux en 2022 mais deux d’entre eux ont été sortis de l’étude car portant sur des choix multiples.

Demain

Saint-Priestd’Andelot

Montcony

93,6 91,5

Saint-Priest-d’Andelot

Cirey-lès-Pontailler

Saint-Colomban

Candidats ouvertement favorables aux éoliennes en 2022 au 1er tour*

Lachaux Duntzenheim

Dannemarie

… installation d’une antenne 5G

M. Le Pen au 2nd tour

Rubempré

Projet éolien Projet d’un acteur économique dont…

E. Macron au 2nd tour

Le Tignet

59,9

Arbois 0

5G

10

20

30

40

50

60

en % des inscrits 23,8

Source : Paul Cébille

80

90

3 Des petites communes plus mobilisées PARTICIPATION MOYENNE AUX 203 RÉFÉRENDUMS LOCAUX ET CONSULTATIONS LOCALES ORGANISÉS DEPUIS 1995 45,5 ET RÉPERTORIÉS EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA COMMUNE

Infographie

70

29

33,6

34,9

De 5 000 à 10 000 hab.

De 2 500 à 5 000 hab.

55,7 48,1

A

Extinction de l’éclairage public la nuit Infrastructures routières et conditions de circulation

Ce regain d’intérêt pour la politique s’exprime dans près d’un tiers des communes étudiées par une participation supérieure ou équivalente lors du référendum local par rapport aux dernières élections législatives, alors même que l’élection du député a par nature un poids considérable sur la vie des citoyens. La question de la participation lors de ces scrutins locaux est double, l’une répond à une logique presque structurelle qui veut que plus la commune est peuplée, plus la participation faiblit, passant de 55,5 % de participation moyenne dans les communes de moins de 500 habitants à 35 % pour les communes de 5 000 à 10 000 habitants, à un peu plus de 20 % pour les

VOTE NON AU RÉFÉRENDUM ET RÉSULTATS DE LA PRÉSIDENTIELLE, en % des suffrages exprimés

Rubempré

Programme d’investissement de la commune

Plus de participation qu’aux scrutins ❙nationaux

communes de 30 000 habitants ou plus. L’autre répond à une logique d’enjeux autour du scrutin, plus le sujet soumis au vote « parle » aux citoyens et à leur préoccupation, plus ils se déplacent pour aller voter. À Roeschwoog (BasRhin), commune de 2 200 habitants, la question de la fin de l’éclairage public la nuit a mobilisé 75 % de l’électorat, soit quasiment autant qu’au Grand-Corent (Ain), petit village de 183 habitants, sur l’autorisation ou non du passage d’un rallye automobile sur le territoire de la commune (autorisation donnée par 67,8 % des votants). À l’inverse, les 410 inscrits du Perthus (Pyrénées-Orientales) ne se sont pas sentis concernés par le projet de pont routier sur le Tech, fleuve situé à plusieurs kilomètres de leur village desservi par l’A9, seuls 6,6 % d’entre eux participant au vote. Ce faible taux les rapproche des 14 418 inscrits du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne) qui n’ont pas vu l’intérêt de se déplacer (4,4 % de participation) pour valider le passage de la quasi-totalité de la voirie à une limitation de 30 km/h. Dernier point important à souligner, déjà démontré par les recherches universitaires sur les effets de la démocratie directe locale aux États-Unis et en Suisse, les électeurs se montrent attachés au contenu de leur porte-monnaie et aux dépenses publiques. Dans la plupart des cas, en 2022, les citoyens auront fait le choix de l’option la moins coûteuse ou de la modération fiscale. À Serqueux (Seine-Maritime), le choix des habitants de démolir la seule église de la commune permet une économie de plus de 700 000 euros par rapport au projet de rénovation. À Ozouer-leVoulgis (Seine-et-Marne), les électeurs refusent à 65,5 % un programme d’investissement nécessitant une hausse d’impôts de 15 % à 20 %. Les élections nationales de cette année ont montré comment les Français savent se jouer des lourdeurs de leurs institutions en réélisant pour la première fois en vingt ans un président de la République tout en lui faisant perdre sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ces 74 autres scrutins incarnent la façon dont localement les citoyens, bien souvent à l’issue de débats organisés au plus près de leurs préoccupations, réussissent à trancher concrètement des débats nationaux souvent houleux. ■

2 Des projets éoliens massivement rejetés Hinges

TYPOLOGIE DES RÉFÉRENDUMS Organisation et administration de la commune

venus totalement apathiques en matière politique, qu’un sujet important à leurs yeux, même s’il est technique, saura les mobiliser dans les urnes, et surtout qu’ils sont prêts à accepter des solutions éloignées de leurs aspirations idéologiques par pragmatisme. Nous en avons eu l’exemple avec les habitants de Rezé (Loire-Atlantique), dans la banlieue nantaise, qui acceptent, face à un sentiment d’insécurité grandissant, à 71,8 % la création d’une police municipale malgré les doutes de la majorité municipale de gauche et un vote à près de 40 % pour la gauche radicale lors de l’élection présidentielle de 2022. Ce pragmatisme illustré par ces quelques cas, mais aussi par les dizaines d’autres référendums locaux organisés depuis plusieurs années, éloigne la crainte de phénomènes de type « Nimby » (de l’anglais « Not In My Back­ Yard », « pas de ça chez moi ») qui impliquerait le rejet systématique de tout projet de développement et pousse à penser le référendum local comme un outil - au même titre que ceux proposés par la démocratie participative - d’information, de tempérance et de reconstruction du lien entre les élus et les ­électeurs. Jusqu’à maintenant, le référendum local illustre toujours plutôt l’inverse, à savoir une méfiance vis-àvis des électeurs et un embarras de devoir appliquer le résultat de leur vote, comme ce fut le cas à Notre-Dame-desLandes en 2016.

* J.-L. Mélenchon, Y. Jadot, A. Hidalgo et P. Poutou

Tous les projets d’implantation d’éoliennes ont été rejetés par les citoyens consultés, et toutes les propositions d’extinction nocturne de l’éclairage public, approuvées.

l’opinion générale des Français, assez méfiante quant à l’impact de l’éolien sur les paysages et son utilité dans le mix énergétique du pays, au-delà des clivages. En effet, parmi ces 14 communes, 6 ont majoritairement voté Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle et 7 majoritairement Marine Le Pen, 2 avaient même des maires écologistes. C’est donc bien en dehors du cadre partisan que les électeurs se sont décidés.

Paul Cébille

Plus de 30 000 hab.

De 10 000 à 30 000 hab.

De 1 000 à 2 500 hab.

De 500 à 1 000 hab.

Moins de 500 hab.

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

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champs libres Débats

« La question démographique est centrale pour penser le système de retraite » PROPOS RECUEILLIS PAR

Aziliz Le Corre £@azilizlecorre

LE FIGARO. - Le gouvernement a proposé de repousser l’âge de la retraite à 64 ans, au lieu de 62 ans actuellement. Cet ajustement paramétrique permettra-t-il de sauver le système par répartition ? Jean-Thomas LESUEUR. - Il faut rappeler que le système par répartition est fondé sur une solidarité intergé­nérationnelle qui se conjugue au présent immédiat. Les cotisations d’aujourd’hui servent à payer les retraites d’aujourd’hui. Pour se maintenir à l’équilibre et ne pas devenir écrasant pour les travailleurs, il a besoin d’un nombre important de cotisants. Les chiffres sont connus et répétés à l’envi à chaque nouvelle réforme : alors qu’on comptait plus de 4 cotisants pour 1 retraité en 1960, il y en a 1,7 aujourd’hui. La question démographique est donc absolument centrale pour penser le système de retraite par répartition et envisager son avenir. Or l’oubli de la démographie, qu’on peut regarder comme la « discipline mère » de la politique (quel besoin de penser le devenir d’une collectivité humaine si elle ne se projette pas dans le futur ?), est l’un de ces faits inaperçus, l’un de ces « impensés de la politique » dont parle Paul ­Valéry, l’un de ces appauvrissements intellectuels et culturels qui changent tout sans qu’on y prenne garde. Cet oubli n’est certes pas neuf. Alfred Sauvy qualifiait l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans en 1982 de « contresens impardonnable, test d’une ignorance plus poussée que raison­ nable » et en parlait comme d’une ­« défaite démogra­phique ». Avec leur réforme paramétrique, Emmanuel Macron et ÉlisaLa première ministre, Élisabeth Borne, a présenté ce mardi 10 janvier à la presse le texte sur la réforme beth Borne se donnent l’illusion des retraites. Selon le directeur général de l’Institut d’agir sur le fond, Thomas More, le recul de l’âge de départ à la retraite mais n’achètent au ne permettra pas de de sauver le système vrai qu’un peu de par répartition sans une hausse de la natalité. répit en même

+

» Lire aussi pages 2, 4, 5 et 6

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Jean-Thomas Lesueur

temps qu’ils consacrent quarante années d’indifférence, voire de mépris, pour la question démographique.

contre l’enracinement, les attaches, les limites de la personne humaine. C’est la même bagarre que sur la PMA, la GPA et aujourd’hui l’euthanasie.

vorable au marché du travail et à notre modèle social, est très répandue chez nos dirigeants, qu’il s’agisse d’Ylva Johansson, commissaire européen aux Affaires intérieures, qui Ne faut-il pas relancer la natalité ­affirme que « l’immigration fait partie Dans quelle mesure les politiques pour répondre au déficit de ce qui rend notre continent pros­ familiales menées depuis de financement des retraites ? père », ou de Gérald Darmanin et OliCommençons par dire qu’avec le ratio le quinquennat de François Hollande vier Dussopt qui créent dans la loi entre cotisants et retraités qu’on a cité ont-elles influencé la démographie ? ­immigration qui arrive bientôt au Parplus haut, une réforme vraiment Je vous renvoie sur ce point aux excellement un titre de séjour « métier en ­courageuse ne pourrait faire l’éconolents travaux de Gérard-François Dutension » pour permettre la régularimie de l’introduction d’une dose de mont. Il montre que, malgré le rebond sation de nombreux travailleurs clancapitalisation. Nombre d’économistes de la natalité en 2021, les naissances destins. et de responsables politiques plaident ont baissé de près de 10 % sur les sept Cette vision trouve ses tables de la loi en faveur de cette solution ; je n’y dernières années. La politique familiadans le fameux rapport de l’ONU, ­reviens pas. le avait certes été fragilisée ces derniè« Migration de remplacement : une solures décennies, mais tion au déclin et au vieillissement de la les coups les plus Avec leur réforme paramétrique, population ? », qui date de l’an 2000. Ce sévères ont été Emmanuel Macron et Élisabeth rapport, qui a fait couler tant d’encre, portés sous Franétait pétri du dogme de la « mondialiçois Hollande et Borne se donnent l’illusion d’agir sation heureuse » qui régnait à l’époEmmanuel Macron. sur le fond mais n’achètent au vrai que. Le problème est que, un peu plus Fin de l’universalité qu’un peu de répit de vingt après, le bilan est pour le des allocations famoins sombre. miliales, diminuNon seulement la puissante vague tion de l’équité fiscale, réforme du Quant à la nécessité de la relance de la ­migratoire que la France subit depuis congé parental rendu considérablenatalité, c’est une évidence. Une évivingt ans, mise en lumière par les ment moins attractif, diminution de dence pour la pérennisation du sys­­travaux de Michèle Tribalat et Patrick l’autonomie fiscale des collectivités tème de retraites, car, comme le dit Stefanini, n’a pas réglé le problème locales, contraintes de revoir à la baisAlfred Sauvy, encore lui, « nous ne - sinon, il n’y aurait pas besoin d’une se leurs systèmes de garde de jeunes préparons pas nos retraites par nos copénultième réforme ! Mais surtout, enfants, etc. : ces choix ont eu des eftisations vieillesse, mais par nos ence dogme, qui voyait la personne fets tout à fait tangibles. fants ». Mais c’est une évidence aussi ­humaine comme pour la France et le bien commun. agent économiSeulement, on se heurte ici à un mur La politique familiale avait certes été un que interchangeaidéologique très haut et très épais. fragilisée ces dernières décennies, ble et déplaçable au Tout dans le progressisme déconsgré des besoins tructeur, dans le libéralisme sociétal, mais les coups les plus sévères ont été de la mondiali­ dans l’individualisme prétendument portés sous François Hollande sation, ne résiste émancipateur, qui est le bain idéologipas au spectacle de que du macronisme et de l’époque, et Emmanuel Macron turation de la frac­ s’oppose à l’idée d’une politique natanotre société, de la montée du comliste – vue comme passéiste et aliéNous assistons en fait à l’extinction de munautarisme et du racialisme, des nante. Quoi de plus suspect pour une la politique familiale en tant que poliphénomènes spectaculaires de viotelle vision que l’alinéa 3 de l’article 16 tique destinée à favoriser la natalité. lence ethnique que nous observons de la Déclaration universelle des Elle devient progressivement une poen France. C’est que le problème midroits de l’homme de 1948 qui stipule litique d’aide sociale, destinée aux gratoire n’est pas une variable de la que « la famille est l’élément naturel et plus fragiles – ce qui constitue un dépolitique économique et sociale. C’est fondamental de la société et a droit à la voiement mais convient à la vision une question existentielle en ce protection de la société et de l’État » ? progressiste qui ne sait voir qu’une qu’elle touche à l’identité et à l’avenir Derrière les questions de la natalité, société d’individus. des peuples et des cultures. Chercher de la politique familiale, de l’avenir à résoudre le problème des retraites des retraites, c’est une grande offen­L’immigration peut-elle pallier par l’afflux encore accru d’immigrés sive idéologique qui est conduite et, cette baisse de la natalité ? est non seulement une erreur mais soyons lucides, sans doute déjà remL’idée que l’immigration est un facune faute. ■ portée : celle de l’individu souverain teur de dynamisme économique, fa-

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Les députés LR voteront-ils vraiment la réforme des retraites ?

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Dessins : fabien clairefond

a main tendue d’Éric Ciotti à la majorité à propos de la réforme des retraites a été perçue comme la première bonne nouvelle de l’année pour le gouvernement. Les calculatrices des commentateurs indiquant, aux plus mauvais en calcul mental, que 245 députés Ensemble ! plus 62 députés LR sont égaux à 307 députés, largement au-dessus d’une majorité absolue de 289 parlementaires à la Chambre basse. Soit… il convient tout de même de modérer ce constat. D’abord, il est très commun pour un groupe qui ne s’inscrit pas en opposition frontale avec un texte de commencer l’examen de ce dernier en disant être disposé à le voter à condition qu’il soit substantiellement modifié. Une fois l’examen passé, il est alors commun que, se jugeant insatisfait du résultat final, le groupe en question finisse par voter contre. Ici, LR pose ses conditions. La bonne nouvelle pour le gouvernement est que celles-ci le poussent plutôt à la modération sur le texte. Le pire scénario pour la majorité aurait été d’être écartelée entre des syndicats et la gauche de sa majorité, souhaitant faire des concessions sociales, et, de l’autre côté, un groupe LR campant une position dure. Les gains à LR auraient pu alors se payer par des pertes chez ces députés Renaissances élus Si le président de LR, Éric Ciotti, s’est dit prêt en 2017 dans des à « voter une réforme juste », il est loin d’être acquis circonscriptions que l’ensemble des députés du groupe suivent inscrites au centre les consignes du parti, analyse l’universitaire*. gauche et ayant

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Benjamin Morel

à la fois moins assidus que beaucoup de leurs collègues en séance publique depuis juin et les votes du groupe ont été bien souvent très dispersés. Si le jour des votes cruciaux, les députés LR ne sont pas là ou qu’ils votent dans des sens différents, le gouvernement sera battu. C’est un point qui représente également un risque pour Éric Ciotti. Si ce dernier n’est pas apte à mobiliser et à orienter le groupe, c’est son autorité qui sera questionnée. Par ailleurs, l’idée qu’il faut le soutien du groupe LR pour disposer d’une majorité aura vécu. Le gouvernement pourra acter que c’est député LR par député LR que se jouent On peut raisonnablement penser les majorités et que si la Cocotte-Minute sociale qu’Éric Ciotti n’est pas explose et que le soutien à la réforme l’homme clef apparaît politiquement problématique, de l’Assemblée. le groupe LR aura tôt fait de suivre Enfin, un vote final de LR en son intérêt faveur du texte ne garantit pas le contenu du texte. Ensuite, LR n’a pas fortement fait Comme sur d’autres projets de loi, montre de cohérence à l’Assemblée on pourrait voir se dessiner jusqu’à présent. On peut gager que des alliances LR-Nupes-RN sur l’élection d’Éric Ciotti changera des amendements, ou pour rejeter la donne, mais rien n’est moins sûr. des articles. Alors que le 49.3 permet Pour être majoritaire, il ne faut pas au gouvernement de choisir les être sur le papier 289, il faut amendements qu’il garde, le à chaque moment, en commission et gouvernement se trouve ici en séance, sur chaque amendement, doublement contraint. Contraint sur chaque article, être réellement, d’abord, car si une majorité se dégage, physiquement, majoritaire. S’il y a dix il n’y peut rien. Si celle-ci est députés présents, il faut que six votent conjoncturelle, il peut organiser pour. Il ne suffit donc pas de dire que un second vote, mais si elle est l’on va voter un texte, il faut que LR structurelle, la disposition qu’il refuse mobilise ses troupes et que ces se trouvera dans le texte final. dernières votent dans le même sens. Contraint également, car s’il tente Or, c’est là où le bât blesse. de la supprimer au Sénat ou en faisant Les députés LR se sont montrés déjà senti passer le boulet en 2022. Satisfaire LR, c’est aujourd’hui plutôt aller dans le sens de ces mêmes députés et sembler donner des gages au camp social. Ce paradoxe heureux pour l’exécutif se paie toutefois par une forme d’imprévisibilité. La position de LR sur la réforme semble plus tactique que guidée par une conviction forte et unanime au sein du groupe. On peut donc raisonnablement penser que si la Cocotte-Minute sociale explose et que le soutien à la réforme apparaît politiquement problématique, le groupe LR aura tôt fait de suivre son intérêt.

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in fine usage du 49.3, il prend le risque d’un vote LR négatif sur l’ensemble du projet. Dans ce cadre, le gouvernement n’a en rien renoncé à sa stratégie procédurale. Le choix de passer par un projet de loi de finances rectificatif de la Sécurité sociale en témoigne. Cela n’est pas l’idéal pour le gouvernement. En effet, il y a un fort risque de censure de « cavaliers sociaux » par le Conseil constitutionnel, dès lors que le lien avec le financement du régime est faible. D’autres points sont exclus par la loi organique. Il faudra donc pour le gouvernement faire dans la dentelle et soit renoncer à des points, soit prévoir un autre projet de loi comportant des éléments certes moins clivants, mais sur lequel les oppositions pourraient vouloir se venger. Pourtant, si le choix de ce type de véhicule législatif est maintenu, c’est qu’il permet, quoi qu’il arrive, d’avoir encore usage au 49.3 sans mettre en danger la loi immigration ; donc, de se passer de LR. C’est aussi, malgré quelques ambiguïtés constitutionnelles, parce que ce type de loi doit être voté en cinquante jours, permettant de juguler l’obstruction et les grèves à rallonge. Le gouvernement craint à raison qu’une contestation sociale importante couplée à un blocage parlementaire devienne pour lui ingérable. Dans ce cadre-là, s’accorder avec LR est moins crucial qu’aller vite, fût-ce aux dépens des demandes et amendements de la droite qui s’en voyant frustrée choisirait de voter contre. * Benjamin Morel est maître de conférences en droit public à l’Université Paris II Panthéon-Assas.

mercredi 11 janvier 2023

champs libres le figaro

Opinions

Le quinquennat bis d’Emmanuel Macron

S’

il avait été élu et non réélu en 2022, ou si sa majorité était le résultat d’une alternance, on saluerait davantage l’ardeur réformatrice d’Emmanuel Macron. Qu’on en juge sur ce seul mois de janvier 2023, véritable festival de plans et de textes : projet de réforme des retraites, plan santé, plan justice, loi d’accélération des énergies renouvelables, loi d’accélération du nucléaire, et bientôt plan d’investissement dans les infrastructures ferroviaires… Et on en oublie certainement. Tout cela est à la fois spectaculaire et ambitieux. Mais tout cela a, aussi, déjà été fait ou au moins tenté au cours du premier quinquennat. Tout est remis

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100 000 citations et proverbes sur evene.fr

sur le métier. Il faut aujourd’hui faire autrement, refaire, voire défaire. L’agenda politique de 2023 ressemble étrangement à un « remake » de 2018. C’est cette année-là, le 10 octobre, que l’exécutif, par la voix de Jean-Paul Delevoye, avait présenté l’architecture de son projet de réforme des retraites. Mardi 10 janvier, Élisabeth Borne en a présenté un autre. Qui n’a rien à voir. Oublié le régime par points, enterrée la disparition rapide des régimes spéciaux. En 2023, on fait classique : âge de départ relevé et rythme accéléré de l’augmentation de la durée de cotisation, mâtinés de mesures sur la pénibilité, les carrières longues et les pensions minimums. Adieu la réforme systémique, bonjour la réforme paramétrique. D’un quinquennat à l’autre,

ENTRE GUILLEMETS

11 janvier 49 av. J.-C. : Jules César franchit le Rubicon. En traversant sans autorisation ce petit fleuve, César lance un défi mortel au Sénat, qui dirige la République romaine.

Jules César, avant de passer le Rubicon

Bridgeman Images

Alea jacta est»

analyse Arnaud de La Grange £@arnodelagrange

La charge ratée du prince Harry contre la famille royale

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» Lire aussi page 27 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

l’exécutif s’est livré à un véritable tête-àqueue. Il paraît que ce n’est pas lui, mais les circonstances qui ont changé ou, plus précisément, les prévisions, celles du fameux COR. Le Conseil d’orientation des retraites anticipe désormais, quelles que soient les hypothèses et les conventions, un déficit important, qu’il ne voyait pas il y a cinq ans. Dont acte. La valse des prévisions est aussi délétère que celles des positions (de la majorité et des Républicains) : elle prive de toute force l’évidence arithmétique (démographie, statistiques sur la quantité de travail, comparaisons internationales…). C’est la même chose dans le domaine de l’énergie. Ici, ce n’est pas le COR mais RTE, le Réseau de transport d’électricité, qui a changé d’avis. Il prévoit aujourd’hui une forte augmentation de la consommation d’électricité, qu’il imaginait stable il y a cinq ans. Ce seul fait justifie un autre tête-à-queue. Le 27 novembre 2018, Emmanuel Macron prononçait à l’Élysée un discours fondateur de sa politique énergétique : confirmation de l’objectif de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix (mais en 2035), fermeture de quatorze réacteurs d’ici à 2035 dont les deux de Fessenheim dès 2020, accélération du déploiement des renouvelables. En 2023, tout est à refaire. Le développement des énergies renouvelables n’a pas été tenu et exige cinq ans plus tard la loi votée mardi par les députés. Le reste était une erreur, que doit corriger la loi d’accélération du nucléaire présentée la semaine prochaine, en attendant la programmation énergétique dans le courant de l’année, qui prévoira de fermer le moins possible de réacteurs et d’en construire six à quatorze nouveaux. Vendredi dernier, Emmanuel Macron a présenté aux professionnels de santé

ue n’a-t-on écrit, avant la publication des Mémoires du prince Harry, au sujet de leur impact désastreux sur une monarchie en pleine période de transition. Charles III et son héritier William allaient être affaiblis. À lire certains, le prince rebelle allait précipiter la fin de la maison Windsor. Cette séquence « Harry » se termine, la poussière retombe sur ce pitoyable champ de bataille familial et Buckingham est encore debout. Avant même la sortie du livre Le Suppléant (Spare), ce mardi, tout a été dit. Le linge sale a été étalé dans la presse et la buanderie du palais. Et, finalement, la famille royale en sort plutôt grandie, tant Harry fait figure d’enfant déboussolé, ayant perdu toute notion d’élégance et de décence. La couverture médiatique comme les sondages disent clairement que Harry a échoué dans sa conquête de l’opinion qu’il escomptait avec cette mise à nu. Un sondage YouGov réalisé après les premières révélations, en fin de semaine dernière, montre que deux tiers (64 %) des Britanniques ont désormais une opinion défavorable du cinquième dans l’ordre de succession au trône, et seulement 26 % d’entre eux un regard positif. Soit une baisse de sept points par rapport au sondage précédent, réalisé début décembre - et cette dégringolade risque de continuer. Plus symptomatique encore, la catégorie de population qui manifestait le plus de sympathie pour les Sussex rebelles, les jeunes Britanniques, est aussi en train de basculer. En décembre, ils n’étaient que 29 % à avoir

vingt-cinq combattants talibans en Afghanistan. Harry ne connaît apparemment pas la valeur littéraire de l’ellipse… Même si l’on peut comprendre les souffrances du prince orphelin, les attaques contre Camilla - une femme qui ne peut guère se défendre à l’aune du devoir de réserve auquel elle est soumise - ont paru particulièrement inélégantes. On note aussi de troublantes contradictions, Harry niant maintenant avoir accusé la famille royale de racisme, après que le couple en a fait grand cas. Le contexte de la crise du coût de la vie fait encore plus voir les Sussex comme des privilégiés faisant commerce de leurs états d’âme. La famille royale en sort plutôt Même aux Étatsgrandie, tant Harry fait figure Unis, où le couple d’enfant déboussolé ayant perdu en exil a meilleure presse, un journal toute notion d’élégance et de décence bienveillant comme le New York Times trouve que la coupe le business de la victimisation et du déborde. Si les Américains aiment déballage intime. Harry, pas forcément les histoires de rédemption après des le plus éclairé des princes et fragile traumatismes familiaux, la journaliste psychologiquement, n’aurait pas Sarah Lyall estime qu’il y a des limites le jugement permettant de prendre à ce qu’ils peuvent supporter comme du recul sur son histoire personnelle. déballage intime. Pour elle, cette La presse - pas seulement les tabloïds exposition répétitive de leurs problèmes en guerre ouverte avec les Sussex personnels par les Sussex commence a rapporté de manière incrédule des à fatiguer le public. Et elle se demande : épanchements naviguant souvent entre « Maintenant qu’ils ont épuisé le sujet le ridicule et le sordide. Il y a le Harry d’eux-mêmes, de quoi vont-ils parler ? » sans filtre racontant de manière Même si ses proches disent le prince affligeante son dépucelage ou ses William « triste » et « brûlant de engelures mal placées. Et le frère l’intérieur », Buckingham Palace n’a pas relatant avec moult détails le coup réagi. La maison royale gagnerait sans de sang physique de William, accusant doute à conserver le silence. Opposant de manière infantile son frère et Kate de la dignité à l’indécence. Et laissant l’avoir poussé à se déguiser en nazi pour Harry et Meghan continuer à servir une soirée costumée ou l’ancien soldat involontairement son image. racontant avec inconséquence avoir tué une impression négative du couple Harry et Meghan, contre 41 % aujourd’hui. C’est le problème de trop en faire, l’excès ruine le propos. Avec des confidences plus nuancées, Harry aurait pu émouvoir et gagner des points face à la « Firme ». Seulement voilà, il en était sans doute incapable, et ce pour plusieurs raisons. Son éditeur et celui qui a tenu la plume, le journaliste J. R. Moehringer, lauréat du prix Pulitzer, ont certainement poussé à la roue, avec un intérêt commercial à ce qu’elle morde la boue. Meghan serait aussi à la manœuvre et l’Américaine a bien saisi comment fonctionnait

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un « plan »… comme il l’avait fait le 18 septembre 2018. Même locuteur, mêmes interlocuteurs, discours toujours fleuve quoique - c’est un progrès - dix minutes plus court. Sur ce sujet, ce n’est pas le diagnostic de 2018 qui a pêché, au contraire, dixit le chef de l’État, « tout était à peu près posé (…), on avait vu les choses ». C’est l’exécution qui n’a pas suivi, et pas seulement à cause du Covid. « Peut-être que les mesures prises à l’époque n’étaient pas suffisantes ou n’allaient pas forcément dans le bon sens », a glissé le ministre François Braun sur Franceinfo le 7 janvier. Le 11 septembre 2018, Élisabeth Borne présentait elle aussi un plan pour ses attributions de l’époque, les Transports, en particulier ferroviaires. Un plan appuyé sur un rapport remis par Jean-Cyril Spinetta, ex-patron d’Air France. Ce diagnostic-là n’a pas été remis en cause par les faits, mais par la politique. Jean Castex, premier ministre et à l’occasion chef de bord, a relancé petites lignes, trains de nuit et projets de nouveaux projets de TGV, enterrant de fait l’idée que, en matière d’investissements ferroviaires, il était urgent de faire des choix et de concentrer l’effort sur la modernisation et la régénération du réseau. Dans les prochaines semaines, après avis du Conseil d’orientation des infrastructures, l’exécutif présentera un nouveau plan dont Emmanuel Macron a déjà dit qu’il en espérait des RER métropolitains. En cinq ans, que de zigzags ! D’une élection à l’autre, Emmanuel Macron a perdu sa verve disruptrice mais il tient toujours à réformer, y compris ses propres réformes. Il faut se féliciter qu’en cela il n’ait cédé ni au syndrome obsidional provoqué par les « gilets jaunes », ni à la tentation de l’immobilisme post-Covid. Espérons qu’il ait maintenant acquis l’expérience de la méthode.

VOX

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Hyper Cacher En commémoration de l’attaque du 9 janvier 2015, Noémie Halioua se penche sur l’histoire du judaïsme

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Écologie Bernard Carayon dénonce la décision de la justice de démolir la centrale hydroélectrique de Sallanches

Les rencontres du Figaro François Sureau : la littérature d’abord ! le vendredi 3 février à 20 h, Salle Gaveau. Tarif : 25 €.

fabien clairefond

Bertille Bayart £@BertilleBayart

Réservations : 01 70 37 18 18 ou www. lefigaro.fr/ rencontres.

Ce soir à 20h sur le site du Figaro, présenté par Jean-Christophe Buisson

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 20 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 10 pages

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croissance

textile

Les sombres prévisions de la banque mondiale pour 2023 Page 23

Ces marques qui font fi de la crise de l’habillement Page 24

Bus parisiens : l’ouverture à la concurrence contestée Le monopole de la RATP sur ce segment doit prendre fin en 2025. La mairie de Paris plaide pour un abandon de cette mesure, Valérie Pécresse la défend. La loi prévoit une ouverture à la concurrence le 1er janvier 2025 des réseaux de bus circulant à Paris et en petite couronne. À l’approche de l’échéance, la tension monte entre la

maire de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. Le ministre des Transports, Clément Beaune, n’exclut pas un report. Les arrière-pen-

sées politiques n’expliquent pas tout. Le risque d’une grève pendant les JO fait naître des craintes, tout comme les quelques couacs survenus lors de l’ouverture à la concurrence en

grande couronne parisienne. Sans compter la dégradation du service de la RATP à Paris. Et pourtant, en province, la concurrence dans les bus ne pose pas de problèmes.

èValérie Pécresse : « Il y aura toujours un prétexte pour ne rien faire » Page 22

SéBASTIEN SORIANO/Le Figaro ; JOAO LUIZ BULCAO/Hans Lucas via AFP

Le prince Harry, une mine d’or pour l’édition Fayard a décidé de parier gros en imprimant 210 000 exemplaires de l’autobiographie du duc de Sussex, sortie mardi en France. Un dispositif exceptionnel. page 27

Reprise des livraisons de Rafale pour la France Après quatre ans d’interruption, les livraisons de l’avion de combat Rafale aux armées françaises reprennent. Dassault Aviation* précise avoir livré un premier appareil, le Rafale B359 (au standard F3R), à la direction générale de l’armement le 29 décembre dernier, ce qui porte à 153 le nombre de Rafale livrés aux forces françaises. Le B359, destiné à l’armée de l’air et de l’espace, « fait partie de la commande dite “tranche 4”, notifiée en 2009, qui porte sur 60 avions », précise Dassault Aviation. Mais « conformément aux différentes lois de programmation militaire, les livraisons à la France ont été interrompues pour des raisons budgétaires ». Pendant cette période de gel des livraisons aux armées françaises, la chaîne d’assemblage finale de Mérignac, à côté de Bordeaux, a été alimentée par les succès remportés à l’international par l’avion de combat français. Depuis 2015 et le premier contrat signé avec l’Égypte, 285 Rafale ont été vendus à l’exportation. Ce qui a permis d’augmenter les cadences de production à trois appareils par mois et de soutenir l’activité de Thales et de Safran, les grands partenaires de Dassault Aviation sur le programme Rafale, ainsi que l’écosystème de 400 PME françaises ­impliquées. Il reste désormais 27 Rafale à livrer au titre de la tranche 4, auxquels s’en ajoutent 12 autres commandés en 2021 par la France pour compenser les douze appareils prélevés au sein de la flotte française et revendus à la Grèce. La notification d’une tranche 5, portant sur 42 Rafale supplémentaires, dont 12 pour compenser le même volume revendu à la Croatie, doit être signée cette année. V. GD. * Le groupe Dassault est propriétaire du « Figaro ».

l'histoire

Le coût des catastrophes naturelles pour les assureurs bat des records (97 milliards de dollars par an entre 2017 et 2021). À lui seul, l’ouragan Ian, qui a frappé la Floride en septembre 2022 a provoqué pour 100 milliards de dollars de dégâts et coûté 60 milliards de dollars aux assureurs. Ce qui en fait le deuxième ouragan le plus coûteux de l’histoire après Katrina en 2005. En France et en Espagne, de violentes tempêtes de grêle ont, elles, causé des milliards de dégâts, souligne l’étude, sans plus de précisions. Et la sécheresse qui a sévi pendant de longs mois sur le Vieux Continent a provoqué des dommages indirects (notamment sur les maisons) difficiles à chiffrer. Le réchauffement climatique est, naturellement, pointé du doigt par Munich Re. Les années 2015 à 2022 ont d’ailleurs été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde selon le programme européen Copernicus. ■

LA SÉANCE DU MARDI 10 JANVIER 2023

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Danièle Guinot

le PLUS du FIGARO éco

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L’inquiétude des garagistes avant le passage au tout-électrique page 26

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3 ans 10 ans Depuis création

*VL validée au 30/12/22

C

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es années se suivent et se ressemblent sur le front des catastrophes naturelles. En 2022, l’ouragan Ian aux ÉtatsUnis, les inondations en Asie et en Australie ou encore la sécheresse et des orages de grêle en Europe ont une nouvelle fois causé de très lourds dégâts, évalués à 270 milliards de dollars par le réassureur allemand Munich Re. Un montant, certes inférieur au record de 2021 (320 milliards de dollars), mais qui reste parmi les plus élevés de ces dernières années. Les catastrophes naturelles ont par ailleurs occasionné de nombreux décès dans le monde (11 000 personnes ont perdu la vie, après 9 320 en 2021). Pour les assureurs, la note est très salée. Comme en 2021, ils ont indemnisé 120 milliards de dollars de dégâts, soit bien plus que les années précédentes

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

22

l'événement

Jean-Yves Guérin £@jyguerin

Qu’on décide de maintenir l’ouverture à la concurrence le 1er janvier 2025 ou qu’on la reporte, le dossier devra être rapidement arbitré.

Transport C’est la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a allumé la G. Le Goff/Panoramic mèche. Dans un courrier envoyé peu avant Noël à la première ministre, Élisabeth Borne, elle « souhaite que l’ouverture à la concurrence du réseau de bus (à Paris et en première couronne, NDLR) soit réexaminée ou, à tout le moins, reportée bien au-delà du 1er janvier 2025. » Début janvier, elle a enfoncé le clou dans une tribune cosignée avec 250 autres élus franciliens de gauche. « Nous vous demandons de surseoir au processus de privatisation pour l’ensemble des transPoids de l’activité ports d’Île-dedes bus parisiens France », lit-on dans le chiffre dans ce texte publié d’affaires dans Le Monde. de la RATP Aujourd’hui, son premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, va plus loin. « Nous sommes favorables à l’annulation de l’ouverture à la concurrence dans les bus à Paris et en première couronne », affirme-t-il au Figaro. Quant au ministre des Transports, Clément Beaune, il ouvre aussi la porte à un aménagement du calendrier sur ce dossier : « Si on n’est pas prêt à faire cette opération le 1er janvier 2025, il ne faut pas s’accrocher à cette date. Ce ne serait pas un drame de décaler. C’est à la région Île-de­ France de nous dire si cette échéance est réaliste dans la pratique », confie-t-il au Figaro. Au ministère des Transports, on parle d’un report éventuel d’un ou deux ans. Valérie Pécresse, qui a fait de l’ouverture à la concurrence dans les transports un marqueur de son deuxième mandat à la tête de la région Île-de-France, reste droite dans ses bottes et fidèle à ses convictions : « Nous sommes prêts et dans les temps », déclare-t-elle (voir interview ci-desMarché des bus en sous). Quant aux opérateurs, chacun voit midi à sa porte. La grande couronne RATP est forcément favorable à parisienne une solution qui laisserait du temps au temps. Sur son chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’euros en 2021, 1,3 milliard ont été généré par son monopole sur les bus parisiens. Si son nouveau patron, Jean Castex, ne s’exprime pas sur le sujet, sa devancière, Catherine Guillouard, avait proféré une mise en garde à l’automne dans un courrier envoyé à Valérie Pécresse : « Je tiens à réitérer les alertes que nous portons depuis 2020 s’agissant de la transition qui va s’opérer dans le cadre de 2006 l’ouverture à la concurrence du réFret (transport seau bus le 1er janvier 2025 », écride marchandises) vait-elle alors. Les nouveaux entrants qui lorgnent ce marché 2013 juteux (Keolis, Transdev, LacroixTrains internationaux Savac), eux, enragent : « Nous nous sommes organisés pour répondre à ces appels d’offres, souligne Marie2019 Ange Debon, présidente du direcTrains Intercités toire de Keolis, filiale de la SNCF. Trains régionaux Nous avons remis des premières of(possibilité pour fres sur quatre lots. Il est étonnant les régions de lancer que ce sujet émerge comme cela des appels d’offres) deux ans avant l’échéance. »

22 %

Ouverture à la concurrence dans les bus : l’imbroglio parisien

Le gouvernement et les élus franciliens se déchirent sur la fin du monopole de la RATP.

900 millions d’euros

La fin des monopoles sur le rail : un lent processus

2023-01-12T09:29:05+01:00

2023-01-11T03:09:03c:Figaro;u:adaboville;

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Demain

A

Menace de grève pendant les Jeux olympiques

Bref, le dossier est incandescent. Et, en quelques semaines, c’est devenu une affaire d’État. Une montée en température surprenante car personne ne découvre la question. C’est la loi ORTF de 2009 qui a fixé la date du 1er janvier 2025 pour la fin du monopole de la RATP dans les bus parisiens. De plus, la France a déjà expérimenté l’ouverture à la concurrence dans le rail. Et cela n’a pas créé de polémique. Tout le monde se félicite aujourd’hui qu’on puisse choisir entre la SNCF et Trenitalia pour faire un Paris-Lyon en TGV. La fin du monopole du groupe public dans les trains régionaux, initiée il y a plus de trois ans, ne suscite pas plus de réactions négatives. À l’automne 2021, Transdev a été choisi pour exploiter à la place de la SNCF la ligne Nice-Marseille à partir de 2025. Sans que personne ne pousse les hauts cris. « Le dossier des bus parisiens est beaucoup plus sensible car tout le réseau doit basculer dans une nouvelle donne le 1er janvier 2025, décrypte Arnaud Aymé, spécialiste des transports au sein du cabinet de

2020 TGV en France, trains grandes lignes domestiques, bus en grande couronne parisienne

1er

janvier 2025

Bus à Paris et en première couronne parisienne

2027 RER E

2029 Tramways en région parisienne

2032 RER D

2033 RER C

2039 Métro parisien, RER A et B

conseil Sia. Pour les trains régionaux, la transition est progressive. Les régions qui veulent garder la SNCF sans lancer d’appels d’offres peuvent même le faire jusqu’au début des années 2030. » L’exception parisienne joue aussi son rôle dans cette affaire. Près de 75 % des déplacements du quotidien faits en transports en commun dans l’Hexagone sont effectués en Île-de-France. Or le système est proche de la saturation. Tout changement dans cette mécanique de précision est donc examiné à la loupe car un virage mal négocié pourrait asphyxier la région capitale. Le casting des décisionnaires sur ce dossier est aussi déterminant dans cet imbroglio : on y trouve deux ex-candidates à la présidentielle (Valérie Pécresse et Anne Hidalgo) qui ont besoin de se refaire après leur mauvais score à cette élection et un ministre qui a des vues sur Paris (Clément Beaune). Sans oublier un ex-premier ministre devenu PDG de la RATP, Jean Castex.

lant taxer les jets privés, confirme Entre la maire PS de Paris oppoqu’il incarne le macronisme de sée à l’ouverture à la concurrence, gauche. Les deux tentent d’acculer la présidente LR d’Île-de-France dans un corner Valérie Pécresse et d’IDFM (Île-de-France Mobiliqui ne s’en laisse pas conter. Mais tés) qui la défend mordicus et le les enjeux politiques n’expliquent macroniste mi-chèvre mi-choux, pas tout. Derrière les questions pas beaucoup de surprises sur le d’ego, il y a de vraies interrogapositionnement idéologique. En tions sur cette ouverture à la fait, chacun veut profiter de la séconcurrence de taille XXL. quence pour marquer des points. D’abord, il y a le précédent de la Anne Hidalgo tente de reprendre libéralisation des bus en grande son leadership sur la gauche paricouronne parisienne lancée depuis sienne. Tant pis si elle commet une deux ans. Dans la plupart des cas, erreur en évoquant la privatisation les nouveaux entrants qui succède l’exploitation des bus alors qu’il dent aux opérateurs historiques s’agit juste de ne plus la réserver à sont à la hauteur. Mais deux la seule RATP mais de l’ouvrir à « couacs » jettent une omd’autres compétiteurs… la bre sur tout le procesplupart du temps pusus. À Melun, une blics (Keolis et grève a bloqué le Transdev). service pendant En n’excluant plusieurs semaines pas un report de à l’automne 2021 l’ouverture à la car Transdev, qui concurrence dans reprenait le lot, les bus, Clément à Paris circulent, imposait une orgaBeaune, qui s’était contre 75 % en nisation du travail déjà signalé en vou-

80 % des bus septembre

perçue comme trop contraignante par les salariés. À Saclay, où la RATP a succédé à Transdev en septembre 2022, la régularité des bus s’est effondrée et remonte, mais lentement. Comme excuse, la Régie invoque la pénurie de conducteurs mais aussi l’état dégradé des bus mal entretenus par Transdev depuis sa perte du contrat. « À Étampes aussi où nous avons gagné un lot, nous avons récupéré des bus sans maintenance depuis six mois, soupire Stéphane Guenet, directeur général de CFTR, présent en Île-de-France avec les autocaristes Lacroix et Savac. En province, ce genre de comportement n’a pas cours alors que ce sont les mêmes acteurs. » Certains craignent que ce genre de mésaventure arrive à Paris et dégrade le service. « Le transfert de Transdev à la RATP à Saclay illustre bien que l’ouverture à la concurrence ne se fait pas sans frottement et que les moments de transition sont compliqués », souligne Clément

Valérie Pécresse : « Il y aura toujours un prétexte pour ne rien La présidente de la région Île-deFrance et d’IDFM (Île-de-France Mobilités) maintient que l’ouverture à la concurrence dans les bus à Paris et en première couronne doit se faire comme prévu le 1er janvier 2025, contrairement à ce que demande Anne Hidalgo, la maire de Paris. LE FIGARO. - Ferez-vous l’ouverture à la concurrence dans les bus à Paris le 1er janvier 2025 ? Valérie PÉCRESSE. - J’y suis favorable d’abord parce que c’est bénéfique pour les voyageurs. L’ouverture à la concurrence dans tous les secteurs, ça apporte une meilleure offre à un meilleur prix. D’ailleurs, ce système de délégation de service public concurrentiel est appliqué avec succès partout : en province (Bordeaux, Lille, Lyon…) mais aussi à l’international. De plus, ce serait injuste que des opérateurs aient vu la RATP arriver sur leur réseau de bus en grande couronne, où nous avons fait cette ouverture à la concurrence, et qu’ils ne puissent pas être candidats sur le réseau de bus de la RATP à Paris. La décision est-elle dans votre main ? Je respecte scrupuleusement la loi, qui est déjà très favorable à la RATP. Ce texte voté en application d’un règlement européen nous a fait ouvrir à la concur-

rence les bus en grande couronne en 2020 et attendre fin 2024 pour mener à bien le même processus dans les bus parisiens. Nous sommes prêts et dans les temps. Nous avons commencé à lancer les appels d’offres. Avec Jean-Paul Bailly (ancien patron de la RATP, NDLR) et Jean Grosset (ancien questeur du Conseil économique, social et environnemental, Cese), nous avons établi un cadre protecteur avec le cahier des exigences sociales, qui

Valérie Pécresse. S. SORIANO/Le Figaro

remonte notamment le critère social à 15 % contre 10 % initialement dans la note qui permet de choisir l’opérateur. Maintenant, si le gouvernement veut changer la loi, il peut le faire. Mais cela serait au détriment des voyageurs. Vous êtes prête à assumer le risque de grève à la RATP pendant les Jeux olympiques ? C’est vrai, il y a un risque de mouvement social qui perturberait les Jeux olympiques car la RATP est en monopole. Mais, compte tenu de son éthique, je n’imagine pas que cette grande entreprise publique ne soit pas au rendez-vous d’un événement planétaire où l’image de la France est en jeu. Être en situation de monopole, c’est un privilège, mais cela induit aussi des responsabilités. Reporter l’ouverture à la concurrence car une minorité de personnels pourrait prendre les usagers en otage, c’est céder au chantage. Et puis, si on reportait l’ouverture à la concurrence de six mois ou d’un an, on serait confrontés à la même menace d’un conflit social ultérieur. Aujourd’hui, il est impératif de rassurer les agents de la RATP sur les conditions de mise en œuvre de la concurrence. C’est le rôle de la mission Bailly qui est là pour leur montrer que l’ouverture à la concurrence ne dégradera pas leurs condi-

tions de travail, ni leurs perspectives de carrières. Je souhaite qu’elle joue le rôle de conseil et de vigie auprès de moi pendant tout le processus. Dans les années qui viennent, nous aurons besoin de plus conducteurs de bus ; le métier doit être attractif. Le transport par bus, j’y crois et c’est pour cela que l’on a investi des millions d’euros dans un millier de nouveaux bus propres. L’ouverture à la concurrence n’est-elle pas périlleuse alors que le service à la RATP (métro, bus) est actuellement très dégradé ? Au contraire, la dégradation du service montre que le système fonctionnerait mieux avec la mise en concurrence. Depuis septembre, la RATP est un monopole défaillant. Pendant trois mois, un bus sur quatre n’est pas sorti du dépôt à Paris. Aujourd’hui, 80 % d’entre eux circulent. Mais cela reste très insuffisant. J’ai demandé à Jean Castex (PDG de la RATP) un plan de redressement du service et je lui fais toute confiance. La pénurie de conducteurs et les difficultés de circulation dans Paris n’expliquent pas tout. En réalité, on assiste à un mouvement social larvé antiouverture à la concurrence, avec des préavis de grève trop courts et des grèves de 59 minutes qui désorganisent le planning, sans donner lieu à des retenues sur salaire d’une demi-journée. Je vais proposer des

le figaro

économie 37 h 23

Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

de perturbations

par jour en moyenne sur la totalité des 14 lignes de métro, entre le 30 novembre et le 2 janvier Source : compte Twitter indépendant @METROQualite

Si on n’est pas prêt à faire cette opération le 1er janvier 2025, il ne faut pas s’accrocher à cette date. Ce ne serait pas un drame de décaler

»

clément beaune, ministre des transports, au « figaro »

Service dégradé à Paris L’autre inquiétude vient de la dégradation du service dans le métro et les bus parisiens. Anne Hidalgo n’hésite pas à la mettre sur le dos de l’ouverture à la concurrence qui réduirait l’attractivité de la RATP. Pour remonter la pente, il faudrait donc prolonger le monopole. Mais tous les opérateurs font face à la pénurie de conducteurs. Et rien n’atteste qu’elle frappe davantage la RATP. « La galère actuelle dans le métro et les bus démontre au contraire que le monopole ne fonctionne pas, qu’il faut passer à autre chose », estime Yves Crozet, économiste des transports. En tout cas, qu’on décide de maintenir l’ouverture à la concurrence le 1er janvier 2025 ou qu’on la reporte, le dossier devra être arbitré rapidement. « Il faudra trancher au cours du printemps, reconnaît Clément Beaune qui n’estime pas que Bruxelles pourrait s’opposer à un glissement du calendrier. Les règles européennes ne font pas du 1er janvier 2025 une date intangible pour l’ouverture à la concurrence dans les bus. Certaines villes sont en avance sur cet échéancier, d’autres en retard. On a surtout intérêt à ce que l’ouverture à la concurrence se passe bien, c’est l’intérêt de l’Europe aussi. » ■

RATP en chiffres Chiffre d’affaires : 5,9 milliards d’euros en 2021. En hausse de 6 % par rapport à 2020. Résultat net : 207 millions de profits en 2021 contre une perte de 134 millions en 2020. Effectifs : 69 000 salariés, dont 45 000 sur le périmètre de l’Epic (Établissement public à caractère industriel et commercial), qui a le monopole sur les métros, les tramways et les bus à Paris et en première couronne parisienne.

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Un brutal et durable ralentissement de la croissance dans le monde La Banque mondiale alerte sur une nette dégradation qui affecte la quasi-totalité des pays développés et l’essentiel des émergents. Anne Cheyvialle £@AnneCheyvialle

Conjoncture En quelques mois, le panorama de l’économie mondiale s’est nettement assombri sous l’effet de la forte inflation, de la hausse des taux d’intérêt, du recul de l’investissement et des répercussions de la guerre en Ukraine. Mettant en avant cette conjonction de facteurs négatifs, la Banque mondiale a sérieusement revu à la baisse, mardi, ses scénarios de croissance. L’organisation internationale table sur une hausse du PIB mondial de 1,7 % seulement cette année, alors qu’en juin elle prévoyait encore 3 %. Elle ne s’attend qu’à une faible reprise en 2024, de 2,7 %. Mis à part les deux années exceptionnelles de récession d’après-guerre, 2008 due au krach financier de Lehman, et 2020 à cause de la pandémie, il s’agit du « rythme de croissance le plus faible depuis plus de trois décennies », a commenté Ayhan Kose, directeur de la recherche de la Banque. Compte tenu de la fragilité des conditions économiques, alerte la Banque mondiale, toute nouvelle évolution défavorable comme une inflation plus élevée que prévu, des hausses brutales des taux d’intérêt pour la contenir, une résurgence de la pandémie ou une escalade des tensions géopolitiques - pourrait faire basculer le monde dans la récession. Autre constat inquiétant, ce brutal coup de frein frappe l’ensemble de la planète : il concerne 95 % des économies avancées, avec une prévision pour 2023 qui passe de + 2,2 % à 0,5 % - la zone euro devrait enregistrer une croissance

Des prévisions de croissance à la baisse

nulle - et près de 70 % des pays émergents et en développement (+ 3,4 % au lieu de 4,2 % prévus en juin). La Chine, qui a pâti l’an dernier de sa politique de « zéro Covid », fait figure de rare exception. L’activité reprend progressivement grâce à l’assouplissement des règles sanitaires et la réouverture du pays. Le PIB devrait progresser de 2,7 % en 2022 à 4,3 % en 2023. Tandis que les pays moins avancés, en particulier les producteurs de matières premières, vont à la fois souffrir d’un recul de la demande extérieure, d’une dépréciation de leurs devises, du durcissement des conditions financières et de vents souvent contraires à l’échelle nationale, pointe la Banque mondiale.

PRÉVISION DE VARIATION DU PIB POUR L'ANNÉE 2023, en %

Prévisions de…

… juin 2022

… janvier 2023

7,1

6,6

5,2 4,3 3 1,7

2,4

1,9 0,5

Monde

1,3

1

0,8 0,8

0

ÉtatsUnis

Zone euro

Japon

Chine

Inde

Brésil

Russie

-2 - 3,3

Aggravation de la pauvreté

Le président de la Banque mondiale, David Malpass, insiste sur « leur lourd endettement et la faiblesse des investissements, les capitaux mondiaux étant absorbés par les économies avancées confrontées à des niveaux de dette publique extrêmement élevés et à des taux d’intérêt en hausse ». Sur les deux prochaines années, l’investissement ne progressera dans les pays en développement que de 3,5 % en moyenne, soit moins de la moitié du seuil enregistré pendant les deux dernières décennies. À la fin de 2024, les niveaux de PIB seront inférieurs d’environ 6 % aux niveaux prévus avant la pandémie. La Banque mondiale s’inquiète des impacts sociaux. « La faiblesse de la croissance et des investissements des entreprises aggravera les revers déjà dévastateurs en matière d’éducation, de santé, de pauvreté et d’infrastructures, ainsi que les

Infographie

Source : Banque mondiale

exigences croissantes du changement climatique », prévient David Malpass. En Afrique subsaharienne, qui concentre 60 % des personnes extrêmement pauvres, la croissance du revenu par habitant en 2023 et 2024 ne devrait être que de 1,2 % en moyenne. « C’est très en dessous de ce qui est nécessaire pour éliminer l’extrême pauvreté », précise Ayhan Kose. Cela pourrait à l’inverse aggraver les seuils de pauvreté et creuser les inégalités. D’autant que beaucoup de ces pays sont confrontés à une spirale d’endettement. Le FMI comme la Banque mondiale ont déjà mis en avant le risque pour une soixantaine de pays de plonger dans une crise de la dette et plaident régulièrement pour des restructurations. Ce qui nécessite une plus grande transparence des dettes, affirme David Malpass. ■

Le soutien financier de l’État fait reculer la part des jeunes décrocheurs en 2021 toire. Dans une analyse publiée en 2021, la Drees découpait les NEET en cinq catégories distinctes. S’y trouvaient les nouvellement diplômés du supérieur et en recherche d’emploi, les bacheliers en attente de reprise d’études, les jeunes parents au foyer éloignés du marché du travail, les diplômés de l’enseignement professionnel au chômage depuis peu et enfin les non-diplômés. Cette dernière catégorie étant la plus vulnérable. Comme le montre l’étude de l’Insee, 45 % des NEET étaient au chômage en 2021 et 24 % appartenaient au halo autour du chômage. C’est-à-dire qu’ils souhaitaient un emploi, mais n’étaient pas dispo-

William Plummer £@PlummerWilliam

François BOUCHON/Le Figaro

amendements à la loi olympique pour remédier à cela. Dans un marché ouvert à la concurrence, Îlede-France Mobilités aurait la possibilité de changer d’opérateur lorsque le service est mal fait.

Comment vivez-vous les prises de position de la maire de Paris, Anne Hidalgo, et du ministre des Transports, Clément Beaune, très différentes de la vôtre ? Anne Hidalgo est contre la concurrence, pas moi. Elle est aussi favorable à la gratuité dans les transports. Pas moi. Clément Beaune a peur des mouvements sociaux, je crois qu’on peut les éviter par le dialogue. Il veut reporter mais il y aura toujours un prétexte pour ne rien faire : après les Jeux olympiques en 2024, ce seront les municipales à Paris en 2026. ■ propos recueillis par j.-Y. G.

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Grâce au plan 1 jeune 1 solution, le taux des 15-29 ans ni en emploi, ni en études, ni en formation (« NEET ») est passé en un an de 13,5 % à 12,8 %.

faire »

Mais l’ouverture à la concurrence sur les bus en grande couronne parisienne a bien donné lieu à quelques ratés (grève à Melun, service dégradé à Saclay…) qui pourraient se reproduire à Paris ? Nous en avons tiré les leçons avec la mission Bailly. Aujourd’hui, le service de bus de grande couronne fonctionne de manière très satisfaisante avec 99 % du service réalisé. Il ne reste plus que quelques difficultés ponctuelles que nous sommes en train de régler.

l'événement

Nous sommes favorables à l’annulation de l’ouverture à la concurrence dans les bus à Paris et en première couronne

»

emmanuel grégoire, premier adjoint à la maire de paris, au « figaro »

emploi L’investissement massif de l’État pour les jeunes décrocheurs porte déjà ses fruits. En 2021, malgré les effets toujours pénalisants et persistants de la crise du Covid, la part des jeunes de 15 à 29 ans sans perspective a reculé significativement dans l’Hexagone. Une véritable satisfaction pour le gouvernement alors que ces publics fragiles sont généralement les premiers à subir les effets néfastes de la conjoncture. Ainsi, l’an dernier, 1,4 million de jeunes n’étaient ni en emploi, ni en études, ni en formation en France (hors Mayotte). Ces fameux NEET, pour « neither in employment nor in education or training », représentaient 12,8 % des jeunes de cette tranche d’âge, d’après la dernière étude de l’Insee publiée mardi. En 2020, sous l’effet de la pandémie, ce taux était de 13,5 % en moyenne, avec un pic à 15,6 % au deuxième trimestre, soit en plein confinement. Ce terme, « NEET », repris par de nombreuses institutions internationales, recoupe des situations très diverses, souvent compliquées, mais parfois aussi moins dramatiques qu’il n’y paraît. L’exécutif estime, par exemple, que seul un tiers de ces publics - soit environ 500 000 jeunes - représentent une situation problématique et nécessitent un accompagnement particulier. Les deux autres tiers sont généralement synonymes d’une situation transi-

12,8 % des jeunes français sont des NEET PART DE JEUNES DE 15 À 29 ANS NI EN EMPLOI, NI EN ÉTUDES, NI EN FORMATION (NEET) EN 2021,

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Source : Eurostat Infographie

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nibles pour travailler ou qu’ils n’avaient pas entrepris de démarches actives. Enfin, 31 % déclaraient ne pas vouloir travailler sur le moment. Dans le détail, la part de NEET croît fortement avec l’âge. Elle est très faible (1 %) à l’âge de 15 ans du fait de la scolarité obligatoire, puis elle augmente fortement jusqu’à 16,5 % à 21 ans, notamment avec les sorties du système scolaire de jeunes peu diplômés. Elle croît plus modérément ensuite jusqu’à 24 ans (9,3 % à cet âge) et se stabilise jusqu’à 29 ans (17,4 %).

Baisse attendue en 2022 Comme à son habitude, l’Insee s’est également penché sur le début de l’année suivante, soit 2022. Et les premières données laissent présager une nouvelle diminution particulièrement forte du nombre de ces décrocheurs. Sur les trois premiers trimestres de l’année, la part des NEET oscillait autour de 11,8 %. Depuis 2003, jamais l’Insee n’avait enregistré un taux inférieur à 12,8 %. Sans grande surprise, il faut voir dans cette décrue les effets cumulés de la bonne forme du marché du travail, mais surtout l’entrée en vigueur, en mars 2022, du contrat d’engagement jeune financé par l’État - le CEJ, qui cible justement les décrocheurs, en leur permettant de bénéficier d’un parcours personnalisé de six à douze mois, avec l’objectif de les aider à définir leur projet professionnel. Comme l’espère l’exécutif, ce dispositif devrait bénéficier chaque année à environ 300 000 jeunes. ■

A

Beaune. La deuxième ombre au tableau vient du téléscopage de calendrier entre les Jeux olympiques à l’été 2024 et l’ouverture à la concurrence des bus parisiens le 1er janvier 2025. Les agents de la RATP, qui ­apprendront peut-être leur transfert chez un autre opérateur un peu avant la grand-messe du sport mondial, pourraient prendre l’événement en otage pour s’opposer au processus. « Il n’y a pas de raison de courir le risque d’un conflit social qui mettrait en carafe le réseau de transport parisien pendant les Jeux olympiques », argumente Emmanuel Grégoire. De fait, la menace d’une grève dans les bus et le métro à Paris à cette période stratégique est réelle. Mais si on gouverne en tenant compte de la rue, on ne fait plus aucune réforme.

mercredi 11 janvier 2023

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

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Entreprises

Ces enseignes qui font fi de la déprime du marché de l’habillement Elles gagnent des parts de marché avec des collections qui plaisent toute l’année, et pas seulement lors des soldes.

mathilde visseyrias £@MVisseyrias

prêt-à-porter La grand-messe des bonnes affaires débute ce mercredi. Dans un contexte de forte inflation, le démarrage de ces soldes d’hiver a tout pour plaire à des consommateurs soucieux de leur budget. Une fois de plus, les enseignes de prêt-à-porter les plus fragiles, qui sont ultra-dépendantes des démarques pour vendre, jouent gros pendant quatre semaines. Les plus vertueuses abordent, elles, cette période avec sérénité, à commencer par leader mondial Inditex (Zara, Massimo Dutti, Bershka…). « Les marques gagnantes ont réussi à définir un modèle économique leur permettant d’être moins dépendantes des soldes et promotions, affirme Céline Choain, associée spécialiste distribution, mode et luxe chez Kea & Partners, un cabinet de conseil en stratégie. Elles ont créé une proposition de valeurs (qualité, juste prix, style) suffisamment attractive pour que l’envie de consommer soit libérée du calendrier promotionnel. » Capables d’ajuster les quantités, elles n’ont pas accumulé les invendus.

C’est la particularité du marché de l’habillement : il a beau être en crise - sa valeur a fondu de 15 % depuis 2010 -, certaines marques s’en sortent mieux que d’autres et vont même bien. La faillite retentissante de Camaïeu ne doit pas cacher une réalité plus complexe. Certains continuent de grossir. Et parfois même, plus vite que prévu. Ainsi l’an passé, ba&sh a franchi le cap des 300 millions d’euros de chiffre d’affaires mi-novembre, un objectif qu’il s’était fixé pour fin décembre. « Ce chiffre historique consacre une méthode de gestion efficace qui allie exigence, audace et RSE (responsabilité sociale et environnementale, NDLR) qui rencontrent les attentes des clientes », s’est alors félicité le PDG, PierreArnaud Grenade. La recette du succès tient de plus en plus à un jeu d’équilibriste. Les marques à petits prix (Kiabi, Gémo, Primark…) profitent d’abord de leur positionnement le plus accessible du marché pour attirer une clientèle au budget serré. La production se fait principalement en Asie. Mais ces enseignes sont attentives à l’innovation commerciale. Présent dans 23 pays, Kiabi, numéro deux de l’habillement en France

derrière Intersport, ouvre désormais des corners chez des partenaires (comme chez Auchan en France, Cora en Belgique). À Digne, l’enseigne a innové avec un magasin de 700 mètres carrés, dans un Decathlon. Surfant depuis 1978 sur une mode familiale parmi la moins chère du marché (avec des teeshirts à partir de 3 euros et des jeans à partir de 10 euros), Kiabi se joue de la crise. Après avoir réalisé 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021, l’enseigne de la galaxie Mulliez devrait annoncer une croissance à deux chiffres en 2022.

De la place entre Gucci et Primark

Dans le moyen de gamme, un créneau réputé très difficile, des enseignes réussissent à tirer leur épingle du jeu en cumulant méthodiquement les bonnes pratiques : des collections dans l’air du temps, une production le plus possible proche des lieux de vente (en Europe ou au Maghreb) pour être réactif, un investissement soutenu dans les magasins pour faire venir la clientèle. « Nous abordons ces soldes avec peu de stocks, témoigne Jacques Salaün, directeur général d’Inditex France. Notre modèle est ainsi fait.

Nous fabriquons essentiellement dans le bassin méditerranéen et en petite quantité. » Malgré un contexte macroéconomique tendu, Inditex voit toujours des « opportunités de forte croissance » et n’a pas d’inquiétude sur le long terme. Sur les neuf premiers mois de 2022-2023 (février à octobre), le chiffre d’affaires d’Inditex a progressé de 19 % à 23,1 milliards d’euros. Quant au résultat net, il s’est élevé à 3,1 milliards (+ 24 %). « Notre enseigne offre de la nouveauté et des produits écoresponsables à un prix intéressant, détaille Jacques Salaün. Nous travaillons beaucoup sur la durabilité. Le consommateur n’est plus disposé à surpayer quelque chose qui n’est pas dans la tendance. » Plus petit et familial, le groupe Beaumanoir (Cache Cache, Bonobo, Bréal, Morgan, Caroll, La Halle, Sarenza) affiche lui aussi une croissance rentable, avec 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires prévus en 2022-2023 (à fin février). « Les difficultés du secteur n’épargnent personne, mais on peut croître, en gagnant des marchés. Il y a de la place entre Gucci et Primark », explique Roland Beaumanoir, son président. Seul candidat au rachat de La Halle en juillet 2020, l’entrepreneur sait

qu’il faut faire des choix : il a réduit l’étendue des produits proposés par l’enseigne. « La marque était terriblement abîmée, raconte-t-il. Elle retrouve des clients. » Les trois marques Cache Cache, Bonobo et Bréal sont celles qui vont le mieux, grâce à une forte implantation en région. « Nous sommes très attentifs au client, insiste Roland Beaumanoir. Nous prix n’ont pas augmenté en 2022 grâce à notre forte puissance d’achat et à une relation de grande confiance avec nos fournisseurs. » Le groupe, qui réalise 10 % de son activité sur internet (sans Sarenza), porte, lui aussi, une attention extrême à son réseau de 2000 points de vente. Les adresses Vib’s (au moins 1 000 mètres carrés regroupant sous un même toit Bonobo, Cache Cache et Bréal) sont exclusivement en périphérie et très peu en galeries marchandes. Un moyen de tenir les loyers. « Une des clés du succès tient à la capacité à attirer en boutique, pense Thomas Trevesaigues, directeur au bureau parisien d’AlixPart­ners. Les consommateurs ont besoin d’y trouver un bon design, en plus d’une bonne sélection des collections. » Le commerce reste une affaire de bon sens… ■

Des marques comme Kiabi, Zara et Cache Cache parviennent à tirer leur épingle du jeu sur le marché de l’habillement, qui a perdu 15 % depuis 2010. SYSPEO/SIPA, S. SORIANO/Le Figaro

La descente aux enfers de Toupargel, ex-roi du surgelé Le tribunal de commerce de Lyon devrait acter mercredi sa liquidation judiciaire, faute de repreneurs.

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Marie bartnik £@mariebartnik

distribution L’enseigne Place du marché, ex-Toupargel semblait avoir tout, ou presque, pour réussir : un marché porteur, celui de la livraison de courses à domicile, et un actionnaire solide avec Agihold, également actionnaire de l’enseigne à succès Grand Frais. Las, le tribunal de commerce de Lyon devrait mettre un point final, ce mercredi, aux 75 ans d’histoire de cette enseigne lyonnaise, qui fut un temps l’un des rois du surgelé en France. Les 1 800 salariés qu’elle employait, et qui comptent en moyenne plus de vingt ans d’ancienneté, devraient être licenciés. Lorsqu’ils reprennent Toupargel à la barre du tribunal en 2019, les frères Bahadourian pensent pouvoir remettre l’enseigne sur pied. Ils sont alors séduits par sa capacité à livrer dans toute la France, y compris dans les zones rurales. Ils envisagent l’ouverture de magasins Toupargel attenants aux supermarchés Grand Frais et entendent continuer à diversifier l’offre livrée à domicile en l’élargissant aux produits frais et à l’épicerie. Pour acter cette mue, Toupargel est rebaptisé Place du marché en

2021. Les camions de livraison sont équipés pour le transport du frais, et pas seulement de surgelés. Il faut surtout prendre le virage du digital, que Toupargel a raté. En 2019, 85 % des commandes sont encore passées par téléphone, en grande partie par des clients âgés. Léo et Patrick Bahadourian assurent avoir consacré plus de 55 millions d’euros au redressement de Toupargel - dont 19 millions d’euros proviennent du rachat par Agihold de ses biens immobiliers. Mais la renaissance n’aura pas lieu. « C’est comme s’ils avaient pris les commandes d’une voiture avec un frein à main serré », explique un proche de l’actionnaire.

Le surgelé, un marché peu rentable

Le Covid leur a été fatal. « Nous n’avions pas les moyens de répondre à la hausse de la demande, alors que la pandémie désorganisait la logistique, explique Place du marché. Comme nous n’avions pas les stocks, les clients qui passaient commande étaient déçus. » Dans ce contexte, les ouvertures de magasins n’auront pas lieu, pas plus que le virage digital. La direction de Place du marché estime qu’il lui manquait 120 000

clients pour rentabiliser la livraison à domicile. Mais entre 2019 et 2022, l’enseigne en a perdu plus de 200 000. Elle comptait encore 336 000 clients en fin d’année, à qui les salariés ont dû annoncer ces derniers jours la cessation d’activité de l’enseigne. Le chiffre d’affaires, qui atteignait 180 millions d’euros en 2019, tombe à 164 millions d’euros en 2022. L’histoire de cet échec n’était pourtant pas écrite. Bien avant l’heure, Toupargel fut un précurseur de la livraison de courses à

Les salariés du site d’Argentan de la société Place du marché (ex-Toupargel) ont entamé, la semaine dernière, une grève et bloqué l’entrée de l’entreprise. ANTHONY CHAUD/MAXPPP

domicile. L’enseigne connaît son âge d’or dans les années 1980 et 1990. Fondée en 1947 à Lyon par Gustave Poncin, elle est rachetée en 1982 par Roland Tchénio, qui en fera un leader de la vente de surgelés à domicile. Toupargel grossit par acquisitions : pas moins d’une trentaine entre 1982 et 1997. C’est à cette date que Roland Tchénio et son frère Maurice, coactionnaire de Toupargel, introduisent l’enseigne en Bourse pour financer sa croissance. En 2003, le rachat d’Agrigel, deux fois et demie plus gros que Toupargel, fait changer l’entreprise de dimension. Ses camions-magasins sillonnent tout le pays pour approvisionner les congélateurs des Français. Toupargel compte alors 3 300 salariés puis bientôt 3 500. Mais si cette méga acquisition a fait de Toupargel un leader de sa catégorie, elle l’a aussi déstabilisé. La fusion est achevée en 2006. À partir de 2007, les ventes déclinent. Romain Tchénio, neveu de Roland et fils de Maurice, est appelé à la rescousse. Il prend les rênes de l’entreprise en 2017, avec la volonté de développer les ventes digitales et de conquérir les jeunes générations. Romain Tchénio prévoit de faire revenir Toupargel

dans le vert. Peine perdue. Le jeune PDG, diplômé de l’ESCP et ancien analyste chez PwC, se heurte aux mêmes écueils que les frères Bahadourian quelques années plus tard. « Les clients de Toupargel ne sont pas sur internet, explique l’enseigne. Ce sont des personnes âgées qui ne sont pas connectées. » Enfin, si le marché de la livraison de courses alimentaires est porteur, il n’en est pas moins extrêmement concurrentiel et peu rentable. Les start-up La Belle Vie et mon-marché.fr ne font par exemple pas de bénéfices, malgré une forte croissance. Celui du surgelé est encore plus difficile. « Ce rayon est l’un des moins intéressants d’une grande surface, explique Stéphane Tubiana, associé en charge de la distribution chez Roland Berger. La logistique est compliquée et les marges faibles. » Le secteur est particulièrement impacté par la flambée des prix de l’énergie car les congélateurs sont de gros consommateurs. Si Picard reste rentable malgré ces obstacles, c’est grâce à son offre quasi exclusivement composée de produits de marque propre. Déjà ultradominante sur le marché du surgelé, l’enseigne compte désormais un concurrent de moins. ■

le figaro

mercredi 11 janvier 2023

Entreprises 25

Airbus vole toujours plus haut que Boeing

2024, puis 75 par mois au milieu de la décennie. De son côté, Boeing se félicite d’avoir livré davantage de 737 Max que prévu, soit 387 (+ 17 avions). Surtout, il souligne une accélération de ses livraisons en décembre à 69 avions, dont 54 Max. Ce qui illustre la remontée en cadence à 31 Max par mois, ainsi qu’un déstockage accéléré des avions produits mais non livrés pendant l’interdiction de vol de cet appareil (à la suite de deux crashs fin 2018 et début 2019).

Course en tête

Avec 820 contrats et 661 livraisons, le géant européen a conservé son rang de numéro un mondial en 2022. Véronique Guillermard £@vguillermard

Aéronautique 2022 marque une franche reprise pour l’aviation commerciale, mais aussi la persistance d’une désorganisation des chaînes logistiques chez les constructeurs. Côté demande, tous les clignotants sont repassés au vert avec un trafic passagers mondial revenu à 93 % de son niveau préCovid de 2019 et une demande en avions neufs au beau fixe. Du côté de l’offre en revanche, la crise est toujours là, avec des tensions au sein de la supply-chain, des problèmes d’approvisionnement de certains matériaux et de logistique. Dans ce contexte, Airbus sort vainqueur du traditionnel duel qui

l’oppose à Boeing. En 2022, le géant européen a conservé son rang de numéro 1 mondial de l’aviation commerciale pour la quatrième ­année consécutive, en surclassant son concurrent américain sur tous les terrains, comme le montrent les bilans annuels publiés mardi soir. En termes de livraisons, indicateur clef pour la construction du chiffre d’affaires et de la rentabilité, Airbus a remis 661 avions (+ 8 % par rapport à 2021) aux compagnies, contre 480 (+ 40 %) pour Boeing. Le constructeur européen rate, et de beaucoup, son objectif affiché début 2022 de 720 livraisons. Objectif qu’il a révisé en cours d’année, en raison de la cascade de conséquences liées à la fragilisation de la chaîne d’approvisionnement, aux pénuries de matières premières, à l’inflation,

aux prix de l’énergie et à la guerre en Ukraine. Ces 661 livraisons sont « évidemment moins que ce que nous visions, mais compte tenu de la complexité de l’environnement, je remercie les équipes et nos partenaires pour le travail acharné pour obtenir ce résultat final », souligne Guillaume Faury, président exécutif d’Airbus. L’avionneur a pu compter sur la robustesse et la flexibilité de son système de production international - un élément différenciant avec un Boeing américano-centré - avec des sites d’assemblage en Europe,

en Amérique du Nord et en Chine. Cette large empreinte géographique apporte une proximité avec les clients locaux, et une capacité à basculer le niveau de production d’un site à l’autre en cas d’aléas dans une partie du monde. Comme la crise industrielle ne va pas se résorber rapidement et que la brusque sortie de la Chine de sa politique « zéro Covid » « va créer des perturbations à court terme », Airbus prévoit d’ajuster les étapes lui permettant d’atteindre la cadence de 65 A 320neo produits par mois en

Airbus domine le terrain commercial grâce au succès de l’A 321neo, qui a représenté 56 % des 770 moyen-courriers commandés en 2022. Airbus

Sur le terrain commercial, Airbus a aussi fait la course en tête avec 820 commandes nettes (771 en 2021), contre 774 ou 808, selon une norme comptable américaine, pour Boeing (535 en 2021). Soit un total cumulé de 1 595 avions, un niveau encore très loin du record histo­rique de 2014, avec 2 888 contrats signés par le duopole. Mais cet étiage est en nette hausse par rapport à 2020, année noire pour l’aéronautique avec un total de 452 contrats. Airbus domine grâce à la famille A 320neo, qui consomme 20 % de carburant de moins que les A 320 classiques. Et au succès de l’A 321neo avec ses versions long-courriers LR et XLR. L’A 321neo a représenté 56 % des 770 moyen-courriers commandés en 2022. Et 60 % du carnet de commandes qui comptabilisait 7 239 appareils. Soit 2 661 de plus que Boeing. Privé de contrats avec la Chine depuis 2017, contrairement à Airbus (300 commandes l’été dernier), Boeing a malgré tout renoué avec une dynamique commerciale, avec près de 700 commandes de Max. Ce dernier a gagné la confiance de nouveaux clients : ANA, Delta, IAG, et la low cost Arajet. ■

BioNTech muscle ses capacités en intelligence artificielle La biotech, grande gagnante du Covid, débourse 636 millions d’euros pour racheter la start-up InstaDeep.

milliards d’euros

Trésorerie de BioNTech à la fin du troisième trimestre 2022

pharmacie À son tour, BioNTech met à profit son trésor de guerre du Covid pour faire des emplettes. La biotech allemande - qui disposait de 13,4 milliards d’euros de trésorerie à la fin du troisième trimestre 2022 et table sur 16 à 17 milliards de chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’année - devrait débourser 636 millions pour mettre la main sur InstaDeep. Elle était déjà actionnaire depuis un an de cette start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA). « L’acquisi-

tion d’InstaDeep nous permet d’intégrer les capacités en constante évolution de l’IA dans nos technologies, nos recherches, nos découvertes de médicaments, ainsi que nos processus de fabrication et de déploiement, commente Ugur Sahin, PDG et cofondateur de BioNTech, qui réalise sa plus grosse acquisition. Notre objectif est de faire de BioNTech une entreprise technologique où l’IA est parfaitement intégrée à tous les aspects de notre travail. » Le choix d’InstaDeep, qui compte 240 salariés (bio-ingénierie, science des données, développement de logiciels…), ne doit rien au hasard.

La société, cofondée à Londres en 2014 par le franco-tunisien Karim Beguir, s’est imposée comme l’un des leaders de l’IA et de l’apprentissage automatique appliqués à la santé, les transports, la logistique…

Supercalculateurs BioNTech et InstaDeep collaborent depuis 2019. « Nous partageons la même passion pour l’innovation et la recherche et cette volonté d’avoir un impact positif sur le monde », explique Karim Beguir, diplômé de l’X. Fin 2020, les deux sociétés ont ainsi créé un laboratoire commun d’innovation en IA afin de développer

des médicaments et des vaccins contre le cancer et les maladies infectieuses. Parmi ses applications, la mise en place d’un système d’alerte précoce, qui surveille et détecte les variants à haut risque du Covid, en fonction de leur capacité à échapper aux défenses immunitaires et de leur potentiel de transmissibilité. L’objectif est de combiner les modèles d’IA et les laboratoires automatisés de BioNTech au sein de la plateforme d’InstaDeep - qui dispose de son propre parc de supercalculateurs - pour développer et tester à très haut débit les candidats-médicaments. Le

LES DÉCIDEURS â Emmanuel Duclos Deutsche Bank Responsable des activités de marché de Deutsche Bank à Paris, Emmanuel Duclos succède à Frank Krings à la présidence du groupe en France. Il conserve ses fonctions.

â Sophie Vannier Generali Sophie Vannier intègre le comité exécutif de Generali France à la suite de la création de Generali Retraite, fonds de retraite professionnelle supplémentaire dont elle assure la direction générale depuis quelques mois.

â Damien Pénin Elior En plus de ses fonctions de DG pour l’éducation et la santé, Damien Pénin endosse la direction générale adjointe d’Elior France. Le poste est créé aux côtés du DG Jean-Yves Fontaine.

â Kamal Rhazali Accor

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Accor accueille comme secrétaire général et directeur juridique de la division luxe et life­style, Kamal Rhazali, ancien du groupe d’hôtels de luxe Katara Hospitality.

rachat d’InstaDeep illustre l’importance prise par l’IA dans toutes les étapes de la conception d’un médicament, de la recherche à la fabrication en passant par la réalisation des essais cliniques. Hasard du calendrier, Moderna l’autre biotech grande gagnante du Covid - a réalisé la semaine dernière sa première opération de croissance externe, avec l’acquisition du japonais OriCiro pour 85 millions de dollars. La preuve, s’il en fallait, qu’à l’heure où la consolidation pourrait s’accélérer dans l’industrie pharmaceutique, il faudra compter avec ces deux nouveaux poids lourds. ■

[email protected]

Anouk Déqué, nouvelle présidente de Femmes chefs d’entreprise « J’ai fait cinq ans de droit et le reste de travers », plaisante Anouk Déqué pour résumer sa carrière. La nouvelle présidente de l’association Femmes chefs d’entreprise (FCE) dirige une agence de communication à son nom, qu’elle a créée il y a trente ans, dans la foulée de ses études de droit. Une bifurcation qu’elle attribue, à l’image du reste de son parcours, à des rencontres. Pendant son cursus à l’université de Toulouse, Anouk Déqué n’en doutait pas, elle deviendrait une redoutable avocate en droit des affaires. Parallèlement à son stage dans un cabinet, cette « grande amatrice de bouquins » a imaginé un prix littéraire décerné par les étudiants de la faculté. « Il s’agissait d’une initiative inédite et cela a pris de l’ampleur, m’inculquant au passage les relations presse », raconte-t-elle. Le projet a été couronné de succès et la société Maxilivres l’a appelée, en quête d’une idée originale pour l’inauguration de son magasin dans la Ville rose. Elle a rétorqué que cela n’était pas son métier. Sa curiosité l’a cependant poussée à accepter le rendez-vous, puis la proposition. Elle a créé un concours destiné aux jeunes écrivains, avec à la clé, la publication de leur ouvrage. Le dirigeant de Maxilivres lui a

affirmé qu’elle avait la « communication dans la peau ». Elle a abandonné son stage de fin d’études et trouvé un local dans l’immeuble voisin. Mais c’est chez son ancien employeur qu’elle allait chercher le café qu’elle offrait pour ses rendez-vous d’affaires. Au fil des appels d’offres, sa clientèle s’est étoffée, Anouk Déqué emploie aujourd’hui huit personnes.

Partage d’expérience Dans les années 2000, une amie l’a invitée à intégrer le bureau de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) pour la Haute-Garonne. Elle est élue à la Chambre de commerce et d’industrie Occitanie, avant d’en devenir vice-présidente en 2016. Sollicitée pour rejoindre le réseau FCE de Haute-Garonne, elle est désignée présidente à l’unanimité en janvier 2020. Elle a multiplié par six le nombre d’adhérentes, soit 150 en 2022. Un exploit qui a attiré l’attention du bureau national où elle a rapidement gravi les échelons, une ascension consacrée par plus de 98 % des voix au scrutin pour la présidence. « Je tiens aujourd’hui à favoriser l’entraide, permettre à ces entrepreneuses de se connecter pour partager leur expérience et oser », martèle-t-elle. Maud Kenigswald [email protected]

â Sophie de Nadaillac Lazard Frères Gestion Directrice de la gestion privée de ­Lazard Frères Gestion, Sophie de Nadaillac élargit son périmètre à l’occasion de l’unification du département avec celui de la gestion institutionnelle. Elle animera ainsi les deux équipes.

â Xavier Larnaudie-Eiffel Bancassureurs Le groupement français des Bancassureurs, association qui représente les intérêts des filiales d’assurances des groupes bancaires, ­ désigne Xavier Larnaudie-Eiffel (ancien directeur général adjoint de CNP Assurances) comme délégué général adjoint.

â Alexandre Brennan Fillmed Alexandre Brennan est nommé PDG des laboratoires Fillmed de médecine esthétique.

â Marc Landré Sia Partners Ancien journaliste du Figaro, Marc Landré ­rejoint le cabinet de conseil en management Sia Partners en tant que directeur associé. M. K.

A

13,4

keren lentschner £@Klentschner

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

26 Entreprises

Les garagistes dans le brouillard face à la révolution électrique Les ateliers de mécanique ne désemplissent pas. Mais les voitures électriques tombent nettement moins en panne. (dont certains ont repris l’affaire familiale), préfèrent ne pas penser à la transition qu’il va falloir organiser . « On vit au jour le jour », résume Pascal Brethomé qui représente la profession, lui-même garagiste en Pays de la Loire. « Beaucoup de mécaniciens réparateurs automobiles (MRA) ne veulent pas croire qu’en 2035, il n’y aura plus de vente de véhicules thermiques neufs. Cela leur fait peur », ajoute-t-il. Il est vrai que sur près de 40 millions de voitures et 7 millions de camionnettes en circulation en France, les purs électriques sont encore « epsilonnesques ». Elles représentent environ 2 % du parc. Mais leur part progresse. En 2022, sur 1,87 million de véhicules particuliers neufs vendus, 13 % (soit 203 121 unités) fonctionnaient uniquement avec une batterie électrique, 30 % étaient hybrides, 37,2 % étaient à essence, 15,6 % carburaient au diesel.

valérie collet £@V_Collet

automobile Le moral pourrait être au beau fixe dans les garages indépendants. Les ateliers sont remplis de véhicules à réparer. Révision classique, freins, climatisation… Les mécaniciens, réparateurs et carrossiers ne savent plus où donner de la tête. Beaucoup peinent à recruter pour faire face à la demande. Mais l’impossibilité de se projeter dans l’avenir assombrit leur optimisme : que se passera-t-il demain quand les véhicules électriques ventes de ­ domineront le marché ? « Nous sommes douze et bientôt treize », déclare fièrement Paolo Monteiro, 40 ans, qui a créé Diag Auto Services, un garage installé sur les hauteurs de VilleneuveSaint-Georges (Val-de-Marne) à Crosne. Son affaire tourne comme un moteur bien huilé. « Dix à quinze véhicules entrent par jour avec des réparations faites en une journée ou deux», raconte le passionné de mécanique. Les voitures, plutôt haut de gamme, sont alignées devant l’entrée. Des BMW, des Peugeot, et même des Porsche. À l’intérieur, les mécaniciens s’affairent sur les six ponts que compte l’atelier. Le garage s’est d’abord spécialisé dans le diagnostic automobile. Paolo Monteiro a investi dans tous les outils, y compris les plus sophistiqués, pour mesurer et analyser les émissions des différents gaz, recalibrer les capteurs d’aides à la conduite après un choc… Bien qu’il appartienne à la jeune génération des patrons de garage mécaniques, il évoque « les belles années du diesel ». « C’était l’explosion du parc automobile avec l’arrivée d’une deuxième voiture dans les familles », rappelle-t-il comme un vétéran. Comme lui, la plupart des petits entrepreneurs

Les véhicules thermiques représentent toujours la très grande majorité des 40 millions de voitures en circulation en France. NVB Stocker/ stock.adobe.com

«

Aujourd’hui, nous sommes des mécaniciens. Nous allons devoir devenir des électromécaniciens. Il faudra former les employés. Mais actuellement, il n’existe pas vraiment de formation, hormis l’habilitation électrique

Vieillissement du parc Un autre facteur entretient l’illusion du statu quo : les automobilistes font durer leur vieille voiture de plus en plus longtemps. D’abord parce qu’un grand nombre n’a pas les moyens d’acheter du neuf, et encore moins de l’électrique. Ensuite, ceux qui pourraient se le permettre ne savent pas vers quelle motorisation alternative se tourner : hybride ? hybride rechargeable ? L’ins­ tauration de zones à faibles émissions (ZFE) dans de nombreuses agglomérations, qui excluent les voi­ ­ tures à essence les plus anciennes et les diesels, n’inverse pas la tendance. Résultat, malgré la prime à la conversion, le parc français vieillit. Il compte 9,5 millions de voitures de plus de 15 ans, dont 3,8 millions de plus de vingt ans ! Les mécaniciens et les réparateurs

»

Pascal Brethomé, garagiste en pays de loire

doivent les maintenir en état de marche et accomplir des miracles mécaniques. Ce qui fait leurs affaires.« Nous savons qu’il y a encore pas mal de bonnes années avec les moteurs thermiques, se rassure le patron de Diag Auto Services. Nous ne sommes pas en première ­ligne. Nous aurons le temps. » En effet, même après 2035, un grand nombre de voitures à essence vont continuer à rouler et à passer quelques heures sous les mains des ­garagistes. Reste que la révolution de l’électrique va inévitablement percuter les garages tôt ou tard. Et la préparer, c’est soulever des questions sans avoir nécessairement de réponse. « Aujourd’hui, nous sommes des mécaniciens. Nous allons devoir devenir des électromécaniciens, reconnaît Pascal Brethomé. Il faudra former les employés. Mais actuel­lement, il n’existe pas vraiment de formation, hormis l’habilitation électrique. » Ce label autorise simplement un employé à toucher à un véhicule doté d’une batterie électrique en prenant toutes les mesures de sécurité. Il n’existe pas non plus de normes qui permettent aux mécaniciens d’intervenir. « C’est l’anarchie sur les véhicules électriques. Il n’y a aucune norme de fabrication, aucun standard. On ne parvient pas à sourcer les pannes. C’est notre inquiétude », explique Pascal Brethomé. La sécurité peut être en jeu. Aujourd’hui, les mé­canos sont démunis lorsqu’un client leur apporte un véhicule à batterie en panne. « S’il s’agit de changer des cellules de batterie, nous refusons de prendre le véhicule, même une Zoe, un modèle qui existe depuis dix ans ! La cellule déséquilibrée peut prendre feu, y compris pendant le stationnement dans notre atelier », souligne Paolo Monteiro. Les pannes sont surtout peu nombreuses sur les voitures électriques. « C’est simple, des inter-

la séance du mardi 10 janvier

LE CAC

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 141,7 AIRBUS .............................................. 115,1 ALSTOM ..............................................24,75 ARCELORMITTAL SA ........................... 27,205 AXA .............................................. 27,45 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 58,35 BOUYGUES .............................................. 30,46 CAPGEMINI .............................................. 163,6 CARREFOUR .............................................. 16,825 CREDIT AGRICOLE ...........................10,476 DANONE ..............................................49,49 DASSAULT SYSTEMES ........................... 34,39 ENGIE .............................................. 13,156 ESSILORLUXOTTICA ........................... 172,65 EUROFINS SCIENT. ...........................66,62 HERMES INTL ........................... 1606,5 KERING ..............................................524,3 L'OREAL .............................................. 364,35 LEGRAND ..............................................79,36 LVMH .............................................. 756,3

%VAR.

-0,59 -2,04 +0,49 -0,33 +0,16 -1,14 +0,26 -1,92 +0,63 -0,48 +0,72 -1,7 -0,06 -1,82 -3,64 -0,28 -0,42 -0,41 -1,81 -0,43

A

LES DEVISES

+HAUTJOUR

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

0,11 0,148 0,268 0,255 0,099 0,208 0,287 0,164 0,188 0,201 0,183 0,113 0,269 0,124 0,235 0,059 0,153 0,045 0,164 0,065

+7,02 +3,68 +8,46 +10,7 +5,35 +9,58 +8,63 +4,91 +7,58 +6,56 +0,53 +2,67 -1,73 +2,04 -0,66 +11,18 +10,26 +9,22 +6,07 +11,24

1 EURO=

1,5616 1,4382 0,8833 8,374 141,92 0,9908 1,0723 3,3664 11,103 20,1356 29,6768 7,2732 87,703 147,1004

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

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VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

Diversifier l’activité Pour pouvoir continuer à vivre correctement, le garagiste du futur ne sera certainement plus uniquement dédié à la voiture. Certains ont commencé à explorer de nouvelles pistes et imaginent vendre et réparer toute sorte d’engins, des vélos électriques aux trottinettes, en passant par les vélos cargos… D’autres misent sur leur valeur ajoutée. Cécile Malardier a pris la succession de son père carrossier tôlier formeur, qui avait ouvert à Clichy un garage il y a 60 ans. Cette spécialité est toujours d’actualité. «Qu’elles soient à essence, hybrides ou électriques, il faudra toujours réparer la carrosserie des voitures quand elles ont eu un accident», ­observe-t-elle. Son garage est aussi connu pour la restauration de voitures anciennes et l’entretien des belles autos de chauffeurs de grande remise. Avant les effets de la grande révolution, ces garagistes s’alarment déjà de leur capacité à s’approvisionner en pièces détachées. Les constructeurs pourraient assécher ce marché, dès lors que les faibles volumes de pièces mécaniques ne leur rapporteraient plus assez d’argent. L’enjeu n’est pas mince car les garages, indépendants ou liés à des constructeurs, emploient 32 000 personnes. ■

La valeur du jour JOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

143,2 141,3 117,16 114,08 24,78 24,23 27,275 26,57 27,53 27,29 58,74 58,08 30,51 30,21 166,65 163,6 16,99 16,7 10,556 10,404 49,63 49,08 34,85 34,36 13,22 13,054 173,95 170,15 68,74 66,62 1611,5 1580,5 526,2 516,6 367 361,75 80,58 79,1 758,4 747,2

ventions sur des véhicules électriques, il n’y en a pas, constate Paolo Monteiro. Chez Tesla la première révision se fait à 80 000 km ! On nous dit qu’à terme, il devrait y avoir 50 % d’intervention en moins sur les véhicules électriques. Je crois que ce sera moins que cela. Nous allons changer de métier. » Alors que sur un véhicule équipé d’un moteur à combustion, la réparation consiste notamment à changer des pièces de mécanique, il faudra plutôt changer des sous ensembles sur les véhicules électriques.

MICHELIN .............................................. 28,71 ORANGE ..............................................9,892 PERNOD RICARD ...........................187,5 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 61,36 RENAULT .............................................. 36,365 SAFRAN ..............................................121,84 SAINT GOBAIN ........................... 51,72 SANOFI ..............................................90,07 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 144,28 SOCIETE GENERALE ........................... 24,55 STELLANTIS NV ........................... 14,664 STMICROELECTRONICS ..................... 37,12 TELEPERFORMANCE ........................... 236,1 THALES ..............................................115,6 TOTALENERGIES ...........................58,41 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 52,88 VEOLIA ENVIRON. ........................... 26,47 VINCI .............................................. 99,4 VIVENDI SE ........................... 9,412 WORLDLINE .............................................. 40,12

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-1,8 +0,06 -0,19 -0,52 +2,18 -0,25 -2,4 -0,41 -0,37 -2,07 +0,76 -0,42 -0,8 +0,87 +0,15 -2,69 -1,23 -0,35 -0,68 +1,96

VEILLE

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29,235 9,913 188,9 61,64 36,975 122,84 52,83 91,32 145,38 24,97 14,734 37,25 238,7 116,2 58,72 54,54 26,81 99,84 9,508 40,12

28,65 9,854 186,45 60,82 35,53 120,64 51,57 89,83 143,32 24,345 14,502 36,685 233,7 113,1 57,82 52,71 26,34 99,01 9,354 38,9

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Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 56 146€ 5 615€ Lingot 100g ................................. Lingot 50g ................................. 2 808,5€ 1 746,27€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 562,5€ 140,38€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................326,95€ 20Fr SUISSE ................................. 326,95€ SOUVERAIN ................................. 408,75€ KRUGGERAND ................................. 1 734,7€ 50 PESOS ................................. 2 105,78€ 10 DOLLARS ................................. 844,44€ 20 DOLLARS ................................. 1 689,39€

+2,42 % -3,04 % -4,31 % -4,58 % -5,95 % -12,81 % -4,69 % -3,57 % -4,06 % -7,14 % -3,49 % -5,65 % -5,52 %

%CAP.ECH

0,218 0,214 0,116 0,198 0,512 0,12 0,245 0,134 0,146 0,466 0,101 0,231 0,299 0,171 0,163 0,447 0,235 0,127 0,183 0,247

en bref Accord entre la sécu et les laboratoires £ Les laboratoires privés d’analyses médicales et l’Assurance-maladie ont signé mardi un accord prévoyant des économies en 2023, mettant fin à trois mois de bras de fer émaillés de plusieurs grèves. Le texte prévoit une baisse de tarifs à hauteur de 250 millions d’euros, répartis sur l’ensemble des examens de biologie médicale.

Air France-KLM : succès d’une émission verte £ Air France-KLM s’est félicité du succès de sa première émission obligataire liée au développement durable pour 1 milliard d’euros, devant servir à rembourser une partie d’un prêt garanti par l’État en 2020. Sur 4 milliards d’euros consentis au printemps 2020, il restait 2,5 milliards à rembourser.

michelin fait rouler ses pneus sans air £ Les pneus sans air de Michelin sont désormais testés en conditions réelles sur des camionnettes de livraison de DHL à Singapour. Michelin, comme ses concurrents, considère que le pneumatique pourrait être révolutionné à moyen terme par les pneus sans air, increvables et sans entretien.

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» Plus de trente chefs d’État attendus à Davos la semaine prochaine » Que va devenir le moulin confisqué des Balkany ? www.lefigaro.fr/economie

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Somfy en bonne voie pour quitter la Bourse de Paris CLÔTURE DU CAC 40

- 0,55 % à 6 869,14 points

Sa sortie de la cote mettra fin à une histoire boursière de près de 40 ans. Somfy s’apprête à être retiré de la Bourse. La famille Despature, principal actionnaire du leader mondial de l’automatisation des ouvertures et des fermetures de la maison et du bâtiment, a lancé le 22 décembre une OPA sur les 20 % de titres qu’elle ne détenait pas. L’offre publique de rachat à 143 euros par action prendra fin le 12 janvier. Le 6 janvier, le concert formé par la famille Despature détenait au total 85,03 % du capital et 90,55 % des droits de vote de Somfy, a indiqué lundi soir le groupe. « Le fait que le flottant représente moins de 15 % du capital devrait emporter la sortie prochaine de l’action Somfy de certains indices boursiers auxquels appartient actuellement Somfy », a-t-il précisé. Si le seuil fatidique des 90 % du capital et des droits de vote est atteint à l’issue de l’opération, la fa-

mille Despature prévoit la mise en œuvre d’une procédure de retrait obligatoire. Créé en 1969, Somfy (Société d’outillage et de mécanique de Faucigny) a été racheté en 1984 par la famille Despature, vieille famille de l’industrie textile de Roubaix héritière de la société textile Damart. Le titre était coté à Paris depuis 1984, d’abord sous le nom de Damart, puis, à partir de 2002 et à la suite de la scission entre Damartex et Somfy, sous sa dénomination actuelle. Pourquoi quitter la Bourse ? En novembre, dans le prospectus transmis à l’Autorité des marchés financiers (AMF), les propriétaires de l’entre­prise ont expliqué que Somfy n’a « pas fait appel au marché depuis 2002 » et qu’elle a « largement autofinancé son développement ». À Paris, les sorties de cote se multiplient : en 2022, 32 entreprises ont quitté la Bourse et d’autres s’y préparent activement. ■

le figaro

médias et tech

mercredi 11 janvier 2023

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Fayard parie gros sur le prince Harry Pour la sortie, mardi, de la biographie explosive « Le Suppléant », la maison d’Hachette Livre annonce un premier tirage de 210 000 exemplaires.

Édition La vengeance du prince Harry fascinera-t-elle autant la France que nos voisins anglosaxons ? C’est en tout cas le pari qu’ont fait les Éditions Fayard qui se sont arrogé les droits hexagonaux pour ses Mémoires Le Suppléant. À l’occasion de la sortie de cette autobiographie explosive mardi, le fleuron d’Hachette Livre a vu les choses en grand, avec 210 000 exemplaires imprimés pour le premier tirage. Avec une mise en place de 150 000 livres. « L’enjeu économique est colossal pour la maison, qui travaille jour et nuit depuis quatre mois à cette sortie », commente Isabelle Saporta, PDG de Fayard. C’est sa prédécesseur, Nathalie Jouven, qui avait assuré l’intérim à la tête de la maison après le départ de Sophie de Closets en mars 2022, qui avait négocié les droits auprès du géant de l’édition Penguin Random House (filiale du groupe Bertelsmann), lors de grandes enchères internationales. Annoncé il y a près de deux ans comme un règlement de comptes, cet ouvrage, vendu 26,50 euros, débarque ainsi sur les étals des librairies du pays. Il dévoile les coulisses du départ fracassant d’Harry et de son épouse Meghan Markle du Royaume-Uni en 2020. Bien loin de la stratégie du silence observée par la famille royale face à chaque controverse, le duc de Sussex y raconte les tensions avec son frère William, son père le roi Charles III et sa belle-mère Camilla. Il se confie, par ailleurs, sur certains des épisodes les plus intimes de sa vie, comme la perte de sa virginité ou sa relation avec la cocaïne. Au-delà des extraits diffusés à la presse internationale et des interviews événements accordées par le prince Harry ces derniers jours à la télévision, quelques extraits du livre ont fuité dans les médias après avoir été mis en vente par erreur en Es-

pagne, durant plusieurs heures, cinq jours avant sa sortie. À travers le monde, l’ouvrage a été édité dans seize langues. Comme pour la publication des Mémoires de l’ancien président américain, Barack Obama (également chez Fayard), la poignée d’éditeurs et de traducteurs qui ont travaillé sur le manuscrit dans l’Hexagone étaient tenus à une confidentialité absolue. « Légalement, très peu de gens ont eu le droit de lire le texte », explique Isabelle Saporta. Pour mettre sur le marché ces dizaines de milliers d’exemplaires, la maison avait dû anticiper l’achat de volumes colossaux de papier, dans un contexte où les coûts de cette matière première ne cessent de flamber. « C’est avec ce type de lancement retentissant que l’on est content de faire partie d’un grand groupe comme Hachette. Avec des équipes de distribution et de diffusion capables d’anticiper et d’assurer les commandes, dans la plus grande discrétion », se réjouit Isabelle Saporta.

Mise en place des premiers exemplaires des Mémoires du prince Harry à la librairie Waterstones Picadilly, à Londres, le 10 janvier. PA Photos/ABACA

Une stratégie à 360 degrés Le livre, qui défraie la chronique politico-people dans le monde entier, pourrait-il subir un effet de saturation des citoyens face à l’omniprésence de Harry ? Le prince est partout ces dernières semaines, entre son documentaire hagiographique commandé par Netflix, et ses nombreuses interviews en Angleterre et aux États-Unis… Isabelle Saporta se dit, elle, très optimiste quant au succès de l’ouvrage. Sur Amazon, Le Suppléant était déjà en tête des ventes avant même sa parution. Du géant de l’e-commerce à la Fnac, les premières précommandes en ligne dépassaient les 20 000 exemplaires. Outre-manche, les Britanniques se sont rués sur les Mémoires en ce premier jour de vente pour « se faire leur propre idée ». « Il est très intéressant de voir la méthode des Américains, qui ont une stratégie à

360 degrés autour de l’ouvrage, avec un documentaire, des interviews associées… Cette culture anglo-saxonne devrait nous inspirer, analyse Isabelle Saporta. C’est d’ailleurs ce à quoi nous allons nous atteler dans les mois qui viennent afin d’imposer nous aussi, avec autant de puissance, les auteurs

Français, sur les scènes hexagonale et internationale. » Le succès du Suppléant est aujourd’hui primordial pour les Éditions Fayard, dans un contexte où la maison a vu ses auteurs de best-sellers s’envoler vers d’autres horizons, depuis que Vivendi a lancé son offre publique d’achat (OPA)

À la télé, ses interviews ne font pas des étincelles

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» Lire aussi

Ce devait être un vrai coup médiatique. Au final, les interviews du prince Harry pour promouvoir et défendre son livre, depuis la Californie, où il s’est exilé avec son épouse Meghan, n’ont pas vraiment fait recette à la télévision en France. TF1 et M6 se sont toutes les deux positionnées pour en acquérir les droits. M6 a mis la main sur l’interview accordée à Anderson Cooper sur la chaîne américaine CBS. La séquence a été diffusée lundi lors d’une édition spéciale du « 19.45 » présentée

par Xavier de Moulins. Malgré le battage médiatique, elle n’a attiré que 3 millions de Français, soit 14,4 % du public à cette heure. À titre de comparaison, cela représente seulement 160 000 téléspectateurs de plus que le « 19.45 » du lundi 2 janvier. La Une a de son côté retransmis l’entretien britannique du prince Harry accordé à la chaîne ITV. Outre-Manche, l’émission menée par Tom Bradby n’a pas dépassé les 4,1 millions de téléspectateurs en moyenne dimanche soir. Il faut dire que, selon un sondage YouGov, 64 % des Britanniques

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Innovation L’utilisation de la chaleur dégagée par les centres de stockage de données pour chauffer d’autres équipements fait partie des vieux rêves des acteurs du cloud. Avec Qarnot, il est devenu une réalité. La start-up française vient de boucler un tour de table de 35 millions d’euros auprès de Société générale, Demeter, l’Ademe et la Banque des territoires. Dans le détail, ce financement est constitué pour un tiers d’apport en capital et de deux tiers de dette. Il est destiné à financer la cinquantaine d’embauches dont la startup a besoin pour continuer à se ­développer et à déployer de nouvelles infrastructures en France et dans les pays scandinaves, nota­mment en Finlande, très en pointe dans le domaine des énergies ­renouvelables. Qarnot a mis au point un système destiné à récupérer la chaleur dégagée par les serveurs informatiques et à la valoriser. Pour optimiser l’utilisation de cette chaleur, dite « fatale », Qarnot fait le pari de placer ses data centers au sein de bâtiments ou d’infrastructures susceptibles d’utiliser cette chaleur. Les serveurs sont installés au

95 %

de la chaleur émise est récupérée par le système QBX pour être injectée dans des sites directement consommateurs

« Nous changeons l’équation économique et écologique des data centers. Notre solution permet de diviser par deux la facture énergétique et par quatre l’empreinte carbone de nos clients », résume Paul Benoît, PDG et cofondateur de Qarnot. Le gain est à la fois énergétique et immobilier : nul besoin d’aménager de nouveaux bâtiments quand les équipements de Qarnot peuvent s’installer dans des structures existantes. L’approche déployée par Qarnot est une prouesse technologique. Sur le papier, elle est relativement simple. Au lieu de refroidir les serveurs avec une climatisation, elle-

Caroline Sallé

page 19

La start-up française s’est imposée en spécialiste de l’exploitation de la chaleur « fatale » informatique, permettant de réduire la facture écologique et économique de ses clients. cœur de piscines, de sites industriels ou de réseaux de chaleur pour l’agroalimentaire, par exemple. Sachant que les sites sur lesquels les serveurs sont positionnés ne sont pas ceux des clients qui utilisent les capacités de calcul.

ont une image négative de Harry. Chez nous, programmée lundi à 23 h 10, elle a été suivie par 1,2 million de téléspectateurs sur TF1. À cette heure-là, la chaîne était leader… avec 16,2 % du public. Difficile, à ce niveau, de parler de succès. Seul diffuseur à avoir tiré son épingle du jeu, Netflix. La plateforme, qui est en contrat avec les Sussex, a lancé son documentaire Harry & Meghan mi-décembre. Ce dernier a cumulé plus de 241 millions d’heures de visionnage.

« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais

Qarnot lève 35 millions d’euros pour ses data centers capables de chauffer des piscines Elsa Bembaron £@elsabembaron

sur Lagardère. Hachette, qui devrait ainsi bientôt tomber dans les mains de la famille Bolloré, a perdu la romancière la plus lue du pays, Virginie Grimaldi, Jacques Attali, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ou encore Victor Castanet, auteur de l’enquête Les Fossoyeurs. ■

même gourmande en électricité, Qarnot a mis au point un système qui permet de capter la chaleur résiduelle de ces équipements informatiques tout en les refroidissant. « Nous récupérons 95 % de la chaleur émise pour l’injecter dans des

Le centre de calcul de Qarnot utilisé pour chauffer la piscine de Kankaanpää, en Finlande. Qarnot

sites directement consommateurs », explique Paul Benoît. Le système, baptisé QBX, fournit une température constante de 60 degrés « très valorisable ». Cela correspond au besoin de base des installations. Pour les pics, d’autres moyens de chauffe sont utilisés.

Souveraineté numérique « Nous fournissons une faible partie de la puissance, mais une grosse partie de la consommation de chaleur de nos utilisateurs, parce qu’elle est constante tout au long de l’année », précise Paul Benoît. Le système permet de « diviser par deux la facture énergétique des clients ». Le gain réalisé est partagé entre l’utilisateur des data centers et Qarnot. La start-up compte bien profiter du contexte actuel de tension énergétique pour pousser ses solutions auprès d’un plus grand nombre d’utilisateurs. Outre la réduction - ou du moins l’optimisation - de l’empreinte écologique des data centers, Qarnot répond à un autre sujet phare du moment : la souveraineté numérique. « Nous construisons un acteur national du cloud », rappelle Paul Benoît. Son groupe est déjà certifié comme hébergeur de données de santé (HDS) et s’oriente vers une certification SecNumCloud. ■

en bref À l’export, le cinéma français toujours convalescent

£ À l’export, le cinéma français ne s’est toujours pas remis de la pandémie. Avec 27 millions d’entrées totalisées à l’international en 2022, il a généré 167,4 millions d’euros de recettes en salle. Un boxoffice en progression de 51,8 % par rapport à 2021. Mais néanmoins très loin des 56 millions de spectateurs atteints en moyenne sur la décennie.

Microsoft pourrait investir 10 milliards dans openai

£ Déjà investisseur à hauteur de 1 milliard de dollars dans le spécialiste de l’intelligence artificielle générative (ChatGPT), Microsoft pourrait multiplier par dix cette somme selon le média Semafor. OpenAI devra rembourser ces 10 milliards à Microsoft en lui renversant 75 % de ses bénéfices. Une fois ce cap atteint, Microsoft possédera 49 % de l’entreprise.

Arrêt des chaînes Warner chez Canal+

£ Faute d’avoir trouvé un accord avec Canal+, les chaînes payantes du groupe Warner Bros. Discovery (Cartoon Network, Boomerang, Boing, Warner TV, Toonami, TCM Cinéma et CNN) ne sont plus distribuées par la filiale de Vivendi.

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CLAUDIA COHEN £@ClaudiaECohen

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Voyage

Venise, Thaïlande, Pays-Bas, Écosse… ces destinations qui multiplient cette année les taxes touristiques Page 34

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Maroquinerie

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Le sac croissant ou la recette du succès Page 33

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« L’immensita » Secret de famille

Le réalisateur italien Emanuele Crialese évoque son enfance romaine dans une fresque émouvante portée par Penélope Cruz. PAGE 30

les vertiges de l’amour selon Johanny bert Nos figures de la rentrée le metteur en scène de théâtre interroge le sentiment amoureux avec des marionnettes.

Ariane Bavelier £@arianebavelier

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l revient de l’Opéra du Rhin où il a mis en scène La Flûte enchantée. Il sera bientôt aux Abbesses pour présenter sa Nouvelle ronde, inspirée de Schnitzler. Et, en mai, Johanny Bert reprend, au Théâtre de l’Atelier, le très salace Hen pour un mois. Dans chacun de ces spectacles, des marionnettes se glissent dans la représentation. Un Sarastro de 2,30 m de haut et un couple de marionnettes à fils pour l’opéra de Mozart, des figures manipulées comme au bunraku pour La Nouvelle Ronde. « Mais ce ne sont pas du tout des spectacles pour enfant. Les marionnettes permettent une forme d’insolence joyeuse et d’ironie complètement libre, précise Bert. Je fais du théâtre d’images. J’ai besoin d’un univers plastique pour raconter une histoire et la marionnette arrive souvent à cause de la dramaturgie. C’est un corps délégué, derrière lequel on se cache, qui permet d’échapper au réalisme. On peut tout accepter d’elle. On la confie à un interprète qui parle, manipule et assure un vrai rôle en scène. » Johanny Bert a 40 ans. C’est un autodidacte : « J’ai grandi au Puy-en-Velay dans une famille très aimante. J’étais un enfant qui avait besoin de s’exprimer parce que je ne comprenais pas le monde dans lequel je vivais. Je bricolais, je peignais, je préparais des objets et, avec tout ça, je racontais des histoires. » Brouillé avec l’école, Bert commence à faire du théâtre sans paroles en milieu rural et puis se lance : à 21 ans, il signe Les Pieds



dans les nuages, qui sera donné 480 fois en France et à l’étranger. Depuis, Johanny Bert parle d’amour. Sur des tons divers et variés. « La beauté de la chose, c’est qu’elle nous échappe et nous emmène dans des endroits qu’on n’aurait pas imaginés. Je fais des spectacles pour essayer de savoir. L’amour, c’est à la fois l’altérité et l’identité. Il y a quelque chose de très complexe et de très politique aujourd’hui sur cette question, qui touche à l’intime, au corps et au consentement », dit-il. Hen, meneur d’un cabaret déjanté, « n’est pas transgenre, encore moins travesti, mais un pantin, une chimère, libre et insolente qui peut être toutes les identités. » Pour sa Nouvelle ronde, il part de la structure de Schnitzler et choisit à son tour « les animaux sociaux » qui peuvent servir de protagonistes à cette interrogation sur ce qu’est l’amour aujourd’hui. Exit le soldat et la prostituée. « J’ai mené un long travail pour recueillir des témoignages : j’avais besoin de rencontrer des gens qui vivent des choses que je ne vis pas. J’ai interrogé des vieux couples pour savoir comment ils entretiennent le désir, et des jeunes de 20 ans qui cherchent à changer le monde, n’ont pas encore vécu et ne savent pas comment faire. Ensuite, nous avons écrit une fiction, attentifs à ces sensations qui ont fait basculer des vies. » L’an prochain, Bert travaillera sur Les Ailes du désir, le film de Wim Wenders adapté au lyrique pour l’Opéra de Rennes. Un autre vertige de l’amour. ■ « La Nouvelle Ronde » au Théâtre des Abbesses du 20 au 28 janvier.

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mercredi 11 janvier 2023 le figaro

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l'événement

Dans la Rome des années 1970, Clara (Penélope Cruz) élève ses trois enfants avec un courage de petit soldat. La fille aînée est un garçon manqué. À 12 ans, Adriana (Luana Giuliani) préfère qu’on l’appelle Andrea.

Angelo Tureta/Pathé Films

« L’immensita » Enfance romaine

Éric Neuhoff [email protected]

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e l’air. Elle étouffe. Son mari l’ennuie. Dans la Rome des années 1970, Clara élève ses trois enfants avec un courage de petit soldat. La fille aînée est un garçon manqué. On disait ça comme ça, à l’époque. À 12 ans, Adriana préfère qu’on l’appelle Andrea. L’adolescente mal dans une peau qui n’est pas la sienne pense venir d’une autre galaxie. Elle mange des hosties et espère un miracle - on soupçonne lequel. La mère de famille a un côté fantasque. Le moindre 45-tours la propulse dans une danse effrénée, à la grande joie de ses enfants. Cette femme brisée incarne une liberté dont elle est privée. En face de l’immeuble, il y a un champ de roseaux. Derrière se cache un campement de Gitans. Adri sympathise avec ces voisins étranges. Cela la change de son école de bonnes sœurs. Le père ne voit rien de ce qui arrive autour de lui. Évidemment, ce balourd de Felice refuse de divorcer. La tribu roule dans une DS décapotable bordeaux. Les

le réalisateur italien Emanuele Crialese met en scène ses souvenirs de jeunesse avec la distance idéale et la juste émotion. Et Penélope Cruz en état de grâce.

vacances se déroulent au bord de la mer. Grandir n’est jamais simple. Pour la gamine, cela se révèle un parcours du combattant. Son secret la dévore de l’intérieur. Sa différence saute aux yeux. On l’admet sans protester. L’émotion passe. On assiste à une suite de croquis justes et rapides.

Détails vrais C’est l’âge des parties de colinmaillard. Un dîner de réveillon crée la gêne. Le jeune frère fait caca dans le couloir de l’appartement garni de moquette. Les crises d’asthme surviennent au pire moment. Comment oublier cet après-midi où tout le monde était allé à une séance du Docteur Jivago ? Le film fourmille de détails vrais, d’événements qu’on croyait uniques. Les décors rappellent cette période où les couleurs étaient orangées, où les photos avaient du grain, où l’on collait son œil aux microscopes durant les cours de sciences naturelles. Un incendie, une panthère noire resteront gravés dans les mémoires. L’ambiance, le sujet évoquent assez Fais de beaux rêves, de Marco Bellocchio. Il y a de la gravité, un

soupçon de colère, un désenchantement diffus. Rien n’est saisi de trop près. Voilà la bonne distance. Le caractère autobiographique ne semble guère douteux. Penélope Cruz est en état de grâce. On ne la reconnaît plus. D’abord, elle parle italien. De telles métamorphoses sont rares et espagnoles. Dans ses robes Fiorucci, elle est menue, tonique, boudeuse, déchaînée. Il faut regarder comment elle imite Patty Pravo ou singe Adriano Celentano devant la télévision. Elle a la rage d’une Anna Magnani, le sourire de Sophia Loren, l’humour de Monica Vitti. C’est comme si elle envoyait valdinguer tout Almodovar. Le dépaysement lui a réussi. Elle mérite tous les prix. Qu’Emanuele Crialese en soit ici remercié. L’Immensita est un film qui chante. Il s’agit d’une chanson triste. ■

« L’Immensita » Drame d’Emanuele Crialese Avec Penélope Cruz, Vincenzo Amato,

Si j’ai choisi « Penélope Cruz,

c’est parce que j’avais besoin d’une comédienne capable d’incarner le rêve d’une mère idéale vue par les yeux d’un enfant. À cet âge-là, on voit sa maman comme quelqu’un de mystérieux et de très abordable en même temps

»

eMANUELE CRIALESE, réalisateur de L’immensita

Luana Giuliani, Patrizio Francioni

Durée 1 h 37 ■ L’avis du Figaro : ○○○¡

Penélope Cruz, joyau ibérique

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Olivier Delcroix £@Delcroixx

« Si j’ai choisi Penélope Cruz, confie Emanuele Crialese, le réalisateur italien de L’Immensità, c’est parce que j’avais besoin d’une comédienne capable d’incarner le rêve d’une mère idéale vue par les yeux d’un enfant. À cet âge-là, on voit sa maman comme quelqu’un de mystérieux et de très abordable en même temps. Une créature à la fois inatteignable et pourtant toute proche. Je voulais une actrice qui représente presque quelque chose de mythologique. Penélope me donnait tout cela. Elle a été une mère à la fois quotidienne et fantasmée, une maman “larger than life”. Pendant le tournage, je l’ai découverte plus différente et surprenante encore que je ne le croyais… Penélope amène avec elle un mystère, une façon de jouer qui s’adapte immédiatement au jeu de ses partenaires. » Le mystère Penélope Cruz n’est pas près d’être percé. Depuis trois décennies, la plus emblématique des interprètes espagnoles tisse la tapisserie d’une carrière sans accroc. Son secret ? Cette Madrilène enflammée sait tout jouer. De l’ingénue à la vamp, de la femme-enfant à la mère courage, sur grand écran, elle est tour à tour braqueuse dans Bandidas (2006), flibustière dans Pirate des Caraïbes 4 (2011) ou

réalisatrice mégalo déjantée dans Compétition officielle (2021). Depuis le début des années 1990, la muse de Pablo Almodovar s’est forgée une filmographie digne d’Emma Thompson ou de Meryl Streep. Non seulement elle a su transcender son aura sexy et glamour pour aborder tous les genres, mais elle a aussi réussi le tour de force de se réinventer à chaque nouveau réalisateur, de Bigas Luna à Woody Allen, en passant par Olivier Assayas, Ridley Scott ou Asghar Farhadi. Rien ne lui fait peur, des films d’auteurs européens aux blockbusters américains, du mélodrame au thriller en passant par le film d’horreur, ou la comédie burlesque.

Jeune idole nationale Née à Alcobendas, dans la communauté de Madrid, fille d’une coiffeuse et d’un concessionnaire automobile, depuis l’enfance, Penélope Cruz n’a pas froid aux yeux, c’est elle qui le dit. Elle grandit d’abord avec l’idée de se destiner à la danse classique. Très vite, la petite ballerine rêve de cinéma. À l’adolescence, elle découvre les films de Pedro Almodovar, « le Fellini ibérique ». C’est une révélation. À 17 ans, le chef de file de la Movida la trouve « trop jeune », mais promet de penser à elle. Dans En chair et en os, il lui donne le petit rôle de

la jeune prostituée enceinte qui accouche dans un autobus le jour où Franco décrète l’État d’exception. Cette apparition furtive mais marquante lui permet d’attirer l’œil du réalisateur Bigas Luna qui lui fait tourner Jambon jambon (1992). Le choc est grand. À 18 ans, Penélope Cruz est subitement promue jeune idole nationale. Dans le très sexy film de Bigas Luna, elle donne la réplique à Javier Bardem qui deviendra son mari bien plus tard, dans une autre vie, et le père de ses deux enfants. Son premier but sera d’éviter l’étiquette de la starlette bimbo. Déterminée, et ambitieuse, elle tourne quinze films en quatre ans, de La Belle Époque signé Fernando Trueba (Oscar du meilleur film étranger en 1994) aux films d’Alejandro Amenábar Les Autres et le thriller fantastique Ouvre les yeux (1997). Hollywood lui tend les bras. Elle s’installe à New York deux ans, apprend à maîtriser l’anglais et ancre son image d’égérie latine de la mode. Au début des années 2000, elle tourne Vanilla Sky (remake du film espagnol Ouvre les yeux) avec Tom Cruise, avec qui elle vivra une idylle discrète durant trois ans. Mais les productions hollywoodiennes qu’on lui propose ne lui permettent pas d’affirmer totalement son talent. La Madrilène revient en Espagne pour les beaux yeux de Pedro Almodovar qu’elle

considère comme son pygmalion. Almodovar lui offre en effet parmi ses plus beaux rôles à l’écran. Entre l’actrice et le cinéaste, l’alchimie est puissante, comme Rossellini avec Ingrid Bergman, Hitchcock et Grace Kelly ou Cassavetes et Gena Rowlands. Ils tourneront cinq films entre 1999 et 2021.

L’épouse d’Enzo Ferrari Entretemps, grâce à Woody Allen, et son rôle dans Vicky Cristina Barcelona, elle obtient en 2008 l’Oscar du meilleur second rôle. Actrice nomade et désormais star internationale, Penélope Cruz vient d’achever le tournage de Ferrari sous la direction de Michael Mann, un film où elle incarne Laura Ferrari, l’épouse d’Enzo Ferrari joué par Adam Driver. Depuis quelques années pourtant, elle a fait de sa vie privée une priorité. Le réalisateur de L’Immensita le confirme volontiers : « Penélope Cruz est très pointue sur le choix des films qu’elle fait, précise-t-il. Elle n’en tourne que deux à trois par an. Pourtant, lorsque je lui ai envoyé mon scénario, elle m’a très vite répondu. Elle était en tournage à Londres. Moi, j’étais en vacances. Nous devions être mi-août lorsque j’ai reçu un appel de son agent. Penélope avait lu mon scénario et voulait m’en parler. Je me suis précipité pour la

voir. Il avait été convenu d’un rendezvous d’une heure. Cela a duré quatre fois plus longtemps. Elle a été très généreuse, très curieuse. Elle m’a posé beaucoup de questions sur cette mère idéale. Nous étions déjà au travail ! » Aujourd’hui, à 48 ans, la maturité lui va comme un gant. Penélope Cruz a gagné en épaisseur dramatique. Plus que jamais, elle sait jouer la maternité, la famille, ou l’émancipation féminine. Sa sensualité chaleureuse à la Sophia Loren peut subitement se muer en froideur hitchcockienne. « J’étais conscient qu’en embarquant Penélope dans mon film, elle pourrait y donner toute sa mesure, se souvient Emanuele Crialese. Mais j’ai eu un choc lors du premier jour de tournage. À l’instinct, lors de la scène dans la cuisine, j’ai pris la caméra à l’épaule et j’ai commencé à la cadrer très près du visage avec une focale très courte. Généralement, les acteurs n’aiment pas ça. C’est là que je me suis rendu compte que j’avais deux personnes en face de moi ! Dès que je regardais à travers l’objectif de la caméra, m’apparaissait une Penélope Cruz différente de celle que je voyais en enlevant l’œil de la lentille. C’était incroyable. Et complètement spontané de sa part. C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit que nous allions tourner un film inoubliable… » ■

le figaro

Culture

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« L’Envol », Juliette et les hommes

Révélé par « Martin Eden », Pietro Marcello signe son deuxième long-métrage. Entre réalisme paysan et conte musical, il chante les beautés de l’amour filial.

mains, ces mains vont te rapporter de l’argent », lui dit Adeline. Là où Martin Eden, marin prolétaire aux ambitions littéraires et aux rêves d’ascension sociale, trahissait sa classe et les siens jusqu’à en mourir, Juliette refuse de quitter le village et de partir étudier. Au contraire, elle apprend le métier de son père et ce choix est moins sacrificiel qu’émancipateur. Quand Jean, un bel aviateur (Louis Garrel avec une moustache), s’écrase dans un champ, c’est elle qui aide le prince charmant tombé du ciel à reprendre son envol.

étienne Sorin [email protected]

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C’est une histoire qui appartient à tous les Sud du monde et je regarde toujours vers le Sud, car cela m’est familier

Pietro Marcello

à Naples, le cinéaste s’inspire cette fois librement des Voiles écarlates, roman de l’écrivain soviétique Alexandre Grine, pour signer L’Envol, présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. « C’est une histoire qui appartient à tous les Sud du monde et je regarde toujours vers le Sud, car cela m’est familier », dit le réalisateur natif de Caserte, près de Naples. Le Sud est moins un territoire, une géographie, qu’une culture liée à la paysannerie. L’Envol se situe dans le nord de la France, en Picardie. Il s’ouvre par des archives du jour de l’armistice dans la baie de Somme. Ces images alternent avec le retour de Joseph dans son village. Soldat rescapé de la Première Guerre mondiale, il n’est pas accueilli en héros. Il apprend que sa femme est morte de froid après

« the novice », née pour ramer

Lauren Hadaway met en scène une étudiante qui se VOUE à l’aviron. Un film puissant sur les mystères de l’obsession. constance jamet £@constancejamet

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ne de ces fulgurances dont le Festival du film américain de Deauville a le secret. Coup de tonnerre de l’édition 2021, The Novice sort enfin dans nos salles et offre un portrait vertigineux aux confins de l’obsession. Étudiante en première année d’université, Alex Dahl ne ­ connaît pas la demi-mesure. La jeune femme est capable de refaire une dizaine de fois le même partiel avant d’obtenir un sans-faute. Un perfectionisme qu’elle décide de mettre au service de l’équipe d’aviron de son établissement après avoir vu une petite annonce de recrutement. Commence un voyage masochiste, physique et psychologique j­ usqu’au cœur des ­ténèbres afin de ­surpasser ses camarades, plus rapides et aguerries. Repoussant les limites, Alex ne tarde pas à ­liguer ses coéquipières contre elle et à perdre pied avec la ­réalité. Ce portrait à la Black Swan, qui dit beaucoup des états d’âme et sacrifices des athlètes de haut niveau, est un concentré de mise en scène. Rame qui fend la surface de l’eau, halètement, chuintement du vent… la réalisatrice Lauren Hadaway, ex-ingénieur du son pour Damien Chazelle et Quentin ­Tarantino, signe pour son premier film un récit qui repose autant sur les bruissements, les silences que les mots, prononcés avec parcimonie. Chaque seconde de gagnée est un pas de plus vers la camisole de force au fur et à mesure qu’Alex oblitère le monde extérieur et les règles de la bienséance et de la sociabilité. Ce qui commençait comme un rite initiatique rampe vers l’horreur et le surréalisme. Les lacs, les bassins, les

forêts entourant ce campus d’architecture brutaliste nappé d’un épais brouillard deviennent oppressants. La caméra fixe les frêles embarcations et ses occupants voûtés. Alex est assaillie de visions de corbeaux et de crabes avec qui elle s’imagine partager des bains. Dans le rôle d’Alex, Isabelle ­Fuhrman force l’admiration. Pendant cinq semaines, la comédienne a pratiqué l’aviron dix heures par jour. Son épuisement à l’écran n’est jamais feint.

Dans L’Envol, Juliette Jouan chante avec le même naturel qu’elle joue la comédie. CG Cinéma

un viol. Le criminel, Fernand, vit libre et insouciant. Joseph découvre aussi qu’il est père d’une fille, Juliette, recueillie par Adeline (Noémie Lvovsky), fermière au grand cœur. Accusée d’être une sorcière par les villageois, elle vit à l’écart, avec un forgeron et sa famille, eux aussi marginaux et méprisés par les braves gens. Joseph se joint à cette petite communauté d’exclus, rumine sa vengeance, trouve un temps du travail à la menuiserie du coin. Il élève aussi sa fille et l’emmène quand il s’en va en ville vendre les jouets en bois qu’il fabrique. ­Raphaël Thiéry joue ce Gepetto de 1418. Son visage cabossé et beau comme l’antique, ses mains épaisses, ses doigts courts et habiles ne trichent pas. Marcello prend le temps de le montrer sculpter le bois. « Tu as de l’or dans les



L’inconnue Juliette Jouan, qui interprète Juliette à l’âge adulte, chante avec le même naturel qu’elle joue la comédie. En partie grâce à elle, L’Envol glisse délicatement du réalisme paysan au conte musical, porté par les musiques du grand compositeur Gabriel Yared (oscarisé pour Le Patient anglais). Marcello réussit un mélange gracieux de Jacques Demy et Julien Duvivier, ni passéiste ni anachronique. Une histoire du Sud et du Nord, de l’Ouest et de l’Est. Universelle. Au cœur d’un récit que l’on ne peut réduire bêtement à un manifeste féministe ou à une charge anti-patriarcat se niche la relation entre un père et sa fille. Une grande histoire d’amour filial. Un bel hommage aussi de Pietro Marcello, artisan du cinéma, à son père ébéniste. ■

« L’Envol » Drame de Pietro Marcello Avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel

Durée 1 h 40 ■ L’avis du Figaro : ○○○¡

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Culte de la performance Fan absolue de Portrait de la jeune fille en feu dont elle a recruté le compositeur, Lauren Hadaway s’interroge sur la nature obscure et inexplicable de nos ambitions, capables de laminer l’esprit. « Ce culte de la performance ne choque personne quand il est mis au service des arts : de la peinture, de la musique. Dans d’autres domaines, il intrigue car il est impossible de démêler ce qui relève de l’inné et de l’acquis dans cet entêtement », souligne la cinéaste qui s’est inspirée de sa propre trajectoire. Comme Alex, Lauren Hadaway s’est initiée à l’aviron dès ses premiers jours d’études supérieures. « Le défi me semblait intéressant, cela aurait pu marcher avec n’importe quelle autre discipline sportive. À la fin, je ne comprenais plus pourquoi je m’infligeais un tel rythme. Dès mon réveil, je rêvais de retrouver mon lit. J’ai ressenti la même adrénaline en démarrant l’écriture de ce projet », détaillait-elle. ■

« The Novice » Thriller de Lauren Hadaway Avec Isabelle Fuhrman, Amy Forsyth, Dilone, Jonathan Cherry

Durée 1 h 37 L’avis du Figaro : ○○◐¡



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orti en Italie juste après le Festival de Cannes, à un moment où les salles de cinéma étaient vides à cause du Covid, le très beau Nostalgia n’a pas eu le succès qu’il méritait dans son pays. Le bon démarrage du film de Mario Martone en France devrait mettre du baume au cœur de son auteur. De passage à Paris début décembre, Martone nous faisait part de son optimisme et de sa francophilie. « Le public est en train de revenir. Depuis un mois, la situation s’arrange, même si nous ne sommes pas encore revenus à la fréquentation d’avant le Covid. Il faut continuer à faire des films pour la salle. Je n’ai rien contre les plateformes mais la salle, c’est la salle. Un tableau a un cadre et se voit sur un mur. On peut le voir reproduit dans un livre mais l’émotion n’est pas la même. Je dois dire que venir en France réchauffe le cœur. L’amour du cinéma est unique dans votre pays. On le voit notamment au soin apporté à la projection en salle. La France est la patrie des cinéastes. » L’amour du cinéma en France ne se manifeste pas qu’à travers son public cinéphile. La plupart des films en lice pour l’Oscar du meilleur film international, de la palme d’or Sans filtre à La Conspiration du Caire, ont un coproducteur français. Cocorico. Le cinéma français est une terre d’accueil pour les cinéastes du monde entier. Et ce n’est pas un hasard si, pour son deuxième long-métrage de fiction, l’Italien Pietro Marcello a posé ses valises et sa caméra en France. Révélé en 2019 avec Martin Eden, transposition du roman de Jack London

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Les autres

films

The Jockers Films

■ « Les rascals » Drame de Jimmy Laporal-Trésor, 1 h 45.

La confrontation dans les années 1980 entre une bande de jeunes de banlieue au look rockabilly et des skinheads. Si le scénario s’égare à force de vouloir labourer tous les terrains (social, politique), ces Rascals ne manquent pas de style. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡

É. S.

Selon le palmarès Comscore, l’UGC Ciné Cité les Halles est le complexe le plus fréquenté du monde. Sa situation et sa programmation en font un lieu unique. C’est aussi là que, dès leur démarrage, s’évalue le succès des films.

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Programmations au pied levé Au cœur de la capitale, à deux pas de la plus grande gare souterraine d’Europe avec ses métros et RER qui relient toute l’Île-de-France, « sa localisation est clé », souligne Samuel Loiseau, directeur général des opérations d’UGC. Ce multiplexe est le seul des 2 000 cinémas en France à être ouvert de 9 heures du matin à minuit trente. Ses 27 salles sont un record en Europe. « Même sa programmation est à part », ajoute Didier Trevisan, analyste chez Comscore. Avatar est à l’affiche, mais sans monopoliser tous les écrans. 65 % des films sont classés art et essai. « Cela attire un public plus large. Contrairement aux multiplexes en périphérie, les œuvres étrangères y sont diffusées uniquement en VO », précise Didier Trevisan. « Notre rôle est d’éveiller la curiosité du spectateur », martèle Patrice Le Marchand, directeur du cinéma. Comme Bullet Train, Novembre et Elvis, restés entre 11 et 13 semaines à l’affiche, les films sont visibles longtemps. À cela s’ajoutent des programmations montées au pied levé en fonction de l’actualité comme « L’Iran d’aujourd’hui en 7 films ». La venue pleine d’émotion de l’actrice Zar Amir Ebrahimi, récompensée à Cannes, a marqué les esprits. Le lieu s’anime aussi avec 158 avant-premières soit trois tapis rouge par semaine. Cet été, le directeur y a « fait son ci-

L’UGC Ciné Cité Les Halles accueille 2,2 millions de spectateurs dans ses salles en sous-sol. VINCENT BOISOT/Le Figaro

néma ». À raison d’une séance par soir, il a projeté ses 21 films préférés, dont Barry Lyndon, Persona et La nuit nous appartient. « 4 500 spectateurs sont venus », souligne-t-il. À 54 ans, ce barbu chaleureux incarne le lieu. Les habitués le saluent par son prénom et lui offrent des chocolats à Noël. Plutôt qu’une usine à films, on découvre un village. Inauguré le 21 juin 1995, « cet UGC Ciné Cité symbolise la cinquième vague des cinémas parisiens après ceux des Grands Boulevards nés en 1905-1920, ceux des Champs-Élysées dans les années 1930, ceux du Quartier latin des sixties et ceux de Montparnasse après la construction de la tour en 1972 », raconte Thierry Béné, spécialiste de l’histoire des salles obscures (1). En 1979, les Halles deviennent l’un des tout premiers centres commerciaux de Paris. Le RER y a été créé deux ans plus tôt. Le lieu est moderne. Trois cinémas s’y installent, en dépit de l’arrivée des magnétoscopes et de Canal+. Il faudra attendre seize ans avant l’inauguration du Ciné Cité. « Le quartier n’était pourtant pas connu pour sa cinéphilie. Le Sébastopol a fini son existence en projetant du porno », poursuit Thierry Béné. Trente ans plus tôt, UGC est aussi né sous d’étonnants auspices. Sous l’Occupation, la société Continental, voulue par Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, « avait confisqué les cinémas dirigés par des Juifs », écrit Flora Lichaa dans Cinémas de Paris, chez CNRS Éditions. En 1946, le gouvernement français nationalise la Continental et crée l’Union générale cinématographique, soit UGC. Jusqu’à ce que Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Économie et des Finances, estime que l’État n’a pas vocation à posséder des cinémas, et les privatise. C’est là que deux entrepreneurs, Guy Verracchia et Alain Sussfeld entrent en jeu et dirigent le tout à partir de 1975.

Prendre le pouls du marché Truffe au sol, un chien vadrouille dans le hall. Un canidé dans un cinéma, ce n’est pas courant. C’est Tato, le staffie blanccamel d’Omar Sy. À l’affiche des Tirailleurs, l’acteur et producteur est venu assister à la toute première séance de son film. Entre deux selfies, il veut bien dire deux mots sur l’UGC Ciné Cité Les Halles. « Je n’y venais pas petit, j’habitais loin, dans une cité à Trappes. Le rituel de venir ici a commencé avec les sorties de mes films. À partir de Nos Jours Heureux, en 2006, je les ai tous présentés ici. Intouchables, Samba, Jurassic World… c’est dans ce cinéma que j’ai appris à les lâcher. » Du haut de son 1,90 m, il file rejoindre la cinquantaine de personnes du septième art qui se retrouve autour d’un café croissant. Laurent Grégoire, l’agent des stars, est là, tout comme Alain Attal, producteur de Guillaume Canet. Sur le coup de 9 h 30, le silence se fait. Entre les portraits de John Turturro et de Bernard Blier, Patrice Le Marchand annonce les entrées de la première séance. 58 pour Les Tirailleurs… « Champagne ! », interrompt Omar Sy, qui espérait justement une soixantaine d’entrées. Ce rituel qu’a la profession de se retrouver ici tous les mercredis est l’ultime spécificité de l’UGC Ciné Cité Les Halles. « Ce cinéma est le métronome du démarrage des films en France », explique la distributrice Laurence Gachet. « On vient même si on n’a pas de film pour prendre le pouls du marché, ajoute Jérémy Trequesser, au marketing d’Universal Pictures. Si un film de Spielberg ou de Nolan ne décolle pas ou si un Marvel ne dépasse pas les 100 entrées, c’est ennuyeux. À l’inverse, les scores des comédies populaires, des films d’animation et des films d’horreur ne permettent pas de dégager des tendances. Ces films ne se regardent pas à la première séance du matin. Et certains genres sont davantage plébiscités en région. » À la tête du site et du podcast Débrifilm, Aurélien et Max se précipitent pour photographier la feuille des entrées. C’est à qui la postera le premier sur les réseaux sociaux. Il existe même un hashtag #9hdesHalles. L’ultime consécration. ■ (1) salles-cinema.com

■ « de humani corporis fabrica »

Documentaire de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor, 1 h 58. Les Films du Losange

à Paris, le cinéma a son nombril du monde

Olivia Côte, coincée et divorcée, retrouve sa copine d’enfance, Laure Calamy, délurée et célibataire. Le duo dépareillé se chamaille en faisant le tour des Cyclades. Kristin Scott Thomas, en vieille hippie, plombe un peu plus le voyage, déjà pénible. C’est la première fois qu’on regrette É. S. des vacances en Grèce. ■ L’avis du Figaro : ○¡¡¡

Anatomie du corps humain à travers plusieurs opérations à l’hôpital, filmé de l’extérieur comme de l’intérieur. Entre une chirurgie de l’œil, la dissection d’un sein cancéreux et une césarienne, une expérience É. S. impressionnante. ■ L’avis du Figaro : ○○○¡ ■ « Les Cadors » Comédie dramatique de Julien Guetta, 1 h 25.

M.-C. Orlando/Nolita Cinéma

C’

est inattendu. Le cinéma faisant le plus d’entrées au monde ne se trouve pas Inde, en Chine ou à Dubaï, mais dans l’Hexagone. Encore plus étonnant, les Parisiens marchent au-dessus de ses salles sans s’en rendre compte. Le lieu tentaculaire et biscornu défie toute logique. On y accède, comme un spéléologue, en s’enfonçant dans les entrailles d’un centre commercial. L’entrée se trouve sur une voie piétonne souterraine baptisée « rue du Cinéma », face à une piscine olympique. Avec 2,22 millions de spectateurs, l’UGC Ciné Cité des Halles se hisse à la première place du palmarès 2023 de Comscore. « Les autres cinémas sur le podium sont l’AMC de Burbank à Los Angeles et le Showcase Bluewater, au sud-est de Londres », détaille Éric Marti, directeur général de Comscore France. Ce géant américain est une référence dans l’industrie du cinéma. Ses analystes récoltent les boxoffices dans le monde entier. Quentin Tarantino, James Gray, Paul Thomas Anderson et Hirokazu Koreeda seront contents. Quand ils se rendent à Paris, ces auteurs font toujours un saut dans ce cinéma pas comme les autres. Il les fascine. Ici, pas de fauteuils numérotés, pas de Dolby Atmos, pas de fauteuils 4DX qui bougent. Là où d’autres se déshumanisent, l’entreprise compte 85 salariés. L’UGC Ciné Cité Les Halles est on ne peut plus français. À l’heure où les Halles n’incarnent plus la modernité de ses débuts et où Pathé, Kinepolis et CGR imaginent le cinéma du XXIe siècle, UGC fait le pari que sa formule durera encore longtemps. Malgré les hauts et les bas des Halles, les spectateurs sont attachés à ce cinéma. Ils y ont toujours un film à voir.

Au début des années 1990, le duo crée les Ciné Cités, une nouvelle génération de multiplexes, avec fauteuils accoudoirs, grand écran, son et image dernier cri. Après un test à Lille, le concept arrive aux Halles où UGC a dégagé un large volume en rachetant ses concurrents et l’espace Jacques-Cousteau. La première semaine, 40 000 spectateurs se précipitent pour voir Sharon Stone dans Mort ou vif. Le cinéma contient l’un des premiers cybercafés de la capitale. « On payait pour un film et on avait accès à autre chose. Peu de foyers avaient internet », se rappelle Didier Trevisan. En 2000, UGC lance sa carte illimitée. L’UGC Ciné Cité dépasse les 3 millions d’entrées. Un record conservé jusqu’à la pandémie. Personne ne se doute que la fermeture sera de 300 jours. « Éteindre la lumière a été terrible, toute l’équipe a versé une larme », se souvient le directeur, dont le bureau est décoré d’une affiche de French Dispatch de Wes Anderson. « L’illustrateur est un ami de Cadaqués, où Wes Anderson aime aussi aller », glisse cet ancien étudiant en philo arrivé par hasard au cours d’un stage en 1998.

Jean-Paul Rouve est bouleversant de justesse dans le second film de Julien Guetta, comédie douceamère qui raconte l’indéfectible amitié entre deux frères sur les docks de Cherbourg. O. D. ■ L’avis du Figaro : ○○¡¡ ■ « Grand Marin » Drame de Dinara Drukarova, 1 h 24.

: Rezo Films

Lena Lutaud £@LenaLutaud

Memnto Distribution

■ « les cyclades » Comédie de Marc Fitoussi, 1 h 50.

Adapté du best-seller de Catherine Poulain, le premier film de et avec Dinara Drukarova prend le spectateur de plein fouet. Celle qui fit irruption dans le cinéma en 1990 avec Bouge pas, meurs, ressuscite (caméra d’or à Cannes) s’offre un rôle de « moineau » taiseux, Lili, femme au passé mystérieux qui débarque en Islande avec l’obsession de s’embarquer pour participer à une campagne de pêche sur un chalutier d’Alaska. Un film au caractère bien trempé qui séduit par sa sincérité et ses beaux élans de rude poésie. O. D. ■ L’avis du Figaro : ○○○¡

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Style

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Le croissant c’est le nouvel it-bag

Valérie Guédon [email protected]

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l était une fois le Baguette. Pas la spécialité française inscrite depuis peu au patrimoine immatériel de l’Unesco. Le premier des it-bags, celui qui a ouvert la voie à tous les autres, le pionnier que toutes les femmes ont désiré en même temps, de la jet-setteuse fortunée à l’adolescente sans le sou. C’est sa créatrice, Silvia Venturini Fendi, qui a donné son nom à cette pochette au fermoir double F sortie en 1997, se portant fièrement calée sous le bras comme… une baguette. Deux ans après, la Romaine filait la métaphore boulangère en lançant le Croissant, un petit sac à rabats rappelant le profil de la viennoiserie, qui connut un franc succès au début des années 2000. Vingt ans plus tard, cette forme en demi-lune a envahi les rayons maroquinerie. Depuis quelques mois, ces accessoires se vendent comme des petits pains, de la minibourse en nylon recyclé de Prada (réédition écoresponsable d’un modèle de 2000) au Fendigraphy à gros logo de Fendi et au Cagole de Balenciaga, la besace arquée vue sur Kim Kardashian dans la campagne publicitaire de l’hiver 2023. Chez Louis Vuitton, ­Nicolas Ghesquière s’est inspiré d’un sac d’archives, le Croissant (2002), pour son Loop en toile Monogram de la croisière 2022 (1 800 €, voir page 29). Également baptisé Croissant, celui créé en 2018 par la griffe indépendante Lemaire, qui s’enveloppe autour de la silhouette et alterne les portés à l’épaule, à la taille ou en travers du buste (990 €, voir page 29). « Nous n’aimons pas trop les sacs, alors nous nous sommes demandé comment en dessiner un pour qu’il s’oublie, comment

1. Le minisac à bandoulière rond en nylon Uniqlo, 14,90 €. 2. Le Sardine de Bottega Veneta en cuir nappa Intrecciato, 3 200 €. 3. Le Gig en cuir grain de By Far, 575 €. 4. Le Serpenti Ellipse en cuir lisse de Bulgari, 2 540 €. 5. Le Re-Edition 2005 en nylon de Prada, 1 450 €.

travailler des matières onctueuses qui épousent le corps et laissent les mains libres, disait dans nos colonnes à son sujet, Sarah-Linh Tran, directrice artistique de Lemaire. Celui-ci s’inspire des baluchons de baba cool, retravaillé en cuir nappa selon un assemblage de découpes surpiquées. » Des surpiqûres semblant évoquer les strates de la pâte feuilletée au beurre, jamais ordinaire. « De Prada à Lancaster, luxe ou pas luxe, toutes les marques se doivent d’avoir ce format dans leur collection. C’est le sac du moment, confirme Pascale LeboutetReberat, directrice de l’offre maroquinerie des Galeries Lafayette. Simple mais pas commun, fonctionnel malgré sa petite taille, il se fond dans n’importe quel style. » Sorti du four juste avant le confinement, il fait écho à l’air du temps. D’abord, par son porté sous l’aisselle qui ranime l’attitude du sac hobo des années 2000, cette fameuse décennie qui obsède la jeunesse. Ensuite, par sa petite taille qui répond à la miniaturisation de nos effets personnels (il s’inscrit d’ailleurs dans la mou-

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De Prada à Lancaster, luxe ou pas luxe, toutes les marques se doivent d’avoir ce format dans leur collection. C’est le sac du moment



Pascale Leboutet-Reberat, directrice de l’offre maroquinerie des Galeries Lafayette

vance des modèles XS comme le Chiquito de Jacquemus lancé en 2018). Et par son ergonomie qui permet de quasiment l’oublier quand on est en mouvement y compris lorsqu’on danse (le confort étant la valeur cardinale de notre société postCovid). Enfin, il se prête à toutes les déclinaisons de matières et de couleurs… et reste toujours « mignon ». En somme, il est une sorte de version féminine du sac banane qui a refait surface avec la mode du streetwear sévissant depuis cinq ans. Autre atout et pas des moindres en cette période de crise, il n’est nul besoin de dépenser des sommes folles pour en acquérir un. Chez Uniqlo, il ne vous en coûtera que 14,90 euros. Un prix imbattable si bien qu’à son lancement il y a un an, l’enseigne japonaise a dû en ration-

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Uniqlo ; Armando Grillo/Gorunway.com ; By Far ; Streetstyleshooters/Getty Images ; Bulgari

Arqué comme la viennoiserie, ce format de sac existe désormais dans toutes les marques, de la grande distribution au luxe. Petit mais spacieux, confortable mais stylé, discret et design, il coche toutes les cases du best-seller maroquinier.

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ner les qualités pour satisfaire la demande. Sur TikTok, le « Dumpling » comme il est surnommé (du mot anglais pour les raviolis vapeur - chacun ses références culinaires) est carrément devenu viral, le grand jeu étant de le vider de ses effets (portefeuille, pince à cheveux, passeport, casque audio…) pour prouver sa remarquable contenance. « Ma sœur qui est cuisinière et recherchait un sac m’a parlé de ce modèle Uniqlo, raconte Laure, cadre supérieure d’une quarantaine d’années. Je l’ai offert à ma fille, sûre qu’elle ne se le ferait pas voler au lycée, et finalement, j’ai fini par craquer pour la version noire qui me repose les jours où je ne veux pas m’afficher avec un accessoire en cuir griffé, plus statutaire. » Quel itbag peut se vanter d’être aussi transgénérationnel ? Chez By Far aussi, le croissant qui existe dans une dizaine de variantes à moins de 600 euros, fait un carton plein. « Nous qui sommes connus pour nos petits sacs, nous avons réalisé que cette forme arrondie est plus spacieuse et ergonomique que les pochettes rigides, raconte la Bulgare Valentina Ignatova qui a fondé cette marque digitale en 2016 avec sa sœur. Elle permet aussi plus de créativité, d’introduire plus de détails et de finitions différentes.» Que l’hyper influente Hailey Bieber (Mme Justin Bieber) aux 50 millions d’abonnés sur Instagram, porte le Kiki en cuir verni noir quasiment tous les jours dans la vraie vie, a fortement boosté By Far… De même que la nouvelle égérie de Daydream, le premier parfum de la marque, Kendall Jenner (270 millions de followers) qui porte dans le clip de la publicité un « croissant » Mini Soho. « Grâce aux réseaux sociaux, nous voyons clairement que ce design a le vent en poupe. Nos produits ne peuvent pas revendiquer un patrimoine comme la plupart des autres itbags. La manière dont ils sont portés par telle personnalité ou telle influenceuse va vraiment donner envie à nos clientes de les acheter, poursuit la trentenaire. C’est typiquement le genre d’accessoires qui ne vous “surpasse” pas. De la même manière pour les vêtements, les femmes veulent porter un sac plutôt que le contraire ! » ■

Pour Vanessa Bruno, l’affaire est (encore) dans le sac

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n ne présente plus le cabas Vanessa Bruno. De ce fourre-tout décliné dans moult matières, souvent brodé de paillettes sur les anses, il s’en vendait encore un toutes les minutes en 2019, l’année de son vingtième anniversaire. Derrière cet authentique cas d’école, c’est l’un des rares it-bags en circulation qui ne soit pas issu de l’industrie du luxe. Ce succès pérenne sans publicité ni marketing a d’ailleurs donné à la créatrice de mode française une légitimité qu’elle n’attendait pas. « Étonnamment, j’ai fini par acquérir une crédibilité dans les accessoires, s’enorgueillit-elle. D’ailleurs, en pleine vogue de mon cabas, j’ai aussi lancé une ligne de cuir végétal, avant tout le monde, baptisée Lune (du prénom de sa fille, NDLR), qui a aussi beaucoup plu. » Si bien que pour les ex-lycéennes qui, au plus fort du phénomène, avaient adopté ledit sac pour y glisser leurs livres de cours, V ­ anessa Bruno est une marque d’accessoires plutôt qu’une griffe de prêt-à-porter. « Ça me va très bien parce que j’adore travailler la maroquinerie. Et si mon métier d’origine est de créer des vêtements, mes collections véhiculent toujours une allure que vient signer le sac. Ce qui me motive, c’est d’imaginer comment une femme va le porter dans la vie, pour quelle occasion, ce qu’elle va mettre dedans, etc. C’est comme ça que

m’est v ­enue l’idée de mon cabas : à l’époque, j’étais une jeune maman et j’avais besoin d’un fourre-tout pratique et solide pour mon vélo. »

La signature de l’allure Ces dernières années, il n’est pas rare de croiser dans les rues des grandes villes le nouveau best-seller Vanessa Bruno, le Moon, une pochette matelassée à chaîne et à fermoir rond comme une lune, déclinable à l’infini. « À l’époque, en 2019, j’imaginais surtout des besaces à l’esprit un peu hippie. J’ai alors eu envie d’un sac plus féminin, plus bijou, pour twister la dégaine très cool de cette fille en total look jean, baskets et casquette que j’affectionne. » En se réinventant, Vanessa Bruno a renouvelé sa clientèle. « Elle a su sortir de son emblématique ­cabas, un produit finalement très sport, pour développer d’autres modèles plus sophistiqués mais tout aussi demandés, confirme Pascale Leboutet-Reberat, directrice de

« J’ai eu envie d’un sac plus féminin, plus bijou… », dit Vanessa Bruno au sujet de sa pochette matelassée Moon (ci-contre, 345 €, la version nano en fausse fourrure). VANESSA BRUNO

l’offre maroquinerie aux Galeries Lafayette. Le Moon possède un rapport qualité-prix très intéressant. Le petit format commence à 250 €. Pour cette somme, vous avez un sac façonné dans un beau cuir et décliné dans différentes couleurs. Effectivement, on le croise une à deux fois par jour dans la rue !

D’autant que sa forme intemporelle s’adapte à tous les looks. » Si ce rapport qualité-prix est la clé de son succès, il est aussi un défi compliqué pour les équipes de création de la styliste : « Maintenir ce niveau de prix est parfois un challenge car nous développons tous nos prototypes dans notre atelier, à Paris, nous faisons très attention aux provenances des matières premières et à la fabrication, toujours artisanale. Mais en tant qu’entrepreneuse, il faut savoir faire des choix : le plus important estil le profit à court terme ou de maintenir cette promesse de luxe abordable ? C’est ma philosophie depuis que j’ai lancé ma marque, en 1996, et c’est pour cette raison que mes clientes me sont aussi fidèles et que leur nombre ne cesse de croître. » Depuis trois ans, cette amoureuse de la fameuse Parisienne s’est associée avec Henri Sebaoun, ancien propriétaire de Carven - « Henri a tout de suite senti le potentiel de la marque en termes d’accessoires ». Ont alors suivi trois autres lignes de maroquinerie, Othilia, des sacs à rabat très seventies, Holly, aux brides en corde, et Cléo, une série de bourses à franges et fermoir serpent. Et ce n’est pas fini. Vanessa Bruno travaille au lancement d’un nouveau modèle pour la rentrée prochaine. « Avec mes équipes, nous préparons ce projet depuis un an et demi. J’espère qu’il va donner un nouvel élan à la gamme, et peut-être en désarçonner plus d’un. Certains se diront en le voyant que ce n’est pas du Vanessa Bruno. Mais c’est aussi le but : apporter quelque chose d’autre, de jamais vu dans notre histoire de sacs. » V. G.

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Depuis son cabas à paillettes, lancé en 1997, la Parisienne développe à côté de sa mode des modèles de maroquinerie qui n’ont rien d’accessoire.

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

voyage VENISE

Le principe ? Les voyageurs à la journée devront s’acquitter d’une taxe pour visiter le centre historique. Quand ? Annoncée pour juin 2022 puis janvier 2023, la mesure a encore été repoussée. Elle est suspendue à la tenue d’un vote, ouvert aux Vénitiens pour qu’ils fassent des suggestions. Sa mise en œuvre devrait ensuite prendre six mois.

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CARNET DE ROUTE

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Combien ? De 3 à 10 € selon la période de l’année et le niveau de fréquentation à l’instant T.

THAÏLANDE

Le principe ? Les touristes arrivant en avion devront régler un droit d’entrée, quel que soit le statut de leur visa.

APhotostory - stock.adobe.com

taxes contre le surtourismE ces destinations concernées en 2023 Claire Rodineau [email protected] et Sophie Vincelot [email protected]

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lles émaillent nos voyages, sans qu’on leur prête toujours attention. Pourtant, cumulées, elles constituent une note non négligeable dans le budget, s’élevant parfois à plusieurs dizaines d’euros par personne. En 2023, les taxes touristiques vont encore se multiplier, alourdir la facture d’hôtel, s’imposer pour franchir une frontière ou entrer dans une ville. Il y va de la pérennité de certaines destinations. En Thaïlande, il faudra bientôt débourser 300 bahts (environ 8 euros) pour entrer dans le pays (en plus du visa touristique de 35 euros) si l’on vient par les airs. En Angleterre, à partir d’avril, Manchester imposera une taxe d’une livre sterling (1,15 euro) par chambre et par nuit. Les Pays-Bas ont, quant à eux, fait grimper à 26,43 euros la contribution demandée sur les billets d’avion au départ de leur territoire. À l’heure de la vie chère et du boom des prix de l’énergie, les destinations auraient-elles trouvé dans la taxation un moyen de faire face ? « Nous en parlons davantage depuis une demi-douzaine d’années, en miroir du surtourisme », note Sébastien Manceau, associé au sein du cabinet de conseil Roland Berger. Mais il assure que le recours à ce type de dîme est loin d’être nouveau. En France par exemple, la taxe de séjour en vigueur a été instaurée il y a plus de cent ans : en 1910 à titre facultatif, avant d’être obligatoire. « Elle coûte de 20 centimes pour les campings, à plus de 4 euros pour les palaces. Des fourchettes sont établies au niveau national et chaque collectivité vient ensuite définir son tarif. Un département est libre

Édimbourg, Manchester, Venise, Thaïlande… Villes et pays veulent instaurer de nouveaux droits d’entrée pour les visiter. À la clef, des objectifs variés, entre préservation des ressources locales et lutte contre le tourisme de masse. Décryptage d’un phénomène.

d’y ajouter une marge de 10 % », explique Caroline Barbey, fondatrice du cabinet Barbey Consulting, qui accompagne les collectivités sur cette problématique. Ce discret impôt peut s’avérer juteux : les communes et les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) ont récolté 502,98 millions d’euros en 2019, somme en hausse régulière jusqu’au Covid.

Faire face à la flambée des coûts Mais à quoi sert cet argent ? En NouvelleZélande, la « taxe sur le tourisme » de 35 dollars néo-zélandais (environ 21 euros) a vocation à financer la transition écologique du pays. À Bali (Indonésie), la redevance de 9 euros acquittée par les étrangers vise à soutenir un programme de préservation de l’environnement et de la culture balinaise. Quant à Édimbourg, la future taxe à la nuitée, prévue dans les prochains mois, a pour objectif assumé de faire face à la flambée des coûts de l’énergie. « Recevoir des visiteurs a un coût », insiste Guy Raffour, fondateur du cabinet Raffour interactif, spécialisé dans les études marketing dédiées au voyage. « Il faut financer les offices de tourisme, les infrastructures et l’entretien du patrimoine. » Mais pas seulement. La présence touristique, à un certain niveau, impacte durablement les ressources d’un territoire. Et ce, d’autant plus avec le réchauffement climatique. L’été dernier, la surfréquentation de certains lieux, la Côte d’Azur par exemple, a contribué à accentuer la pression sur les ressources en eau, alors éprouvées par des sécheresses historiques. Une problématique à laquelle s’ajoutent la gestion des déchets ou encore la sécurisation des parcours. Payer une taxe relève alors davantage d’une contribution symboli-

que. « Les visiteurs intègrent le fait que rien de ceci n’est gratuit. Et les locaux sont contents, ils leur réservent un meilleur accueil », relève Guy Raffour. Certaines destinations légitiment ces gabelles en arguant de la lutte contre le surtourisme. C’est dans ce discours que s’inscrit la municipalité de Venise, à l’initiative d’une taxe à la journée, régulée selon la période de l’année et le niveau de fréquentation. Mais la pertinence de cette mesure ne convainc pas les habitants même de Venise (lire ci-dessous). « Ce qui a un impact, surtout, ce sont les quotas de visiteurs en un lieu au même moment », observe Sébastien Manceau. À Marseille, la jauge instaurée l’été dernier dans les calanques a permis au massif de respirer, et aux touristes aussi. La mesure sera reconduite (lire nos éditions du 25 octobre 2022). « Les taxes peuvent permettre de réduire le tourisme proche, notamment pour ceux qui viennent à la journée, et changer qualitativement la nature du tourisme. C’est, par exemple ce qui est visé à Amsterdam », poursuit Sébastien Manceau. Après plusieurs années à lutter contre le tourisme de masse, la capitale néerlandaise veut s’attaquer aux enterrements de vie de garçon et aux tournées de pubs, à l’origine de nombreuses nuisances. Le collectif Amsterdam heeft een keuze (« Amsterdam a le choix ») propose ainsi d’augmenter de 30 % la taxe de séjour. Ce qui ferait passer le prix d’une chambre d’hôtel pour deux personnes de 150 à 195 euros, relève une étude publiée en septembre (1). De quoi faire une différence ? « Un vœu pieux », alerte cette même étude. ■ ■ (1) Étude de la banque ABN AMRO, « Een nieuwe kijk op het toerisme in Amsterdam » (« Un nouveau regard sur le tourisme à Amsterdam »), à retrouver sur le site abnamro.nl/

Quand ? La mesure devait prendre effet le 1er janvier, mais a été ajournée en raison d’ajustements nécessaires au niveau des points de collecte dans les aéroports. Combien ? 300 bahts, soit 8,22 € par séjour.

MANCHESTER

Le principe ? La ville anglaise va imposer une taxe sur les nuitées touristiques dans son centre-ville. Combien ? 1 £ par chambre et par nuit. Quand ? Au 1er avril 2023.

PAYS-BAS

Le principe ? La taxe sur les billets d’avion au départ du pays est multipliée par quatre, pour promouvoir d’autres moyens de transport. Combien ? La taxe est passée de 7,95 à 26,43 € par billet. Quand ? Depuis le 1er janvier.

ÉCOSSE

Le principe ? Le gouvernement va voter une loi qui taxera les touristes à la nuitée pour faire face à la flambée des coûts de l’énergie. La capitale, Édimbourg, devrait être la première ville à l’appliquer. Combien ? 2 £ par nuit. Quand ? D’ici cet été.

Petra Reski : « Venise n’est ni un zoo ni un musée » PROPOS RECUEILLIS PAR

Valérie Sasportas [email protected]

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Journaliste allemande installée depuis 1989 à Venise, mariée à un Vénitien et naturalisée depuis peu Italienne, Petra Reski publie Venise n’est pas à vendre, le 18 janvier (336 pages, Éditions Arthaud, 21, 90 euros). Ce récit littéraire poignant, dont la traduction de l’allemand par Gabriella Zimmermann restitue avec force l’esprit et l’ironie, nous embarque dans la topetta de l’auteur à la recherche de l’identité de la ville. Farouchement opposée à un droit d’entrée à Venise, Petra Reski livre un plaidoyer vibrant pour sauver la Cité des doges des griffes du surtourisme et des spéculateurs. LE FIGARO. - L’idée d’une taxe contre le surtourisme à Venise a été émise en 2021.

« L’accès à cette ville doit être libre pour tous », défend Petra Reski. Paul Schirnhofer

La mesure devait être effective en juin 2022, mais a été repoussée à ce mois de janvier. La voilà de nouveau ajournée... Petra RESKI. - Maintenant, la taxe est prévue pour l’été, mais ça ne veut rien dire ! D’abord, faire payer 3 à 10 euros pour visiter Venise n’empêchera pas les touristes de venir. Ceux qui auront payé se diront qu’ils ont tous les droits ! Et puis il y aura beaucoup d’exemptions, pour ceux qui séjournent à l’hôtel ou dans un Airbnb notamment. En réalité, cette mesure prévue pour les visites d’un jour pénalisera surtout ceux qui viennent de Vénétie, où se trouve la ville de Mestre par exemple. C’est un grand problème pour nous, les Vénitiens, qui devons déclarer toute personne venant nous voir, parent, ami, afin d’obtenir un QR Code, comme du temps de la législation fasciste ! Ce billet d’entrée constitue une violation flagrante des libertés indi-

viduelles. La municipalité s’en fiche. Mais c’est anticonstitutionnel et l’autorité italienne de protection des données a ouvert une enquête. Nous ne sommes ni un zoo ni un musée et l’accès à cette ville doit être libre pour tous. Si vous étiez maire de Venise, écrivezvous, votre premier acte politique serait d’« offrir une séance de psychothérapie aux gens qui s’installent par terre, pour manger le pain qu’ils ont amené avec eux » ! (Rires.) Absolument ! Il faut arrêter de penser Airbnb, ce n’est pas moins cher et les voisins le plus souvent ne sont plus des Vénitiens. Et il y a de charmants petits hôtels à Venise. Je préconise aussi des barrières pratiques comme l’a instauré Grenade pour l’Alhambra : réserver son créneau sur les sites les plus fréquentés. Je crois que les Français, les

Allemands, les Maltais ont plus de sensibilité pour le patrimoine que les Italiens, qui considèrent Venise comme un corps étranger. Les touristes ne veulent pas seulement visiter la ville, ils veulent aussi découvrir la façon si particulière d’y vivre. Or cela a été détruit. Ce n’est pas la faute des touristes avec lesquels les Vénitiens ont été habitués à vivre durant des siècles, mais plutôt celle des multinationales qui profitent du bien commun. « Vivre à Venise, c’est surtout observer une ville en train de mourir », écrivezvous. Envie de partir ? Non, jamais mon mari ne quittera Venise. Il recherche, collectionne et restaure tout manuscrit sur sa vie quotidienne. Et puis je ne pourrais pas vivre dans une ville dont l’eau ne coule que dans une direction ! ■

Montgomery/robertharding/Andia.fr

Les touristes arrivant par avion devront prochainement débourser 300 bahts, soit plus de 8 euros, pour visiter la Thaïlande.

le figaro

Automobile

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Nissan Ariya, cousine de la megane ligne futuriste, habitacle high-tech, moteur puissant : le premier crossover électrique de l’allié japonais de renault surprend. sylvain reisser [email protected]

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Une console motorisée Effet garanti : avec la version Evolve, facturée 4 500 euros, le volant s’ajuste électriquement, tout comme la console centrale surélevée. Elle loge le levier de la transmission, les modes de conduite et la commande « on pedal », la recharge à induction du smartphone et le bouton d’ouverture électrique d’une boîte à gants située sous la planche de bord. À l’arrière, l’espace est tout aussi accueillant tandis que le coffre très profond n’est pas aussi grand qu’espéré (468 litres). Le double fond est prévu pour les câbles de recharge. Sous des formes qui ne peuvent cacher leur origine asiatique, l’Ariya ­partage sa plateforme CMF-EV avec la Renault Megane E-Tech Electric. À la différence de Volkswagen et de son architecture MEB, le moteur synchrone est ici placé à l’avant. Une version 4 roues motrices de 306 ch à deux moteurs figure aussi au catalogue (60 900 € en finition de base). Dans la version traction, il affiche une puissance de 242 chevaux et est associé à une batterie

L’Ariya inaugure une nouvelle ligne futuriste qui ne passe pas inaperçue dans la circulation. À l’intérieur, la planche de bord avec son affichage double écran de 12,3 pouces pour l’instrumentation et le système de navigation vous installe dans un univers gratifiant (à droite). SEBASTIEN MAUROY

Sous le capot Moteur

Électrique 242 ch 300 Nm

Type Puissance Couple

Transmission Type Boîte

Traction Auto. 1 rapport

Dimensions/poids L/l/h Coffre Poids

4 595 x 1 850 x 1 660 mm 468 litres 2 126 kg

Performances 0-100 km/h Vitesse

7,6 secondes 160 km/h

Consommation/autonomie Mixte UE Autonomie

Prix

18,4 kWh/100 km 525 km

57 900 €

de 87 kWh utiles installée sous le plancher. Le constructeur annonce une autonomie de 525 km (Evolve) mais l’ordinateur de bord annonçait 450 km. Il faut dire que, sur les voies rapides, nous n’avons jamais réussi à descendre sous une consommation moyenne de 22,8 kWh sans avoir l’impression de forcer. En ville, l’Ariya s’est montré plus sobre, ne dépassant pas 19,5 kWh, en profitant du frein moteur du mode B de la transmission et du « one pedal » qui n’assure pas ici l’arrêt complet du véhicule. En 30 minutes, il est possible de recouvrer 80 % de la batterie qui accepte jusqu’à 130 kW de puissance sur une borne rapide. Une condition : 30 minutes avant de s’arrêter, il faut actionner le préconditionnement de la batterie dans un sous-menu de l’écran tactile. Sans surprise, l’Ariya dispense des sensations semblables à la plupart des véhicules électriques : silence de fonctionnement et absence de vibrations, accélérations vigoureuses mais monocordes. Le SUV nippon y ajoute une direction beaucoup trop directe pour une familiale, une prise de roulis trop prononcée et une inertie excessive résultant d’une masse élevée. Enfin sur une chaussée dégradée, les roues de 20 pouces s’illustrent par des percussions. ■

 Notre avis Passé l’effet de surprise d’une silhouette joliment dessinée et d’une présentation intérieure valorisante, la Nissan déçoit par la technologie multimédia et l’ergonomie qui ne sont pas au niveau de la Renault Megane E-Tech électrique avec qui elle partage la plateforme CMF-EV. Comme sur la plupart des modèles électriques, la masse élevée se paie par une forte consommation et un comportement routier en retrait. L’Ariya peut toutefois se flatter de proposer une version 4 roues motrices de plus ­ ­ de 300 chevaux à un tarif qui reste compétitif dans son segment (à partir de 60 900 €). ■

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ouze ans. C’est long et c’est le temps qui s’est écoulé pour que Nissan donne une descendance à la Leaf, son premier modèle 100 % électrique écoulé à plus de 580 000 unités. Certains diront que c’était bien la peine de s’afficher comme l’un des pionniers de la mobilité électrique et d’afficher plus de 9,7 milliards de kilomètres pour ne pas en tirer un meilleur profit. La crise interne qui a abouti à l’éviction de Carlos Ghosn, les confinements liés à crise sanitaire et la ­pénurie de semi-conducteurs ont suffisamment grippé la machine japonaise pour entraver le bon déroulement de nombre de projets. L’Ariya est l’un de ceux-là. Annoncé en 2020, ce SUV électrique de la même taille que la Volkswagen ID.4, l’une de ses principales concurrentes, arrive enfin sur nos routes. L’Ariya inaugure le nouveau langage formel du constructeur. L’effet est réussi mais le capot court et la forte inclinaison des montants de pare-brise qui gène d’ailleurs la visibilité latérale modifie les équilibres auxquels l’industrie automobile nous avait habitués. Avec sa ligne futuriste se signalant par une calandre obturée en forme de bac et soulignée d’accents circonflexes lumineux et son pavillon chutant comme celui d’un coupé, l’Ariya ne passe pas

inaperçu dans la circulation. À bord, les passagers sont chouchoutés. La présentation est soignée, surtout avec la finition haut de gamme Evolve intégrant une sellerie mixte suédine et textile microfibres recouvrant les sièges et une partie de l’habitacle. La planche de bord profonde et le plancher plat permettant d’allonger ses jambes participent à l’impression d’espace. Les commandes à retour haptique sur le bandeau de planche, l’affichage tête haute de 10,8 pouces et la grande tablette à double écran de 12,3 pouces pour l’instrumentation et le système de navigation vous installent dans un univers gratifiant. À l’usage, la logique de l’arborescence du système multimédia peine à convaincre et la cartographie de la navigation ne peut dissimuler une génération de retard. L’habitacle souffle ainsi le chaud et le froid.

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Télévision

Julian Schnabel Le colosse Américain de l’art ce documentaire de Museum TV suit le peintre et réalisateur new-yorkais à Naples dans le montage de son exposition. Et dresse le portrait d’un ogre érudit, arrogant, mais, au final, passionnant. Valérie Duponchelle £VDuponchelle

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ulian Schnabel est un géant de l’art. Par sa stature, imposante et massive de gourmand, par son autorité naturelle qui le fait s’imposer d’emblée dans une assemblée, même s’il vient en pyjama de soie et tongs à un vernissage parisien. Crinière léonine et lunettes noires, cet hyperactif marche dans les rues du monde comme si elles lui appar­ tenaient. « Qu’est-ce qui se passe à ­Naples ? » demande-t-il à son chauffeur en arrivant en Campanie de Paris. « Il y a une exposition du Caravage, de ­Damien Hirst et d’un Américain », lui répond-t-il. « L’Américain, c’est moi ! », rectifie, en héros triomphant, ce peintre qui porte bien les ans. Il fut adoré de New York, tout jeune, dans les années 1980 avec ses fameux tableaux en assiettes brisées, inspirés du parc Güell de Gaudi à Barcelone. Julian Schnabel à Naples (2004) suit ­ l’exposition de ses œuvres, de 1978 à 2003, qui a fait halte à Francfort, à Madrid, avant Naples. ­ Il dit : « J’adore l’Italie, mes peintres préférés sont italiens. » ○○○¡ Les très grands ­tableaux qui ont fait sa réputation - les immenses portraits de jeune fille barrés de noir à l’horizon du regard, les jeux de taches de peinture sur velours - reposent encore au sol comme des géants échoués dans un naufrage antérieur. La structure en bois qui les soutient est déjà en soi une ar-

chitecture surhumaine. Voir le montage de ces monstres de peintures est assez fascinant. À chaque exposition, les toiles sont retirées de leurs châssis, enroulées, mises dans des tubes, puis des caisses, elles aussi géantes. À peine débarqué, Julian Schnabel parle avec les techniciens italiens, Paco, Federico, comme s’il les connaissait depuis toujours. Le documentaire de Marina Zenovich pour « Art in progress » de Museum TV présente cette icône américaine aux jeunes générations. « Très peu d’œuvres originales de Schnabel sont exposées en Europe, mais la légende est très présente », insiste une commentatrice.

Heures de gloire et d’oubli Depuis son intronisation à la Biennale de Venise en 1980, le peintre a connu des heures de gloire et d’oubli. Et ­beaucoup de reconnaissance comme cinéaste, ce qui a parfois nui à sa réputation de peintre : Basquiat (1996), avec un Bowie épatant en Warhol ; Avant la nuit en 2000 avec Javier Bardem dans la peau du poète cubain Reinaldo Arenas, At Eternity’s Gate en 2018, belle réflexion sur la peinture vement avec en mou­ Willem Dafoe en Van Gogh. Son grand ami, feu Dennis Hopper, surgit en star à l’écran pour vanter l’artiste atypique : « Je ne connais personne qui ait ce genre de grain créatif, avec cette grandeur, cette grande implication, comme Julian. (…) Il fait de tout, il est peintre réalisateur. J’ai eu de la chance d’être à ses côtés pour Basquiat et Avant la nuit.

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« J’adore l’Italie, mes peintres préférés sont italiens », souligne Julian Schnabel (ici, lors du 75e Festival international du film de Venise pour la projection de At Eternity’s Gate en septembre 2018). TONY GENTILE/REUTERS

Sa fille Stella, qu’il a peinte dans un fameux portrait rouge en assiettes cassées, explique pourquoi elle est fâchée sur cet autre tableau en pied, avec cravache. Enveloppant et charmeur, Julian Schnabel laisse parler sa fille, en patriarche ou en roi de l’autopromotion. Sûr de lui, arrogant, charmeur, jouisseur, artiste en somme ! « Il a ­ toujours été comme ça, même avant ­

d’avoir du succès. En ce qui concerne son art, il a toujours eu une énorme confiance en lui et une estime de soi », dit un de ses proches. La fausse modestie, le fait de dénigrer son propre travail et le refus de critiquer celui des autres, c’est le bal des hypocrites, tranche Schnabel. Ce portrait, un peu décousu et pas ­assez factuel, reste passionnant dès que Julian Schnabel parle de son art. ■

plastique de rêve pour une réalité sordide

la série « Welcome To Chippendales » sort de l’ombre le troublant fondateur de la célèbre troupe de strip-tease.

Mercredi 11 janvier

MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 6185

HORIZONTALEMENT

1. Avoués en soupirant. - 2. Lourdement ressenti. - 3. Doit avoir une bonne vitesse de frappe. - 4. Il passe pour avoir inspiré le mythe des sirènes. - 5. Possèdes. En accélération. - 6. Ils sont toujours à l’écoute. Côtoie le maki. - 7. Couvraient les Gauloises. Article importé. - 8. Établissement de cartes. Petits plats de nature. - 9. Les majeurs sont très recherchés au bridge. On apprécie son intérieur moelleux. - 10. Goupil blanc. - 11. Reste comprimé. Présente une faille. - 12. De nouveau formée dans le métier.

Misant au départ ses économies sur un club de backgammon qui reste déserté, Steve Banerjee voit la fortune lui sourire quand il rencontre Paul Snider. Le promoteur, maquereau à ses heures, ­ l’introduit dans les bars gays de Los Angeles. Ainsi naîtra le concept des Chippendales. Le duo s’adjoint les conseils d’un chorégraphe. Les affaires sont lancées. Comme les e ­ nnuis. Paul (Dan Stevens, répugnant à souhait) tue son épouse et se suicide. Un mauvais présage pour Steve… Ce ­portrait débute comme une s­uccess-story, illustration

Par Vincent Labbé 1

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VERTICALEMENT 1. Supprimer les restrictions d’accès. - 2. Un homme de 8 l’ombre pour la lumière. - 3. Sent le roussi. Complet sans retouches. - 4. Soupe à la grimace. A un nom honorable. 9 - 5. Pour un bourricot. Caroline et Virginie y sont doublées. Verts de taille. - 6. Robert Nesta est leur idole. Fleurs en 10 pot. - 7. Ont le béguin. Panneau d’étoffe. - 8. Papiers paraffinés. Dorée. 11

MOTS À CASER

SUDOKU

Placez les mots de chaque liste dans chacune des grilles correspondantes.

2 LETTRES AM ÇA IR PM TD

RIS ROC SEC TEE TTC

4 LETTRES 3 LETTRES ANSE CES ÉPÉE ÈRE IMAM IMC MÉGA MIE NANO MIR NIER

PÉRI SCAT SIEN VAIR 5 LETTRES CRISE ÉMERI MATOS MICRO PAROI POINT SERRE

6 LETTRES CARÈNE ENCART ÉTAMER LAMIER USINER 7 LETTRES CRESSON ÉNERVER LARIGOT RECELER

8 LETTRES ÉMOUSSER ENTRAIDE PARSEMER 9 LETTRES CHAMPÊTRE CLIENTÈLE HARMATTAN IMPÉRIALE

En partant des chiffres déjà placés, remplissez les grilles de manière à ce que chaque ligne, chaque colonne et chaque carré de 3 x 3 contienne une seule et unique fois tous les chiffres de 1 à 9.

FACILE

Kumail Nanjiani interprète Somen « Steve » Banerjee, un immigrant indien créateur de la troupe de danseurs strip-teaseurs des Chippendales.

Spirale criminelle

met en garde le comédien. Son Banerjee du rêve ­américain, avant de virer au suscite d’abord l’admiration par sa ­roman noir sordide. capacité à contourner les obstacles ­ Connu pour ses performances de avant de ­générer un franc rejet. stand-up, l’acteur d’origine pakis­ Parabole d’une Amérique clinquante, tanaise Kumail Nanjiani (The Eternals) la minisérie, à la garde-robe et à s’empare de la candeur maladroite et de ­l’atmosphère pailletées, réhabilite aussi l’ambition qui s’affrontent chez cet le concept des Chippendales. entrepreneur rattrapé par ses ­ « Loin de n’être que des gigolos, démons et l’envie d’en avoir les ­artistes de cette troupe ont toujours plus. « Banerjee n’était ­offert une échappatoire au désir pas fier de sa trouvaille. C’était féminin, jusque-là refréné. Ils ­ une idée comme une autre. Le plus ○○○¡ offraient aux spectatrices un ­ important, c’est qu’elle rappor­endroit sûr où se défouler, où se révéler », tait de l’argent. On ne devient pas impu­salue encore Kumail Nanjiani. nément le roi d’un monde auquel on Le sujet semble dans l’air du temps. ­n’appartient pas. Il y avait quelque chose Récemment, Apple TV+ a lancé une chez lui de Peter Pan. C’était un homme ­série documentaire qui avait pour titre : incapable de grandir, de gérer ses Chippendales. Meurtres et striptease… ■ ­frustrations et qui cède à ses pulsions »,

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Disney+/Hulu

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on apparence était l’opposé de la plastique parfaite et épilée de ses créatures qui enflammaient les fantasmes. Corps flasque, costumes mal taillés, lunettes de hibou. En 1979, montait pour la ­première fois sur scène, aux États-Unis, la fameuse troupe de danseurs stripteaseurs des Chippendales. Immigré indien, ex-employé d’une station­ service, leur fondateur, Somen « Steve » Banerjee ne partageait pas l’outre­ cuidance ou la libido de son modèle Hugh Hefner, le père de Playboy. Le destin de cet Indien grassouillet est pourtant plus affriolant encore et

­ éritait sa propre série. Vœu qu’exauce m Disney+ avec la drôle et tragique ­Welcome to Chippendales.

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constance jamet £@constancejamet

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HORIZONTALEMENT 1. Grassets. - 2. Roitelet. - 3. Oural. Né. - 4. Éberluer. - 5. Na. Terre. - 6. Lise. Géo. - 7. Astrée. - 8. Nie. Vrai. - 9. Derme. HS. - 10. Anti. Oui. - 11. Ino. Euro. - 12. Séraphin. VERTICALEMENT 1. Groenlandais. - 2. Roubaisienne. - 3. Aire. Stertor. - 4. Starter. Mi. - 5. Selle. Ève. Ép. - 6. El. Urger. Ouh. - 7. Ténéré. Ahuri. - 8. Stéréovision.

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météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

ÉPHÉMÉRIDE St-Paulin Soleil : Lever 08h40 - Coucher 17h16 - Lune décroissante

À LA DEMANDE 21.10

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The Resident

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Des racines et des ailes Magazine

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EU. 2021. Saison 4. Avec Matt Czuchry, Manish Dayal. 2 épisodes. Inédit. Au Chastain Memorial à Atlanta, le Dr Conrad Hawkins forme avec le Dr Devon Pravesh, un interne fraîchement diplômé, un duo confronté à de nombreux challenges.

Fra. 2023. Saison 2. Avec Daniel Njo Lobé. 2 épisodes. Inédit. Après un accident qui manque lui coûter la vie, un avocat célèbre décide de mettre ses compétences au service des plus faibles, impuissants face aux rouages de l’appareil judiciaire.

Prés. : Carole Gaessler. 1h57. Passion patrimoine : terroirs d’excellence en Périgord Inédit. À 32 ans, Aude de Commarque a décidé de fédérer des jeunes de la région qui, comme elle, cherchent à redonner vie aux monuments historiques.

22.50 And Just Like That... Série. Humoristique.L’épreuve du testament.

22.55 La Grippe espagnole, la grande tueuse. Doc. 00.55 Bivouac.

23.15 Des racines et des ailes. Passion patrimoine : les Charentes au cœur.

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Hip Hop Symphonique Concert

1h28. Inédit. Première diffusion. Hip Hop Symphonique est une création reposant sur les grands titres du registre hip hop français, arrangés et réorchestrés par Issam Krimi et Camille Pépin. 22.37 80e cérémonie des Golden Globes 2023. Best of Inédit.

20.27 Touche pas à mon poste ! Div.

21.19 Mongeville

Série. Policière. Fra. 2020. Saison 1. Avec Francis Perrin. Mauvaise foi. Inédit. Une carmélite est retrouvée assassinée dans son couvent. Mongeville envisage plusieurs suspects avant de se pencher sur le passé de la victime. 23.17 Mongeville.La ferme de Louise.

21.10

Mademoiselle de Joncquières

Qui veut être mon associé ?

Film. Drame

Fra. 2018. Réal. : Emmanuel Mouret. 1h44. Avec Cécile de France. Une veuve noble tente de piéger son ancien amant, un marquis libertin, en lui présentant une jeune femme dont il tombe amoureux et qui se refuse à lui. 22.45 Les liaisons scandaleuses. Doc.

19.50 Le cross : les Marseillais vs le Reste du monde vs les Motivés.

21.05 Les 20 chansons de Michel Sardou préférées des Français Doc. Fra. 2023. Grâce à un classement établi sur la base d’un sondage national IFOP, retracez la carrière de Michel Sardou à travers vos chansons préférées. 22.50 Sardou live 2013 : les grands moments à l’Olympia. Concert.

Jeu

Émission 2. Ils viennent de la France entière, ont tous eu une idée, celle d’un objet, d’un service ou d’un commerce, et ont un jour décidé de sauter le pas et de créer leur propre entreprise. 00.00 Patron incognito. Magazine. Xavier Chopin, DG de Happy Cash.

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.25 Tom Villa : Les nommés sont…

Inédit. Spectacle. 1h45. Le spectacle en direct. Les fêtes sont passées et alors que le sapin de Noël va être emballé dans le sac à sapin, Tom Villa joue son spectacle «Les nommés sont...» sur la scène de Bobino. 23.10 90’ Enquêtes. Magazine.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

20.05 Wheeler Dealers France. Doc.

20.20 C’est un complot ! Doc.

21.00 La grande librairie

21.10 Le mystère des Mayas : des origines à la chute

20.50 Désinformés

Mag. Prés. : Augustin Trapenard. 1h30. Pierre Lemaître est invité pour «Le Silence et la Colère». A ses côtés, l’historienne Michelle Perrot pour «Le Temps des féminismes, Philippe Claudel pour «Crépuscule», et Aurélien Bellanger pour «Le Vingtième Siècle». 22.30 C ce soir. Talk-show.

Doc. Fra. 2022. L’émergence de la civilisation. Les Mayas font partie des premiers peuples d’Amérique. Ce peuple a rayonné sur une partie de l’Amérique centrale et de l’actuel Mexique, laissant des trésors archéologiques.

Doc. GB. 2021. Réal. : Katarina Gellin, Charles Kriel. 1h30. Inédit. Enquête sur la manière dont les phénomènes de désinformation se sont intensifiés avec la pandémie de Covid 19 et quels sont les quelques médias à l’origine de la grande majorité des fake news.

22.25 Les trésors perdus des Mayas.

22.20 Vous connaissez peut-être. Doc.

À Berlin, Karl fait par hasard la connaissance de Nini, une ravissante Viennoise sur le point de rentrer chez elle en Autriche. Le coup de foudre est réciproque. Parce qu’il a omis d’enregistrer sur son portable le numéro de téléphone qu’elle lui a laissé avant de partir, il n’a plus qu’une solution pour la retrouver : se rendre tous les jours au café Sacher de Vienne, où elle vient manger tous les ans, pour son anniversaire, une part de gâteau en compagnie de son père. Cette comédie romantique allemande est à l’image du célèbre gâteau viennois au chocolat qui lui donne son titre : contre toute attente à la fois légère et gourmande, coupablement sucrée mais jamais écœurante, bref, une réussite.

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➜ 17 heures : « Le BuzzTV » (avec TV Magazine) – Invité : Martin Kretz et Valentin Kretz, agents immobiliers de luxe dans « L’Agence » sur TMC. Interviewés par Sarah Lecoeuvre et Damien Canivez.

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Mercredi 11 janvier sur lefigaro.fr

➜ 18 heures : « Points de vue ». Présentation : AnneEmmanuelle Isaac. Avec Irène Frachon, pneumologue et lanceur d’alerte dans l’affaire du Mediator ; Vincent Bordenave, journaliste au service sciences du Figaro sur l’évolution de l’épidémie de Covid ; et Noëlle Herrenschmidt, reporter aquarelliste, pour son livre Juger le 13-Novembre (La Martinière).

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MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3416 DISCOURTOIS IL ÉTOUFFE LA FLAMME

AVANCE D’ARGENT ARGON ABRÉGÉ

PRENDS LE RISQUE EMPRISONNÉE

IL ACCOMPAGNE LES TROUPEAUX

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DE STRASBOURG À BREST

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ARIDES BAIE D’HONSHU SYMBOLE CHIMIQUE DU TITANE

SÈVES AVOIR LA BOUCHE OUVERTE

À LA VÔTRE ! DIALECTE CHINOIS

IL SORT APRÈS LE REPAS

HABIT D’AVOCAT ÎLE BRITANNIQUE

PASSER UNE COUCHE

CHAMBRANLES GENDARME DE LA TÉLÉ

INDIQUE UN LIEU PRÉCIS

SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

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PEINTURE D’UN CORPS DÉCOUVERT

DROIT DU PLUS VIEUX (D’) PARTAGER UNE HISTOIRE

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BELLE NAGEUSE NORDIQUE ÉLÈVE PEU SCRUPULEUX DÉCOUPER

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AMOUR FILIAL BALBUTIE

PRENDRE LE TÉMOIN ÇA FAIT LE LIEN

CANCRE QUI PORTAIT UN BONNET PARTIE CACHÉE GARDIEN INVISIBLE

LITHIUM SUIT UNE LIGNE SINUEUSE

ESPÈCE DE FILOU

CHAMPIONNE EN FINALES

BÊTE DE SOMME AMASSE DU BLÉ

FILLE D’ESPAGNE AUTOCHTONE

ARTÈRES

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BÂTON DE GUERRE MÉDIÉVAL TSAR

CRIBLENT

ENTRE EN SEINE MAUX DE GORGE

DÉVOREUR DE TOMES

AVION TRÈS RAPIDE

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VACANT STRUCTURER UNE BOÎTE

mercredi 11 janvier 2023 le figaro

38 dèle de Didier Deschamps observera désormais les matchs de l’équipe de France du côté de Londres. D’ailleurs, le sélectionneur des Bleus, qui aurait apprécié que son capitaine poursuive l’aventure jusqu’à l’Euro 2024, fut le premier à lui rendre hommage. « Hugo se retire au sommet de son art, plante le champion du monde 1998. C’est une personne remarquable sur le plan humain, qui a une très haute idée de l’Équipe de France, toujours tournée vers le collectif. Ce fut un bonheur et un honneur pour moi d’être son entraîneur. Je souhaite à tous les techniciens d’avoir des joueurs comme lui à diriger. Merci pour avoir si bien représenté ton pays. » Des mots, d’une légende de l’équipe de France à une autre, empreints de respect et d’affection. Réservé de nature, le désormais retraité des Bleus pourra profiter d’une vie plus calme et moins remplie parmi les siens, même s’il restera sous le feu des projecteurs avec Tottenham. Grand fan de tennis et de Pete Sampras, amateur de vin et de Jean-Jacques Goldman – il adorait passer du temps avec certains internationaux, comme Olivier Giroud, Raphaël Varane ou encore Laurent Koscielny, lors des séquences de l’équipe de France pour refaire le monde autour d’un verre -, mais aussi « largué et pas intéressé » par les réseaux sociaux (il ne possède pas de compte Instagram, ni Twitter, une « hérésie » dans le football moderne obsédé par la com à tout-va), Hugo Lloris laissera aussi l’image d’un garçon lisse pour certains, profond et loyal pour d’autres. « J’ai été élevé dans la discrétion et la pudeur, avouait-il au Figaro en 2017, lui qui a perdu sa maman, victime d’un cancer du sein, alors qu’il n’avait que 21 ans. Je déteste me mettre en avant. Moins on parle de moi, mieux je me porte. Alors, autant vous dire que les réseaux sociaux, je les laisse avec plaisir aux autres. » D’ailleurs, les nombreuses critiques et menaces sur le fait qu’il ne porte pas (aucun capitaine de sélection ne l’a fait lors de la Coupe du monde face à la pression de la Fifa) le brassard One Love pour promouvoir l’inclusion l’ont particulièrement touché, pour ne pas dire plus. Tout cela est désormais derrière lui. Après quatorze ans de bons et loyaux services pour la France, Hugo Lloris s’apprête à fuir un peu plus la lumière en espérant briller avec son club londonien. Le sentiment du devoir accompli. Et avec la certitude d’avoir laissé, à jamais, une trace dans l’histoire des Bleus. ■

Baptiste Desprez

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ugo Lloris est un homme de peu de mots, mais surtout l’antistar par excellence. À une époque où le football se vit aussi à travers les réseaux sociaux, les petites phrases futiles ou les dérapages polémiques, le recordman de sélections en équipe de France n’a cessé durant sa longue aventure avec le maillot bleu de se préserver face à toute cette excitation. Alors, cela n’a surpris personne, au moment de tirer un trait définitif sur sa carrière internationale lundi, de voir le Niçois annoncer la

nouvelle avec trois interviews données à L’Équipe, TF1 et Nice-Matin, quasiment en toute discrétion, pendant que le football français se passionnait autour des derniers développements du feuilleton Noël Le Graët. Bien d’autres internationaux auraient imaginé une sortie de piste plus aguichante, mais le gardien de but de 36 ans, 145 sélections (record absolu) et quatre phases finales de Coupe du monde (2010, 2014, 2018, 2022) au compteur, ne court pas après la lumière. Tout sauf le genre de Lloris, papa de trois enfants avec sa femme, Marine, qui a donc refermé le 18 décembre dernier avec une finale légendaire de Coupe du monde perdue face à l’Argentine (3-3, 2-4 aux tirs au but) sa longue et riche histoire sous la tunique bleue. Tout en pudeur et délicatesse. « Après quatorze années à défendre ce maillot que j’ai porté avec un immense plaisir, avec fierté, devoir et sens de la responsabilité, je crois que je suis arrivé

au bout, souffle-t-il, alors qu’il continuera d’évoluer sous les couleurs de Tottenham, club rejoint à l’été 2012. J’ai décidé d’arrêter ma carrière internationale, avec le sentiment d’avoir tout donné. Avoir été le gardien de l’équipe de France pendant quatorze saisons et demie, c’est fort, mais c’est épuisant, aussi, sur le plan mental. » L’international au plus grand nombre de capitanats dans l’histoire de l’équipe de France (121, contre 54 à Didier Deschamps) a préféré choisir sa sortie et ne pas se perdre dans le combat de trop. Une marque de sagesse et d’intelligence qui n’étonne personne pour ceux qui l’ont côtoyé de près durant sa carrière. Avec ses mots, subtils et délicats, Hugo Lloris laisse sa place aux autres, notamment à Mike Maignan (27 ans), portier de l’AC Milan formé au Paris SG et promis à un bel avenir. « Je n’ai pas envie de m’approprier la chose. J’ai toujours dit et répété que l’équipe de France n’apparte-

Lancez-vous dans la formidable aventure de l’écriture ! Les mardis 4, 11, 18 et 25 avril 2023 de 18h à 22h

GRÉGOIRE DELACOURT

Crédit photo : Emmanuelle Hauguel

Grégoire Delacourt publie son premier article le jour de ses 18 ans avant d’entamer une carrière publicitaire durant laquelle il lèguera de nombreux slogans publicitaires. Récompensé lors de son tout premier roman en 2011, il sort l’année suivante le célèbre « La liste de mes envies » qui donnera lieu à diverses adaptations au cinéma et au théâtre. De nombreux autres romans, tous à succès, compléteront sa bibliographie avant la sortie en mars 2023 de « Une nuit particulière » chez Grasset. Déjà animateur de plusieurs ateliers d’écriture pour le Figaro littéraire, il transmet avec passion, pédagogie et bienveillance.

Modalités et inscriptions sur www.lefigaro.fr/ecriture ou en scannant le QR code Plus d’informations en envoyant un message à ateliersdecriture@lefigaro.fr

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Les ateliers se déroulent dans les locaux du Figaro, à Paris Attention, le nombre de places est limité

nait à personne, et on doit tous faire en sorte que cela soit le cas, moi le premier », avance le serviteur des Bleus. Auréolé du titre de champion du monde 2018 en Russie, et tout proche d’un doublé historique en décembre dernier au Qatar, Hugo Lloris laissera, outre les chiffres et les records, une trace indélébile dans la grande saga de la sélection, aux côtés notamment de deux de ses idoles, les gardiens Fabien Barthez (87 sélections) et Joël Bats (50 sélections). Avant de prendre sa décision, le portier des Spurs, après avoir consulté sa femme et son papa, a d’ailleurs ressenti le besoin de recueillir l’avis de son aîné de 1998 et du champion d’Europe 1984, deux hommes dont il est devenu proche et pour lesquels il garde une admiration sans faille. Transmission oblige. « Vidé mentalement » après l’épopée au sein de l’État gazier et guidé par l’impression d’avoir fait le tour de la question depuis ses débuts en bleu en 2008, mais aussi désireux de profiter de sa famille (« Ma grande a 12 ans, et je n’ai rien vu passer. Je leur dois ça. Il y a des choses essentielles de la vie à côté desquelles il ne faut pas passer »), le fi-

UN dernieR mot [email protected]

Par étienne de Montety

Secouer (se-kou-é) v. tr. Peut ébranler un milieu.

I

nterrogé sur l’avenir de Zidane, Noël Le Graët a déclaré : « J’en ai rien à secouer. » Le mot est formé des termes latins sub (sous) et quatere (agiter). Il traduit par cette élégante expression le dédain du président de la Fédération française de football pour les convenances et sa faible considération pour autrui. C’est peu dire que cette phrase a secoué. En d’autres temps, la ministre des Sports se serait contentée de secouer la tête, l’air accablé. Là, elle a eu quelque chose d’autre à secouer : les puces de l’intéressé. Elle l’a remis sèchement à sa place. Le Graët s’est finalement secoué, convoquant une réunion : il veut que ses amis viennent à son secours, persuadé qu’il peut rester. Étonnante méthode Coué de la part de l’homme qui n’en a rien à secouer. De son côté, Amélie Oudéa-Castéra encourage les membres de la fédération à se secouer eux aussi, et à organiser l’éviction de l’encombrant président. En Polynésie, on appelle cela secouer le cocotier. ■

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Les amitiés de François Mitterrand

L’ancien directeur de la rédaction du Point, Sébastien Le Fol, met la dernière main à une enquête qu’il mène depuis plusieurs années : elle porte sur les liens indéfectibles qui réunirent François Mitterrand, Pierre de Bénouville, André Bettencourt et François Dalle. Une amitié qui prit naissance dans un collège d’Angoulême et au foyer du 104 rue de Vaugirard avant la guerre, ne s’acheva qu’à leur mort, et qui explique bien des aspects des septennats du premier président socialiste de la V° République. Nourri par de nombreux entretiens avec les témoins de l’époque, de Jean Charbonnel à Roland Dumas et sur des archives inédites, le livre paraîtra en mars 2023 aux éditions Albin-Michel.

Israël : une armée trop « techno »

Des officiers supérieurs israéliens critiquent le chef d’état-major, le général Aviv Kochavi. Ils l’accusent de transformer l’armée sur le modèle d’une start-upen donnant la priorité aux drones, aux robots et autres systèmes de haute technologie tout en négligeant les armements traditionnels tels les chars et l’infanterie, traités en parents pauvres alors qu’ils sont essentiels sur le champ de bataille.

AGIP/Bridgeman Images

PORTRAIT Le gardien et capitaine de l’équipe de France de football, qui a tiré un trait sur sa carrière internationale lundi soir, laissera une trace indélébile dans l’histoire de la sélection.

François BOUCHON/Le Figaro

Hugo Lloris un héros très discret

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