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jeudi 12 janvier 2023 le figaro - N° 24 383 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr

croisière

Le plus grand voilier du monde sera français

Page 28

Entretien

denis sassou-nguesso : « La paix en Libye freinerait le drame des migrants » Page 7

Ces femmes qui deviennent héroïnes de roman Notre supplément

retraites

Les revendications salariales se multiplient. L’inflation, inédite depuis quarante ans, justifie des revalorisations. Mais les économistes alertent sur la spirale néfaste prix-salaires. Dans certains grands groupes, les augmentations salariales accordées l’an dernier étaient inédites depuis une décennie, parfois plus. Mais le niveau d’inflation, à 5,9 % en décembre, est lui aussi historique. Et la Banque de

France annonce une hausse des prix persistante. Les syndicats maintiennent la pression. Dans les PME, les marges de manœuvre sont souvent limitées. La tentation peut être forte de répercuter les augmentations sur

L’exécutif doit aussi convaincre ses alliés PAGEs 2 à 5

les prix. Au risque d’entretenir cette boucle prix-salaires redoutée par les économistes, parce qu’elle produit de l’inflation autoentretenue, comme dans les années 1970. C’est pour cette raison que le gouvernement

ne prévoit pas de coup de pouce sur le smic. Tout le monde n’a pas les capacités du géant japonais Uniqlo, qui a fait une annonce spectaculaire : des hausses de salaires de… 40 % ! PAGES 22 et 23

L’agresseur de la gare du Nord était visé par une OQTF PAGE 10

éducation

n

n

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PAGES 15 à 17

@

FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de mercredi : Retraites : êtes-vous favorable au projet de réforme présenté par Élisabeth Borne ?

NON 39%

OUI 61 %

TOTAL DE VOTANTS : 184 628

Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr FFF : Noël Le Graët doit-il démissionner de son poste de président ?

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FRANCK FIFE/AFP

champs libres

L’uniforme à l’école revient sur le devant de la scène PAGE 11 La tribune de Philippe d’Iribarne Un entretien avec Jean-Michel Quatrepoint Les chroniques d’Eugénie Bastié, de Charles Jaigu et de Luc Ferry L’analyse de Jean-Pierre Robin

© Maxime d’Angeac & Martin Darzacq for Orient Express, Accor - Présidence du Congo

Le Breton dans la tourmente a été mis en retrait de son poste de président de la fédération de football, mercredi, lors d’un comité exécutif extraordinaire de la FFF. La porte de sortie n’est pas loin mais Noël Le Graët n’a pas abdiqué. PAGE 13

pouce » du gouvernement pour augmenter le smic

è Dans les PME, « nous ne

pouvons pas nous aligner sur l’inflation à 6,5 % »

è Un bond spectaculaire

de 40 % pour les salariés d’Uniqlo au Japon pages 22, 23 et l’éditorial

Police et justice se mobilisent contre la maltraitance animale

Noël Le Graët, dernier avertissement avant expulsion

fait divers

è L’impossible « coup de

Entre 2016 et 2021, les faits de violence envers les animaux ont bondi de 30 % en France. Pour briser cette spirale, le ministère de l’Intérieur lance une unité spécialisée, composée de quinze policiers et gendarmes, rattachée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique. À Toulouse, un pôle judiciaire dédié à ces affaires a été créé pour une meilleure réponse pénale. Pages 8 et 9

éditorial par Jacques-Olivier Martin [email protected]

E

La spirale de la peur

lle court, elle court, l’inflation… Et rien ne semble la freiner : près de 6 % de hausse des prix en décembre ; un peu plus en novembre ; et combien en janvier ? Hier cantonnée à quelques matières premières, au gaz et à l’essence, la valse des étiquettes est désormais partout, dans les rayons des supermarchés, chez nos commerçants de quartier. Flambée des prix de la farine ou de l’électricité… les boulangers étouffent. Avec l’envolée de la facture du gaz, des usines ont fermé. Partout les salariés pressent leurs patrons de leur accorder primes et augmentations pour compenser un tant soit peu les hausses de prix. Face à cette crise, chacun y va de sa partition. Les banques centrales jouent les pompiers. Non pas en actionnant la planche à billets, comme ce fut le cas pour relancer la croissance ces dernières années, mais au contraire à coups de hausses des taux d’intérêt, pour tenter de fermer les vannes du crédit et ainsi combattre l’inflation, au risque de provoquer une récession. Le gouvernement a repris fortissimo le chant de la dépense, hier nommé « quoi qu’il en coûte », aujourd’hui « boucliers tarifaires », « mesures d’urgence »…

Quant aux entreprises, coincées entre les hausses de coûts (matières premières, énergie…) et les revendications salariales, elles redoutent de manquer de souffle. Surtout les plus petites. L’entreprise n’est en effet pas un guichet. Dans un pays où l’État déverse des milliards en veux-tu en voilà à coups de dette et de déficits, on finirait presque par l’oublier. Les commerçants, les artisans, les PME et les grandes sociétés ne peuvent distribuer que ce qu’ils ont en caisse. Les plus solides offriront plus et les autres un peu moins. Ceux qui souffrent de pénuries de main-d’œuvre se montreront plus généreux que ceux qui, rattrapés par le ralentissement économique, recourent au chômage partiel. Souhaitons que l’État se tienne à distance. Qu’il laisse les dirigeants et les partenaires sociaux mener leurs négociations salariales et actionner tous les outils (primes, intéressement, salaires…) pour tenter de répondre aux demandes légitimes sans mettre en péril l’entreprise. Chacun son métier. ■

Du 11 janvier au 7 février

Souhaitons que l’État se tienne à distance sur les salaires

AND : 4,10 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852

Liste des magasins Roche Bobois participant à l’opération sur www.roche-bobois.com

OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES DIMANCHES DE L’OPÉRATION (selon autorisation)

C

figaro littéraire

Les entreprises sous pression pour augmenter les salaires

jeudi 12 janvier 2023 le figaro

l'événement François BOUCHON/Le Figaro

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Retraites : l’exécutif doit aussi convaincre ses alliés Des voix discordantes se font entendre dans la majorité macroniste.

Ce n’est pas nous qui allons voter la réforme du gouvernement, c’est le gouvernement d’Élisabeth Borne qui va faire voter la réforme que nous proposons au Sénat depuis plusieurs années

»

Bruno Retailleau

François BOUCHON/Le Figaro

Président des sénateurs LR

FRANçois-xavier bourmaud £@fxbourmaud et tristan quinault-maupoil £@TristanQM

Dans une démocratie, mener la bataille, c’est mener la bataille dans les assemblées dans lesquelles on a été élu. (…) Nous avons fait le choix de ne pas faire d’obstruction (à l’Assemblée)

»

Marine Le Pen

François BOUCHON/Le Figaro

Présidente du groupe des députés RN

La conquête de l’opinion ne va pas se jouer uniquement dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. (…) On demande à tous nos parlementaires d’animer des réunions publiques, d’aller sur le terrain

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Aurore Bergé

»

chef de file des députés Renaissance

IL A LANCÉ la bataille mais il se tient à distance. Après la présentation de la réforme des retraites par Élisabeth Borne mardi, Emmanuel Macron se tient à l’écart du débat. À peine le président de la République s’est-il exprimé en Conseil des ministres pour vanter le contenu du texte. Pour le reste, le chef de l’État laisse ses troupes monter au front pour mener la première offensive : la conquête de l’opinion publique. C’est loin d’être gagné. 36 %, c’est le taux de bonnes opinions que rassemble Emmanuel Macron dans le baromètre Ifop-Paris Match publié mercredi (- 2 points) . Il faut remonter à début 2020 pour retrouver un si mauvais résultat. À l’époque, le chef de l’État se débattait déjà avec… une réforme des retraites. Laissée ensuite de côté par l’irruption de la crise Covid. Au sein du gouvernement, on espère toutefois que le pire n’est pas forcément à venir. « Le président a déjà pris sa perte avec la réforme des retraites pendant la campagne présidentielle, assure un ministre. C’est l’un des seuls sujets qui ait été clairement identifié par les Français et malgré leurs doutes sur le report de l’âge ­légal de départ, il a été réélu. » Pas question pour autant de s’exposer en première ligne. Dans la chorégraphie bien orchestrée de la présentation de la réforme, Élisabeth Borne renoue avec le rôle ordinaire d’un premier ministre sous la Ve République, celui de bouclier du président. À n’en pas douter, le sujet est corrosif pour l’exécutif. Au lendemain de la présentation par Élisabeth Borne d’une nouvelle mouture, l’exécutif s’est donc démultiplié pour faire la promotion de sa réforme. Le relèvement à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite est « indispensable et vital » pour « préserver » le système, a réaffirmé Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres. Selon Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, qui a relayé ses propos, le président a appelé ses ministres à la « mobilisation » pour « expliquer aux Français très concrètement » ce « qui va changer pour eux ».

Le ministre a lui-même suivi la consigne : « Ce projet de réforme des retraites n’est pas un projet éclair ou brutal. Il n’est pas antisocial : la retraite minimale est augmentée de 100 euros brut pour en moyenne 2 millions de retraités. » Clément Beaune, le ministre des Transports, a rencontré dès mardi soir le patron de la SNCF, JeanPierre Farandou, et celui de la RATP, Jean Castex, pour « expliquer et accompagner la réforme » dans des secteurs où la mobilisation pourrait être importante. De son côté, le parti présidentiel Renaissance a édité un tract intitulé « Agir aujourd’hui pour sauver nos retraites demain ».

Réforme « améliorable » Malgré cela, des voix se sont fait entendre mercredi pour exprimer quelques désaccords. Au sein même de la majorité. François Bayrou a jugé sur LCI que la réforme « est améliorable ». « On va entrer dans une discussion parlementaire qui va être ardue », a dit le président du MoDem, qui plaide pour une augmentation des cotisations de l’employeur. « Je sais très bien que le gouvernement n’est pas de cet avis, mais mon idée n’est pas de le gêner ni de le mettre en difficulté », a-t-il assuré. Le centriste estime que « beaucoup de Français ont le sentiment qu’on demande des efforts aux mêmes, à ceux qui sont au travail, et pas du tout à ceux qui sont à la tête des entreprises ». Dans Le Point, Édouard Philippe a sobrement salué les arbitrages de l’exécutif. « Si la mesure que le gouvernement propose a le même effet sur l’équilibre qu’un report à 65 ans, très bien », a-t-il dit. Horizons pourrait profiter de la discussion parlementaire pour faire d’autres propositions. Élisabeth Borne doit recevoir jeudi à Matignon les présidents des groupes de la majorité. Depuis la coulisse, Emmanuel Macron surveille les positions des uns et des autres de très près. Malgré son retrait apparent, c’est lui qui est à la manœuvre sur la réforme. Avant la présentation du projet mardi, il a procédé aux derniers arbitrages. Et il garde sous le coude des options pour répondre aux réticences qui s’expriment au sein de sa majorité mais aussi à l’extérieur. Si les manifestations devaient prendre de l’ampleur, il sera temps de s’exposer à nouveau. ■

François Bayrou et Édouard Philippe (ici, le 24 avril 2022, à Paris) n’ont pas adopté la même position sur la réforme des retraites. Le MoDem et Horizons pourraient profiter de la discussion parlementaire pour faire d’autres propositions. Liewig Christian/ABACA

CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

La gauche requinquée, la droite soulagée

U

ne gauche requinquée, une droite soulagée. La réforme des retraites a aussi, et déjà, des conséquences sur le paysage politique. Dans les oppositions, chacun y trouve son compte. Ou croit le trouver. Dans une salle Olympe de Gouges pleine à craquer, mardi soir, quelques minutes seulement après les annonces d’Élisabeth Borne, une certaine euphorie plane sur les militants de la gauche, LFI, PS, PC et EELV confondus. « Tout devient facile entre nous », se réjouit une dirigeante d’un de ces partis. Il faut dire que l’unité et l’identité de la Nupes ont été mises à rude épreuve ces derniers mois : turbulences internes à LFI et à EELV, divergences sur l’affaire Quatennens, polémiques sur le barbecue, querelles tactiques sur la stratégie pour les prochaines européennes, votes éclatés à l’Assemblée (sur les énergies renouvelables, le PS a voté pour, LFI et le PC contre et les Verts se sont abstenus). La gauche traversait une crise existentielle. La réforme des retraites lui offre une occasion de retrouver une raison d’être militante, d’oublier ses désaccords internes pour se ressouder contre une cible commune. Et comme les 64 ans sont rejetés par une majorité de Français, ce combat donne à la gauche le sentiment d’être au diapason de l’opinion, ce qui est souvent le meilleur carburant de la détermination. La Nupes aurait tort cependant d’oublier que tous les opposants à la retraite à 64 ans ne souhaitent pas son retour au pouvoir et que nombre d’entre eux préféreraient l’élection de Marine Le Pen. Et si elle se réjouit du retour de l’unité syndicale, elle ne doit pas oublier non plus que ces syndicats n’entendent pas se laisser déposséder par les

formations politiques de la conduite de la contestation. Les Républicains aussi se réjouissent d’un effet d’aubaine de ce débat. Le gouvernement a retenu l’hypothèse qui se trouve correspondre à ce qu’ils réclamaient. Il s’est ainsi imposé l’idée que l’exécutif s’était rallié à eux. Pour un peu, le texte serait présenté comme la proposition LR. De ce fait, l’ancien parti dominant de la droite, menacé de marginalisation, se retrouve au centre de l’attention. D’autant qu’Élisabeth Borne a absolument besoin d’eux pour faire voter sa réforme. Là encore, la droite partisane retrouve une raison d’exister et la puissance reconnue à tout partenaire indispensable, même s’il est faible. Les conditions fixées par Éric Ciotti permettent aussi à LR d’afficher un semblant d’unité à partir de positions diverses. Mais cette unité n’est pas acquise. Aurélien Pradié et ses amis, hostiles à toute mesure d’âge, voteront-ils le texte ? Et en termes d’image, LR reste pris en tenaille entre ceux qui lui reprochent de trahir la droite d’opposition en jouant les béquilles d’Emmanuel Macron, et ceux qui lui reprochent de trahir la droite de conviction en poussant à une réforme à la baisse. Le soutien à la réforme est ainsi pointé de doigt par un RN ravi d’être la seule droite sans concession, tandis que LR laisse maintenant Édouard Philippe se poser seul en tenant d’une audace réformatrice non bridée. ■

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l'événement

Ces questions que les Français se posent sur leur future retraite Au lendemain de la présentation de la réforme par la première ministre Élisabeth Borne, de nombreux points doivent encore être précisés. Marie-Cécile Renault £@Firenault

APRÈS AVOIR dévoilé la réforme, le gouvernement est revenu pour faire la pédagogie mais aussi pour donner certaines précisions. Les dispositifs retraites sont en effet moins simples qu’en apparence et le diable se niche dans les détails.

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Qui bénéficiera de la retraite minimum à 1 200 euros ?

Il faudra avoir une carrière complète au smic. Le calcul prend en compte la retraite de base, à laquelle s’ajoute le minimum contributif (le « Mico ») et la retraite complémentaire. C’est bien l’ensemble de ces trois montants qui devra atteindre 85 % du smic net. Aujourd’hui, cela porte la pension minimum à 1 200 euros bruts mensuels. Pour aboutir à la pension nette, il faut déduire notamment la CSG dont le taux varie (de 0 % à 8 %) en fonction des ménages. La pension minimum est exprimée en pourcentage du smic car elle évoluera en même temps que celui-ci. Pour les personnes qui ont une carrière complète au smic, mais à temps partiel, ce niveau plancher de retraite sera proratisé. Cette mesure concernera chaque année 200 000 nouveaux retraités (le flux) soit un quart des départs, mais aussi près de 2 millions de retraités actuels (le stock). « 2 millions de retraités actuels n’auront pas 85 % du smic mais un coup de pouce en fonction du temps travaillé », a précisé Matignon. Les fonctionnaires, eux, disposent déjà d’un minimum de pension supérieur, fixé à 1 250 euros.

les métiers pénibles, un uPour congé de reconversion sera mis

en place. Comment fonctionne-t-il ?

Aujourd’hui, les points accumulés dans le compte de prévention de la pénibilité (C2P) permettent déjà de financer une formation pour se reconvertir à un autre métier. Mais la perte de salaire le temps de la formation est souvent un frein. Cette fois, l’idée est de permettre des formations longues avec maintien de salaire afin de pouvoir changer totalement de métier.

entreprises devront uQuelles publier un index mentionnant l’emploi des seniors ?

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©CAPA Pictures / Europe 1

Dans un premier temps, les entreprises de plus de 300 salariés auront l’obliga-

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se passe-t-il pour les mères uQue de familles nombreuses ayant

tous leurs trimestres avant 64 ans ?

Qui est le plus touché par le relèvement de l’âge ?

Pour les syndicats, la réforme serait injuste car elle frapperait les plus modestes qui font peu d’études et commencent tôt, alors qu’elle épargnerait les plus aisés qui font des études longues et commencent tard. Une idée battue en brèche par une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP) publiée ce jeudi. « L’âge de départ à la retraite ne sera pas modifié pour une partie importante des assurés, soit parce qu’ils conserveront la possibilité de partir à la retraite à 62 ans au titre de l’inaptitude et de l’invalidité, soit parce qu’ils devaient déjà, de toute façon, attendre 67 ans pour partir au taux plein, indique l’IPP. Ce sont davantage les catégories intermédiaires dans l’échelle des revenus, y compris celles qui se situent dans la moitié supérieure de cette échelle, qui sont susceptibles d’être les plus touchées par la réforme à venir. »

u

tion de publier un index indiquant leur taux de seniors, faute de quoi elles s’exposent à « une pénalité ». Cette publicité vise à inciter les entreprises à se saisir de ce sujet, en jouant sur les effets de réputation. Les entreprises plus petites seront concernées dans un second temps

La réforme ne change pas les règles pour les droits familiaux. Les trimestres acquis par les mères de famille pour chaque enfant permettent de faciliter l’atteinte du taux plein, mais pas de créer une surcote. Par exemple, une mère de cinq enfants, qui aurait tous ses trimestres avant 64 ans, ne pourra pas partir plus tôt. Au troisième enfant, en revanche, la règle actuelle d’une majoration de 10 % de la pension de base demeure.

artisans et commerçants uLes vont-ils voir leurs cotisations augmenter ?

Les artisans et commerçants cotisent moins à la retraite (notamment aux complémentaires) que les salariés. En revanche, ils paient davantage de CSG car leur assiette de calcul est plus large. Le gouvernement veut simplifier les règles pour qu’à revenu identique indépendants et salariés cotisent la même chose et aient les mêmes droits.

déficit des retraites est-il réglé uLe grâce à la réforme ?

En 2030, alors que le déficit des retraites atteindra 13,5 milliards d’euros, la réforme permettra de dégager 17,7 milliards d’euros de recettes supplémentaires, auxquelles il faut déduire 4,8 milliards pour financer les diverses mesures d’accompagnement social annoncées. « Cela s’équilibrera à l’euro prêt », s’est félicité le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Pourtant le problème est loin d’être réglé. La revalorisation des petites pensions pour les retraités actuels, qui coûtera a minima 1 milliard d’euros, n’est pas intégrée. Le régime des fonctionnaires hospitaliers et territoriaux (CNRACL), qui accusera un déficit de 8 milliards d’euros à l’horizon 2030, restera déficitaire. L’exécutif s’interroge sur « la nécessité d’augmenter les cotisations des employeurs publics pour contribuer à l’équilibre de ce régime ». Et surtout, le déficit des retraites se creuse à nouveau après 2030, alors même que l’effet du report de l’âge à 64 ans commencera à stagner.

u

La capitalisation est-elle toujours absente ?

La réforme conforte le régime français de retraite par répartition où les actifs paient les pensions des retraités. Plusieurs voix avaient pourtant réclamé l’introduction d’une dose de capitalisation, qui aurait l’avantage d’irriguer l’économie. « Il y a une forme d’égoïsme “après moi le déluge” chez les boomers qui refusent tout débat sur une dose de capitalisation obligatoire dans le système des retraites, et de masochisme chez les jeunes qui veulent prolonger la chaîne de Ponzi qu’est devenue la répartition intégrale », a tweeté mardi David Lisnard, maire de Cannes et président de Nouvelle Énergie.

7 H -9 H EUROPE MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

réserves des salariés du privé uLes bénéficieront-elles au public ?

Jusqu’alors encaissées par l’AgircArrco (géré par le patronat et les syndicats), les cotisations de retraites complémentaires du privé devaient être recouvrées par l’Urssaf à partir du 1er janvier 2024. L’objectif du gouvernement était de simplifier les démarches des entreprises. Mais cette mesure a suscité l’ire des partenaires sociaux, qui y voyaient une remise en cause du paritarisme et craignaient de voir les cotisations des salariés et des entreprises du privé, ainsi que leurs 62 milliards de réserves absorbées par l’État dans une grande « lessiveuse », au bénéfice de la fonction publique. Matignon a dit abandonner « non pour des raisons techniques, mais politiques et psychologiques ». ■

Marleix : « Il n’y aura pas de hold-up sur les ré PROPOS RECUEILLIS PAR

emmanuel galiero [email protected]

OLIVIER MARLEIX, député d’Eure-etLoir, préside le groupe LR à l’Assemblée. LE FIGARO. - La réforme des retraites est-elle le fruit d’un bras de fer ou d’une conciliation ? Olivier MARLEIX. - Il y a eu un vrai bras de fer sur le rythme. L’exécutif était divisé et hésitant. Notre ligne, qui est la plus raisonnable, la plus acceptable et la plus juste, l’a emporté. Les Républicains se félicitent d’avoir été entendus par le gouvernement, mais qu’en pensent les Français ? Notre seul sujet est d’être fidèles à nos convictions. Les Français doivent comprendre que nous défendons cette réforme parce qu’elle est indispensable pour préserver le pouvoir d’achat des retraités et assurer les retraites des jeunes. Le système est menacé par les déficits. Ils ne sont peutêtre pas abyssaux comme ceux de l’État, mais ils empêchent toute revalorisation des retraites. La gauche nous dit qu’il suffit de faire payer les retraités, et ce fut aussi le choix initial d’Emmanuel Macron, quand il augmentait la CSG et refusait d’indexer les retraites. Pour nous, c’est une ligne rouge.

Au fil des ans, le niveau de vie des retraités a considérablement baissé, les pensions n’ont pas été assez indexées. Les LR se sont opposés au report à 65 ans jugé « trop brutal » alors qu’il figurait dans leur projet présidentiel. Comprenez-vous que cela interroge ? Tout est une question de rythme. Il y a trois mois, l’exécutif en était à 65 ans sur un rythme de cinq à six mois par an. Je leur avais dit que c’était inacceptable socialement. Si c’est pour capituler en rase campagne comme l’avait fait Macron en 2018, ça ne sert à rien. Avoir de grandes idées de réformes, c’est très bien, mais les faire aboutir, c’est mieux. Le bon rythme est celui proposé par le Sénat depuis des années, soit un trimestre par an et 63 ans à la fin du quinquennat, puis une clause de revoyure, car nous devons la transparence aux Français avant d’aller jusqu’à 64 ans. Cette clause nous permettra de vérifier que nous aurons pu progresser, notamment sur l’emploi des seniors. Que répondez-vous à ceux qui vous soupçonnent de reculer sur les 65 ans à cause de vos divergences internes ? Cette question de rythme est une question de bon sens. Il n’y a pas de dogme. On ne fait pas une telle réforme pour faire plaisir aux marchés financiers. Si c’est

Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée. Sébastien SORIANO/Le Figaro l’intention de départ, nous nous assurerons que ce ne soit pas le cas. Bruno Le Maire avait laissé entendre qu’il avait besoin de l’argent des cotisations pour financer d’autres politiques. C’est inacceptable. L’argent des retraites va aux ­retraités, ce n’est pas négociable. La première ministre s’est engagée auprès de moi à prendre un amendement LR pour supprimer la mesure introduite dans le dernier projet de loi de finances. Il n’y aura donc pas de hold-up de l’État sur les réserves du privé pour financer son incu-

Panot : « Avec Macron, après le travail, c’est soit PROPOS RECUEILLIS PAR

Pierre Lepelletier £@PierreLepel et Sophie de Ravinel £@S2RVNL

PRÉSIDENTE du groupe LFI à l’Assemblée, Mathilde Panot pointe un risque de « tiers-mondisation » de la France. LE FIGARO. - Quel est pour vous l’objet de cette réforme des retraites ? Mathilde PANOT. - Uniquement faire des économies sur le dos des plus faibles et répondre aux demandes de la Commission européenne. Elle ne correspond en effet à aucune des réalités annoncées, la principale étant que nous n’aurions pas le choix, du fait d’une catastrophe annoncée sur le financement. Or, contrairement à son habitude, le Conseil d’orientation des retraites (COR) n’a pas produit de rapport alarmiste avant la présentation du projet par l’exécutif. Ils ne valident aucun discours sur les dépenses incontrôlées. Quels que soient les scénarios, le COR prévoit un retour à l’équilibre en 2070. Le chef de l’État en ferait donc une affaire politique personnelle ? Sans mandat populaire - selon un sondage Elabe pour BFMTV, 80 % des Français sont opposés à un report de

l’âge légal à 64 ans -, son approche est purement idéologique. Emmanuel Macron nous offre sa vision du monde et de l’humain : après le travail, c’est soit le cimetière, soit la misère. Ce projet de société s’oppose au nôtre. La retraite n’est pas pour nous l’antichambre de la mort mais du temps libéré du marché, un nouvel âge de la vie. On nous fait observer que nous sommes sous la ­ moyenne européenne. Soyons fiers que la France possède un des taux de retraités pauvres le plus faible au monde ! C’est moitié moins qu’en Allemagne. Quel financement proposez-vous ? C’est une question importante en termes de crédibilité et d’expertise. Mais il n’y a aucune difficulté, seulement des choix idéologiques posés. Pour financer la retraite à 60 ans avec 40 annuités, on peut faire surcotiser les hauts salaires, payer les femmes comme les hommes… Et notre pays est très riche. On se bat depuis des années pour augmenter la taxation du capital. Vu le montant historique de dividendes versés ces dernières années, on récupérerait à gros traits 48 milliards d’euros si on les taxait au même niveau que le travail. Mettons cela en perspective avec le déficit annuel de 12 milliards avancé par le COR. Ce n’est rien encore, au regard de ce qui est versé annuelle-

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée. François BOUCHON/Le Figaro ment aux grandes entreprises sans contrepartie : 150 milliards… Que dites-vous des moyens législatifs employés pour faire passer cette loi ? C’est un détournement de la Constitution. Du jamais vu ! Leur choix d’utiliser un projet de loi de financement de la Sécurité sociale - PLFSS - rectificatif comme véhicule législatif est une façon de contraindre le débat dans le temps. Un véritable 49.3 inversé. Et les LR - qui ont fait moins de 5 % à la présidentielle -

le figaro

jeudi 12 janvier 2023

Politique l'événement L’exécutif face au risque de la contestation

Pool via REUTERS

serves du privé » rie. Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté sur le but de cette réforme. Que reste-t-il à éclaircir ? L’appauvrissement des retraités en France est l’un des symboles les plus criants du déclin de notre pays. Trois retraités sur dix vivent avec moins de 741 euros par mois, plus une part de complémentaire, dont 2 millions de personnes ayant une carrière complète. C’est révoltant ! Cette réalité est humainement poignante et indigne d’un grand pays comme la France. C’est pour cela que nous avons posé comme impératif que la promesse des 1 200 euros ne concerne pas seulement les nouveaux entrants, comme l’avait prévu le gouvernement. Le diable se nichant souvent dans les détails, nous prendrons le temps de vérifier le dispositif. Avec Éric Ciotti et Bruno Retailleau, nous allons rencontrer la première ministre jeudi pour nous en assurer. Il faut aussi être attentifs à ne pas chambouler les projets de vie des Français devant partir à la retraite cette année. Parmi les autres sujets à travailler, le traitement des carrières longues, un dispositif plus convaincant pour l’emploi senior et un contrôle plus sérieux des retraites versées à l’étranger pour lutter contre la fraude. J’espère que nous aurons la possibilité d’amender le texte à l’Assemblée et que la Nupes n’empêchera pas le débat.

Qu’annonce cet épisode sur les relations futures entre la droite et le pouvoir ? Nous garderons toujours la même attitude consistant à défendre l’intérêt national. On ne peut pas parler matin, midi et soir du redressement du pays et ne pas saisir ce qui sera peut-être la seule occasion en dix ans de macronisme. En revanche, je crains que nous ne puissions pas nous entendre sur le projet de loi immigration. Les Français ne supporteraient pas que l’on fasse semblant de régler les problèmes. Qu’attendez-vous de votre nouveau président Éric Ciotti ? Sa tâche est immense. Il a été élu sur une ligne politique claire, assez proche de celle de Bruno Retailleau. Il doit rester sur sa ligne sans chercher la synthèse à tout prix. N’hésitons plus à affirmer le patriotisme économique, la souveraineté et la notion de bien commun. Nous ne pouvons pas compter simplement sur la disparition de Macron pour reconstruire la droite. N’attendons pas 2027. Le maintien de cette ligne permettra-t-il aux Républicains de conserver leur unité jusqu’à la présidentielle ? Je ne doute pas qu’une envie de réussite collective pour le pays l’emportera sur les jeux d’ego qui nous ont trop souvent affaiblis. À bon entendeur… ■

le cimetière, soit la misère » vont servir de béquille au pouvoir ? Estce démocratique vu ce que pensent les Français de cette réforme ? Persister, c’est mettre le feu au pays. Ne craignez-vous pas plutôt une certaine résignation dans la société ? Quand on commence une bataille, on ne sait jamais si on va la gagner. Mais dans l’histoire de notre pays, il y a toujours eu des mobilisations très fortes sur la question des retraites. Le système de santé est à terre avec des soignants épuisés, la situation dans l’Éducation nationale est aussi dramatique. Les artisans, les petits commerces, les PME luttent pour survivre. Vous avez déjà vu des boulangers manifester ? La situation fait rimer « Macron » avec « tiers-mondisation ». Rajouter une réforme des retraites, c’est bien mettre le feu au pays. Rien dans ce qui a été dit par Élisabeth Borne ne mérite réflexion ou inflexion ? La revalorisation des pensions à 1 200 euros, ce n’est pas une fleur, ce n’est que l’application de la loi Fillon qui date de 2003. Les mesures enrobées pour faire travailler les gens plus longtemps, c’est une arnaque absolue.

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Côté syndicats, on vous reproche la marche du 21 janvier en plus

de leur mobilisation du 19 janvier. Cela ne fait pas trop en effet ? Je considère au contraire qu’il y a une complémentarité entre des marches organisées le week-end, qui permettent au plus grand nombre de participer, et les journées de grève organisées en semaine par l’intersyndicale. Condamné pour violences conjugales, Adrien Quatennens vient de revenir à l’Assemblée. Partagez-vous son choix ? Notre groupe a décidé qu’il ne serait plus des nôtres ces quatre prochains mois. Nous avons démontré une maturité politique prouvant que nous ­prenons au sérieux la question des violences sexistes et sexuelles. Après, personne ne peut lui interdire de revenir siéger parmi les non-inscrits. C’est sa liberté parlementaire. Dans la crise de LFI, Alexis Corbière et d’autres veulent revoir l’organigramme de la direction. Le souhaitez-vous aussi ? Nous avons fait un premier diagnostic de la situation lundi. Nous devons nous revoir prochainement. On a parlé franchement des choses. Après, nous devons être à la hauteur de la situation historique qui est devant nous, celle d’une mobilisation pour faire battre en retraite le gouvernement. ■

La niche législative RN divise l’Assemblée En choisissant des textes consensuels, le parti tente d’attirer les autres groupes parlementaires. wally bordas £@wallybordas et Marylou Magal£@marylou_magal

RN « Les niches sont des pièges à cons. Et, les cons, c’est nous. » Cette maxime, qu’avait pour habitude de citer l’ex-patron des Marcheurs à l’Assemblée nationale, Christophe Castaner, est désormais reprise à l’envi avant chaque niche parlementaire par les députés du camp Macron. Celle du Rassemblement national, qui se tient ce jeudi 12 janvier, ne fait pas exception. « Comme toujours, la vigilance est de mise. Ce sont des moments stratégiques et difficiles à appréhender », avoue Sylvain Maillard, l’un des poids lourds de Renaissance au Palais Bourbon. Les deux dernières niches parlementaires ont d’ailleurs causé des maux de tête au vice-président du groupe Renaissance à l’Assemblée, qui a dû organiser une obstruction parlementaire lors de celle de La France insoumise avant de voir ses troupes mises en minorité sur une proposition de loi d’Aurélien Pradié pendant celle des Républicains. Pour éviter qu’un tel scénario se reproduise, le groupe Renaissance a d’ores et déjà « passé le message » : ce jeudi, il leur faudra être présents dans l’Hémicycle. Ce, alors que les 89 députés RN, d’ordinaire très mobilisés dans l’enceinte du Palais Bourbon, seront très certainement au complet jusqu’au bout de la soirée. Et que les élus de la Nupes comme des Républicains n’ont aucun intérêt à siéger un jeudi jusqu’à minuit pour aider les troupes présidentielles à rejeter les textes ­lepénistes. « Ils vont nous laisser nous ­débrouiller », sourit Sylvain Maillard. « Tous les votes peuvent potentiellement être serrés, donc s’ils sont mobilisés très fortement, il va falloir faire attention… », glisse Élodie Jacquier-Laforge, vice-présidente MoDem de l’Assemblée nationale. D’autant que de nombreux parlementaires ont décidé de rentrer en circonscription pour être présents dans les diverses cérémonies de vœux.

« Stratégie du Calimero » En choisissant volontairement des textes consensuels dans sa niche parlementaire, le RN fait tout pour piéger les autres groupes et dénoncer leur supposé « sectarisme ». « Nous avons fait le choix d’avoir des textes qui ne sont pas idéologiques. En niche, ce qui nous importe, c’est de recueillir des voix de partis qui ne sont pas de notre sensibilité à travers des textes de fond, et aussi de mettre chacun face à ses responsabilités s’ils ne votaient pas des textes avec lesquels ils sont en accord », détaille le député et vice-président RN de l’Assemblée, Sébastien Chenu. Au programme : une proposition visant l’augmentation de 10 % du Smic, destinée en filigrane à La France insoumise, une autre sur la proportionnelle, visant les élus MoDem, ou une encore sur l’instauration de l’uniforme à l’école, réclamée notamment par la droite. Dans la majorité, la position est toute trouvée : aucun des textes du RN ne sera soutenu. « Voter un texte du RN, c’est un sujet plus politique que de fond. Il y a des

Sébastien Chenu, vice-président du groupe RN à l’Assemblée : « Nous avons fait le choix d’avoir des textes qui ne sont pas idéologiques. » ALAIN JOCARD/AFP jeux politiques auxquels nous ne jouons pas avec le RN, parce qu’il y a des valeurs derrière, que nous ne partageons pas », tranche un ministre. Mais, dans l’opposition, certains groupes sont divisés sur la position à adopter. C’est le cas chez LR, où plusieurs parlementaires sont favorables à voter des textes portés par le RN, comme la proposition de Roger Chudeau sur le port de l’uniforme à l’école. « Il y a une différence entre voter des textes au cas par cas, poussé par le bon sens, et faire une alliance », justifie Pierre-Henri Dumont. Le député LR du Pas-de-Calais considère qu’un vote « contre » systématique renforcerait la « stratégie du Calimero » des députés RN. « Je voterai pour trois des propositions portées par le RN et très inspirées de nos PPL sur l’uniforme à l’école, la légitime défense des policiers ou la suppression des zones à faibles émissions », abonde le ­président du groupe LR, Olivier Marleix. D’autres, en revanche, l’assurent : pas question de participer au vote d’un texte frontiste. C’est par exemple le cas d’Aurélien Pradié. Le député LR du Lot, pourtant d’accord avec la proposition sur le port de l’uniforme, ne votera pas ce texte. « J’ai encore quelques réflexes républicains », lâche-t-il. Au RN, on se frotte les mains et on prête l’oreille aux bruits de couloir. Il se dit, par exemple, que LFI pourrait s’abstenir sur la proposition de supprimer les ZFE (zones à faibles émissions). Car, pour les lepénistes, le moindre vote d’un député issu d’un autre groupe serait considéré comme une victoire, l’enjeu étant de mettre fin au cordon sanitaire qui persiste depuis le début de la mandature. Dans le cas contraire, l’argumentaire est déjà prêt : « S’ils ne votent pas avec nous, cela démontrera qu’ils préfèrent les intérêts politiciens à l’intérêt des Français », assène Sébastien Chenu. Constat cynique s’il en est, car, interrogés sur les réelles chances de voir les mesures portées par la niche voir le jour, les députés RN répondent unanimement : « On le sait, l’opposition n’obtient jamais de réelle victoire. » ■

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La première ministre, Élisabeth Borne, lors de la présentation des mesures, mardi, à Paris. Bertrand Guay/

« On ne se projette pas là dans l’idée d’une mobilisation massive. » Sûr de lui, Olivier Véran, tout juste sortant du Conseil des ministres, a affirmé mercredi que la contestation qui se dessinait contre la réforme des retraites n’était pas de nature à inquiéter l’État. Tout en respectant « strictement » le droit de grève, le porteparole du gouvernement s’est évertué à indiquer que l’exécutif était désormais dans une démarche explicative de sa réforme. Pourtant, les planètes semblent alignées pour que la mobilisation soit forte. Et les syndicats l’ont bien fait comprendre mardi soir, après une réunion pour préparer la contre-offensive. D’une même et unique voix, ce qui n’était pas arrivé depuis douze ans, les centrales ont appelé à une réponse « dure », avec « une première journée de grèves et de manifestations » le 19 janvier. Une date censée « donner le départ d’une puissante mobilisation dans la durée », selon Laurent Berger (CFDT). Les syndicats sont prêts à installer un vrai mouvement de fond. « Quand on a toutes les organisations syndicales de salariés, mais aussi de jeunesse, qui sont contre une telle mesure, ça doit faire réfléchir, normalement », a renchéri son homologue, Philippe Martinez. Le leader de la CGT a appelé à ce « qu’il y ait le maximum de salariés en grève » le 19 janvier, tout en prévenant que le front syndical était « déterminé à ce que cette réforme ne passe pas ». Reste à savoir quels échos trouveront ces revendications. Et, malgré l’aplomb d’Olivier Véran, il n’est pas à exclure un mouvement particulièrement suivi. Malgré la nécessité de réformer un régime déficitaire pour les vingt-cinq prochaines années, les Français restent toujours très opposés à tout report de l’âge légal de départ. Et dans un climat social compliqué, la réforme des retraites pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. W. P.

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Le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou électrise Israël Les suprémacistes juifs alliés du premier ministre lancent de violentes menaces contre l’opposition. Proche-Orient La tension est montée d’un cran en Israël ces derniers jours, alors que le gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahou continue de déployer son programme et que l’opposition cherche à se structurer. Au cœur des polémiques, une manifestation organisée samedi prochain à Tel-Aviv pour contester, notamment, un projet de réforme judiciaire présenté la semaine dernière. Il aurait pour effet d’affaiblir considérablement la Cour suprême, seul contre-pouvoir ­judiciaire à l’exécutif et au légis­latif en Israël. Lundi, le nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a ainsi demandé à la police d’avoir recours aux canons à eau contre les manifestants, quitte à asperger sur la foule un liquide particulièrement nauséabond, dont l’usage était jusque-là réservé aux manifestants palestiniens… « Si vous utilisez des canons à eau à Jérusalem, j’entends que vous vous en serviez aussi à Tel-Aviv », aurait lancé le ministre, leader du parti suprémaciste juif Otzma ­Yehudit

(Force juive), aux chefs de la ­police israélienne. Il leur a aussi demandé d’arrêter toute personne qui bloquerait une route. Mardi soir, un député d’Otzma Yehudit, Zvika Fogel, a poussé le curseur bien plus loin. Interviewé par une télévision israélienne, il s’est prononcé pour l’arrestation de quatre figures de l’opposition parmi lesquelles Yair Lapid, l’ancien premier ministre, et Benny Gantz, l’ancien ministre de la ­Défense. « Ce sont les gens les plus dangereux maintenant. Pas de manifestations, pas de drapeaux, ­ rien du tout », a-t-il ainsi affirmé. Il réagissait à des appels à ma­nifester lancés sur les réseaux sociaux, notamment par Yair Golan, ex-député du parti de gauche ­Meretz, dont il souhaite aussi l’arrestation. Sur Twitter, cet ancien général a appelé en effet à « la ­désobéissance civile » contre « un gouvernement diabolique ». « Plus de lamentations », poursuit Yair Golan, « que de l’action, que des résultats. Les magasins seront fermés, les routes seront bloquées. » Réagissant aux déclarations de

Ben Gvir et de son député, Yair Lapid a publié une vidéo sur ­Twitter. « C’est ainsi que les démocraties s’écroulent, s’inquiètet-il. En une seule journée. Ben Gvir dit qu’ils vont utiliser les canons à eau contre nos manifestants, Fogel dit que Gantz et moi devons être jetés en prison parce que nous ­ ­prenons position contre le gouver­nement, et à Beer Sheva, ils ont ­essayé d’écraser nos étudiants. »

La police israélienne sécurise les abords de la mosquée al-Aqsa, dans la vieille ville de Jérusalem, le 3 janvier.

« Nous n’avons pas d’autre pays »

Le leader du parti Yesh Atid faisait référence à un autre événement qui a marqué la journée de mardi,

Maya Alleruzzo/AP

quand un jeune homme de 26 ans a tenté de foncer en voiture sur des manifestants, en les traitant de « gauchistes » et « d’anar­chistes », sans faire de blessés. En fin de journée, le premier ministre, Benyamin Netanyahou, et le président, Isaac Herzog, ont essayé d’apaiser la situation. Le ­ bureau de Netanyahou a publié un communiqué affirmant que ce dernier avait parlé avec le président israélien, lui confirmant que « dans un pays démocratique, on n’arrête pas les leaders de l’oppo­sition, de la même façon qu’on ne traite par les ministres du gou­ vernement de nazis (…), comme on

n’appelle pas les citoyens à la ­rébellion civile. » Le président, Isaac Herzog est aussi sorti de son silence. En rappelant « les valeurs de la Déclaration d’indépen­dance », il a invité les élus et les citoyens à ­calmer le jeu. « Nous n’avons pas d’autre pays », leur a­ -t-il rappelé. Samedi, à Tel-Aviv, les opposants à Benyamin Netanyahou et à son gouvernement compteront leurs forces. Leurs leaders ­devront aussi prouver qu’ils sont capables d’unifier un mouvement qui, jusqu’à présent, agit en ordre dispersé, sans mot d’ordre ni ­véritable cohésion. ■ G. D. (à Jérusalem)

mieux ! » Pour elle, Ben Gvir est « un héros juif, qui se bat pour les droits du peuple juif. Il représente tout ce qui est bon pour ce pays. C’est un homme en qui nous pouvons avoir confiance : il ne va pas changer parce qu’il est au pouvoir. » Elle ­espère que, grâce à lui, de plus en plus de Juifs viendront prier sur le mont du Temple. « Il y a quelques années, nous étions entre 15 et 50 par jour. Maintenant, nous comptons entre 100 et 150 visiteurs quotidiennement », assure son parte­naire, le rabbin Yehuda Levi. Est-ce la pluie ? Ce matin-là, ils ­ n’étaient pas plus de quinze. Les convictions de ces Juifs qui travaillent à créer les conditions propices à la venue du messie portent un nom : sionisme religieux. Cette tendance est loin de faire l’unanimité dans le judaïsme : la venue de Ben Gvir sur l’esplanade des M ­ osquées a été sévèrement critiquée par des rabbins ultraorthodoxes, qui l’interdisent à leurs fidèles. Le sionisme religieux trouve ses origines chez un rabbin : Abraham Isaac Kook, le fondateur, il y a un siècle à Jérusalem, d’une yeshiva toujours très influente. Mais le legs du rabbin Kook fait lui-même l’objet de débats. Professeur d’études bibliques à l’université hébraïque de Jérusalem, Israel Knohl a passé deux ans dans la yeshiva du rabbin Kook. « Comment peut-on préparer la venue du messie, alors qu’on n’a aucune idée de la façon dont cela se réalisera ? », s’interroge-t-il. « Ce que fait Ben Gvir est très dangereux, poursuit-il, et bien plus extrémiste que ce que professait le rabbin Kook. D’ailleurs, il interdisait d’aller sur le mont du Temple. » Précisément en raison de son caractère sacré. « À l’époque du Christ, le Temple structurait toute la vie quotidienne des Juifs, explique frère OlivierThomas Venard, un dominicain de l’École biblique de Jérusalem. Malgré les différences d’écoles au sein du judaïsme, ce qui faisait que vous étiez

juif, c’était votre attachement au Temple. Symboliquement, il est resté central dans l’organisation de la prière juive : là sont les fondations spirituelles. Or, du point de vue des sionistes religieux, la présence divine veut avoir “son” lieu pour y reposer, et le peuple de Dieu ne sera pas en paix sur sa terre tant que Dieu luimême n’aura pas réinvesti “le lieu qu’Il a choisi”, comme dit la Torah.»

Prier sur le mont du Temple, la mission des extrémistes religieux Guillaume de Dieuleveult £@gdedieuleveult

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correspondant à Jérusalem

LA PLUIE glaciale qui s’abat ce matin sur Jérusalem n’empêchera pas le rabbin Yehuda Levi d’aller prier sur l’esplanade des Mosquées. Pour lui, comme pour les fidèles qui, depuis sept ans, l’accompagnent deux fois par jour, quotidiennement, à l’exception des vendredis et samedis, il ne s’agit pas de se rendre sur l’« esplanade des Mosquées », lieu en principe strictement réservé à l’exercice du culte musulman, mais de réaliser une « ascension » vers le « mont du Temple ». Le sanctuaire du Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa, ­ lieux saints de l’Islam, sont situés là même où se tinrent les deux temples de Jérusalem : celui construit par Salomon, puis celui d’Hérode, détruit en 70 par les légions romaines. Le célèbre dôme doré abrite l’endroit où auraient eu lieu des événements fondamentaux relatés dans la Bible : la création d’Adam, le combat fratricide d’Abel et de Caïn, la ligature d’Isaac par Abraham. « C’est un endroit choisi par Dieu, là où le monde spirituel rencontre le monde physique », explique le rabbin Levi : le lieu le plus sacré du judaïsme. Il y a quelques jours, Itamar Ben Gvir, le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, s’est lui aussi rendu sur le mont du Temple. Les treize minutes qu’il y a passées ont déclenché un tollé mondial : condamnations des États-Unis, de la France, de la plupart des pays arabes, réunion du Conseil de ­sécurité de l’ONU. Pour les musulmans, pour le roi de Jordanie qui en a conservé la garde malgré la conquête du mont par les troupes de Moshe Dayan, en 1967, et pour les Palestiniens, la violation du statu quo en vertu duquel le lieu est exclusivement réservé à l’islam est un casus belli. C’est pourtant ce à quoi s’emploient quotidiennement le rabbin Yehuda Levi et ses amis. Selon eux, l’interdiction qui leur est faite relève de l’apartheid. Après avoir passé les détecteurs de métaux et s’être assuré qu’aucun de ses camarades n’avait apporté d’objet à connotation religieuse, le voici qui monte la longue rampe de bois qui le conduit au

sommet du Mur des lamentations : pour les non-musulmans, il s’agit de l’unique voie d’accès à l’esplanade. Une solide équipe de policiers israéliens attend le petit groupe de croyants qui entend s’y rendre ce matin encore. Avant d’y pénétrer sous bonne escorte, certains s’allongent de tout leur long. Malgré le froid et la pluie, l’un d’entre eux effectuera toute la déambulation pieds nus. Le rabbin, qui connaît chacun des policiers, salue amicalement les officiers. Carte en main, il indique l’emplacement estimé de l’ancien temple. Notre but, à long ­terme, est sa reconstruction, explique-t-il. Pour y parvenir, nous voulons normaliser l’exercice du culte juif sur le mont du Temple. Je ne suis pas un homme politique, je peux simplement agir spirituellement. Notre yeshiva (une école religieuse, NDLR) a été créée il y a sept ans pour encourager des groupes de personnes à venir régulièrement prier sur le mont. Plus nous venons, plus nous gagnons de liberté. Regardez, ce qui se passe devant vous était encore inimaginable il y a seulement quelques années ! »



C’est un endroit choisi par Dieu, là où le monde spirituel rencontre le monde physique



le rabbin Yehuda Levi

Le petit groupe s’est en effet arrêté et, à quelques mètres du Dôme du Rocher, murmure une prière. Sous le regard des policiers, qui se sont écartés, deux hommes grimpent quelques marches et bénissent les fidèles. « Ce sont des cohanim, explique le rabbin, des prêtres. Ce que vous voyez est le fruit de sept années de travail sur le terrain qui nous permettent, pas à pas, de gagner plus de liberté pour prier ici. » Les activités du rabbin Yehuda Levi ont pris un tournant il y a deux ans, quand il a fait la connaissance de Melissa Jane Kronfeld. Ensemble ils ont créé High on the Har, une organisation qui promeut très activement « l’ascension sur le mont ». Tout comme lui, c’est une Juive américaine, originaire de New York. Cette brillante jeune femme, bardée de diplômes, a fait

JÉRUSALEM-EST

Esplanade des Mosquées QUARTIER CHRÉTIEN

QUARTIER MUSULMAN

VIEILLE VILLE

1

2 QUARTIER ARMÉNIEN

JÉRUSALEMOUEST

250 m

3

QUARTIER JUIF

1. Dôme du Rocher 2. Mur des Lamentations 3. Mosquée al-Aqsa Infographie

son aliyah il y a cinq ans. Elle se dit « grande fan » d’un autre rabbin, Yehuda Glick, qui est le premier à avoir défendu le droit pour les Juifs à venir prier sur le mont, ce pour quoi il a fait l’objet d’une tentative d’assassinat en 2014, échappant de peu à la mort. Elle se présente également comme une proche de la femme de Ben Gvir, Ayala, laquelle est impliquée dans une association militant dans le même but. Avant les élections législatives de novembre dernier, elle a été ­contactée par l’équipe de campagne d’Itamar Ben Gvir : elle est fière d’avoir contribué à la victoire d’Otzma Yehudit (Force juive), son parti, qui s’est imposé comme un des poids lourds de la nouvelle coalition au pouvoir. « L’ascension de Ben Gvir sur le mont du Temple, la semaine dernière, a été le point culminant de ma carrière, s’enthousiasme-t-elle. Vous savez, il y montait déjà tous les mois depuis des années, et maintenant qu’il est devenu ministre, il continue de le faire, c’est aussi simple que ça. Mais cela a dirigé l’attention du monde entier ­ vers nous, on ne pouvait pas rêver



Itamar Ben Gvir est un héros juif, qui se bat pour les droits du peuple juif



Melissa Jane Kronfeld, cofondatrice de l’organisation High on the Har

Des sondages ont montré qu’une portion non négligeable de la population israélienne n’est pas hostile à la reconstruction : l’idée d’un « troisième Temple » est devenue une inspiration qui cherche à atteindre son accomplissement. Paradoxalement, ce qui, pour le monde entier, pourrait être le déclencheur d’une nouvelle guerre mondiale est, au contraire, pour beaucoup en Israël, une des conditions les plus importantes de la paix ! Pour les musulmans, c’est la guerre, au contraire, qui finira par arriver. Professeur de théologie ­islamique et fonctionnaire du Waqf, l’administration en charge des lieux de culte, Mustafa Abu Sway regarde avec inquiétude ces Juifs qui viennent prier sur l’esplanade des ­Mosquées, le troi­sième lieu saint de l’islam, rappelle-t-il. « Qué sera sera », lance-t-il, fataliste, avant d’expliquer que le roi de Jordanie, gardien du lieu saint, vient d’y autoriser une nouvelle pratique : chaque jour désormais, deux ­groupes de fidèles se retrouveront sous le Dôme du R ­ ocher pour y ­réciter l’intégralité du Coran. ■

le figaro

jeudi 12 janvier 2023

International

Sassou-Nguesso : « La paix en Libye freinerait le drame des migrants »

en bref Biden en ex-vice-président distrait

Le président des États-Unis, Joe Biden, a déclaré qu’il ignorait le contenu des documents confidentiels datant de sa vice-présidence sous Barack Obama (2009-2017) retrouvés dans l’un des bureaux qu’il a parfois utilisés comme lieux de travail et remis, comme le veut la loi, aux archives nationales.

Le président congolais pense qu’une issue à la guerre civile qui ravage ce pays et facilite les départs clandestins vers l’Europe est envisageable. EVGENIA NOVOZHENINA/REUTERS

Ukraine : violents combats à Soledar

PROPOS RECUEILLIS à brazzaville PAR

Yves Thréard £@yvesthreard

LE FIGARO. - Vous avez vu Emmanuel Macron à Paris, fin décembre, en revenant du sommet États-Unis - Afrique, à Washington. Quels sujets avez-vous abordés avec le président français ? Denis SASSOU-NGUESSO. - J’ai de très bonnes relations avec Emmanuel ­Macron. Il est d’ailleurs probable qu’il vienne en visite au Congo cette année. Avec le président français, nous avons surtout parlé de la Libye, dossier sur ­lequel nous jouons tous les deux un rôle. C’est la deuxième fois que je viens à Paris pour cela. Je suis personnellement ­impliqué depuis 2011, date du début de la guerre civile libyenne. Je préside, depuis 2020, le Comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye et je suis satisfait de constater que les choses avancent enfin. Dimanche dernier, le 8 janvier, la première réunion du comité préparatoire pour la tenue d’une conférence interlibyenne de réconciliation a eu lieu. Celle-ci doit être inclusive, c’està-dire qu’elle doit réunir toutes les parties au conflit, y compris les pro­ Kadhafi. Au niveau de l’ONU, les Russes, les Américains, les Turcs et beaucoup d’autres sont représentés aux réunions sur le sujet, mais à titre consultatif. Il y en a eu deux à Berlin. Vous avez l’espoir de mettre fin à la guerre civile en Libye ? Sur place, les populations ne demandent que cela, car elles sont épuisées. J’ai bon espoir que la conférence interlibyenne de réconciliation se tienne avant l’été prochain et que, dans la ­ foulée, des élections puissent être organisées, ­ débouchant sur des résultats a­cceptés ­ par toutes les parties. Quelles sont les conséquences de ce conflit pour le continent africain ? On ne mesure pas encore tous ses effets désastreux, tout le mal que la désintégration de la Libye a causé. Il est certain que cette guerre a contribué au développement du djihadisme au Sahel, mais aussi au nord du Cameroun, à la frontière de la République démocratique du Congo (RDC) et de l’Ouganda, et ailleurs ­encore. Ce conflit a aussi fait de la Libye un point de passage pour des milliers de jeunes migrants africains, qui viennent de partout, au péril de leur vie en traversant le désert puis la Méditerranée en ­direction de l’Europe. La fin de la guerre en Libye stabiliserait le Maghreb et, audelà, limiterait les trafics en tous genres. La paix dans ce pays freinerait le drame humain des migrants en Méditerranée. La Libye ne doit plus être un trou béant.

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Mesurez-vous le sentiment antifrançais qui se développe actuellement ­ en Afrique ?

Le président congolais Denis Sassou-Nguesso. Selon moi, ce sentiment antifrançais n’existe pas comme tel. Mais, c’est vrai, il demeure des pesanteurs. Des comportements néocoloniaux peuvent persister. Ce mouvement prend surtout corps chez les jeunes. Avec la France, ils veulent être aujourd’hui dans une relation de partenariat et non plus sous l’emprise d’une espèce de paternalisme. Ils veulent que ça évolue, en finir avec les schémas anciens. Ils l’ont d’ailleurs dit à ­Emmanuel Macron lors d’une rencontre France-Afrique, organisée à Montpellier en 2021, rencontre dont je n’ai pas beaucoup apprécié le format je dois dire. Remettez-vous en question, comme certains, la présence militaire française sur le continent ? Les bases militaires françaises en Afrique obéissent à une stratégie que je respecte. À l’époque de François Hollande, j’étais opposé au retrait des 2 500 soldats français du territoire de la République centrafricaine. J’étais médiateur dans ce conflit interne à ce pays. Le retrait de la mission Sangaris, en 2016, était une ­erreur. Attention, la nature a horreur du vide. La France et l’Afrique doivent voir où sont leurs intérêts.

sujet, tout comme à l’agriculture au sens large, qui est l’un des piliers du plan de développement du Congo d’ici à 2026. Nos efforts doivent aller sur ce terrainlà, après ceux que nous avons déployés pour améliorer nos infrastructures. À ce propos, j’ai bon espoir que le projet d’un pont routier et ferroviaire reliant Brazzaville à Kinshasa, capitale de la RDC, voit le jour. Nos deux pays sont enfin d’accord. Avec la Banque africaine de développement, un tour de table financier pourrait être trouvé dès cette année. Quel regard portez-vous sur l’élection présidentielle qui doit se tenir cette année au Gabon, pays avec lequel vous avez des relations difficiles ? Je ne parle pas de la politique intérieure d’un voisin, pas plus du Gabon que de la RDC où un scrutin présidentiel aura également lieu en 2023.

Vous cumulez trente-huit ans de pouvoir à la tête du Congo. Jusqu’où irez-vous ? Vous ne redoutez pas l’usure du pouvoir ? « Reste au pouvoir longtemps celui qui peut, pas celui qui veut », dit Paul Biya, le président du Cameroun, qui en sait quelque chose… Sachez que la Consti­tution congolaise me permettrait de me représenter dans quatre ans. ■

Afghanistan : au moins 20 morts dans un attentat Un kamikaze s’est fait exploser mercredi après-midi à l’entrée du ministère afghan des Affaires étrangères à Kaboul, où une délégation chinoise était attendue dans la journée, faisant au moins une vingtaine de victimes.

Éthiopie : les rebelles du Tigré rendent des armes Les rebelles tigréens ont commencé à rendre leurs armes lourdes, point clé de l’accord signé il y a plus de deux mois pour mettre un terme à un conflit meurtrier dans le nord de l’Éthiopie.

Pérou : enquête contre la présidente La présidente du Pérou, Dina Boluarte, fait face, avec plusieurs hauts responsables, à une enquête sur la répression des manifestations antigouvernementales qui ont fait 40 morts depuis la destitution de l’ex-président Pedro Castillo.

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L’Afrique doit encourager le dialogue entre l’Ukraine et la Russie car ce n’est que par le dialogue qu’une issue sera trouvée



Où en est l’affaire dite des « biens mal acquis », affaire dans laquelle on vous accuse en France d’avoir détourné l’argent public congolais ? Cette histoire est un coup tordu qui relève du harcèlement médiatique et ­ ­judiciaire en France. Où sont les preuves de ce détournement ? Par ailleurs, ce ne sont pas les Congolais qui me poursuivent, mais une association étrangère qui a décidé de s’en prendre à trois pays dans le monde, comme par hasard seulement en Afrique : Guinée équatoriale, Congo et Gabon. Je n’aime pas parler de cette ­provocation. Un jour, j’en suis sûr, la r­ aison l’emportera.

Conseil Bien-être

Pourquoi votre pays s’est-il abstenu, par deux fois à l’ONU, de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? J’estime que l’Afrique peut jouer un rôle de médiation dans cette guerre dont elle ne doit pas être l’otage. Ce conflit nous ­ramène à l’opposition Est-Ouest, que l’on croyait derrière nous depuis la chute du mur de Berlin. L’Afrique doit encourager le dialogue entre ces deux pays car ce n’est que par le dialogue qu’une issue sera trouvée. Le Congo, comme d’autres, souffre économiquement de cette guerre qui perturbe nos importations de blé et d’engrais. Irez-vous, en mars, à la conférence de Libreville, au Gabon, sur la préservation de la forêt en Afrique centrale ? Je suis président de la commission climat du bassin du Congo et, à ce titre, je ne vois pas pourquoi je n’irais pas. Nous en avons parlé avec Emmanuel Macron. J’attache beaucoup d’importance à ce

Des pays africains ont connu des coups d’État ces derniers mois, êtes-vous inquiet ? Ce qu’il vient de se passer au Brésil ou les violences du 6 janvier 2021 à Washington, dans la plus grande démocratie du monde, sont des ­ ­événements, à mes yeux, beaucoup plus inquiétants pour l’équilibre politique mondial.

De « violents combats » entre forces ukrainiennes et russes sont en cours à Soledar, une petite ville de la région de Donetsk, alors que le groupe russe de mercenaires Wagner avait revendiqué plus tôt le contrôle de cette petite ville de l’est de l’Ukraine. Une revendication démentie par l’armée ukrainienne et le Kremlin.

Expertise

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AFRIQUE À 79 ans et toujours aux ­commandes du Congo, Denis SassouNguesso est l’un des présidents africains qui a « régné » le plus longtemps sur son pays. Président du comité qui tente, pour le compte de l’Union africaine, de mettre un terme au conflit ­libyen, il se veut désormais optimiste. Il est moins loquace, en revanche, quand il s’agit de parler du Gabon d’Ali Bongo, son voisin, avec qui les relations sont pour le moins froides et délicates. Le président du Congo confie être en train d’écrire ses Mémoires. Il y raconte sa jeunesse, ses années de pouvoir, la guerre civile de 1997 et tous les grands de ce monde dont il a croisé le chemin, de Fidel Castro à Deng Xiaoping. Il a reçu Le Figaro au palais présidentiel, à Brazzaville.

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Face à l’explosion de la maltraitance animale, dégaine une unité spécialisée d’enquêteurs Composée de quinze policiers et gendarmes, cette division doit endiguer un fléau qui a bondi de 30 % en six ans. Christophe Cornevin £@ccornevin

sécurité À travers le territoire, les faits de violences animales s’enchaînent à en donner le tournis. À Aurillac, le parquet a ouvert le 8 décembre dernier une enquête préliminaire sur la foire aux chevaux de Maurs (Cantal) à la suite de la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux via la Fondation Brigitte Bardot. Tournée le 27 octobre en caméra cachée, elle met en scène ce que l’association dénonce comme des « sévices graves » infligés aux animaux. On y voit des chevaux entassés dans des enclos minuscules qui se marchent dessus, se mordent ou s’envoient des ruades. Certains équidés présentent des blessures sanguinolentes sur la croupe, les pattes ou au niveau de la tête. D’autres sont dans un état de maigreur avancé. Quelques jours auparavant, c’est le chiot d’un rappeur qui a été retrouvé par la BAC à Argenteuil (Val-d’Oise), la tête tuméfiée, souffrant de nombreuses fractures ainsi que de dénutrition. Le propriétaire mis en cause, poursuivi pour « sévices graves et actes de cruauté », « privation de soins et de nourriture sur un animal », est appelé à comparaître en correctionnelle en mars prochain. Il encourt une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

Fin novembre, c’est un dresseur de cirque qui s’est vu confisquer ses dix tigres après avoir été condamné à Beauvais pour maltraitance animale. « Ces félins ne connaissaient que le camion dans lequel ils vivaient, enfermés dans des espaces de 2 m2 entre des barreaux et sans eau », s’était alors indigné Muriel Arnal, présidente de l’association de défense des animaux One Voice, pointant une « promiscuité effroyable pour eux ». Roués de coups, laissés pour morts, de faim et de froid, empoisonnés, quand ils ne sont pas victimes de sévices et de mutilations diffusés sur les réseaux sociaux, des actes parfois insoutenables ont ému jusqu’au sommet de l’État.

La mode des félins dans les cités

Pour tenter de briser cette spirale, le ministère de l’Intérieur passe à l’offensive. Comme il l’avait promis le 28 octobre dernier, Gérald Darmanin devrait annoncer dans les tout prochains jours la création d’une division de lutte contre la maltraitance animale. Composée de quinze policiers et gendarmes, cette unité sera rattachée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). Cette unité de pointe a déjà fait ses preuves dans la traque de très lucratifs trafics de félins dans les cités. « Mode lancée en 2018 par les

Le 10 avril 2021, une cinquantaine d’animaux sont recupérés par l’association Urgence Maltraitance Animaux (UMA) chez un particulier en Loire-Atlantique. Romain Boulanger/ PHOTOPQR/PRESSE OCEAN/ MAXPPP

célébrités (chanteurs de rap, sportifs), s’afficher avec un animal sauvage détenu en captivité devient un phénomène social qui se développe, confirme le rapport annuel de l’Oclaesp. Pour certains délinquants, apparaître en selfie ou en vidéo avec un animal non domestique (essentiellement des jeunes félins et primates protégés et dangereux) s’apparente à un signe de notoriété sociale. » Dressant un état de la menace en 2022, le document précise que

« des propriétaires peu scrupuleux n’hésitent pas à mettre leur animal en location pour des clichés (entre 10 et 100 euros l’unité) et des vidéos qui tournent ensuite sur internet ». Selon nos informations, les enquêteurs de l’Oclaesp mettent au jour entre huit et dix affaires chaque année. Plus de la moitié d’entre elles sont des trafics liés à la criminalité organisée. Chargée de traquer les actes les plus graves, la division de lutte

À Toulouse, la justice crée un pôle dédié laurent Marcaillou £@l_marcaillou

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toulouse (haute-garonne)

C’EST UNE première en France. La cour d’appel de Toulouse a créé en septembre un pôle spécialisé dans l’environnement et la maltraitance animale. Plusieurs faits graves survenus l’été dernier - un chien blessé de plusieurs coups de hache, un chat violé avec un bâton… - ont incité le procureur général Franck Rastoul à mettre l’accent sur la maltraitance animale. Ce pôle spécialisé, qu’il forme avec un assistant juridique et une chargée de mission, suit les procédures des six tribunaux du ressort de la cour d’appel de Toulouse dans la Haute-Garonne, l’Ariège, le Tarn et le Tarn-et-Garonne, tout en tissant des liens avec les directions de protection des populations, les services vétérinaires, les associations et les parquets. Chaque parquet a par ailleurs désigné un magistrat référent, et deux délégués spécialisés ont été nommés auprès des procureurs de SaintGaudens et de Castres. D’autres suivront. Le pôle travaille sur une trentaine de dossiers et s’appuie sur les alertes de France Nature Environnement et de l’association Les 4 Pattounes, fondée par la capitaine de police Céline Gardel, qui réunit 70 policiers et gendarmes bénévoles contre la maltraitance animale. Cette défenseur des animaux a aussi créé, avec le procureur de SaintGaudens Christophe Amunzateguy et des vétérinaires, des modules de formation pour les policiers et les magistrats. Jusque-là, les affaires de violence sur animaux étaient souvent reléguées en bas de la pile de dossiers en raison de l’encombrement des tribunaux. Souvent, elles ne faisaient l’objet que d’une décision administrative. Entre 2020 et septembre 2022, 90 procédures ont été enga-

gées dans les quatre départements. « Avant la création du pôle, elles étaient traitées dans le bloc réglementation avec l’urbanisme et l’environnement, explique Franck Rastoul. On a mis en place cette organisation dans une logique de résultats, car il n’y a qu’une forme de violence. » « Les gens qui fracassent leur chien peuvent faire pareil avec leur femme ou leurs enfants ! », abonde Céline Gardel, qui participera avec Franck Rastoul au colloque « Une seule violence », le 17 mars prochain au Sénat. Les faits de maltraitance d’animaux ont augmenté de 30 % entre 2016 et 2021 en France, sans compter ceux qui ne sont pas connus. La police et la gendarmerie ont enregistré 12 000 infractions visant des animaux de compagnie ou d’élevage en 2021, dont 42 % de délits. « Il faut changer de braquet, car il y a des faits lourds, insiste Franck Rastoul. Il y a aussi une évolution de la société qui n’admet plus la maltraitance animale. Le constat est le même pour l’environnement. » Le pôle accélère les procédures. Le 8 octobre à Toulouse, informés par un vétérinaire, la police et la direction départementale de la protection de la population ont arrêté un camion qui transportait onze chevaux déshydratés et amaigris sur l’autoroute A62. Certains boitaient, et le cheval le plus sérieusement blessé a dû être euthanasié. Le conducteur, un fermier originaire de Malte, était venu acheter des chevaux en France. Jugé en comparution immédiate sous reconnaissance préalable de culpabilité, il a été condamné à six mois de prison avec sursis, assortis d’une interdiction de transporter des animaux vivants pendant trois ans. « Le fait que le procureur général s’en occupe permet d’optimiser les procédures. Jusque-là, même pour un abandon, il n’y avait pas de jugement », apprécie Céline Gardel, qui

Viande chevaline : fraudes

demande la création de brigades de protection animale, au-delà des 15 policiers et gendarmes spécialisés annoncés par Gérald Darmanin (voir par ailleurs). Son association Les 4 Pattounes a signé une convention avec les parquets de Castres et de Saint-Gaudens pour proposer une peine alternative aux justiciables : une journée de formation payante avec un vétérinaire et un éducateur canin pour savoir comment se comporter avec un animal.

Des compétences pointues Le pôle lutte aussi contre le trafic d’animaux sauvages, « le troisième au niveau mondial derrière les armes et les stupéfiants », souligne Franck Rastoul. Devant l’explosion du trafic d’espèces marines, la direction régionale d’Occitanie de l’Office français de la biodiversité (OFB) a mené 67 contrôles du commerce de la faune marine entre mars et novembre 2022. Elle a saisi 1 700 parties d’animaux, des dents et des mâchoires de requins protégés par la Convention sur le commerce international d’espèces menacées (Cites), du corail, des bénitiers, etc. L’opération a conduit à 21 procédures judiciaires.

« Avoir des magistrats spécialisés va augmenter l’efficacité du traitement des enquêtes, pronostique Laurent Retière, inspecteur de l’environnement à l’OFB et référent en Occitanie de la convention Cites. Le droit de l’environnement, très technique, demande des compétences pointues, et c’est difficile pour nous d’avoir des magistrats qui ne connaissent pas la matière. » En France, le trafic de chardonnerets, recherchés pour leur chant mélodieux, a explosé, au point que leur nombre a chuté de 40 % en dix ans. Ils sont revendus au Maghreb où ils ont quasiment disparu à l’état sauvage. « Il y avait peu de poursuites contre le trafic de chardonnerets, mais aujourd’hui, il y a une prise de conscience de la justice qui prononce des peines de 18 mois de prison ferme », se félicite Laurent Retière. À l’inverse, le serval est capturé en Afrique et revendu en Europe, où il est hybridé avec des chats domestiques dans des élevages clandestins qui revendent les chatons jusqu’à 5 000 euros. Mais l’espèce faisant l’objet du plus gros trafic en France reste la civelle. Exportée illégalement en Asie, elle est aujourd’hui menacée d’extinction. ■

Une « organisation

structurée et efficace permettant de commercer pendant de nombreuses années et d’écouler un grand nombre de chevaux en principe écartés de la chaîne alimentaire

Céline Ballerini, présidente de la 6e chambre du tribunal correctionnel de Marseille.

»

Deux hommes arrêtés à Lyon après avoir tenté de vendre sur le darknet un singe protégé Deux individus de 24 et 25 ans ont été interpellés par la brigade anticriminalité de Lyon, dimanche dernier, alors qu’ils procédaient à la vente illégale d’un ouistiti à pinceaux blancs, une espèce protégée originaire d’Amérique du Sud. Défavorablement connus des services de police, les deux hommes avaient été signalés aux autorités par la SPA après

contre la maltraitance animale aura vocation à travailler en premier lieu sur les violences inqualifiables ciblant les animaux domestiques. Dans ce registre, jamais la violence n’a été aussi forte. Selon une étude publiée en novembre dernier par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), les unités de police et de gendarmerie ont enregistré en 2021 pas moins de

la publication d’une petite annonce sur le darknet. Selon Le Progrès, ils espéraient céder le primate contre 4 000 euros. Le plus âgé des deux suspects a reconnu la détention de l’animal, le second a nié les faits. À l’issue de leur garde à vue, ils ont été laissés libres pendant la poursuite de l’enquête menée par la sûreté départementale. Le singe, dont le parcours

jusqu’à Lyon reste à déterminer, a été confié à la SPA sous mesure de protection, qui l’a ensuite remis lundi matin au zoo de Saint-Martin-la-Plaine, dans le département voisin de la Loire. En mai 2022, un autre ouistiti, à pinceaux noirs, avait été signalé dans un jardin d’une maison de la banlieue lyonnaise. L’animal avait été placé dans un refuge spécialisé.

Chloé Triomphe Marseille

JUSQU’À 4 ans de prison, dont 2 avec sursis et des amendes qui s’élèvent jusqu’à 100 000 euros ont été prononcés mercredi 11 janvier par la 6e chambre du tribunal correctionnel de Marseille. Sa présidente, Céline Ballerini, qui officie également à un autre procès qui se déroule actuellement dans une affaire similaire, souligne l’existence « d’une organisation structurée et efficace permettant de commercer pendant de nombreuses années et d’écouler un grand nombre de chevaux en principe écartés de la chaîne alimentaire », dans un but uniquement lucratif. Le jugement fustige également l’absence totale de traçabilité du parcours sanitaire des animaux et ses éventuelles conséquences sur la chaîne alimentaire. Dans cette affaire, assez symptomatique du circuit entre le pré et les abattoirs, du marchand de chevaux au grossiste de viande, l’enquête avait permis de démontrer l’existence d’un vaste système de fabrication de faux documents, avec la complicité d’un faussaire aux Pays-Bas ou d’un vétérinaire installé dans la Meuse. L’unique but de ces contrefaçons consistait à modifier le feuillet de traitement médicamenteux des chevaux, l’équivalent du carnet de santé pour les humains, afin de brouiller toute traçabilité de l’animal, et au passage de dissimuler d’éventuels traitements qui auraient inévitablement interdit l’abattage à des fins de consommation humaine. Des chevaux visiblement atteints de maladie ou des chevaux âgés que leurs propriétaires avaient cédés contre bons soins se sont ainsi retrouvés dans les assiettes. L’enquête a conclu qu’un « nombre considérable d’animaux » avaient ainsi transité entre différents pays européens, et alimenté plusieurs dizaines de bou-

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Beauvau

Le dépôt sauvage est passible d’une contravention d’un montant maximum de 1 500 euros pour un particulier, portée à 75 000 euros d’amende et/ou deux ans de prison pour une entreprise. Quils/stock.adobe.com

La criminalité environnementale, une mine d’or pour les voyous

Braconnage massif

12 000 infractions visant des chiens, des chats et autres chevaux apprivoisés. Soit un fait de violence ou de mauvais traitement toutes les 45 minutes. De manière régulière, ce véritable fléau a bondi de 30 % depuis 2016, augmentant en moyenne de 5 % par an. Les enquêteurs spécialisés seront aussi chargés d’enquêter sur les élevages illicites ainsi que sur les marchés clandestins d’ani-

D’un appétit féroce, les trafiquants n’hésitent pas à piller la faune environnante pour capturer, par exemple dans la forêt de Sénart, en Île-de-France, des écureuils asiatiques couverts de tiques et dangereux pour l’homme. Ce braconnage massif permet aussi de vendre sous le manteau des oiseaux protégés, comme le chardonneret élégant ou la linotte mélodieuse, prisée pour son chant. Dans les filets tombent aussi des bruants ortolans, des pinsons ou encore des rougesgorges pour la consommation. Le rapport annuel de l’Oclaesp est formel : pas moins de 3 342 saisies allant des reptiles aux mammifères en passant par les oiseaux et l’ivoire d’éléphant ont été réalisées en France métropolitaine en une dizaine d’années. À l’échelle mondiale, 1 million d’espèces sont menacées, et le commerce illégal d’animaux sauvages génère, quant à lui, 23 milliards de dollars par an. ■

Paule Gonzales £@paulegonzales

IL A ÉTÉ le grand oublié des États généraux de la justice, mais le gouvernement sera bien obligé de remettre le contentieux environnemental sur le métier tant il est complexe, monte en puissance et correspond à une attente forte de l’opinion publique. Entre 2015 et 2019, les services statistiques de la Chancellerie ont calculé que les parquets ont traité « 86 200 affaires avec auteur(s) relatives à des contentieux de pollution ou détérioration de l’environnement ». Un chiffre certes encore faible par rapport au nombre d’affaires pénales en France, mais qui augmente et rapporte déjà gros à la grande délinquance organisée. Le magistrat Jean-Philippe Rivaud, cofondateur de l’Association fran-



Le trafic environnemental au sens large, concourt à hauteur de 38 % dans le financement du terrorisme

en série à Marseille cheries chevalines du sud-est de la France, faisant fi des contrôles et au mépris des risques sanitaires encourus par les consommateurs. Au centre de cette affaire figure Jean-Marc Decker, l’un des plus importants négociants européens de chevaux installé en Belgique et qui livrait jusqu’à 40 chevaux par semaine à l’abattoir d’Alès. Il est présenté comme « le pivot de la fraude », mais, pour son avocate, Me Alice Nallet, cette décision « extrêmement sévère ne prend pas en compte la complexité de la législation européenne mise en œuvre de manière anarchique dans les abattoirs. Elle permet de se donner bonne conscience en désignant des boucs émissaires. » Si le tribunal a acté un « certain attentisme » des autorités sanitaires, il estime surtout que cette défaillance dans les contrôles ne peut suffire à exonérer la responsabilité de marchands et de vétérinaires, coupables d’avoir ensemble et volontairement trompé les différentes administrations, et in fine escroqué les consommateurs. Le tribunal a ainsi acté la notion de « bande organisée » pour la commission de ces différentes infractions. Enfin, affaire dans l’affaire, qui révèle aussi le climat de pression qui pouvait régner dans les abattoirs et au sein de la filière en général, le tri-

bunal a dû se prononcer sur le cas d’un assistant spécialisé du pôle santé publique du tribunal de Marseille. Ses notes et prises de position auprès des juges d’instruction ont été écartées des motivations du jugement après la découverte d’un conflit ancien avec l’un des mis en cause. Ce dernier, gérant d’une société de vente en gros de viande équine, avait été condamné après lui avoir porté des coups il y a plusieurs années. Le tribunal a estimé que ce conflit, certes ancien, pouvait néanmoins porter atteinte à l’apparence d’impartialité de la justice.

Une étude d’interpol

Documents falsifiés Dans l’autre procès, où 25 personnes sont actuellement jugées à Marseille, il est question de jeunes trotters réformés des courses hippiques et passés par la ferme du laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur, qui les utilisait à des fins de fabrication de différents sérums antivenimeux ou antitétaniques après de longs mois d’injection d’antigènes. Leurs documents d’identité étaient alors falsifiés en vue d’autoriser leur abattage pour la consommation. Des animaux qui portaient encore les stigmates des différentes piqûres à l’encolure durant leur séjour au sein du laboratoire. ■

Entre 2010 et 2015, Jean-Marc Decker, un négociant belge en viande équine, livrait chaque semaine, une quarantaine de bêtes impropres à la consommation dans cet abattoir d’Alès (Gard).

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PASCAL GUYOT/AFP



çaise des magistrats pour la justice environnementale et vice-président du Réseau européen des procureurs pour l’environnement, le rappelle : « Selon une étude d’Interpol, qui date déjà de 2018, la criminalité environnementale, très souvent transnationale, est la quatrième source de revenus des grands délinquants, après la drogue, le trafic des êtres humains et la contrefaçon. Le trafic environnemental au sens large - espèces protégées, ressources minières, matière fissile, déchets - concourt à hauteur de 38 % dans le financement du terrorisme. » Cette délinquance est d’autant plus prisée des voyous que les sanctions pénales restent encore modestes et moins élevées que celles du trafic de stupéfiants. Certains trafics passent totalement inaperçus. « Nul ne sait par exemple que La Rochelle est le troisième port d’importation de bois illégal en France. Il en arrive tous les jours, mais aucune enquête n’a encore été ouverte à ce sujet », souligne un bon connaisseur de ces questions. À côté de cette grande criminalité organisée, il existe un contentieux de masse perpétré par des personnes physiques. Particularité de ce contentieux, les hommes représentent 89 % des personnes physiques sur la période étudiée, davantage que dans l’ensemble des affaires pénales dans les mêmes années (83 %). Par ailleurs, « les auteurs d’atteinte à l’environnement ont en moyenne 46 ans et sont nettement plus âgés que sur l’ensemble des affaires pénales (35 ans) ». Mais selon les chiffres de la Chancellerie, le fait marquant de-

meure « la surreprésentation des personnes morales » : « elles constituent 13 % des auteurs pour ce contentieux, contre 4 % pour l’ensemble des affaires pénales ». Cela explique sans doute qu’à côté du recours au tribunal correctionnel, les parquets soient friands des alternatives aux poursuites. « Même si les montants ne sont pas les mêmes, le contentieux environnemental a déclenché 9 conventions judiciaires d’intérêt public (CJPE), soit autant que le parquet national financier », se félicite Jean-Philippe Rivaud. Ce mode de réponse pénale est ainsi chaudement recommandé par l’étude consacrée au « traitement pénal du contentieux environnemental » menée à l’initiative du parquet général près la Cour de cassation, et publiée le 7 décembre dernier: « Le caractère polymorphe du droit de l’environnement, la multiplicité des sources et des infractions ainsi que la nécessité de favoriser la réparation et la prévention des atteintes à l’environnement rend particulièrement adapté le recours à la CJIPE dans le cas d’une personne morale qui souhaiterait solder un comportement passé inadapté et orienter son action sur la mise en conformité et la réparation. » Dans leur champ d’action, les parquets font l’expérience quotidienne de cette « multiplicité des infractions » : atteintes à l’eau, à l’air, aux espaces naturels, à la faune et à la flore - via la chasse, la pêche et toutes autres formes d’atteintes aux espèces animales et végétales -, ainsi que la prévention des pollutions et des risques, dont les ordures et déchets, les risques naturels et ceux technologiques. Ces deux derniers représentent près de 70 000 affaires - 68 787 exactement - et leurs déclinaisons sont infinies. Jean-Philippe Rivaud insiste sur le fait que « les délits et crimes environnementaux sont intimement liés à l’ordre public sanitaire ». En ligne de mire, les produits phytosanitaires et la chimie agricole, que les substances utilisées soient interdites, ou qu’elles soient autorisées mais produites clandestinement et surdosées. Des contentieux difficiles à traiter, car il faut connaître le milieu et ses acteurs, maîtriser les moyens d’analyse et les scènes de crime environnemental. « Or nous en sommes encore aux balbutiements de la matière », rappelle le magistrat, qui souligne sa technicité et la nécessité de formation des magistrats. Certes, le gouvernement a fait des efforts. Depuis la loi du 24 décembre 2020, dans chacune des 36 cours d’appel, des magistrats ont été dédiés aux atteintes graves ou aux mises en péril de l’environnement, comme les pollutions des sols liés aux activités industrielles, les infractions au régime des installations classées qui dégradent l’environnement, les atteintes aux espèces ou aux espaces protégés, les infractions à la réglementation sur les déchets indus-

triels. Par ailleurs, la loi du 22 août 2021 climat et résilience aggrave les peines, mais le cadre en est si limité que le groupe de travail de la Cour de cassation invite à créer « une incrimination autonome non dérivée du droit pénal administratif environnemental permettant de sanctionner presque tous les actes », mais aussi à codifier toutes les infractions aujourd’hui éparpillées façon puzzle dans différents codes, « excepté le code pénal », regrette Jean-Philippe Rivaud. Ce dernier milite également pour une concentration des affaires dans moins de juridictions afin de créer un volume suffisant de contentieux pour susciter une expertise de qualité. ■

en bref Mort du cardinal australien George Pell, figure controversée du Vatican

Le cardinal George Pell, qui avait été accusé de violences sexuelles en Australie puis blanchi, est mort mardi à Rome, à l’âge de 81 ans. Selon le site d’informations officiel Vatican News, l’ancien haut responsable de l’Église catholique « est décédé de complications à la suite d’une opération à la hanche ». George Pell, qui fut secrétaire à l’Économie du Vatican et était alors considéré comme le bras droit du pape François, avait été condamné à six ans de prison en 2019 pour viols et agressions sexuelles sur deux enfants de chœur dans les années 1990 à Melbourne. Confirmée en appel, sa condamnation avait été cassée par la Haute Cour australienne et le prélat avait retrouvé la liberté après douze mois d’incarcération.

Corruption à Fresnes : 2 ans et 4 ans de prison pour Mimran et un ex-directeur de détention Le tribunal correctionnel de Créteil a condamné mercredi pour corruption un ex-directeur de détention de la prison de Fresnes à 4 ans d’emprisonnement et l’ancien homme d’affaires Arnaud Mimran à 2 ans de prison. Alors chef de la division 3 du centre pénitentiaire de Fresnes (Valde-Marne), Khalid el-Khal, 53 ans, a été reconnu coupable de corruption passive et association de malfaiteurs pour avoir touché de l’argent en échange d’avantages accordés à trois détenus de janvier 2016 à mars 2018, dont le très médiatique Arnaud Mimran, condamné en 2016 pour une fraude à la taxe carbone.

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maux domestiques et de « NAC », c’est-à-dire les nouveaux animaux de compagnies, dont les photos sont postées sur les réseaux sociaux. Détenues par des amateurs passionnés à la recherche du reptile le plus rare ou le plus coloré, parfois peu regardants sur l’origine, ces bêtes exotiques font l’objet d’importations sauvages avant d’être détenues clandestinement. Ainsi, dans le cadre d’un démantèlement de trafic mené en juin 2021 dans le Finistère, 107 spécimens, dont 9 mygales ainsi que 98 serpents, surtout des pythons, ont été saisis. Le principal mis en cause, passionné de reptiles, a écopé de 8 ans d’emprisonnement avec sursis et plusieurs centaines d’euros d’amende.

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Attaque à la gare du Nord : l’agresseur visé par une OQTF Connu sous plusieurs identités, l’individu d’une vingtaine d’années a fait six blessés à l’arme blanche avant d’être neutralisé. Au premier « stade des

investigations, les enquêteurs affichent de la prudence sur les motivations de l’agresseur

Christophe Cornevin£@ccornevin, Nicolas Farmine £@NFarmine et Guilllaume Poingt £@guillaumepoingt

Sécurité L’homme qui a blessé plusieurs personnes à l’arme blanche mercredi à la gare du Nord, dans le 10e arrondissement de Paris, était visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis l’été 2022. Le suspect ne possédait pas de documents d’identité sur lui au moment de son interpellation. Âgé d’une vingtaine d’années, il pourrait s’agir d’un Libyen ou d’un Algérien précise le parquet. Cet individu arrivé en France en 2019 a été confondu par ses empreintes. A priori fiché pour des affaires de droits communs, il était logé en

Seine-Saint-Denis et aurait fait de la prison, ce que la justice n’avait pas confirmé mercredi soir. « Nous n’éloignons pas en Libye. En premier lieu compte tenu de l’instabilité du pays. En second lieu parce que nous n’avons pas de canal d’échange pour l’identification des ressortissants », indique le ministère de l’Intérieur qui sent, une fois de plus, venir le vent de la polémique trois mois après l’affaire Lola. Au premier stade des investigations, les enquêteurs affichent de la prudence sur les motivations de l’agresseur. Aucun élément ne permettait jeudi soir d’évoquer une attaque terroriste, selon une source proche du dossier. L’hypothèse terroriste « n’est pas privilégiée », a-t-on soufflé quelques heures après cette soudaine bouf-

fée de violence qui a sidéré les usagers de la SNCF. Selon un scénario qui reste à établir, l’attaque, fulgurante, a duré moins de deux minutes. À 6 h 42, un inconnu, décrit par des témoins comme étant de petite taille et porteur d’un manteau clair, surgit de la cohue. Il sort alors une arme de fortune et assène une vingtaine de coups à sa première victime. « Il s’agit d’un crochet métallique dont la partie la plus longue se termine en pointe, entouré sur sa majeure partie d’une ficelle permettant une meilleure prise en main », précise le parquet. Alors que des personnes criaient « arrêtez-le ! », deux agents de la police aux frontières (PAF), en patrouille au niveau de l’escalier d’accès à l’Eurostar, sont intervenus à 6 h 43. Contrairement à des

allégations diffusées sur les réseaux sociaux, l’assaillant n’aurait pas proféré de menace verbale au moment de passer à l’action à hauteur des voies 16 et 17. Le bilan fait état de six victimes blessées. Il s’agit de deux hommes de 36 et 41 ans, usagers de la gare, d’un policier de 46 ans affecté à la police aux frontières (PAF), et de trois femmes de 40, 47, et 53 ans, usagères de la gare. Seul l’homme de 36 ans était encore hospitalisé jeudi soir, son pronostic vital n’étant pas engagé. L’un des policiers aurait tenté de ceinturer l’agresseur qui l’a blessé avec son poinçon. Son collègue aurait aussitôt dégainé son revolver avant d’ouvrir le feu tandis qu’un policier de la brigade des réseaux

franciliens (BRF), qui rentrait chez lui et portait son arme comme il en a l’autorisation, a tiré également sur l’assaillant. Touché par deux balles au thorax et une troisième au bras, l’agresseur a été évacué de la gare et conduit à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e) sous escorte policière. La brigade criminelle s’est vue confier le soin de l’enquête ouverte par le parquet pour « tentative d’assassinat ». Comme il est d’usage après des tirs effectués par des policiers, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a aussi été saisie. Après la diffusion sur le compte Twitter @MaudPK d’une vidéo intitulée Les images de l’attaque de ce matin, gare du Nord, le parquet de Paris a immédiatement ouvert une enquête pour violation du secret de l’enquête. ■

l’ancien médecin Didier Martin, (Renaissance) semble ouvert à discuter d’une évolution dans un cadre strict. Les membres de la mission affichent « des convictions très différentes sur l’aide active à mourir », se défend Olivier Falorni. « Le danger, c’est d’avoir des certitudes, poursuit-il. Il faut pouvoir penser contre soi-même. C’est tout l’intérêt des auditions que nous allons mener. »

inlassable militant de l’« ultime liberté ». Deux membres de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) ont aussi été invités à présenter les conclusions de leur rapport de 2018 sur l’application de loi Claeys-Leonetti. L’Igas avait alors estimé que ce texte offrait « une réponse adaptée à la prise en charge de l’immense majorité des parcours de fin de vie ». Elle avait cependant souligné l’insuffisant déploiement des soins palliatifs sur le territoire et le recours « hétérogène » au nouveau droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Quatre ans après ce premier constat, la mission menée par Olivier Falorni dira-t-elle autre chose ? « Le but de la mission n’est pas de se prononcer “pour ou contre” une aide active à mourir, assure l’élu. Nous allons évaluer les dispo-

sitifs de la loi actuelle sur la fin de vie, comme la situation des soins palliatifs, le faible nombre de directives anticipées rédigées par les patients ou leur respect… ». Les auditions des médecins s’annoncent très brèves. Deux heures sont programmées pour entendre, ensemble, les gériatres, les réanimateurs et la Sfap. « Cela semble bien court pour aborder tous les enjeux de cette loi… », souligne Claire Fourcade, présidente de la Sfap. Les élus ont cependant prévu de se déplacer dans « une unité de soins palliatifs et à l’hôpital », voire dans des « déserts palliatifs » pour éviter un débat trop déconnecté du terrain. Attendues en mars, leurs conclusions alimenteront le débat en parallèle de celles de la Convention citoyenne. De quoi jeter les bases d’un futur projet de loi. ■

L’assaillant blessé

À l’Assemblée, une mission polémique sur la fin de vie Le député Olivier Falorni, qui la préside, est un ardent militant de l’euthanasie et du suicide assisté. Agnès Leclair £@AgnesLeclair

Bioéthique Évaluer la loi sur la fin de vie ou préparer le terrain à la légalisation de l’aide active à mourir ? Jeudi, la mission d’évaluation de la loi du 2 février 2016 dite « ClaeysLeonetti » démarre ses travaux. Le choix d’en donner la présidence au député Olivier Falorni (MoDem), ardent militant de l’euthanasie et du suicide assisté, a d’ores et déjà suscité de vives critiques. « Cela revient à confier à un pyromane la tête d’une enquête sur un incendie, s’agace Jean-Marie Gomas, médecin et cofondateur de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap). Nous sommes très inquiets car Olivier Falorni a manifesté à plusieurs reprises sa méconnaissance totale des soins palliatifs. » « Vous avez dit équilibre, ouverture, objectivité ? Vous avez dit débat apaisé ? », ironise pour sa part l’association Alliance Vita, opposée à l’euthanasie.

Il faut dire qu’en 2021, l’examen du texte d’Olivier Falorni « donnant le droit à une fin de vie libre et choisie », à l’Assemblée nationale avait marqué une première rupture symbolique. Le texte, finalement bloqué par l’opposition et non soutenu par le gouvernement, « allait encore plus loin que le modèle belge », rappelle Jean-Marie Gomas. À l’époque, la droite s’y était opposée par une salve d’amendements et le gouvernement s’y était dit défavorable dans un contexte de crise sanitaire. Ces émois sur le choix Olivier Falorni ont un peu éclipsé le reste du « casting » composé de 19 élus des différents groupes représentés à l’Assemblée nationale. Pourtant, les prises de position de deux rapporteurs de la mission - Caroline Fiat (LFI) et Didier Martin, (Renaissance) - ne sont pas anodines. L’euthanasie ? « Les Français sont prêts, ils le demandent », a déjà tranché la première. Plus nuancé,

Olivier Falorni, en novembre à l’Assemblée nationale. THOMAS SAMSON/AFP

« Les dés sont pipés» Jeudi matin, c’est l’ancien député Jean Leonetti, coauteur de la loi actuelle sur la fin de vie, qui ouvrira le bal des auditions. Sans illusions. « Il sait très bien que les dés sont pipés », commente un proche. D’autant que sa parole sera vite contrebalancée par celle de l’ancien député Jean-Louis Touraine,

À Callac, clap de fin pour le projet d’accueil de réfugiés Dans un contexte de grande tension dans le village, la municipalité a abandonné son idée d’« Arche de Noé des temps modernes ». pour « leJ’étais projet

mais ce n’était plus tenable, le conseil municipal allait tomber. J’assume la décision d’arrêter

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Jean-Yves Rolland, maire dvg de callac (22)

Stéphane Kovacs £@KovacsSt

Immigration L’idée était de bâtir une « Arche de Noé des temps modernes » en plein cœur de la Bretagne. D’« allier l’insertion de réfugiés au développement d’un territoire ». Mais Callac, bourgade de 2 200 habitants retenue parmi une vingtaine d’autres par le Fonds de dotation merci, une fondation familiale créée en 2009 pour des actions de solidarité, ne sera pas ce « village pionnier » : la municipalité a finalement renoncé à cet ambitieux projet Horizon d’accueil de réfugiés. Deux manifestations « patriotes » - avec des contre-manifestations « antifascistes » -, des menaces de mort contre des élus, des tags sur l’hôtel de ville… Dans l’équipe municipale, « c’était tendu à un niveau inimaginable, c’était au bord de la rupture, a expliqué ce mercredi à

l’AFP le maire (DVG) Jean-Yves Rolland. J’étais pour le projet mais ce n’était plus tenable, le conseil municipal allait tomber. J’assume la décision d’arrêter. » Le maire avait l’intention d’en informer ses administrés dans le prochain bulletin municipal mais l’information « a fuité ». « L’équipe municipale, écrit l’élu dans le bulletin à paraître, décide de mettre fin à sa collaboration avec le Fonds de dotation merci », avec lequel une convention avait été signée en avril dernier. Agressions verbales sur le marché, boycott des commerçants selon leurs prises de position, voisins qui ne se parlaient plus : dans les ruelles bordées d’hortensias bleus, l’ambiance était également très pesante ces derniers mois. « La population est plutôt âgée. Même s’ils n’étaient pas forcément contre le projet, des habitants ont pris peur », analyse le maire. D’autant qu’au projet Horizon se juxtapo-

sait, depuis quelques semaines, un second projet, piloté par l’association Viltaïs. Dans le cadre du programme Agir (Accompagnement global et individualisé des réfugiés), déployé par l’État pour « systématiser l’accompagnement vers l’emploi et le logement des bénéficiaires de la protection internationale », Callac devait recevoir, en novembre, deux premières familles - seize personnes - venues d’Afrique. Ces familles ne sont pas encore arrivées.

« Menaces et intimidations » C’est « avec un plaisir non dissimulé » que le Comité d’organisation contre le projet Horizon à Callac a annoncé l’abandon du premier projet. « Très récemment, le conseil municipal s’est réuni en secret, et a voté sur le projet Horizon, raconte Danièle Le Men, qui a monté l’Association des amis, de Callac et des environs. Le résultat fut le suivant :

12 pour l’arrêt du projet Horizon (dont le maire), 2 pour continuer. Le reste des élus n’a pas voulu prendre part au vote. Preuve est faite que lorsqu’on se bat avec constance, on peut gagner ! Et heureusement que Reconquête ! est venu à notre secours, car on n’a eu aucune aide des autres partis politiques… » Dans un tweet, Éric Zemmour s’est d’ailleurs félicité : « Je veux dire bravo à mes militants qui ont bataillé depuis le premier jour aux côtés de tous les patriotes pour empêcher ce funeste projet de répartition des migrants à Callac. » Dans un communiqué, « le Fonds de dotation merci dénonce la campagne de désinformation d’extrême droite visant à diviser la population et à déstabiliser le conseil municipal ». « Les menaces et les intimidations de l’extrême droite n’arrêteront pas le FDM dans sa détermination à favoriser une société française accueillante et solidaire »,

souligne le mécène, qui affirme sa volonté de « poursuivre son action en faveur de l’inclusion durable de personnes réfugiées en France, dans une logique de relance économique et sociale de territoires ruraux ». Callac « est, et restera, une terre d’accueil pour toutes nouvelles populations, réfugiées ou pas », promet de son côté Jean-Yves Rolland. «Les problèmes ne sont donc pas forcément définitivement réglés, note Bernard Germain, porte-parole du Comité d’organisation contre le projet Horizon et ancien candidat Reconquête !. Quelle sera la position du préfet des Côtes-d’Armor, qui dispose des services de l’association Viltaïs pour reprendre le flambeau et tenter d’imposer la venue de migrants à Callac ? Nous avons aussi eu vent du fait qu’Horizon cherchait un autre site en Bretagne pour s’implanter. Quel que soit l’endroit, on se tient prêts à reprendre notre mobilisation. » ■

le figaro

jeudi 12 janvier 2023

Société

L’uniforme à l’école revient sur le devant de la scène

auprès du DRH de l’armée de l’air et de l’espace. « Nos élèves sont là pour travailler. L’uniforme les dégage de tous ces soucis annexes ­d’habillement qui peuvent les gêner dans le travail », ajoute Jacques Boudy, s­ecrétaire général de la grande chancellerie de la Légion d’honneur.

« Un esprit de corps »

Alors que le sujet est revenu dans le débat public, la première dame, Brigitte Macron, s’y est dite favorable.

éducation L’internat d’excellence de Sourdun. Les Maisons d’éducation de la Légion d’honneur (MELH). Les six lycées militaires relevant du ministère des Armées. De nombreuses écoles, ­ collèges et lycées d’outre-mer. Dans tous ces établissements scolaires publics, le port de l’uniforme est aujourd’hui obligatoire. Le ­sera-t-il un jour de manière bien plus large ? C’est ce que souhaitent plusieurs personnalités. Parmi lesquelles… Brigitte Macron. Dans une interview au Parisien, la première dame s’est déclarée « pour le port de l’uniforme à l’école ». « Mais avec une tenue simple et pas tristoune », a-t-elle précisé. Cette prise de position - qui ­risque de susciter des remous - est intervenue à la veille de l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi visant à « instituer dans les écoles et collèges publics le port d’une tenue uniforme aux couleurs de l’établissement scolaire ». À l’origine de ce texte, Roger Chudeau, député Rassemblement ­ national (RN) du Loir-et-Cher. « L’objectif est de restaurer la digni-

té de l’état d’élève, de mettre fin aux marqueurs sociaux liés aux vêtements et, au passage, de mettre un terme à la petite guérilla menée par les islamistes contre la loi de 2004 (sur les signes religieux à l’école, NDLR) », confie l’élu. Si cette proposition a peu de chances d’être adoptée, elle pourrait cependant recueillir les votes de plusieurs députés Les Républicains (LR). Une autre proposition de loi, visant cette fois à « rendre obligatoire le port d’une tenue d’établissement scolaire », a par ailleurs été déposée au Sénat par des élus LR. Certains membres de la majorité réfléchissent également au sujet au sein d’un groupe de travail, alors que le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a plusieurs fois exprimé son opposition à une généralisation de l’uniforme. « Imposer le port de l’uniforme à tous les élèves, c’est non », a-t-il martelé la semaine dernière sur BFMTV. « Les établissements ont toute liberté, par modification de leur règlement intérieur, d’imposer s’ils le souhaitent une tenue scolaire. (En revanche) je ne veux pas de loi sur ce sujet à l’échelle nationale », a-t-il pour­suivi, mettant en garde contre « celles et ceux qui pensent que le

Au sein des Maisons d’éducation de la Légion d’honneur, le port de l’uniforme est obligatoire pour les élèves. Sébastien SORIANO/ Le Figaro

Un jour honnie, le lendemain consacrée, la dictée résiste Caroline Beyer £@BeyerCaroline

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L’ÉTERNEL retour de la « dictée quoti­dienne ». Comme Najat VallaudBelkacem en 2015 et Jean-Michel ­Blanquer en 2017, le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, convoque le sacro-saint exercice. Il sera quotidien au CM1 et au CM2, où « au moins deux heures par jour » seront par ailleurs consacrées à l’écriture et la lecture, selon une ­circulaire publiée ce jeudi. Un moyen pour Pap Ndiaye, comme pour ses prédécesseurs, de toucher l’opinion publique en plein cœur, en faisant résonner les souvenirs d’écoliers ainsi qu’un imaginaire. « La fonction de la dictée est de rassurer l’opinion. Et de faire vivre un fantasme selon lequel l’orthographe est une grande exigence de la République pour le peuple », observe Claude Lelièvre, historien de l’éducation. C’est pourtant sous la monarchie de Juillet, avec la généralisation des écoles normales primaires de garçons, en 1833, que l’orthographe devient la discipline reine de la formation des élèves. Et surtout, l’outil de sélection des instituteurs, avec l’épreuve couperet de la dictée, éliminatoire au-delà de trois fautes. Contrairement aux idées reçues, Jules Ferry, fondateur de l’école de la III République, était loin d’en être un adepte. « Épargnons ce temps si précieux qu’on dépense trop souvent dans les vétilles de l’orthographe, dans les pièges de la dictée, qui font de cet exercice une manière de tour de force et une espèce de casse-tête chinois », expliquait-il en 1880. Mais la dictée restera en place, voulue par des instituteurs recrutés jusqu’au milieu du XXe siècle sur la base de cet exercice. Les années 1970 auront peu de prise sur elle, même si l’idée de « dictée préparée » fait alors des émules. La dictée est aussi une originalité française. Dans l’Hexagone, on n’emploie d’ailleurs pas le terme « erreur », mais « faute » d’orthographe. « Alors que l’on peut se vanter d’être nul en arithmétique », glisse Claude Lelièvre. Une originalité qui risque selon lui de disparaître, en même temps que les exigences et la « honte »

liées à l’orthographe faiblissent. Les temps ont changé. Et des éléments structurels expliquent la baisse de niveau : le rétrécissement du temps scolaire depuis les années 1960, avec les vacances, la semaine de quatre jours et l’apparition de nouvelles disciplines à l’école primaire. Résultat : sur une même dictée proposée en 1987 et en 2021 à des élèves de CM2, le nombre de fautes est passé, en moyenne, de 10,7 à 19,4. Des données édifiantes que le ministre de l’Éducation ne cesse de rappeler depuis une semaine. « Une catastrophe. On va avoir des adultes qui enseigneront en ayant eux-mêmes des difficultés, lâche Michel Fayol, spécialiste de l’orthographe. L’orthographe n’est plus un outil de sélection. Si l’on veut conserver la dictée, il faut l’utiliser comme un outil d’apprentissage », ajoute-t-il.

port de l’uniforme réglerait magiquement tous les problèmes ». Lorsqu’elle évoque le sujet en petit comité, Élisabeth Borne est du ­ même avis : « Enfin, franchement… (…) Je crois que ce n’est pas ce genre de mesure qu’on attend aujourd’hui de la part du gouvernement. » Un positionnement partagé par Sophie Vénétitay, secrétaire nationale du syndicat enseignant Snes-FSU. « À nos yeux, l’uniforme ne peut être une réponse aux maux de l’école. Ce su-

jet revient de manière assez cyclique, c’est un peu la carte Joker quand l’école ne va pas bien… Mais ce n’est pas la bonne réponse. » Les responsables des établis­ sements dans lesquels l’uniforme est imposé vantent pourtant ses mérites. À commencer par le « côté très pratique » des tenues uniques. « Ça libère les élèves d’autres contraintes, de questionnements », déclare le général Olivier Goudal, sous-directeur écoles et formations

Ce dernier souligne à quel point l’uniforme « contribue à créer un véritable esprit de corps, d’équipe, et renforce le sentiment d’appartenance ». « Dans les maisons d’éducation de la Légion d’honneur, l’uniforme fait pleinement partie de notre pédagogie », insiste-t-il. Les élèves des différents niveaux sont d’ailleurs surnommées par la couleur de leur ceinture, des « vertes » en sixième aux « multico » en terminale. Jacques Boudy et Olivier Goudal s’accordent également sur le « gommage des différences sociales » rendu possible par l’uniforme. « Ça diminue la pression sociale sur les parents et les enfants, commente le militaire. Et ça donne aux jeunes une occasion de se différencier autrement que par le paraître. » Généraliser l’uniforme ? « Ce ne serait pas une mauvaise chose, estime un chef d’établissement dans lequel l’uniforme est obligatoire. Mais je reconnais que cela ne serait sans doute pas simple… » En témoigne l’échec de l’expérimentation lancée en 2018 à Provins ­(Seine-et-Marne). Après un vote favorable des parents d’élèves, la municipalité avait mis en place une tenue scolaire unique pour les élèves du CP au CM2 sur la base du volontariat. Mais peu d’enfants ont finalement adopté le polo orné de l’écusson de la ville et de la devise « Liberté, égalité, fraternité ». « Ça s’est étiolé au fil des rentrées », regrette le maire (LR), Olivier ­ ­Lavenka, qui affirme qu’il n’a pas obtenu les autorisations néces­ saires pour modifier le règlement intérieur des écoles. « Je reste ­persuadé de la pertinence de l’uniforme à l’école. Mais il faut que cela soit obligatoire, sinon ça ne marche pas sur la durée », conclut Olivier Lavenka. ■

HÔTEL DES VENTES DE MONTE-CARLO

JEUDI 19 janvier 2023 - 18h Art Moderne, Contemporain et design

« Un exercice de réflexion » «Depuis une quarantaine d’années, la dictée est à la fois un temps de vérification des règles orthographiques et/ou grammaticales et un temps d’apprentissage, explique Catherine Mottet, inspectrice générale. Mais tout est dans la pédagogie des enseignants », ajoute-t-elle. Car de quelle dictée parle-t-on ? Et de quels objectifs ? Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc, syndicat enseignant qui, en 2015, avait voulu inscrire la dictée obligatoire dans les programmes sans parvenir à ses fins, la dictée est « un exercice de réflexion, un moment où l’élève se concentre sur l’écriture des mots et leur articulation entre eux ». Pour ce professeur de français, la dictée « préparée » ou « l’autodictée » est « une aberration ». Il existe aussi la dictée « raisonnée » ou « négociée », exercice au cours duquel les élèves réfléchissent collectivement et oralement sur les obstacles orthographiques dictés, ou encore la dictée « flash », consistant en quelques mots ou une phrase. Loin de la « vraie » dictée d’autrefois, qui convoquait Alphonse Daudet ou Anatole France. « Des auteurs ont formaté un style d’écriture chez les élèves de l’époque », constate Catherine Mottet, qui insiste sur la nécessaire « qualité des textes proposés ». ■

FERNANDO BOTERO (NÉ EN 1932) Seated Woman arm over head, 2005 29.5 x 31.4 x 48.9 cm

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aude bariéty £@AudeBariety

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Sciences

Un vaisseau Soyouz « de secours » envoyé vers l’ISS Une capsule endommagée mi-décembre en orbite ne serait plus à même d’assurer le retour de son équipage en toute sécurité.

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La taille probable de la micrométéorite, qui, lancée à 25 000 km/h, a provoqué une brèche de 4 mm dans l’enveloppe externe du radiateur de la capsule Soyouz MS-22 et un trou de moins de 1 millimètre dans l’un de ses tuyaux

25 000 km/h aurait pu provoquer les dégâts observés, a assuré Sergueï Krikaliov, ancien cosmonaute et responsable des habités chez Roscosmos. L’hypothèse d’un microdébris d’origine humaine semble avoir été écartée, sans explication particulière. Rappelons que la Russie avait procédé en novembre 2021 à un tir de missile antisatellite qui avait créé un nuage de débris potentiellement dangereux pour l’ISS. Le scénario météoritique, tout à fait crédible, est plus consensuel sur le plan géopolitique. Quelle que soit l’origine de l’impact, une grande partie du liquide réfrigérant de la capsule, si ce n’est son intégralité, s’était alors échappée dans l’espace. La température à

Tristan Vey £@veytristan

Espace La Russie ne va prendre aucun risque : endommagée, la capsule Soyouz MS-22 arrimée à la Station spatiale internationale (ISS) redescendra sans passager à bord. Un impact survenu le 14 décembre avait perforé son système de refroidissement, provoquant une ouverture de 4 mm dans l’enveloppe externe du radiateur et un trou de moins d’un millimètre dans l’un de ses tuyaux. Les Russes attribuent l’incident à un impact de micrométéorite. Des expériences menées au sol sur des plaques d’aluminium montrent qu’une particule de 1 mm lancée à

bord du vaisseau était alors montée à 30 °C puis 40 °C avant qu’un système de ventilation de fortune ne soit mis en place par les astronautes.

Question de vie ou de mort Après différents tests et scénarios, l’agence spatiale russe Roscosmos a annoncé mercredi qu’elle préférait renoncer à utiliser le vaisseau pour ramener sur Terre les deux cosmonautes russes Sergueï Prokopiev et Dimitri Peteline ainsi que l’Américain Frank Rubio. Les ingénieurs craignent que la température ne puisse grimper aux alentours de 40 °C pendant les six heures que dure le voyage retour. Cela ne serait pas simplement inconfortable : avec l’humidité qui règne dans l’habita-

cle, cela pourrait représenter un danger pour la santé des astronautes, la transpiration ne permettant plus d’évacuer efficacement la chaleur corporelle excédentaire. Cela pourrait aussi compromettre le bon fonctionnement des équipements électroniques. C’est donc à bord d’une nouvelle capsule Soyouz que l’équipage rentrera sur Terre. Il s’agit en fait de la capsule MS-23 qui devait décoller le 16 mars prochain. Elle fera son trajet aller à vide. Son départ a été avancé au 20 février. Que se passerait-il en cas d’incident majeur avant l’arrivée de ce vaisseau « de secours » ? A priori, l’équipage prendrait le risque de prendre place à bord de la capsule endommagée. Il faudrait néanmoins

que ce soit une question de vie ou de mort. Les ingénieurs étudient la possibilité de faire monter un ou deux passagers supplémentaires à bord de la capsule Crew Dragon de SpaceX pour limiter le nombre de passagers, et donc la température, à bord du Soyouz. Si tout se passe comme prévu, la capsule MS-22 devrait effectuer son retour sur Terre à vide début mars, après l’arrimage de sa remplaçante. Afin d’assurer la continuité de présence à bord de l’ISS, Sergueï Prokopiev, Dimitri Peteline et Frank Rubio devraient rester plusieurs mois supplémentaires en orbite. La Nasa se laisse deux semaines pour réviser plus en détail le calendrier des prochaines missions. ■

2022, une année d’extrêmes climatiques L’Europe de l’Ouest a connu son année la plus chaude jamais enregistrée TEMPÉRATURE ENREGISTRÉE EN 2022 À LA SURFACE PAR RAPPORT À LA PÉRIODE DE RÉFÉRENCE 1991-2020 Record de chaleur 1

Beaucoup plus chaud que la moyenne

Plus chaud que la moyenne

Pays ayant enregistré son record de chaleur

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Proche de la moyenne

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Plus froid que la moyenne 3e année la plus chaude

Beaucoup plus froid que la moyenne

Record de froid

Source : Copernicus Climate Change Service

Anne-Laure Frémont £@alaurefremont

Climat Le programme européen Copernicus, dédié à l’observation de la Terre par satellite, a dressé mardi le bilan d’une année 2022 marquée par des records de t­ empérature, des sécheresses ­extrêmes et des inonda­ évastatrices. tions d

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L’an dernier, la température moyenne mondiale était d’environ 1,2 °C de plus que durant la période de référence 1850-1900, selon le service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S). Si 2016 reste l’année la plus chaude au niveau mondial, plusieurs zones ont connu une année record comme l’Europe occidentale, le Moyen-Orient, la Chine ou la Corée du Sud. En revanche, les températures ont été largement inférieures à la moyenne dans les régions tropicales de l’est du Pacifique, en raison de la persistance, pour la troisième année consécutive, du phénomène la Niña (une anomalie froide au niveau des eaux du Pacifique équatorial). Signe du réchauffement global, 2022 s’inscrit en tout cas dans la lignée des huit dernières années, qui sont les huit plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle de la planète : elles ont toutes dépassé de plus de 1 °C les températures de l’ère préindustrielle.

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aux pôles uAlerte C’est un fait connu : les tempé-

ratures moyennes augmentent plus vite au niveau des pôles ; selon une étude publiée l’an dernier, l’Arctique s’est même réchauffé près de quatre fois plus vite que le reste du monde lors des quarante dernières années. 2022 n’a pas fait exception à la tendance : les températures étaient supérieures de plus de 2 °C à la moyenne de référence 1991-2020 dans plusieurs zones des deux pôles : sur certaines parties du nord de la Sibérie centrale et le long de la péninsule antarctique. En septembre par exemple, les températures dans le centre du Groenland étaient supérieures de 8 °C à la moyenne, avec un record mensuel dans presque toute l’île depuis au moins 1979. En Antarctique, en février dernier, l’étendue de glace a atteint sa valeur mensuelle la plus faible en quarante-quatre ans d’enregistrement des données satellitaires.

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Au niveau mondial, des anomalies de chaleur qui deviennent la norme

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Infographie

records de température uDes en Europe

2022 est la deuxième année la plus chaude (et celle avec l’été le plus chaud) jamais enregistrée au niveau européen, mais elle figure en première place du tableau dans plusieurs pays d’Europe de l’Ouest comme la France, le RoyaumeUni, l’Espagne ou le Portugal. Selon

hectares

de végétation ont été détruits dans les incendies qui ont embrasé la France l’été dernier. Soit plus du double de la moyenne des quinze dernières années, avec pour conséquence des émissions de carbone estimées à 9 mégatonnes

de concentration des gaz à effet de serre

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785 000

de ralentissement uPas de la hausse

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bissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement de notre planète », a commenté Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S. Chaleur et sécheresse ont notamment contribué à accroître l’inflammabilité et les risques d’incendies. Rien qu’en France, plus de 785 000 hectares sont partis en fumée en 2022, selon le système européen d’information sur les feux de forêt (Effis) et Copernicus. Soit plus du double de la moyenne des quinze dernières années, avec pour conséquence des émissions de carbone estimées à 9 mégatonnes (quand un arbre brûle, la combustion libère du dioxyde de carbone). « La France, l’Espagne, l’Allemagne et la Slovénie ont connu leurs plus fortes émissions estivales de dioxyde de carbone dues aux incendies de forêt depuis au moins vingt ans », indique ainsi Copernicus. Ce qui a contribué à la dégradation de la qualité de l’air au niveau local.

Copernicus

Les années 2015 à 2022 ont toutes été les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde.

les données du programme Copernicus, « les températures européennes ont augmenté de plus du double de la moyenne mondiale au cours des trente dernières années » (lire cidessous). En outre, l’épisode de sécheresse qui a touché le continent l’an dernier « pourrait bien être le pire depuis cinq cents ans », selon le bilan de Copernicus : ainsi, plus

d’un quart du territoire de l’Union européenne était en situation d’alerte début septembre.

émissions uDes de CO amplifiées 2

par les incendies

« 2022 a été une nouvelle année de phénomènes climatiques extrêmes » qui « montrent que nous su-

« Les gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4), sont les principaux moteurs du changement climatique et nos activités de surveillance nous permettent de voir que leur concentration dans l’atmosphère continue d’augmenter sans aucun signe de ralentissement », explique dans un communiqué Vincent-Henri Peuch, directeur du service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus. Cette concentration a atteint en moyenne annuelle environ 417 ppm (parties par million) pour le dioxyde de carbone et 1 894 ppb (parties par milliard) pour le méthane en 2022. Selon le programme Copernicus, il s’agit des concentrations les plus élevées « depuis plus de 2 millions d’années pour le CO2 et plus de 800 000 ans pour le CH4 ».

Les gaz à effet de serre, notamment le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4), sont les principaux moteurs du changement climatique

»

Vincent-Henri Peuch, directeur du service de surveillance de l’atmosphère de Copernicus

L’Europe est le continent qui se réchauffe le plus vite L’Europe offre « l’image vivante

d’une planète qui se réchauffe. Même les sociétés bien préparées ne sont pas à l’abri des conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes

»

Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM

EN TERMES de réchauffement climatique, l’Europe est un cas à part. « Les températures européennes ont augmenté de plus du double de la moyenne mondiale au cours des trente dernières années », indique en effet le programme européen Copernicus dans son bilan 2022. Certes, il y a un biais : « Quand on s’intéresse à un continent, on prend en compte les valeurs au niveau de la surface terrestre, alors que les moyennes globales prennent aussi en compte les surfaces océaniques, audessus desquelles l’air se réchauffe moins rapidement », car l’océan pompe la chaleur et la stocke en profondeur, avançait mardi en conférence de presse Freja Vamborg, scientifique au service européen Copernicus sur le changement climatique (C3S). Mais ceci n’explique pas pourquoi « le taux d’augmentation est le plus élevé de tous les

continents du monde ». Un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) indiquait récemment que les températures en Europe avaient « subi une élévation considérable au cours de la période 1991-2021 », se traduisant par une hausse moyenne d’environ 0,5 °C par décennie (et autour de 0,3 °C sur la France). « Il y a bien un réchauffement différencié sur l’Europe, plus rapide que sur les autres continents, confirme Christophe Cassou, directeur de recherche CNRS au Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). Cette tendance reste tout de même plus faible qu’au niveau des pôles, où la température augmente trois fois plus vite. » Plusieurs pistes expliquent cette spécificité européenne. Outre l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, « responsable en

intégralité du réchauffement global », cette accélération pourrait en partie - et assez paradoxalement - être due à la diminution des aérosols émis par l’activité humaine, explique le chercheur, qui a participé à l’élaboration du dernier rapport du Giec.

Variabilité naturelle « Ces petites particules, très polluantes, très mauvaises pour la santé humaine et le rendement agricole, ont un effet écran pour le rayonnement du soleil. Elles induisent donc un refroidissement. Or, dans la mesure où la qualité de l’air s’est améliorée ces dernières années, cet effet écran diminue, surtout en Europe et en Amérique du Nord. » Le chercheur tient toutefois à rappeler l’évidence : « Ne pas améliorer la qualité de l’air au nom de la lutte contre le changement climatique n’est pas une option. » Enfin, rappelle-t-il, le climat génè-

re ses propres fluctuations spontanées, la variabilité naturelle, qui se superpose aux facteurs humains. « Or on se trouve depuis le milieu des années 1990 dans un état naturel où l’océan Atlantique Nord, pour plusieurs raisons, est plus chaud, et ces fluctuations qui s’étalent sur plusieurs décennies ont tendance à réchauffer l’Europe entière. » Gaz à effet de serre, aérosols, variabilité naturelle… « Le défi aujourd’hui est de déterminer la part relative de l’impact de ces trois facteurs sur la hausse de la température », résume le climatologue. « L’Europe offre l’image vivante d’une planète qui se réchauffe, rappelait en tout cas récemment le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Elle nous rappelle que même les sociétés bien préparées ne sont pas à l’abri des conséquences des phénomènes météorologiques extrêmes. » ■ A.-L. F.

le figaro

Sport

jeudi 12 janvier 2023

13

Noël Le Graët, dernier avertissement avant expulsion

Mis en retrait de son poste de président de la Fédération française de football, suite au comex extraordinaire organisé mercredi, le Breton n’a jamais paru aussi proche de la sortie. Mais il n’a pas encore abdiqué.

FOOTBALL « Je n’ai rien fait. Je vous le jure sur votre tête à tous que je n’ai rien fait. Vous verrez, le rapport de l’audit sera positif, il n’y aura rien contre moi. » Mercredi au siège de la Fédération française de football lors du comité exécutif extraordinaire, Noël Le Graët, acculé, a posé cartes sur table face aux membres du comex. Coup de bluff ultime ou profondes convictions ? Mi-février, quand l’audit diligenté par le ministère des Sports, sur le management et les accusations de harcèlement à la FFF, rendra publiquement ses conclusions (le dossier sera envoyé fin janvier à la fédération qui aura deux semaines pour le retourner), les derniers doutes seront levés. De manière définitive. Mais une chose est certaine, jamais depuis son intronisation à la présidence de la FFF en 2011, le patron de 81 ans n’a été aussi chahuté et proche de la sortie. Mis en retrait de son poste et remplacé temporairement par Philippe Diallo, vice-président de l’institution, jusqu’au rendu de l’audit, « NLG » a même, selon plusieurs témoins, essuyé quelques larmes mercredi lors d’une réunion qui aura duré plus de trois heures. Mais en dehors d’Éric Borghini, membre du comex et président de la Ligue Méditerranée de football, aucun des douze autres participants présents autour de la table n’a réclamé la démission du grand patron… Manque de courage ou non, cela signifie surtout que Le Graët garde encore la main sur ses disciples. En revanche, la mise à pied à titre conservatoire de Florence Hardouin, la directrice générale avec lequel « NLG » ne s’entendait plus (et qui a été

La mise en retrait de Noël Le Graët est une étape nécessaire

Améliie Oudéa-Castéra, Ministre des sports

2023-01-12T09:13:56+01:00

2023-01-12T03:09:03c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

mais s’imagineraient bien à la place du calife en cas d’audit accablant, sachant que Philippe Diallo (59 ans) – ancien joueur, directeur du syndicat de l’Union des clubs professionnels de football, puis trésorier et vice-président de la FFF - ne fait pas l’unanimité, lui qui est décrit comme un très proche de Florence Hardouin. Une certitude demeure, après avoir « salué comme une étape nécessaire » la mise en retrait de Le Graët, la

ministre des Sports Amélie OudéaCastéra, en cas d’éléments concrets suite aux auditions des salariés de la FFF, ne se privera pas d’accrocher à son tableau de chasse le scalp du « Menhir » breton. Pugnace et désireuse de marquer son territoire, comme elle a pu le démontrer dans le dossier du président de la FFR Bernard Laporte condamné pour corruption, l’ancienne directrice générale de la Fédération française de tennis voue

une inimitié profonde au dirigeant breton… qui le lui rend bien. S’il a adressé ses excuses aux membres du comex après ses propos sur Zinédine Zidane mercredi, en précisant avoir adressé à « ZZ » un courrier pour l’inviter à le rencontrer, alors que trois jours plus tôt il ne voulait même pas lui répondre au téléphone, Noël Le Graët tentera tout pour sauver ce qui peut l’être. « Si le rapport de l’audit blanchit complètement le président, je vou-

drais bien qu’on m’explique pourquoi il serait contraint à la démission, avançait mercredi après-midi sur BFM, Éric Borghini, qui avait luimême réclamé… la démission du grand patron du football français quelques heures plus tôt. Ce rapport sera l’arbitre (de son maintien ou non à la tête de la FFF). Tout va dépendre de ses conclusions. » L’heure de la retraite n’a jamais semblé aussi proche pour Le Graët mais il n’est pas encore hors circuit. ■

Le mandat de trop qui gâche un bon bilan à la FFF



hospitalisée suite à un malaise mercredi après-midi dixit L’Équipe), a été validée, sûrement à la demande de son président. Tout comme la prolongation de contrat de Didier Deschamps jusqu’en 2026. La partie n’est pas définitivement terminée, mais quelle que soit l’issue d’un dossier savamment observé par le président de la République malgré l’actualité brûlante de la réforme des retraites, l’image du football français se retrouve ternie alors qu’il y a moins d’un mois les Bleus rassemblaient tout un pays lors de leur finale légendaire en Coupe du monde. Désormais, le feuilleton, qui n’aurait rien à envier à la série politique House of Cards, se jouera en coulisses avec des protagonistes prêts à tout pour sauver la face. Et surtout leur poste. Le premier nommé est Noël Le Graët, contraint et forcé de se mettre en retrait, mais qui n’a pas abandonné l’idée de retrouver son poste à l’issue des conclusions de l’audit. L’idée d’une démission ne lui effleure pas l’esprit, estimant qu’il n’avait « rien » à se reprocher. Reste à savoir où il situe l’échelle du « rien », au regard du témoignage de l’agent de joueurs Sonia Souid à son égard, lundi, relatant un harcèlement, lui qui assurait d’ailleurs ne pas savoir envoyer de SMS, argumentaire qui a volé en éclat ces dernières heures. L’ancien maire PS donne l’impression de se raccrocher aux branches, pas toujours conscient de la réalité. Décrit comme « très malheureux » par Jean-Michel Aulas, « NLG » n’a malgré tout pas dit son dernier mot et ambitionne encore d’aller au bout de son mandat jusqu’à fin 2024. Au sein du comex, certains profils rongent leur frein dans l’ombre

Demain

Ruhaut Sandra/Icon Sport/ABACA

@BorghiniE/Twitter



Noël Le Graët (ici, le 7 janvier, à Paris) a assuré mercredi aux membres du comex réunis au siège de la Fédération que le rapport d’audit qui sera rendu mi-février ne contiendra rien de négatif contre lui.

Si le rapport de l’audit blanchit complètement le président, je voudrais bien qu’on m’explique pourquoi il serait contraint à la démission. Ce rapport sera l’arbitre. Tout va dépendre de ses conclusions éric Borghini

»

membre du Comex et président de la Ligue Méditerranée de football

SAMEDI dernier, après avoir annoncé lors de l’assemblée générale de la FFF la prolongation de contrat de Didier Deschamps jusqu’en 2026, Noël Le Graët est reparti en fin de journée à Guingamp auprès des siens. Il avait convenu, avec son équipe de communication, de ne pas répondre aux sollicitations médiatiques dimanche. Sans prévenir personne, après un déjeuner qui a traîné en longueur en Bretagne, le patron du football français a mis le feu aux poudres avec ses propos à la radio sur Zinédine Zidane. Tombé dans un piège qu’il a lui-même provoqué. Trop en confiance. Trop désireux de rester dans la lumière. « Il est devenu ingérable, souffle-t-on au sein du 87, boulevard de Grenelle, siège de la FFF. La situation est ­pathétique. » À 81 ans, le dirigeant breton ne semble plus maîtriser grand-chose, surtout pas sa communication, ses nombreux dérapages des derniers mois, voire années, ne cessant de ternir son troisième mandat, celui de trop depuis sa prise de fonction, en 2011. Habile homme politique, dirigeant respecté et patron solide depuis plus de trente ans dans le monde des affaires et du football, « le Menhir » ne cesse de se fendre et de renvoyer l’image d’un homme hors sol qui n’arrive plus à se maîtriser. Le témoignage édifiant de l’agent de joueurs Sonia Souid mardi (« Il m’a fait comprendre qu’il aimerait bien que je finisse dans son lit ») dévoile une image dramatique de l’homme censé représenter le football français. Ajoutez à cela ses provocations verbales, sur des sujets de société comme le racisme (« Cela n’existe pas ou peu dans le foot ») ou l’homophobie, mais aussi le fameux « coup de peinture » au moment d’évoquer les conditions de travail au Qatar, ou encore des re-

marques sexistes… Autant de dérapages qui font de lui un homme plus du tout en phase avec la société actuelle. Marié, père de trois filles et grand-père de neuf petits-enfants, Noël Le Graët n’avait sans doute pas pensé vivre une telle fin de règne au sein de la plus puissante fédération sportive de France. Mais, s’il se retrouve dans cette situation, c’est uniquement de sa faute, au regard d’un comportement qui ne colle pas avec la fonction qu’il occupe depuis maintenant plus de douze ans. Présenté



Il est devenu ingérable. La situation est pathétique



Une source à la Fédération

autrefois comme un « monstre politique » par son entourage et ses disciples, celui qui a survécu à une leucémie lymphoïde en 2018 a perdu son habileté et semble aussi, fait nouveau, lâché par le pouvoir politique. S’il n’a jamais eu de liens privilégiés avec les différents ministres des Sports, encore moins avec Amélie Oudéa-Castéra et Roxana Maracineanu, l’ancien maire PS de Guingamp pouvait compter sur le soutien de l’exécutif, lui qui n’a cessé de communiquer directement avec les présidents de la République, Nicolas Sarkozy, François Hollande ou Emmanuel Macron. Mais ce dernier, face au tollé et à l’image renvoyée, prend ses distances. C’est tout sauf anodin si Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, s’est permis de lâcher mercredi que la FFF « mérite un président à la hauteur ». Avec son comportement, Noël Le Graët entache de la pire des manières la carrière de grand diri-

geant qu’il a été. Docteur Noël, Mister Le Graët. Né le 25 décembre 1941 dans une famille pauvre de ce qui s’appelait encore les Côtes-duNord, « NLG » s’est forgé un destin national depuis Guingamp, ville de 8 000 habitants dont il fut le maire PS (1995-2008), mais aussi le président du club breton de football (1972-1991, puis 2002-2011) qu’il a fait passer du monde amateur à la Coupe d’Europe. Avant d’occuper le poste de président de la Ligue nationale de football (1991-2000), puis celui de vice-président de la FFF (2005-2011), et enfin patron du football français depuis 2011. Mais, au-delà de son aventure nationale et avant de se faire un nom au sein du sport numéro un, il avait embrassé les métiers d’instituteur, de fonctionnaire des impôts, de commercial en électroménager puis d’hommes d’affaires en fondant la société d’agroalimentaire Le Graët, spécialisée dans la pêche, les conserves et les surgelés, qui emploie 800 salariés et dont il a cédé les parts à ses filles avec un chiffre d’affaires avoisinant les 200 millions d’euros. Malin, politique, efficace et sentant bien les coups, Noël Le Graët s’est forgé un destin alors que rien ne le prédestinait à une telle carrière. Une fois aux manettes à Paris, il a réalisé quelques coups d’éclat pour asseoir sa stature, comme sa façon d’entrer en collision avec Bernard Tapie au moment de l’affaire OM-VA, en 1993, l’instauration de la DNCG (gendarme financier du football français) ou encore un toilettage de la gestion des clubs. Son ambition l’a mené jusqu’à la FFF après le fiasco de Knysna, en 2010. Sur les ruines de la Coupe du monde en Afrique du Sud, avec la fameuse grève des joueurs, Noël Le Graët peut se targuer d’avoir réussi à réhabiliter l’image de l’équipe de France et de

la fédération. Son bilan est plus que positif, avec une deuxième étoile mondiale, glanée en 2018 en Russie avec Didier Deschamps, mais aussi des comptes florissants, en reprenant notamment le contrôle des droits marketing liés aux Bleus ou encore le développement du football féminin avec l’augmentation du nombre de licenciées, même si, sur ce dernier point, l’élan a été coupé depuis le Mondial 2019, disputé en France. Son action de dirigeant est réelle, inscrite dans le temps et ne peut être occultée, mais ces derniers agissements ne cessent de la ternir et de renvoyer l’image d’un président en manque de discernement. Comme un vieux boxeur présent sur le ring, avide de rester dans la lumière, Noël Le Graët donne l’impression d’avoir disputé le combat de trop. Le dirigeant breton n’a pas su quitter le devant de la scène au bon moment. ■ B. D.

zoom Dakar : quatrième victoire d’étape pour Loeb

Sébastien Loeb (BRX) a remporté ce mercredi sa quatrième victoire d’étape sur le Dakar 2023 disputé en Arabie saoudite. Avec ce troisième succès consécutif, le Français a repris près de 6 minutes à Nasser al-Attiyah (Toyota), 4e de la 10e étape, mais le Quatarien conserve plus d’une heure et demie d’avance avant la première des deux étapes marathons prévue ce jeudi. La veille, un spectateur italien de 69 ans avait été tué après avoir été percuté par le camion du Tchèque Ales Loprais, leader de sa catégorie, qui n’a pas pris le départ mercredi.

A

BAPTISTE DESPREZ £Batdesprez

Jeudi 12 Janvier 2023 le figaro

LE CARNET DU JOUR

14

Les annonces sont reçues avec justification d’identité

Courriel : [email protected] sur notre site : carnetdujour.lefigaro.fr Téléphone :

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Le Carnet du Jour vous accueille du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches de 9h à 13h.

André Guilbert, son époux, Véronique Givois, Bertrand Givois et Laetitia Audard, Juliette Guilbert, ses enfants, Evan, Marcel et Gabriel, ses petits-enfants, Miguel Berr et Michelle Desjardins, son frère et sa compagne, et toute la famille ont l'immense tristesse de vous annoncer la disparition de

Florence GUILBERT

Vos annonces doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain, avant 13 h les dimanches.

Tarifs :

Les lignes comportant des caractères gras sont facturées sur la base de deux lignes ; les effets de composition sont payants ; chaque texte doit comporter un minimum de 10 lignes.

Françoise, Hervé et Françoise, Isabelle (†), Sophie et Jean, Delphine et Nicolas, ses enfants et leurs conjoints, Stéphane et Alba, Dorothée et Paul, Gabrielle et Hervé, Juliette, Mathieu et Antonia, Xenia et Nathan, Clément et Joséphine, Thibault, ses petits-enfants et leurs conjoints, Niko et Luna, ses arrière-petits-enfants,

deuils Le lieutenant-colonel (e.r.) et Mme Henry Arnould, M. et Mme Etienne Arnould, leurs enfants et petits-enfants, vous font part du rappel à Dieu de

Mme Elie Benoît ARNOULD

née Anne-Marie de Marsay, le 6 janvier 2023, dans sa 95e année.

Hélène, Philippe, François, ses enfants, Alice, Henriette, Théodore, Eleonore, Christina, Franck, Alexis, ses petits-enfants, Octave, son arrière-petit-fils, ont la douleur de vous faire part du décès de

M. Pierre BOYANCÉ survenu le 6 janvier 2023, à l'âge de 94 ans.

survenu dans sa quatre-vingt-seizième année, le 6 janvier 2023, à Uccle, Bruxelles (Belgique). Elle reposera auprès de son époux, Robert Hus.

Monique, née Essayie, sa seconde épouse,

Cet avis tient lieu de faire-part.

Mme Nicolas Lanquest, née Catherine Pellerin, son épouse,

En union avec son époux, le docteur Jean-Marie Cothier (†)

Nathalie et Eric de l'Escalopier, Sabine et Henri Castellan, ses enfants,

ancien avoué près la cour d'appel de Paris, juge de proximité près les tribunaux de Saint-Germain-en-Laye et de Versailles, le 9 janvier 2023, à l'âge de 79 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 16 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Honoré-d'Eylau, Paris (16e). Cet avis tient lieu de faire-part. marie-estelle.baufume @orange.fr [email protected]

Une conférence s’annonce toujours dans Le Figaro

Claire Boyancé

décédée le 21 septembre 2021.

M. et Mme Philippe Cothier, Mme Isabelle Cothier-Savey, M. Bertrand Cothier, ses enfants, Adrien, Paul, Jeanne, Antoine, Aliénor, Jean, ses petits-enfants, sa famille et ses amis ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Pierrette Jeanne COTHIER La messe de ses obsèques sera célébrée le vendredi 13 janvier 2023, à 14 h 30, en l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, Paris (7e).

ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu le 10 janvier 2023, dans sa 76e année, de

M. Nicolas LANQUEST La messe d'A-Dieu aura lieu le vendredi 13 janvier, à 10 h 30, en l'église Notre-Dame des Loges (Seine-Maritime), suivie de l'inhumation au cimetière des Loges. Cet avis tient lieu de faire-part.

Chantal et Robert Tetrel, Aude de Maubeuge-Lacoste, Pascale de Maubeuge, Christophe et Anne-Marie de Maubeuge, ses enfants,

Silvia, Letizia ,Umberto, Fabrizio, ses enfants, Martine, Cosimo, Francesco, Charlotte, Elliot, ses petits-enfants,

le 10 janvier 2023, dans sa 101e année. © iStock

Laure, Guillaume, Claire, Benoît, Sophie, Joseph, Grégoire et Priscille, ses petits-enfants,

Mme Florence de Saint Genys, Albina, sa belle-fille,

Roberto DA VICO

Tél. 01 56 52 27 27

Mme François Lanquest, sa mère,

En union avec la baronne Georges Lavelaine de Maubeuge (†), née Jacqueline Rolland, son épouse,

ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

carnetdujour@media.figaro.fr carnetdujour.lefigaro.fr

La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 13 janvier, à 11 heures, en l'église Saint-Job, à Uccle.

L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale, le samedi 14 janvier 2023, à 15 heures, au cimetière de Francs (Gironde).

ainsi que l'ensemble de la famille

2023-01-12T09:13:56+01:00

Renée HUS

née Cosmao,

La famille rappelle à votre souvenir son épouse,

Olivier BAUFUMÉ

2023-01-12T03:09:03c:Figaro;u:adaboville;

ont la tristesse de vous faire part du décès de

Marie-Estelle, sa fille, Adrien et Ariane, ses petits-enfants,

ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Jour:

Jacques et Maria-Grazia Cosmao, son frère et sa belle-sœur, Simone Lafleur-Hus, sa belle-sœur, ses neveux et nièces et leurs enfants, Claude et Muriel et toute sa famille

La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 14 janvier, à 9 h 30, en l'église de Couchey (Côte-d'Or), suivie de l'inhumation au cimetière de Couchey.

Bruno et Marie-Cécile, ses frère et sœur, Isabelle, sa belle-sœur, ses nièces et neveux

Autre

Cet avis tient lieu de faire-part.

La cérémonie religieuse aura lieu le samedi 14 janvier, à 14 h 30, en la collégiale Saint-Jean-Baptiste de Montrésor (Indre-et-Loire).

Brigitte Baufumé Delesques, sa première épouse,

un

La célébration religieuse aura lieu le vendredi 13 janvier, à 10 h 15, en la cathédrale Notre-Dame de Senlis. L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale, au cimetière de Grimaud (Var).

Dijon.

La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 13 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Honoré-d'Eylau, Paris (16e). L'inhumation aura lieu le lundi 16 janvier, au cimetière de La Chapelle-sur-Oudon (Maine-et-Loire), en Anjou bleu.

ont la très grande douleur de vous faire part du décès de

Jean-Louis ISSANCHOU le 8 janvier 2023, dans sa 93e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 16 janvier, à 10 heures, en l'église Saint-Symphorien de Versailles.

le jeudi 5 janvier 2023.

dulundiaujeudi:25 €TTClaligne,jusqu’à25lignes 23 €TTClaligne,àpartirde26lignes vendrediousamedi:28 €TTClaligne,jusqu’à25lignes 26 €TTClaligne,àpartirde26lignes

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Demain

née Berr,

Son fils, son petit-fils, ses cousins, sa famille et ses amis

Xavier, Charlotte et Cyril, Thibault et Dorothée, Camille et Stéphane, Nicolas, Clara, ses petits-enfants, Octavie, Calliste, Aurèle et Colomban, Malo, Lou, Gabriel, Juliette, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu du

capitaine de frégate (h.) Georges LAVELAINE de MAUBEUGE chevalier de la Légion d'honneur,

Mme Catherine Beuzen-Oury, sa compagne, ses enfants, Elke et Ralph, et leurs conjoints, Stéphane et Elodie, ses petits-fils, Stanislas, Hugo et Hector, sa sœur Marie-Françoise, ainsi que sa famille, son frère Jean-Luc, ainsi que sa famille ont la douleur de vous faire part du décès de

Jean-Jacques MORÉLOT le vendredi 6 janvier 2023, à l'âge de 81 ans, des suites d'une maladie contre laquelle il se sera vaillamment battu jusqu'au bout. Une cérémonie religieuse se tiendra le vendredi 13 janvier, à 14 h 30, en l'église Sainte-Thérèse de La Baule-Escoublac (Loire-Atlantique). L'inhumation se déroulera le mardi 17 janvier, à 10 h 30, au cimetière de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine), où il rejoindra son épouse et la mère de ses enfants,

Iris Jenkner-Morélot

Strasbourg. Biganos. Paris. « Aimer envers et contre tout. » Anne-Marguerite et Emmanuel Colonna-Ceccaldi, Jean-Marie et Florence Thomas-Delecourt, Marie-Bénédicte et Ludovic Berlioux, ses enfants, Louis et Manon-Eva, Thibault, Maëlys (†), Lætitia, Florian, Amaury, Héloïse, Pierre-Marie, Paul-Henri et Eloi, ses petits-enfants,

disparition

James G. Lowenstein, cofondateur de la French-American Foundation

les familles Klotz, Dechelette, Thomas et Hugueny ont l'immense tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Elisabeth THOMAS née Klotz, épouse du

colonel (e.r.) Georges Thomas (†) Elle a terminé son pèlerinage terrestre dans l'espérance de la Résurrection, le 9 janvier 2023. La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 13 janvier, à 11 heures, en l'église catholique Saint-Pierre-le-Jeune (en face du tribunal), à Strasbourg. Les fleurs peuvent être remplacées par des dons en faveur des séminaires.

Frédérique et Christian Cabouat, Pascaline Vatin, Stéphanie et Frédéric Doré, Laure et Christophe Langerock, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants font part du rappel à Dieu de

James G. Lowenstein en 2019. Patrick McMullan via Getty Images

décédée en 1984.

M. Alexandre VATIN Le marquis et la marquise Gantelmi d'Ille, M. et Mme Jacques Hauvette, Mme Hubert Niveau de Villedary, ses sœurs, beaux-frères et belle-sœur, ses 11 neveux et nièces ont la tristesse de vous faire part du décès de

Étienne NIVEAU de VILLEDARY survenu le 10 janvier 2023, à l'âge de 82 ans. La messe d'A-Dieu sera célébrée le mardi 17 janvier, à 15 heures, en l'église de Saint-Victor-en-Marche (Creuse), suivie de l'inhumation.

Frédérique et Philippe Alric, François-Christophe et Catherine Pietri, ses enfants et leurs conjoints, Antoine, Laetitia, Jean-Baptiste, Juliette, Jérôme, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Michèle PIETRI née Guyot,

survenu le 7 janvier 2023, à l'âge de 86 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Sainte-Thérèse, 62, rue de l'Ancienne-Mairie, à Boulogne-Billancourt, le vendredi 13 janvier 2023, à 14 h 30, suivie de l'inhumation au cimetière ancien de Boulogne, 1, rue de l'Ouest. Cet avis tient lieu de faire-part.

Claudine Roess, son épouse, Michel Roess, son fils, Jérôme et Séverine Roess, son fils et sa belle-fille, Alizée Roess, sa petite-fille, sa famille et ses amis ont la grande tristesse de vous faire part du décès de

Claude ROESS

commissaire divisionnaire honoraire, chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite,

le 7 janvier 2023, dans sa 101e année.

survenu le mercredi 4 janvier 2023, à Paris, dans sa 90e année.

La messe d'A-Dieu sera célébrée le samedi 14 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Gwenaël, Plougonvelin (Finistère), suivie de l'inhumation dans le caveau familial.

Une cérémonie d'adieu a eu lieu le lundi 9 janvier 2023, au funérarium de Riom-ès-Montagne (Cantal), suivie de l'inhumation au cimetière de Saint-Amandin, dans le caveau familial.

le 8 janvier 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Honoré-d'Eylau, 66 bis, avenue Raymond-Poincaré, à Paris (16e), le vendredi 13 janvier, à 10 h 30.

Julie et Henri VILLEMIN leurs parents,

Philippe Niel et Anne, née Schapiro, Danièle Favier, leurs grands-parents, Jeanine Niel, Anne-Marie Schapiro, leurs arrière-grands-mères, Jérôme et Marie Niel, Joffrey et Alexia Niel, Paul et Agnès Villemin, Charlotte et Luc Chardon, leurs oncles et tantes, leurs cousins et cousine ont l'immense douleur de vous faire part du décès de

Louise, Jules et Alice le 24 décembre 2022, à Selles (Eure). La cérémonie religieuse aura lieu le samedi 14 janvier 2023, à 11 heures, en l'église Saint-Martin de Couches (Saône-et-Loire). Vous pouvez faire un don pour soutenir les actions qui leur tenaient à cœur : https://dansnoscoeurs. lacagnottedesproches.fr/ cagnotte/louise-jules-alice/ « Il n'y a pas d'au revoir pour nous peu importe l'endroit tu seras pour toujours dans nos cœurs. » Gandhi.

messes et anniversaires Une messe sera célébrée en l'église Saint-François-de-Sales, 6, rue Brémontier, à Paris (17e), le samedi 14 janvier 2023, à 9 heures, à l'intention de

Dominique du CHAYLA rappelé à Dieu le 15 janvier 2022.

souvenirs Souvenez-vous de

Gilbert EDARD décédé il y a vingt ans, le 12 janvier 2003.

Jean-Luc Allavena*

James G. Lowenstein vient de s’éteindre, à l’âge de 95 ans, à Washington. Les États-Unis perdent un grand serviteur et la France perd un grand ami. J’ai travaillé avec lui durant plus de vingt ans. Né en 1927 à New York, diplômé de Yale et de la Harvard Law School, Jim Lowenstein avait débuté sa carrière en 1950 au siège européen du plan Mar­shall à Paris. Un passage qui l’a beaucoup marqué et qui explique son attachement pour la France. Officier de marine puis officier du service extérieur, il sert ensuite, successivement, au Département d’État, aux am­ bassades américaines de Colombo et de Belgrade, au sein de la commission des affaires étrangères du Sénat, puis comme principal sous-secrétaire d’État aux Affaires européennes dans l’équipe de diplomates de Henry Kissinger, avant d’être nommé ambassadeur au Luxembourg. L’une des grandes œuvres de la vie de ce passionné de géopolitique sera la création de la French-American Foundation qui, aujourd’hui encore, structure les relations entre les deux pays autour d’une colonne vertébrale amicale, en parallèle avec les relations plus officielles du « canal ­diplomatique ».

Entre Washington et Paris

« C’était une idée commune, mais une initiative américaine, rappelait souvent Jim. Au milieu des années 1970, il y avait un climat de méfiance réciproque entre nos deux pays. Avec quelques amis, j’ai donc contacté quelques partenaires français qui partageaient à la fois notre diagnostic et, surtout, notre envie de sortir de ce climat qui ne convenait à personne. Nous avons eu la chance de pouvoir profiter de la visite d’État du président français à Washing-

ton, le 18 mai 1976. Valéry Giscard d’Estaing a officiellement présenté ce projet de fondation au président Gerald Ford qui, immédiatement, l’a adopté avec enthousiasme. » Lowenstein, qui partageait son temps entre sa maison de Georgetown et son appartement parisien, se passionnait notamment pour le fameux programme « Young Leaders », lancé en 1981 et qui a sélectionné, au fil des années, de nombreuses personnalités remarquables des deux pays, dans tous les domaines. À l’occasion du quarantième anniversaire de ce programme, Lowenstein avait d’ail­ leurs accompagné, en octobre 2021, une délégation reçue à l’Élysée par Emmanuel Macron, un autre « young leader ».

Officier de la Légion d’honneur

Quelques semaines avant sa disparition, assistant le 28 novembre à Paris au dîner de gala annuel de la fondation, aux côtés du président Alain Papiasse et des autres anciens présidents de la fondation, Philippe Lagayette, Arnaud de Puyfontaine et moi-même, il s’était réjoui de voir le président de la République « embarquer » plusieurs « young leaders », dont Thomas Pesquet et la toute nouvelle astronaute française Sophie Adenot, pour sa visite d’État à Washington où les attendaient le président Joe Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken… un autre « young leader » ! « La boucle est bouclée», commentait-il. Alain Papiasse salue la mémoire d’un « acteur engagé et enthousiaste, un grand monsieur dont la sagesse et la bienveillance continueront à guider l’action de notre fondation en faveur du lien transatlantique ». Jim Lowenstein était officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. ■ * Président d’honneur de la French-American Foundation-France.

jeudi 12 janvier 2023

champs Idées libres le figaro

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Le Petit Chaperon rouge est-il sexiste ? De la Belle au bois dormant à la Princesse de Clèves, une universitaire nous invite à libérer les « classiques » du regard masculin. À la fois irritant et passionnant.

au non des femmes Jennifer Tamas, Seuil, 336 p, 23 €.

chronique Eugénie Bastié £@EugenieBastie

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ans la révolution culturelle féministe à l’œuvre, la princesse des contes de fées est devenue la cible à abattre. Blanche-Neige est sous emprise, la Belle au bois dormant est une allégorie de la culture du viol, Belle une victime de VSS (violences sexistes et sexuelles) et Cendrillon une martyre du non-partage des tâches domestiques. Déconstructeur est devenu un métier à plein temps, et des milliers d’universitaires s’attellent chaque jour à traquer le mâle blanc dans la production artistique et culturelle occidentale. À première vue, le livre de Jennifer Tamas Au non des femmes (Seuil) appartient à ce genre consternant. Le sous-titre : « Libérer nos classiques du regard masculin » ainsi que l’impératif, proclamé dès l’introduction, de « restaurer notre matrimoine (sic) culturel » donnent envie de refermer le livre tout de suite. Il ne faut pas. Car, au fil des pages, la démarche de l’universitaire se révèle plus complexe et subtile qu’il n’y paraît. Jennifer Tamas est une spécialiste de la littérature d’Ancien Régime et elle a le grand mérite de ne pas adhérer au paradigme de la table rase. Contrairement à certains de ses collègues américains (française, elle enseigne sur un campus du New Jersey) elle ne réclame pas la mort des humanités classiques et la disparition des Dwems (Dead White European Males). Tamas n’invite pas à réécrire les classiques, mais puise dans le passé

ment libres au XVIIe siècle. On pouvait même trouver au XVIIIe siècle une Histoire littéraire des femmes ! La Révolution française, en effaçant toute la mémoire littéraire liée à l’Ancien Régime, contribua puissamment à la cancel culture des femmes. Tamas est consternée qu’on fasse de la galanterie française une forme de machisme raffiné, comme le fait l’universitaire américaine Joan Scott. « Dire que la galanterie représente une culture du viol est un contresens absolu » écrit-elle. « La galanterie peut être un baume qui évite les sous-entendus grivois, l’agressivité et la goujaterie. » De même, beaucoup d’universitaires féministes voient dans Les Liaisons dangereuses de Laclos un œuvre participant de la culture du viol. C’est ne rien comLa littérature est une casuistique prendre à la littératuqui résiste aux catégorisations binaires. re que de confondre représentation et jusElle triomphe de tous tification. Tamas les préjugés politiques, qu’ils soient montre assez finement que Valmont est wokistes ou conservateurs au contraire décrit comme un violeur sans ambiguïté et fille bien moins cruche qui finira par qu’on peut lire le roman comme une échapper toute seule au grand méchant « majestueuse et triste condamnation de la loup. Sous la gangue disneylandisée de la quête effrénée du plaisir ». « La fin du roBelle et la Bête, on relit le conte original man montre d’ailleurs que la liberté sexuelécrit par une femme, Mme de Villeneuve, le, guidée par la seule jouissance, produit en 1740. On y découvre alors une Belle non le bonheur mais un infini malheur. » plus volontaire et raffinée que l’image que Dans le chapitre sur la Princesse de nous en ont donné les films du XXe siècle. Clèves, elle en fait des tonnes, en savante Ce livre peut se lire comme une réoutragée, sur l’anti-intellectualisme de flexion antiprogressiste. Car il montre Nicolas Sarkozy. Mais c’est aussi l’occaque dans le passé, la grammaire des rapsion de rappeler que l’héroïne de Mme de ports hommes-femmes était peut-être plus subtile que les règles du jeu du dating Lafayette, souvent décrite comme frigià l’américaine; le commerce des sexes, de et soumise à la morale, est l’incarnaplus complexe que le capitalisme sexuel tion de la quintessence du refus féminin, mis en place par Tinder. Elle rappelle ainune femme qui a su dire « non » jusqu’au si que les femmes étaient particulièrebout. des modèles pour les femmes d’aujourd’hui. Son idée ? Ce ne sont pas les femmes du XXIe siècle qui ont inventé la résistance aux hommes et la nécessité du consentement dans le rapport amoureux. De nombreuses femmes du passé ont-elles aussi voulu et su dire « non » aux hommes. Simplement ce non a été oublié, enterré par un regard masculin devenu surplombant. Le deuxième sexe n’a pas attendu Annie Ernaux pour « venger sa race ». Les contes folkloriques, transmis au départ oralement furent bien souvent un terrain de jeu pour les femmes où se transmettait une sagesse transgénérationnelle. Comme le Petit Chaperon rouge, dont la version folklorique, beaucoup plus crue que celle de Perrault, nous offre une petite

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Spécialiste de Racine, Tamas s’attarde sur le dramaturge dont la moitié des tragédies porte des noms de femmes, et particulièrement sur Andromaque (« celle qui combat les hommes » en grec) et Bérénice. Elle souligne à quel point la figure culturelle d’Andromaque, qui conjugue la perfection de l’épouse et l’exemplarité de la mère, a été évacuée de notre imaginaire. Sommée dans la tragédie de choisir entre la mémoire de son défunt mari Hector et la vie de son fils Astyanax, Andromaque est décrite par Racine comme une combattante. Elle fut sous l’Ancien Régime tant admirée qu’on l’a dite même à l’origine du royaume de France. Au passage, Tamas règle son compte aux élucubrations néoféministes contemporaines sur le « regret d’être mère » qui serait un « tabou » de notre société. Il n’y a rien de plus commun que la représentation de la maternité malheureuse dans la culture occidentale, de la Vierge Marie à Andromaque (« Ô mon fils, que tes jours coûtent cher à ta mère », dit l’héroïne de Racine). La finesse d’analyse côtoie parfois la cécité idéologique. Pourquoi quatre pages sur l’excision au milieu d’un chapitre sur le Petit Chaperon rouge ? Quel rapport entre Charles Perrault et la perpétuation d’une pratique qui n’a rien d’occidentale et est aujourd’hui concentrée en Afrique et dans la population immigrée des pays occidentaux ? Aucun. Il n’empêche que voilà un livre passionnant. On replonge à la source des textes où se dessinent des rapports entre hommes et femmes complexes, mouvants, à sonder, ouverts sur une interprétation infinie. La littérature est une casuistique qui résiste aux catégorisations binaires. Elle triomphe de tous les préjugés politiques, qu’ils soient wokistes ou conservateurs. ■

La liberté ou la nature, faut-il choisir ? tête à tête Charles Jaigu

[email protected]

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’est en 2003 que l’« urgence climatique » est entrée dans sa vie. À l’époque, Dipesh Chakrabarty enseigne à l’université de Melbourne, et le bush australien part en fumée. Notre historien est sous le choc. Il s’enquiert des causes de l’incendie. « Le changement climatique », lui répond-on. Il ne connaît pas l’expression. Depuis le début de sa carrière, il s’est concentré sur l’histoire du colonialisme. On lui doit un livre, Provincialiser l’Europe, qui est devenu un mantra pour beaucoup d’« anti-impérialistes ». Livre qui défend brillamment l’idée que la modernité n’est pas qu’une invention européenne. Il n’avait donc pas prêté l’oreille aux discours alarmistes sur le climat. Après le choc de cet incendie australien, il voulut en savoir plus. « J’étais très triste de ce que je découvrais, mais je dois aussi avouer que je commençais une nouvelle aventure intellectuelle que je trouvais très excitante », nous dit-il par Zoom depuis son domicile sur le campus de l’université de Chicago. « Je suis tombé dans l’abysse du temps géologique profond », raconte-t-il pour décrire le sou-

dain élargissement spatiotemporel auquel doit s’atteler l’historien du temps présent. Un atavisme familial l’a préparé à ces sujets. Chakrabarty est un fils de brahmane, élevé pour en devenir un. La sobriété heureuse n’a pas de secret pour un homme de sa caste. Mais il a rompu avec ce destin tout tracé, et il est devenu un intellectuel rempli des rêves prométhéens de sa génération, et notamment celui de dépasser en prestige scientifique et technique les pays du monde développé. Le voici rattrapé par ce passé, et par la figure révérée du poète indien Rabindranath Tagore, qui a chanté l’unité de l’homme et du cosmos. Et soudain il n’est plus question dans ce nouveau débat de provincialiser l’Europe, mais toute l’espèce humaine, autrement dit de lui faire abandonner sa position dominante dans la chaîne du vivant. Mais rien n’est simple, et, justement, c’est ce qui rend très plaisante la lecture de ce livre, qui ne tombe pas dans le panneau de l’écologisme militant de son ami le philosophe Bruno Latour. Dipesh Chakrabarty pointe une contradiction profonde entre le rêve d’émancipation humain et le destin de la planète. Ce dilemme tragique s’applique évidemment aux pays en voie de développement, qui veulent accéder à plus de liberté. Chakrabarty a de belles pages sur l’air conditionné pour les populations pauvres de l’Inde surchauffée. Sans cet air frais, impossible de vivre

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capitaliste global et du planétaire (la nature). L’âge du capitalisme à base d’énergies fossiles touche à sa fin. Et pourtant, notre quotidien consiste à la fois à invoquer le planétaire et à l’oublier l’instant d’après Dipesh Chakrabarty

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normalement. L’auteur ne propose pas de solution. Il essaye de comprendre comment le récit de l’histoire humaine peut désormais faire une place au récit de l’histoire de la nature. « C’est un récit complexe dans lequel il n’y a pas de cause finale comme dans la philosophie d’Aristote. Mes amis écologistes, mes amis marxistes ne veulent pas regarder cette complexité pour ce qu’elle est, ils se contentent de blâmer l’Occident, berceau du capitalisme. Mais ils ne voient pas quel est le désir humain. Le désir de se protéger des intempéries, de monter dans un train qui permet de voyager sans subir l’aléa des moussons, de posséder un véhicule qui donne la liberté de circuler. Ils ne se demandent pas pourquoi des pays qui n’ont pas été colonisés ont voulu cette modernité », nous dit-il. Ses amis sont souvent « encore pleins du mythe du bon sauvage ». Les pays en voie de développement sont capables de désirer tout seuls : « Nous avons voulu et nous voulons toujours être modernes, martèle-t-il, en reconnaissant que 80 % des hydrocarbures dans le monde ont été utilisés après 1950, ce qui coïncide avec l’entrée de ces pays dans la modernité. La liberté a été le motif le plus important des récits de l’histoire humaine écrits au cours des deux cent cinquante dernières années. Or, jusqu’ici, la plupart de nos libertés modernes ont été fortes en intensité énergétique. » Le monde entier est à la même enseigne et il n’y a pas l’Occident d’un côté et le reste du monde de l’autre. « Le projet de l’humanité a toujours été d’oublier la planète », conclut Chakrabarty. Quant au capitalisme, « ce n’est pas Dieu le père », et, s’il joue son rôle dans l’évolution du « système terre », il n’est pas possible de savoir quelles seront ses métamorphoses ultérieures. « Beaucoup d’intellectuels ont une vue morale de la crise environnementale, et ils en parlent comme s’il y avait un méchant et un gentil, mais nous ne sommes pas dans un conte de fées, corrige Dipesh Chakrabarty. Notre désir a un prix, et nous comprenons depuis seulement vingt ans que ce prix est trop lourd, que le maintien de la biodiversité est une question de survie pour nous. » Chakrabarty rappelle que si le niveau d’oxygène a été aussi stable pendant 375 millions d’années, c’est que « divers processus dynamiques » y participent, « dont, par exemple, le plancton ». Le prix élevé payé par la planète est-il d’abord le changement climatique ?

Nous préférons dire que l’homme change l’environnement, dont le climat fait partie. À lire Chakrabarty, on se dit qu’il serait d’accord pour dire que la focalisation sur le climat fait d’un sujet incertain un article de foi, pour des raisons qui sont très bien soulignées par Steven Koonin dans son livre Climat, la part d’incertitude (lire nos éditions du 9 novembre 2022) Telle est la sagesse de notre brahmane défroqué : « Les solutions pratiques sont imparfaites (voiture électrique, nucléaire, etc.), et les solutions idéales sont impossibles (retour à une vie de brahman, ou d’indigène). » Chakrabarty voit la complexité du monde et des changements dans le monde. « J’essaye de penser lentement, c’est un livre lent sur des problèmes urgents. » La conscience que nous avons acquise de notre influence décisive sur la planète (surpopulation, biodiversité, climat) est donc en train de prendre place lentement dans notre histoire anthropocentrée. « Nous vivons tous au bord du système capitaliste global et du planétaire (la nature, NDLR). L’âge du capitalisme à base d’énergies fossiles touche à sa fin. Et pourtant, notre quotidien consiste à la fois à invoquer le planétaire et à l’oublier l’instant d’après », écrit-il lucidement. Il faudra plusieurs générations pour atteindre le nouvel équilibre. Dans l’intervalle, le monde se sera dégradé – et il est probable que Sapiens devra passer par l’un de ces goulots d’étranglement qu’il a déjà connu depuis un million d’années. Nous avons un siècle pour fondre le planétaire dans l’humanitaire, et habiter cette nouvelle dimension. Un siècle, ce n’est qu’un centième de seconde dans l’histoire de la planète. À l’historien de nous dire s’il s’agit du temps long ou du temps court. ■

après le changement climatique… Dipesh Chakrabarty, Gallimard, 390 p., 28 €.

A

L’historien Dipesh Chakrabarty fait date avec cette réflexion sur la manière d’écrire l’histoire et de la penser depuis que la nature s’est invitée dans l’histoire des hommes.

jeudi 12 janvier 2023 le figaro

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champs libres Débats

Le blues des médecins libéraux

L

a grève des médecins libéraux étonne. On peut comprendre que, comme tout un chacun, ils souhaitent voir leur rémunération augmenter, mais il est clair qu’autre chose est en jeu. « La médecine libérale se sent insultée et humiliée », s’est indignée une des animatrices du mouvement, réagissant aux déclarations du président de la République du 6 janvier. Derrière ce que les pouvoirs publics présentent comme de simples ajustements techniques, la place des médecins dans la société, leur « rang », est en question. Dans la société française où il est peu honorable de dépendre d’un patron ou d’un client, les médecins libéraux occupent par contraste une place éminente. Ils n’ont pas affaire, pour l’essentiel, à un client exigeant qui leur passe commande, mais ce sont eux qui, après avoir posé un diagnostic, prescrivent souverainement la conduite que leurs patients doivent tenir, et en particulier les remèdes qu’ils doivent prendre. Ils incarnent éminemment le savoir, ce qu’exprime bien l’expression courante « j’ai consulté la Faculté ». La régulation de leurs rapports avec leurs patients relève du serment d’Hippocrate, dans la rencontre « entre une confiance et une conscience ». Cette position traditionnelle de surplomb fait tellement référence En grève depuis le 26 décembre, les médecins que ceux qui, occupant dans libéraux demandent une revalorisation une entreprise une du montant de leur consultation. Mais, à travers place de technicocette revendication pécuniaire, ces derniers commercial, expriment avant tout un malaise lié dépendent à un déclassement de la profession, étroitement des exigences de clients, argumente le sociologue*.

Philippe d’Iribarne

à un patron, au point de conduire, selon les termes d’une intéressée, à une « mise sous chape administrative de la profession ». Et les mesures actuellement envisagées par les pouvoirs publics sont ressenties comme de nature à radicaliser ce déclassement rampant. Il est question de transférer une partie des activités jusqu’alors réservées aux médecins à d’autres professionnels de santé (pharmaciens, sages-femmes, infirmières, etc.). L’idée est de répondre à l’insuffisance de l’offre médicale sur une bonne partie du territoire en déléguant certains gestes simples à des non-médecins. Une proposition de loi en ce sens doit arriver mi-janvier à l’Assemblée. Il s’agit en principe d’une pure réorganisation technique. Les médecins libéraux ont vu Ce n’est pas ainsi leur activité de plus en plus qu’elle est vécue. étroitement réglementée, rapprochant Certains points ne font guère leur condition de celle du salarié problème, qui rend des comptes à un patron comme laisser les pharmaciens assurer des vaccinations qui, L’abîme est grand aussi par rapport de toute façon, ne sont pas prescrites aux pharmaciens, volontiers vus par un médecin. D’autres points par les médecins comme occupant constituent des sujets sensibles. une position de simples fournisseurs. Ainsi, une question à haute portée Pourtant, avec le temps, symbolique concerne cette position sociale s’est le renouvellement des ordonnances. progressivement effritée. D’une part, « Le président de la République, affirme l’élévation considérable de la la présidente du Syndicat des médecins compétence médicale des auxiliaires généralistes, reprend les thèses de santé, spécialement des infirmières, de ceux qui affirment qu’il serait si facile l’évolution de leurs tâches, de “renouveler” une ordonnance a fait que les médecins ne s’en que tout le monde pourrait le faire, distinguent plus autant. D’autre part, oubliant qu’il s’agit en fait les médecins libéraux ont vu d’une réévaluation et du suivi leur activité de plus en plus étroitement de l’ensemble des pathologies réglementée, rapprochant du patient. » « Facile », leur condition de celle « tout le monde », on est en pleine du salarié qui rend des comptes aiment à utiliser, pour présenter leur activité sous un jour plus valorisant, les mots prestigieux de « diagnostic » et de « prescrire ». Traditionnellement toujours, cette position sociale, avec le prestige qui lui est attaché, est d’autant plus forte qu’une sorte d’abîme la sépare de celle des autres membres du système de soins. Certes, une forme de grandeur s’attache à l’activité d’infirmière, au point qu’en période de guerre des représentantes de familles les plus huppées ne dédaignent pas de l’exercer. Mais il s’agit d’une grandeur tout autre que celle des médecins et qui ne la concurrence pas, grandeur de présence humaine, de dévouement, de bonté (on dirait dans un langage contemporain du « care »), héritière de celle des religieuses.

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banalisation. La frontière est ainsi menacée de s’effacer entre celui dont le rôle est de prescrire au nom de sa compétence et celui qui se contente d’appliquer. De ce fait, la compétence médicale se trouve dévalorisée et, avec elle, ceux qui la détiennent. On voit évoquer une « ubérisation » de la profession. Ce transfert de tâche serait plus facile à vivre pour les médecins s’il s’agissait pour eux de le mettre en œuvre au cas par cas en fonction de leur appréciation de la situation, en gardant le contrôle de celle-ci. Ce n’est pas ce qui est prévu. Il s’agit de « forcer la main à des transferts de tâche non consentis », déplore une intéressée. Simultanément, il est question d’approfondir la dépendance des médecins libéraux à l’égard d’instances bureaucratiques, en matière d’installation, de gardes, de prescription, d’attribution de congés. Bien sûr, ces réactions ne doivent pas dissuader de chercher à améliorer le fonctionnement du système de santé. Mais si l’objectif est d’obtenir une amélioration réelle, elles sont à prendre au sérieux plutôt que de prétendre qu’il ne s’agit, de la part des médecins libéraux, que d’attachement passéiste à un monde qui n’est plus ou d’états d’âme sans importance. Qui peut œuvrer avec cœur et efficacité au service de ses semblables s’il se sent méprisé ? *X-Mines, directeur de recherche émérite au CNRS, Philippe d’Iribarne a bâti une œuvre consacrée à la spécificité de chaque culture nationale et au système de valeurs de ses citoyens. Dernier ouvrage paru : « Le Grand Déclassement » (Albin Michel, 2022).

Peut-on sortir du marché européen de l’électricité ? PROPOS RECUEILLIS PAR

Dessins fabien clairefond

Ronan Planchon £@RonanPla

LE FIGARO. - Alors que le prix de l’électricité explose au point de menacer l’avenir de certaines entreprises, nombre d’observateurs pointent le marché européen de l’électricité. Comment ce dernier fonctionne-t-il ? Jean-Michel QUATREPOINT. - Les anciens patrons d’EDF sont quasiment unanimes pour dire que ce marché européen n’a pas bien fonctionné, ou en tout cas au détriment de la France. Il faut se rappeler pourquoi il y a eu ce marché européen et comment cela s’est fait. Le marché a été fondé sur deux principes plus un objectif politique allemand. Le premier principe est un libéralisme pur et dur, qui était très à la mode à la fin des années 1990. On a décidé que l’électricité était une marchandise comme les autres, et que ses prix devaient donc être régulés par l’offre et la demande. Jusqu’alors, ses prix dépendaient des coûts de production. C’est là où l’on a introduit un mécanisme pervers pour l’électricité qui est un bien qui ne se stocke pas. Ce principe libéral se fonde sur l’idée que l’offre et la demande doivent s’équilibrer en permanence. Donc aux périodes de pointe, notamment le soir ou le matin de bonne heure, c’est la dernière centrale en activité qui équilibre la demande. Or, il se trouve que cette dernière centrale marche généralement au gaz, et a donc un coût de production plus élevé que les centrales nucléaires. Tant que le prix du gaz restait relativement bas, cela ne posait pas de problèmes. Lorsqu’il s’est mis à grimper, le prix de gros de l’électricité aux périodes de pointe a explosé. Le second principe est celui de la concurrence, qui avait pour but de mettre fin au monopole des sociétés de production d’électricité, spécialement EDF, qui était la société de proLe journaliste et essayiste décrypte duction la plus puisavec précision le fonctionnement du marché sante en Europe. européen et les modalités d’une réforme C’était un véritable ou d’une sortie de ce dernier. modèle. L’idée était

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Jean-Michel Quatrepoint

d’ouvrir le marché à la concurrence pour le bien du consommateur. Mais comme EDF bénéficiait d’une rente nucléaire, on lui a demandé de mettre à disposition des nouveaux concurrents une partie de sa production nucléaire (25 %) pour ne pas les défavoriser, au prix courant de l’époque, soit 42 euros. Ces 42 euros prenaient en compte le coût de production et de maintenance de l’énergie nucléaire, mais pas le développement des futures centrales. Ce qui a posé des problèmes à EDF, qui se voyait amputé d’une partie de ses ressources pour investir. L’idée était que les nouveaux participants devaient avoir un prix d’achat de l’électricité intéressant, pour qu’ils puissent investir dans de nouvelles capacités de production, notamment dans le renouvelable. Mais ces nouveaux entrants ont proliféré sans investir. Ils se sont, pour la plupart, contentés d’acheter l’électricité à 42 euros à EDF pour la revendre au consommateur avec une bonne marge. Ce qui a contribué à affaiblir EDF. Quant à l’Allemagne, à cette époque, elle était en train d’abandonner le nucléaire pour deux raisons. La première parce qu’il y avait la pression des Verts, et la seconde parce que Siemens, qui participait au développement du nucléaire avec Framatome, est sorti de Framatome à ce moment-là, et n’avait plus d’intérêts industriels dans le développement du nucléaire. C’est pourquoi, entre 2008 et 2011, les Allemands vont faire pression sur Bruxelles pour affaiblir EDF et faire en sorte que l’économie française bénéficie de moins en moins de l’avantage compétitif que représentait une électricité nucléaire à bon marché. Le gouvernement soutient qu’il serait aujourd’hui très difficile de sortir de ce marché européen. Est-ce le cas ? On entend deux principaux arguments en faveur du marché européen de l’électricité. Le premier est de dire que nous avons besoin de cette interconnexion, notamment le soir aux heures de pointe, car elle nous permet d’approvisionner le marché français par la production des centrales à gaz allemandes. Il est vrai que l’on importe aujourd’hui de l’élec-

tricité d’Allemagne, à un prix très élevé. Et cela s’est aggravé avec la non-disponibilité de 22 réacteurs nucléaires du fait de la maintenance retardée par la crise sanitaire et des problèmes de corrosion sur des circuits de secours sur un certain nombre de réacteurs. On se dit alors qu’il est heureux d’avoir cette interconnexion, sans laquelle nous ne pourrions pas avoir suffisamment d’électricité aux heures de pointe. Mais il est vrai aussi que l’interconnexion existait avant le marché européen, et elle existe aujourd’hui avec des pays comme la Suisse et l’Angleterre, qui ne font pourtant pas partie de l’Union européenne. Si l’on sortait du marché européen de l’énergie, rien n’empêcherait d’avoir des contrats avec nos voisins, notamment l’Allemagne, pour s’approvisionner en électricité à un certain prix. Cela n’empêcherait donc

gies renouvelables et au nucléaire français, qui a un coût de production très faible. Le coût de production du nuclé­aire est d’environ 45 euros, et celui de la production hydraulique aux alentours de 20 euros. Globalement, le coût moyen de production de l’électricité en France tourne autour de 65 euros le MW. C’est bien en dessous des 500 euros que vont devoir payer cette année des PME et des artisans. Leurs nouveaux contrats sont totalement déconnectés des coûts réels de production. Aujourd’hui, Bruno Le Maire nous dit que sortir du marché européen serait une folie. Comment engager un bras de fer, une négociation avec Bruxelles et Berlin, s’il commence par dire que de toute façon nous resterons dans ce marché ? C’est comme si le président de la République, en cas de montée des tensions, disait que l’utilisation de notre force de frappe serait une folie. En excluant par principe une Si l’on sortait du marché européen sortie on ne se met de l’énergie, rien n’empêcherait d’avoir pas en position de des contrats avec nos voisins, notamment force pour négocier une réforme de fond l’Allemagne, pour s’approvisionner en comble de ce marché. en électricité à un certain prix

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pas un approvisionnement depuis l’étranger. En outre, nous importons à la pointe, mais nous exportons durant le reste de la journée, notamment vers l’Allemagne, car nos centrales nuclé­ aires produisent en continu. Et lorsque le vent et le soleil ne sont pas au rendezvous, notre voisin est bien content d’avoir notre électricité nucléaire à bon marché qui lui permet de mettre au repos ses centrales au gaz… qu’elle ­ ouvre le soir pour nous vendre ses mégawatts (MW) d’origine gazière au ­ prix fort. Nous nous tenons donc par la barbichette… Certes, mais nous avons signé des traités… Sortir unilatéralement du marché européen de l’énergie poserait effectivement un problème juridique et politique. ­Reste que Bruno Le Maire s’est montré, depuis plus d’un an, très critique de ce marché européen de l’énergie, expliquant qu’il n’était pas adapté aux éner-

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Est-il est possible de réformer ­le marché européen sans pour autant en sortir ? C’est ce que voudrait faire le gouvernement. Le président de la République souhaitait que le problème soit réglé fin novembre, mais les Allemands font traîner les choses en longueur, car ce n’est pas dans leur intérêt. Soyons clairs, les Allemands ne sont pas de gentils partenaires, mais de véritables concurrents qui défendent leurs intérêts. Et leur intérêt c’est que la France n’ait pas accès à une énergie bon marché. Il faudrait une réforme du marché pour que l’on prenne beaucoup plus en compte les vrais coûts de production, et les nôtres sont bien inférieurs à ceux de l’Allemagne quand elle fait tourner ses centrales à gaz, ses éoliennes, et son énergie solaire. Aujourd’hui notre production est décarbonée à 95 %, nous sommes les meilleurs élèves de l’Europe grâce au nucléaire qui représente 65 % de notre production. ■

jeudi 12 janvier 2023

champs libres le figaro

Opinions [email protected] www.lucferry.fr

« On meurt… »

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ême le « Roi Pelé », même les papes, même la reine d’Angleterre, et la mort de ces « célébrités » vient chaque fois nous rappeler que nous faisons tout pour oublier dans la vie quotidienne, comme le dit Heidegger, que « dès qu’un être est né il est assez vieux pour mourir ». Bien entendu, nous savons que nous sommes mortels, mais comme le souligne encore Heidegger dans son maître livre, Être et temps, nous nous efforçons de mettre cette évidence sous le boisseau en faisant de la mort une affaire anonyme, impersonnelle. « On meurt », certes,

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mais c’est le « on » qui meurt, pas moi : « On finit bien un jour par mourir, mais pour le moment, nous, nous restons à l’abri », écrit Heidegger, car sous la forme impersonnelle du « on », la mort est comprise « comme quelque chose de vague qui doit bien débarquer de quelque part mais qui pour le moment n’est pas encore de saison, qui ne concerne pas un individu précis et n’a donc rien de menaçant. Le “on meurt” laisse penser que la mort frappe, si l’on peut dire, le on. Chaque fois, justement, ce n’est pas moi, car ce “on” n’est personne… Le “on” permet de se dissimuler l’être vers la mort en ce qu’il a de plus personnel et il augmente la tentation de se le dissimuler. » Or c’est très exactement

ENTRE GUILLEMETS

12 janvier 1903 : première réunion de l’Académie Goncourt à Paris. Le premier prix sera attribué le 21 décembre à Eugène Torquet, dit John-Antoine Nau pour son roman Force ennemie.

Edmond et Jules Goncourt

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Un livre n’est jamais un chef-d’œuvre : il le devient»

analyse Jean-Pierre Robin [email protected]

de personnes. Car ce sont ces attaches qui nous angoissent, qui nous empêchent de partir avec sérénité, pour ainsi dire le cœur léger, enfin libérés de cette frénésie de possession qui nous pousse à consommer sans cesse pour oublier que nous sommes mortels. Encore faut-il préciser que le plus sûr moyen de parvenir au non-attachement est d’entrer dans la vie monacale, la vie de famille impliquant toujours des liens affectifs. Le christianisme nous propose une tout autre voie vers le salut : ni oublier la mort, ni refuser les attachements à ceux que nous aimons, mais avoir foi en cette promesse merveilleuse que nous fait le Christ, celle de « la mort de la mort », de l’immortalité non seulement de l’âme, mais aussi de ce « corps glorieux » qui permettra post mortem les retrouvailles avec ceux que nous avons aimés en cette vie. C’est ce que nous voulons tous et on comprend comment la « tentation du christianisme », pour reprendre le titre d’un livre que nous avions écrit Lucien Jerphagnon et moi, l’a emporté sur le message des sagesses anciennes. Bien entendu, cette promesse, pour produire ses effets dans la vie de tous les jours, pour la réenchanter ici et maintenant, suppose que nous l’accueillions avec « confiance », cum-fides, avec foi. Or c’est cette foi que le « désenchantement du monde » dont parlait Max Weber dans le sillage de la « mort de Dieu » annoncée par Nietzsche, a largement déconstruit dans nos sociétés laïques, ce qui explique cette autre tentation, celle de l’oubli, du « on meurt », en même temps que l’incapacité de l’individu moderne à donner la moindre signification à la mort.

Pourquoi les ministres portent des titres souvent ridicules en France

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es ministres et les secrétaires d’État du gouvernement d’Élisabeth Borne seraient-ils les invisibles de la République ? Au nombre de quarantedeux hommes et femmes, à parité comme il se doit, c’est pratiquement un record depuis 1958. Mais pour la plupart, personne ne les connaît. Selon un sondage Odoxa-Backbone pour Le Figaro réalisé en décembre 2022, six mois après leur nomination, seuls huit d’entre eux sont identifiés par une majorité des Français. Par ordre décroissant de notoriété, Le Maire, Dupond-Moretti, Véran, Darmanin, Attal, Schiappa, Ndiaye, Lecornu. Quant aux autres, plus de la moitié des gens avouent « n’en avoir jamais entendu parler ». Manque de poids politique, de charisme individuel, désintérêt pour la politique ? À la décharge des Français, leur identification se heurte à deux obstacles majeurs : les fonctions changent constamment d’intitulé d’un gouvernement à l’autre, et ces derniers sont le plus souvent abscons. Même Bruno Le Maire, qui bénéficie d’un record de longévité, ayant toujours occupé le même poste à Bercy depuis mai 2017, s’est présenté avec quatre titres différents. D’abord ministre de l’Économie, puis en juin 2017 de l’Économie et des Finances, et, à partir de juillet 2020, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, et, enfin, depuis mai 2022 , de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Cette instabilité sémantique ne traduit nullement un changement de périmètre. C’est toujours le même homme qui nous parle croissance, impôts,

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

cette insouciance fabriquée, artificielle, que la mort des gens célèbres vient bouleverser en donnant un nom et un visage familier, comme tel inquiétant, à ce « on » fallacieux. Philosophies et théologies ont tenté de dépasser cette attitude d’oubli controuvé qui caractérise ce que Heidegger appelle « Alltäglichkeit », la « quotidienneté ». C’est ainsi que les sagesses anciennes, en particulier le stoïcisme et le bouddhisme, nous invitent, au rebours de l’attitude commune, à garder la mort présente à l’esprit aussi souvent que possible afin de mieux s’y préparer sur le mode du futur antérieur : « Quand elle viendra, je m’y serai préparé », conseille le sage. C’est en ce sens qu’Épictète dit à son disciple : « Quand tu embrasses ta fille ou ton fils, dis-toi qu’il peut mourir à tout moment, exactement comme la coupe de verre que tu as laissée tomber sur le sol hier s’est brisée. » Même recommandation chez les sages bouddhistes : il ne faut fuir ni la mort ni les divers maux de la vie humaine. S’efforcer de ne pas y penser, comme on met la poussière sous le tapis, est pure folie. Il faut au contraire penser sans cesse à la mort, en faire un objet constant de méditation de sorte qu’elle ne puisse jamais nous prendre au dépourvu. Comme l’écrit le dalaïlama, « celui qui pratique le Dharma (l’enseignement de Bouddha) pense chaque jour à la mort », et ce faisant, il apprend à « voyager léger ». En d’autres termes, à l’approche de la mort, celui qui va mourir doit avoir pratiqué le « non-attachement » pour se débarrasser de tous ses « avoirs », de tous les liens qui le rattachent à des réalités extérieures à lui, qu’il s’agisse de biens matériels ou

Darmanin avait été nommé, en 2017, « ministre de l’Action et des Comptes publics » : curieuse syntaxe dont on percevait mal qu’il fallait entendre « action publique ». L’expression désignait en réalité la « fonction publique » dont Gérald Darmanin avait la charge en même temps que le Budget. Ces créations langagières superfétatoires sont d’autant plus perturbantes qu’elles s’accompagnent de redécoupages incessants des ministères. L’actuel ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a en charge le Budget de l’État et les autres comptes publics, les retraites et la Sécurité sociale dont il partage Ces créations langagières la responsabilité avec superfétatoires sont d’autant d’autres ministres. plus perturbantes qu’elles En particulier François Braun, « ministre s’accompagnent de redécoupages de la Santé et de la incessants des ministères Prévention ». Là aussi une invention, qui se justifie sans doute par l’adage Un titre sans précédent pour son titulaire « mieux vaut prévenir que guérir » (Olivier Dussopt) et d’autant plus opaque (et éviter les services d’urgence !). qu’il est en charge des retraites, Ce nouveau nom s’inscrit dans contrairement à ses prédécesseurs. une longue succession de changements : Auparavant, cette question relevait en 1920 - la France sortait de la grippe du ministère des Solidarités et de la Santé espagnole -, la Santé se dénommait (du temps d’Agnès Buzyn notamment). alors « ministère de l’Hygiène ». Le pouvoir se grise de certains mots, De telles variations sont certes lourdes attractivité, souveraineté, transition… d’intentions. Européen convaincu, Ce qui nous vaut un « ministère Emmanuel Macron a rebaptisé en 2017 de l’Agriculture et de la Souveraineté le Quai d’Orsay « ministère de l’Europe et alimentaire » (Marc Fesneau). des Affaires étrangères ». En 1981 déjà, De même la transformation est un concept ce dernier avait muté en « ministère clé de la macronie (qui se méfie des Relations extérieures », retrouvant du terme réforme). D’où le « ministère une appellation de la Convention de 1794. de la Transformation et de la Fonction On se souvient également de l’éphémère publiques » (Stéphane Guérini). « ministère du Temps libre » de 1981, Ces redondances rendent les intitulés auquel on doit les chèques-vacances. incompréhensibles. Ainsi Gérald chèques énergie, nucléaire, etc. d’où son omniprésence sur les écrans et dans nos têtes. Mais au fil des ans, l’exécutif a jugé bon de mettre l’accent sur des objectifs roboratifs, « la relance », « la souveraineté ». Une telle exubérance verbale crée de la confusion dans les esprits des Français qui tendent à mélanger les problèmes financiers, fiscaux et industriels. Tout le monde connaît ou devine la fonction du ministre du Travail : les problèmes sont peu ou prou les mêmes partout. Mais en France nous avons la chance d’avoir un « ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion ».

Quant au « ministère du Redressement productif » (2012), il n’a pas survécu à son détenteur, Arnaud Montebourg, dont le successeur, Macron, s’est empressé en 2014 de revenir à un titre plus sobre, « ministre de l’Économie ». Ayant accédé à l’Élysée, avec la possibilité souveraine de nommer et de dénommer à son gré, notre président s’est converti à la pensée magique. Autrement dit, le pouvoir performatif des mots permettant, croit-on, de donner corps à ses souhaits. Après tout, il n’y a que la foi qui sauve.

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Les rencontres

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du Figaro François Sureau : la littérature d’abord ! le vendredi 3 février à 20 h, Salle Gaveau. Tarif : 25 €.

fabien clairefond

Luc Ferry

Réservations : 01 70 37 18 18 ou www. lefigaro.fr/ rencontres.

Ce soir à 20h sur le site du Figaro, présenté par Alexandre Devecchio

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 18 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 8 pages Cahier 4 Littéraire 8 pages Promo Portage Carnet des Obsèques : diffusion sur une partie du territoire national

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chronique

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NOUVEAU DÈS LE 13 JANVIER

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jeudi 12 janvier 2023 le figaro - N° 24 383 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> FOCUS

Hausse des arnaques à l’épargne

lefigaro.fr/economie

Davos

pfizer

Inflation et climat en tête des risques mondiaux Page 20

le laboratoire multiplie les projets après le Covid Page 21

Hausse de salaires : la pression ne se relâche pas Avec l’inflation persistante, les revendications salariales se multiplient. Le risque, pointé par les économistes, est d’entretenir une spirale néfaste prix-salaires. Dans certains grands groupes, les augmentations salariales accordées l’an dernier étaient inédites depuis une décennie, parfois plus. Mais le niveau d’inflation, à 5,9 % en dé-

cembre, est lui aussi historique. Et les syndicats maintiennent la pression. Dans les PME, les marges de manœuvre sont souvent limitées. La tentation peut être forte de ré-

percuter les augmentations sur les prix. Et d’entretenir ainsi cette boucle prix-salaires redoutée par les économistes, parce qu’elle produit de l’inflation auto-entretenue,

comme dans les années 1970. Tout le monde n’a pas les capacités du géant japonais Uniqlo, qui a fait une annonce spectaculaire : des hausses de salaires de… 40 % !

E. PIERMONT/AFP - G. VIERA/AFP - Ph. von Ditfurth/picture-alliance/dpa/AP Images

èDans les PME, « nous ne pouvons pas nous aligner sur l’inflation à 6,5 % » èUn bond spectaculaire de 40 % pour les salariés d’Uniqlo au Japon Pages 22-23

Bernard Arnault change les PDG de Louis Vuitton et de Christian Dior

Delphine et Bernard Arnault.

LVMH rajeunit son équipe de top dirigeants. Pietro Beccari, PDG de Christian Dior depuis 2018, succède à Michael Burke à la tête de Louis Vuitton. Delphine Arnault récupère ainsi son poste. page 25

Les escrocs ne connaissent décidément pas la crise. Et l’inflation, qui pousse les épargnants à chercher plus de rendements, est un terrain fertile. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) a annoncé, mercredi, que 1 243 sites ou entités proposant en France des produits financiers (crédits, livrets d’épargne…) sans y être autorisés, ont été inscrits sur sa « liste noire ». Un chiffre en hausse de 3 % sur un an. Pour mettre en confiance les épargnants, les escrocs misent sur des produits d’épargne biens connus. La « quasi-totalité » des offres frauduleuses « concerne de faux crédits ou livrets », rappelle le gendarme de la banque et de l’assurance. Des produits connus pour leur absence de risque et la disponibilité de leur fonds. De quoi mettre « en confiance les victimes, à la recherche d’un placement sûr et rémunérateur », constate l’ACPR. Les aigrefins harponnent leur victime sur internet, via des publicités sur les réseaux sociaux ou des mots-clés recherchés sur Google. Une fois que la victime a donné ses coordonnées, elle est rappelée par un faux conseiller. Les escrocs usurpent une fois sur deux (56 %) l’identité d’une entreprise connue ou d’un intermédiaire financier ayant pignon sur rue et autorisé à commercialiser des produits d’épargne. Ces arnaques ne se limitent pas aux livrets et aux crédits. Le spectre est plus large. L’ACPR ne comptabilise que les escroqueries bancaires et assurantielles. « Dans le supermarché de l’arnaque, on trouve aussi des actions, du bitcoin, des chambres en Ehpad », rappelle Guy Grangirard, à la tête de l’association de protection des épargnants ADC France. Chaque année, les pertes liées aux arnaques à l’épargne s’élèveraient à près de 500 millions d’euros selon une estimation du parquet financier, et à 4,5 milliards depuis 2016. jorgE Carasso

l'histoire

Et maintenant, une assurance sur mesure pour le télétravail BforBank, Carambar…) a donc conçu avec l’assureur Allianz une assurance garantie de la vie (GAV) professionnelle, couvrant les accidents graves, dont les séquelles se traduisent par une atteinte à 25 % de l’intégrité physique et psychique (jambe invalide…). Sa particularité est de couvrir à la fois le salarié et sa famille (conjoint, enfants), qui pourrait se blesser à la maison pendant la journée de télétravail. Cette offre, la première en son genre, propose par ailleurs des services d’assistance aux personnes travaillant chez elles (consultations psychologiques, diététique, garde d’enfants…). Cette assurance professionnelle ne peut être souscrite que par l’employeur, qui deviendra d’office client d’Offishall… La start-up voit grand. ■ Danièle Guinot

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LA SÉANCE DU MERCREDI 11 JANVIER 2023

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Le chimiste américain investit dans l’hydrogène en France page 24

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st-on bien couvert lorsque l’on est en télétravail ? Généralement, une chute ou des brûlures peuvent être considérées comme accident du travail. Et le salarié peut faire jouer la responsabilité civile (RC) de son assurance habitation s’il cause des dommages à autrui. « Mais, il y a beaucoup de trous dans la raquette, note Audrey Barbier-Litvak, directrice générale de la start-up Offishall, spécialisée dans la gestion du lieu de présence des salariés travaillant de façon hybride. La hausse du temps passé à domicile entraîne une forte augmentation des accidents domestiques. Et tous ne sont pas toujours considérés comme accident de travail. » La jeune pousse (50 entreprises clientes, dont BHV,

jeudi 12 janvier 2023 le figaro

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économie

Coût de la vie, climat, guerre économique, le trio de tête des risques mondiaux Les dirigeants de 120 pays consultés par le Forum de Davos s’inquiètent de l’interdépendance des périls.

PROSPECTIVE Ce ne sont ni les tensions géopolitiques ni la crise climatique qui préoccupent au premier chef les dirigeants du monde, mais l’inflation. La crise du coût de la vie est le risque perçu comme celui qui aura le plus d’impact dans le monde à court terme, selon le rapport sur les risques mondiaux publié ce mercredi par le Forum économique mondial, à cinq jours de sa réunion de Davos. Plus de 12 000 experts en matière de risques et de dirigeants ­gouvernementaux et d’entreprises dans 120 pays sont consultés pour recueillir leur perception des périls globaux à l’horizon de deux ans. Mais aussi à moyen terme, à dix ans. Un « risque global » est défini dans l’étude comme un événement ou phénomène susceptible d’avoir un impact important sur le PIB mondial, la population ou les ressources naturelles. À vrai dire, la crise du coût de la vie est déjà largement installée

depuis la reprise de l’inflation au second semestre 2021, alimentée par la flambée des prix de l’énergie. Mais les décideurs jugent ses impacts politiques et sociaux préoccupants. Au deuxième rang des risques à court terme, le rapport place les catastrophes naturelles et événements climatiques extrêmes dont l’année 2022 a été largement émaillée. En troisième position, vient l’« affrontement géoéconomique » qui regroupe les sanctions, les guerres commerciales et les restrictions sur les investissements étrangers. Les tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis alimentent cette crainte des décideurs.

La menace cyber monte Deux phénomènes se hissent ­cette année parmi les dix principaux sujets de préoccupation : les « migrations de masse involontaires », liées au changement ­climatique et à la pauvreté, et la cybercriminalité. La crainte d’attaques sur des infrastructures stratégiques par des hackeurs et

Plus de trente chefs d’État à Davos Emmanuel Macron n’est pas annoncé mais une trentaine de chefs d’État et de gouvernements du monde entier participeront, la semaine prochaine, à la 53e édition du Forum économique mondial à Davos, dans les Alpes suisses, aux côtés de 600 PDG des plus grandes entreprises du monde. L’Allemand Olaf Scholz, l’Espagnol Pedro Sanchez ou le Néerlandais Mark Rutte ainsi que la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, figurent parmi les représentants européens

aux côtés du Sud-africain Cyril Ramaphosa, du Colombien Gustavo Francisco Petro ou du Sud-Coréen Yoon Suk-yeol. Trois ans après l’irruption du Covid qui avait entraîné l’annulation des éditions de janvier 2021 et janvier 2022, les Chinois sont de retour, représentés par le vice-premier ministre, Liu He. Autant de décideurs « submergés par la complexité des enjeux », selon Klaus Schwab, le fondateur du Forum, qui les convie à débattre de « coopération dans un monde fragmenté ».

Les principaux risques globaux pour les... ... 2 ans à venir

le vol de données se répand chez les experts et les dirigeants. Au-delà du simple classement, une tendance s’accentue : « Les risques mondiaux dans leur ensemble sont davantage liés entre eux que par le passé, leurs effets se combinent, avec beaucoup d’incertitude », commente Fabrice Domange, président de Marsh France. Marsh, filiale de Marsh McLennan, leader mondial du courtage d’assurance et du conseil en risque, présent dans 130 pays, est le partenaire stratégique du Forum économique mondial pour la rédaction de ce rapport annuel. Ces interconnexions qui forment ce que le rapport désigne par le terme de ­« polycrises » sont nombreuses. Exemple cité par Fabrice Domange : « Le changement climatique et les catastrophes naturelles peuvent entraîner des ruptures d’approvisionnement, lesquelles peuvent provoquer des risques sociaux. » Si l’on considère les risques moins immédiats - à l’horizon de dix ans, donc -, les sujets environnementaux dominent. Au premier rang figure ainsi l’échec à atténuer le changement climatique (la ­réduction des émissions de gaz à effet de serre), suivi par l’échec à s’adapter au changement climatique. Viennent ensuite les catastrophes naturelles et phénomènes climatiques extrêmes et, en quatrième position, la destruction de la biodiversité. Quatre risques identifiés dans le rapport comme distincts mais intimement liés. L’échantillon consulté par les équipes du Forum économique mondial et de Marsh McLennan est suffisamment large pour distinguer des nuances d’un pays à l’autre sur la perception des grands risques. En France, pays où l’opinion publique ne semble pourtant pas préoccupée de façon flagrante par ce sujet, la crise des dettes arrive au premier rang des risques à court terme devant le choc des

... 10 ans à venir

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Inflation, crise du coût de la vie

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Catastrophes naturelles et climatiques

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Incapacité à s’adapter au changement climatique

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Guerre économique

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Catastrophes naturelles et climatiques

Incapacité à atténuer le changement climatique

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Destruction de la biodiversité à grande échelle

Tensions sociales

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Catastrophes industrielles

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Pénuries de ressources naturelles

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Incapacité à s’adapter au changement climatique

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Tensions sociales

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Migrations à grande échelle

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Cybercriminalité

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Guerre économique

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Migrations à grande échelle

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Risques :

environnementaux

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géopolitiques

Catastrophes industrielles

sociaux

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Source : Forum économique mondial

Infographie

JOSH EDELSON/AFP

Fabrice Nodé-Langlois £@Fnodelanglois

La plupart des risques, liés à l’environnement

prix sur les matières premières. La dette préoccupe aussi au premier chef les experts et les dirigeants américains, quand les Chinois sont focalisés sur l’« affrontement

géoéconomique » et les catastrophes naturelles. Les Indiens ou les Congolais (de RDC) évoquent pour leur part les inégalités numériques comme risque numéro un. ■

En Égypte, sauve qui peut face à la chute de la livre Les autorités peinent à stopper l’hémorragie provoquée par le passage au change flexible. Martin Dumas Primbault £@mdumasp

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Le Caire

Afrique « Arrêtez vos bêtises ! » Ainsi pourrait-on traduire la récente sortie du président Abdel Fattah al-Sissi qui fait polémique depuis plusieurs jours en Égypte. Lors d’un discours partiellement improvisé à l’occasion d’une conférence, lundi 9 janvier au Caire, le militaire arrivé au pouvoir en 2014 a tenu à répondre à l’exaspération croissante des Égyptiens qui, de plus en plus, tiennent le gouvernement pour responsable de la crise économique sévère que traverse leur pays. « La situation est difficile dans le monde entier. Depuis la pandémie de coronavirus jusqu’au déclenchement de la guerre en Ukraine, l’Égypte fait face à une crise dont elle n’est pas responsable », s’est défendu le dirigeant avant de sermonner, tout sourire, ses concitoyens au moyen de cette locution arabe familière d’ordinaire réservée aux enfants dissipés. Une sortie particulièrement mal reçue au moment où la livre égyptienne enregistrait une sixième journée de baisse consécutive. Depuis le 3 janvier, celle-ci a perdu 16,6 % de sa valeur. C’est la troisième fois ces derniers mois que la monnaie nationale connaît une dépréciation importante. Alors qu’un dollar valait 16 livres en mars der-

Des Égyptiens utilisent des distributeurs automatiques de billets au Caire, le 25 décembre. Depuis le 3 janvier, la livre égyptienne a perdu 16,6 % de sa valeur. Ahmed Gomaa/Xinhua/ABACA

nier, le billet vert s’échangeait ce mardi après-midi à 29,8. Il faut y voir une conséquence directe de l’accord de prêt signé en octobre entre l’Égypte et le Fonds monétaire international (FMI) et entré en vigueur le 16 décembre dernier. L’institution a déjà décaissé 347 millions de dollars sur les 3 milliards échelonnés sur quarante-six mois. Depuis 2016, c’est le troisième plan d’aide dont bénéficie ce pays de 105 millions d’habitants, le plus peuplé du monde arabe, gravement touché par les répercussions économiques de l’invasion russe en Ukraine. Mais l’aide du FMI sera-t-elle suffisante pour renflouer les caisses de l’État, bientôt vides de devises étrangères ? L’Égypte, très gros importateur de produits étrangers notamment dans le domaine alimentaire, a vu ses éco-

nomies fondre depuis le mois de février. Celles-ci sont passées de plus de 41 milliards de dollars à seulement 33,5 en décembre, soit près de sept mois d’importations hors hydrocarbures.

Exigence du FMI Pour continuer à injecter de l’argent, le FMI exige plusieurs réformes à commencer par le passage à un taux de change flexible de la monnaie égyptienne. « Mais pour l’instant, la Banque centrale continue discrètement de maintenir la valeur de la livre car elle n’a pas assez de réserves de dollars pour ouvrir pleinement le marché » et répondre à un choc de la demande, analyse Timothy E. Kaldas, chercheur au Tahrir Institute for Middle East Policy. Le gouvernement cherche aussi à limiter les importations pour éviter une fuite des devises. Malgré un système de régulation qui a pris fin au 31 décembre à la demande du FMI, « 9,5 milliards de dollars de biens sont encore coincés dans les ports égyptiens », alerte Timothy E. Kaldas. Un désastre pour les entreprises concernées qui continuent à payer au prix fort des places de port en attendant la livraison de leurs commandes. « Cela risque aussi de pénaliser fortement le secteur manufacturier qui, pour beaucoup, dépend de matières premières importées », alerte également le chercheur américain d’origine égyptienne. Alors, pour faire la

chasse au dollar et tenter d’attirer les investisseurs étrangers, la Banque centrale a relevé ces derniers jours les taux d’intérêt directeurs et mis en vente des obligations d’État au taux très avantageux de 25 %. Reste à savoir si ces mesures chocs produiront un effet alors que sur le marché noir, qui n’en finit plus de prospérer, le dollar s’échange entre 35 et 40 livres. Sur place, les Égyptiens craignent de devoir payer eux-mêmes l’addition. C’est déjà un peu le cas au regard de l’inflation qui progresse à toute vitesse et dépasse désormais les 20 %. Dans ce contexte, l’opinion digère mal les grands projets d’infrastructures très coûteux que le président al-Sissi multiplie depuis son accession au pouvoir. C’est le cas notamment de la construction d’une nouvelle capitale administrative en plein désert à environ 50 kilomètres du centre du Caire. À peine sortie du sable, celle-ci est déjà surnommée « la capitale fantôme » par nombre de ses détracteurs qui crient au gaspillage de l’argent public pour ce chantier estimé à près de 60 milliards de dollars. « Les dépenses pour la nouvelle capitale ne sont pas prélevées sur le budget de l’État », a beau répéter le chef de l’État qui compte sur des investissements étrangers notamment en provenance du Golfe et de Chine. Cela n’a pas empêché le hashtag #ArrêtezVosBêtises de fleurir sur Twitter depuis la malheureuse ­déclaration. ■

Un quartier inondé de la ville de Merced après une tempête, le 10 janvier, en Californie.

en bref États-Unis : une panne cloue les avions au sol £ Une panne informatique géante a forcé le régulateur américain de l’aviation civile (FAA) à suspendre tous les départs de vols intérieurs mercredi matin, causant de nombreux retards. La Maison-Blanche écartait à ce stade une cyberattaque. L’incident, qui a débuté dans la nuit de mardi à mercredi, a affecté un système d’informations crucial pour les pilotes et les équipages.

Novartis pourrait supprimer 400 emplois en france £ Le géant pharmaceutique suisse Novartis pourrait supprimer 400 emplois en France dans le cadre de la réorganisation de ses activités - annoncée l’an dernier -, a-t-il indiqué mercredi. Le laboratoire avait lancé en avril 2022 un plan de transformation mondial, avec, à la clef, une nouvelle réorganisation de ses activités. Ce plan prévoit de supprimer 8 000 postes dans le monde sur 108 000 au total, soit un peu plus de 7 % de ses effectifs.

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» Réforme des retraites : qui sera concerné par la pension minimale de 1 200 euros par mois ? www.lefigaro.fr/economie

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Entreprises

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Grand gagnant du Covid, Pfizer multiplie les projets après la pandémie Le laboratoire dope sa R&D et multiplie les acquisitions. Ses ventes hors Covid vont doubler d’ici à 2030.

Sofinnova

pharmacie C’était il y a quatre ans presque jour pour jour. Albert Bourla prenait la parole à San Francisco à la Conférence JPMorgan, la grandmesse annuelle du secteur de la pharmacie. Sa première intervention comme PDG de Pfizer, ce vétéran de la maison ayant pris les commandes une semaine auparavant. À l’époque, le laboratoire américain sort d’une traversée du désert liée à l’expiration des brevets de plusieurs de ses médicaments vedette, parmi lesquels Viagra ou Lipitor (anticholestérol). Bourla se montre optimiste, convaincu qu’une nouvelle ère s’ouvre pour le laboratoire newyorkais. Début 2020, avant la déferlante du Covid, il est de retour à San Francisco mais il peine à convaincre ses pairs que son portefeuille de médicaments en développement va lui permettre de prendre un nouveau départ. Il déplore que Pfizer soit sous-estimé par les analystes. Trois ans plus tard, le Grec Albert Bourla est accueilli comme une vedette, auréolé de son succès dans la course aux vaccins contre le Covid. Son entreprise, qui vaut 267 milliards de dollars en Bourse, table sur 100 milliards de chiffre d’affaires en 2022, contre 51,8 milliards en 2019. Ce qui devrait en faire le numéro un mondial du secteur, au coude à coude avec Johnson & Johnson. À lui seul, le vaccin contre le Covid (plus de 3 milliards de doses produites l’an



Albert Bourla prépare maintenant la prochaine étape en multipliant les lancements et en réfléchissant à des acquisitions de biotechs



ANTOINE PAPIERNIK, pdg de sofinnova partners

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passé), dont Pfizer vend désormais une version adaptée au variant Omicron, devrait atteindre 34 milliards de recettes. Soit bien plus que Humira, du laboratoire Abbvie (20,7 milliards en 2021), le médicament le plus vendu au monde. En outre, le géant new-yorkais a réussi un doublé en lançant à la fois un vaccin, développé avec l’allemand BioNTech, et une pilule anti-Covid, Paxlovid (22 milliards de recettes en 2022). « Albert Bourla est perçu aujourd’hui comme l’un des dirigeants les plus brillants de l’industrie pharmaceutique, témoigne à San Francisco Antoine Papiernik, PDG de Sofinnova Partners, le principal fonds européen dédié aux sciences de la vie. Il a joué un coup de maître en s’alliant avec BioNTech dans le vaccin contre le Covid. Il prépare maintenant la prochaine étape en multipliant les lancements et en réfléchissant à des acquisitions de biotechs. » Pfizer se projette aujourd’hui dans l’après-Covid. Albert Bourla saurat-il capitaliser sur ces deux années exceptionnelles et maintenir Pfizer au sommet ? Certes, ses deux « blockbusters » devraient continuer à tirer son chiffre d’affaires pendant

plusieurs années, le Covid n’étant pas près de disparaître, a-t-il prévenu. Mais le virus étant entré en phase endémique, les ventes devraient diminuer. Le PDG de Pfizer s’est d’ailleurs fait tacler en annonçant à l’automne dernier un quadruplement du prix de son vaccin à partir de 2023, autour de 110 à 130 dollars la dose. Pas de quoi inquiéter le laboratoire. Pfizer s’apprête à vivre « les 18 mois les plus importants de (son) histoire, a promis Albert Bourla à San Francisco. Car nous allons faire quelque chose qui n’a jamais été fait avant. » Allusion aux 19 lancements de médicament ou de nouvelles indications prévus au cours de cette période et qui devraient générer 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici à 2030. Parmi les nouveaux traitements, un vaccin contre le VRS, le virus à l’origine de la bronchiolite, un médicament contre le myélome multiple, un autre contre la perte brutale des cheveux (alopecia areata)… En 2024, les premières thérapies géniques de Pfizer - qui ciblent l’hémophilie et la myopathie de Duchenne - sont attendues sur le marché. Mais aussi son vaccin contre la grippe à base d’ARN messager, développé avec BioNTech. Un marché sur lequel il devra notamment batailler contre son nouveau rival Moderna. Pfizer parie sur cette technologie, qui a fait ses preuves pour la première fois contre le Covid. Il la voit comme l’un de ses moteurs de croissance pour les années à venir, avec des applications dans les maladies rares, infectieuses et en oncologie. Il mise sur des collaborations avec quatre partenaires, parmi lesquels BioNTech, avec lequel il collabore aussi sur un vaccin contre le zona. En dehors de la R&D « maison », Pfizer entend également étoffer son portefeuille grâce à la croissance externe. Il en attend 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire à horizon 2030. Le laboratoire a déjà réalisé plusieurs acquisitions au deuxième semestre 2022, dont celle de la biotech américaine Biohaven (migraine) pour 11,6 milliards de dollars. Il ne compte pas s’arrêter là. Il envisage d’autres acquisitions de diverses tailles, excluant à ce stade un « méga deal » qui « ne serait pas bon pour l’entreprise en l’état actuel ». Il entend bien profiter de la baisse de valorisations des biotechs, due au retournement du marché l’an passé. La croissance externe doit notamment lui permettre de compenser un manque à gagner de 17 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, manque à gagner lié aux pertes de brevets de six médicaments phares prévues entre 2024 et 2027. Cela concerne différentes aires thérapeutiques : maladies rares, cancer, immunologie… Pfizer fait partie des nombreux Big Pharma impactés par cette « falaise » de brevets attendue d’ici à 2030. Ce qui devrait intensifier la course aux biotechs les plus prometteuses. Ce défi n’empêche pas Pfizer de parier sur un quasi-doublement de ses ventes hors Covid d’ici à 2030. Il vise une croissance annuelle d’au moins 6 % qui devrait porter son chiffre d’affaires (hors Covid) de 44 milliards attendus en 2022, à 70 à 84 milliards de dollars à horizon 2030.

Une unité de production du Paxlovid, la pilule antivirale contre le Covid-19 de Pfizer, à Fribourg, en Allemagne. Pfizer/Handout via REUTERS

Chez Pfizer, on rappelle que la mue du laboratoire a démarré bien avant Lightspeed, le nom de code du vaccin contre le Covid. En moins de cinq ans, le budget R&D de Pfizer a crû de 70 % ; il est aujourd’hui l’un des plus élevés du secteur. Albert Bourla a

dopé la productivité de la recherche : en trois ans, Pfizer a réduit d’un tiers le temps de développement de ses nouveaux médicaments. Un coup d’accélérateur a également été donné sur les acquisitions et partenariats. Mi-2019, le laboratoire a scindé ses

médicaments génériques, en les fusionnant avec ceux de Mylan. Ce qui lui a permis de poursuivre son recentrage sur les traitements innovants (oncologie, cardio-vasculaire…). Pfizer compte bien que cette stratégie continuera à lui assurer le succès. ■

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keren lentschner £@Klentschner

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+ 6,2 % Hausse

du salaire moyen en 2023 prévu par la Banque de France

4% Inflation

hors énergie et alimentation en 2023 selon la Banque de France

TRANSPORTS À la RATP, la CGT appelle à une grève ce vendredi, pour appuyer ses revendications salariales, alors que se déroulent les négociations annuelles obligatoires.

Hausses de salaires : les entreprises sous pression Les syndicats jugent les augmentations insuffisantes au regard de l’inflation persistante. Les économistes alertent sur le risque de « boucle prix-salaires ». Valérie Collet, Anne de Guigné, Jean-Yves Guérin, véronique guillermard et Danièle Guinot

CONJONCTURE Dès ce vendredi, la CGT appelle à la grève à la RATP sur tous les réseaux de transport parisiens - métro, bus, tramway. Première salve contre la réforme des retraites ? Non. Le premier syndicat de la Régie déclenche les hostilités le jour où se déroulent les NAO, les négociations annuelles obligatoires. Et la revendication est salariale. Il s’agit de faire pression sur le nouveau patron, l’ex-premier ministre Jean Castex, pour obtenir le maximum. À la RATP, les NAO, d’ordinaire programmées en mars, ont été avancées à janvier cette année. Un signe, parmi d’autres, que dans l’entreprise publique comme dans de nombreuses sociétés privées, la pression des revendications salariales monte sur les dirigeants. Non sans une certaine tension comme en témoigne ce responsable d’une entreprise aéronautique qui préfère rester anonyme : « Nous avons avancé les négociations sur les NAO mais ne souhaitons pas parler à la presse car la situation est tendue et nous avons identifié des risques de mouvements sociaux dans certains de nos sites. » Il faut dire qu’après quinze mois de forte inflation, hissée à un niveau inédit depuis quarante ans, les syndicats ont abordé la saison des NAO en position de force. Dans certains groupes, des augmentations significatives avaient été obtenues - ou accordées selon le point de vue adopté - l’année dernière. Chez Airbus par exemple, un accord a été signé le 16 mars après trois rounds de négociations. Il porte sur deux ans, 2022 et 2023, assorti d’une clause de révision en juin 2023. 2022 a été une année historique marquée par « la meilleure politique salariale depuis vingt ans », indique le groupe aéronautique, pour tenir compte du redressement de l’entreprise, des efforts des salariés et, bien sûr, de l’inflation. L’accord prévoit une augmentation des salaires de 6,8 % (contre +6,2 % proposés précédemment) sur vingtquatre mois.

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Négociations avancées Chez le constructeur automobile Stellantis, à la hausse des prix s’est ajouté l’argument des excellents résultats, un bénéfice net de 8 milliards d’euros au premier semestre. La pression sur les salaires a grimpé. Et la direction a dû ouvrir les cordons de la Bourse bien avant le démarrage des négociations annuelles obligatoires. Dès la fin septembre, 1 000 euros de « prime de partage de la valeur » ont été proposés aux salariés gagnant jusqu’à deux fois le smic, soit 60 % des effectifs, intérimaires compris. Ceux touchant plus de deux fois le smic devaient recevoir 5 00 euros. Insuffisant jugent les représentants des salariés subissant l’inflation. Leur mobilisation a conduit Stellantis à

avancer ses NAO à décembre au lieu de janvier. La direction a mis sur la table une proposition d’augmentation de salaires de 5,3 % pour l’année 2023, acceptée au bout d’une semaine par trois syndicats représentatifs (FO, CFTC et CFE-CGC). Dans la banque aussi, les négociations ont débuté plus tôt que d’habitude. Elles se sont traduites par des augmentations généralisées comprises entre 2,5 % et 3,5 % pour 2023. Du jamais vu depuis plus de dix ans. Elles s’accompagnent en outre du versement de « primes pouvoir d’achat », comprises entre 1 000 et 3 000 euros, selon les r­ éseaux. Les mouvements revendicatifs ne devraient pas retomber. Car la Banque de France prévoit, de 2022 à 2023, une stabilité de l’inflation, au niveau très élevé de 6 %. Derrière cet apparent immobilisme, la structure des hausses de prix évolue largement. D’abord concentrées, en raison de la guerre en Ukraine, sur l’énergie, les augmentations se sont peu à peu propagées à l’alimentaire puis à l’ensemble du panier, biens et services, du consom-

5,9 % Inflation en décembre, sur un an

mateur. Ainsi en 2023, l’inflation hors énergie et alimentation, c’està-dire l’inflation autoentrenue, atteindrait un pic à 4 %, contre 3,5 % un an plus tôt. Dans ce contexte, selon le cabinet Willis Towers Watson (WTW), les salaires en France devraient augmenter de 4 % en moyenne en 2023. Les prévisions de la Banque de France apparaissent encore plus optimistes pour les salariés. Après correction pour l’effet de l’activité partielle, l’institution estime le rebond du salaire moyen par tête à 6,2 % après 3,8 % en 2022. Cette appréciation est en cohérence avec les modèles de prédiction de Bercy, corrélant dans le temps évolution de l’inflation et des rémunérations. « Dans le modèle Opale, qui est utilisé par la Direction du Trésor pour réaliser les prévisions macroéconomiques, une hausse de l’indice des prix à la consommation de 10 % entraîne, toutes choses ­égales par ailleurs, une revalorisation cumulée du salaire nominal moyen par tête de 6,4 % la première année, de 8 % la deuxième année et de 10 % à long terme », indique ainsi la chef économiste du Trésor, Agnès B ­énassy-Quéré, dans un billet récent. Les négociations n’ont toutefois pas abouti partout. Et sont parfois tendues comme dans le secteur de l’assurance où chez Covéa (MMA,

GMF, Maaf et le réassureur Partner Re), les syndicats réunis en intersyndicale avaient appelé à la grève les 6, 7 et 9 janvier. Elle a été très peu suivie selon la direction qui propose des augmentations générales comprises entre 4 % (pour les salaires inférieurs à 40 000 euros) à 2,1 % ainsi qu’une prime de partage de valeur de 1 000 euros.

Coûts salariaux en hausse « La vraie question n’est pas celle de l’existence ou non d’une boucle prixsalaires mais celle de sa vigueur, qui déterminera la force de l’inflation dans les mois qui viennent», note Agnès Bennassy-Quéré. Plus les entreprises absorbent dans leurs marges les hausses de salaires, plus faible sera cette boucle prix-sa­ laires. Dans l’environnement difficile qui s’annonce, avec une croissance hexagonale chétive et une économie mondiale qui pourrait tomber en récession, les marges de manœuvre des groupes s’annoncent toutefois réduites. « Les salaires progressent de 6 %. Comme les gains de productivité sont à peu près nuls en France, voire en régression, cela signifie tout simplement que les coûts unitaires salariaux vont augmenter de 6 % », résume Patrick Artus, conseiller économique de Natixis. L’économiste ne croit pas pour autant que les groupes répercuteront l’intégralité de ces hausses de salaires sur les prix facturés à leurs clients. En France, les coûteux boucliers tarifaires ont permis de lisser les prix dans le temps. Et en 2022, cet effort budgétaire a limité les risques de surchauffe des salaires. Ainsi selon les estimations de l’OCDE, au troisième trimestre 2022, les rémunérations réelles avaient baissé, sur un an, de plus de 5 % en Espagne tandis qu’en France, le repli était limité, à 0,8 %. Cet avantage va mécaniquement se renverser cette année. L’Hexagone bénéficiant beaucoup moins que ses voisins de la soupape offerte par le recul des prix de l’énergie. En attendant, à la RATP, la direction refuse d’évoquer le niveau d’augmentation qui sera proposé vendredi. La CGT joue la suren­chère. Elle juge que « l’essentiel des mesures salariales concédées en 2022 ne répond pas au décrochage du fait du gel de la valeur du point depuis quasiment plus de dix ans à la RATP ». Ce n’est sans doute pas la préoccupation première de la CGT mais une boucle prix-salaires, pour l’instant raisonnable, s’annonce bien cette année en France. Et a priori dans le reste de la zone euro. « La croissance des salaires au cours des prochains trimestres devrait être très forte par rapport aux tendances historiques », affirment en effet les économistes de la BCE, dans le ­dernier bulletin mensuel de l’institution. Des hausses qui feront le bonheur des salariés mais pourraient inciter la Banque centrale à intensifier ses augmentations des taux. Au risque de peser in fine sur l’activité. ■

Automobile Chez Stellantis, qui a publié un bénéfice net de 8 milliards d’euros en 2022, un accord a été signé pour une augmentation de salaires de 5,3 % en 2023.

Aéronautique 2022 a été « une année historique marquée par la meilleure politique salariale depuis vingt ans » chez Airbus, pour tenir compte du redressement de l’entreprise, des efforts des salariés et de l’inflation, fait valoir la direction. Un accord prévoyant une hausse de 6,8 % sur deux ans.

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L’impossible « coup de pouce » du gouvernement pour augmenter le smic Rarement sur une même année le smic n’avait autant grimpé. Sous l’effet de l’inflation et du mécanisme de revalorisation automatique prévu par le code du travail pour éviter une perte de pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes, le salaire minimum de croissance est passé de 1 603 euros bruts au 1er janvier 2022 à 1 709,32 euros au 1er janvier 2023.

Soit un bond de plus de 100 euros, censé absorber la hausse des prix, mais qui, aux yeux des syndicats et de l’opposition de gauche, n’est pas suffisant. À l’unisson, ces derniers demandent depuis de nombreux mois – et ce même avant l’explosion de l’inflation – « un coup de pouce » de l’exécutif. Or, aucun gouvernement depuis juillet 2012

et François Hollande ne se sont risqués à un tel geste. Car de nombreux experts y voient une menace directe pour l’économie. Et ce d’autant plus dans la configuration actuelle avec les craintes d’une inflation autonourrie et intensifiée par les hausses de salaires. Début décembre, le panel d’économistes consulté tous les ans depuis 2008 avant chaque hausse du smic

recommandait justement de s’en abstenir, au risque « d’effets négatifs sur l’emploi des travailleurs les plus fragiles » et une mise en péril de toute la dynamique du marché du travail. « Donner un coup de pouce, c’est donner un coup de canif au redressement de l’emploi dans notre pays », résumait fin 2021, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. W. P.

Dans les PME, « nous ne pouvons pas nous aligner sur l’inflation à 6,5 % » ciaux », rappelle Alexis Vaillant, président d’Alterfood qui emploie 26 personnes. Pendant les deux années du Covid, il n’y a pas eu de hausse de salaires. « Avec une croissance de 10 % en 2022 à 12 millions d’euros (+ 30 %), reprend-il, il y a Quand ils ont repris le vinaigrier des postes que je dois revaloriser Martin-Pouret (4,6 millions pour m’aligner sur le standard haut d’euros de chiffre d’affaires) en du marché et fidéliser les collabora2019, Paul-Olivier Claudepierre et teurs. Les hausses seront en moyenDavid Matheron ont d’emblée augne de 8 % avec des rattrapages pour menté les vingt salariés. « Des emcertains. Dès que l’entreprise sera ployés à des postes clés percevaient plus rentable, je mettrai en place un des rémunérations trop basses par dispositif d’intéressement. » rapport à leur valeur sur le marché, Il a aussi décidé de jouer sur l’orraconte Paul-Olivier Claudepierre. ganisation du travail : des journées Nous avons voulu signifier à l’équipe de RTT (et non plus que si nous faisions 35 heures sur la semaigagner l’entreprise ne) et de télétravail ensemble, chacun en J’ai dû me sont au programme profiterait. » malgré ses réticences. Les deux associés résoudre Mais jusqu’où une ont aussi mis en place à baisser les majoration des rémul’intéressement : la charges : j’ai nérations est-elle te­ prime sera de nable ? Le joaillier Ma1 400 euros cette andifféré des thieu Tournaire, im­ née et, en décembre, recrutements, planté à Montbrisonune prime de partage réduit les (Loire), réalise 3 milde la valeur (PPV) de lions d’euros de chiffre 500 euros a été verdépenses de et emploie sée, accompagnée de marketing et d’affaires 50 personnes. Fin jan150 euros de chèques diminué ma vier, il mènera aussi des cadeaux. « Tout cela équivaut à un treizièrémunération entretiens pour décider des évolutions indivime mois », poursuit de dirigeant duelles. « J’évalue mes Paul-Olivier ClaudeCharly Gaillard, collaborateurs à leurs pierre. Beager compétences et au mériIl estime ainsi avoir te, dit-il. Ceux qui s’inles coudées franches vestissent dans leur travail en profipour les entretiens individuels. tent logiquement plus que les « C’est important de dissocier l’inautres. » Néanmoins, depuis 2020, flation et la performance individuelchacun a droit à la PPV qui repréle. Nous devrions être autour de 3 % sente actuellement l’équivalent mais nous ne pouvons pas nous alid’un salaire. Pour absorber ces gner sur une inflation à 6,5 %. Notre coûts, Mathieu Tournaire a majoré pilotage doit être fin pour, à la fois ses prix en 2022. Difficile de renoumotiver nos collaborateurs et mainveler l’opération en 2023. « On ne tenir une gestion rigoureuse. » peut pas être hors de la logique du Comme les dirigeants de Martinmarché, souligne-t-il. Il faudra Pouret, tous les patrons pilotent compenser par une hausse des leur activité entre inflation salariale ­volumes. » et tensions sur le marché du travail. À Amiens (Somme), Robin « Nous sommes sur un marché de Dohin, Vincent Magnier et Neal l’emploi très concurrentiel, avec des Staadal ont ouvert en novembre difficultés de recrutement, parti­ 2021 Eat Me qui prépare des plats à culièrement pour les commer-

Témoignages

Anne Bodescot, Corinne Caillaud, Clara Galtier et Frédéric de Monicault

Joaillerie Chez Tournaire, installé dans la Loire, le dirigeant privilégie les augmentations individuelles pour ses 50 salariés. Mais il distribue aussi une prime de partage de la valeur.

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Pour les repreneurs du producteur français de cornichons Martin-Pouret, difficile d’aligner les hausses de salaires sur l’inflation. Ils visent des augmentations autour de 3 % qui s’ajoutent aux mesures d’intéressement, dans cette petite entreprise de 20 salariés.

François Bouchon/Le Figaro, V.Chambon, Éric Piermont/AFP, Éric Malot/PhotoPQR/République du Centre/MAXPPP, Adrien Nowak/Hans Lucas via Reuters Connect

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commander sur internet. La petite taire. « J’ai aussi dû me résoudre à préparation au premier trimestre, entreprise emploie 5 personnes. En baisser les charges, explique Charly de 1 % à 3 %. Les plus bas salaires septembre, le trio a majoré ses taGaillard. J’ai différé des recrute(moins de 2 000 euros brut l’an rifs (de 1 euro sur ses plats à ments, réduit les dépenses de mardernier, moins de 2 500 euros pour 15 euros) pour compenser la flamketing et diminué ma rémunération la prochaine salve) ont ainsi pu bée des prix des matières premières de dirigeant. » progresser plus vite que et de l’énergie. Et pouvoir tenir leur Il est difficile en tout l’inflation. politique salariale. « Nous payons cas de ne pas faire un Les plus hauts salaires Quand on mieux que nos concurrents, affirme geste significatif pour (au-dessus de 4 000 eu­Robin Dohin. Un de nos salariés qui les salaires les moins ros bruts) n’ont pas touche perçoit près de 1 800 euros touchait élevés. Delville Manaautant été oubliés. 30 000 euros pour 1 450 euros dans son job précédent. « En Vendée, le marché gement, cabinet de par an, En juin 2022, comme nous avons eu management de trandu travail est très comun surcroît d’activité, nous avons sition qui emploie l’envolée des pétitif, nous ne devons versé une prime de cent euros. » À 40 personnes, s’attanous laisser distanprix pénalise. pas l’été 2022, la rémunération des cer sur la rémunérache justement à préVoilà trois salariés recrutés à l’ouverture server avant tout le tion », observe le PDG, a été augmentée de 8 %. Fidéliser, pouvoir d’achat des Nicolas Brodetsky. pourquoi fidéliser… Ces décisions pèsent, juniors et fonctions nous avons C’est aussi le souci, à Paris, de support, les premiers au moins au départ, sur donné un Charly Gaillard, président du cabiles marges : la masse saaffectés par l’inflation. net de recrutement et de conseil lariale représente envi« Quand on touche coup de Beager qui emploie 14 personnes. ron 20 % du chiffre 30 000 euros par an, pouce à ces Dans cette activité très concurrend’affaires. « Nous avons l’envolée des prix vous salariés tielle où les salaires évoluent très donc dû les répercuter en pénalise très fortevite, le dirigeant organise des népartie sur nos prix car ment, rappelle Patrick Patrick Abadie, Delville gociations salariales individuelles elles sont structurelles, à Abadie, président fonManagement « pour se donner une trajectoire sur la différence par exemple dateur de Delville. douze ou dix-huit mois » et maintede la hausse des matières Voilà pourquoi nous nir une cohérence au sein de premières, largement conjonctu­ avons donné un coup de pouce à ces l’équipe. En 2022, les augmentarelle, qu’il serait contreproductif de salariés, en plus de la traditionnelle tions ont oscillé entre augmentation annuelrépercuter intégralement », expli5 % et 10 %. Charly le. » Pour compenser, que le dirigeant. Gaillard a aussi mis en Delville Management Cette année, Havea a donc opté Il y a des place un plan d’épars’est résolu à réduire pour des augmentations tarifaires postes que gne entreprise (PEE) un peu ses marges et à limitées, de 3 % maximum selon les je dois - avec un abondement répercuter cette hausproduits. « Cela n’est possible que de 100 % - et l’intéresse des coûts auprès de grâce à la forte croissance (10 % par revaloriser sement. ses clients. « La plupart an) de notre activité qui permet pour « Tout le monde toucomprennent parfai­d’absorber en partie l’envolée des m’aligner sur tement cette majora- coûts fixes », complète Nicolas che jusqu’à 10 % de son salaire brut en fonction tion », ajoute Patrick Brodetsky. le standard de l’atteinte des objecAbadie. Mais les marges de manœuvre haut du tifs. Si la prime est verDe même, en Vensont parfois trop minces. C’est le marché sée sur le PEE, il n’y a ni dée, Havea Group, facas pour Manoël Roy, PDG d’Ector, charges ni impôts… Le bricant de produits de une application de service de voiet fidéliser brut devient du net. santé et de bien-être turier. « Après deux ans de crise sales collaboL’idée est de donner (850 de personnes, nitaire, explique-t-il, on ne peut pas rateurs structurellement de la 235 millions d’euros de se permettre de laisser nos coûts visibilité, avec un syschiffre d’affaires en s’envoler. » Les réévaluations salalexis Vaillant, Alterfood tème pérenne pour 2021) a procédé l’an riales seront maintenues à un nitous. » En complédernier à des augmenveau standard cette année, sans rement, le chef d’entreprise s’appuie tations de salaire modulées selon le fléter l’inflation. Il s’interroge : sur la PPV. Beager s’est fixé de nouniveau de rémunération : de 1,5 % à « Est-ce que cela nous obligera à veaux enjeux commerciaux afin de 2 %, au 1er janvier 2022, puis de 2 % laisser partir certains salariés ? générer de l’activité supplémen­ Peut-être… » ■ à 4 % en mai. Une troisième est en

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Un bond spectaculaire de 40 % pour les salariés d’Uniqlo au Japon Régis Arnaud £@RegisArnaud Tokyo

« Jusqu’à 40 % d’augmentation de salaire », dès mars. Le chiffre annoncé mercredi par le géant japonais du textile Fast Retailing, maison mère de la marque Uniqlo, a fait le tour de l’Archipel puis du reste du monde. « Afin de correctement rémunérer chaque employé en fonction de son ambition et de ses talents et d’élever le potentiel de croissance et la compétitivité de l’entreprise aux standards mondiaux, Uniqlo révisera son système de rémunération en investissant massivement dans ses ressources humaines », claironne le groupe dans un communiqué de presse au ton de profession de foi. Le groupe cite deux exemples : le salaire d’embauche des jeunes diplômés passera de 255 000 à 300 000 yens (2 106 euros), soit une hausse de 18 %, et celui d’un directeur de magasin de 290 000 à 390 000 yens (+ 36 %). Ces montants impressionnants, publiés par la plus grande entreprise japonaise de consommation de masse de dimension mondiale, ont sonné comme un coup de tonnerre au-dessus de l’économie nipponne. D’abord parce qu’ils rompent avec son « encépha­ logramme salarial », plat comme un trottoir depuis au moins vingt ans. « Entre 2000 et 2020, les bé-

néfices des grandes entreprises ont grimpé de 91 %, leurs réserves de 85 % et les dividendes ont bondi de 483 % tandis que les rémunérations ont reculé de 0,4 % », observait en mars dernier Shigeki Morinobu, directeur de la recherche du think-tank Fondation de Tokyo. Pour les PME, les salaires ont fondu de 16 % sur la même période. Cette érosion permanente des rémunérations a eu lieu, étonnamment, dans un contexte de rétrécissement de la population active, en partie corrigée par le recrutement des femmes, des personnes âgées, des seniors et des étrangers. Mais ces forces d’appoint sont exsangues.

Le premier ministre pour les augmentations

« La population active au Japon décline inexorablement, et déclinera de plus en plus vite. Aujourd’hui 91 % des 16-64 ans sont au travail, les 9 % restant étant les écoliers, les femmes enceintes et les étudiants. Il n’y a plus personne à employer », observe Nicholas Smith, de CLSA, dans sa dernière étude. Et de poursuivre: « En novembre, les offres d’emploi ont augmenté de 10 % par rapport à l’année précédente, tandis que les demandes d’emploi ont diminué de 5 %. » Aujourd’hui, tous les secteurs, sans exception, dénoncent une pénurie de maind’œuvre. La situation est dramatique dans les secteurs de la

Une boutique Uniqlo à Tokyo. 8 400 employés, la plupart à temps plein, sur les 56 000 du groupe, au Japon, sont concernés par les augmentations, selon une porte-parole de l’entreprise. KAZUHIRO NOGI/AFP

construction et, pire encore, de l’hôtellerie-restauration. « Je suis obligé de fermer un tiers de mes chambres et de mes restaurants pour maintenir mon niveau de services », confie le directeur général d’un hôtel de luxe de Tokyo. Un grand nombre d’économistes concluent que dans un tel contexte, les entreprises n’ont plus le luxe de mégoter sur les salaires : pour attirer et conserver leurs employés, elles doivent désormais les augmenter. C’est ce que le premier ministre Fumio Kishida appelle de ses vœux sous une bannière ronflante de « nouveau capitalisme ». La confédération syndicale Rengo, sentant l’opportunité, exige 5 % de hausse

pour les traditionnelles négociations salariales de printemps, dites shunto. Même la centrale patronale Keidanren abonde.

Un formidable argument de recrutement

Et Uniqlo, à son échelle, prend les devants. Car ses proclamations tonitruantes sont aussi un formidable argument de recrutement. À bon compte, finalement, car cette annonce, pour parler comme dans un magasin Uniqlo est plus « M » que « XXL » : interrogée par Le Figaro, une porte-parole du groupe précise qu’« environ 8 400 employés, la plupart à temps plein, sur 56 000 du groupe au Japon sont concernés », soit

15 % des salariés (41 000 employés ont vu leur salaire augmenter en septembre dernier, et les autres le seront bientôt, précise-t-elle). Uniqlo ne dit mot sur ses conditions extra-salariales (très longues journées de travail en magasin…). Aussi, et surtout, de manière révélatrice, la porte-parole note que la société a fait cet effort partout dans le monde avant son pays d’origine, trahissant le cruel rapport de force, très déséquilibré, entre l’entreprise et l’employé dans la troisième économie de la planète, où le relèvement des salaires, au regard de la pénurie de main-d’œuvre, aurait dû avoir lieu depuis belle lurette. Le marché du travail nippon demeure extraordinairement inflexible dans le secteur privé, et, pire encore, dans le secteur public. Tant que cette cause de la faiblesse des rémunérations n’est pas attaquée, les salaires japonais, en dépit de la sortie spectaculaire d’Uniqlo, et plus généralement les conditions de travail, ne progresseront qu’à la marge. ■

jeudi 12 janvier 2023 le figaro

24 Entreprises

La reprise en Chine détermine les prix du pétrole La réouverture totale post-Covid du pays pourrait propulser le baril de brent jusqu’à 140 dollars. Armelle Bohineust £@armelella

Énergie La question intéresse le monde entier ou presque. Jusqu’où se hissera ou, au contraire, descendra le prix du baril de brut cette année ? Quel sera le montant moyen de la facture des douze prochains mois ? Les supputations couvrent une large fourchette. Le baril de brent valait mercredi près de 81 dollars. Il pourrait atteindre 140 dollars, un niveau proche du cours atteint en 2008, en cas de réouverture « totale » de la Chine, estime le fonds Andurand Capital, spécialisé dans le pétrole et l’énergie. Ses analystes considèrent que si l’ac-

tivité dans l’empire du Milieu retrouve tout son dynamisme, la demande mondiale de brut pourrait augmenter de plus de 4 millions de barils par jour en 2023. Cela représenterait une hausse de 4 % par rapport à l’an dernier. D’autres spécialistes sont plus mesurés. Les banques suisses UBS et Lombard Odier voient respectivement le prix du baril de brent autour de 110 dollars et 90 dollars en 2023. Le cours peut-il à l’inverse carrément baisser ? En décembre, des économistes pronostiquaient une chute jusqu’à 70 dollars au premier semestre. Mais le consensus pointé par Reuters le 1er janvier était plus proche de 90 dollars. Et l’Arabie

saoudite fera en sorte que les cours restent supérieurs à 75 dollars, notent des observateurs. Les pays développés sont au bord de la récession et la flambée brutale de la pandémie en Chine, alors que Pékin a mis fin brutalement à sa politique « zéro Covid », freine encore l’activité. Même si celle-ci semble repartir plus vite que l’on ne l’attendait, soulignaient mercredi les experts de Capital Economics. Dans quelques mois, « les choses pourraient commencer à s’améliorer. La Chine pourrait rebondir fortement, surtout si elle est soutenue par des mesures de stimulation monétaire et fiscale. Les banques centrales pourraient dé-

couvrir qu’elles ont la possibilité de réduire les taux si l’inflation baisse considérablement et que les économies sont en récession », résume Craig Erlam, de la société de courtage Oanda. Par ailleurs, la production russe pourrait être comprimée à mesure que les sanctions font sentir leurs effets.

Un prix moyen de 100 dollars en 2022

Pour mémoire, en 2022, le baril de brent s’est établi en moyenne à 100,80 dollars, soit 43 % de plus qu’en 2021, récapitule le site Connaissance des énergies. Un seuil non franchi depuis 2013. La combinaison de l’invasion de l’Ukraine et de faibles stocks

mondiaux a porté le prix du brut à un niveau inconnu depuis 2014. Une grande partie de l’année a été marquée par une offre insuffisante et la volonté des 23 pays producteurs de l’Opep+, menés par l’Arabie saoudite et la Russie, d’encadrer les cours. S’y est ajouté le manque mondial d’investissement dans l’exploration et la production. Au second semestre 2022, les cours ont décliné. Une tendance due notamment au maintien des exportations russes, en partie détournées de l’Occident vers la Chine et l’Inde. Mais les marchés ont surtout anticipé une baisse de la demande liée à une possible récession économique. ■

COURS DU BRENT, en dollars

prix moyen en 2022 :

130

100,8 $

110 90 70

11/01/22

11/01/23

Source : Bloomberg

Chemours, l’américain qui mise sur l’hydrogène en France Le groupe chimique va investir 200 millions de dollars dans l’Hexagone pour profiter de ce marché en plein développement. Emmanuel Egloff £@eegloff

Nous avons perçu un alignement entre notre stratégie et celle du gouvernement français, qui se focalise sur l’énergie propre et l’hydrogène en particulier Mark Newman, dg de chemours

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Industrie La France est toujours capable d’attirer les investissements étrangers pour l’industrie. Et c’est une bonne nouvelle, alors qu’on ne cesse d’évoquer la crise de l’énergie, l’inflation et le ralentissement économique. Ce jeudi, Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie, se rend à Villers-Saint-Paul (Oise), sur le site du chimiste Chemours, qui annonce un investissement de 200 millions de dollars. Le groupe américain vise le marché de l’hydrogène. Ses membranes de fluoropolymère copolymère, sous la marque Nafion, sont utilisées aussi bien dans les électrolyseurs, qui transforment l’électricité en hydrogène, que pour les piles à combustible, qui réalisent le processus inverse. « Chemours est l’un des tout premiers acteurs dans le domaine des membranes à destination de l’industrie de l’hydrogène, précise au Figaro Mark Newman, le directeur général

de Chemours. Et nous envisageons une croissance à deux chiffres pour les prochaines années. » Le marché de l’hydrogène est aujourd’hui en plein développement. Pour le transport, depuis les poids lourds jusqu’aux voitures, mais également les navires et même l’aérien, ainsi que la décarbonation de l’industrie. Et cela nécessite de l’hydrogène décarboné ou vert, via des électrolyseurs couplés à de la production d’électricité renouvelable. Les membranes de Chemours sont indispensables à tous les acteurs du secteur. La technologie Nafion a été mise au point dans les années 1960 pour séparer hydrogène et oxygène, ce qui est inévitable dans le processus du passage de l’électricité à l’oxygène et inversement. L’engouement actuel pour l’hydrogène ­représente une formidable opportunité pour Chemours. Le groupe est né en 2015 de la scission des activités de chimie de spécialité de Dupont de Nemours. Il est particulièrement présent dans

Chaîne de fabrication de membranes de fluoropolymère copolymère destinées à l’industrie de l’hydrogène, dans l’usine Chemours de Villers-Saint-Paul, dans l’Oise. Chemours les domaines du dioxyde de titane et des produits fluorés. Et a hérité du Nafion, inventé par des chercheurs de Dupont. En 2021, Chemours, qui emploie 6 400 personnes dans le monde, a réalisé un chiffre d’affaires de 6,3 milliards de dollars, pour 1,3 milliard de dollars d’excédent brut d’exploitation (Ebitda).

Crise énergétique À cette échelle, l’annonce française est importante. « 200 millions de dollars, c’est un investissement très significatif pour Chemours, reconnaît Mark Newman. Chaque année, nos investissements globaux atteignent entre 300 et 400 millions de dollars. » Les membranes fabriquées à Villers-Saint-Paul viseront l’ensemble des clients du groupe,

même s’il possède déjà une activité en France et en Europe, aussi bien pour les piles à combustible que pour les électrolyseurs. Le potentiel ne fait guère de doute. « Nos usines dans le domaine des membranes, actuellement situées exclusivement aux États-Unis, tournent au maximum de leur capacité aujourd’hui », reconnaît Mark Newman. Le groupe est déjà présent à Villers-Saint-Paul, avec une unité employant 60 personnes qui fabriquent des ionomères. Cette présence est l’une des explications à l’investissement annoncé dans l’hydrogène. Ce n’est pas la seule. Mark Newman est venu en France en juillet dernier, à l’occasion du sommet Choose France, organisé par le gouvernement. « Nous

avons perçu un alignement entre notre stratégie et celle du gouvernement français, qui se focalise sur l’énergie propre et l’hydrogène en particulier », précise Mark Newman. Le plan hydrogène français, qui atteint 9 milliards d’euros, représente un formidable levier de développement pour le groupe chimique. Même la crise énergétique ne l’inquiète pas. « Nous opérons déjà en Europe, donc nous sommes conscients des difficultés actuelles au niveau de l’énergie, explique le patron de Chemours. Mais nous estimons qu’il s’agit d’un problème de court terme. Et nous sommes confiants dans la solidité du système énergétique en France et sur la stratégie européenne dans ce domaine. » ■

Vinci trace sa route dans les énergies renouvelables

2023-01-12T09:13:56+01:00

2023-01-12T03:12:03c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

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Demain

A

Le géant français a remporté un contrat de plus de 4 milliards d’euros dans l’éolien offshore en mer du Nord. énergie Vinci, le géant français de la construction et des concessions, se développe de plus en plus dans les énergies renouvelables. Et principalement les éoliennes en mer. En association avec Siemens Energy, Vinci vient de remporter un contrat gigantesque d’une valeur de plus de 4 milliards d’euros ! Les deux partenaires vont construire deux plateformes off­ shore de conversion d’énergie électrique d’origine éolienne en mer du Nord. Elles sont destinées à Amprion Offshore, un des quatre gestionnaires de réseau de transport d’électricité en Allemagne. Ces stations doivent permettre « de convertir le courant alternatif produit par plusieurs parcs éoliens en courant continu haute tension », plus facile à transporter.

Courant continu qui sera par la suite « reconverti en courant alternatif sur des stations terrestres, situées à 400 km environ », précise le groupe français. L’électricité transformée et transportée par ces plateformes, d’une puissance globale de 4 GW, pourra alimenter l’équivalent d’une ville de 4 millions d’habitants comme Berlin.

Acquisition de Cobra IS La mise en service de ces plateformes est prévue en 2029 et 2030. Elles seront construites en Espagne, près de Cadix, et permettront la création de 2 000 emplois jusqu’en 2029. En juillet dernier, Vinci avait obtenu un contrat similaire, déjà avec Siemens Energy, pour la construction de deux autres plateformes en mer du Nord, mais

Des éoliennes en mer du Nord, près de Scheveningen, aux Pays-Bas. p. VAN DE WOUW/REUTERS

d’une puissance deux fois moindre. Et donc, pour un contrat d’une valeur de « seulement » 1 milliard d’euros pour 2028. La multiplication de ce type de contrat de très grande taille montre que l’acquisition de Co-

bra IS, auprès du groupe de construction espagnol ACS, finalisée en décembre 2021, était pertinente. Car c’est via cette filiale - acquise pour près de 5 milliards d’euros - qu’ils ont tous été conclus. Cobra IS est un acteur majeur de la réalisation des projets d’énergie clés en main, avec un biais important sur les énergies renouvelables (champs photovoltaïques, éoliennes off­ shore fixes, mais également flottantes). La nouvelle filiale de Vinci est très présente en Espagne (46 % de son chiffre d’affaires) et en Amérique latine (36 %) mais les contrats obtenus en mer du Nord montrent qu’elle a le potentiel de se développer en dehors de ces zones historiques. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de Cobra IS atteignait près de

2,7 milliards d’euros, ce qui représente 9,5 % de celui de Vinci dans son ensemble. À 190 millions d’euros, son résultat opérationnel représentait une marge de 7,1 %. C’est évidemment bien moins que les activités de concessions (33 % pour les aéroports et 52 % pour les autoroutes) mais c’est plus que toutes les autres branches du groupe, aussi bien la construction (1,9 %), que l’immobilier (3,8 %) ou les services à l’énergie (6,5 %). Surtout, la dynamique commerciale y est très forte. Au 30 juin 2022, le carnet de commandes de Cobra IS était en hausse de 12 % sur un an, à 9,3 milliards d’euros. Il pesait 16,5 % du carnet global de Vinci, un niveau bien supérieur à son poids dans le chiffre d’affaires. Et les nouveaux contrats vont encore renforcer le mouvement. ■ E. E.

le figaro

jeudi 12 janvier 2023

Entreprises 25

Comment Bernard Arnault organise le renouvellement de génération chez LVMH Michael BurKe

delphine arnault

Stéphane Bianchi

PDG de Louis Vuitton depuis 2013, le plus ancien compagnon de route de Bernard Arnault va prendre de nouvelles fonctions auprès de celui-ci.

La fille aînée de Bernard Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton depuis 2013, est promue PDG de Christian Dior, la maison préférée de son père.

Recruté en 2018 pour être le mentor de Frédéric Arnault chez TAG Heuer, le PDG de la division montres et joaillerie récupère la supervision de Tiffany, dont Alexandre Arnault est le n° 2.

Bernard Arnault

pietro beccari

Charles delapalme

Le PDG et principal actionnaire de LVMH a un objectif depuis des années : former ses cinq enfants dans les maisons du groupe, afin que l’un d’eux lui succède le moment venu.

Entré chez LVMH en 2006, PDG de Christian Dior depuis 2018, le mentor d’Antoine Arnault prend la tête de Louis Vuitton, qui réalise la moitié des profits du groupe.

Dans le groupe depuis 2005, ce diplômé des Mines de Paris, de Sciences Po et de l’Insead est promu directeur général délégué de Christian Dior Couture.

dans le luxe, cinq ans avant de prendre le contrôle de LVMH. Ce jeu de chaises musicales illustre les priorités managériales de Bernard Arnault. D’une part, il tient à assurer le renouvellement des générations à la tête de son groupe. Et ce, à un moment où ses marques phares sont plus en forme que jamais. Ensuite, il tient à organiser la transmission des rênes du groupe à ses cinq enfants, comme il en manifeste le désir depuis de très nombreuses années.

Ivan Letessier £@IvanLetessier

luxe Au meilleur de leur forme, les deux principales maisons du groupe LVMH changent de dirigeant, sous l’impulsion de son PDG et principal actionnaire, Bernard Arnault. Louis Vuitton, la première marque de luxe au monde (17 milliards d’euros de chiffre d’affaires, selon les analystes financiers), qui rapporte à elle seule la moitié des profits de LVMH, sera dirigée par Pietro Beccari à partir du 1er février. Cet Italien de 55 ans, dans le groupe depuis 2006, était PDG de Christian Dior Couture depuis février 2018. Ce dernier poste sera désormais occupé par Delphine Arnault (47 ans), qui était depuis 2013 directrice générale adjointe de Louis Vuitton, chargée de superviser l’ensemble des activités produits. À la tête de la maison de couture, la fille aînée de Bernard Arnault sera secondée par Charles Delapalme. Directeur international de Christian Dior Couture depuis 2018, ce diplômé de l’école des Mines, de Sciences Po et de l’Insead est nommé directeur général délégué de la maison, à 49 ans. Seconde maison du pôle mode et maroquinerie de LVMH derrière Louis Vuitton, Christian Dior Couture (6,5 milliards de chiffres d’affaires en 2021, selon les analystes) est la marque la plus chère au cœur de Bernard Arnault. C’est en effet par son acquisition, en 1984, que l’entrepreneur nordiste a fait son entrée

Bernard Arnault. Pour finir, les statuts de la société stipulent que les titres d’Agache Commandité, incessibles pendant trente ans, ne pourront ensuite être transmis qu’à des héritiers directs de Bernard Arnault. De quoi verrouiller pour le très long terme le contrôle familial sur LVMH. Autre décision prise en vue de faire monter en responsabilité ses enfants : début décembre, Antoine Arnault (45 ans) a été nommé directeur général et vice-président du conseil d’administration de Christian Dior SE. Cette société cotée en Bourse, détenue à 97 % par la famille Arnault, détient 41 % des actions de LVMH. C’est donc un maillon important de la structure de contrôle du leader mondial du luxe. La préoccupation dynastique familiale de Bernard Arnault n’est incompatible ni avec la fidélité à ses compagnons de route ni avec la promotion des managers extérieurs à la famille les plus méritants. Ainsi, Michael Burke, qui était depuis dix ans PDG de Louis Vuitton, après avoir dirigé Fendi, où Pietro Beccari lui avait succédé avant de prendre les rênes de Christian Dior, va-t-il prendre de nouvelles fonctions directement auprès de Bernard Arnault. Ce Franco-Américain de 65 ans est le plus ancien collaborateur de l’entrepreneur. Recruté par le père de ce dernier chez Ferinel à sa sortie de l’Edhec, il a ainsi accompagné l’aventure américaine de Bernard Arnault, qui s’était lancé dans la promotion immobilière en Floride aux débuts des an-

Verrouiller le contrôle familial sur LVMH

Tous ont déjà des fonctions managériales au sein du groupe, et les deux aînés (Delphine et Antoine) siègent au conseil d’administration. Mais l’été dernier, Bernard Arnault est passé à la vitesse supérieure. En juillet, il a annoncé la transformation du holding Agache (ex-groupe Arnault), entièrement détenue par la famille, en société en commandite par actions. Cette modification de structure a plusieurs intérêts. Pour commencer, elle assure à Bernard Arnault, le gérant commandité d’Agache, de pouvoir à ce titre conserver seul les pleins pouvoirs sur la stratégie, la gouvernance et le management de LVMH. Par ailleurs, il est prévu que l’associé commandité d’Agache (baptisé Agache Commandité SAS) soit désigné gérant d’Agache à la suite de Bernard Arnault, avec les mêmes pouvoirs ; or le capital d’Agache Commandité SAS est intégralement détenu par les cinq enfants de

nées 1980. Michael Burke a ensuite accompagné l’entrepreneur chez Christian Dior et chez LVMH. À la tête de Louis Vuitton, il a donné une autre dimension au malletier, à la fois en continuant sa montée en gamme et en élargissant le profil de ses clients, notamment avec des collections inspirées du streetwear et celle du créateur Virgil Abloh, chargé des lignes homme, prématurément décédé en octobre 2021. « Je tiens à remercier chaleureusement Michael Burke, qui a piloté l’extraordinaire succès de Louis Vuitton au cours des dix dernières années, déclare Bernard Arnault. Il a mené un travail formidable pour développer cette maison exceptionnelle. Il a creusé l’écart avec ses concurrents et fait rayonner l’héritage de Louis Vuitton en l’inscrivant dans la modernité. Il a attiré des créateurs et des équipes de grand talent et les a acculturés à l’univers Vuitton. Au-delà de Louis Vuitton, il a su accompagner avec succès l’intégration de Tiffany dans le groupe. Je me réjouis que Michael puisse continuer à faire bénéficier nos entreprises, à mes côtés, de son expérience et de son talent. »

Transition managériale Dans le cadre de la transition managériale, le PDG de LVMH accorde une prime aux mentors de ses enfants. Pietro Beccari a longtemps été celui d’Antoine Arnault. Quelque temps après avoir rejoint LVMH en 2006 en tant que directeur marketing et communication de Louis Vuitton, ils avaient monté ensemble la campagne de publicité

la séance du mercredi 11 janvier

LE CAC

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 144,5 AIRBUS .............................................. 113,9 ALSTOM ..............................................25,01 ARCELORMITTAL SA ........................... 27,37 AXA .............................................. 27,33 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 58,6 BOUYGUES .............................................. 30,53 CAPGEMINI .............................................. 163,55 CARREFOUR .............................................. 16,78 CREDIT AGRICOLE ...........................10,426 DANONE ..............................................49,775 DASSAULT SYSTEMES ........................... 34,97 ENGIE .............................................. 13,298 ESSILORLUXOTTICA ........................... 173,15 EUROFINS SCIENT. ...........................63,4 HERMES INTL ........................... 1620,5 KERING ..............................................543,4 L'OREAL ..............................................367,7 LEGRAND ..............................................80,9 LVMH .............................................. 772,3

%VAR.

+1,98 -1,04 +1,05 +0,61 -0,44 +0,43 +0,23 -0,03 -0,27 -0,48 +0,58 +1,69 +1,08 +0,29 -4,83 +0,87 +3,64 +0,92 +1,94 +2,12

LES DEVISES

+HAUTJOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

145,06 115,22 25,62 27,93 27,56 59,04 30,74 164,45 16,96 10,518 50,2 35,34 13,47 174,7 64,96 1632,5 546,3 372,05 80,98 775,3

141,58 112,56 24,84 27,195 27,205 58,19 30,42 159,3 16,69 10,4 49,355 34,54 13,136 172,85 62,94 1605,5 525,5 362 79,12 759,5

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

0,221 0,202 0,535 0,364 0,165 0,198 0,203 0,326 0,187 0,193 0,176 0,131 0,27 0,139 0,4 0,07 0,252 0,066 0,152 0,09

+9,14 +2,59 +9,6 +11,37 +4,89 +10,05 +8,88 +4,87 +7,29 +6,05 +1,11 +4,4 -0,67 +2,33 -5,46 +12,15 +14,28 +10,22 +8,13 +13,59

1 EURO=

1,5588 1,4429 0,8867 8,3974 142,61 0,9967 1,0747 3,3664 11,103 20,1793 29,6768 7,2807 87,812 147,1004

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

2023-01-12T09:13:56+01:00

2023-01-12T03:12:03c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

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un

Demain

VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

du malletier avec Mikhaïl Gorbatchev. Ce premier fait d’armes a lancé la carrière de Pietro Beccari chez LVMH. Autre mentor à être récom­ pensé : Stéphane Bianchi. Recruté comme patron des marques horlogères (TAG Heuer, Zenith, Hublot) de LVMH en novembre 2018, cet ancien patron du groupe Yves Rocher avait notamment été chargé d’accompagner les débuts dans le groupe de Frédéric Arnault. Alors tout juste embauché chez TAG Heuer, ce dernier, aujourd’hui âgé de 28 ans, en est le PDG depuis mi-2020. Les responsabilités de Stéphane Bianchi ont ensuite été élargies. Cet ancien de Sciences Po a peu à peu récupéré la supervision des marques de joaillerie du groupe : Chaumet et Bulgari en 2020, et, à partir du 1er février prochain, de Tiffany. En intégrant le joaillier américain, dirigé par Anthony Ledru, dans la division montres et joaillerie, dont il est président, Stéphane Bianchi devra superviser la montée en puissance d’Alexandre Arnault (30 ans), aujourd’hui directeur exécutif produits et communication de Tiffany. Le dernier des cinq enfants de Bernard Arnault, Jean (25 ans), est lui chargé de l’activité horlogère chez Louis Vuitton depuis 2021. Ses débuts seront désormais suivis de près par Pietro Beccari. Chez LVMH, les mentors des enfants Arnault ont encore du pain sur la planche. Et Bernard Arnault a bien l’intention de suivre d’encore plus près le parcours des uns et des autres. ■

La valeur du jour JOUR

MICHELIN .............................................. 28,845 ORANGE ..............................................9,787 PERNOD RICARD ........................... 190,2 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 61,14 RENAULT .............................................. 37,065 SAFRAN .............................................. 123,1 SAINT GOBAIN ........................... 52,04 SANOFI ..............................................90,07 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 146,78 SOCIETE GENERALE ........................... 24,255 STELLANTIS NV ........................... 14,64 STMICROELECTRONICS ..................... 37,355 TELEPERFORMANCE ........................... 233,2 THALES ..............................................113,5 TOTALENERGIES ...........................58,79 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 54,5 VEOLIA ENVIRON. ........................... 26,96 VINCI .............................................. 99,68 VIVENDI SE ........................... 9,64 WORLDLINE .............................................. 40,52

LʼOR

%VAR.

+0,47 -1,06 +1,44 -0,36 +1,92 +1,03 +0,62 0 +1,73 -1,2 -0,16 +0,63 -1,23 -1,82 +0,65 +3,06 +1,85 +0,28 +2,42 +1

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

28,885 9,975 192,55 61,84 37,465 123,66 52,21 90,93 147,7 24,46 14,786 37,385 237 116,25 59,39 54,6 26,98 100,18 9,726 40,68

28,405 9,765 186,85 60,86 36,695 121,26 51,02 89,92 143,9 24,105 14,534 36,12 233 112,5 58,6 52,89 26,34 99,02 9,43 39,79

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Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 56 146€ 5 615€ Lingot 100g ................................. Lingot 50g ................................. 2 808,5€ 1 746,27€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 562,5€ 140,38€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................326,95€ 20Fr SUISSE ................................. 326,95€ SOUVERAIN ................................. 408,75€ KRUGGERAND ................................. 1 734,7€ 50 PESOS ................................. 2 105,78€ 10 DOLLARS ................................. 844,44€ 20 DOLLARS ................................. 1 689,39€

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nomination « deLa Delphine

Arnault marque la poursuite d’un parcours d’excellence. Son regard aiguisé et son expérience incomparable seront des atouts décisifs pour poursuivre le développement de Christian Dior

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Bernard Arnault

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Le fonds activiste Bluebell se serait invité chez Bayer

CLÔTURE DU CAC 40

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La pression grimpe encore d’un cran sur le groupe chimiste allemand Bayer. Quelques jours après l’arrivée au capital du fonds Inclusive Capital Partners, dirigé par Jeff Ubben, un autre activiste se serait invité au tour de table. Selon Bloomberg, le fonds britannique Bluebell Capital Partners aurait également fait irruption au capital de Bayer. Bluebell Capital souhaiterait obtenir une scission de Bayer en deux entités distinctes, avec d’un côté l’activité agro-industrielle et de l’autre la santé. Selon le fonds britannique, l’opération permettrait aux actionnaires d’obtenir un gain de 70 %, sur la valeur en Bourse de Bayer aujourd’hui. Le fonds plaiderait également pour un changement de direction. L’arrivée de ces fonds intervient à un moment crucial pour Bayer. Le mandat du PDG Werner Baumann arrivera à échéance dans un peu plus d’un an, en avril 2024. Or, le patron allemand est vivement critiqué par les actionnaires pour sa décision malheureuse, en 2016,

d’acquérir le semencier Monsanto, opération qui a fait passer le Roundup dans le giron de Bayer. Cette acquisition a amené une pluie de procédures judiciaires aux États-Unis de la part d’anciens utilisateurs du glyphosate, et a généré de coûteuses indemnisations. Ces mésaventures ont fait plonger le titre de Bayer à la Bourse de Francfort, lui faisant perdre près de la moitié de sa ­valeur depuis 2018. Elle a également occasionné des plaintes d’actionnaires s’estimant floués devant la justice a ­ llemande. Selon le Financial Times, Inclusive Capital Partners plaiderait également pour un changement de direction. Le fonds aurait aussi suggéré que Bayer « réfléchisse à sa structure ». Son patron, Jeff Ubben, aurait cité en exemple la scission de Siemens ou la mise en Bourse de Porsche par Volkswagen. Le titre Bayer profitait de ces annonces. Il a grimpé de 3,6 % mercredi à la Bourse de Francfort. ■

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Photos François BOUCHON/Le Figaro, Jean-François Robert, Brigitte Lacombe

Le PDG et principal actionnaire du leader mondial du luxe orchestre un jeu de chaises musicales en changeant les patrons de Louis Vuitton et de Christian Dior. Il promeut ses enfants et les mentors de ces derniers.

jeudi 12 janvier 2023 le figaro

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médias et tech

Canal+ prêt à investir 1 milliard dans le cinéma français La filiale de Vivendi veut pouvoir continuer à proposer ses films aux abonnés bien avant Netflix ou Disney+. Caroline sallé £@carolinesalle

cinéma Noël pourrait jouer les prolongations pour la filière du cinéma. Mercredi, Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, s’est dit « prêt » à investir plus de 1 milliard d’euros au total dans le cinéma français sur cinq ans. « Nous pensons qu’il faut donner cette solidité, cette pérennité au cinéma français », a indiqué le dirigeant au micro de RTL, qui parie en 2023 sur la hausse de la fréquentation des salles obscures à des niveaux de pré-pandémie. La filiale de Vivendi est depuis longtemps le premier partenaire financier du cinéma hexagonal. Et le rachat d’OCS à Orange viendra conforter cette place. En décembre 2021, après un long bras de fer, Canal+ et les organisations représentatives du cinéma (ARP, Blic, Bloc) ont fini par trouver un nouveau terrain d’entente. La filiale de Vivendi s’est engagée à investir 190 millions d’euros par an dans le cinéma français, soit près de 600 millions d’euros sur trois ans, jusqu’en 2024. En échange, le groupe a pu conforter sa place dans la chronologie des médias, cet accord interprofessionnel qui régit la vie d’un film après sa sortie en salle. Canal+ a obtenu de pouvoir diffuser les films en premier, au bout de six mois, contre huit mois auparavant. Et de les exploiter durant neuf mois. Une victoire pour la

chaîne cryptée, qui a pu proposer de grands blockbusters, des comédies et des films d’auteurs plus ­rapidement à ses abonnés, tout en tenant à bonne distance les plateformes de streaming comme Netflix, Amazon Prime ou Disney+. Netflix, qui a signé un accord avec la filière et investit désormais 40 millions d’euros dans le cinéma français, peut proposer des films 15 mois après leur sortie en salle. Disney, lui, doit attendre 17 mois.



Canal+ investit aujourd’hui très significativement plus que les autres, y compris que toutes les plateformes de streaming réunies

Maxime Saada



Le nouveau « deal » proposé par Maxime Saada, à plus de 1 milliard d’euros au total, n’est pas forcément mieux-disant que le précédent. Canal+, OCS et Orange Studio versent déjà « autour de 230 millions d’euros par an » au cinéma français. Ce qui représente effectivement plus de 1 milliard sur cinq ans. Mais il permet au secteur de s’assurer un financement pérenne et à Canal+ de sanctuariser sa fenêtre au sein de la chronologie des médias. Donnantdonnant, en somme.

La promesse du milliard n’ar­rive pas par hasard. Ces derniers mois, les plateformes de streaming, à commencer par Netflix et Disney, font à nouveau pression pour que la chronologie des médias leur soit plus favorable. En octobre dernier, la firme de Burbank avait menacé de priver les cinémas de Black ­Panther : Wakanda Forever. Motif : la major estimait que la chrono­logie des médias n’était « pas adaptée aux comportements et attentes des spectateurs. Elle est ­ contre-productive et expose tous les producteurs et artistes à un risque accru de piratage ». Tous les acteurs ont jusqu’au mois de février pour négocier une éventuelle modernisation de la chronologie des médias. Les plateformes de vidéo à la demande ­espèrent bien à cette occasion raccourcir les délais de diffusion des films. Canal+, qui n’y a pas intérêt, l’a de nouveau rappelé sur RTL : « Nous finançons plus le cinéma français que tous les autres acteurs réunis », a insisté Maxime Saada. Le message est clair : si les plateformes obtenaient gain de ­ cause, Canal+ pourrait revoir à la

Le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, lors des rencontres cinématographiques de l’ARP, en novembre au Touquet. Jaak Moineau/Hans Lucas via Reuters Connect

EN FRANCE ET À L’INTERNATIONAL

La plateforme a licencié 75 % de ses salariés fin 2022, dont la majeure partie des cadres dirigeants. Chloé woitier £@W_Chloe

50 000 20 utilisateurs par jour

salariés contre 80 en novembre 2022

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d’utilisateurs en janvier 2021

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­ cteur du cinéma français. La proa duction préfère toujours disposer de plusieurs guichets. Mais nous devons hiérarchiser les opérateurs en fonction de leur volonté d’investir. Et il se trouve que Canal+ investit aujourd’hui très significativement plus que les autres, y compris que toutes les plateformes de streaming réunies. » ■

L’avenir sombre du réseau social conservateur Parler

Parler

Chalets de rêve, marché immobilier, paroles d’experts, tendances et opportunités

baisse ses investissements dans le cinéma. Un scénario qui, pour l’heure, semble peu probable. « Si demain un Disney, un Amazon ou un Netflix décidait de mettre autant d’argent dans le cinéma français que Canal+ pour pouvoir proposer des films six mois après leur sortie en salle, nous serions évidemment ouverts à cette idée, confie un

réseaux sociaux Les signaux négatifs s’accumulent pour le réseau social Parler. Créée en 2018, cette plateforme, qui se présente comme une alternative à Twitter pour la droite conservatrice américaine, a été contrainte de procéder à une lourde vague de licenciements. Selon le média The Verge, 75 % des effectifs ont été remerciés fin 2022, soit une soixantaine de personnes. Parmi eux, des cadres clés, comme les directeurs des opérations, du marketing ou de la technologie. Il ne resterait qu’environ vingt ­salariés pour continuer à faire tourner le service ainsi que sa maison mère, Parlement Techno­ logies. Cette dernière détient aussi le ser­vice de cloud Dynascale, acquis en septembre grâce à une levée de fonds de 16 millions de dollars. Ces licenciements semblent être la conséquence directe de l’échec de la vente de Parler au rappeur américain Kanye West. Le pro­ cessus, annoncé en octobre, a tourné court quand Kanye West, qui souffre de troubles bipolaires, a multiplié les déclarations contre la communauté juive, puis a fait part de son admiration pour Adolf ­Hitler. Les discussions avec Parlement Technologies ont été rompues d’un commun accord. Kanye West semblait être une planche de salut pour un réseau ­social mal en point. Selon une précédente enquête de The Verge, Parler ne comptait plus que 50 000 utilisateurs par jour et 137 000 par mois. Des chiffres bien loin du pic de popularité de la plateforme, atteint durant la présidentielle de 2020 qui a opposé Donald Trump à Joe Biden. Peu avant le jour de l’élection, Parler enregistrait 7 000 nouvelles inscriptions par minute. À l’image de ses r­ ivaux Gab ou Gettr, Parler et sa modération a minima s’affichaient volontairement comme un havre ­ pour les militants ultraconser­ vateurs. Tout pouvait s’y dire, même le pire. Avec 12 millions d’uti­ lisateurs, le service a atteint son sommet aux lendemains de l’invasion du Capitole par des militants

pro-Trump et de l’éviction de l’exprésident des principaux réseaux s­ ociaux. Mais cet envol a été coupé net par Google et Apple, qui ont supprimé Parler de leurs magasins d’applications, ainsi que par Amazon, qui a cessé d’héberger le réseau social. Ce dernier était accusé d’avoir ­permis à des émeutiers de s’orga­niser en amont du 6 janvier 2021 et de ne pas avoir modéré leurs propos.

Twitter n’est plus un épouvantail

Parler ne s’est jamais vraiment ­remis de ce bannissement de quelques mois. Les événements du ­Capitole auront aussi fait fuir les annonceurs, peu désireux d’associer leur image à ce réseau social sulfureux. La monétisation du service est dès lors devenue mission presque impossible. La dernière épreuve que doit ­subir Parler vient de celui qu’elle souhaitait concurrencer : Twitter. La société californienne était caricaturée par l’ultradroite américaine comme un repaire de démocrates prompts à bâillonner les opinions qui ne leur convenaient pas. Cet épouvantail n’existe plus depuis son rachat par Elon Musk. Ce dernier s’est affiché comme un partisan de la liberté d’expression, a licencié plus de 5 000 salariés et a redonné accès à leurs comptes à près de 30 000 internautes expulsés de la plateforme pour harcèlement, désinformation ou incitation à la ­ haine. Les plateformes alternatives y ont perdu leur principal argument de séduction. ■

zoom Mondial de Rugby : TF1 sous-licencie des matchs à France tv et M6 £ TF1 a conclu un accord de sous-licence avec les groupes France Télévisions et M6, portant sur la diffusion de 28 matchs du Mondial de rugby 2023 qui se déroulera en France du 8 septembre au 28 octobre.

jeudi 12 janvier 2023 le figaro - N° 24 383 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Horlogerie

Musée Guimet

Apprendre à assembler une montre à l’établi ou une pendulette en kit, c’est possible Page 29

Yannick Lintz, La nouvelle directrice du musée des arts asiatiques, une historienne férue de diplomatie Page 30

Objectif Horlogerie ; LintzYannick/Twitter ; Maxime d’Angeac & Martin Darzacq for Orient Express, Accor ; Alizée de Vanssay/Studio Vanssay

LE plus grand voilier du monde sera français !

« Le Figaro » dévoile en exclusivité le fabuleux projet de l’« Orient-Express silenseas » : un navire de croisière de haute technologie et de grand luxe, actuellement en construction à Saint-Nazaire, pour une mise à l’eau en 2026. PAGE 28

Les objets et meubles insolites d’André Dubreuil aux enchères PAGE 31

Marie-Julie Baup, tout feu, tout flamme Nos Figures de la rentrée La comédienne reprend à paris « Oublie-moi », qui a triomphé à Avignon. ●

Nathalie Simon [email protected]

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ous avons vécu un conte de fées à Avignon », glisse en souriant Marie-Julie Baup. Avec Thierry Lopez, la comédienne a brillamment adapté et joué au Festival Off Oublie-moi, inspiré d’In Other Words, la première pièce de l’auteur anglais Matthew Seager. Une histoire d’amour d’abord ­ très heureuse entre Jeanne et Arthur jusqu’à un détail qui bouleverse leur ­ existence (et qu’il serait dommage de dévoiler). « J’étais allée à Avignon à 18 ans pour jouer dans une petite salle avec des amies, j’étais terrifiée d’y re­ venir », se

souvient Marie-Julie Baup. Encore ­étonnée du succès fulgurant de la pièce, qu’elle reprend avec bonheur au Théâtre du Petit Saint-Martin, à ­Paris. Son partenaire, Thierry Lopez, a déniché le texte à la bibliothèque du Royal Court de Londres. « In Other Words était impossible à refuser », assure l’actrice au regard pétillant. Elle demande à le ­« retravailler ». « La pièce n’a plus grandchose à voir avec l’original. Nous souhaitions qu’elle soit cinématographique », explique-t-elle. Marie-Julie Baup se ­ régale régulièrement au cinéma. Elle ­ était à l’affiche de Champagne !, le ­dernier film de Nicolas Vanier. Elle vient de réaliser son premier court-métrage,

avec Pas­ cale Arbillot, et caresse le rêve d’un long, peut-être tiré d’Oubliemoi. « Au départ de l’aventure, nous voulions ramener à nous les personnages d’Oubliemoi et avons décidé de l’adapter, de l’interpréter et de le mettre en scène nous-mêmes avec le regard artistique de Pauline Tricot », signale Marie-Julie Baup.

Famille de psychiatres La productrice Fleur Houdinière fait d’emblée confiance au duo. MarieJulie Baup et Thierry Lopez ont déjà joué ensemble Divina et Le Songe d’une nuit d’été, les deux sous la direction de Nicolas Briançon.

« C’est notre bébé », lance l’actrice, qui n’entend pas lâcher les planches. « Quand j’arrête, ça me manque », ­dit-elle. Il est loin le temps où cette mère de trois enfants nés de son union avec Lorant Deutsch était « timide et réservée ». Née dans une famille de psychiatres du côté de sa mère, elle a eu une révélation pour le théâtre quand sa maîtresse de CM1 lui a demandé de jouer Monsieur Smith dans La Cantatrice chauve, de Ionesco. « Ma partenaire a eu un trou, j’ai réussi à improviser ! » À 17 ans « et demi », après un baccalauréat littéraire, « option audio­ visuel », Marie-Julie Baup entre au Cours Florent, puis au Cours Eva Saint Paul. C’est là

qu’elle rencontre un « maître merveilleux », Jean-Claude Penchenat, qu’elle suit sur les routes de France : « Il venait du Théâtre du Soleil et avait un ­esprit de troupe. J’étais la plus jeune, j’ai découvert le théâtre, tout appris grâce à lui. » Au bout d’un ou deux ans, la jeune fille passe une audition pour Amadeus, de ­Peter Shaffer, mis en scène par Stéphane Hillel, où elle donne la réplique pour la première fois à Jean Piat et à Lorant Deutsch (2005). Nommée pour le Mo­lière de la révélation théâtrale, elle n’arrêtera plus de se produire sur scène. ■ ■ « Oublie moi », au Théâtre du Petit Saint-Martin (Paris 10e), du 27 janvier au 1er avril, puis en tournée en 2024.

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Un monde d’excellence Six ans de travail, d’essais, de simulations et d’études croisées avec les experts de la course au large, et 25 millions d’euros d’investissement plus tard, le concept est au point, rodé, capable d’assurer avec des vents de 15 à 20 nœuds, 30 % à 40 % d’utilisation vélique durant toute une croisière. Quant au navire imaginé pour le porter, le bien nommé Silenseas, il n’attend plus qu’un client visionnaire pour exister. Au siège du groupe Accor, un autre capitaine d’industrie, Sébastien Bazin, breton d’origine qui adore courir les régates classiques à bord de superbes voiliers, pense lui aussi le futur. Depuis 2017 et l’arrivée dans son giron d’Orient-Express, il n’a de cesse d’imaginer la renaissance du mythe et ses déclinaisons possibles. « Le train sûrement, la mer assurément et peutêtre un jour, les airs… C’est une marque à l’aura extraordinaire qui vous transporte dans un monde d’excellence avant même d’embarquer, s’enthousiasme le dirigeant. Il y a véritablement un parfum Orient-Express, un ressenti, une expérience qui est celle de la quintessence du voyage. Dès lors, qu’importe l’univers dans lequel cette expérience est transposée, seule notre boussole environnementale nous donne le cap à suivre. » Il y a un an et demi, Accor annonçait le retour du train Orient-Express sur l’itinéraire qui l’a vu naître il y a cent quarante ans. Plus élégantes que jamais grâce au talent de l’architecte Maxime d’Angeac, ses voitures historiques sont sur les rails et il effectuera ses premiers voyages en 2025. Annoncés également : le futur Dolce Vita qui, lui, sillonnera l’Italie, ainsi qu’une collection d’hôtels à travers le monde, dont deux premières adresses à Rome et à Venise, promises pour 2024. Mais le groupe hôtelier français voit plus loin encore, scrutant le large, dans l’attente que le vent se lève… « Nous ne pouvions qu’imaginer une propulsion vélique pour nos ambitions maritimes, explique Sébastien Bazin. Les développements technologiques des Chantiers de l’Atlantique ont abouti à point nommé. »

Maxime d’Angeac & Martin Darzacq for Orient Express, Accor

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Histoire est truffée d’exemples qui le démontrent : il faut un rêve, un défi, et souvent les deux, pour repousser les limites du possible. Rappelonsnous du Normandie, fleuron français des années 1930… L’ère industrielle avait déjà affalé les voiles des grands navires, remplacées par des moteurs toujours plus puissants tandis que l’épopée des croisières transatlantiques entraînait les compagnies maritimes dans une course folle à la démesure et au Ruban bleu. Qui ralliait le plus vite l’Europe à l’Amérique remportait le précieux trophée… Pas question pour la Compagnie générale transatlantique d’être à la traîne. À Saint-Nazaire, les chantiers de Penhoët se voient alors confier la conception de ce qui s’avérera une gloire française. Lors de sa mise à l’eau, en 1932, le Normandie est le plus grand paquebot du monde (près de 314 mètres de long), le plus moderne (il est le premier d’une propulsion électrique), le plus somptueux, mais aussi le plus rapide. Ce qu’il prouve dès sa croisière inaugurale en mai 1935, traversant l’Atlantique en un peu moins de quatre jours à une vitesse moyenne de 30 nœuds. À son arrivée, New York et le monde entier l’acclament : record battu. Au XXIe siècle, c’est un défi d’une autre nature qui pousse les Chantiers de l’Atlantique, héritiers de cette formidable saga maritime, à la performance technologique. L’urgence est climatique, et c’est l’expert naval nazairien, l’un des leaders mondiaux de cette industrie avec plus de 150 navires de croisière livrés depuis sa création, qui est chargé d’imaginer un système de propulsion vélique révolutionnaire, capable de réduire au maximum la consommation de carburant d’un paquebot de taille moyenne. « Deux cents mètres, c’est une longueur minimale pour un navire de passagers à qui l’on se doit d’apporter un certain niveau de confort et les services dédiés, nous le savions, explique Laurent Castaing, le directeur général des Chantiers. Or, quand l’idée a germé il y a une dizaine d’années, nous n’avions pas encore la solution technique : il faut des voiles surdimensionnées pour un bateau de ­cette taille, mais aucun tissu n’est assez résistant pour supporter la force du vent sur pareille surface. Dès 2018, le développement de nos gréements SolidSail est parti de ce constat. »

En plus de son statut hors norme, l’Orient-Express Silenseas s’offre une silhouette racée à nulle autre pareille.

Exclusif « Orient-Express 4 500 Silenseas » : un voilier révolutionnaire ! mètres carrés

Surface totale de la voilure du bateau, l’équivalent de 6 terrains de tennis

bleu, blanc, rouge… et vert !

Ce sera le plus grand du monde, mais aussi le plus propre. Un coup de maître pour le groupe Accor et les Chantiers de l’Atlantique, qui signent la naissance d’une future légende des mers.

Si le nom évocateur du Silenseas est immédiatement adopté, le bateau imaginé par Laurent Castaing et ses équipes sera, lui, profondément retouché. « Le groupe Accor est arrivé avec la volonté d’offrir à ses futurs passagers le meilleur et des idées fortes qu’ils ont su exprimer très clairement, un beau challenge auquel nous avons pu répondre », se souvient le directeur des Chantiers. En collaboration avec le cabinet de design naval nantais Stirling International, un nouveau coup de crayon est donné : le navire perd un ou deux ponts pour se rapprocher de l’eau et gagne 20 mètres de longueur.

Une cinquantaine de suites Désormais plus yacht privé que paquebot dans l’allure, surmonté de ses trois mâts carbone culminant à plus de 100 mètres de haut, capables de suivre le vent pour offrir à leur 1 500 m2 de voile respective le meilleur de sa puissance, et même de s’incliner sous les ponts grâce à une articulation disposée à leur base, sans aucun haubannage, le tout piloté à distance depuis la timonerie, l’Orient-Express Silenseas s’offre en plus d’un statut de voilier hors norme, une silhouette racée à nulle autre pareille. Mais c’est dans la partie hôtelière du bateau que les changements seront les plus radicaux sous l’impulsion de Maxime d’Angeac, et par la volonté de Sébastien Bazin de n’y proposer que des suites, une cinquantaine tout au plus, mais de taille : de 70 m2 à 1 415 m2 pour l’exceptionnelle suite présidentielle. Rompu aux aléas des petits espaces sur le train Nostalgie-Istanbul, Maxime d’Angeac change d’échelle à bord du Silenseas, « comme l’artiste peintre René Prou qui a orné l’Orient-Express avant de s’atteler aux décors pharaoniques du Normandie ! », témoigne-t-il, plongé

dans les archives de ses deux légendes inspirantes du monde du voyage. « Nous avons eu la chance d’être impliqués très en amont du projet avec les Chantiers de l’Atlantique, et nous avons pu avancer ensemble, chacun poussant ses pions dans le respect des contraintes de l’autre », se réjouit-il, avant de nous confier quelques notes d’intention : « J’ai pu donner de la hauteur et du volume là où je le souhaitais, penser avec eux les hublots, les baies vitrées et quelques ouvertures surprises qui magnifieront l’élément marin et l’expérience d’un voyage à la voile, concevoir un escalier à double révolution ou cet incroyable couloir de nage suspendu entre le pont 6 et l’exceptionnel pont 7 qui m’évoque une immense plage flottante au-dessus des flots… » Quid du spa de 550 m2, de la marina, des deux restaurants, du bar lounge, du cabaret-théâtre ou encore de ce studio d’enregistrement où Sébastien Bazin imagine déjà les artistes composer des mélodies uniques ? « Certains espaces méritent encore un temps de réflexion, chacun d’entre eux doit être traité avec la même attention particulière, comme les circulations par exemple, qui sont très importantes et devront permettre d’offrir à nos futurs hôtes les sensations d’espace et de magnificence d’un paquebot de légende qui ne semblerait fait que pour eux seuls. » De la technologie à l’agencement intérieur, l’innovation est le maître mot sur l’Orient-Express Silenseas (lire ci-contre). Ne reste plus qu’à patienter jusqu’à mars 2026, date de livraison du premier des deux navires commandés aux Chantiers de l’Atlantique. L’Orient-Express Silenseas naviguera en mer Égée, en Méditerranée et dans les Caraïbes. Un autre joyau des mers, livré en 2027, voguera sûrement du côté de l’Indonésie et des îles de la Sonde… ■

Quelque 220 m de long sur 25 m de large, un tonnage de 22 300 UMS et une hauteur culminant à 100 m… Si les dimensions de L’OrientExpress Silenseas donnent le vertige, et font de lui le plus grand voilier de croisière au monde, ses caractéristiques techniques sont aussi un modèle de vertu, énergétique et environnementale. La propulsion du navire combinera la force du vent, jusqu’à 100 % dans les conditions météorologiques optimales, grâce à un système breveté de haute technologie, et le GNL (gaz naturel liquéfié) qui demeure à ce jour le carburant le plus propre (20 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins sur la facture écologique). Mais ça n’est pas tout ! À bord, tout est prévu pour l’arrivée de l’hydrogène vert qui se substituera au GNL le moment venu. Des développements liés au « weather routing » seront également embarqués, qui permettront d’optimiser les itinéraires en fonction des vents et des courants. Complètent l’inventaire des dispositions et innovations, qui pourrait bien, s’il existait, valoir au navire un Ruban vert : l’alimentation électrique à quai, le système de récupération d’énergie dans le sillage du navire (hydrogénation), dans le circuit de refroidissement et les échappements des moteurs, l’utilisation d’une peinture sous-marine optimisant la glisse du bateau, le traitement de l’eau et des déchets à bord et, enfin, un sonar permettant d’éviter les collisions avec les mammifères marins. B. M.

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Des Ateliers d’assemblage de montres dirigés par des artisans et des kits de pendulette de qualité permettent aux amateurs de passer de l’autre côté du miroir du temps.

­lcée permettent aux amateurs de A monter chez eux, seuls comme en famille, une authentique pendulette. « Depuis mon plus jeune âge, j’aime faire des choses de mes mains, donner vie la matière, raconte-t-elle, cernée par le tic-tac et la sonnerie des prototypes de ses créations. Arrivée à l’âge adulte, j’ai réalisé qu’il devenait compliqué de faire de beaux objets soi-même, dont on puisse être fier. Je trouvais cela dommage. » Cette ingénieur passée par Cartier, Hermès et TAG Heuer décide, il y a quatre ans, de réaliser son rêve d’enfant : « Je voulais repenser le luxe non pas dans une simple démarche de consommation, où l’on achète un produit pour le posséder, mais dans le but de vivre une expérience personnelle avec l’objet que l’on crée soi-même. »

judikael hirel £@jhirel

C’

est un moment unique, une émotion très particulière : à hauteur d’établi, vous venez juste de finir d’assembler et d’emboîter un mouvement constitué de centaines de composants, entre vis et rouages. Et, d’un simple geste de vos brucelles, soudain, vous donnez vie à une montre. Un gardetemps que vous pourrez porter au poignet au quotidien, qui vous survivra peut-être, se transmettra à vos enfants. Telle est la magie de l’art horloger : créer des objets vivants, durables, presque éternels. Quel amateur n’a pas rêvé de passer un jour de l’autre côté du miroir pour apprendre non seulement à prendre soin de ses propres montres, mais aussi à en assembler une de A à Z, avant de l’arborer fièrement ? De temps à autre, les grandes manufactures horlogères invitent quelques clients chanceux, fidèles parmi les fidèles, à participer à des ateliers découvertes, tel l’atelier d’Antoine, chez Jaeger-LeCoultre, dans la vallée de Joux, en Suisse. Plus près de nous, et à la portée de tous, au cœur du quartier du Marais, à Paris, la maison Plantin, qui se consacre à la réparation de montres de luxe depuis plus de quarante ans, a imaginé La Brigade du Temps. Durant ces ateliers d’initiation de trois heures, on apprend le fonctionnement d’une montre à mouvement mécanique. Révision, huilage d’un rubis, réglage d’un balancier… Comptez ­ 280 euros pour une formation encadrée par un horloger. Vous voilà doté de votre premier diplôme en horlogerie ! Envie d’aller un peu plus loin ? ­Installé depuis plus de douze ans rue de Rivoli, à Paris, à deux pas de la mairie, Objectif Horlogerie a déjà vu passer des milliers de néophytes et de passionnés devant ses établis. « Je suis content de pouvoir ainsi vivre de ma passion, confie Samir Khemici, fondateur du concept. Auparavant, j’avais d’autres activités, avec lesquelles je gagnais mieux ma vie, mais je n’y trouvais pas d’intérêt. Je veux en me levant le matin me sentir utile, que mon travail serve à quelque chose. » À l’origine uniquement parisien, Objectif

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Et si vous deveniez horloger ? Ci-dessus : Objectif Horlogerie propose des ateliers d’initiation à l’horlogerie, et même de fabriquer sa propre montre. Ci-dessous : Alcée Monfort, fondatrice de Maison Alcée, a conçu un kit qui permet d’assembler sa pendulette. objectif horlogerie, maison alcée

Horlogerie propose désormais des ateliers d’initiation à Lille, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Aix, Cannes, mais aussi Bruxelles, Luxembourg et Genève. « Nous avons tout le matériel en version mobile et nous transformons une salle en atelier d’horlogerie en l’espace de quelques heures. » Toutes les dates du premier semestre 2023 sont déjà ouvertes à la réservation sur le site internet. Pour un atelier collectif First Time, il vous en coûtera 290 euros la demijournée. Un cours particulier Master Time à 490 euros se veut un programme sur mesure : réparation de montres, polissage, anglage… Et, surtout, une

session My Time vous permettant de repartir avec la montre que vous aurez vous-même fabriquée est proposée à partir de 1 690 euros. « Il y a comme un parallèle avec la chirurgie, un cœur qui bat, explique Samir Khemici. Même lors d’un cours collectif, on voit bien que certains participants sont émus, qu’ils sont en train de vivre quelque chose de fort. Nous veillons aussi à toujours nous améliorer, à chercher comment offrir la meilleure expérience possible en initiation à l’horlogerie. » Alcée Monfort a quant à elle choisi une autre approche du temps qui passe, plus imposante. Les kits de Maison

Je voulais repenser le luxe non pas dans une démarche de consommation, où l’on achète un produit pour le posséder, mais dans le but de vivre une expérience personnelle avec l’objet que l’on crée soi-même



Alcée Monfort, fondatrice de Maison Alcée

Avec l’aide du designer suisse Antoine Tschumi, du meilleur ouvrier de France 2007 Thierry Ducret, et du professeur en construction de mouvement mécanique horloger Jean-Marie Desgrange, Alcée Monfort conçoit alors Persée, une pendulette – ou « montre de bureau » - au mouvement repensé afin qu’un débutant soit à même de l’assembler seul. Afin de privilégier l’artisanat hexagonal, 169 des 233 composants, soigneusement rangés dans un élégant coffret de hêtre, viennent de France. Doté d’un livret didactique de 205 pages, chaque apprenti parvient ainsi à monter sa propre pendulette, à l’horizontale ou à la verticale, affichant heure, minutes et secondes, et même une sonnerie au passage des heures, activable à l’envi. On retrouve là tout le charme d’un objet que d’aucuns auraient pu imaginer surannée, dans un garde-temps d’apparence à la fois classique et moderne, marqué aux initiales de son créateur « comme le mécanicien d’une grande écurie signait le moteur d’une voiture jadis ». Pour avoir le plaisir d’assembler votre propre Persée, comptez de 4 600 à 5 800 euros selon la finition. Maison Alcée réfléchit déjà à des complications que chacun pourrait greffer à sa pendulette, pour qu’elle grandisse au gré de la passion de son propriétaire. ■

2023, un excellent millésime pour les montres

Cette année, les grandes manufactures devraient pratiquer l’un de leurs exercices préférés : célébrer l’anniversaire d’un modèle légendaire.

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les anniversaires, mais ce modèle n’a au fond pas pris une ride en sept décennies de réincarnations fidèles à son style originel.

De l’Everest au Mans La maison suisse avait également dévoilé en 1953 l’iconique Explorer, suite à l’ascension de l’Everest par sir Edmund Hillary et Tensing Norgay qui étaient quant à eux équipés d’une Oyster Perpetual. Cette dernière se déclinera d’ailleurs dix ans plus tard en une Cosmograph Daytona devenue iconique, l’une des montres de référence des amateurs d’automobiles. À tout juste 60 ans, donc, elle n’est pas certainement près de prendre sa retraite, avec

De gauche à droite : Rolex Oyster Perpetual Explorer ; Blancpain Fifty Fathoms 70th Anniversary Act 1 ; Audemars Piguet Royal Oak Offshore Music Edition ; TAG Heuer Carrera Chronographe ; Swatch New Gent Recipe for Love. rolex, blancpain, audemars piguet, TAG heuer, swatch

son calibre 4130 maison doté de 72 heures de réserve de marche. On la retrouvera d’ailleurs au poignet du prochain gagnant des 24 heures du Mans, dont c’est la 100e édition cette année. Du reste, 1963 est un grand millésime pour les passionnés de vitesse : Jack Heuer dévoilait la Carrera, dont le nom s’inspire de la célèbre course sudaméricaine, la Carrera Panamericana. TAG Heuer devrait multiplier célébrations et éditions spéciales afin de marquer les 70 ans de son lancement. Quarante ans, c’est deux fois le plus bel âge, et pile celui de la première Swatch. En 1983, l’entreprise suisse du même nom eut l’idée de génie de lancer une montre à quartz fantaisie en

plastique et Swiss made. Son succès planétaire contribuera à sauver l’industrie horlogère suisse face à la déferlante du « made in Japan ». Aujourd’hui encore, la marque reste toujours aussi créative et disruptive, comme l’a prouvé l’an passé le lancement surprise de la MoonSwatch, fusion en biocéramique entre une Swatch et une Omega Speedmaster. Last but not least, les trente ans d’une « re-création » : la Royal Oak dessinée en 1972 par Gerald Genta et remise au goût du jour en 1993 par un autre excellent designer horloger, Emmanuel Gueit, dans un format plus imposant et contemporain du modèle culte de la manufacture du Brassus. ■

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l est du domaine des montres comme de celui des grands crus : certaines années sont bien meilleures que d’autres. Chez les horlogers, aussi, des millésimes méritent d’être conservés. Justement, en écho à un riche passé, 2023 sonne l’anniversaire de modèles encore et toujours dans l’air du temps ! Il faut dire que 1953 fut une année historique en matière de garde-temps. À l’époque, l’horlogerie touchait le fond… au sens propre, alors que la plongée en scaphandre autonome vivait son âge d’or. Le grand public ­ connaît ainsi le commandant Cousteau. Mais côté militaire, ce sont les premiers plongeurs de combat français, Bob ­Maloubier et Claude Riffaud, qui sont à l’origine du cahier des charges de la Fifty Fathoms de Blancpain. La première montre de plongée de l’ère moderne mariait ainsi trois innovations brevetées : lunette tournante à mécanisme de blocage, double fond de boîtier et système de couronne à double joint. Lisible et d’une étanchéité à toute épreuve, elle va vite conquérir les poignets des plongeurs des forces d’élite. Son 70e anniversaire devrait être l’occasion de différents lancements, à commencer par une édition Acte I de 42 mm de diamètre produite en trois séries de 70 exemplaires (18 650 €). La même année, quelques mois plus tard, un autre mythe de l’horlogerie faisait son apparition : la Submariner de Rolex. Il n’est pas dans les habitudes de la marque à la couronne de marquer

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Culture

Yannick Lintz : « J’ai fait de la diplomatie mon fer de lance » Après les arts de l’Islam au Louvre, Cette historienne rompue à la pédagogie comme aux échanges internationaux a pris les commandes du Musée Guimet à paris.

160 000 personnes. Enclenchée le 20 novembre 2021, elle se terminera le 27 mars prochain, mais les profs et les élus en redemandent. Au départ, il s’agissait d’une commande du premier ministre au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty. En octobre 2020, par son discours prononcé aux Mureaux, le président de la République a en effet voulu qu’au-delà de la vision sécuritaire et de la lutte contre les séparatismes on développe une action éducative et culturelle spécifique. Des conseillers m’ont consultée, cherchant une idée concrète. Il se trouve qu’une telle demande m’avait été adressée au lendemain des attentats de 2015. J’étais alors restée dans l’expectative. Comment marquer les esprits, et pas seulement au Louvre ni même en Île-de-France ? Et comment être partout en même temps sur le même sujet ? Cette fois, en 2021, j’avais mon idée. Et elle avait mûri.

PROPOS RECUEILLIS PAR

Éric Biétry-Rivierre [email protected]

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epuis le 1er novembre ­ernier, cette docteur en d histoire (Iran ancien) et conservatrice du patrimoine succède à Sophie Makariou à la tête du Musée national des arts asiatiques-Guimet, ­ cette dernière prenant la d ­ ­irection scientifique de l’Agence ­ française pour le dévelop­ pement du site archéologique d’al-Ula, en Arabie ­saoudite. Née en 1964, Yannick Lintz a débuté sa carrière comme enseignante de l­ettres classiques. Puis elle a rejoint le monde des musées en commençant par celui d’art et d’histoire de Genève et c ­elui d’Agen. Conseillère de Jack Lang pour les musées et le patrimoine de 2000 à 2004 lorsque celui-ci était ministre de l’Éducation nationale, elle a rejoint le Louvre comme chef du service des ­dépôts antiques. En 2013, elle prenait les rênes du département des arts de l’Islam de cette institution tout en étant ­commissaire de nombreuses expositions. En 2021, elle a également porté avec ­succès l’opération « Arts de l’Islam. Un passé pour un présent » (18 expo­sitions d’art islamique simultanées en France). Rencontre avec une péda­gogue décentralisatrice doublée d’une diplomate. LE FIGARO. - Quel bilan tirez-vous de votre action à la tête du département des arts de I’Islam au Louvre ? Yannick LINTZ. - Il fallait, après dix ans de chantier et l’ouverture menés par ­Sophie Makariou, en démontrer l’utilité. La décision de créer dans la cour ­Visconti cette structure de verre et de métal, œuvre des architectes Rudy ­Ricciotti et Mario Bellini pour plus de 3 000 œuvres, était politique. C’était celle de Jacques Chirac en 2003. Alors, il n’y avait pas eu tous les attentats ­islamistes sur notre sol, mais les talibans avaient déjà fait sauter les bouddhas de Bâmiyân. Dix ans plus tard, lors de l’ouverture, ce contexte d’islam ­radicalisé était confirmé sur notre sol, conséquence de la guerre en Syrie et bientôt de l’instauration d’un califat par Daech. Dans cette phase où les tensions étaient exacerbées, l’outil s’est avéré ­indispensable pour affermir le dialogue culturel, infléchir la vision réductrice mais de plus en plus prégnante d’un choc des civilisations. Nous avons donc développé des partenariats scienti­ fiques, voire des accords diplomatiques,



Il y a nombre de trésors d’art asiatiques inexploités en région

et dans le territoire, monté des ­expositions pédagogiques bien au-delà du périphérique parisien. Par exemple ? Nous avons pu montrer qu’à côté de nos collections exceptionnelles il était possible d’organiser de très belles ­ célébrations du patrimoine islamique, ­ également avec des prêts venant du monde arabe. Par avion-cargo affrété par l’armée marocaine, nous avons ­notamment fait venir de Fès des chaires anciennes jamais sorties de leur ­mosquée. Pour les populations fran­çaises d’origine maghrébine, mais aussi à Rabat, où l’exposition s’est trans­portée, ces pièces patrimoniales ont été un motif de fierté, alors même que sur place elles n’étaient pas représentées dans les collections permanentes. En 2018, nous avons aussi monté l’opé­ration « Le Louvre à Téhéran ». L’Iran est mon pays de cœur, dans le sens ou j’ai fait ma thèse sur l’histoire perse achéménide. J’avais pu dès 2015, un mois avant la signature des accords ­nucléaires, engager ce premier mouvement d’ouverture à l’Occident. À T ­ éhéran, les trésors du Louvre ­ énéré une queue de 700 m de long. ont g Pour le public iranien. C’était une fenêtre ouverte sur un rêve : ce Louvre qui leur demeure largement inaccessible.

« Aujourd’hui, je souhaite être présente le plus souvent possible en Orient, pas seulement pour entretenir et enrichir nos relations avec les mécènes, mais pour voir comment l’Asie nous regarde », souligne Yannick Lintz. Thibaut Chapotot/musée national des arts asiatiques-Guimet

dent président, Islam Karimov. En parcourant les musées de ce pays, j’ai pensé qu’il y avait là de quoi monter une fabuleuse exposition. C’est celle visible actuellement au Louvre, avec des œuvres que personne ici ne connaissait. Le département continue ainsi de rappeler que les circulations culturelles et marchandes en Eurasie, comme la coexistence des religions, sont, sur le long terme, une réalité de l’histoire. Ce travail de diplomatie, l’exercerez-vous au Musée Guimet ? Bien sûr. Cette institution, le plus grand musée d’art asiatique en Occident avec 60 000 œuvres et 500 000 supports photographiques, participe pleinement du soft power français. Elle permet également, comme pour le département des arts de l’Islam, de décentrer le regard. La Méditerranée, bien que « mater nostra », n’est pas le centre du monde. On mesure bien actuellement, au Louvre comme à l’Institut du monde arabe, que cette Asie centrale, par exemple, constitue un formidable creuset comme un objet de tensions. Cela entre la Chine, la Russie et encore l’Inde, l’Iran, l’Europe ou l’Amérique. Il faut qu’on comprenne bien cette histoire plurimillénaire dite des routes de la soie et qui est un grand axe civilisationnel. Elle est très actuelle.

Et maintenant, avec les pays d’Asie centrale ? Avec l’archéologue qui fouille pour le Louvre à Boukhara depuis 2019, j’ai pu améliorer les liens avec l’Ouzbékistan. Ceux-ci remontent à 2014 et au précé-

L’opération « Arts de l’Islam. Un passé pour un présent » porte-t-elle ses fruits ? Cette opération originale, non itinérante mais groupée - 18 expositions dans 18 villes françaises -, a déjà touché



Dans ce sens, comment allez-vous porter le Musée Guimet hors de ses murs parisiens ? Il y a nombre de trésors d’art asiatiques inexploités en région. Je le sais car un inventaire est mené depuis plus de trente ans dans ce domaine au sein de toutes les collections publiques. J’ai d’ailleurs créé pour les professionnels des musées le Réseau d’art islamique en France (Raif). Nous pouvons dès lors partout imaginer des confrontations avec nos objets, raconter des vies de collectionneurs et d’autres récits éclairants autour les relations entre la France et l’Asie. J’espère construire cela avec les nouvelles équipes que je dirige (166 équivalents temps plein, NDLR). Communes et agglomérations sont en attente de telles collaborations avec les grands musées nationaux. Cela dit, sur place même, j’entends poursuivre l’effort d’attractivité. Le Musée Guimet, c’est 170 000 visiteurs en 2022. Il y en avait 400 000 à l’époque de la réouverture il y a vingt ans. Sans, pour l’instant, le public chinois, quelle sera votre action au niveau international ? J’adore la diplomatie. J’en ai fait mon fer de lance déjà très jeune, puisque je suis née en Alsace, face à l’Allemagne. J’ai ainsi commencé par regarder l’autre de derrière la frontière. Par la suite, lors de ma spécialité en histoire grecque, j’avais envie de découvrir l’ennemi perse. Je me disais qu’un jour je ne me contenterais pas du regard des Grecs. Et qu’il fallait absolument se rendre sur place. Aujourd’hui, je souhaite être présente le plus souvent possible en Orient, pas seulement pour entretenir et enrichir nos relations avec les mécènes, mais pour voir comment l’Asie nous regarde. ■ « Hiroshige et l’éventail. Voyage dans le Japon du XIXe siècle », du 15 février au 29 mai, et « Médecines d’Asie », du 17 mai au 21 août. www.guimet.fr

Grand Palais : Chris Dercon contraint de retarder son départ

La Haute Autorité pour la transparence de la vie publique souhaite qu’il reste en fonction six mois de plus. Il rejoindra la fondation Cartier le 1er juin. dont le rigorisme est connu au-delà du seul cas du Grand Palais. Mais la décision va déstabiliser la vie interne de la RMNGP et de ses salariés - sans compter celle de Chris Dercon. Ce dernier avait déjà mis un pied dans ses nouvelles fonctions, où il est désormais attendu le 1er juin. En suivant le raisonnement de la Haute Autorité, il n’aura alors pas le droit de travailler avec la RMN, ou avec le Grand Palais. En attendant, le président se trouvera dans une sorte d’entre-deux, peu propice au management. Une « chance », si l’on peut dire : le ministère de la Culture ne lui ayant pas encore trouvé de successeur, cela évitera d’avoir deux poissons dans le même bocal, même pour six mois.

Claire Bommelaer [email protected]

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e ne sont que six petits mois, mais ils sont pleins de sens. Alors que Chris Dercon, président de la RMN-Grand Palais, avait annoncé fièrement qu’il quittait ses fonctions pour rejoindre la Fondation Cartier pour l’art contem­ porain, en tant que directeur général, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique vient de lui mettre des ­bâtons dans les roues. Prenant appui sur un contrat de location d’espaces signé entre le groupe Richemont (maison mère de Cartier) et la RMN en 2019, et courant jusqu’en mai 2023, elle vient de prier Chris Dercon de demeurer au moins ­jusqu’au 18 mai en fonction. Son avis pour ce « transfert » est donc positif mais avec des réserves de précaution. L’historien d’art et commissaire d’expositions belge ne s’attendait évidemment pas à ce rebondissement, même si la Haute Autorité doit obligatoirement être saisie pour tout mouvement du secteur public vers le secteur privé. C’est

Onde de choc dans les milieux culturels d’ailleurs le ministère de la Culture qui s’est chargé de ce qui ne devait être qu’une formalité. On n’épiloguera pas sur le position­nement de cette autorité indépendante,

En octobre 2022, Chris Dercon avait surpris tout le monde en démissionnant de ses fonctions à la RMN-Grand Palais, alors que son mandat courait jusqu’au 1er janvier 2024. LUDOVIC MARIN/AFP

Nommé en septembre 2019 par Emmanuel Macron, Chris Dercon devait à l’origine rester jusqu’en 2024 - il s’y était d’ailleurs engagé lors de son entrée en fonction - et superviser les lourds travaux en cours sur le site des Champs-Élysées. En octobre 2022, il a toutefois brusquement annoncé

son départ, prenant de court la ministre de la Culture. « Mon mandat aurait pris fin le 1er janvier 2024, soit quelques mois avant la réouverture du Grand Palais, avait-il ­expliqué. Il m’a semblé préférable qu’un nouveau président soit désigné dès à ­présent pour assurer l’ouverture du nouveau Grand Palais et l’accompagner dans les années suivantes. » L’annonce avait créé une onde de choc dans les milieux culturels, peu habitués aux coups de tête et aux démissions anticipées. À sa ­manière, la Haute Autorité vient de lui rappeler que l’administration française a un autre tempo que celui des frondeurs. Depuis Chris Dercon observe un silence ­prudent. Cet épisode tombe mal pour le Grand Palais. D’immenses travaux ont été ­engagés (466 millions d’euros) dans le bâtiment 1900, et sont toujours en cours. Ils doivent être achevés en 2024, le site devant servir pour les JO. Si les grandes lignes du projet sont désormais actées, après avoir été profondément modifiées par Chris Dercon, la hausse du coût de l’énergie et l’inflation feraient flamber ses coûts. ■

le figaro

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Culture

L’héritage d’André Dubreuil, l’alchimiste des arts décoratifs

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à 7 000 euros, édition de 60) ou encore sa lampe en acier patiné et oxydé incluant corail fossilisé, jade et émail vert (10 000 à 15 000 euros, la pièce unique). Tous ses ­objets et tous ses meubles mélangent l’insolite, jusqu’aux panneaux en laque de Coromandel comme l’encoignure japonisante en acier travaillé à l’acide (4 000 à 6 000 euros, modèle unique). Le rêve, l’invention, le mystère l’emportent sur la fonction pour créer d’étonnants mariages de matières, confron­ tations de motifs insolites, complexes secrets de fabrication, telle cette sculpture en acier, métal émaillé, cristal de roche,

La vente de sa succession, les 9 et 10 février, à Drouot, marque la consécration de ce créateur atypique porté par la galeriste Gladys Mougin depuis les années 1990.



Que reste-t-il de ce poète et alchimiste de l’acier, du cuivre et de l’émail, impossible à classer dans un courant, tant son œuvre est en marge des modes ? Dans toutes les encyclopédies du design, sa Spine n avril 2022 disparaissait André Chair, qui a fait la couverture de la monoDubreuil, créateur singulier que graphie de référence, publiée en 2006 par Gladys Mougin a lancé au début Jean-Louis Gaillemin, ne sera pas dans la des années 1990, en ouvrant sa vente, car Dubreuil n’avait pas gardé cette galerie du 30, rue de Lille, à pièce (50 éditions) tellement iconique ­Paris. « Tu ne veux pas t’occuper de moi ? », qu’elle fut abondamment copiée. Mais il y lui avait-il lancé, trois ans plus tôt, alors a une centaine d’autres créations ni numéqu’il exposait chez Neotu, sous le thème rotées ni signées (« La signature est ce qu’il « English excentric », aux côtés de ses y a de plus facile à r­ efaire, donc je ne signe amis anglais de jeunesse, Jasper Morrison pas ! », disait-il), toutes aussi représentatiet Tom Dixon. Une nouvelle page s’ouvrait ves de son ­travail d’orfèvre audacieux et alors pour les arts décoratifs. d’esthète raffiné entré dans les intérieurs Moins d’un an après son décès, il fallait des O ­ rnano, de Karl Lagerfeld, de Bernard donc s’attendre à la dispersion de sa sucArnault, de Jeff Bezos, de Lorenz Bäumer cession, à savoir le contenu de sa grange ou de la princesse Eugénie Radziwill. Sans restaurée à Mareuil-sur-Belle (Dordooublier celui du designer américain Peter gne), dans laquelle il a vécu et travaillé Marino, qui a acheté sa toute dernière jusqu’à sa mort. La maison est aussi à vencréation, un grand cabinet en cuivre et dre, mais pas l’atelier, où ses assistants, métal à incrustation d’agates (2022) et plaformés à son savoir-faire, continueront de ce ses pièces chez les collectionneurs. produire des œuvres dans son esprit, en D’abord antiquaire et peintre déco­ lien avec Gladys Mougin, gérante de sa rateur, Dubreuil, collectionneur hétéro­société, AD-Decorative Arts. clite, a échappé à la norme. « Il détestait les C’est Alexandre Millon qui tiendra le gens bling-bling, c’était un sauvage, pas marteau, à Drouot, pour ses deux neveux facile, aimant les gens cultivés. Il était cuet héritiers - choisis par Dubreuil pour rieux, érudit, avait chez lui des livres que lui être les moins fortunés de la famille ! - l­e seul lisait. Ce canard noir, issu d’une f­ amille 9 février, à 18 heures (100 créations de dans le milieu médical, a appris tout seul, l’artiste) et le 10 février, à 11 heures sauf pour l’émail, et s’est fait sur le tas, ra(350 pièces d’Asie, arts premiers, conte Gladys Mougin. Il suivait son inspi­meubles, objets et tableaux issus de ses ration, n’essayait pas d’être à la mode, ne se collections). L’estimation volontai­ forçait jamais à créer. Les clients ne sarement basse, puisqu’il s’agit d’une sucvaient jamais ce qu’ils allaient recevoir. Il cession, est de 300 000 à 500 000 euros.

Il faut entrer dans son univers pour comprendre comment il s’est confronté aux formes de la tradition pour leur insuffler une nouvelle vie. Il n’a jamais fait deux fois la même pièce

Béatrice de Rochebouët [email protected]

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Jean-Louis Gaillemin, son biographe

n’aimait pas dessiner, faisait ses pièces à l’œil, un œil hors norme. Cela aurait pu faire quelque chose de très laid. Eh bien, non. Jamais il ne se trompait. C’était là sa magie. » Pour preuve : sa paire de chaises Paris en acier plié, soudé et oxydé au chalumeau (24 exemplaires), créée pour sa pre­mière exposition à Paris, en 1988 (6 000 à 8 000 euros), son photophore en acier patiné noir et doré aux perles de verre (5 000

L’intérieur de la maison d’André Dubreuil, à Mareuil-sur-Belle, en Dordogne. Alizée de Vanssay/ Studio Vanssay

pierres et cuivre gravé d’où jaillissent des feuilles vertes, un serpent et une chouette (10 000 à 15 000 euros, la pièce unique). « Il y a un côté composite, entre son apprentissage de la technique et sa connaissance de l’histoire des styles, avec une i­nventivité permanente. Il faut entrer dans son univers pour comprendre comment il s’est confronté aux formes de la tradition pour leur insuffler une nouvelle vie. Il n’a jamais fait deux fois la même pièce », observe son biographe, Jean-Louis Gaillemin. André Dubreuil a animé la nouvelle ­scène anglaise des années 1980, aux côtés de Mark Brazier-Jones, Tom Dixon et Ron Arad, qui formaient les Creative Salvage. Leur première exposition de meublessculptures soudés dans le coin d’une cui­sine fut un succès. Dubreuil marqua un nouveau chapitre du design, avant de ­revenir en France en 1992, pour s’ins­taller définitivement dans le domaine du Périgord de ses parents (le château a été vendu). Les débuts y furent difficiles. ­ ­ e vendait rien. Aujourd’hui, il a une Il n cote ­ solide, pouvant grimper jusqu’à 200 000 dollars, comme la paire de commodes vendue en 2021, chez Christie’s, à New York (collection Sydell Miller). ■

SANS FILTRE LA NUIT DU 12

de Dominik Moll

Palme d’or Festival de Cannes de Ruben Östlund

DU 11 AU 17 JANVIERL’INNOCENT 2023 de Louis Garrel

REVOIR PARIS

de Alice Winocour

QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON DIEU ?

TOP GUN : MAVERICK

de Philippe de Chauveron

de Joseph Kosinski

DECISION TO LEAVE

4€

de Park Chan-Wook

ELVIS LA PLACE POUR TOUS

BELFAST

de Kenneth Branagh

EN CORPS

de Dominik Moll

de Cédric Klapisch

REVOIR PARIS

LES ENFANTS DES AUTRES

de Alice Winocour

de Rebecca Zlotowski

TOP GUN : MAVERICK de Joseph Kosinski

NOVEMBRE

de Cédric Jimenez

DECISION TO LEAVE

de Park Chan-Wook

BELFAST

de Kenneth Branagh

EN CORPS

de Cédric Klapisch

SIMONE - LE VOYAGE DU SIÈCLE de Olivier Dahan

LA CONSPIRATION DU CAIRE

de Tarik Saleh

LES ENFANTS DES AUTRES

de Rebecca Zlotowski

NOVEMBRE

de Cédric Jimenez

Infos et résa sur ugc.fr et l’appli UGC Direct

SIMONE - LE VOYAGE DU SIÈCLE de Olivier Dahan

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de Tarik Saleh

LES MINIONS 2 : IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de Kyle Balda

SANS FILTRE

Palme d’or Festival de Cannes

de Ruben Östlund

L’INNOCENT de Louis Garrel

QU’EST-CE QU’ON A TOUS FAIT AU BON DIEU ? de Philippe de Chauveron

ELVIS

GOLIATH

de Frédéric Tellier

CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE de Emmanuel Mouret

MAISON DE RETRAITE de Thomas Gilou

AS BESTAS

de Rodrigo Sorogoyen

de Baz Luhrmann

LES MINIONS 2 : IL ÉTAIT UNE FOIS GRU de Kyle Balda

GOLIATH de Frédéric Tellier

CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE de Emmanuel Mouret

MAISON DE RETRAITE de Thomas Gilou

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UGC CINÉ CITÉ - RCS de Nanterre 347.806.002 - 24 avenue Charles de Gaulle, 92200 Neuilly-sur-Seine - Capital social 12.325.016€

LA NUIT DU 12

de Baz Luhrmann

AS BESTAS

de Rodrigo Sorogoyen

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Télévision

Les Vikings : la vraie nature des hommes du Nord guerriers, marins, paysans ou commerçants ? À partir des fouilles d’un navire funéraire du VIIIe siècle, le documentaire d’Alexis de Favitski entend dévoiler le « vrai visage » de ces explorateurs du Haut Moyen Âge. simon cherner [email protected]

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ubliez les pirates assoiffés de butin et les grandes expéditions maritimes. Être Viking n’assignait pas à une vie d’aventures. Pas nécessairement, du moins. Avant de voguer vers les îles britanniques ou les cataractes du Dniepr, les navires à clins devaient être bâtis au sein des fjords. Avant de croiser le fer avec le Franc ou le Bulgare, ils devaient faire forger leurs armes. Autrement dit, Danois et consorts étaient avant tout des ha­ bitants de la Scandinavie médiévale. Voilà ce qu’entend rappeler Le Vrai ­Visage des Vikings. La campagne de fouilles archéologiques d’un prodigieux bateau-tombe du VIIIe siècle sert de fil rouge aux caméras d’Alexis de Favitski pour cette plongée dans ○○○◐ le quotidien des Scandinaves d’autrefois. Il y a plus de cent ans qu’une trouvaille de cette trempe n’a été exhumée – un événement majeur dans le monde de l’archéologie. L’imposant navire funéraire découvert sur une exploitation agricole de Gjellestad, au sud d’Oslo, émerveille les listes : une pareille installation spécia­ marquait la tombe de prestige d’un chef. Quelques frustrations naissent cependant sur le chantier : la chambre funéraire de la dépouille a été pillée. Seule une perle en verre et une autre en am-

bre subsistent du précieux trésor, qui a pu accompagner le défunt dans l’audelà. Qu’importe. L’œil des chercheurs norvégiens brille quand même, tant les vestiges du navire recèlent de merveilles archéologiques délaissées par les pillards.

« Travaux de la ferme » Les clous et les rivets en disent ainsi long sur la charpente disparue du na­vire et sur l’importance du fer dans le monde viking. Plus de 6 000 de ces petits objets en métal, pesant au total 80 kg, ont été retrouvés à Gjellestad. La quille allongée de ces vaisseaux, véri­table colonne vertébrale en bois du bateau, livre également la date du début de sa construction. Les archéologues en déterminent l’époque grâce à l’étude des cernes du bois, la dendrochronologie. Dans la terre brune du chantier, quelques taches cramoisies indiquent en outre la présence d’objets en fer. La silhouette fantôme de têtes de haches de combat fournit aussi de précieux indices. Elles témoigneraient de l’activité martiale de l’occupant de cette sépulture. Gare, toutefois, aux conclusions hâtives ! Le matériel de guerre ne détermine plus aussi définitivement que par le passé l’attribution d’une tombe à un défunt plutôt qu’à une défunte. « Chez les Vikings, le statut était plus important que le genre : le fait d’être issu d’une bonne famille avait plus d’importance

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Le Vrai V ­ isage des Vikings, une plongée dans le quotidien des Scandinaves d’autrefois.

documentaire pendant que des comédiens en costume remuent la terre d’un champ pour y planter radis et carottes. Et, quand il s’agit, enfin, de partir au loin, ces expéditions, en témoignent quelques pierres runiques, ont pour seul et unique but d’acquérir des richesses. Par le pillage, donc, mais également par le commerce. Le goût de la violence et du sang travaillerait ainsi bien moins ces grands voyageurs que l’appât du gain. ■

que d’être un homme ou une femme », explique ainsi Veronica Björkman, responsable du site archéologique suédois de Birka. Là-bas, une tombe de guerrier scandinave avait été réattribuée à une guerrière après examen des ossements. La chasse aux a priori du monde scandinave est décidément un travail de longue haleine. « Avant d’être un guerrier ou un marin, le Viking est avant tout un paysan. Son quotidien est rythmé par les travaux de la ferme », indique le

ZED-Mechanix

« l’agence » : l’exception est leur règle

dans Cette troisième saison, la famille kretz élargit son horizon à la recherche de biens de plus en plus luxueux. emmanuelle litaud £@elitaud

L Dans ces nouveaux épisodes, les agents immobiliers dévoilent des biens toujours plus impressionnants convoités par des clients toujours plus exigeants. Réservoir Prod/TF/TMC

a famille Kretz est devenue ­incontournable dans le milieu de l’immobilier de luxe. La preuve : elle vient d’acquérir la vente de la maison que Johnny Hallyday possédait à Marnes-la-Coquette ! Un lieu d’exception que l’on verra peut-être dans une future saison de « L’agence : l’immobilier de luxe en famille ». Ce programme relate, ou plutôt scénarise, la vie de ce clan singulier, et TMC lance ce soir la troisième saison inédite (les deux premières sont disponibles sur Netflix). Dans ces nouveaux épisodes, les agents immobiliers dévoilent des biens toujours plus impressionnants

convoités par des clients toujours plus exigeants (certains ont un budget de 50 millions d’euros pour acquérir un piedà-terre à Paris). Citons notamment un appartement à Montmartre offrant la plus belle vue de Paris, un bien face à la tour Eiffel (vendu à 22 millions d’euros après une visite… en vidéo), une maison à Marseille donnant sur Notre-Dame-dela-Garde ou un palais sur la Côte d’Azur. Les agents élargissent aussi leur horizon avec des visites en Angleterre, en Suède ou au Brésil. Leur réseau de clients s’étoffant toujours plus, ils rencontrent davantage de célébrités. Après déjà avoir aidé Fabrice Luchini, Lorant Deutsch, Luana Belmon○○○¡ do ou Linda Hardy, ils

partent cette fois à la recherche d’une maison à Londres pour le champion du monde de football et gardien de but de West Ham Alphonse Areola. L’acteur François Berléand fait également appel à eux pour tenter de revendre une maison qu’il a acquise dans le Pays basque et dont les travaux ont été abandonnés.

publicitaire et ingénieur, les rejoignent dans ce projet, suivis ensuite par Louis, qui travaillait, lui, dans la restauration. Raphaël, le petit dernier, promis à des études de droit, vient d’intégrer, à son tour, l’entreprise familiale. Si travailler ensemble est un choix, ce n’est pas toujours une sinécure. « Il y a eu du drama dans cette saison, confie Valentin, le cadet. Avec le développement de l’agence, nous avons forcément des visions différentes selon les générations et les ­envies de chacun. Ça crée des tensions et ça met de l’ambiance. » Heureusement Majo, leur inégalable grand-mère (que l’on arrête désormais dans la rue pour faire des selfies) veille à l’entente fami­liale et continue, par ailleurs, de chercher l’amour ! ■

Tensions de famille Cette success story familiale a débuté il y a seulement quinze ans quand Sandrine Kretz, ancienne institutrice, et Olivier Kretz, ex-directeur commercial, décident de lancer une agence spécialisée dans l’immobilier de luxe. Leurs fils Martin et Valentin, respectivement

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VERTICALEMENT 1. Extraits d’épreuves de fonts. - 2. Supporte la panne. 8 - 3. Engage la poursuite. Base atomique. - 4. Cité sensible dans le 91 (Les). Prise dans les serres de l’Aigle. 9 Maintes fois cocue, une fois cornue. - 5. Flan à la mode de Bretagne. Cours pour les bateaux de Plaisance. 10 A poussé avec vigueur. - 6. Laissée dans l’oubli. L’agent du seigneur. - 7. Vin emblématique du Berry. Dernière 11 demeure de Diane de Poitiers. - 8. Bons chez les Romains. 12 Troisième roi de Juda.

SOLUTION DU PROBLÈME N° 6185

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HORIZONTALEMENT 1. Déclarés. - 2. Écrasant. - 3. Claviste. - 4. Lamantin. - 5. Aies. Acc. - 6. SR. Sushi. - 7. Saies. El. - 8. IGN. Ares. - 9. Fits. Os. - 10. Isatis. - 11. Etc. Fêlé. - 12. Retissée. VERTICALEMENT 1. Déclassifier. - 2. Éclairagiste. - 3. Cramé. Intact. - 4. Lavasse. St. - 5. Asin. USA. Ifs. - 6. Rastas. Roses. - 7. Entichées. Lé. - 8. Stencils. Zée.

SU DO KU GRILLE 4239 MOYEN

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HORIZONTALEMENT

1. Un amiral britannique qui est resté dans le vent grâce à son échelle. - 2. A reçu une bonne claque. - 3. Animal qui change de sexe en un rien de temps. - 4. Reste sans expression. A une place chez le clerc. - 5. Nourrice rendue folle et finalement blanchie. Mis à nu. - 6. Préparé à l’huile, en un sens. Parti à droite. - 7. Cuve à fouler. L’adieu à Londres. - 8. Ses jours sont comptés. - 9. Fait partie de l’actualité. Le bon air de l’Italie. - 10. Pièce vouée à l’échec. Réuni au radius. - 11. Patron de métallos. Terme de voisinage. - 12. Rouleau à griller.

Par Vincent Labbé 1

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En regroupant et en mélangeant les lettres des deux mots de trois lettres proposés, composez un troisième mot de six lettres.

TOC+ F I N=C NEM+B I O= AP I +ONC=

N I 08/12/2022 15:43

le figaro

télévision

météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

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Les disparus de la Forêt-Noire

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L’événement

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ÉPHÉMÉRIDE Ste-Tatiana Soleil : Lever 08h40 - Coucher 17h17 - Lune décroissante

MATIN A spy among friends

Pour une poignée de dollars

Magazine

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Série. Dramatique

23.00 Esprits criminels. L’ange bleu.

Film. Western

Prés. : Caroline Roux. Après s’être présenté pour la troisième fois à l’élection présidentielle en 2022 et obtenu 21,95% des voix qui l’ont placé à la troisième place mais en tête à gauche, Jean-Luc Mélenchon revient sur les neuf mois écoulés après le scrutin.

Ita/Esp/All. 1964. Réal. : Sergio Leone. 1h35. Avec Clint Eastwood. Un cow-boy manipule deux bandes rivales dans l’espoir de rafler un magot. Il dresse les bandits les uns contre les autres.

23.00 Sur la Ligne. Magazine. ÉtatsUnis – Mexique : Au pied du mur.

22.54 La France en vrai. Doc. 00.40 Sheila, toutes ces vies-là. Doc

21.09

20.55

On the Line

21.10

Jeux d’influence, les combattantes

Téléfilm. Suspense

Glass

Film. Thriller

Série. Dramatique

EU. 2022. Réal. : Romuald Boulanger. 1h44. Avec Mel Gibson. Inédit. À Los Angeles, un animateur radio de nuit reçoit un appel d’un auditeur mystérieux qui commence à le menacer lui et sa famille : la tension monte rapidement.

Fra. 2022. Saison 2. Avec Alix Poisson. 3 épisodes. Inédit. Claire poursuit ses investigations à la coopérative pour découvrir l’origine de l’empoisonnement. Guillaume Delpierre est lâché par le Premier ministre.

EU/Chn. 2019. Réal. : M. Night Shyamalan. 2h09. Avec James McAvoy. Inédit. À Philadelphie, un superhéros tente de mettre hors d’état de nuire un homme aux multiples personnalités et un autre atteint de la maladie des os de verre.

22.50 Murder at Yellowstone City. Film.

23.55 «E.T.», un blockbuster intime.

23.20 Incassable. Film. Thriller.

20.29 Touche pas à mon poste ! Div.

19.50 Le cross : les Marseillais vs le Reste du monde vs les Motivés.

21.19 Y’a que la vérité qui compte

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.05 La proposition

21.15 L’agence : l’immobilier de luxe en famille

23.06 Y’a que la vérité qui compte.

23.10 Les 100 vidéos qui ont fait rire le monde entier. Divertissement.

22.15 L’agence : l’immobilier de luxe en famille. Documentaire.Inédit.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

20.05 Wheeler Dealers France. Doc.

20.20 C’est un complot ! Doc.

21.00 Le vrai visage des Vikings

21.10 Wheeler Dealers : rêves à saisir

20.50 Le masque de fer : le secret enfin révélé

Magazine. Prés. : Pascal Bataille et Laurent Fontaine. 1h45. Inédit. Première diffusion. 20 ans après, Pascal et Laurent proposent de partager les meilleures séquences de leur émission culte ! 100% émotion !

Film. Comédie sentimentale. EU. 2009. Réal. : Anne Fletcher. 1h43. Avec Sandra Bullock. Andrew est l’assistant dévoué de Margaret Tate, cadre chez un éditeur new-yorkais.

Documentaire. Fra/Nor. 2022. Réal. : Alexis de Favitski. 1h30. En 2018, à Gjellestad, en Norvège, des archéologues font une découverte exceptionnelle : un navire funéraire viking de 20 mètres de long, vieux de 1200 ans. 22.35 C ce soir. Talk-show.

Doc.Scott aimerait posséder un VW Campervan pour emmener son fils en voyage dans leur Ecosse natale. Avec la flambée des prix des camping-cars, Mike et Elvist vont devoir faire preuve de créativité pour satisfaire ce client. 23.50 Programme de la nuit

Doc. Fra. 2023. Sandrine et Olivier, les parents, Martin, Valentin, Louis, Raphaël, les quatre fils, et Majo, l’irrésistible grand-mère, la famille spécialisée dans l’immobilier de luxe est de retour.

Doc. Fra. 2020. Des archives récemment mises au jour et des travaux d’historiens révèlent un secret d’État, orchestré par l’un des plus grands rois de France. 21.40 Vatican : mégastructures au cœur de Rome. Documentaire.

La série d’espionnage d’OCS met en scène un alléchant duo d’acteurs. Damian Lewis y joue le rôle d’un agent du MI6, les services secrets britanniques, qui découvre que son collègue Kim Philby, joué par Guy Pearce, est en fait un agent double au service du KGB. Dans « Homeland » on se souvient que l’agent double, c’était Damian Lewis. Mais il s’agissait alors d’une pure fiction. « A Spy Among Friends », en revanche, est inspiré du best-seller de Ben Macintyre consacré au vrai Kim Philby. Car cet homme a réellement existé. Comment en est-il venu à travailler pour l’URSS de Staline pendant la guerre froide ? La série nous le dévoile au fil d’épisodes qui explorent de plus en plus profondément la personnalité de cet homme complexe.

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Aujourd’hui, jeudi 12 janvier sur lefigaro.fr ➜ 17 heures : « Le BuzzTV » (avec TV Magazine) – Invité : Magloire, présentateur de la série documentaire « Rassemblance » sur TV5Monde. Interviewé par Nicolas Vollaire et Sarah Lecoeuvre. ➜ 18 heures : « Points de vue ». Présentation : Damien Canivez. Avec Victor Boury, directeur général de Backbone Consulting, sur ce que pense les Français de la réforme des retraites ; Gwarlann de Kerviler, docteur en marketing et professeur à l’IESEG ; et Alice Develey, journaliste au Figaro littéraire sur le premier tome d’Harry Potter qui paraissait il y a vingt-cinq ans. ➜20 heures : « Le Club Le Figaro Esprits Libres ». Présentation : Alexandre Devecchio. Sur le thème : l’islam peut-il rimer avec tolérance ? Avec Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo, auteur de Traité sur l’intolérance aux Éditions Grasset ; et Rémi Brague, philosophe, membre de l’Institut de France.

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11 Fra. 2021. Saison 1. Avec Hélène de Fougerolles. 2 épisodes. Inédit. Une opération de grande envergure se met en place et Camille accepte d’y jouer un rôle central. L’identification des victimes du charnier suit son cours.

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MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3417 BOUCHÉE ORNEMENTS DE KIOSQUE

ESPÈCE DE FLÛTE FIGURE DE STYLE

CONTRÔLA UN TEXTE AMOUR ANIMAL

COLONIE EMBOUCHURE FLUVIALE

FANTAISIE

QUI EST TOUT AU BOUT

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AUROCHS

LA NUIT, TOUS LES CHATS LE SONT AGRANDIR LA ROBE HALTE EN GARE

FAILLES EXPOSANT CLAIREMENT DONNER UN TITRE BELLE DE TRISTAN

DÉCOLLAGE IMMÉDIAT KILOEURO

IL EST EN CHEVILLE VIEUX VÉLO FÉTICHE INDIEN LUTH D’IRAN

C’EST AUSSI UNE CONDITION MENOTTE RÉSIDU ÇA FILTRE SOLIDE DE SOUS LA PÉTROLE PORTE

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DIMINUÉ

CARILLON GLACIAL

DEMANDER INSTAMMENT

DEVANT LE GARÇON QUE L’ON MONTRE DEUX CENTS EN CHIFFRES ROMAINS

MISE AILLEURS DIFFICILE À MATER PRÉCISION HORAIRE

OPÉRA DE PUCCINI NORMALE SUP

EFFRAYÉ, EFFAROUCHÉ L’IRIDIUM

USTENSILE DE BÛCHERON FAIT LE DÉPLACEMENT

SA CLÉ EST DURE À TROUVER SA PLACE EST À MONTMARTRE

Jour:

ANNEAU DE CORDAGE

PROMU AU RANG DE CÉLÉBRITÉ ONGUENT

CONÇUE, IMAGINÉE

BONDIR (S’) IL ÉTUDIE DES PRODUITS

DE LA SORTE COMPTOIR DE BISTROT

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BRÛLANTS ANTIQUES CHANTS FUNÈBRES

ENGENDRE

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REFUSER DE RECONNAÎTRE SES TORTS

CE N’EST PAS UN TRACAS EN MUSIQUE

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FRISSONS BLOCAGE AVEC UNE VIS PAYS DE HAMMAMET PESTAIT

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AÈDE RENOMMÉ HÉRITIER DÉSIGNÉ

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SACRÉ OU DAMNÉ POUR LE FARCEUR

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FAIRE LA CONQUÊTE ROULÉ DANS LA FARINE

BIEN AUDESSUS DU SOL HECTARE

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REGARDÉE DE HAUT GARNITURE DE VESTE

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Constantin II l’ex-roi des GRECS n’a occupé le trône que trois ans

En 2015, Constantin II a été autorisé à vivre de manière permanente en Grèce mais en tant que citoyen ordinaire.

Juan Carlos Hidalgo/Efe/ABACA

disparition Intronisé en 1964, le dernier souverain de grèce a été chassé du pouvoir par les colonels en 1967. Il vient de mourir à Athènes. Par Alexia Kefalas £@alexiaKefalas

C’

était le dernier souverain de Grèce. Constantin II, fils du roi Paul Ier et de Frederika de Hanovre, s’est éteint à Athènes, cent ans après la mort de son grand-père, Constantin Ier, décédé le 11 janvier 1923. La dynastie des rois a débuté en Grèce avec le monarque danois Georges Ier, héritier d’Othon en 1863 et qui régna cinquante ans sur le pays. Constantin II, l’un des quatre derniers rois déchus en vie, clôt ainsi ce cycle monarchique hellène, à l’âge de 83 ans. Sa santé déclinait ces dernières années et s’était aggravée depuis le jour de l’An, où une nouvelle attaque cérébrale lui aura été fatale. À son chevet, dans un grand hôpital privé d’Athènes, se trouvaient son épouse AnneMarie de Grèce, ses sœurs, la reine Sophie d’Espagne et Irène, ainsi que ses cinq enfants : Alexia, Paul (diadoque, prince hériter), Nicolas, Theodora et Philippe.

Né le 2 juillet 1940 dans le palais de Psychiko, en banlieue d’Athènes, sa famille fuit la capitale, juste avant l’occupation allemande d’avril 1941, et se réfugie en Crète, puis à Alexandrie en Égypte et en Afrique du Sud. Ils rentreront en Grèce en 1946. Après des études secondaires en internat, Constantin fréquente les trois académies militaires et suit les cours de la faculté de droit d’Athènes. « Son père l’initiera aussi à la politique, mais son éducation est principalement militaire et sportive », souligne Costas Stamatopoulos, historien et spécialiste de la famille royale.

Champion olympique

Adolescent, passionné de sport, il remporte même une des trois médailles d’or en voile aux Jeux olympiques de Rome, en 1960. « Constantin est passionné par la Grèce, depuis son plus jeune âge. Il accompagne ses parents qui sillonnent le pays pour chaque événement et, grâce à la voile, devient un spécialiste des îles. L’un de ses souhaits était non seulement de vivre et de mourir en

Grèce, mais aussi que ses enfants s’attachent au pays autant que lui. Je l’ai connu en juin 1975 à Londres, il était en exil. En évoquant la Grèce, il avait les larmes aux yeux », reprend l’historien. Après le décès de son père, Paul Ier, il accède au trône en prêtant serment, le 6 mars 1964, à 24 ans seulement. Constantin II régnera jusqu’au 1er juin 1973, date à laquelle la monarchie sera renversée par la dictature des colonels. Quelques mois après son intronisation, le 18 septembre 1964, des milliers d’Hellènes, drapeaux danois et grecs à la main, célèbrent dans les rues de la capitale le premier et le dernier mariage royal de l’histoire de Grèce, celui du monarque Constantin II avec sa cousine éloignée AnneMarie du Danemark, âgée de 18 ans, sœur cadette de Margrethe II.

Dès son accession au trône, il sera en butte aux problèmes politiques tant sur la scène internationale (conflit à Chypre), que nationale, où il est mis en difficulté par le gouvernement de l’Union du centre du premier ministre Georges Papandréou. Le 21 avril 1967, la dictature des colonels prend le pouvoir. Un an plus tard, Constantin II échoue dans sa tentative de chasser les militaires et est contraint de partir pour l’Italie. « Les Constitutions de 1911 et de 1952 imposent l’immixtion du roi dans les affaires politiques. Il était donc contraint de se mêler des affaires publiques et c’est le seul monarque grec à avoir organisé un coup d’État pour renverser la dictature militaire », souligne Costas Stamatopoulos. En 1974, au retour de la démocratie dans le pays, un référendum décide, à 69,2 %, de la fin de la monarchie. La famille royale s’exile alors à Londres. « Les rois reviennent toujours en Grèce », avait lancé la reine Frederika à un colonel en 1973. Cette célèbre phrase n’aura pas été validée par l’histoire.

UN dernieR mot [email protected]

Aujourd’hui, le portrait du grandpère du roi Constantin II trône toujours au-dessus des escaliers du Palais royal, devenu le palais présidentiel, bien que la famille royale appartienne au passé depuis près de cinquante ans. Le cousin du roi Charles III d’Angleterre et parrain du prince William a mis quatorze ans avant de retourner dans son pays, brièvement, pour enterrer sa mère, la reine Frederika en 1981. Il a multiplié ses visites par la suite, mais la classe politique le poursuit. En 1994, le gouvernement socialiste lui retire sa nationalité et exproprie ce qu’il reste des biens de la famille royale. L’ex-souverain saisira la Cour européenne des droits de l’homme pour obtenir 12 millions d’euros, en 2002, sur les 500 millions réclamés. Ce n’est qu’à partir de 2015 que Constantin II, qui aura connu une vie d’exil, est autorisé à vivre de manière permanente dans son pays natal, en tant que citoyen ordinaire. ■

Par étienne de Montety

Âge (a-j’) n. m. Temps pour soi.

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a première ministre Élisabeth Borne a annoncé que l’âge de la retraite serait repoussé à 64 ans. Le mot vient du latin aetas qui désigne le temps, la durée. Cette question d’âge n’est pas simple : certains, s’ils ne font pas leur âge, ont fait leur temps. Tel aura l’âge de ses artères et tel autre celui de César Jules. Entre le bel âge et le grand âge, la différence n’est pas grande. Le gouvernement tient à ce chiffre de 64. Cet âge est sans pitié, hurlent déjà les syndicats alors que les ministres assurent que ce n’est pas la première réforme : 60, 62… 64 ans, cet âge avancé est déjà pour ainsi dire le troisième… Évidemment, on se souvient de l’âge d’or où l’on prenait sa retraite si tôt qu’on tirait bénéfice de l’âge. Aujourd’hui la situation a changé. Même les agents de la fonction publique doivent reconsidérer leur agenda. On se dirige donc vers un dialogue de sourds : le gouvernement parle d’un âge moyen. Et ses détracteurs crient au Moyen Âge. ■

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ Le Conseil national des barreaux (CNB) fait sa rentrée lors de son assemblée générale de ce vendredi avec, comme invité, Frédéric Veaux (notre photo), directeur général de la police nationale. Cette invitation s’inscrit dans la volonté du président du CNB, Jérôme Gavaudan, de marquer l’inquiétude de la profession d’avocat face à la réforme de la police judiciaire. Frédéric Veaux aura l’occasion de prendre la parole pour donner son point de vue et débattre de cette réforme avec les 80 élus représentant les 71 000 avocats de France.

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Ruée sur les passeports européens en Israël

L’arrivée au pouvoir du gouvernement israélien réputé le plus nationaliste de l’histoire du pays, dirigé par Benyamin Netanyahou, a provoqué depuis deux mois une très forte augmentation des demandes de passeports français, allemands, portugais et polonais. Nombre d’Israéliens s’inquiètent des menaces contre la démocratie et les droits des minorités que font peser les partis d’extrême droite, membres de la majorité.

LUDOVIC MARIN/AFP

La police à l’assemblée générale du Conseil national des barreaux

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