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mardi 17 janvier 2023 le figaro - N° 24 387 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr

Reportage

retraites

Au cœur de l’orchestre, Dans la fosse de l’opéra bastille Page 28

Nucléaire : le gouvernement se décide enfin à accélérer

Gina Lollobrigida, la belle Romaine

droite

Retraites : ces dissonances qui persistent PAGEs 2 et 3

Italie

Le parrain des parrains arrêté après trente ans de cavale PAGE 6

Liban

Des juges européens à Beyrouth pour enquêter sur l’affaire Riad Salamé PAGE 7

Le Sénat examine à compter de ce mardi le texte qui doit éviter aux futurs chantiers d’être ralentis par des procédures administratives ou des contentieux.

environnement Notre-Dame-desLandes : cinq ans après, la nouvelle vie des anciens « zadistes »

Après les énergies renouvelables, le nucléaire. Le gouvernement présente ce mardi au ­Sénat son projet de loi d’accélération du nucléaire, dont l’objectif consiste à déblayer le terrain des procédures pour que le rythme industriel du futur programme de construction de centrales ne soit pas ralenti.

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champs libres

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Brejnev, Andropov : des malades à la tête de l’URSS L’alimen­tation biologique peut-elle rebondir en France ? La tribune d’Alexandre Stobinsky La chronique de Renaud Girard L’analyse de Nicolas Barotte n

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Everett Collection / Bridgeman Images

audiovisuel

Xavier Niel part à l’assaut d’une fréquence télé

Jean-Louis Bourlanges : « réforme timide, indignation excessive » Page 16

L’opposition a l’intention de saisir cette occasion pour dénoncer les louvoiements d’Emmanuel Macron sur ce sujet. Le texte devrait cependant être adopté sans recourir à l’article 49.3. Ce projet de loi est une première étape avant la finalisation, l’été prochain, de la nouvelle programmation pluri­-

annuelle de l’énergie (PPE). Pour assurer sa souveraineté, la France doit accroître sa capacité de production d’énergie nucléaire. Lors d’un discours en février 2022, le chef de l’État a fixé l’objectif de construire six nouveaux réacteurs EPR 2 et de lancer l’étude de huit autres d’ici à 2050.

è agnès Pannier-Runacher : « Nous ne pouvons pas perdre une minute pour produire plus » è EDF rattrape peu à peu son retard pour redémarrer ses centrales pages 20, 21 et l’éditorial

Les Européens sous pression pour livrer des chars lourds à l’Ukraine Longtemps considérée comme la plus belle femme du monde, l’actrice italienne de Fanfan la Tulipe et de Notre-Dame de Paris s’est éteinte à 95 ans. La rivale de Sophia Loren avait arrêté sa carrière dans les années 1970 pour se consacrer à la photo. Puis avait brigué un siège au Parlement européen en 1999 et en 2022. PAGE 29

Londres a promis à Kiev des Challenger, la Pologne et la Finlande envisagent de céder une partie de leurs Leopard de fabrication allemande, on attend la décision de Paris sur les

Leclerc et de Berlin sur ses propres Leopard : après les blindés légers, les Européens franchissent un à un le tabou des chars de combat, bravant les menaces de la Russie. PAGE 5

éditorial par Gaëtan de Capèle [email protected]

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PAGES 14 à 17

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FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de lundi : Pensez-vous, comme Anne Hidalgo, qu’il faut interdire les trottinettes en libre-service ?

NON 18 %

OUI 82 %

TOTAL DE VOTANTS : 137 718

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Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Faut-il faciliter l’installation de nouvelles centrales nucléaires en France ? Elisa Haberer ; illustration fabien clairefond ; Frederic Petry / Hans Lucas via reuters

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Rattraper le temps perdu

e n’est pas encore la révolution, mais un premier pas qui compte : depuis le sabordage de notre industrie nucléaire par François Hollande, en partie poursuivi par son successeur avant un salutaire revirement, un projet de loi parvient enfin au Parlement pour entamer sa reconstruction. Il ne s’agit, pour l’instant, que de débroussailler le terrain administratif et juridique, préalable indispensable aux grands travaux. Viendra ensuite, cet été, la nouvelle feuille de route et la relance formelle du nucléaire, avec des centrales de nouvelle génération et la reconstitution d’un parc performant. Tout ceci sera fort long, fort coûteux, mais nous n’avons pas le choix. Une fois n’est pas coutume, il se trouvera d’ailleurs probablement une nette majorité pour soutenir ce texte. Même Greta Thunberg en convient, le redémarrage du nucléaire - « énergie décarbonée de transition », dit-on désormais à Bruxelles pour n’effaroucher personne - répond d’abord à un impératif écologique absolu. Pour l’avoir ignoré, l’Allemagne intoxique tout le monde en faisant actuellement tourner à plein régime ses centrales à charbon. Dans un monde sans cesse plus électrifié, il

faut tout l’aveuglement idéologique de nos écologistes pour imaginer s’en remettre aux éoliennes et aux panneaux solaires. L’autre impératif est économique. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et son corollaire, l’explosion des prix et le risque de pénurie, nous mesurons pleinement la valeur de l’énergie. Lorsque le marché se grippe, les entreprises sombrent, le pouvoir d’achat s’effondre ; en un mot, toute l’économie flanche. L’électricité produite par nos centrales - lorsqu’elles fonctionnent convenablement, ce qui fut historiquement le cas - est abondante, pilotable et bon marché. Le nucléaire nous assure l’essentiel dans un monde toujours plus dur et imprévisible : la souveraineté et la compétitivité. Victime de son propre masochisme, la France a perdu beaucoup de temps et de forces ces dernières années. Elle doit désormais mettre les bouchées doubles pour remonter la pente. ■

Rebâtir notre nucléaire sera long et coûteux mais nous n’avons pas le choix

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mardi 17 janvier 2023 le figaro

l'événement

Qu’il y ait une nécessité de corriger le système, oui, bien sûr, mais tout de suite ? Au moment où les Français connaissent une inflation forte, une crise de l’énergie, une possible récession, la guerre en Ukraine. (…) Il n’y a pas de bon moment pour la réforme des retraites, oui, mais il y en a de mauvais. Celui-là est un mauvais moment

»

François Hollande Ancien président de la République

Retraites : ces dissonances qui persistent à droite Si la nécessité d’une réforme est majoritaire, certaines voix LR restent hostiles au projet. emmanuel galiero [email protected]

COMBIEN de voix dissonantes à droite ? Au sein des Républicains, malgré un courant majoritaire qui se félicite du poids de la droite dans la construction de la réforme des retraites, certains députés restent fortement hostiles au texte du gouvernement. Les ténors LR se félicitent d’avoir su imposer leurs « exigences » à Élisabeth Borne mais certains élus continuent d’exprimer leurs réticences. Aurélien Pradié pose trois conditions et pressent une « entourloupe » du gouvernement, comme il l’a confié au journal Le Point, samedi. Dans les Vosges, Stéphane Viry considère que cette réforme n’est pas en « adéquation » avec les Français. À Belfort comme en Alsace, d’autres députés diront probablement non. « Ce sont tous des amis de

Sébastien SORIANO/Le Figaro 2023-01-17T09:45:59+01:00

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Laurent Berger

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Secrétaire général de la CFDT

partagent ce constat sur l’assiette des cotisations mais ils estiment qu’une réforme structurelle des retraites ne peut pas se fonder sur des enjeux conjoncturels.

« Casus belli » Si Les Républicains pro-réforme, annoncés majoritaires, jugent indispensable d’afficher une position de la droite « cohérente » avec ses propositions d’hier, le parlementaire de Belfort estime au contraire que les deux derniers projets présidentiels

Le « oui, mais » du camp présidentiel à Borne Loris Boichot £@lboichot

Avec Philippe Martinez (numéro un de la CGT), on est d’accord pour que le 19 soit massif. Et ensuite, on est d’accord pour regarder comment on va faire les fois suivantes pour que le gouvernement nous écoute

Bertrand », persifle un élu du groupe lassé par les « jeux d’ego de ceux qui font tout pour exister ». Quels que soient les évolutions et les acquis de la droite (qu’il veut bien reconnaître), Ian Boucard, député LR du Territoire de Belfort, ne votera pas la réforme. En se réjouissant d’une « liberté de vote » au sein du groupe, il n’hésite pas à combattre un texte qu’il juge « parfaitement injuste » au point de le qualifier d’« arnaque du siècle ». Sa position, il veut la défendre dans le prolongement de ce qu’il disait durant sa campagne des législatives. Aujourd’hui, il estime que la droite devrait « parler à ceux qui travaillent ». « Personne ne s’adresse à eux, hormis Marine Le Pen, qui le fait sans proposer aucune solution », soutient-il, en regrettant que « rien » ne soit fait pour « faire bosser ceux qui ne cotisent jamais parce qu’ils ne travaillent jamais ». Nombre de ses collègues

SUR les tracts, les vertus de la réforme ont été parées d’un bleu enjôleur : « Justice, équilibre et progrès ». À Lille, samedi, la députée (Renaissance) Violette Spillebout a lancé dans sa circonscription la campagne de communication du camp Macron sur les retraites. « Notre boulot est de faire de la pédagogie, d’expliquer, de faire remonter aussi les questions », affirme l’élue du Nord. Charge aux parlementaires et militants macronistes de transmettre le message sur le terrain. La chef de file du groupe majoritaire, Aurore Bergé, a tenu à insister dimanche, dans « Le Grand Jury RTLLe Figaro-LCI » : la réforme est « juste et nécessaire ». Derrière cet exercice de conviction, une autre bataille se joue au Parlement. Plusieurs députés de la coalition présidentielle prévoient d’ajouter de nouvelles mesures de « justice » au projet de loi à partir du 30 janvier, date de son arrivée en commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Une manière d’exprimer un soutien critique au gouvernement, en forme de « oui, mais » au report à 64 ans en 2030 de l’âge légal de départ. Une façon, aussi, de ne pas se contenter de la revalorisation du minimum de pension à 1 200 euros bruts pour une carrière complète, érigée en mesure sociale phare du projet de loi.

« Gommer des injustices » Premier à se montrer vigilant, François Bayrou a demandé des « améliorations » et des « précisions ». Le président du Mouvement démocrate (MoDem) défend toujours une hausse des cotisations patronales, malgré le rejet de sa proposition par l’exécutif. Ses troupes ont promis de déposer plusieurs amendements. Elles souhaitent inclure une « clause de revoyure » en 2027 pour éventuellement « ajuster » la réforme, en fonction de ses résultats sur l’équilibre du système.

Pour les petites retraites et les carrières hachées, les alliés centristes d’Emmanuel Macron entendent aussi abaisser de 67 à 65 ans l’âge de départ en retraite sans décote. « Nous devons éviter la double peine pour les éclopés de la vie », estime le vice-président du groupe Démocrate, Philippe Vigier. Ce « beau symbole » sonne doux aux oreilles des membres de l’aile gauche macroniste. Comme d’autres ex-socialistes de la majorité, le député Sacha Houlié appelle à « discuter » de nouvelles dispositions sur les carrières longues et l’emploi des seniors. Il souhaite notamment passer des incitations aux « contraintes » pour pousser les entreprises à embaucher des 55-64 ans. « Face aux mesures d’économie, il faut des mesures sociales pour gommer des injustices », abonde en ce sens le député (Horizons) Paul Christophe, chargé du texte au nom des élus de son groupe. Les parlementaires philippistes surveilleront la prise en compte des périodes des bénéficiaires des travaux d’utilité collective (TUC) et des 100 000 aidants familiaux. En faveur des jeunes, l’une de leurs propositions vise à comptabiliser les petits emplois étudiants au mois, plutôt qu’au trimestre. Encore faut-il que ces amendements puissent être discutés dans les délais. L’exécutif ayant décidé de faire passer sa réforme dans un budget rectificatif de la Sécurité sociale, l’Assemblée ne dispose que de 20 jours pour l’examiner en première lecture, avant son passage au Sénat. En prévision de l’« obstruction » promise par l’opposition Insoumise, plusieurs députés comptent faire atterrir leurs propositions en amont, dans le texte initial que le gouvernement doit présenter le 23 janvier. « D’ici là, on peut déjà obtenir un certain nombre d’avancées », espère Paul Christophe. Reste une mesure définitivement enterrée : le système universel à points, prévu dans la réforme abandonnée de 2020. Sa nostalgie reste vivace dans les rangs des macronistes. Mais ils se sont résolus à en faire le deuil sous ce quinquennat. ■

de la droite ont été rejetés « deux fois » par les Français. « Il est peutêtre temps de changer de projet », plaide le député Boucard, soutiens d’Aurélien Pradié durant la campagne interne LR. Dans le Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger est également très réservé. « Le groupe me semble très partagé. Passez un coup de fil à la vingtaine d’élus mal à l’aise avec ce texte, y compris autour de Laurent Wauquiez. Ce gouvernement n’a toujours pas compris qu’il ne suffit pas de traiter avec Éric Ciotti, Bruno

Au Parlement, un calendrier restreint Wally Bordas £@wallybordas

ASS NATIONALE/AFP

NICOLAS LIPONNE/Hans Lucas via AFP

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Face aux mesures d’économie, il faut des mesures sociales pour gommer des injustices

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Paul Christophe, député Horizons

À L’ASSEMBLÉE, la réforme des retraites sera âprement débattue. Ce, dans un calendrier restreint. Alors qu’il sera présenté en Conseil des ministres dès le 23 janvier, le projet de loi sera examiné en commission à l’Assemblée nationale au début du mois de février, et débattu en séance publique dans l’Hémicycle dès le 6 février. À partir de là, comme pour tous les textes budgétaires - celui-ci étant présenté dans un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif (PLFSSR) -, les parlementaires du Palais Bourbon et du Sénat disposeront en tout de cinquante jours pour en débattre et l’amender. Dont vingt jours pour la première lecture à l’Assemblée nationale, examen en commission inclus, comme le veut l’article 47.1 de la Constitution. Un délai qui pourrait empêcher les Insoumis, qui envisagent de déposer des milliers d’amendements pour faire durer les débats et mobiliser dans les rues, d’obstruer trop longtemps les discussions. Car si, dans le délai de vingt jours accordés aux députés pour débattre du texte en première lecture, celui-ci n’est pas entièrement examiné, le projet de loi est alors directement transmis en l’état au Sénat, sans que le gouvernement n’ait besoin de passer en force en ayant recours à l’article 49.3 de la Constitution. Et sans que l’exécutif ne doive donc subir une énième motion de censure, cette fois-ci potentiellement plus dangereuse. « Si le texte n’est pas voté en première lecture, nous pourrons immédiatement pointer du doigt LFI et leur stratégie d’obstruction systématique », décrypte un poids lourd du camp présidentiel, qui veut penser que « grâce à cette disposition constitutionnelle », la réforme pourrait avancer « sans trop d’encombres » au Parlement.

Si ce scénario se vérifiait, le projet de loi partirait ensuite au Sénat, où les parlementaires de la Chambre haute, à majorité LR, votent chaque année une réforme des retraites en de nombreux points similaires à celle-ci. Il serait alors adopté sans trop de problèmes - sauf surprise de dernière minute - au vu de la position affichée par le patron des sénateurs LR, à la tête du plus gros groupe au Sénat. « Je ne vois pas comment on peut ne pas voter une réforme attendue depuis des années », a répété à plusieurs reprises Bruno Retailleau, ces derniers jours. Alors, il n’y aurait plus qu’à trouver un accord au sein d’une commission mixte paritaire (CMP). Et le consensus ne serait pas difficile à obtenir, si l’on en croit les posi-



Si le texte n’est pas voté en première lecture, nous pourrons immédiatement pointer du doigt LFI



un poids lourd du camp présidentiel

tions des uns et des autres. « Sénateurs de droite et députés de la majorité seront en supériorité numérique en CMP, ce qui permettra facilement de trouver un point d’atterrissage au vu du deal entre Les Républicains et Élisabeth Borne », analyse un député Renaissance. Ensuite, si tout se passe comme prévu, les députés n’auraient plus qu’à valider le texte issu de la CMP lors d’un vote solennel en seconde lecture à l’Assemblée nationale. Et l’exécutif devrait pouvoir trouver une majorité, après l’accord passé avec Les Républicains – et malgré les réticences d’un certain nombre de députés LR. Mais pour tous, la méfiance est de mise. « Un plan qui se déroule parfaitement, pour une réforme de cette ampleur, ça n’arrive jamais. Il y aura forcément des péripéties », anticipe cette parlementaire du camp Macron. ■

le figaro

mardi 17 janvier 2023

l'événement

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CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

Les dividendes espérés de Marine Le Pen

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Retailleau et Olivier Marleix. Quand on a passé cinq ans à bouffer du LR, il y a un moment donné où l’on récolte la monnaie de sa pièce », menace le député alsacien. Il estime que les « quarante voix » de la droite attendues par Borne ne sont pas acquises. Le parlementaire reproche au gouvernement de parler « beaucoup » de concertation en ayant tout construit « entre Noël et l’Épiphanie ». « Avec ou sans LR, ce n’est pas un moment serein pour le faire », critique-t-il, en fustigeant une absence de « hiérar-

chisation des priorités ». Il attendra de voir comment le texte sortira du débat parlementaire avant de se prononcer, même si tout indique qu’il n’a pas l’intention d’y apporter sa voix. Si d’aventure le gouvernement décidait de passer par un 49.3 pour faire adopter sa réforme, ce serait alors un « casus belli ». Raphaël Schellenberger réclamerait illico le dépôt d’une motion de censure. À la présidence du groupe, Olivier Marleix prépare la réunion de mercredi. Il veut réunir ses troupes

autour d’une lecture de l’avant-projet. « Attention aux mauvais combats ! », met en garde le député d’Eure-et-Loir. Il invite chacun à mesurer la réforme à la lumière des expertises de la droite et des études d’impact du gouvernement. « Audelà des postures et sans accorder de blanc-seing à n’importe quel prix, nous allons devoir sérier les combats, sachant que cette réforme s’impose si l’on veut sauver le système par répartition », souligne le chef de file des députés LR. ■

Olivier Marleix, chef de file des députés LR à l’Assemblée nationale, et Éric Ciotti, président des Républicains (au centre), lors d’une séance de questions au gouvernement, le 29 novembre, à l’Assemblée nationale. Julien MUGUET/ Hans Lucas pour Le Monde

Pourquoi la droite devrait finalement faire bloc derrière la position pro-réforme défendue par Éric Ciotti et les ténors LR Malgré des voix dissonantes au sein de leur groupe à l’Assemblée, les Républicains favorables à la réforme des retraites devraient être majoritaires. « Le travail d’Éric Ciotti a permis de faire converger les avis. C’est une réalité à mettre à son crédit », fait observer Antoine Vermorel-Marques, qui fut pro-Retailleau durant la bataille interne pour la présidence LR. Comme le député de la Loire, d’autres parlementaires reconnaissent l’impact des acquis LR dans la négociation avec le gouvernement. Par exemple,

l’obtention d’un arbitrage positif sur la retraite minimale à 1 200 euros accordée au-delà des nouveaux entrants, serait bien perçu, notamment auprès des retraités issus des quartiers populaires. Des retours positifs sont enregistrés dans les circonscriptions. Les députés proréforme comptent aussi sur le débat parlementaire pour inciter le pouvoir à lever l’appréhension sur la durée de cotisation à 44 années, perçue comme une injustice. « Si ce pas était franchi, une quasi-unanimité au sein du groupe serait possible », assure un élu, conscient de la nécessité d’avoir

35 à 40 députés LR favorables pour faire adopter le texte en cas de vote à l’Assemblée. Globalement, si restent des opposants résolus parmi les tenants d’une ligne plus sociale, tous les libéraux du groupe LR devraient soutenir le texte. « Pas un seul ne refusera de voter parce que nous n’avons pas défendu le report à 65 ans », assure un député de ce courant libéral. Il partage en partie l’analyse de Ian Boucard (lire ci-dessus) sur la nécessité de défendre le travail mais plutôt dans le cadre d’une loi spécifique dédiée à la brûlante question de l’emploi. E. G.

artie pour trois jours au Sénégal - elle plaide dans L’Opinion pour qu’un pays africain siège au Conseil de sécurité de l’ONU -, Marine Le Pen ne sera pas dans la rue jeudi pour manifester contre la réforme des retraites. Elle n’y aurait de toute façon pas été bienvenue, les dirigeants syndicaux ayant fait de la lutte contre le RN l’une de leurs priorités. Pourtant, bien que rejetée par ces acteurs de la contestation, il se pourrait que la double finaliste de la présidentielle soit la première bénéficiaire politique du refus de la retraite à 64 ans. Son socle est à la fois le plus nombreux et le plus cohérent contre la réforme Borne. 86 % de ses électeurs du premier tour sont hostiles à la réforme dans son ensemble. C’est autant que chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Et comme Le Pen a obtenu 23,15 % le 10 avril, contre 21,95 % pour l’Insoumis, c’est chez elle que l’on trouve d’emblée le plus d’opposants à la copie gouvernementale. Cette homogénéité de son camp résulte en partie du départ des cadres, élus ou militants qui ont rejoint Éric Zemmour et son mouvement Reconquête !. Jusqu’en 2022, deux lignes s’opposaient au sein du parti lepéniste. Il y avait le courant social et étatiste, porté en interne, jusqu’en 2017, par Florian Philippot, et le courant libéral et réformateur, incarnée par Marion Maréchal. Le premier était dominant mais non exclusif. Il s’était renforcé à mesure où le FN, puis le RN, consolidait son statut de premier parti des catégories populaires ou des relégués de la mondialisation ; ceux qui sont aujourd’hui les plus hostiles à la réforme des retraites. Marion Maréchal et des personnalités comme Nicolas Bay ayant rejoint Zemmour, le parti de Jordan Bardella peut désormais assumer pleinement un discours idéologique en pleine adéquation avec les contours sociologiques de son électorat. Certes, à l’Assemblée, la gauche se fera davantage remarquer que le RN dans la bataille contre le projet de loi défendu par Olivier Dussopt. Les troupes de Marine Le Pen entendent toujours faire

la démonstration de son esprit de responsabilité en refusant de jouer la surenchère dans l’obstruction. Son pari est que la guérilla parlementaire ne sera pas interprétée par l’opinion comme la meilleure opposition possible à la réforme des retraites. L’autre pari lepéniste est que le rejet dont la présidente du groupe fait l’objet de la part des leaders syndicaux, Philippe Martinez et Laurent Berger en tête, ne la pénalisera pas non plus dans la mesure où nombre d’adhérents de ces syndicats, notamment la CGT, votent déjà pour elle et qu’une grande majorité d’opposants à la retraite à 64 ans ne comprendront pas que ce combat-là soit bridé par des exclusives politiques. Au moment où la Nupes et chacune de ses composantes traversent des turbulences, le rêve de Marine Le Pen est que le Rassemblement national fasse figure de vote utile pour les adversaires de la réforme des retraites, toutes sensibilités confondues. Elle veut démontrer qu’absente dans la rue et moins bruyante dans l’Hémicycle, elle peut être gagnante dans les urnes. Les trois élections législatives partielles, dimanche prochain - dont une, dans la Marne où une sortante RN est en lice -, lui donneront-elles raison ? ■

Le rêve de Marine Le Pen est que le Rassemblement national fasse figure de vote utile

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PIERRE LEPELLETIER £@PierreLepel ET MARYLOU MAGAL £@marylou_magal

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DANS LA LUTTE contre la réforme des retraites se joue une autre bataille. Celle de la meilleure opposition à Emmanuel Macron. Celle qui restera dans les mémoires en cas de renoncement du gouvernement. Tous les deux hostiles au projet, la coalition de la Nupes et le Rassemblement national ont opté pour des stratégies radicalement différentes. À gauche, l’évidence était de se ranger derrière l’unité syndicale. Toutes les formations de gauche ont répondu à l’appel de manifester jeudi, et elles devraient soutenir l’ensemble des futures mobilisations. « La pression de la rue doit dicter le mouvement », martèle un député LFI. La Nupes fait le pari que les Français, majoritairement hostiles à la réforme, accepteront et même soutiendront les grèves ou autres blocages, même si cela affecte leur vie quotidienne. « Les Français sont déjà pénalisés chaque jour », affirme Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV. La coalition de la Nupes entend aussi « se déployer de manière massive », dixit l’Insoumis Éric Coquerel, pour lutter contre la ré-

forme. Des tracts pour « décrypter » le texte du gouvernement et des réunions publiques sont prévus un peu partout dans le pays ces prochaines semaines. Un grand meeting parisien de la Nupes doit servir de démonstration de force ce mardi soir au gymnase Japy, dans le 11e arrondissement de Paris. L’intergroupe de gauche promet aussi de mener la bataille à l’Assemblée. Même si le cadre de discussion retenu est

très court - 50 jours au Parlement -, les députés Insoumis veulent bloquer la discussion en menant l’obstruction parlementaire. Les 74 députés LFI ont chacun réquisitionné un de leurs assistants parlementaires pour rédiger des amendements afin de bloquer les discussions. « Ce sera sans limite », prévient un Insoumis. Côté frontiste, on martèle le même élément de langage : « Nous sommes les premiers opposants à

Les députés de La France insoumise Thomas Portes, Mathilde Hignet et Frédéric Mathieu lors d’une réunion publique contre le projet de réforme des retraites, le 11 janvier, à Rennes (Ille-et-Vilaine). Quentin Vernault/Hans Lucas via Reuters Connect

cette réforme », revendiquent Marine Le Pen comme Jordan Bardella. Devant la presse parlementaire, le 11 janvier, la chef de file des députés RN est revenue sur la façon dont le parti comptait peser dans les discussions. « Notre responsabilité, c’est de mener le combat à l’Assemblée, mais aussi le combat



Notre responsabilité, c’est de mener le combat à l’Assemblée, mais aussi le combat du débat



marine le pen, présidente du groupe RN à l’assemblée nationale

du débat », a-t-elle soutenu. Car le sujet reste prédominant chez ses électeurs. Selon un sondage Ifop réalisé ce lundi pour le JDD, 81 % des sympathisants RN sont hostiles à ce projet de réforme, et 88 % chez les sympathisants insoumis. Pas question, donc, d’abandonner sur ce terrain. Reste la manière dont le RN compte s’emparer du sujet. Car cela ne fait pas partie des traditions frontistes de défiler avec les syndicats. D’autant plus que ces derniers ont indiqué, ce lundi, que le RN n’était pas le bienvenu dans les cortèges. La semaine der-

nière, encore, un conseiller de Marine Le Pen marchait sur des œufs. « Marine Le Pen ne manifestera pas, mais il n’est pas exclu que des députés y aillent, selon s’il s’agit de manifestations syndicales ou d’un mouvement plus populaire », avançait-il, prenant pour exemple les manifestations des « gilets jaunes » auxquelles le RN n’avait pas participé et dont le parti avait pourtant bénéficié. Mais de l’avis général, on l’assure au parti : les manifestations ne font pas partie de l’ADN frontiste et le parti n’a pas appelé à participer au mouvement de grève. C’est donc au Palais Bourbon que le groupe compte faire entendre sa voix et communiquer à nouveau sur son contre-projet, avec le peu de marge de manœuvre dont disposent toutefois des élus d’opposition. Lors de sa cérémonie de vœux, Jordan Bardella s’est dédouané par avance de toute responsabilité : « Si le texte est voté ce ne sera pas de notre fait, mais de la faute des élus LR », a-t-il assuré. Et si le parti à la flamme entend s’imposer comme la « seule alternative » face à Emmanuel Macron, cette semaine ne sera pas la plus propice, puisque Marine Le Pen sera en déplacement au Sénégal, alors que se tiendra, ce jeudi, le mouvement de grève. ■

A

LFI et le RN bataillent pour le rôle de premier opposant à la réforme

mardi 17 janvier 2023 le figaro

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Politique

Faure contre le retour du « PS des éléphants » Le chef des socialistes sortant assure que son parti ne s’est jamais « renié » derrière LFI. PIERRE LEPELLETIER £@PierreLepel

PS Chaque début d’année, les « vœux à la presse » des responsables politiques se suivent et se ressemblent. Comme le veut la coutume, le chef du parti rend hommage aux journalistes emprisonnés ou tués, en profite pour appeler à la paix dans le monde et balaie les affaires courantes - cette année, la réforme des retraites. L’exercice est rôdé, jamais sans grande surprise, voire carrément ronflant selon les interlocuteurs. Au siège du PS à Ivry-sur-Seine lundi matin, la monotonie habituelle et annuelle a malgré tout été rompue au Parti socialiste tant la tension flotte dans l’air dans cet entre-deux-tours de congrès. S’il a scrupuleusement accompli l’exercice - respectant à la lettre l’ordre précité -, Olivier Faure est rapidement revenu sur le scrutin interne. N’obtenant pas la majorité (49,15 %) lors du vote sur les « textes d’orientation » jeudi dernier, le premier secrétaire sortant voit son sort suspendu au second tour du 19 janvier. Arrivé en tête, il pourrait être inquiété par Nicolas Mayer Rossignol (30,51 %), soutenu par Hélène Geoffroy, arrivée troisième (20,34 %). Les deux partagent de vives critiques, mais à des degrés différents, contre la Nupes. Le premier souhaite réaffirmer le PS au sein de l’alliance, quand la seconde veut tout simplement en sortir. Olivier Faure et les siens dénoncent une alliance de circonstance, « entre la carpe et le lapin », celui qui veut rester dans l’alliance et celle qui veut en sortir. Le premier secrétaire sortant note surtout qu’au regard des résultats du premier tour, « 80 % des socialistes ont dit qu’il ne fallait pas sortir du rassemblement de la gauche ». « Est-ce que ces 80 % qui ont voté contre le retour en arrière vont voter jeudi prochain pour le retour des éléphants ? », a-t-il voulu interpeller. Olivier Faure a pris pour exemple le soutien de François Hollande à Nicolas Mayer-Rossignol lundi matin sur France Inter. « Il me paraît être celui qui peut rassembler les socialistes, tout en étant attaché à l’union de la gauche », a déclaré l’ancien président socialiste. « Dis-moi qui sont tes soutiens, je te dirai qui tu es », a raillé Oli-

Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, lors de la cérémonie des « vœux à la presse », le 16 janvier, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). vier Faure, en froid polaire avec l’ancien chef de l’État. « Je n’ai pas d’adversaire au Parti socialiste, encore moins d’ennemis. Je m’interroge simplement sur les circonvolutions, les virages… C’est difficile de comprendre des gens qui ne sont ni pour, ni contre. À un moment, on s’y perd », a insisté le premier secrétaire, rappelant que certains soutiens de Nicolas MayerRossignol faisaient partie de la direction sortante. « Quelle direction disent-ils avoir mis en minorité, sinon la leur ? », a-t-il raillé. Olivier Faure a également voulu balayer les critiques de ses adversaires contre un « alignement » doctrinal du Parti socialiste derrière La France in-

soumise, force pivot de la Nupes. « Estce qu’il y a un seul sujet depuis six mois sur lequel nous nous sommes reniés ? Aucun. Nous avons à chaque fois voté librement à l’Assemblée », a-t-il répliqué, prenant à témoin les députés Jérôme Guedj et Arthur Delaporte assis au premier rang.

Un congrès sous tension Micro coupé, Olivier Faure poursuit la discussion avec les journalistes. Serein pour le second tour, il assure néanmoins avoir entendu « le message » des militants qui l’ont privé de majorité. « Nous avons pleinement conscience que l’accord de la Nupes a parfois été douloureux dans les fédérations. Beaucoup

n’ont pas eu de candidats investis aux législatives. Nous ne sommes pas surpris que cette douleur se soit exprimée, mais nous demandons aussi de comprendre que, sans cet accord, il n’y aurait plus de Parti socialiste », tient-il à rappeler. Le premier secrétaire sortant assure également qu’une « explosion de la Nupes » conduirait irrémédiablement à une dissolution. « Sans cet accord, cela donnerait 50 élus de gauche. Le président de la République aurait alors la majorité absolue, et aurait comme seule opposition le Rassemblement national. C’est le rêve cynique d’Emmanuel Macron », met-il en garde. En lançant : « Si les socialistes veulent redevenir le PS des éléphants, libre à eux, mais cela coûtera cher… » Le

Lionel Urman/ABACA

message envoyé aux derniers adhérents récalcitrants est clair. Reste à savoir comment ce Parti socialiste parviendra à travailler, et surtout à se rassembler à l’issue de ce congrès sous tension qui laissera des traces. « Nous avons bien eu Ségolène Royal contre Martine Aubry », tempère un député PS en référence au congrès de Reims de 2008. À l’époque, une guerre torrentielle avait éclaté tant Martine Aubry l’avait emporté sur le fil, avec 102 voix d’avance. Dans le camp d’Olivier Faure, certains redoutent le même scénario jeudi prochain alors que le premier secrétaire sortant ne dispose pas de réservoir de voix, quand Nicolas Mayer-Rossignol peut compter sur celui d’Hélène Geoffroy. ■

Mayer-Rossignol : « Le changement au Parti socialiste est possible » et tous des militants socialistes. Par le passé, il y a pu y avoir des sensibilités très différentes : entre Mitterrand et Rocard, Fabius et Jospin, Aubry et Royal… Il pouvait y avoir des désaccords, mais tout le monde était rassemblé, produisait des idées et gagnait des élections. Je veux rassembler, pas exclure. Nous travaillerons avec tous les socialistes, y compris avec celles et ceux qui, hier encore, étaient encore incapables de se parler.

NICOLAS Mayer-Rossignol est le maire de Rouen et finaliste du congrès du PS face au premier secrétaire sortant, Olivier Faure. LE FIGARO. - Olivier Faure n’a pas obtenu la majorité au premier tour du congrès du Parti socialiste (49,15 %). Est-ce une surprise ? Nicolas MAYER-ROSSIGNOL. - C’est la confirmation de ce que nous ressentons depuis longtemps au Parti socialiste. Pour la première fois, une direction sortante est minoritaire et donc n’est plus en situation de diriger le parti ni d’en garantir l’unité. Il faut désormais du renouveau et du rassemblement. Nous avons besoin de nouvelles idées, d’un nouveau collectif, d’une nouvelle énergie, d’un nouvel enthousiasme. De nombreux militants et élus nous ont rejoints et appelé à soutenir ma candidature, car nous avons absolument besoin de tout cela. Est-ce la stratégie du PS au sein de la Nupes qui a été remis en cause ? Certains ont fait l’erreur pendant cette campagne de vouloir faire croire que le débat était pour ou contre l’union de la gauche. Mais tous les socialistes sont pour l’union ! La vraie question est : quelle est la bonne ligne pour que l’union de la gauche soit gagnante ? Notre position vis-à-vis de nos partenaires est finalement très simple : al-

Nicolas Mayer-Rossignol, candidat au poste de premier secrétaire du Parti socialiste : « Je porte le renouveau et le rassemblement. » CHARLY TRIBALLEAU/AFP liés oui, alignés non. Les militants l’ont très bien compris. Ces dernières années, le PS s’est retrouvé marginalisé. Nous voulons le remettre au cœur de la gauche avec tous ses militants. Il faut retrouver le chemin et la fierté d’un parti qui travaille et s’affirme sur ses valeurs. C’est la voie centrale que nous portons. Vous avez fait 30,51 % au premier tour. Pensez-vous encore pouvoir l’emporter ?

Les informés de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 20h

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Bien sûr. Progressivement, les militants ont vu qu’il y avait un nouvel espoir, une nouvelle dynamique. Ils pensaient que tout était joué, que tout cela n’avait plus grand intérêt. Beaucoup ne sont pas encore allés voter, peut-être parce qu’ils s’interrogeaient ou qu’ils étaient résignés. Je leur dis : oui, en votant jeudi, le changement au Parti socialiste est possible. Nous en avons absolument besoin, pour la gauche et pour tous les Français qui attendent une proposition politique clairement de gauche, mais clairement crédible. Arrivée troisième (20,34 %), Hélène Geoffroy, qui défend tout simplement une sortie de la Nupes, vous soutient. Olivier Faure dénonce l’alliance « des carpes et des lapins ». Que lui répondez-vous? Je ne réponds pas aux caricatures. Le Parti socialiste s’est trop souvent abîmé ces dernières années dans ces polémiques stériles. Nous sommes toutes

Après son score au premier tour, Olivier Faure assure néanmoins avoir déjà « une majorité absolue au conseil national » du parti… Le vote de jeudi dernier est clair : il est minoritaire. Quant aux votes dans les fédérations, ils auront lieu en février et confirmeront ce rapport des forces. Le choix démocratique des militants doit être respecté. À l’aube de la mobilisation contre la réforme des retraites, quelle doit être la position du Parti socialiste ? D’abord, il faut être unis derrière les forces syndicales contre la régression injuste et brutale que veulent imposer Emmanuel Macron et son gouvernement. Cette réforme est aussi injuste parce qu’elle ne fait supporter son coût que sur le dos des travailleurs. S’opposer, c’est indispensable. Mais pour battre la droite, il ne suffit pas de battre le pavé. Le rôle d’un grand parti politique est aussi de proposer. L’enjeu, c’est le nombre d’années en bonne santé à la retraite, ainsi que le pouvoir de vivre des retraités. Adapter la durée de cotisations en fonction de la dureté des métiers, de la fragmentation des carrières ; intégrer les nouvelles pénibilités notamment dans les métiers du soin, de l’éducation, du social ; travailler sérieusement sur l’emploi des seniors, des jeunes, sur le niveau de salaire et de retraite des femmes ; sollici-

ter le capital, le patrimoine, les grandes entreprises pour contribuer au financement… Voilà des pistes pour une vraie réforme de gauche. Pensez-vous qu’Adrien Quatennens peut revenir au sein du groupe LFI à l’Assemblée ? Là encore, il faut que le Parti socialiste soit clair. Serions-nous cohérents si nous disions d’un côté « nous voulons être exemplaires contre les violences conjugales », et si, de l’autre, nous acceptions de réintégrer quelqu’un qui est condamné pour ces mêmes violences ? Ce serait honteux. Si M. Quatennens réintègre la Nupes, je prendrais mes responsabilités de premier secrétaire et demanderais au groupe des députés socialistes de voter sur notre participation ou non à la Nupes. Il faut être clair et cohérent. Olivier Faure a annoncé qu’il ne souhaitait pas participer au débat télévisé que vous avez réclamé. Quelle est votre réaction ? ll y a des partis politiques sans débat, sans vote. Ce n’est pas mon exemple. Premier secrétaire, je ne refuserai jamais le dialogue entre socialistes. Je porterai un parti qui débat, qui vit et qui vote. Pas un parti qui vivote. François Hollande a annoncé publiquement qu’il voterait pour vous. Est-ce un soutien important ? Je porte le renouveau et le rassemblement. L’un n’est pas l’ennemi de l’autre. Car j’ai appris une chose : pour grandir il faut additionner, pas soustraire. Chaque jour de nouveaux soutiens affluent, tant mieux ! Je ne leur demande pas d’où ils viennent. Mais je sais où je veux aller : vers l’avenir d’un socialisme moderne, sincère, clairement à gauche, clairement crédible. Gagnant. ■ Propos recueillis par P. L.

le figaro

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Les chars occidentaux en route vers l’Ukraine

Après Londres, Berlin et Paris doivent décider à leur tour de livrer ou non des Leopard et des Leclerc à Kiev.

guerre Le tabou est levé. Et la ruée vers l’Est a commencé pour les Occidentaux. D’abord doucement, avec l’annonce de livraison de blindés légers par la France, les ÉtatsUnis et l’Allemagne. Dans cette phase initiale, la France, pour une fois, a été la première à ­franchir le pas en proposant à Kiev des chars de fabrication occi­ dentale, alors que jusque-là, les a­lliés - orientaux - de Kiev n’avaient fourni que des tanks d’origine ­soviétique aux Ukrainiens. Sans doute parce qu’elle avait beaucoup à se faire donner, notamment la phrase par­ malheureuse du président sur les « garanties de sécurité » qu’il ­faudrait fournir au Kremlin, ou son injonction à « ne pas humilier » la Russie. « Fournir des AMX, c’était une manière de prendre une position politique, car il est vrai que l’attitude de Paris avait été questionnée par Kiev », reconnaît un haut ­diplomate. La deuxième phase, l’envoi de chars lourds, a commencé la semaine dernière et devrait ­ ­atteindre son rythme de croisière à Ramstein, en Allemagne, où les ministres de la Défense des alliés de l’Ukraine doivent se réunir vendredi 20 janvier. D’ores et déjà, la Polo­ ites prêgne et la Finlande se sont d tes à livrer une partie de leurs chars Leopard, de fabrication allemande, à l’Ukraine. Londres a aussi promis une vingtaine de Challengers. On attend la décision de Paris sur les chars Leclerc et de Berlin sur ses Leopard. Washington n’a pas prévu pour l’instant de fournir des

Des chars de combat légers AMX-10RC seront livrés par la France à l’Ukraine. EMMANUEL DUNAND/AFP

JOHANNA GERON/REUTERS

Abrams, mais les Européens ont la bénédiction des États-Unis pour ­aller de l’avant. Pourquoi cette brusque accélé­ ration - même s’il faudra du temps pour acheminer ce matériel lourd sur le front ? Il y a désormais, chez les Occidentaux, un sentiment d’urgence, pour ne pas dire de panique. « Le risque d’une nouvelle offensive russe justifie le fait qu’on livre davantage d’armes à l’Ukraine », résume une source diplomatique. Les deux camps, l’Ukraine et ses alliés d’un côté, la Russie de l’autre, sont engagés dans une course de vitesse. Sur le terrain, les fronts stagnent. Mais le Kremlin s’apprête sans doute à déclarer une mobilisation générale qui pourrait projeter 500 000 hommes sur le terrain. « Le timing est critique. Nous sommes dans une phase décisive de la guerre », prévient le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, en exhortant les membres de l’Alliance à fournir davantage d’armes lourdes à l’Ukraine, pour modifier le rapport de force sur le terrain. La semaine dernière, l’UE et l’Otan s’étaient aussi engagées à fournir à Kiev tous les moyens militaires nécessaires pour l’emporter contre la Russie. Depuis le 24 février, les supposées « lignes rouges » de Moscou ont été franchies les unes après les autres par les Occidentaux. Au tout début de la guerre, le Kremlin avait prévenu que toute aide militaire occidentale à l’Ukraine serait considérée comme une provocation. Puis le veto avait concerné les armes lourdes et enfin les systèmes de défense antiaériens. Sans réaction particulière de Moscou, hormis l’intensification des combats et les destruc-

Isabelle LASSERRE £@ilasserre

Le timing est critique. Nous sommes dans une phase décisive de la guerre

»

jens stoltenberg, secrétaire général de l’otan

tions. Aujourd’hui le Kremlin promet de « brûler » les chars occidentaux. À la télévision d’État, les propagandistes de Vladimir Poutine ont aussi suggéré des « frappes préventives » contre la France, pour la faire disparaître… Certaines capitales européennes rechignent encore à fournir les chars de combat qui pourraient permettre à l’armée ukrainienne de reconquérir du terrain. C’est le cas de Berlin et de Paris. L’Allemagne, d’abord, l’un des pays les plus prudents vis-à-vis de l’aide à l’Ukraine depuis le début de la guerre. Elle pourrait changer d’avis sur les Leopard mais ne veut pas être la première à le faire. La livraison des chars légers AMX ne visait pas seulement à prouver la réalité de l’engagement français, mais à faciliter le passage à l’acte de l’Allemagne, dont les Leopard sont les plus adaptés au terrain ukrainien. Les pressions ont aussi été exercées par Varsovie, car la livraison des chars Leopard détenus par les pays d’Europe centrale exige une autorisation de réexportation de la part de Berlin. Elle ferait son chemin, selon certaines sources, mais pas forcément encore la livraison directe de Leopard « allemands ». Même réserve côté français, où la question des chars Leclerc est considérée à l’Élysée comme un sujet

sensible. La livraison de chars de combat français constitue « une hypothèse » envisagée par Paris, selon un diplomate. Elle permettrait de faire bouger les lignes plus rapidement en Allemagne. Même limitée à quelques exemplaires, elle donnerait un signal politique important à l’Ukraine et à tous ses alliés.

« Nous ne faisons pas la guerre à la Russie »

Mais Paris, on le sent, conserve des réticences, et ce n’est pas seulement parce que les stocks de la France sont à l’os après des décennies de baisse du budget de la d ­ éfense et que l’armée ne mani­feste guère d’enthousiasme vis-à-vis de cette perspective. Ni même en raison des problèmes de maintenance, de formation et de ­circuits de production qui ne suivent pas. « Nous soutenons l’Ukraine mais nous ne faisons pas la guerre à la Russie », rappelle une source diplomatique. À l’Élysée, la logique de l’équilibre à garder entre Moscou et Kiev, « pour éviter une nouvelle escalade de la Russie », n’a pas disparu. De même l’illusion que la France peut encore jouer un rôle de médiateur entre les deux pays. En ce qui concerne les chars lourds, certains pays, une fois encore, avancent plus vite que d’autres. Berlin et Paris doivent décider d’ici vendredi s’ils suivent ou non

les initiatives du Royaume-Uni et des États d’Europe centrale et du Nord, en libérant leurs chars lourds. Entre une aide renforcée à l’Ukraine et la préservation trompeuse de bonnes relations avec la France et l’Allemagne, Olaf Scholz et Emmanuel Macron doivent choisir. Vontils réduire le retard qu’ils ont accumulé sur certains de leurs alliés début de la européens depuis le ­ guerre ? Si Emmanuel Macron veut conserver sa place de leader au sein de l’Europe, il faut qu’il rejoigne le peloton de tête des alliés de l’Ukraine. Car sa position de prudence, motivée par une peur de l’escalade, a érodé son influence et celle de la France sur le continent. Sans compter que l’aide militaire occidentale à l’Ukraine va sans doute continuer à monter en gamme dans les prochains mois. ­ Dans un tweet à destination de Berlin, le diplomate ukrainien ­ Andrij M ­ ­elnyk évoque ce que seront probablement les prochaines ­demandes de Kiev. « J’ai une proposition créative pour nos amis allemands. L’armée allemande possède 93 avions de combat Tornado déclassés qui seront bientôt remplacés par des F35. C’est un vieil avion de ­chasse, mais il est encore très puissant. Pourquoi ne pas donner ces Tornado à l’Ukraine ? » Le débat ne fait que commencer. ■

Tikhanovskaïa dénonce un « simulacre de procès » La chef de l’opposition biélorusse en exil balaie les accusations brandies à son encontre par le régime d’Alexandre Loukachenko. Svetlana Tikhanovskaïa, lors d’une visite à l’École d’économie de Stockholm (Suède), le 6 décembre 2022.

cyrille louis £@Cyrille_louis

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LE FIGARO. - De quoi êtes-vous accusée par les autorités de votre pays ? Svetlana TIKHANOVSKAÏA. - Je suis renvoyée pour une dizaine d’infractions au code pénal, notamment conspiration en vue de prendre le pouvoir, création de groupes extrémistes ou encore incitation à l’émeute. Bien évi­ demment, cette procédure orchestrée par le régime est ridicule. Contrairement à Loukachenko, nous avons mené notre combat dans le strict respect de la loi et de manière pacifique. C’est lui, pas nous, qui s’est emparé du pouvoir par la force et soumet depuis lors les Biélorusses à un régime de terreur. Bien évidemment, je ne serai pas présente à ce procès. Il s’agit juste d’une farce, d’un spectacle.

ANDERS WIKLUND/TT News Agency via AFP

BIÉLORUSSIE Svetlana Tikha­novskaïa, 40 ans, dirige l’oppo­sition biélorusse en exil après avoir défié le dictateur Alexandre Loukachenko lors de l’élection présidentielle d’août 2020. Son procès par contumace s’ouvre ce mardi à Minsk, alors que des exercices militaires conjoints impliquant l’armée russe viennent de débuter dans ce pays frontalier de l’Ukraine.

Un avocat vous représentera-t-il à l’audience ? J’ai demandé à pouvoir consulter le dossier d’accusation, ainsi qu’à être mise en contact avec l’avocat qui m’a été assigné. Pour l’heure,

je n’ai pas de réponse. Peut-être le régime est-il surpris de ma démarche… Depuis deux ans et ­ demi, je cherche à collecter l’ensemble des preuves sur les ­ violations du droit perpétrées sous les ordres de Alexandre ­Loukachenko. Or ce simulacre de procès constitue un crime et doit, à ce titre, être documenté. Je veux aussi utiliser cette occasion pour rappeler au monde le sort des milliers de prisonniers politiques biélorusses, ainsi que la terreur politique sans précédent imposée par le régime. L’opposition est-elle encore active sur le territoire biélorusse ? Bien sûr. Mais ses activités se ­déroulent pour l’essentiel à l’abri des regards à cause de la répression qui s’abat sur elle. Les activistes qui dénoncent publi­ quement le régime risquent cinq, dix ou quinze années de prison. Des gens sont incarcérés pour avoir exprimé leur opposition à la guerre ou leur soutien à l’Ukraine. Malgré cela, nous sommes en

communication constante avec nos activistes et nos volontaires. Nous essayons de les soutenir autant que possible, et je peux vous assurer que leur nombre n’a pas diminué depuis 2020. Mais ils attendent la bonne occasion pour se faire entendre. S’ils descendent dans la rue aujourd’hui, ils seront jetés en prison et ne pourront plus faire avancer notre cause. De nouveaux exercices conjoints impliquant l’armée russe ont débuté lundi sur le territoire biélorusse. Y voyez-vous le signe d’un assaut prochain contre le nord de l’Ukraine ? Nous observons que de nouveaux échelons intégrant des équipements et des soldats russes arrivent en Biélorussie, officiel­ ­ lement dans le cadre d’entraî­ nements programmés. Alexandre Loukachenko est prêt à brader la souveraineté de la Biélorussie pour s’attirer les bonnes grâces du Kremlin. Cela étant dit, je ne m’attends pas à ce que notre

«

Le monde ne doit pas oublier la Biélorussie. L’Occident a montré qu’il peut prendre des mesures énergiques pour aider l’Ukraine. Il doit être capable de faire de même en s­ outien à mon pays

»

­rmée participe à une nouvelle a invasion de l’Ukraine parce que nos soldats ne le veulent pas. Ils ne voient pas les Ukrainiens comme des ennemis, malgré les efforts de la propagande pour les dépeindre ainsi. Bien sûr, je ne peux pas garantir qu’il n’y aura pas d’offensive conduite par les forces russes. Nous recevons en permanence des informations sur la présence de ces troupes et nous les partageons systématiquement avec l’armée ukrainienne. En ce moment, on dénombre 12 000 soldats russes sur notre territoire alors qu’ils étaient 30 000 en février dernier. À l’époque, ce déploiement massif ne leur a pas suffi pour briser les défenses ukrainiennes. N’avez-vous pas le sentiment que la guerre en Ukraine a fait passer au second plan le combat de l’opposition biélorusse contre la dictature ? Le monde ne doit pas oublier la Biélorussie. Mon pays peut jouer un rôle très important dans la victoire en Ukraine. Il est essentiel de former une coalition internationale pour soutenir non seulement Kiev, mais aussi la Biélorussie. L’Occident a montré qu’il peut prendre des mesures énergiques pour aider l’Ukraine. Il doit être capable de faire de même en ­soutien à la Biélorussie. ■

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PROPOS RECUEILLIS PAR

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Le parrain des parrains arrêté après trente ans de cavale Contraint de se soigner pour un cancer, le dernier « boss » de Corleone, en Sicile, Matteo Messina Denaro, a été arrêté dans une clinique. net blanc et beige. Son visage disparaît sous les vêtements. La nouvelle est rendue publique peu avant 9 h 30 lundi matin, quelques minutes avant les féli­citations des dirigeants italiens et des autres corps des forces de l’ordre. Cette arrestation est pour la pré­sidente du Conseil des ministres, Giorgia Meloni, « une grande victoire de l’État qui montre qu’il ne faut pas se rendre face à la mafia ». Le pré­ sident de la République, Sergio Mattarella, a aussitôt appelé le ­ministre de l’Intérieur et le commandant des carabiniers pour les féliciter de l’opération.

Antonio Galofaro

Italie Les fourgons des carabiniers avancent lentement dans les rues de Palerme battues ce lundi matin par la pluie. Les sirènes hurlent. D’autres véhicules des forces de l’ordre, garés le long de la voie, les laissent passer. Des dizaines de badauds sortent des bars ou de leur immeuble, et applaudissent au passage du convoi. Des agents se serrent la main et s’enlacent : le mafieux le plus dangereux et le plus recherché du monde vient d’être arrêté. Matteo Messina Denaro, le dernier parrain des parrains de Cosa Nostra, la mafia sicilienne, est assis dans une camionnette noire à côté d’un agent cagoulé. Le boss sicilien porte toujours des lunettes de soleil, signe distinctif visible sur des photographies surannées datant de plus de trois décennies. Les services antimafia diffusaient depuis cette époque ­ des portraits-robots vieillis de l’homme âgé aujourd’hui de 60 ans. Lorsque deux agents des carabiniers l’escortent vers le véhicule militaire en le tenant simplement par les bras, le criminel porte un blouson marron doublé de peluche blanche fermé jusqu’au menton et revêt un bon-

A. FUCARINI/AFP

Rome



Une grande victoire de l’État qui montre qu’il ne faut pas se rendre face à la mafia



Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres

L’état de santé précaire du mafieux aura eu raison de lui. Il se trouve dans le hall d’entrée d’une clinique privée de Palerme lorsqu’un carabinier s’approche et lui demande son nom. « Je m’appelle Matteo Messina Denaro », répond le

fugitif. Le bâtiment est déjà encerclé par un important dispositif des forces de l’ordre. Le mafieux doit soigner un cancer et s’était rendu dans cette structure au nord de la capitale sicilienne pour une visite et des prélèvements sanguins. Selon la presse italienne, les agents antimafia suspectaient depuis trois jours l’arrivée du boss dans la ville pour des contrôles oncologiques. Matteo Messina Denaro s’était présenté à l’accueil de la structure sous le faux nom d’Andrea Bonafede. Il y avait déjà utilisé ce même patronyme, il y a un an, pour se soumettre à une opération. La Repubblica décrit la clinique La Maddalena comme la « plus grande structure

anticancer d’Europe, référence absolue pour l’oncologie et colosse du système sanitaire privé en Sicile ». D’après Emiliano Fittipaldi, journaliste d’investigation et vicedirecteur du quotidien Domani, « Matteo Messina Denaro s’y serait rendu à cause de son état de santé ». Le journaliste avance « l’hypothèse d’un deal avec l’État : des soins en échange d’informations sur les ­attentats et les rapports entre la mafia et les institutions ». Le parrain détient en effet les derniers secrets de la guerre que le crime organisé a livrée à l’État italien dans les années 1980 et 1990. Cosa Nostra voulait contraindre les autorités à négocier, en multipliant les attentats. Les

Matteo Messina Denaro, le chef de la mafia, est escorté par des carabiniers après son arrestation à Palerme, en Italie, le 16 janvier. CARABINIERI via REUTERS

­ afieux entendaient obtenir la supm pression d’un nouveau régime carcéral particulièrement sévère. Si les boss et les criminels ne collaboraient pas avec la justice, ils étaient condamnés à l’isolement. Ce sys­tème, défendu aujourd’hui encore par la première ministre, a été condamné en 2019 par la Cour européenne des droits de l’homme. Matteo Messina Denaro, déjà condamné plusieurs fois par contumace à la prison à vie, est le commanditaire des attentats contre les magistrats Giovanni Falcone et ­Paolo Borsellino en 1992, et également celui des attentats de Florence, Milan et Rome la même année. Jusqu’à aujourd’hui, les enquêteurs lui ayant donné la chasse n’ont ­jamais réussi à expliquer comment et pourquoi ce criminel leur a toujours échappé. Les réponses ­ pourraient bien se trouver auprès d’infiltrés au sein des forces de l’ordre, et s’expliquer aussi par de possibles couvertures politiques. Le parrain naît le 26 avril 1962 à Castelvetrano, près de Trapani, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Palerme. Il grandit dans un environnement mafieux, son père étant déjà un boss notoire de la région. Il n’a pas encore trente ans lorsqu’il devient le protégé du parrain des parrains, Toto Riina, arrêté il y a tout juste trois décennies, le 15 janvier 1993, et mort en prison le 17 novembre 2017. Denaro est dénoncé une première fois pour association mafieuse lorsqu’il a 27 ans, et sa cavale débute quatre ans plus tard. À cet âge, il commettait des meurtres depuis plusieurs années, mais la justice était à l’époque concentrée sur des boss de premiers plans comme Leoluca Bagarella, les frères Brusca, ou ­ ­encore Bernardo Provenzano. Les magistrats entendent parler de Matteo Messina Denaro pour la première fois en 1993 lorsque des témoignages relatent les homicides de quatre mafieux, dont les corps furent ensuite dissous dans l’acide. À la suite de l’arrestation de tous les boss siciliens, il devient, au milieu des années 2000, le ­parrain des parrains. Et le dernier héritier des Corleonesi, du nom du petit village de Corleone, où a prospéré la frange la plus violente de la mafia sicilienne, qui a pris les commandes de l’organisation dans les années 1980. ■

La ministre allemande de la Défense rend les armes Maladroite et dépassée par les enjeux de la guerre en Ukraine, Christine Lambrecht a donné sa démission lundi à Olaf Scholz. réarmement n’a pas permis de surmonter l’état vétuste du matériel de la Bundeswehr. Fin décembre, la chef des Armées avait attendu d’être mise devant le fait accompli – une panne de 18 blindés Puma durant un exercice – pour annon-

Pierre Avril £@PierreAvril_ Correspondant à Berlin

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Europe Plongée sans préparation et avec peu de compétences dans une guerre menaçant la sécurité de l’Europe, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, n’a pas fait le poids. Auteur de multiples bourdes, dépassée par les enjeux du réarmement national, prisonnière d’un parti social-démocrate traditionnellement pacifiste, cette pro­ tégée du chancelier Olaf Scholz a présenté sa démission lundi à son mentor, qui l’a aussitôt acceptée, ­repoussant néanmoins à mardi ou mercredi l’annonce d’un successeur. « La focalisation des médias sur ma personne pendant des mois ne permet guère d’établir des rapports et des discussions objectifs sur les soldats, la Bundeswehr et les orientations de la politique de sécurité », a regretté Christine Lambrecht, visant sans le nommer le quotidien Bild. Encore lundi, le journal à grand tirage dénonçait le fait que le contribuable allemand devra continuer à verser 220 000 euros d’indemnités à une ministre aussi « désintéressée » par sa fonction.



Franchement, ce ministère est tellement difficile à réformer et la liste des problèmes, si longue que le poste n’est pas très attractif



Claudia Major, spécialiste de la défense à la Société allemande pour la politique extérieure (DGAP)

Lors de sa prise de fonction, l’an dernier, l’intéressée avait reconnu que sa nomination constituait une « surprise » dans le monde mili­ taire, et qu’elle était dictée par les règles de la parité politique. Depuis, elle a accumulé les bourdes, uti­lisant un hélicoptère de la Bun-

7 H -9 H EUROPE MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, le 12 janvier. MATTHIAS RIETSCHEL/ REUTERS

deswehr pour partir en vacances avec son fils, posant en lunettes de soleil sur les dunes de l’île huppée de Sylt, alors que le conflit russoukrainien faisait rage. Lors du réveillon de la Saint-Sylvestre, elle avait publié une étrange vidéo où, cheveux au vent à Berlin, elle se félicitait d’avoir rencontré des « gens formidables » à l’occasion du conflit. En arrière-fond des bruits de pétard donnait à ses vœux un caractère surréaliste. Sur le fond, la ministre de la Défense est restée tributaire des tâtonnements de la politique de défense d’Olaf Scholz. Fin février, ce dernier avait revendiqué un « changement d’époque » qui a du mal à se concrétiser. L’enveloppe de 100 milliards d’euros accolée à la politique de

cer piteusement la suspension de commande de ces véhicules d’infanterie. Ce « revers cuisant », avoué par l’intéressé, avait été présenté comme le fruit d’une « panne inattendue ». Une version contestée au sein de la Bundeswehr. « Nous sommes soulagés par sa démission », avouait lundi au Figaro un officier allemand sous couvert d’anonymat. Au début de l’invasion russe en Ukraine, à la place des armes lourdes réclamées par Kiev, Christine Lambrecht avait proposé d’envoyer 5 000 casques à l’armée ukrainienne, s’attirant des risées. Peu impliquée dans la coopération sécuritaire franco-allemande, elle n’a pas pris la mesure du trouble provoqué à Paris par la décision de Berlin, mioctobre, de lancer avec Israël et Washington un projet de bouclier antimissile, quasi-concurrent à ce-

lui de la France. Depuis, les ­ llemands tenteraient de « se rat­A traper », affirment des sources ­diplomatiques françaises. Surtout, la ministre a semblé en permanence dépassée par le débat sur la livraison de chars allemands à l’Ukraine qui empoisonne la vie du gouvernement Scholz. Après des mois de pression exercée par ses alliés, Berlin a accepté il y a une semaine de fournir des chars légers Marder, sans calmer les ­ r­ eproches. Lundi, les gouvernements estonien et polonais ont exhorté Berlin à sortir de sa posture « défensive », demandant à Olaf Scholz d’auto­riser l’exportation de chars d’assaut Leopard 2. « J’appelle l’Allemagne à des actions décisives », a déclaré le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, devant un parterre de conservateurs allemands de la CDU, qui l’ont applaudi. Le successeur de Christine Lambrecht devra clarifier la position du gouvernement avant une réunion de coordination militaire des alliés, prévue ce vendredi 20 janvier sur la base américaine de Ramstein. Si la règle de parité continuait à être observée, l’actuelle commissaire ­ parlementaire auprès de la Bundeswehr, Eva Högl, aurait de ­bonnes chances. Celle-ci réclame des garanties, soit 200 milliards d’euros supplémentaires pour la Bundeswehr. « Franchement, ce ministère est tellement difficile à ­réformer et la liste des problèmes, si longue que le poste n’est pas très attractif », conclut Claudia Major, spécialiste de la défense à la Société allemande pour la politique extérieure (DGAP). ■

mardi 17 janvier 2023

International

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Des Libanais font la queue à l’entrée d’une banque, à Chtoura (Liban), le 20 décembre dernier.

Elisa Gestri/Sipa USA/SIPA via reuters

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Des juges européens à Beyrouth pour enquêter sur l’affaire Riad Salamé Des procédures sont ouvertes dans plusieurs pays de l’UE contre le gouverneur de la Banque du Liban. Beyrouth

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Jean Tannous a fini par être chargé de l’enquête mais son ­ dossier est désormais bloqué au ­ niveau de deux parquets potentiellement compétents, qui se renvoient la balle. « Le dépla­­ cement des juges européens a un effet miroir qui dévoile l’asservis­sement de la justice au pouvoir ­politique. Il jette une lumière crue sur un système mobilisé pour protéger le gouverneur au lieu ­ d’enquêter sur les soupçons dont la solidité ne peut être mise en doute à la lumière de la mobilisation européenne », poursuit Nizar Saghieh. Plusieurs interrogatoires sont prévus, ainsi que des demandes d’accès à des documents ban­ caires concernant notamment des transferts à l’étranger. « Le gouverneur de la Banque du Liban dispose de relais de protection tentaculaires au Liban même s’il a fini par être lâché par la ­France, après que Macron a pris conscience de l’ampleur des malversations financières présumées. Il n’a plus non plus la couverture ­absolue de Washington à qui il a rendu de nombreux services par le passé (dans la lutte contre les flux financiers liés au terrorisme ­notamment, NDLR) », commente Karim Bitar, chercheur à l’Iris. « C’est l’homme qui en sait trop. Beaucoup craignent que sa chute entraîne la leur. Ses deux principaux protecteurs sont le président de la Chambre Nabih Berri (qui, lui aussi, occupe cette fonction ­depuis trente ans) et le président du Conseil Najib Mikati (dont le gouvernement est démissionnaire depuis mai dernier) ».



C’est l’homme qui en sait trop. Beaucoup craignent que sa chute entraîne la leur



karim bitar, chercheur à l’iris

« En violation flagrante de la séparation des pouvoirs, Najib ­ Mikati est intervenu person­ ­ nellement pour empêcher le juge Tannous de saisir des documents au cours de perquisitions bancaires allant jusqu’à comparer cette ­ ­intervention à une agression israélienne contre le Liban ! Dans les jours qui ont suivi, il a convoqué le gouvernement pour prendre des mesures contre ce qu’il a qualifié d’anarchie judiciaire », s’indigne Nizar Saghieh.

Riad Salamé (ici en décembre 2021, dans son bureau à Beyrouth) dirige la Banque du Liban depuis trente ans. JOSEPH EID/AFP

Les médias sont également un relais d’influence très puissant pour Riad Salamé dans un pays où le « sponsoring » de talk-shows de grande écoute et des contrats de « consultants » avec des journalistes vedettes sont monnaie courante. Le gouverneur a récemment bénéficié d’une campagne de publi-reportages destinée à polir son image à travers le magazine français Entreprendre, diffusé à des milliers d’exemplaires, dont le contenu a été sous-traité à une société contrôlée par l’un des grands banquiers libanais. En jeu, non seulement les ennuis judiciaires du gouverneur, mais aussi son « acharnement à expliquer que tout va bien, à entraver la restructuration d’un secteur bancaire entièrement en faillite, et se dédouaner de toute responsabilité alors que le Liban subit – en temps de paix – un choc économique comparable à celui des Syriens voisins pendant la guerre civile et largement supérieur à celui dont souffre l’Ukraine en guerre », constate un économiste européen très bon connaisseur du Liban qui préfère conserver l’anonymat. « Dans n’importe quel pays au monde il aurait été remplacé. Ce qui est terrible, c’est de voir le système

dont il a été la cheville ouvrière se fermer comme une huître pour le protéger. » La responsabilité directe de Riad Salamé est, selon cet expert, d’avoir permis à l’économie libanaise de rester stable malgré un déficit de sa balance courante de 20 % de son PIB, un déséquilibre qu’aucun pays au monde ne peut en principe soutenir. « Sa recette a été de compenser ce déficit structurel en rémunérant très généreusement les capitaux pour les attitrer au Liban, à travers un secteur bancaire complice dont la taille a gonflé à plus de quatre fois celle de l’économie. » La pyramide de Ponzi a fini par craquer. Le PIB du Liban a été ­divisé par trois, et la valeur de la monnaie par 30, alors que l’État qui n’a pas investi dans les infra­structures depuis dix ans n’a plus de ressources, les recettes étant à un plus bas mondial de 6 % du PIB. « Pourtant, le gouverneur continue de jouer avec différents taux de change, poursuit l’expert, notamment pour procéder à des opérations de redistribution de ­richesse en toute opacité, alors que la totalité des banques sont en faillite et que les déposants sont ruinés. » ■

en bref Le Parlement européen face aux « ingérences »

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a promis lundi des réformes pour lutter contre la « corruption » et les « ingérences étrangères » au sein de l’institution.

Écosse : débat législatif sur le changement de genre La première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a prévenu lundi que son gouvernement défendrait « rigoureusement » sa loi controversée qui facilite la reconnaissance légale du changement de genre si le gouvernement britannique cherchait à la bloquer.

Somalie : l’armée reprend un port aux Chebab L’armée somalienne a repris aux islamistes radicaux chebab, liés à al-Qaida, le contrôle du port stratégique de Harardhere, situé à environ 500 km au nord de la capitale, Mogadiscio, qu’ils occupaient depuis plus d’une décennie.

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la Suisse, l’Allemagne, Monaco et la France, où la procédure est la plus avancée. Une première mise en examen a déjà été prononcée à Liban La justice européenne l’encontre d’Anna Kosakova, une Ukrainienne de 46 ans, dont la ébranlera-t-elle le règne de Riad ­relation avec Riad Salamé a donné Salamé ? C’est la question qui ocnaissance à une fille en 2005. Et cupe la scène politique et médiati« début février, la cour d’appel va que libanaise alors que débute à se prononcer sur la demande de Beyrouth la visite d’une déléga­levée des saisies en France formution de magistrats européens dont lées par Riad Salamé, son frère la Française Aude Buresi, dans le Raja et son fils ainsi que par Anna cadre de procédures ouvertes Kosakova et les sociétés françaises, dans leurs pays respectifs contre belges et luxembourgeoises prole gouverneur de la Banque du priétaires des biens immobiliers et Liban. Celui qui est surnommé ­ contrôlées par les membres de la « le Madoff libanais » pour avoir famille Salamé », dit au Figaro orchestré une pyramide de Ponzi Me William Bourdon, qui défend à l’échelle nationale – c’est le titre d’un rapport de la Banque monl’association Sherpa et le Collectif diale – est aux commandes de la des victimes des pratiques fraubanque centrale depuis trente ans. duleuses et criminelles au Liban, Jusqu’à présent l’intéressé n’a pas parties civiles qui avaient saisi la jugé utile de démisjustice en avril 2021. sionner, affirmant Pour l’avocat frann’avoir rien à se reçais, la visite à procher, et le gou­Beyrouth de la délévernement ne l’a pas gation européenne révoqué, alors qu’il démontre l’imporest l’objet de pourtance qu’accorde la suites dans au moins justice européenne à six pays européens. l’obtention d’une Ces derniers ont auraient été détournés coopération effective mis en place une de la Banque du Liban des autorités judiciaires libanaises s’agiséquipe d’enquête insant des demandes ternationale chargée d’entraide formulées depuis des d’échanger des informations, car mois. « L’absence de coopération l’affaire implique un ensemble de n’empêchera cependant pas les inssociétés et de transactions à plutructions d’aller à leur terme en sieurs niveaux dans plusieurs pays. France et ailleurs compte tenu des Les investigations portent sur le preuves déjà rassemblées. En droit, détournement présumé de plus de le blanchiment n’exige pas que les 330 millions de dollars de la Baninfractions sources soient parfaiteque du Liban par le biais d’un ment caractérisées et encore moins contrat attribué à la société de son qu’elles soient poursuivies dans le frère Raja, Forry Associates. Les pays d’origine. » commissions de courtage concerAlors que démarre la mission nent des produits obligataires soujudiciaire européenne, la bonne verains : certificats de dépôts émis volonté des autorités libanaise est par la banque centrale, euro-obliencore hypothétique, certains gations et bons du Trésor, en granmédias relayant des accusations de majorité souscrits par des band’atteinte à la souveraineté natioques libanaises. Les enquêteurs nale. Un argument réfuté par cherchent à prouver que cette so­Nizar Saghieh, qui dirige l’obserciété de courtage, enregistrée dans vatoire de la justice libanaise, le les îles Vierges, est une société Legal Agenda. « Cette coopération écran dont l’objet est de canaliser intervient en vertu d’une convenles fonds détournés pour la constition internationale pour la lutte tution d’un patrimoine immobilier contre la corruption et le blanchivalant des millions d’euros en Eument signée par le Liban. Mais au rope, enregistrés au nom de Riad lieu d’en profiter pour faire la Salamé et de ses proches. Le gou­lumière sur une affaire qui concerne verneur affirme, quant à lui, avoir le détournement de fonds publics simplement fait fructifier une for­libanais, les autorités font tout pour tune constituée antérieurement à traîner la patte ». Deux ans après son mandat. les premières lettres parvenues du Les biens de Riad Salamé et ses parquet suisse, la justice libanaise, proches ont été saisis dans plutenue en laisse par le pouvoir polisieurs pays, dont le Royaumetique, fait du sur-place. Le juge Uni, la Belgique, le Luxembourg, Sibylle Rizk £@sibyllerizk

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Société

Notre-Dame-des-Landes : cinq ans après, la nouvelle vie des anciens « zadistes » Dans un climat plutôt apaisé, quelque 150 ex-militants vivent toujours sur l’ancienne zone à défendre.

Thibault Dumas £@ThibDumas Nantes

Environnement Les routes qui mènent à l’ancienne zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-desLandes sont désormais bien dégagées, même l’ex- « route des chicanes » (D281), quasiment impraticable pendant des années. Du lieu-dit de Bellevue jusqu’aux Fosses noires, seules quelques grappes d’habitations témoignent de la présence des quelque 150 anciens zadistes encore sur place : de vieilles fermes, des constructions en bois ou des caravanes. Les tags « ZAD » et les écriteaux militants, eux, ont presque tous disparu. À 30 kilomètres au nord-ouest de Nantes, l’ex« zone d’aménagement différé » de 1 650 hectares s’est transformée en une bien plus calme « zone d’autonomie définitive ». Il y a cinq ans, le 17 janvier 2018, Édouard Philippe annonçait l’abandon du projet de nouvel aéroport. Depuis, 55 baux ont été signés par le département de la Loire-Atlantique, qui a récupéré ou acheté 1 026 hectares de « terres à voca-

tion agricole et environnementale ». Parmi eux, 26 exploitations agricoles dites « historiques », présentes avant la ZAD. Mais aussi 29 nouvelles installations depuis 2018, la plupart portées par d’ex-zadistes. Les gendarmes, eux, ont progressivement disparu de la zone, laissant « travailler seul le renseignement » comme le rapporte une source policière.

« Pommes libres » John-Paul, 51 ans, vient d’obtenir une autorisation officielle pour son projet « Pommes libres ». Cent cinquante arbres fruitiers ont déjà été plantés sur un terrain de 2,3 hectares. « On se diversifie pour retrouver les paysages d’antan. On a des pommiers, des figuiers, des pruniers qui donneront d’ici à quelques années » détaille cet ex-zadiste, britannique d’origine. « Je n’ai pas d’objectif de rentabilité, je veux juste en vivre et reverser le reste à la communauté », poursuit-il. D’autres font de l’élevage, du maraîchage ou de l’apiculture. On y trouve également une fromagerie ou une brasserie, qui vendent le plus souvent à « prix libre ». Mais

Sur les 1 650 hectares de l’ancienne ZAD désormais pacifiée subsistent les traces de l’occupation et les fermes « historiques » (à droite). John-Paul (ci-dessus), un ex-zadiste britannique fait partie de la trentaine d’exploitants autorisés à lancer un projet. Thibault Dumas

aussi une forge, une bibliothèque et un atelier de sérigraphie. Une « assemblée des usages » mensuelle fait office de syndic de copropriété. Une réunion parfois agitée, comme le confie anonymement un habitant qui regrette la présence dans la zone d’« un groupe d’une quinzaine de personnes errantes, qui refusent de couper la moindre branche. Des écorchés de la vie qui voudraient être cachés dans la jungle ». Globalement, le climat de tensions autour du partage des terres, piloté par le département et la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), s’est apaisé. Des actions épisodiques ont eu raison de l’implantation d’un entrepôt Amazon en 2019 puis d’une station-service Total en 2022. Seules persistent quelques incertitudes sur la conformité de (re)constructions zadistes. « Mais l’État ne s’en mêle surtout pas, laissant la patate chaude à la communauté de communes et aux mairies », constate Françoise Verchère, opposante historique à l’implantation de l’aéroport. 6 642 documents, datant de 1971 (premières études de l’État) à

aujourd’hui : voilà ce que représentent désormais, aux archives de Loire-Atlantique, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le conflit qu’il a engendré. De loin la contestation du genre la plus marquante depuis des décennies dans l’Ouest. Et peut-être même en France, avec la « lutte du Larzac » dans les années 1970.

Un chantier impossible à mener

« On peut être nostalgique d’avoir lutté et gagné, c’est humain. Mais quand on voit les projets de mégabassines… », réagit Christian Grisollet, coprésident de l’association NDDL Poursuivre ensemble, qui compte 600 adhérents. « On préfère ne plus penser à cette décision politique déplorable », évacue pour sa part Guillaume Dalmard, président de l’association les Ailes pour l’Ouest, pro-aéroport (500 adhérents). « L’abandon sans report était une décision claire, sans ambiguïté et comprenait l’impératif du retour à l’État de droit », juge de son côté l’ex-préfète de Loire-Atlantique Nicole Klein. « La mise en œuvre du projet avait été trop tardi-

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Les riverains de l’aéroport de Nantes entre colère et amertume À UNE POIGNÉE de kilomètres au sud-ouest de Nantes, le sixième aéroport français n’a pas encore renoué avec le trafic affiché avant la crise sanitaire. Nantes-Atlantique a accueilli environ 6 millions de passagers en 2022, contre 7,1 millions en 2019, record absolu. Son réaménagement, détaillé par Matignon après l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes, demeure, lui, au point mort. Le programme devait se terminer en 2025 moyennant 150 à 300 millions d’euros. Mais le Covid-19 est passé par là. « Deux mois de fermeture intégrale de l’aéroport sont nécessaires pour effectuer les travaux. On aurait pu profiter des confinements pour les faire », ironise Guillaume Dalmard, président de l’association les Ailes pour l’Ouest, qui était favorable au projet de Notre-Dame-des-Landes. Au fil des comités annuels de suivi en préfecture, le brouillard s’épaissit. « L’État n’a pas mesuré les conséquences de sa décision de maintenir Nantes-Atlantique à la place de construire Notre-Damedes-Landes », persifle Jean-Claude Lemasson, maire (divers gauche)

de Saint-Aignan-de-Grandlieu. Située au sud de la piste, sa commune pourrait être transformée, voire « disparaître » suivant le scénario de réaménagement choisi. Aujourd’hui, les autorités ne communiquent plus sur le calendrier. L’option d’un rallongement de 400 mètres de la piste vers le sud ne semble plus avoir les faveurs de la direction générale de l’aviation civile (DGAC). Quant au nouveau contrat de concession, qui doit être signé en 2023, Vinci, déjà en place, serait seul candidat. Le futur concessionnaire devra régler la majorité de la facture des travaux. « Donc il faudra négocier, renégocier, signer, faire une déclaration d’utilité publique, sans compter les débats, les recours. On n’est pas rendu… », constate JeanClaude Lemasson. Contactée par Le Figaro, la préfecture de Loire-Atlantique n’apporte pas d’autres précisions, tout en renvoyant « aux mesures de compensations exceptionnelles » mises en place, de l’ordre de 15 à 20 millions d’euros. Le plan de gêne sonore, revu à l’été 2019, rend 3 800 riverains éligibles aux aides à l’insonorisation. Quatorze

Un avion en approche survole une habitation située en bordure de l’aéroport de Nantes-Atlantique. 100 000 habitants sont concernés par les nuisances sonores liées au trafic aérien. Thibault Dumas

propriétaires de maisons très proches de la piste ont fait usage du droit de délaissement, avec acquisition par l’État. Un couvre-feu, instauré en avril dernier, « a réduit par six le nombre de vols entre minuit et 6 heures du matin par rapport à 2018 ou 2019 », souligne la préfecture.

L’inquiétude des maires Pas de quoi convaincre les associations de riverains. « La promesse de démarche exemplaire, de projet respectueux de l’environnement, n’existe pas, fustige Paolo Ferreira, président du Coceta (le

Collectif des citoyens exposés au trafic aérien, comptant 800 membres). Quelque 100 000 habitants sont concernés par les nuisances sonores, de la Beaujoire à l’est de Nantes, à Saint-Aignan-de-Grandlieu, du fait d’un premier réaxage des trajectoires des avions. » Toutes ces inquiétudes ont poussé les 24 maires de Nantes Métropole à demander des explications au ministère des Transports, en mars 2022. Sans aucune réponse à date. « L’État n’a strictement rien appris de Notre-Damedes-Landes sur la manière de mener un projet. C’est la même opacité », constate avec amertume Françoise Verchère, opposante historique à Notre-Dame-desLandes et ex-maire de Bouguenais, où se situe l’aéroport actuel. Le 11 janvier dernier, le départ de l’actuel préfet de Loire-Atlantique, Didier Martin, a été entériné en Conseil des ministres. Son successeur, Fabrice Rigoulet-Roze, quatrième préfet nommé depuis l’annonce de l’abandon de NotreDame-des-Landes il y a cinq ans, aura la lourde charge de mener à bien le réaménagement de Nantes-Atlantique. ■ T. D.

ve. De plus, il n’y avait pas de consensus localement, c’était du 5050 [le oui l’avait emporté à 55,17 % à la consultation départementale de 2016, NDLR) », poursuit celle qui donne un cours sur le sujet à Sciences Po et se rappelle « de rapports très durs avec les élus locaux. La plupart, de droite comme de gauche, étaient pour l’aéroport ». Les épisodes de violences, notamment « l’opération César » manquée (2 000 gendarmes) de l’automne 2012, ou l’évacuation partielle (2 500 gendarmes) du printemps 2018, où un militant avait perdu sa main lors des affrontements, demeurent gravés dans les mémoires. « Cela aurait été un chantier impossible, qui aurait demandé des milliers de militaires sur dix ans », a reconnu il y a peu Philippe Grosvalet, ex-président (PS) du département, fervent pro-aéroport. Dans son jardin de Notre-Dame-des-Landes, Julien Durand, figure de l’opposition, affiche toujours une pancarte « Non à l’aéroport ! ». « Finalement, il était vraiment temps qu’on en finisse, la lassitude commençait à gagner tous les rangs », soupire l’agriculteur. ■

en bref Tempête : un automobiliste meurt en percutant un arbre tombé sur la route

Un automobiliste est mort lundi en Gironde après avoir percuté un arbre tombé dans la nuit, « probablement » à cause des vents liés à la dépression hivernale qui a touché un grand quart nord-ouest de la France, ont indiqué les pompiers. Ces derniers ont été appelés vers 7 heures à Saint-Mariens, au nord de Bordeaux, pour un accident de la route et ont trouvé un homme de 62 ans décédé dans sa voiture. Les forts vents liés à la tempête Gérard, avec des rafales jusqu’à 158 km/h, ont entraîné des coupures de courant. 15 000 clients étaient encore privés d’électricité lundi soir, soit six fois moins qu’en fin de matinée, principalement dans l’ouest du pays, le centre et l’Alsace, selon le gestionnaire Enedis. De son côté, la SNCF a recensé « plus de 30 incidents » liés à la tempête, parfois en raison d’arbres tombés sur les voies, en Bretagne, Normandie, Pays de la Loire et Centre-Val de Loire, ainsi qu’en Seine-etMarne et Champagne-Ardenne.

le figaro

mardi 17 janvier 2023

Société

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Sylvain Deleuze/PHOTOPQR/LE PARISIEN/MAXPPP

Guerre des bandes : tué à 16 ans aux abords du lycée

Un lycéen a été poignardé à mort et son camarade, grièvement blessé, lors d’un guet-apens tendu lundi matin à Thiais.

Violences La chronique sanglante qu’alimentent les bandes des cités vient de s’enrichir d’un épisode. Cette fois, la rixe a eu pour théâtre, en ce lundi matin, les abords immédiats du lycée Guillaume-Apollinaire à Thiais (Val-de-Marne) et, pour épilogue, le décès d’un adolescent de 16 ans, poignardé au thorax. Un de ses camarades, né lui aussi en 2006, a été blessé à la cuisse dans ce qui ressemble à une expédition punitive. Selon les premiers éléments de l’enquête dévoilés lundi après-midi par Stéphane Hardouin, le procureur de la République de Créteil, le drame s’est noué à l’ouverture de l’établissement. Peu après 8 heures, les policiers arrivent sur les lieux de l’agression des deux lycéens im-

pliquant un groupe de cinq à dix personnes. La première victime, originaire du quartier des Grignons à Thiais et touchée dans la région du cœur, est retrouvée sans vie. Une autre blessure à la main atteste qu’elle a tenté de se défendre, en vain. La seconde a été, quant à elle, transportée dans un état grave vers l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, sans qu’elle soit en mesure d’être entendue par les enquêteurs du service départemental de la police judiciaire. « Les premières constatations et auditions de témoins directs ont mis en évidence que le groupe des agresseurs était en situation de guet à l’angle de deux rues, précise le procureur Hardouin. Les agresseurs auraient poursuivi les victimes sur quelques dizaines de mètres, l’un d’entre eux aurait alors fait usage d’une arme blanche. » Deux bombes lacrymogènes, un club de golf cassé, un morceau de bois re-

« Barjols » : putschistes ou fumistes ? Treize militants d’extrême droite sont jugés pour avoir voulu déstabiliser l’État en 2018. Stéphane Durand-Souffland [email protected]

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PROCÈS À partir de quand une bande d’agités du bocal, qui se montent le bourrichon en rêvant de renverser le gouvernement, doit-elle être considérée comme une association de malfaiteurs terroriste (AMT) susceptible d’avoir les moyens et la volonté de passer à l’acte ? C’est la question à laquelle va répondre le tribunal correctionnel de Paris à travers le procès des « Barjols », qui s’ouvre ce mardi. Tout commence fin 2018 avec des renseignements inquiétants recueillis par la DGSI : un certain Jean-Pierre Bouyer, né en 1956, se préparerait à « mener une action violente » contre le président de la République. Celui-ci s’apprête à commémorer, du 4 au 7 novembre, le centenaire de l’armistice de 1918, dans l’est du pays. L’individu suspecté, dont il apparaît qu’il grenouille dans les milieux de l’ultradroite identitaire, est placé sur écoute. Les conversations interceptées mettent à l’évidence des obsessions racistes (« On n’est même plus dans notre pays »), une détestation chronique d’Emmanuel Macron (« petit dictateur hystérique »), une appétence pour les solutions radicales à tous les problèmes (« Tu sais, moi, appuyer sur une détente, je le fais, ça me dérange pas, hein »), et une certaine désolation à ne pas pouvoir recruter des camarades aussi déterminés que lui (« J’en ai plein le c… moi des mecs dès que tu leur demandes de faire un truc, p… ils se ch… dans le pantalon »). Le 5 novembre 2018, M. Bouyer se rend dans l’est de la France en empruntant le réseau secondaire, choix interprété par les enquêteurs comme hautement conspiratif (l’intéressé dira qu’il ne voulait pas payer le péage) ; le danger qu’il semble représenter justifie son interpellation, ainsi que celle de plusieurs de ses connaissances. La police soupçonne le groupuscule d’avoir ourdi un projet d’assassinat visant le chef de l’État en utilisant astucieusement un couteau en céramique indétectable par les portiques de sécurité – et accessoirement jamais retrouvé. Peu à peu, d’autres militants d’ultradroite sont arrêtés et la France, médusée, découvre l’existence des « Barjols » (les Maliens désignaient ainsi les militaires de

l’opération Barkhane). La justice ouvre dans un premier temps des poursuites pour AMT criminelle (passible de la perpétuité) mais réduit finalement la voilure, faute de preuves, sur une AMT « simple » pour « préparation d’actes de terrorisme », passible de dix ans de réclusion. Treize personnes âgées de 26 à 66 ans, dont deux femmes, sont renvoyées devant le tribunal. L’essentiel du dossier tient sur leurs déclarations, qui ne sont pas toujours d’une limpidité flagrante. S’il est indéniable que les « Barjols » et leurs acolytes détenaient – parfois légalement – des armes en tout genre, qu’ils s’étaient procuré des modes d’emploi pour fabriquer des explosifs, que de la documentation pronazie a été saisie dans leurs archives et que leurs ruminations xénophobes sont odieuses, se pose toutefois le problème de leur aptitude à passer des mots aux faits.

À Thiais (Val-de-Marne), lundi matin. Un club de golf et un couteau ont été découverts près des lieux du drame. trouvés abandonnés sur place témoignent de l’envie des protagonistes d’en découdre. Un couteau, découvert à 300 mètres, pourrait compléter cette panoplie guerrière. Une enquête éclair a permis d’identifier plusieurs suspects et d’interpeller un jeune de 16 ans, prénommé Abdelmalek de sources policières, à 10 h 10 à son domicile de Choisy-le-Roi, commune voisine abritant une bande rivale à celle de Thiais. Deux autres individus, nés en 2006 et 2007 et soupçonnés d’être coauteurs, ont également été interpellés et placés en garde à vue.

45 bandes en région parisienne « Le guet-apens est manifeste », a insisté Stéphane Hardouin, dont le parquet a ouvert une procédure pour « homicide et tentative d’homicide volontaire en bande organisée ». Évoquant un « contexte », le procureur de Créteil a rappelé que, vendredi dernier, à 21 heures, les policiers étaient « intervenus pour une quinzaine d’individus, dont certains étaient porteurs de couteau et de marteau, qui se dirigeaient vers l’arrêt de bus de Thiais en di-

rection de Choisy ». Les investigations avaient permis de confondre quatre suspects, un majeur et trois mineurs, déférés ce dimanche pour « participation avec arme à un attroupement ». C’est d’ailleurs pour ce même motif, mais aussi des faits de « violences aggravées » commis en mai 2021, que le gardé à vue est déjà connu de la justice. Âgé de 15 ans à l’époque, ce récidiviste en puissance faisait depuis lors l’objet d’une procédure devant un juge des enfants et d’une mise en examen pour « violences aggravées », avec interdiction de paraître à Orly ou Thiais, « sauf pour les besoins de sa scolarisation ». « Le mis en cause avait lui-même déposé plainte pour des violences commises le 16 décembre dernier, lors d’une rixe à Thiais », a précisé le procureur. Autant dire qu’un parfum de vendetta flottait depuis des semaines dans le secteur. Les deux victimes étaient jusqu’ici inconnues de la justice. La guerre à laquelle se livrent les bandes de cités de la région parisienne est sans merci. Fin novembre, elle a été à l’origine de la mort barbare, à coups de

marteau sur le crâne, de Djibril D., un garçon de 14 ans originaire du quartier des Friches à Maurepas, lors d’une rixe à Coignières (Yvelines). Son agresseur, âgé de 16 ans, s’était livré à la police au bout de quelques heures. Loin d’être un cas isolé, cette tragédie n’est pas sans rappeler la rixe au couteau entre les bandes de la porte d’Asnières et de la porte de Saint-Ouen, le 11 novembre dans le 17e arrondissement de Paris, qui avait coûté la vie à un adolescent de 16 ans. Au total, 45 bandes ont été recensées en région parisienne. Selon un bilan de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (Dspap) porté à la connaissance du Figaro fin novembre 2021, 320 faits liés aux phénomènes de bande, dont 93 affrontements du type « batailles rangées », ont été répertoriés entre le 1er janvier et le 31 octobre derniers. Capables de lutter contre cette contagion de la violence en surveillant les réseaux sociaux, les effectifs de la Préfecture de police ont procédé à plus d’un millier d’interpellations en 2022, permettant d’éviter près de 70 affrontements. ■

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Éléments à charge en gras Leurs objectifs proclamés étaient multiples : incendier des mosquées, enlever des élus, tuer un maire de l’Isère qui se proposait d’accueillir des migrants, racketter des riches pour donner aux pauvres – l’affaire éclate alors que le mouvement des « gilets jaunes » prend forme –, occire le président de la République… Mais rien de tout cela, fort heureusement, n’a été accompli, ni même préparé de manière factuelle. L’ordonnance de renvoi, que Le Figaro a pu consulter, se présente sous une forme originale : les éléments à charge sont retranscrits en gras, comme s’ils risquaient d’être noyés dans une masse de non-faits, ce qui permet de déduire que tout le reste est à décharge ou sans intérêt. L’audition en garde à vue du fondateur des « Barjols », Denis Collinet, est sur ce point significative : « (En gras) Ils devaient se rendre à l’Élysée, accompagnés de 500 soldats russes, de policiers et de militaires dissidents, afin de renverser le gouvernement. (En maigre) (Bouyer) avait ultérieurement fini par comprendre que son plan se dégonflait. » Ou encore : « (En gras) On a même pensé à emmener une députée dans les bois, la déshabiller et l’abandonner. (En maigre) Mais comme il n’y avait que des idées violentes et qu’on pouvait rien faire, alors on a laissé (tomber). » Le jugement est annoncé pour le vendredi 3 février. ■

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Christophe Cornevin £@ccornevin et Nicolas Farmine £ @NFarmine

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Sciences

Les forêts tropicales surexploitées sont des émettrices de CO2

Une gestion raisonnable des massifs est indispensable pour limiter les rejets de gaz à effet de serre.

La repousse de jeunes arbres ne suffit pas à compenser la quantité de carbone libérée par la surexploitation d’une forêt tropicale (ici, en Amazonie). ADRIANO MACHADO/ REUTERS

Anne-Laure Frémont £@alaurefremont

Climat Une forêt exploitée, lorsqu’elle repousse, est généralement considérée comme un puits de carbone, les jeunes arbres absorbant plus activement le dioxyde de carbone (CO2) dont ils se servent pour leur croissance. Une étude dirigée par des chercheurs de l’Imperial College de Londres vient toutefois rebattre les cartes : elle conclut, observations concrètes à l’appui, que la quantité de carbone libérée par une forêt tropicale surexploitée reste pendant plusieurs années supérieure à celle absorbée. Ces recherches, qui font l’objet d’une publication dans les Pnas (Proceedings of the National Academy of Sciences), ont été menées sur l’île de Bornéo, en Malaisie, dont les massifs forestiers exploi-

tés de manière intensive sont généralement considérés comme un puits net de carbone, puisqu’ils connaissent « des taux rapides de repousse des arbres », expliquent les auteurs. Leurs observations ont notamment été réalisées grâce à une tour dotée de capteurs à différents niveaux, comme il en existe plusieurs centaines dans le monde, explique le Dr Terhi Riutta, chercheur à l’université d’Exeter et coauteur de l’étude. « Cette tour mesure les petites rafales de vent (qui transportent des composants, y compris des molécules de C02) entre l’écosystème forestier et l’atmosphère. » Cette méthode, confirmée par des mesures manuelles, leur a permis de quantifier avec précision l’origine du gaz à effet de serre aux différentes strates de la forêt. Ils se sont ainsi rendu compte que l’écosystème rejetait plus de CO2 qu’il n’en absorbait, et qu’il restait donc

une source nette de carbone pendant au moins dix ans après l’exploitation. « C’est en réalité un phénomène assez connu, mais cette étude apporte des mesures réelles, du concret, commente Jean-Pierre Wigneron, directeur de recherche Inrae à Bordeaux. Dans une forêt, le carbone est libéré lors de la décomposition de la matière organique morte, les feuilles, le bois… Ces émissions proviennent des microorganismes qui décomposent la matière et qui respirent et dégagent du CO2. Et quand on exploite le sol, en faisant intervenir de gros engins et en arrachant les souches, on retourne la terre, et la matière organique stockée revient en surface et accentue cette respiration. » Il ne s’agit pas d’un phénomène anodin, explique Terhi Riutta : « La respiration de tous les écosystèmes terrestres libère plus que 10 fois plus de carbone que ne le fait chaque année l’exploitation des

combustibles fossiles ; mais évidemment, grâce à la photosynthèse, ils absorbent davantage de carbone qu’ils n’en libèrent, ce qui fait des écosystèmes dans leur ensemble des puits de carbone. »

Victimes collatérales L’étude ne jette pas l’opprobre sur l’exploitation des forêts dans sa globalité : elle constate qu’« un massif utilisé de manière trop intensive émettra trois fois plus de CO2 qu’une forêt exploitée avec modération », note Jean-Pierre Wigneron . « Éviter les coupes rases, réduire au maximum le passage des grosses machines qui abîment le sol : la question n’est pas d’arrêter d’exploiter la forêt mais de le faire de manière progressive, afin de dégrader le moins possible les écosystèmes pour éviter les rejets de carbone trop importants. » « Dans l’exploitation forestière à impact réduit, un inventaire préa-

lable est réalisé afin d’éviter au maximum le gaspillage », ajoute Terhi Riutta, rappelant que de nombreux arbres, qui n’ont pas de valeur commerciale, sont des victimes collatérales de l’abattage intensif : ils sont laissés sur place, abîmés, et participent aussi à ces émissions de dioxyde de carbone. La planification de pistes de débardage permet également de minimiser les dommages au sol. L’étude de cette forêt de Bornéo est un premier pas, concluent les chercheurs, qui appellent à la réaliser sur d’autres massifs forestiers à travers le monde afin que ces derniers puissent être « représentés avec précision dans le budget mondial du carbone ». Un enjeu crucial, selon eux, à l’heure où le monde est lancé dans une course contre la montre pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, afin d’atténuer au maximum les effets du réchauffement climatique. ■

Quand la sélection naturelle nous aide à combattre les virus L’étude de 2 800 génomes sur une période de 10 000 ans a permis d’identifier des gènes protecteurs contre les maladies infectieuses.

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Vincent Bordenave

évolution Que se passerait-il si un voyageur temporel parvenait à rejoindre le présent depuis un passé lointain de plusieurs milliers d’années ? Physiquement, il serait impossible de le différencier de nos contemporains, mais cet individu aurait bien peu de chances de survivre. Et pour cause, il n’aura pas bénéficié des 10 000 années de sélection naturelle qui ont façonné notre génome et nous ont rendus plus résistants aux maladies. L’équipe Génétique évolutive humaine, de l’Institut Pasteur, publie dans la revue Cell Genomics les résultats de l’analyse du génome de 2 800 individus et raconte ainsi 10 000 ans d’évolution de notre système immunitaire. « Nous sommes les descendants de ceux qui ont survécu aux épidémies passées, explique Lluis QuintanaMurci, professeur au Collège de France et responsable de l’équipe à qui l’on doit ces travaux. Cette histoire a modelé notre patrimoine génétique et nous a rendus plus résistants à certaines maladies. » Quand un agent pathogène entre dans notre organisme, une part de la réponse est liée à notre génome. C’est ce qu’on appelle la réponse immunitaire innée, elle intervient avant les anticorps. Cette réponse est en grande partie héréditaire. En cas d’épidémie, elle favorisera donc ceux qui développent une défense plus efficace. Plusieurs études pendant la pandémie de Covid-19

avaient d’ailleurs mis au jour l’inégalité génétique qui existe entre les populations face à la maladie. Les populations originaires du Bangladesh sont par exemple plus à risque de développer des formes graves de la maladie à cause de gènes hérités de l’homme de Néandertal… Dans la même idée, l’équipe de Lluis Quintana-Murci a publié il y a deux ans une précédente étude qui retraçait l’évolution d’une mutation associée au risque accru de développer la tuberculose. Elle montrait alors que depuis 2 000 ans, cette mutation a énormément reculé. « Il y a eu une phase où la tuberculose a été particulièrement mortelle sur les deux derniers millénaires, explique le scientifique. Les personnes dotées de ce variant de risque étaient fragilisées. Suite à ces

travaux, nous avons décidé d’étendre nos recherches au génome entier avec plus d’individus. »

Plus vulnérables aux maladies inflammatoires

En reconstituant l’évolution dans le temps de ces génomes, les chercheurs ont identifié des centaines de milliers de mutations génétiques, et ont concentré leurs travaux sur celles qui devenaient de plus en plus fréquentes au cours des siècles. Les scientifiques ont ainsi pu cibler 89 gènes avec des mutations avantageuses, dont une grande partie est impliquée dans la réponse immunitaire innée. Pour chacun de ces gènes, ils sont en mesure de déterminer à quelle période la sélection a eu lieu. Et la plupart de ces événements de sélection sont arrivés à partir de

La pandémie de Covid-19 a mis en lumière l’inégalité génétique des populations. Gorodenkoff/ stock.adobe.com

l’âge de bronze, il y a 4 500 ans. « Cette période correspond au moment de la dernière grande vague migratoire avec l’arrivée des populations des steppes d’Asie centrale sur le continent européen, qui succède à l’arrivée des premiers chasseurscueilleurs, il y a 40 000 ans et à la vague des premiers fermiers d’Anatolie il y a environ 10 000 ans », raconte Lluis Quintana-Murci. La venue de ces nouveaux groupes a augmenté la densité humaine, et a rendu les sociétés plus exposées aux agents pathogènes, dont la peste. Mécaniquement, les individus dotés des outils génétiques permettant de mieux résister à ces maladies ont survécu quand les autres ont disparu. Il y a donc eu une accélération de l’adaptation des humains aux pathogènes. Nous avons en quelque sorte appris à nous défendre collectivement, mais au prix de nombreux morts. Les scientifiques se sont également intéressés à la situation inverse, c’est-à-dire, aux mutations dont la fréquence a diminué au cours des dix derniers millénaires. Des mutations qui sont probablement soumises à une sélection « négative » parce qu’elles augmentent le risque de maladies. Ils ont ainsi remarqué que ces événements de sélection ont principalement commencé, encore une fois, à partir de l’âge de bronze. Chose assez surprenante, il y a un corollaire à cette protection. Beaucoup des mutations protégeant contre les maladies infectieuses sont également associées à un risque accru de maladies inflammatoires ou auto-immunes, comme la

maladie de Crohn, ou le lupus. La protection contre les pathogènes nous rend plus vulnérables face aux maladies inflammatoires. Ces dernières sont moins létales, et leur impact sur la sélection naturelle est donc plus limité. En d’autres termes, que les personnes en soient atteintes ou pas, cela n’altère guère leur capacité de reproduction. Alors qu’un enfant qui meurt de la peste, ou de la grippe, parce qu’il n’a pas les bons gènes, n’aura pas eu de descendance. L’étude a comme limite de ne se concentrer que sur les populations européennes, car 78 % des génomes étudiés dans le monde sont issus de ce groupe, alors que les Européens représentent moins de 20 % de la population mondiale. L’équipe de Lluis Quintana-Murci ambitionne d’étudier les génomes des populations du Pacifique, notamment dans le but de « comprendre les mécanismes qui augmentent les risques d’obésité », explique Lluis Quintana-Murci. « On s’efforce de comprendre ce que la sélection naturelle a fait de nous et, par cette étude du passé, on essaye de comprendre quels leviers peuvent nous permettre de vivre en bonne santé ! » Nous portons en effet en nous l’histoire des relations entre nos ancêtres et tous les agents infectieux du passé. Comprendre les maladies d’hier, permet de soigner celles de demain. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si en octobre dernier, le paléogénéticien Svante Pääbo recevait le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le génome de Néandertal. ■

© Dean McQuade

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Sport

À 36 ans, Richard Gasquet court toujours Récemment sacré à Auckland, le numéro 1 français débute son Open d’Australie contre Ugo Humbert, ce mardi matin. Romain Schneider [email protected]

Tennis Contrairement à ses potes Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon, retraités respectivement depuis Roland-Garros et le Rolex Paris Masters 2022, Richard Gasquet fait encore durer le plaisir à 36 ans et 6 mois. Gaël Monfils, 36 ans lui aussi, blessé au pied, n’a de son côté plus joué en compétition officielle depuis août dernier, et envisage de retrouver le circuit mi-février. Non seulement Gasquet fait de la résistance, mais en plus, il arrive encore à performer. Mené un set zéro, puis 4-1 dans le troisième acte, le Biterrois a renversé le week-end dernier Cameron Norrie, 12e mondial, en finale du tournoi d’Auck­land (4-6, 6-4, 6-4) en 2 h 26. « La dernière fois que j’ai gagné (un tournoi), c’était en 2018 (à Bois-leDuc sur gazon, NDLR). J’aurai 37 ans cette année, et si on m’avait dit quand je suis arrivé ici la semaine dernière que je gagnerais le samedi suivant, je ne l’aurais pas cru. » Grâce à son sacre surprise à Auck­land, il est redevenu numéro 1 français au classement ATP avec la 42e place, un leadership qu’il n’avait plus retrouvé depuis le 10 juillet 2016. Pas forcément une bonne nouvelle pour le tennis tricolore… « À mon époque, le 42e mondial était 6e ou 7e français… C’est inimaginable que le numéro 1 français soit 42e mondial ! Ce n’est pas possible de laisser un pays comme la France à ce niveau », a-t-il soufflé à L’Équipe.

Richard Gasquet a battu samedi le numéro 12 mondial, Cameron Norrie, en finale du tournoi d’Auckland. MICHAEL BRADLEY/AFP

par le plaisir du jeu. En finale à Auckland contre Norrie, il a presque retrouvé ses jambes de 20 ans. La retraite attendra. Dans l’ombre des meilleurs, il écume surtout depuis deux ans les « 250 », la plus petite des catégories de tournois du grand circuit, à la recherche de points afin de rester autour de la 80e place mondiale, pour entrer dans les

grands tableaux des Grand Chelems sans passer par les qualifications. « Dès que je sentirai que ce sera trop dur physiquement et que l’envie ne sera plus là, j’arrêterai, confiait-il au Figaro à l’automne 2021. Tant que je peux jouer quatre tournois du Grand Chelem par an, je continuerai. J’ai fait le maximum depuis presque vingt ans et je n’ai aucune frustration. » Battu par le numéro 3 mondial Casper Ruud au 2e tour à Bercy en novembre dernier, le Biterrois

confirmait qu’il n’envisageait pas encore de ranger les raquettes : « Je ne sais pas si 2023 sera la dernière année pour moi. Je ne me pose pas encore la question. Cette année (en 2022), je n’ai pas été beaucoup blessé. J’ai disputé des 3es tours en Grand Chelem à l’US Open et Wimbledon. J’ai pris du plaisir sur le terrain. C’était une bonne saison même si évidemment je gagne moins de matchs que par le passé, mais j’ai réussi à battre des très bons joueurs et j’en ai accroché d’autres.

C’est le corps qui décidera si je continue ou si j’arrête. » Reste à savoir comment il va récupérer de sa semaine prolifique. En 2010, après avoir remporté un titre à Nice, il s’était incliné d’entrée à Roland-Garros face à Andy Murray. Ce mardi matin à Melbourne, c’est un adversaire en manque de confiance qui se dresse face à lui. Le gaucher messin Ugo Humbert, 24 ans, avait d’ailleurs déjà subi la loi de l’ancien en Australie, l’an dernier. ■

Le plaisir du jeu Inusable, « l’ex-petit Mozart », qui battait des records de précocité, a franchi en décembre dernier la barre symbolique des 900 semaines dans le top 100 mondial. En NouvelleZélande, le vétéran s’est offert le seizième titre de sa carrière. Lui, qui avait notamment dompté Daniil Medvedev, alors numéro 1 mondial, l’an dernier à Genève, prouve qu’il a de beaux restes. Top 10 pendant plus de 150 semaines, 7e mondial en 2007, trois fois demi-finaliste en Grand Chelem (Wimbledon 2007 et 2015, US Open 2013), l’ancien joueur de Sérignan demeure guidé et animé

16 titres

Nombre de tournois remportés par Richard Gasquet en vingt ans sur le circuit pro

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Bilan mitigé pour les Français Le bilan de la première journée de l’Open d’Australie est contrasté du côté des Français : Arthur Rinderknech a été sèchement battu par le Japonais Yosuke Watanuki 6-3, 6-3, 6-2, Grégoire Barrère s’est incliné contre l’Argentin Tomas Martin Etcheverry 3-6, 6-3, 6-4, 6-4, Quentin Halys a été dominé par Stefanos Tsitsipas 6-3, 6-4, 7-6, Luca Van Assche s’est incliné face au Britannique Cameron Norrie 7-6, 6-0, 6-3. Qualification en revanche pour Corentin Moutet vainqueur du Chinois Yibing Wu 6-4, 5-7, 6-2, 46, 7-5, et pour Constant Lestienne tombeur du Brésilien Thiago Monteiro 6-3, 7-6, 6-3. Du côté des Bleues, Clara Burel a dominé l’Australienne Talia Gibson 6-3, 6-4, alors que Selena Janicijevic a cédé face à la Slovène Kaja Juvan 7-5, 6-1, Leonia Jeanjean étant balayée par l’Argentine Nadia Podoroska 6-0, 6-3. Autres principaux résultats du simple hommes, lundi : Nadal (Esp/N.1) bat Draper (G-B) 7-5, 2-6, 6-4, 6-1; Medvedev (Rus/ N.7) bat Giron (E-U) 6-0, 6-1, 6-2; Molcan (Slov) bat Wawrinka (Sui) 6-7, 6-3, 1-6, 7-6, 6-4; AugerAliassime (Can/N.6) bat Pospisil (Can) 1-6, 7-6, 7-6, 6-3. Simple femmes : Swiatek (Pol/ N.1) bat Niemeier (All) 6-4, 7-5 ; Azarenka (Blr/N.24) bat Kenin (E-U) 6-4, 7-6. Programme ce mardi, à partir de 9 h (Eurosport): Zidansek (Slo)-Jabeur (Tun), Carballes Baena (Esp)-Djokovic (Ser) et Tomova (Bul)-Bencic (Sui), Machac (CZE)-Ruud (Nor).

L’Open d’Australie s’est démarqué des autres tournois du Grand Chelem en offrant un écrin et des conditions de jeu appréciés des spectateurs et des joueurs (ici, la Rod Laver rena). MANAN VATSYAYANA/AFP

Un an après l’affaire Djokovic, l’Open d’Australie a retrouvé toutes ses couleurs Jean-Julien Ezvan £@JeanJulienEzvan

L’OPEN d’Australie, scène brûlante dédiée au plaisir des yeux et du jeu avait, l’an dernier, évolué à l’ombre de la saga Novak Djokovic. Non vacciné, le Serbe, recordman des lieux, avait été expulsé avant les premiers matchs et le tournoi avait éprouvé des difficultés à se relever du feuilleton, avant d’être emporté par la magie des finales, le 21e titre en Grand Chelem de l’indestructible Rafael Nadal et la révérence émouvante d’Ashleigh Barty. Une édition finalement entrée dans la légende de l’Open d’Australie qui a été le vilain petit canard dans la cour des Grands Chelems avant de révolutionner le monde du tennis pour en devenir son lumineux symbole de modernité. Disputé sur gazon (comme Wimbledon et l’US Open jusqu’en 1975), l’Open d’Australie a longtemps été la quatrième roue du carrosse. Ni le plus ancien, ni le plus prestigieux (Wimbledon organisé depuis 1877 par un club privé), ni le plus électrique, ni celui doté du plus grand stade du monde ou de la plus forte dotation (l’US Open avec le court ArthurAshe et ses 23 000 spectateurs à

New York ; plus de 60 millions en dollars de gains en 2022), ni celui sculpté sur une terre historique pour creuser sa différence (RolandGarros, planté pour accompagner les exploits des « Mousquetaires » à la fin des années 1920, avant de devenir le premier tournoi Open en 1968 et jouissant du cadre de la Ville Lumière). Longtemps boudé (Björn Borg ne s’y est aventuré qu’une fois dans les années 1970), l’Open d’Australie a tracé une nouvelle voie. Pour rayonner, en déployant une modernité contagieuse, en quittant Kooyong, les boiseries, le charme suranné du club de la banlieue de Melbourne afin de s’installer en 1988 le long de la rivière Yarra dans le quartier financier. En changeant de surface (passant du gazon au dur) et de dimension. D’abord joué sur du Rebound Ace vert de 1988 à 2008, il opta pour le Plexicushion Prestige bleu depuis, jugé moins dangereux, la surface verte précédente ayant tendance à ramollir les jours de forte chaleur. Porté par le chaleureux public australien, festif et fou de sport, placé en début d’année (dès 1982) et non plus à cheval entre décembre et janvier, l’Open d’Australie va vite se faire remarquer et aimer. En offrant un écrin et des conditions de jeu appréciées des spectateurs et des joueurs (avec notamment des hôtels posés à quelques minutes seulement du site). En coiffant un premier court (Rod Laver Arena en 1988), pour se protéger de la pluie ou de chaleurs extrêmes, puis un deuxième (John Cain Arena en 2000), avant un troisième (Margareth Court Arena en 2015). En devenant l’exemple à suivre. Wimbledon coiffant le Center Court (en 2009), avant le court n° 1 en 2019. L’US Open en 2016 enchaînant en posant un toit sur le court Arthur-Ashe. Avant Roland-Garros sur le court Philippe-Chatrier en 2020 (les travaux sur le court Suzanne-Lenglen ont débuté en décembre, le toit rétractable sera disponible pour l’édition 2024, à quelques mois des Jeux olympiques et paralympiques). Un ensemble qui

à Melbourne, une fois les balles rangées, vit à l’année, accueille des concerts (AC/DC avait été le premier en 1988) et des manifestations sportives (natation, cyclisme sur piste…). Fort de cet écrin envié, l’Open d’Australie a ensuite su marquer les esprits avec des matchs d’anthologie. Dès 1988, avec la finale remportée par Mats Wilander contre Pat Cash 8-6 au 5e set (Steffi Graf dominant, elle, Chris Evert pour lancer son année en or). De jour, comme de nuit (Lleyton Hewitt vainqueur au 3e tour de Marcos Baghdatis, un match conclu en 2008 à 4 h 33 du matin). Et si le tournoi a vu passer des ovnis comme le Sué-

Porté par le chaleureux public australien, festif et fou de sport, le tournoi de Melbourne va vite se faire remarquer dois Thomas Johansson (titré en 2002), les stars s’y sont vite installées. Andre Agassi (4 titres) prenant ses aises comme nulle part ailleurs, Martina Hingis (3 titres) y devenant un phénomène, Novak Djokovic soulevant son premier trophée majeur (en 2008 contre Jo-Wilfried Tsonga que la presse australienne comparait à Mohamed Ali) avant de s’inscrire comme le recordman (9 titres). Andy Murray y a pleuré des larmes de crocodile (5 finales perdues), Serena Williams y a gagné autant de titres qu’à Wimbledon (7), Rafael Nadal y a vécu des finales interminables (une perdue en 5 h 53 contre Novak Djokovic en 2012 ; la dernière remportée en 5 h 24 face à Daniil Medvedev en 2022). Sans oublier d’être à la pointe du tennis fauteuil (premier tournoi du Grand Chelem en 2002). Et au cœur de ses mutations, le tournoi a accompagné la résurrection de Roger Federer en 2017. « L’Open d’Australie a toujours occupé une place spéciale dans son cœur. Rappelez-vous que c’est Roger qui a été le premier à appeler l’Open

d’Australie le “happy slam” (le Grand Chelem heureux) », aime rappeler Craig Tiley, le directeur d’un tournoi qui promène sa chaleur et ses couleurs, habille les nuits des passionnés, en Europe, au cœur des frimas de janvier. L’identité visuelle du tournoi accrochée à l’ombre d’un serveur (Stefan Edberg) sur un fond de couleurs acidulées en 1995 s’est en 2016 résumée aux initiales AO (Australian Open), mixte, graphique, internationale, facilement identifiable et déclinable. Une signature. Une invitation au voyage. Un logo graphique posé sur un fond bleu horizon renvoyant l’image des courts et du ciel australien. Idéal pour les produits dérivés en 2016. La réussite économique a accompagné les évolutions, le succès sportif et populaire. Au cours des dix dernières années, le Grand Chelem a, selon la société d’analyse Nielsen Sports, apporté 2,71 milliards de dollars australiens (1,73 milliard d’euros) à l’État de Victoria. Pour sortir de l’ombre et ouvrir l’année en beauté. Sous le soleil ou la lumière des projecteurs… ■

en bref Handball : trois sur trois pour la France au Mondial

L’équipe de France a dominé ce lundi la Slovénie (35-31), signant ainsi un troisième succès en trois matches lors du Championnat du monde organisé conjointement par la Pologne et la Suède. Une victoire qui permet aux Bleus d’aborder le tour principal avec 4 points au compteur, et une vue dégagée sur les quarts de finale.

Rugby : Eddie Jones de retour en Australie Remercié par l’Angleterre le mois dernier, l’entraîneur australien fait son retour à la tête des Wallabies, à la place de Dave Rennie, dans l’espoir de remporter la Coupe du monde 2023 en France.

le figaro

LE CARNET DU JOUR Les annonces sont reçues

deuils

avec justification d’identité du lundi au vendredi

Xavier et André-Marc Gavériaux

Ludovic et Camille Eyt-Dessus, Martin et Julie Bach, Nicolas et Stéphanie Bach, ses petits-fils et leurs épouses,

ont la tristesse de vous faire part du décès de

Christine et Georges Sabbagh, Jacques Bagge,

(excepté les jours fériés)

leurs enfants et petits-enfants

Lou, Alice, Romy, Nine, Charly et Ange, ses arrière-petits-enfants,

et tous les dimanches

ont la tristesse de vous faire part de la mort de

ont la tristesse de vous faire part du décès de

de 9h à 13h.

Dominique BAGGE

Mme Simone EMERY née Scheer,

le 15 janvier 2023.

Elles doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain, avant 13 h les dimanches.

La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 20 janvier, à 9 heures, en l'église Saint-Pierre-de-Montrouge, Paris (14e), suivie de l'inhumation au cimetière de Précy-sous-Thil (Côte-d'Or). [email protected] [email protected]

le vendredi 6 janvier 2023, à Neuilly-sur-Seine, à l'aube de son 102e anniversaire. Elle reposera au cimetière de L'Île-d'Yeu, aux côtés de Nicole et François. Une cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 20 janvier, à 14 h 30, en la chapelle haute de l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine.

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Christine Barreau-Moisset, sa fille, Alexandre Moisset, son petit-fils, Victoire, Charlotte, Louis, Gabriella et Raphaël, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu le 12 janvier 2023, dans sa 98e année, de

Monique BARREAU La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Lormes (Nièvre), le vendredi 20 janvier 2023, à 11 heures.

Patrick et Monique Kavanagh, Jean-Pierre (†) et Nadine Fages, Bernard et Chantal Fages, Bruno et Martine Fages, Geneviève Fages, ses enfants, et leurs familles respectives vous font part du rappel à Dieu de

Viviane FAGES

née Moncomble, le 12 janvier 2023, dans sa 96e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 18 janvier, à 10 heures, en l'église Saint-Jean-Bosco de Toulon (Var).

Hervé et Catherine Billet, Odile et Francis Cuitot, Arnaud et Marthe Billet, ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants ainsi que toute la famille ont la tristesse de vous faire part du décès de

Lucien BILLET le vendredi 13 janvier 2023, dans sa 95e année. La cérémonie religieuse se déroulera le vendredi 20 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Martin-et-Saint-Magne de Nangis (Seine-et-Marne).

« Je me remets entre tes mains avec une infinie confiance, car tu es mon Père. » Charles de Foucault. Claire et Guy Criton, Clémentine, Vincent, Thomas et Guillaume, Anne-Rochelle et François Farges, Augustin, Juliette et Alix, Reinhild et Olivier Farges, Frederic, Nicolas, Bernadette et Dominic, Valentine Jeske, Anna, Joséphine et Charlotte, ses enfants et petits-enfants, et toute sa famille ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de

Mme Edith FARGES Mme Dominique Dubarry, son épouse, Jérôme Dubarry, son fils, Patricia et Marie-Christine, ses sœurs, leurs enfants et petits-enfants ont la tristesse de faire part du décès de

Dominique DUBARRY

lieutenant-colonel (h.), officier de l'ordre national du Mérite, président des anciens combattants (section Paris XVIe), ancien auditeur de l'IHEDN,

née Hess,

le 8 janvier 2023, dans sa 92e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 21 janvier, à 10 heures, en l'église Notre-Dame de Franqueville-Saint-Pierre (Seine-Maritime). Un registre sera ouvert pour recueillir vos messages d'amitié. Ni fleurs ni couronnes. Des dons pourront être offerts à l'association Solidarités International, https://dons.solidarites.org

survenu à Paris, le 10 janvier 2023.

Après la célébration, on se réunira chez Claire.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Notre-Dame-de-Grâcede-Passy, Paris (16e), le jeudi 19 janvier, à 10 h 30.

L'inhumation aura lieu au cimetière des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône). Claire Criton, 4, square des Cerfs, 76520 FranquevilleSaint-Pierre.

ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Nicole GEORGES-PICOT née Lemoyne,

le 13 janvier 2023, à Paris.

ANNIVERSAIRE Fêtez-les dans le Carnet du Jour

2023-01-17T09:45:59+01:00

2023-01-17T03:12:05c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Téléphone : 01 56 52 27 27 [email protected]

Autre

née Gaëtan,

survenu le 10 janvier 2023, à l'âge de 80 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée au monastère de Cimiez, à Nice, le jeudi 19 janvier 2023, à 10 heures, suivie de l'inhumation dans l'intimité familiale, au cimetière d'Ollioules (Var). Cet avis tient lieu de faire-part.

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, 92, rue Saint-Dominique, à Paris (7e), le mercredi 18 janvier 2023, à 11 heures. 15, rue de la Comète, 75007 Paris.

La vicomtesse Jacques-Youenn de Quelen, née Chantal d'Auzers, le vicomte et la vicomtesse Tristan de Quelen, le vicomte et la vicomtesse Hern de Quelen, M. et Mme Dominique Gruter,

disparition

François Roussely, ancien PDG d’EDF

Yvain et Héloïse, Noël et Jérôme, Clément et Aurélia ont la tristesse de faire part du rappel à Dieu du

vicomte Jacques-Youenn de QUELEN le 15 janvier 2023, à l'âge de 76 ans. La messe d'enterrement aura lieu le mercredi 18 janvier, à 14 h 30, en l'église d'Auzers (Cantal).

Frédéric et Wing Yee Lainé, Maryl et Guillaume Foucault, Pauline et Tanguy Nedelec, ses enfants, Thomas, Nicolas et Antoine, Prudence et Rose, Arthur et Jules, ses petits-enfants, Didier Giafferi, Christine et Alain Molay, leurs enfants et petits-enfants, son frère et sa sœur et leurs conjoints, ses neveux nièces, ont la profonde tristesse de faire part du décès de

Marie-Annick GIAFFERI « Nannick »,

survenu à son domicile le 14 janvier 2023, à l'âge de 78 ans, entourée de ses enfants, petits-enfants et amies. La cérémonie aura lieu le jeudi 19 janvier, dans l'intimité familiale.

Une messe sera célébrée ultérieurement à Paris.

En union de prière avec son épouse Madeleine, décédée le 24 août 2021, Denys et Marie-Laure Rousseau, Emmanuel et Brigitte Rousseau, Brigitte et Pierre Sauzeau, Blandine et Emmanuel Perrin, ses enfants et leurs conjoints, Aristide, Pauline et Olivier, Ophélie et Lorenzo, Guillaume et Déborah, Cécile et Nicolas, François et Anne, Christophe et Pauline, Hélène, Paul et Solène, Adrien, Éléonore, Marine et Victor, Camille, Cyrille et Hortense, ses petits-enfants et leurs conjoints, Martin, Lise, Charles, Alexis, Inès, Joseph, Madeleine, Géraud, Amália, Leonor, Raphaëlle, ses arrière-petits-enfants,

Pau (Pyrénées-Atlantiques).

les familles Rousseau et Million

Mme Arlette Deschassot-Guillon, son épouse, Mme Séverine Toullelan-Guillon, Mme Muriel Guillon, ses sœurs, et leurs familles, Mme Nicole Michel, née Deschassot, et ses enfants, Mme Marie-Eléonore Deschassot et ses enfants, ses nombreux amis

ont la tristesse de vous faire part du décès de

ont la tristesse de vous faire part du décès de

M. Michel GUILLON survenu le 14 janvier 2023, à l'âge de 81 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 20 janvier, à 9 heures, en l'église Sainte-Thérèse, 79, avenue Trespoey, à Pau, suivie de la crémation. Cet avis tient lieu de faire-part.

Dominique ROUSSEAU

commissaire de la marine (e.r.) 1945, ancien président de la chambre de commerce et d'industrie franco-portugaise, ancien délégué des Français du Portugal au CSFE (Conseil supérieur des Français de l'étranger), officier de la Légion d'honneur, survenu à la veille de son 101e anniversaire, le mercredi 11 janvier 2023. La messe de funérailles aura lieu le mercredi 18 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Jean-Baptistede-la-Salle, Paris (15e). L'inhumation se fera au cimetière de Saint-Liguaire (Deux-Sèvres), le vendredi 20 janvier, à 11 h 30. 26, rue de Staël, 75015 Paris.

Mainvilliers (Eure-et-Loir). Vertolaye (Puy-de-Dôme). M. Christian Mesuré, son époux, M. et Mme Olivier Mesuré et leurs enfants, M. et Mme Antoine Mesuré et leurs enfants, M. et Mme Arnaud Mesuré et leurs enfants ont la tristesse de vous faire part du décès de

Mme Isabelle MESURÉ née Casati,

survenu le 12 janvier 2023, à l'âge de 75 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 20 janvier, à 14 h 30, en l'église de Vertolaye, suivie de l'inhumation au cimetière d'Ambert.

M. Pascal Georges-Picot, son mari, Benoît Miquel-Georges-Picot Christine Fath, Sophie Tingry, Constance Capot, David Georges-Picot, ses enfants, ainsi que leurs conjoints, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants

un

Anne-Marie GAVÉRIAUX

Marie-Rose Billet, son épouse,

Paris (7e).

Demain

13

Sylvie Emery, sa fille,

de 9h à 13h et de 14h à 18h

Mardi 17 Janvier 2023

Mme Catherine Papillon-Bonnot Louis, sa sœur, M. Cyrille Louis et Mme Delphine Chayet, son neveu et sa compagne, Maël, Sacha et Elise, ses trois petits-neveux, ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Marie-Christine PAPILLON-BONNOT survenu le 31 décembre 2022, dans sa 81e année. Les obsèques auront lieu dans l'intimité familiale, le jeudi 19 janvier 2023, au cimetière du Père-Lachaise, à Paris (20e), où elle reposera auprès de ses parents.

Sophie, Hugues et Isabelle, ses enfants et belle-fille, Nicolas, Méliné, Ariane, Charlotte, Arthur, Basile, ses petits-enfants, ainsi que toute la famille ont la tristesse de vous faire part du décès de

M. Gérard VARTANIAN survenu le 13 janvier 2023, à l'âge de 88 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 19 janvier, à 14 h 30, en l'église Saint-Hilaire de Mainvilliers. Cet avis tient lieu de faire-part.

remerciements Merci d'avoir rendu un si bel hommage à notre maman,

Odile BERGER Votre présence, vos mots, vos fleurs sont de beaux témoignages d'amitié. Isabelle, Anne, Benoît et leurs familles.

souvenirs Il y a trente ans disparaissait

Jeannine BERNARD Que ceux qui l'ont connue et aimée aient une affectueuse pensée pour elle.

François Roussely en 2003.

Pictobank/ABACA

Bertille Bayart

François Roussely s’est éteint le 10 janvier, au lendemain de ses 78 ans. Célèbre pour avoir été le patron d’EDF pendant six ans, de 1998 à 2004, François Roussely a, en fait, connu plusieurs vies en une seule. Un parcours hors norme de grand commis de l’État à ­l’ancienne. La carrière de François Roussely est celle d’un énarque (promotion Pierre Mendès France, 19761978) de gauche au bon moment. Il intègre dès 1982 un premier cabinet, celui de Gaston Deferre, à l’Intérieur. Il reste à Beauvau quand Pierre Joxe s’y installe, en 1984. Roussely sera d’abord l’homme de ce ministre, dont il finira par diriger le cabinet, toujours à l’Intérieur, en 1988, après la cohabitation et le retour de la gauche au pouvoir.

Premiers jalons dans le renouvelable

De 1989 à 1991, François Roussely devient directeur général de la police nationale. Puis, pendant trois ans, il est le puissant secrétaire général pour l’administration, au ministère de la Défense. C’est en 1997, après trois années passées à la Cour des comptes, son corps d’origine, que sa carrière bifurque une première fois vers l’entreprise, publique, quand il rejoint pour moins d’un an la SNCF, dont il est secrétaire général, avant de retourner à la Défense pour un an, comme directeur de cabinet du ministre Alain Richard. En juillet 1998, il est propulsé PDG d’EDF. Sa nomination à la tête de l’électricien national intervient dans un climat particulier. L’entreprise est à l’époque déchirée par le conflit qui a opposé pendant deux ans son président, Edmond Alphan­déry, et son directeur général, Pierre Daurès. C’est de ce moment que date la réunification des fonctions à la tête d’EDF, incarné par un seul et PDG depuis François Roussely, jusqu’à Luc Rémont aujourd’hui. Patron d’EDF, François Roussely a été l’artisan de son développement international, multipliant les acquisitions et les prises de participation au RoyaumeUni, en Allemagne ou encore en Italie. Il est aussi celui qui prépare le groupe au grand bain de la concurrence, au changement de son statut et à l’ouverture du capital par l’introduction en Bourse. Et, enfin, le patron qui pose les premiers jalons d’EDF dans le domaine des énergies renouvelables.

L’entrée en Bourse a eu lieu en 2005, après le départ de François Roussely dans des conditions qui sont restées dans l’histoire du capitalisme d’État à la française. À la fin de son mandat, en 2004, François Roussely est resté plusieurs mois à expédier les affaires courantes, effectuant son propre intérim le temps que l’exécutif se décide sur son sort. Soutenu par Nicolas Sarkozy, Roussely a perdu cette bataille face au premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et son poulain Pierre Gadonneix. La carrière du grand commis épouse alors un nouveau virage, « improbable », comme le dit en souriant l’un de ses proches : direction la banque d’affaires, à la tête de Credit Suisse en France, puis associé, de 2015 à 2019, de la banque de Jean-Marie Messier. Pendant ces années dans le privé, l’énergie est restée un fil conducteur pour François Roussely, qui a conseillé plusieurs opérations dans le secteur, dont la restructuration d’Areva. En 2010, Nicolas Sarkozy lui avait confié une mission d’expertise sur la filière nucléaire française, mise en échec dans les contrats d’export comme à Abu Dhabi, et déchirée par le conflit entre les dirigeants d’Areva, Anne Lauvergeon, et d’EDF, Henri Pro­ glio, dont Roussely était ­proche.

Homme de grande influence

Curieux, éclectique dans ses envies de rencontres et de connaissances, il a cependant « toujours eu deux marottes », témoigne un proche, « le budget de la Défense et le nucléaire ». Deux marottes qui apparaissent aujourd’hui d’une grande modernité. François Roussely a laissé, dans le Paris des affaires, le souvenir d’un homme de grande influence, dissimulé derrière un physique presque chétif mais dont le regard témoignait de l’incroyable énergie qui l’habitait. Il s’est fait quelques ennemis pendant son parcours, mais s’est créé beaucoup de grandes fidélités, comme celles qui l’ont lié à Jean-Yves Le Drian, à Cédric Lewandowski, son ancien collaborateur chez EDF devenu directeur de cabinet de Le Drian à la Défense avant de revenir chez l’électricien, dont il pilote le parc nucléaire, ou encore à Fady Lahame, son acolyte dans la b ­anque. L’ancien patron était réputé pour sa fermeté, mais beaucoup se souviennent aussi de l’attention qu’il témoignait à ses équipes, ainsi que du temps qu’il consacrait à ses enfants, puis à ses petitsenfants. ■

mardi 17 janvier 2023 le figaro

14

champs libres Récit

Brejnev, Andropov : des malades à la tête de l’URSS Nulle part l’état de santé des gouvernants n’est l’objet d’une omerta aussi absolue qu’en Russie. À l’époque des tsars rouges, Lénine, Staline et leurs principaux successeurs l’ont illustré tour à tour. Poutine prolonge cette tradition politique. Second volet de notre récit en deux parties.

cien Régime (traduit chez Perrin en 2013), et qui gangrène le parti-Etat. Reflet d’une époque où la foi communiste disparaît, le maître du Kremlin juge que chacun a bien le droit de vivre le mieux possible, à commencer par ses propres enfants, Galina et Iouri, qu’il gave de prébendes et dont il couvre les frasques. Aussi l’immense majorité des cadres du Parti préfère un Brejnev affaibli, même un peu ridicule, au risque d’une succession incertaine. Au reste la progression de l’influence soviétique en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine flatte l’orgueil national, au même titre que les négociations sur le désarmement d’égal à égal avec les États-Unis. Et Brejnev, désireux de faire oublier la modestie de ses états de service pendant la guerre, ne refuse rien à l’armée qui, en retour, satisfait son goût insatiable pour grades et décorations. C’est à l’initiative du dirigeant soviétique que naît alors, en URSS, le culte de la « Grande Guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie, rite dont il se veut le servant, et que Poutine portera plus tard à son paroxysme. Enfin, si le Soviétique de la rue n’a pas son mot à dire, il reste que, malgré les pénuries généralisées à la fin des années 1970 et les files d’attente devant les magasins, sa vie quotidienne demeure un peu moins dure que sous Khrouchtchev, relève Andreï Kozovoï dans sa passionnante biographie. Et si de jeunes contestataires moscovites s’horripilent de la gérontocratie au pouvoir, une partie du peuple tient Brejnev, clé de voûte de leurs vies depuis si longtemps, pour un père nourricier dont on craint la mort. Lorsque son visage disparaît deux mois du petit écran sans explication officielle, un flot de courriers angoissés afflue au Kremlin en vue de s’enquérir de sa santé et lui souhaiter un prompt rétablissement. La hantise du chaos semble l’emporter, dans les profondeurs du pays, sur le désir de changement. Ces Soviétiques-là ne désirent pas entendre que Brejnev est au plus mal, mais qu’il va se rétablir. La propagande officielle, qui le montre toujours en bonne santé, rassure une partie de l’URSS. Et d’autres Russes jugent inévitable que, comme au temps des tsars, le souverain refuse d’abdiquer et expire sur le trône, le pays dût-il en pâtir.

Guillaume Perrault

£@GuilPerrault

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Obsession du secret

l’État” en vue de créer une société sans classes, NDLR). Staline a prouvé qu’une personne seule pouvait diriger un pays. Khrouchtchev a prouvé qu’un idiot pouvait diriger un pays. Brejnev a prouvé qu’on pouvait ne pas diriger un pays du tout. » Malgré l’armée de médecins qui l’entoure, les AVC du dirigeant soviétique se multiplient. En 1975, à la télévision, il lit de façon mécanique un texte court, que ses collaborateurs doivent imprimer en gros caractères. Au discours du 25e congrès du Parti, l’année suivante, le dirigeant soviétique ne quitte presque pas sa feuille des yeux, prononce mal les mots, fait des lapsus – il remplace kholodnaïa voïna (« guerre froide ») par kholodnaïa voda (« eau froide »).

Le secrétaire général du PCUS Leonid Brejnev (au centre) est soutenu par deux hommes à la sortie du Kremlin en février 1982. Alamy via Reuters Connect

Dégradation physique et intellectuelle

Pourquoi Brejnev n’a-t-il pas été écarté par ses pairs « pour raisons de santé », suivant la formule consacrée lors des révolutions de palais dans les pays de l’Est, et qui, pour une fois, n’aurait pas été de la langue de bois ? À l’époque, les crises s’accumulent : affaire Soljenitsyne, stagnation économique, invasion de l’Afghanistan en 1979, visite historique de JeanPaul II en Pologne en juin 1979 puis état de siège pour museler Solidarnosc en décembre 1981, bras de fer avec l’Amérique de Reagan. Comment donc expliquer que le maître du Kremlin ait pu se maintenir au pouvoir jusqu’à sa mort, fin 1982, alors que sa dégradation physique et intellectuelle était évidente (il finit par prononcer des discours à moitié incompréhensibles) aux yeux du monde entier, et humiliante pour les Soviétiques à la fin de son règne ? C’est que Brejnev, presque jusqu’au bout, conserve des atouts qu’il ne faut pas sous-estimer. Volontiers chaleureux, capable d’humour, il sait écouter ses interlocuteurs et diriger de façon collective, à la façon d’un primus inter pares. Le vieil apparatchik entretient avec soin des réseaux clientélistes et de vassalité. L’homme n’humilie personne, même les membres d’autres clans dont il contrarie parfois les ambitions. Garant de la stabilité des cadres menacée jadis par Khrouchtchev, il respectera jusqu’au bout ce contrat moral avec l’appareil. Et le numéro un soviétique ferme les yeux sur la corruption généralisée, vieux fléau hérité de la Russie des tsars, comme l’a souligné avec sévérité l’historien américain d’origine polonaise Richard Pipes dans La Russie sous l’An-

Alamy via Reuters Connect

es conjectures sur la santé de Vladimir Poutine dans les médias occidentaux sont permanentes. Obtenir des confidences d’interlocuteurs fiables n’est pas aisé pour les services secrets américains : un culte du secret entoure la santé de Poutine, comme des dirigeants soviétiques avant lui. Bien entendu, dans d’autres pays, à commencer par la France, des chefs d’État ont caché leurs maladies. Mais il existe une singularité russe en la matière, legs de l’URSS. À Moscou, infiniment plus qu’ailleurs, le secret est un attribut de la puissance. Après Lénine et Staline (nos éditions d’hier), les cas de Brejnev et, plus brièvement, d’Andropov, le vérifient. Khrouchtchev une fois écarté en 1964, le règne du nouveau tsar rouge, Brejnev, atteste combien la maladie du secrétaire général du Parti communiste d’URSS est un secret d’État. Certes, l’époque a changé. Bon vivant, âgé de 57 ans lors de son avènement, Brejnev avait alors des préoccupations de playboy. Ce séducteur aux traits encore jeunes disait ressembler à Alain Delon. Pourtant, très vite, ce gros fumeur et buveur, habitué des barbituriques et des anxiolytiques, faisant une consommation frénétique de somnifères, souffre - comme Lénine avant lui - d’artériosclérose. Dès l’été 1968, alors que Brejnev décide d’écraser le printemps de Prague, sa fatigue chronique est manifeste. Au cours des années 1970, il disparaît de façon régulière dans des cliniques. Officiellement pourtant, dans la grande tradition soviétique, tout va bien. En octobre 1971, Brejnev déclare à Pompidou : « Sauf mon père qui est mort du cancer, on vit très vieux dans ma famille : 89, 93 ans. J’entends bien perpétuer cette tradition. » Le président français, qui, on le sait, mourra au printemps 1974, lui répond, par une cruelle ironie : « Vous m’enterrerez. » (Andreï Kozovoï, Brejnev. L’antihéros, Perrin). Les visiteurs de Brejnev finissent par remarquer, en coulisses, la présence d’une infirmière de vingtcinq ans sa cadette, Nina Koroviakova, pour qui le chef de l’URSS semble éprouver un sentiment tendre. Elle ne le quitte pas. Peu à peu, Nina exerce un grand ascendant sur le tsar rouge. Non seulement Brejnev lui confie sa santé, mais il prend l’habitude de la consulter sur les dossiers politiques du moment, au grand effarement du Politburo. Certains soupçonnent le chef du KGB, Andropov, de l’avoir placée là pour influencer le numéro un soviétique. Selon d’autres témoignages, Andropov était au contraire très inquiet de la relation fusionnelle entre Brejnev et Koroviakova. Après avoir tenté en vain de convaincre le secrétaire général de s’en séparer, il aurait donné son feu vert à une barbouzerie destinée à convaincre la séduisante infirmière de s’éloigner. Quoi qu’il en soit, celle-ci finit par s’effacer. À la fin de la vie de Brejnev, le Tout-Moscou chuchotera qu’il a désormais recours à une guérisseuse par imposition des mains, une jeune et séduisante Géorgienne surnommée « Djouna ». Dès le mitan des années 1970, du reste, le secret d’État de la maladie de Brejnev n’est plus qu’un secret de Polichinelle. La presse occidentale l’évoque ouvertement. La CIA recrute un médecin exclusivement chargé d’établir un diagnostic sur l’état de santé de l’hôte du Kremlin. De l’autre côté du rideau de fer, les blagues que les Soviétiques se racontent dans les cuisines pour supporter leur morne quotidien le raillent : « Lénine a prouvé que même les cuisinières pouvaient diriger un pays (allusion à un slogan de Lénine, “Chaque cuisinière doit apprendre à gouverner

La règle d’or, pour un tsar rouge malade, semble ainsi : « N’avouez jamais ». Le secret sur la dégradation de son état de santé - ou à défaut, s’il saute aux yeux, l’incertitude sur la nature du mal, son degré de gravité et, surtout, les perspectives de l’endiguer - permet de tenir en respect les prétendants et de maintenir les bureaucrates dans l’obéissance. Mais il répond aussi au désir de sécurité d’une partie de la population et l’entretient dans une sorte de dépendance. Brejnev meurt le 11 novembre 1982, à l’approche de ses 76 ans. Derrière les murailles de brique rouge du Kremlin, les principaux dirigeants soviétiques (Gromyko, Tchernenko, Tikhonov), appuyés par le ministre de la Défense, Oustinov, choisissent son successeur. Le chef du KGB, Andropov, est coopté secrétaire général du Parti à 68 ans. La décision du bureau politique est entérinée par le Comité central. Les obsèques de Brejnev ont lieu par un froid glacial, dans la grande tradition soviétique. Le nouveau numéro un, Andropov, l’homme qui a persécuté des milliers de dissidents et d’opposants, le croisé de la lutte contre la corruption, le maître de l’espionnage industriel à l’Ouest, souffre en particulier du diabète. Ses absences sont fréquentes. Et, une fois encore, les Soviétiques se demandent si leur dirigeant est capable d’assumer le pouvoir. Pendant ses cures dans le sud de la Russie, les années précédentes, Andropov s’était lié avec le premier secrétaire de la région de Stavropol, un certain Gorbatchev, qu’il conviait à déjeuner ou dîner avec sa femme lors de ses séjours dans un sanatorium des environs. Le patron du KGB a « poussé » Gorbatchev, de dix-sept ans plus jeune, au secrétariat du Comité central puis au Politburo et voyait en lui, semble-t-il, un successeur possible. Le 25 septembre 1978, à la petite gare de Mineralnye Vody, à 1 500 kilomètres de Moscou, s’était ainsi déroulée une scène qui appartient à l’histoire. Se trouvaient réunis, conversant sur un quai désert, Brejnev, Andropov (qui mourra après quinze mois à la tête du pays, le 9 février 1984), Tchernenko (qui lui succédera treize mois jusqu’à son décès, le 10 mars 1985), et Gorbatchev, leur cadet, venu les accueillir. Soit les quatre derniers dirigeants soviétiques jusqu’à l’effondrement de l’URSS en 1991. Les racines soviétiques de l’obsession du secret qui entoure la santé de Poutine sont ainsi avérées. C’est le corollaire d’un système de pouvoir personnalisé à l’extrême et, au premier chef, du contrat moral passé entre le dirigeant et l’appareil d’État, qui s’engagent tacitement à favoriser leur conservation mutuelle. Tout plutôt que l’instabilité et l’incertitude. Le secret est, en Russie, l’ultime garant de la puissance. ■

Le nouveau numéro un, Andropov (photo), souffre en particulier du diabète. Ses absences sont fréquentes. Et, une fois encore, les Soviétiques se demandent si leur dirigeant est capable d’assumer le pouvoir

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mardi 17 janvier 2023

champs libres le figaro

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ÉCONOMIE

L’alimentation biologique peut-elle rebondir en France ? fraudes de certains opérateurs, attirés par le succès du logo AB. Même si les premiers signes de décrochage datent de début 2021, soit bien avant le retour de l’inflation alimentaire, la grande cause de ce déclin réside dans le prix plus élevé de ces produits, entre 20 % et 100 % plus chers que les aliments « conventionnels ». Cet écart tarifaire, bien que nécessaire pour compenser les pertes de rendements liées aux contraintes du label (- 50 % en moyenne dans les céréales), devient rédhibitoire pour les foyers les plus modestes quand l’inflation s’invite à table. Comme c’est le cas actuellement avec une hausse des étiquettes alimentaires atteignant 14 % sur un an. Plus structurellement, le développement à marche forcée du bio en France s’est retourné contre la filière. Poussées jusqu’à l’excès politiquement, avec un objectif public de 15 % des terres agricoles françaises cultivées en bio en 2022 (et 18 % en 2027), les conversions en France ont été massives dans certaines filières (lait, œufs…). Avec un tel élan, quand la demande se tarit, le retour de bâton est douloureux. Actuellement, 30 % des volumes de porc AB se vendent au prix du conventionnel.

Olivia Détroyat

[email protected]

alimentation Eldorado des agriculteurs, des agro-industriels et des distributeurs pendant les années 2010, le marché du bio en France connaît un coup de frein inédit. Pénalisés notamment par l’inflation galopante depuis un an sur les produits alimentaires, ces produits cultivés sans pesticides (entre autres) ont vu leur insolente croissance s’interrompre depuis deux ans. Après une consommation globale en recul de 1,34 % en 2021 selon l’Agence Bio, la baisse s’est accélérée l’an dernier, avec une contraction du chiffre d’affaires en grandes surfaces frôlant 4 % selon le panéliste IRI. En volume, le retrait dépasse même 7,5 %. Du jamais vu sur ce rayon ! Bien qu’habitués aux coups de frein, les acteurs bio semblent cette fois affronter des difficultés plus structurelles. Ainsi, les « déconversions » d’agriculteurs se sont accélérées en 2022. Environ 1 500, soit 2,5 % des bataillons de paysans bio, sont sortis du label. Tout comme les fermetures de commerces spécialisés, qui atteignaient 165 magasins fin octobre, et ne seront pas compensés par les 140 ouvertures de 2022. Dans cet environnement morose, la filière cherche les pistes de rebond.

La contraction de la demande pour le bio s’accélère en 2022 ÉVOLUTION DU CHIFFRE D'AFFAIRES DU MARCHÉ BIO EN FRANCE, en milliards d'euros

2

11,4

La France reste le deuxième marché bio en Europe

3

9

Pour l'année 2022, la chute du chiffre d'affaires des produits bio en grandes surfaces frôle 4 % selon l’IRI

7,9 6,7

4,5

6

3,9 3,5

4,2

4,8

5,5

3

0

Toutes surfaces bio

(en conversion et certifiées)

13

ITALIE

1

3

0

12 %

Norvège

9

Pays-Bas

Irlande

Belgique

2023-01-17T09:45:59+01:00

2023-01-17T03:12:05c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

Rép. tchèque Slovaquie

Autriche Hongrie 26 %

France

10 %

7,3 %

2014 15 16 17 18

25 20 15 10 5

Pologne Allemagne

Croatie

5,7 %

4,1 %

un

2021

en % en 2020

Lettonie Lituanie

9,5 %

Demain

Estonie

Danemark

Luxembourg

Source : Agence Bio

2014

PART DES SURFACES CULTIVÉES DE MANIÈRE BIOLOGIQUE SUR LA SURFACE AGRICOLE UTILE TOTALE,

Finlande Suède 20 %

12

3

2005

Source : Agence Bio

objectif 2022

6

20 000

1

4,5

L’objectif de 18 % à horizon 2027 est remis en cause

Portugal

Espagne

fermes

millions ha

2

FRANCE

objectif 2027

58 423

60 000

40 000

16

ÉVOLUTION DE LA SAU (SURFACE AGRICOLE UTILE) EN BIO EN FRANCE, en %

15

2,78

ALLEMAGNE

... l’objectif de 15% de terres bio à horizon 2022 n’est pas tenu

18

« Il y a eu un affichage politique très fort, efficace quand le marché se tenait bien, mais qui s’est révélé une pure fiction quand la demande pour le bio a calé. » Pour ce dirigeant d’une grande coopérative agricole, comme pour de nombreux producteurs, le sentiment grandit que l’objectif gouvernemental de 18 % de terres françaises cultivées en bio d’ici 2027 risque d’accentuer les déséquilibres de marché. D’où la nécessité de mieux piloter l’offre. D’abord en stoppant les conversions. Ce qu’ont fait des géants comme Sodiaal (Candia, Entremont) ou Lactalis depuis plus d’un an, le temps que le marché se régule. En rayon, tous les distributeurs rationalisent aussi leur offre AB. « Le bio a été surexposé, donc nous retravaillons les assortiments pour passer de 9 % à 10 % de nos rayons en bio, détaille Benoît Soury, de Carrefour. Tout en gardant nos tailles de linéaires pour ne pas perdre nos consommateurs les plus engagés. » « Si sur les yaourts, la salade ou les pâtes le recul du bio est ancien, il se développe encore sur le café, la bière ou l’alimentation infantile, explique Tarek Louadj, consultant chez NielsenIQ. Il faut se concentrer sur les catégories à potentiel pour assainir l’offre. » Alors que les aliments bio s’écoulent à 55 % dans les grandes surfaces, « n’oublions pas qu’ils existent à côté d’autres façons de consommer bien moins cher. Et qu’ils ne peuvent faire 25 % du marché », conclut Emily Mayer, direc­trice des études à l’institut IRI. De fait, l’avenir de la filière bio passe par la délicate question de son rôle dans la transition écologique de la ferme France. « C’est un discours difficile à faire passer, car les “bio” sont persuadés qu’ils sont l’alpha et l’oméga de la consommation responsable et respectueuse de la planète. Mais ce mode de production ne peut pas être la réponse exclusive aux problématiques de carbone ou de santé des sols », glisse un haut responsable du monde agricole. Dans ce contexte, le gouvernement assure que l’objectif de 18 % dans les cinq ans reste sain, soutenu notamment par le nouvel écorégime de la po­litique agricole commune, qui récompense financièrement le maintien en agriculture biologique. À cette condition de sortir du mythe du 100 % bio et au prix d’un soutien massif de la demande, le bio peut effectivement espérer retrouver ses lettres de noblesse. ■

en nombre de fermes

Surfaces certifiées bio

3

Source : Agence Bio

4

les « déconversions » ❙ stabiliser

NOMBRE D’EXPLOITATIONS ENGAGÉES EN BIO,

en millions d’hectares

en milliards d'euros

2

10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 2021

et de former les chefs pour introduire du bio sans faire gonfler la facture », martèle-t-on à l’Agence Bio.

Malgré un développement à marche forcée... ÉVOLUTION DES SURFACES ENGAGÉES EN BIO,

MARCHÉ DU BIO EN 2021, 9,1

Confrontée à un coup d’arrêt dans le commerce, la filière tourne aussi les yeux vers la restauration collective et commerciale. C’est le principal relais de croissance, le hors-domicile ne pesant que 5 % des ventes du secteur. Or quand la loi EGalim de 2018 visait 20 % des produits bio dans les cantines en 2022, ce taux ne dépasse toujours pas 6 %. « L’atteinte de cet objectif représente un potentiel de ventes additionnelles de 1,4 milliard d’euros », chiffre Laure Verdeau. Même calcul dans les restaurants et bistrots français, qui n’affichent à leur carte que 2 % de produits AB. Et ceci, davantage dans les verres (grâce au vin) que dans les assiettes. « Si l’on passait à 10 %, ce serait environ 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires potentiel en plus », ajoute la responsable. Conscients de la nécessité de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier, les producteurs et leurs coopératives s’organisent déjà pour varier leurs clients. « Cette diversification permet d’éviter les à-coups quand un débouché se ferme », expliquait récemment sur France Inter Stéphanie Pageot, présidente de la fédération nationale du secteur (FNAB). Là encore, le principal écueil réside dans le prix. Notamment dans la restauration collective, où les contraintes financières des appels d’offres laissent peu de marge de manœuvre pour des produits plus chers. « Nous sommes dans la même nécessité de changer les façons de cuisiner,

Ce constat posé, les pistes pour sortir de cet effet ciseau passe par un soutien massif à la demande. « Réexpliquons pourquoi le bio est positif, martèle Laure Verdeau, à la tête de l’Agence Bio et chargée de la promotion du label en France. Mais dans le contexte actuel de craintes sur le pouvoir d’achat, ce n’est pas suffisant. Il faut expliquer que l’on peut réintroduire des produits bio dans nos assiettes en réduisant le gaspillage alimentaire, ou en cuisinant soi-même. Cela permet de dégager des marges de manœuvre financière pour manger bio sans augmenter la facture. » Pour lutter contre la vision d’un bio ­dévoyé et éviter la confusion des labels, les acteurs tentent aussi de réexpliquer la spécificité de la certification AB. « Sa crédibilité passera surtout par un bio produit en France, alors que la demande de local de la part des consom­mateurs est très forte », soulignent en chœur coopératives et producteurs. Récemment, le gouvernement a débloqué 750 000 euros pour une campagne de communication sur le bio, et augmenté de 5 millions d’euros le fonds Avenir Bio pour le porter à 13 millions d’euros. Un diagnostic et une liste précis des solutions à mettre en place sont aus-

Près de quarante ans après sa création, le label AB (agriculture biologique) a largement fait ses preuves auprès des Français. Encadré par un strict cahier des charges, il nécessite deux à trois ans de conversion pour l’exploitant. Il ­permet de certifier une production (animale ou végétale) vierge de produits chimiques de synthèse. Après avoir atteint 6,7 % des achats alimentaires ­ en France en 2020, il a toutefois souffert ces dernières années de l’émergence d’autres approches ou labels eux aussi mieux-disant sur le respect de la santé et de la planète (local, HVE…). Utilisé massivement par les enseignes ou les industriels, son image vertueuse a par ailleurs été écornée par des produits, certes conformes aux contraintes AB, mais incohérents dans l’esprit des consommateurs (produits bio ultratransformés, importés, ou emballés dans du plastique). Ceci a favorisé une perte de repères chez les clients. Sans compter les inévitables tentatives de

12,8 12,7 12

la restauration ❙ lede relais

la demande sans casser les prix ❙ doper

mal multifactoriel ❙ Un

1

si attendus d’ici fin février. Face à ces solutions de moyen terme, l’année qui démarre s’annonce donc encore compliquée pour le secteur, avec un marché total du bio qui ne se redressera qu’en 2024, selon le cabinet Xerfi (+ 2 %, à 12,4 milliards d’euros). « Il sera en effet difficile cette année de fidéliser les consommateurs de bio plus occasionnels », confirme Benoît Soury, chargé du sujet chez Carrefour. Pour accélérer le tempo, nombre d’enseignes ont joué depuis deux ans sur le prix. Via des promotions, ou comme le fait Carrefour, par des remises de 10 % sur les produits bio pour les adhérents à son programme Primes fidélité. Une approche qui fait bondir l’amont de la filière. « Ça ne peut que se retourner contre les producteurs, car face à des prix cassés, le consommateur perd la réalité du prix du bio, des aliments plus chers à produire », déplore Dominique Chargé, président de la Co­opération agricole, qui pèse 40 % de l’agroalimentaire français.

Suisse Slovénie

19 20 21 2022 Source : Eurostat

Italie

5

0

2005 07

09

11

13

15

17

19 2021

Des conséquences en cascade sur toute la chaîne

1 500

C'est le nombre de déconversions en 2022, contre 5 000 installations, sur 60 000 exploitations en bio en France.

- 6,2 %

C'est la baisse de l'offre de produits bio dans les hypermarchés depuis le début de l'année 2022.

Roumanie

165

Bulgarie

fermetures de magasin bio de janvier à octobre 2022, contre 140 ouvertures.

Grèce Chypre

A

Après des années de croissance à deux chiffres, l’âge d’or du bio est terminé. La filière cherche les recettes miracles pour stimuler le marché.

Sources : Agence Bio, FNAB, IRI, BioLinéaires

Infographie

mardi 17 janvier 2023 le figaro

16

champs libres Débats

« Il y a un décalage entre la timidité de la réforme des retraites et l’indignation qu’elle suscite » LE FIGARO. - Le débat sur la réforme du régime de retraite commence dans des conditions très difficiles pour le gouvernement. Sommes-nous engagés dans un simple psychodrame ou dans une épreuve de force à haut risque pour la cohésion nationale ? Jean-Louis BOURLANGES. - Difficile de prévoir l’arrivée des courses. Ce qui est frappant, et profondément inquiétant, c’est le décalage entre la prudence, et même la timidité, de la réforme proposée et la véhémence, voire l’indignation, qu’elle suscite dans le pays. Le rejet est massif alors qu’au terme du processus de réforme l’âge de départ à la retraite restera l’un des plus bas d’Europe et la pension minimum des futurs retraités, 85 % du smic, l’une des plus élevées ; la prise en compte des carrières longues sera sensiblement améliorée et l’extinction des régimes spéciaux se fera, du fait de la « clause du grand-père », à un rythme que beaucoup pourraient trouver excessivement long. En outre, le pouvoir d’achat global des Français progres­sera alors qu’il régresserait si l’on passait à la retraite à 60 ans. La dénonciation de la « violence sociale inouïe » et du démantèlement de notre système de protection qu’on entend monter dans les partis et les syndicats semble parfaitement irrationnelle mais n’en est pas moins très puissante. Ce décalage entre le réel et le ressenti est le signe du profond malaise qui traverse le pays. N’oublions jamais qu’une opinion fausse est aussi un fait vrai !

déni de réalité et elle n’en finit pas d’y rester accrochée. Les Français retrouvent, pour évoquer leur système de retraite, les mots de Faust à Marguerite : « Reste encore un instant, tu es si belle. » Le déni est à la fois démographique et budgétaire, économique et géopolitique. Sur le plan démographique et budgétaire, au nom de quelles arguties peut-on imaginer que le nombre de retraités puisse augmenter de 40 % en quelques années, passant de 14 à 19 millions, et le ratio retraités sur actifs se détériorer massivement sans que rien d’important soit amené à changer dans le système ? Sur le plan économique et géopolitique, notre problème, c’est que nous devons travailler plus et mieux. Le taux d’emploi des plus de 60 ans en France est de 10 % de moins que dans le reste de l’Europe et de 17 % de moins que dans l’OCDE. Le caractère structurel de notre déficit commercial montre que nous nous sommes habitués à consommer plus que nous ne produisons. Cette situation ne peut pas durer. La combinaison de la durée hebdomadaire du travail, des temps de congé et de l’âge de départ à la retraite ne nous permet pas de créer en quantité suffisante les biens et les services dont nous avons besoin pour vivre. La réforme des retraites est une réforme pro-croissance. Elle est indispensable même si elle doit s’accompagner d’un effort d’enrichissement qualitatif - par la formation, la mobilité et l’ergonomie notamment du travail lui-même, et tout particulièrement du travail des seniors. C’est là qu’il y a du grain à moudre pour le dialogue social.

N’est-il pas naturel que les Français se refusent à annuler un acquis social des années 1980 ? N’est-ce pas un retour en arrière ? La retraite à 60 ans instituée au mépris de tout bon sens économique est sans doute le pire Le président de la commission des affaires service que Franétrangères de l’Assemblée nationale et député çois Mitterrand ait MoDem* estime qu’au nom de l’intérêt général rendu au pays. La la réforme des retraites doit aboutir, mais regrette France s’est alors que celle-ci ne soit pas suffisamment ambitieuse. installée dans le

Vous avez déclaré que l’hostilité à cette réforme des retraites traduit un nouveau rapport des Français au travail. En quoi consiste-t-il ? Oui, il me semble que la diabolisation de la fixation d’une borne d’âge - 65 ou 64 ans - pour le départ à la retraite et la valorisation du nombre d’années de travail véhiculent des représentations différentes du rapport de l’homme au travail et à la société. Fixer une borne d’âge pour accéder à la retraite, c’est poser en principe que l’homme a le devoir de travailler tant qu’il en a la

PROPOS RECUEILLIS PAR

Eugénie Bastié [email protected]

Jean-Louis Bourlanges

force physique et intellectuelle, c’està-dire depuis l’âge de 3 ans, quand il accède à l’école, jusqu’à ce que ses forces ne le lui permettent plus, en raison de son âge, fixé par la borne, ou de son état de santé ou encore de la pénibilité de son métier. Le contrat social est simple : la société vous permet de vivre et vous contribuez par votre travail à la survie de la société. Pas de place pour les rentiers ! Moduler non seulement le montant des futures pensions mais la date du départ à la retraite en fonction du nombre d’années de travail effectuées renvoie en revanche à l’idée que l’homme doit à la société une certaine quantité de travail mais qu’au-delà

ainsi que l’on peut espérer réconcilier chacun avec la valeur travail : deux ans de vie de rentier ne compensent pas quarante-trois ans de galère. La solution est ailleurs.

Alors même que le niveau de vie des retraités ne cesse d’augmenter, que les retraites augmentent plus vite que les salaires, n’y a-t-il pas une forme d’injustice générationnelle à demander des efforts aux nouvelles générations et jamais aux retraités (qui votent) ? Tout le monde est en réalité bénéficiaire de la réforme, en particulier les 50-60 ans, dont elle garantit les toutes prochaines retraites. Seuls les retraités y sont cependant à peu près favoraSur le plan économique bles. Il ne serait pas illégitime de leur et géopolitique, notre problème, demander un effort c’est que nous devons travailler plus car leur niveau et mieux moyen de revenu est supérieur à celui des actifs, mais alors, là, le gouverneil est quitte vis-à-vis d’elle de toute ment risquerait de gonfler encore obligation et que, pour lui, peut comle camp des opposants à sa réforme. mencer la vraie vie. C’est l’opposition Reconnaissons que cela peut faire entre la libération marxiste par le hésiter. ­travail et la libération marcusienne du travail. Pensez-vous que le gouvernement Cette seconde conception semble a les moyens de mener son vaisseau aujourd’hui plébiscitée par l’opinion, au port ? y compris par Éric Zemmour. Elle n’en Ce que je pense, c’est que le pays, et pose pas moins un problème éthique : pas seulement le gouvernement, joue qui doit payer pour ces années d’inacgros dans cette affaire. La conjonction tivité heureuse offerte à des hommes d’un déni assez général de réalité, ou à des femmes qui auraient par d’une fragmentation véhémente du hypothèse la capacité physique et corps social et d’un abus de pouvoir intellectuelle de continuer à traannoncé par des minorités activistes vailler ? Pour que le système fonctionmet gravement en cause le fonctionne bien, il faudrait s’inscrire dans une nement du gouvernement représentalogique actuarielle, une logique de tif et l’état de droit. Ni la paralysie capitalisation, en vérité, et garantir institutionnelle ni le blocage de la vie l’équilibre entre le montant cumulé sociale ne sont des options légitimes. des cotisations prélevées et le montant C’est l’intérêt de tous que le gouver­prévisionnel cumulé des pensions nement fasse aboutir cette réforme versées. Comme la période de retraite raisonnable et équilibrée dont le seul dure entre la moitié et le tiers de la défaut est, en vérité, d’être un peu période d’activité, il faudrait deux trop modeste. ou trois années d’activité de plus pour avancer d’un an le départ en retraite. * Agrégé de lettres, ancien élève de l’ENA Les Français n’aiment guère cette et conseiller maître honoraire à la Cour arithmétique de la capitalisation. Ils se des comptes, Jean-Louis Bourlanges a contentent de vouloir corriger par un été député européen de 1989 à 2007. Il est départ précoce les inégalités de la vie président de la commission des affaires professionnelle. Ce n’est toutefois pas étrangères de l’Assemblée nationale.

«

»

Immigration illégale : les magistrats boucs émissaires des insuffisances de Beauvau ?

dessins : fabien clairefond

L

es magistrats ont décidément bon dos. À en croire certains syndicats de policiers, l’agresseur au couteau de la gare du Nord le 11 janvier dernier - sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) - aurait dû écoper de peines de prison supérieures lors de ses précédentes condamnations et aurait dû donc demeurer en détention. Mais combien de temps ? Jusqu’à quand ? La réalité judiciaire est tout autre et, en la matière, les magistrats font leur travail. À chaque mesure de garde à vue arrivant à une permanence de n’importe quel parquet de France, la situation administrative du mis en cause est vérifiée, ses empreintes prises - y compris par la contrainte depuis la loi du 24 janvier 2022 et lorsqu’il s’agit d’un étranger, les préfectures sont consultées. À ce moment-là, deux options sont sur la table pour le procureur : déférer le mis en cause pour qu’il soit jugé ou s’en remettre à la préfecture pour qu’il soit expulsé si une OQTF lui a été notifiée, OQTF prise parfois le jour Le 11 janvier dernier, un homme sous le coup même par cette même préfecture. d’une obligation de quitter le territoire (OQTF) Or, dans les faits, a agressé six personnes à l’arme blanche, l’immense gare du Nord. Le magistrat au tribunal judiciaire majorité de Nanterre dénonce l’incapacité des services des délinquants du ministère de l’Intérieur à exécuter les décisions étrangers ne sont judiciaires concernant l’immigration illégale. jamais pris

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Alexandre Stobinsky

chiffre repris par le président de la République à la télévision en octobre 2022 - alors même que l’inexécution des OQTF nourrit une délinquance qui de facto ne devrait plus exister. En cas de condamnation et pour certains délits seulement, les magistrats ont certes la possibilité de prononcer une interdiction du territoire français (ITF), soit pour une durée limitée Les annonces de Gérald Darmanin sur soit de manière Cette la prochaine inscription systématique définitive. ITF est une peine des individus sous le coup d’une OQTF à part entière, distincte de au fichier des personnes recherchées l’OQTF souvent n’apparaissent que comme un outil déjà délivrée au mis en cause. statistique supplémentaire mais La double peine en aucun cas une modalité d’exécution n’est en réalité tant des OQTF que des ITF jamais morte mais elle a subi le même mouvement d’injonctions en liberté. Il ne s’agit en rien contradictoires que vit le droit pénal d’un prétendu laxisme judiciaire depuis des années. mais bien de l’application, une fois Ainsi, l’ITF a été progressivement de plus, des dispositions légales qui se étendue à de nouveaux délits - vol par sont multipliées depuis des décennies effraction, violences avec arme faisant de la détention l’ultime sur un policier national, violences recours. Et puis la comparution habituelles sur mineur de 15 ans des étrangers - généralement alors même que la loi du 31 décembre en comparution immédiate au regard 2012 a supprimé le délit de séjour de leur absence de garanties irrégulier des étrangers et empêchant de représentation - embolise dès lors toute garde à vue sur les tribunaux correctionnels de région ce motif… Depuis 1995, la libération parisienne. À ce titre, il est cocasse conditionnelle d’un condamné de voir Beauvau livrer des statistiques étranger sous le coup d’une ITF – et marquantes sur les délinquants désormais aussi d’une OQTF – est étrangers en région parisienne conditionnée à l’exécution de cette ou à Marseille - un délit sur deux, en charge par les services du ministère de l’Intérieur. L’absence de prise en main de la préfecture a des inconvénients majeurs. Tout d’abord, celui du risque que les tribunaux prononcent soit une relaxe soit une peine alternative à l’emprisonnement soit un emprisonnement avec sursis qui ont pour effet immédiat de remettre l’individu étranger

«

»

expulsion, alors que la loi du 26 novembre 2003, dite « Sarkozy », est venue multiplier les critères empêchant l’expulsion des étrangers délinquants et offrant une protection quasi absolue aux étrangers nés en France ou arrivés en France avant l’âge de 13 ans. Sur des contraintes légales identiques, venir reprocher à un juge des libertés et de la détention de ne pas prolonger des rétentions en centre de rétention administrative apparaît particulièrement malvenu. Cette surabondance de l’ITF sur l’OQTF, et souvent d’une OQTF sur une précédente OQTF, révèle en réalité la faiblesse de la capacité d’expulsion des services du ministère de l’Intérieur. S’en remettre au fond à l’autorité judiciaire pour procéder à ce qui relève de l’administratif pur tout en venant la critiquer pour son absence supposée de fermeté est, là aussi, schizophrène. Les annonces de Gérald Darmanin sur la prochaine inscription systématique des individus sous le coup d’une OQTF au fichier des personnes recherchées n’apparaissent que comme un outil statistique supplémentaire mais en aucun cas une modalité d’exécution tant des OQTF que des ITF. La seule question qui vaille aujourd’hui pour les autorités administrative et judiciaire est celle de l’exécution de leurs décisions et non du fond de celles-ci. Il y va de leur crédibilité, déjà malheureusement largement entamée.

mardi 17 janvier 2023

champs libres le figaro

Opinions [email protected]

Nous défendons les frontières ukrainiennes, mais pas les nôtres

I

l n’y a pas d’organisation humaine, de civilisation, qui puisse se passer du respect de la loi. Cela vaut pour les personnes morales, aussi bien que pour les personnes physiques. Cela vaut pour la vie internationale comme pour la vie nationale. Dans l’ordre international, il y a une loi. Elle s’appelle la Charte des Nations unies. Tous les membres de l’Organisation l’ont librement acceptée. En envahissant, le 24 février 2022, un pays voisin, dont elle avait librement reconnu la souveraineté en 1991, la Russie a commis une violation flagrante de la loi internationale. La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a tout

World of Triss/Alamy via Reuters Connect/Alamy Stock Photo

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normalement condamné cette invasion. Elle a ensuite appelé le président de Russie à revenir sur son acte et à retirer ses troupes d’Ukraine. Une fois qu’il eut refusé, la France décida très légitimement d’aider les Ukrainiens à défendre leurs frontières face aux envahisseurs russes. Elle leur envoya du matériel militaire et même, discrètement, quelques dizaines de formateurs. Elle fut, le 4 janvier 2023, la première nation à annoncer qu’elle livrerait des chars à l’Ukraine. Elle a été, depuis, suivie par beaucoup d’autres nations occidentales. Mais n’est-il pas curieux que la France, si prompte à défendre les frontières ukrainiennes, fasse si peu pour défendre les siennes ?

ENTRE GUILLEMETS

100 000 citations et proverbes sur evene.fr

17 janvier 1913 : élection de Raymond Poincaré à la présidence de la République française.

Raymond Poincaré, le 4 août 1914

Dans la guerre qui s’engage, la France aura pour elle le droit, dont les peuples, non plus que les individus, ne sauraient impunément méconnaître l’éternelle puissance morale» analyse Nicolas Barotte

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Budget des armées : sortir des pièges de l’addition

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n budget en hausse n’est pas forcément un budget simple à construire. Depuis plusieurs mois, la future loi de programmation militaire (LPM) pour les années 20242030 est en discussion entre l’Élysée, le ministère et les armées. Mais le conflit en Ukraine impose de sortir des habituels compromis. Quand la guerre menace, il faut gérer différemment les priorités. Alors les débats sont tendus entre les besoins des uns et les analyses des autres. Certaines commandes pourraient être réévaluées, certains grands programmes décalés dans le temps… Les derniers arbitrages sont en cours. Après les clashs de l’automne, les états-majors ont toujours des sueurs froides. Le texte sera présenté en mars. Vendredi, lors de ses vœux aux armées, le président Emmanuel Macron précisera ses orientations. Peut-être même son volume financier. Les discussions se sont nouées autour de 410 milliards d’euros, alors que la précédente LPM s’élevait à 295 milliards d’euros, sans qu’aucun chiffre n’ait été confirmé. Lors de la présentation de la revue nationale stratégique en novembre, le chef de l’État avait évoqué la difficulté de l’exercice. « L’armée de 2030 que nous avons à bâtir ne doit pas être l’armée idéale que nous aurions voulue en 2022, mais bien l’armée de 2030 nécessaire face à l’évolution des risques », avait-il insisté. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, confirme le changement de

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

Depuis une dizaine d’années, les frontières françaises sont attaquées systématiquement par des réseaux mafieux de trafiquants, issus d’Afrique, du Moyen-Orient ou des Balkans, qui foulent aux pieds les lois françaises. Pour la plupart, ces réseaux ne sont pas nouveaux, opérant naguère dans le trafic d’armes et de drogues. Mais ils se sont reconvertis récemment dans le trafic d’êtres humains. Deux raisons à cela : à 5 000 euros le passage pour chaque migrant illégal, l’activité est beaucoup plus lucrative que n’importe quel autre trafic ; bien moindres sont les risques de se faire prendre, ainsi que la pénalité si on se fait prendre. Pour un trafiquant, ce n’est ni très difficile, ni très risqué de se procurer un vaste dinghy avec un tout petit moteur, de le remplir de migrants sur une plage de la côte libyenne, de choisir un capitaine parmi eux en lui donnant un GPS et un téléphone portable, de lui dire de s’arrêter à 12 miles des côtes, là où commencent les eaux internationales, et de passer un appel SOS aux navires ONG y croisant ou aux unités de secours en mer des pays européens riverains. L’immigration illégale est une insulte à toutes les personnes étrangères qui respectent les lois des pays dans lesquels elles cherchent à s’installer, qui suivent les procédures légales d’immigration, afin d’obtenir un visa en bonne et due forme, et qui choisissent un moyen de transport légal. La tolérer est aussi une insulte à la dignité humaine, car on sait avec quelle répugnante violence les trafiquants traitent leurs proies. Le plus étonnant est que le viol de nos lois s’amplifie d’année en année et que notre État semble impuissant à inverser la tendance. Le 13 janvier 2023, Frontex a publié un chiffre qui fait froid dans le dos.

paradigme. « Ce sera la LPM la plus dure, la plus dense », confiait-il il y a quelques jours. Après une loi de programmation 2019-2025 de « réparation » des armées, après les années de coupes budgétaires, la suivante sera celle de « la réforme des armées », promet-il. Pour l’écrire, il a donc fallu inventer une nouvelle façon de procéder et sortir des pièges de l’addition. Le premier défi est démocratique, alors que le gouvernement ne dispose pas de majorité à l’Assemblée, que les deux principales forces d’opposition, RN et LFI, professent leur opposition à l’Otan, mais que la « résilience » est devenue un enjeu national. Le gouvernement promeut donc le dialogue. « Les revoyures seront nombreuses », promet Sébastien Lecornu, en soulignant que l’inflation comme l’évolution des menaces conduiront à devoir actualiser la LPM. La précédente loi n’avait fait l’objet que d’une vraie fausse discussion parlementaire à mi-chemin, en 2021, laissant les élus sur leur faim. Pour tenter de parer aux critiques, les députés ont été associés aux travaux préparatoires. Les sénateurs n’ont pas souhaité s’impliquer en amont pour conserver leur liberté de parole. Le gouvernement a aussi choisi d’ouvrir légèrement le débat sur la dissuasion nucléaire, qui consomme beaucoup de crédits et impose sa logique aux armées. Une série d’auditions à huis clos va être conduite par le président de la commission de la défense, Thomas Gassilloud. Le deuxième défi est méthodologique. Le ministère des Armées refuse

une approche comptable qui consisterait à faire simplement un peu plus que prévu. « La question de la courbe est une question fainéante », dit Sébastien Lecornu. « La question n’est pas ce qu’on achète, la question c’est ce qu’on fait seul et ce que l’on fait avec des alliés », insiste-t-il. L’étendue du territoire ultramarin requiert une capacité à « projeter de la puissance » dont les autres Européens n’ont pas besoin. Au-delà de cette spécificité, la LPM servira de cadre à la redéfinition de l’« autonomie stratégique » prônée par le président et de base pour un dialogue avec les partenaires de la France. Le dernier défi consiste à articuler les programmes militaires dans une nouvelle approche du « continuum compétition-contestation-affrontement » cher à l’état-major des armées. « Il faut travailler par menace », dit le ministre. Ce qui signifie identifier des vulnérabilités et des ambitions, et peut-être assumer des renoncements. « Il faut avoir les moyens de se défendre contre les menaces nouvelles : cyber, espace, guerre des mines, infrastructures sous-marines, guerre informationnelle », insiste le ministre, en voulant une LPM pionnière dans ces domaines. Entre ces défis « hybrides » et « sous la voûte nucléaire », qui protège lesintérêts vitaux, « il faut un diagnostic lucide », demande-t-il. La question du modèle d’armée « complet » est en suspens. Entre les moyens nécessaires pour « faire la guerre avant la guerre » et ceux qui protègent en ultime recours, la France devra faire preuve d’humilité.

« Environ 330 000 franchissements irréguliers de la frontière ont été détectés à la frontière extérieure de l’UE en 2022 », a déclaré l’agence européenne de contrôle aux frontières. C’est une augmentation de 64 % par rapport à l’année précédente ! Sur la route de la Méditerranée centrale, qui passe par la Libye, les Égyptiens, les Tunisiens et les Bangladais sont les trois principales nationalités des migrants illégaux. L’Égypte, la Tunisie et le Bangladesh sont pourtant trois pays en paix. La migration illégale est surtout une affaire masculine, les femmes représentant moins de 10 % des migrants illégaux. L’immigration illégale est presque entièrement de nature économique. On vient chercher en Europe des aides sociales et des niveaux de salaire qu’on ne trouve pas chez soi. Une fois qu’on a mis le pied sur le sol français, on invoque le droit d’asile, comme si on avait été persécuté chez soi pour avoir défendu les droits de l’homme et les valeurs de la République française. Les demandes d’asile ont bondi à plus de 130 000 en France en 2022. C’est un détournement massif du droit d’asile. Et quand les tribunaux spécialisés refusent le droit d’asile, les reboutés ne respectent pas les décisions de justice ; moins de 10 % d’entre eux sont reconduits par la police à la frontière. Les familles ukrainiennes réfugiées ne sont pas comptabilisées par Frontex, car leur franchissement de frontière ne fut pas illégal. Il fut autorisé par le gouvernement polonais, et les entrants ont été régulièrement enregistrés à la frontière. Aucun Ukrainien ne s’est permis de pénétrer en Pologne à travers champs. Le droit ne saurait exister sans s’appliquer à tous. L’essence de la souveraineté d’une nation est qu’elle décide qui peut ou non pénétrer chez elle.

VOX



Intelligence artificielle Pour Raphaël Doan, la technologie et les humanités sont à l’orée d’une nouvelle ère.



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Les rencontres du Figaro François Sureau : la littérature d’abord ! le vendredi 3 février à 20 h, Salle Gaveau. Tarif : 25 €. Réservations : 01 70 37 18 18 ou www. lefigaro.fr/ rencontres.

Ce soir à 20h sur le site du Figaro Figaro, présenté par Yves Thréard

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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fabien clairefond

Renaud Girard

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 18 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 10 pages Promo Portage Gucci : diffusion sur une partie du territoire national

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chronique

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mardi 17 janvier 2023 le figaro - N° 24 387 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> FOCUS lefigaro.fr/economie

Finance

transport

Particuliers, états endettés et entreprises vont souffrir de la hausse des taux Page 22

Un cargo à voiles pour convoyer la fusée Ariane 6 à Kourou Page 24

La France engage enfin la relance du nucléaire

L’immense chantier de construction d’un nouveau parc de réacteurs, annoncé en février 2022 par Emmanuel Macron, est un défi pour le pays comme pour la filière. C’est la première pierre d’un chantier de près de vingt-cinq ans : ce mardi, le Sénat entame l’examen du projet de loi d’accélération des procédures dans le domaine nucléaire.

L’enjeu est d’éviter que le rythme industriel de construction de nouveaux réacteurs soit ralenti par celui des autorisations administratives ou des contentieux. « Nous ne

pouvons pas perdre une minute pour produire plus », déclare au Figaro Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique. Le chantier s’engage alors que la filière

nucléaire a connu une chute inédite de production après une série de déboires, au point de mettre le pays sous la menace de coupures de courant cet hiver.

è agnès Pannier-Runacher : « nous ne pouvons pas perdre une minute pour produire plus » è EDF rattrape peu à peu son retard Pages 20 et 21

Xavier Niel, trouble-fête de l’audiovisuel français LUDOVIC MARIN/AFP ; ArianeGroup

Après avoir cherché à mettre la main sur M6, le fondateur de Free se serait manifesté dans l’appel à candidatures pour le renouvellement des fréquences de TF1 et M6. page 26

Ferroviaire : Contrat géant pour siemens en Inde Contrat historique pour Siemens Mobility en Inde. La filiale ferroviaire du conglomérat allemand a signé une commande géante avec Indian Railways, la « SNCF » locale, qui porte sur la fourniture de 1 200 locomotives électriques ainsi que leur maintenance pendant trente-cinq ans. Ce contrat est évalué à 3 milliards d’euros « hors taxe et hors variations de prix », précise Siemens Mobility. Dans ce métier de cycle long, la plupart des contrats comportent des clauses de révision des prix pour tenir compte notamment de l’inflation. Les locomotives seront assemblées dans une nouvelle usine d’Indian Railways implantée à Dahod, dans le Gujarat (ouest de l’Inde), dont la première pierre a été posée par le premier ministre Narendra Modi en avril 2022. Ces locomotives seront utilisées pour le transport de marchandises. Cette commande s’inscrit dans le cadre de la politique d’investissement dans le rail, pour lequel un budget de 120 milliards d’euros sur cinq ans a été décidé, début 2022, par le gouvernement. Il prévoit d’augmenter la part du rail dans le transport de marchandises de 27 % actuellement à 40-45 %. « Siemens soutient la transformation durable du secteur des transports en Inde », a déclaré Roland Busch, PDG de Siemens. Cette commande majeure va « aider l’Inde à atteindre son objectif ambitieux de créer le plus grand réseau ferro­ viaire vert au monde, car nos locomotives permettront d’économiser plus de 800 millions de tonnes d’émissions de CO2 au cours de leur cycle de vie », a-t-il conclu. Ces 1 200 locomotives vont remplacer, selon Siemens, entre 500 0000 et 800 000 camions sur les routes i­ ndiennes. V. GD

l'histoire

Eldorado des fortunés, Londres redoute un exode des millionnaires sur les ménages ordinaires pour combler le vide. La Grande-Bretagne a pourtant longtemps fait figure d’eldorado pour les grandes fortunes, avec ses généreux avantages fiscaux, un système de visas simple et de solides perspectives économiques. Mais le durcissement de la fiscalité, des règles d’immigration plus restrictives et les incertitudes politiques et économiques liées au Brexit inciteraient les nantis à placer leur argent ailleurs. Andrew Amoils, analyste de New World Wealth, fait le même constat de désaffection des grosses fortunes pour le Royaume-Uni. Elles se reporteraient sur des pays qui offrent des régimes fiscaux généreux, comme la Grèce, le Portugal ou la Suisse. ■

LA SÉANCE DU LUNDI 16 JANVIER 2023

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DOW JONES 34302,61 +0,33%

FOOTSIE 7860,07 +0,20%

ONCE D’OR 1812,35 (1797,40)

NASDAQ 11541,48 +0,71%

PÉTROLE (lond) 84,150 (85,330)

NIKKEI 25822,32 -1,14%

Arnaud de la Grange (à Londres)

le PLUS du FIGARO éco

alimentaire

Inflation : le gouvernement pris en étau entre consommateurs, industriels et agriculteurs. page 24

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+106,5%

65% +58,4%

45% 25%

+24,9%

+14,9%

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+14,9 % +16,1 % -6,4 % +6,9 % -9,1 % +2,9 % +0,8 % +7,4 % +4,0 % +12,7 %

0% -0,5 % -0,5 % -0,4 % -0,4 % -0,4 % -0,3 % -0,1 % +0,1 % +0,1 %

5% 2022

3 ans 10 ans Depuis création

*VL validée au 30/12/22

C

L

e Royaume-Uni n’est plus le havre qu’il était pour les « super-riches ». Le Telegraph va jusqu’à titrer sur « l’exode des millionnaires » d’un pays qui aurait perdu de son éclat et de son attractivité. Selon une étude du cabinet Henley & Partners, les millionnaires sont désormais plus nombreux à émigrer du Royaume-Uni qu’à y arriver. Quelque 12 000 « personnes fortunées » - celles qui ont des actifs et des liquidités de plus de 1 million de dollars - auraient quitté Londres depuis 2017. Et plus de 1 500 autres ont dû aussi déserter le royaume en 2022. Les experts s’alarment d’une réduction en conséquence des recettes fiscales du pays, qui se traduirait par une augmentation des impôts

mardi 17 janvier 2023 le figaro

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l'événement

La France au défi de construire rapidement

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Le gouvernement veut éviter que les chantiers des futurs EPR ne soient ralentis par la multiplication des énergie Le texte est court, technique, mais fondateur. À partir de ce mardi, le Sénat commence en séance l’examen du projet de loi d’accélération des procédures dans le domaine nucléaire porté par la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. Ce texte pose la première pierre de l’immense chantier de construction d’un nouveau parc nucléaire en France, annoncé en février 2022 par Emmanuel Macron dans son discours de Belfort. L’enjeu est de déblayer le terrain des procédures pour que le rythme industriel du projet, qui s’étalera sur près de 25 ans, ne soit pas ralenti voire stoppé par celui des autorisations administratives ou la multiplication des voies de contentieux. L’exécutif espère ne pas avoir à faire usage du 49.3. Un jugement fondé. Le projet de loi d’accélération des énergies renouvelables a été approuvé par l’Assemblée au début du mois. Le consensus sur son pendant nucléaire devrait être plus large, avec des voix attendues à droite et à gauche. En commission au Sénat, la semaine dernière, seules les voix écologistes lui ont, sans surprise, fait défaut. Pour autant, l’examen du texte ne sera pas une partie de plaisir pour le gouvernement, doublement accusé d’incohérence. D’abord parce que, là où Emmanuel Macron et sa ministre plaident la cohérence, l’opposition - surtout à droite - dénonce un virage à 180 degrés. En 2017, Emmanuel Macron avait été élu sur la promesse de réduire à 50 % la part du nucléaire dans le mix énergétique - l’échéance ayant été repoussée en 2018 de 2025 à 2035 ; et c’est pendant son premier mandat que la centrale de Fessenheim a été fermée, en 2020. Son soutien à l’atome paraît donc récent, ou à tout le moins paraît-il avoir perdu cinq ans d’un temps précieux pour des considérations probablement politiques. Ensuite, le texte qui arrive devant les sénateurs aplanit les difficultés d’un programme nucléaire qui, lui, n’a pas encore été soumis à la représentation nationale. C’est la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) qui fixera les nouveaux objectifs de production d’électricité. Or celle-ci ne sera finalisée que l’été prochain, une fois la concertation nationale sur la stratégie énergie-climat d’une part, et le débat mené par la Commission nationale du débat public d’autre part, achevés. La nouvelle PPE corrigera radicalement les orientations de la précédente, approuvée en 2019, qui non seulement ne prévoyait pas de construire de nouveaux réacteurs nucléaires, mais envisageait d’en fermer douze en plus de ceux de Fessenheim à partir de 2029. Le projet de loi d’accélération contient aujourd’hui des dispositions qui doivent faciliter la prolongation des centrales existantes. La commission des affaires économiques du Sénat a d’ailleurs revendiqué la semaine dernière d’avoir ­ « transformé un texte technique en vision politique », au travers de plusieurs amendements qui anticipent la PPE à venir. Leur version du projet de loi supprime ainsi l’objectif de 50 % de nucléaire dans la production en 2035. « La politique conduite en matière d’énergie nucléaire souffre de dix ans d’atermoiements, de résignations et de politique politicienne », a regretté la présidente (LR) de la commission, Sophie Primas. L’engagement de la bataille politique en faveur d’un nouveau chantier nucléaire tombe à la fois au meilleur et au pire moment. Le meilleur, parce que, comme pour le plan Messmer de 1974, auquel on doit le parc actuel, le contexte de crise énergétique aiguë plaide pour le développement d’une production nationale. L’instru-

mentalisation de l’approvisionnement en énergie à des fins stratégiques et militaires par la Russie, et la concrétisation de la crise climatique sont autant d’arguments en faveur de l’atome. D’ailleurs, l’opinion évolue rapidement. Selon un récent

45 réacteurs disponibles sur 56 d’ici la fin de la semaine Flamanville

Paluel

sondage d’Odoxa publié dans nos colonnes, 60 % des Français ont aujourd’hui une image positive du nucléaire, contre 51 % en 2021 et seulement 34 % en 2019. Mais le chantier s’engage aussi au pire moment pour une filière nu-

cléaire dont la crédibilité est entièrement à reconstruire. Les retards accumulés dans le programme de maintenance du parc actuel, ainsi que les réparations lourdes des défauts apparus pour cause de corrosion sous contrainte inattendue sur

les machines les plus récentes et les plus puissantes, ont provoqué une chute de production inédite au point de mettre le pays sous la menace de coupures de courant cet hiver. L’EPR de Flamanville ne commencera pas à produire ses

Gravelines

Chooz

Penly

Cattenom Nogent-sur-Seine Centrale nucléaire Centrale devant accueillir les futurs EPR

PUISSANCE DES RÉACTEURS ET...

Dampierre St-Laurent-des-Eaux Belleville-sur-Loire

Chinon

en mégawatt (MW)

Civaux

1 500 MW

Bugey*

1 400 MW 1 300 MW

Blayais

Saint-Alban-du Rhône

900 MW

... LEUR DISPONIBILITÉ AU 16 JANVIER En fonctionnement

Cruas Golfech

Tricastin*

Arrêt momentané ou remise en service d’ici la fin de semaine À l’arrêt pour cause d’entretien ou de réparation EPR en construction

* Le choix entre les 2 sites n’est pas encore fait Source : nuclear-monitor.fr

Infographie

Agnès Pannier-Runacher : « Nous ne pouvons pas perdre une minute PROPOS RECUEILLIS PAR

Bertille Bayart£@BertilleBayart Elsa Bembaron £@elsabembaron et Cécile Crouzel £@ccrouzel

La ministre de la Transition énergétique réfute qu’il y ait eu un changement de position de l’exécutif sur l’énergie nucléaire depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. LE FIGARO.- Une loi d’accélération pour les énergies renouvelables, une pour le nucléaire. Qu’est-ce qui cloche dans notre pays pour que ce soit difficile de sortir des projets ? Agnès PANNIER-RUNACHER.Sur les énergies renouvelables, la France met deux fois plus de temps que ses voisins à mener à bien un projet à cause des complexités administratives et des temps liés aux recours. Nous voulons changer cela. Le cas du nucléaire est un peu différent. La construction de six nouveaux EPR est le plus grand projet industriel lancé en France depuis les années 1970 et l’un des plus gros dans le monde aujourd’hui. Notre législation n’a pas été conçue pour ce genre de projets. Cela justifie ­ des mesures d’exception, comme il y en a eu pour les Jeux olympiques. Les procédures ne doivent pas faire obstacle au projet industriel. Gagner un ou deux ans, peut-être plus, cela compte.

les choses à l’envers ? On est par définition toujours entre deux PPE. La prochaine sera votée après le débat public en cours qui est obligatoire, et surtout nécessaire. Mais on sait déjà qu’il va falloir consommer beaucoup moins d’énergie et en produire beaucoup plus sur notre territoire, si on veut sortir des énergies fossiles qui représentent deux tiers de l’énergie que nous consommons. C’est la clé de notre indépendance énergétique. Nous ne pouvons pas perdre une minute pour produire plus. Et c’est l’objet de ces textes. Ne pas perdre une minute, mais Emmanuel Macron n’a-t-il pas perdu cinq ans ? La relance du nucléaire a attendu 2022 et le discours de Belfort… C’est faux. Que s’est-il passé pendant le premier quinquennat ? En 2017, la filière (Areva, Framatome) a été consolidée. En 2018, le président a posé des actes fondateurs : il retardait la date de fermeture des centrales par rapport à la précédente PPE (report de 2025 à 2035 de l’objectif de 50 % de nucléaire dans le mix, NDLR) et demandait des études sur un nouveau programme. En 2020 et 2021, les plans France Relance et France 2030 ont fait du nucléaire un s­ ecteur prioritaire et alloué de fortes sommes (470 millions d’euros et 1,2 milliard respectivement) à cette industrie. Et à Belfort, en février 2022, Emmanuel Macron a fixé l’objectif de doter la France de six nouveaux réacteurs EPR2 et lancé l’étude de huit autres d’ici à 2050, sur la base du rapport qu’il avait commandé à RTE.

On ne craint plus vraiment de coupures cet hiver. S’agit-il d’une amélioration durable ou d’un simple répit avant l’hiver 2023-2024 ? Nous avons travaillé pour écarter cette menace. D’abord avec la sobriété qui a mobilisé tous les Français. Ensuite, avec l’action exceptionnelle des équipes d’EDF qui tiennent leurs engagements sur le parc nucléaire. L’entreprise a encore devant elle un programme de travail très chargé, dont j’attends qu’il soit exécuté au plus haut niveau de sûreté et d’excellence opérationnelle. Ceci vaut aussi pour le grand carénage qui doit préparer la prolongation jusqu’à 60 ans des centrales existantes. Pour passer cet hiver, nous avons aussi protégé notre potentiel Mais la prochaine hydro­électrique. programmation pluriannuelle Les interconnexions ont été rende l’énergie (PPE) ne sera prête forcées et, avec la première miqu’à l’été. Ne faites-vous pas nistre, nous avons conclu un accord déterminant avec l’Allemagne, dont j’ai Il faut bien comprendre que la baisse obtenu le maintien en de notre consommation énergétique, fonctionnement de trois ce n’est pas juste un effort pour passer l’hiver. réacteurs nucléaires qui devaient être arrêtés. Les Atteindre la neutralité carbone stocks de gaz, en partie du en 2050, cela suppose de réduire fait des températures, restent élevés. Et le plan de notre consommation d’énergie de 40 % sobriété porte ses fruits. et la technologie seule n’y suffira pas Mais je reste très vigilante Agnès PANNIER-RUNACHER, Ministre de la Transition énergétique pour l’hiver prochain. Il

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Agnès Pannier-Runacher. séBASTIEN SORIANO/Le Figaro

Mais l’exécutif a, aussi, fait de la fermeture de Fessenheim un symbole de sa politique écologique ! La fermeture de Fessenheim, c’est un emblème du quinquennat de François Hollande. En 2017, la visite des 40 ans n’avait pas été préparée. Même en investissant massivement, l’histoire était déjà écrite. C’est trop facile de la réécrire. D’ailleurs, il y a dix ans, après la catastrophe de Fukushima, les oppositions actuelles avaient un discours beaucoup moins affirmatif sur le nucléaire, en particulier Marine Le Pen qui se découvre aujourd’hui grande défenseur de cette technologie…

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le figaro

mardi 17 janvier 2023

l'événement

premiers électrons avant la mi2024, selon le dernier calendrier communiqué mi-décembre. Ce sera dix-sept ans après son décret d’autorisation. Ce réacteur a vu son design amendé pour devenir l’EPR2 qui équipera le nouveau parc. De-

vant les députés de la commission d’enquête consacrée à « la perte de souveraineté énergétique de la France », l’ex-PDG d’EDF JeanBernard Lévy expliquait mi-décembre, qu’« il n’est pas possible d’être compétent et efficace quand on

La centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly, dans le Loiret. THIERRY GRUN/ ONLYFRANCE.FR

construit un réacteur tous les quinze ans », en référence aux intervalles entre l’achèvement du premier parc et le début du chantier à Flamanville, et entre celui-ci et ­ l’engagement aujourd’hui du programme d’EPR2. En prévoyant la commande ferme de trois paires d’EPR2, sur les sites déjà nucléaires de Penly, Gravelines, puis de Bugey ou de Tricastin, ainsi que la mise à l’étude de huit réacteurs supplémentaires, l’exécutif espère donner au programme la masse critique qui permettra à la filière de se mettre en ordre de bataille pour réussir, comme dans les années 1970, 1980 et 1990, à standardiser les travaux et à réduire les coûts au fur et à mesure de la montée en cadence. C’est l’une des missions prioritaires, sinon la plus importante, confiée au nouveau PDG d’EDF Luc Rémont.



Il n’est pas possible d’être compétent et efficace quand on construit un réacteur tous les quinze ans



Jean-Bernard Lévy, ex-PDG d’EDF

Le patron de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a appelé à mettre en œuvre un « plan Marshall » pour le nucléaire. L’enjeu est notamment celui du recrutement d’au moins 10 000 personnes par an jusqu’en 2030, et de la formation des ouvriers, des techniciens et des ingénieurs nécessaires à un tel chantier. EDF entend engager les tra-

pour produire plus » faut bien comprendre que la baisse de notre consommation énergétique, ce n’est pas juste un effort pour passer ­l’hiver. Atteindre la neutralité ­carbone en 2050, cela suppose de réduire notre consommation d’énergie de 40 % et la technologie seule n’y suffira pas. Redoutez-vous que la production d’électricité ou la maintenance du parc soient affectées par le mouvement contre la réforme des retraites, comme cela a été le cas cet automne ? Les syndicats du secteur de l’énergie ont affirmé qu’ils a­ giraient en responsabilité. J’en accepte l’augure et je suis à leur écoute.

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L’EPR2 était-il le seul choix possible, et EDF, le pilote évident de ce chantier immense ? Le rythme prévu est-il à la hauteur de l’enjeu ? Nous avons une position de neutralité technologique. Pour ce dont nous avons besoin – une production d’électricité capacitaire et pilotable -, l’EPR2 semble être le meilleur choix. Ce que nous demandons à EDF et à la filière pour ce programme historique, c’est de nous proposer un réacteur robuste, dont la construction en série permettra la standardisation, pas un bijou technologique conçu pour la science ! Il y en a trois paires à construire et quatre à l’étude, avec un objectif de mise en service de la première en 2035-2037, les autres s’étalant tous les deux ans. Ce rythme a été décidé sur la base de l’analyse par la filière elle-même de ce qu’elle était capable de faire. J’ai demandé au délégué interministériel au nouveau nucléaire, Joël Barre, de rester attentif aux évolutions technologiques du secteur, notamment s’agissant des petits réacteurs modulables que nous soutenons aussi. Le coût des six premiers EPR a été estimé autour de 60 milliards début 2022. J’attends aussi du nouveau PDG d’EDF, Luc Rémont, de nous formuler des recommandations technologiques sur ce programme de nouveau

nucléaire, ainsi que ses propositions de régulation et de financement pour la réalisation de ce projet. Ce sujet est aussi lié au travail sur le fonctionnement du marché européen. Sur ce sujet justement, l’accord obtenu à Bruxelles en décembre sur un système de plafonnement des prix du gaz n’est-il pas décevant ? Le lien entre prix du gaz et prix de l’électricité n’est toujours pas rompu. Or, c’était votre objectif… La France a joué un rôle central pour maintenir la dynamique de négociation et obtenir ce mécanisme de plafonnement des prix du gaz dont certains, dont l’Allemagne, ne voulaient pas initialement. Mais il s’agit d’une mesure d’urgence. Et il ne faut pas se tromper : si les prix de l’électricité ont explosé à la fin de l’été et pendant l’automne, c’est certes sous l’effet des cours du gaz qui se sont envolés. Mais surtout du fait des craintes sur le manque d’électricité et sur la production du parc nucléaire français tout spécialement. La priorité aujourd’hui, c’est la réforme pérenne du fonctionnement du marché. Le consommateur français paie son électricité décarbonée au prix d’une électricité carbonée. Ainsi, la collectivité a investi dans le passé dans une infrastructure nucléaire et n’en recueille pas les fruits. Il faut changer cela et rapprocher les prix des coûts réels moyens de production. Il faut aller vite pour aboutir à une décision avant les élections européennes de 2024. Les premières propositions de la Commission sont assez proches de nos positions. Je souhaite encourager les investissements dans de nouvelles capacités de production décarbonées à prix compétitifs. Et il faut réguler les fournisseurs dont l’accès au marché ne devrait être possible que s’ils démontrent qu’ils peuvent honorer les contrats dans le temps, sans se reposer sur EDF. La concurrence, oui, mais loyale. ■

vaux préparatoires à Penly en 2024 et couler le premier béton nucléaire en 2027. Le projet de loi soumis aux parlementaires dès aujourd’hui doit permettre de sécuriser le planning, et donc le coût du capital engagé. Car le projet de construction d’un nouveau parc nucléaire est aussi un mastodonte en termes d’investissement. Son prix dépendra aussi de la tarification future, et donc de la négociation en cours au niveau européen sur la structure du marché de l’électricité. Un rapport gouvernemental estimait, en début d’année, le coût des six premiers EPR2, hors coûts de financement, à 51,7 milliards d’euros. Là encore, cela tombe au pire moment. Les ressources budgétaires de l’État, rares, se paient de plus en plus cher avec la hausse des taux. Les finances d’EDF sont essorées. Avec un parc qui n’a produit que 279 TWh en 2022, soit à peine 65 % de son rythme de croisière, c’est « 65 milliards d’euros de manque à gagner », rappelait Bruno Le Maire, sur le site de Penly en décembre. EDF relève certes un peu la tête sur le plan industriel, puisqu’il a mis en service en janvier les 45 GW de capacité auxquels il s’était engagé (lire ci-dessous). Mais le groupe, dont la nationalisation à 100 % sera effective dans les prochaines semaines, a terminé l’année avec un bilan lesté de 65 milliards d’euros de dettes, plus de 20 milliards de plus qu’un an plus tôt. Et il affichera une perte pour 2022 qui comptera parmi les plus lourdes jamais encaissée par une entreprise française. ■ b. B.

EDF rattrape peu à peu son retard pour redémarrer ses centrales

« 43Aujourd’hui réacteurs

fonctionnent et 13 sont à l’arrêt. Le bilan est un peu moins bon que les prévisions initiales d’EDF mais suffisant pour faire face à un hiver clément

Le scénario catastrophe aura finalement été évité. À la fin de l’été, l’arrêt de 32 réacteurs sur les 56 que compte la France faisait craindre le pire pour l’approvisionnement en électricité du pays, avec des coupures à l’hiver. Aujourd’hui, 43 réa­cteurs sont en fonctionnement (et 13 à l’arrêt). Le b ­ ilan est un peu moins bon que les prévisions initiales d’EDF l’énergéticien misait initialement sur 46 réacteurs en activité ce mois-ci - mais suffisant pour faire face à un hiver clément. Les capacités de production dépassent les 45 gigawatts (GW). Une grande partie des difficultés rencontrées par EDF proviennent d’un phénomène qui tient en trois mots : corrosion sous contrainte (CSC). L’expression désigne des microfissures découvertes en octobre 2021 sur des soudures touchant la tuyauterie principale de certains réacteurs. Un programme de maintenance et de réparation exceptionnel a été déclenché. Faute de disposer de suffisamment de main-d’œuvre sur le territoire, les sous-traitants d’EDF ont fait appel à des renforts nord-américains. Une centaine de soudeurs, travaillant essentiellement pour Westinghouse, ont traversé l’Atlantique. Après deux mois passés sur le sol national, Canadiens et Américains sont aujourd’hui repartis. Mais 500 soudeurs français restent « pleinement mobilisés » pour poursuivre les opérations, souligne EDF. Ce problème de la CSC s’est ajouté à une situation déjà tendue du fait du Covid, qui avait entraîné le décalage d’opérations de maintenance. Des arrêts programmés de centrales avaient été reportés de plusieurs mois. Enfin, les visites décennales, dites de grand carénage, ont été renforcées après F ­­­ u­ku­shima, ce qui a allongé les temps d’intervention. Ces difficultés cumulées sont tombées au plus ­ mal, alors que l’importation devenait très chère à cause de la flambée du coût de l’électricité suite à la guerre en Ukraine.

D’autres facteurs sont toutefois venus alléger le fardeau pesant sur EDF. Tout d’abord, les entreprises et les ménages français se sont mobilisés, faisant baisser de 8,5 % la consommation d’électricité cet hiver. La sobriété énergétique a porté ses fruits, favorisée par une météo particulièrement clémente, alors que le chauffage électrique des bâtiments résidentiels et tertiaires peut représenter jusqu’à 40 % de la consommation nationale, relève RTE, le gestionnaire du réseau haute tension. Corollaire des températures quasi printanières de ces derniers jours, « ce week-end, quatre réacteurs ont été arrêtés », souligne un porte-parole d’EDF.

Hausse de la production éolienne

Un autre facteur météo a joué favorablement ces derniers temps : le vent, qui a permis une augmentation de la production éolienne fort bienvenue. La France est même redevenue exportatrice d’électricité début janvier. Sur ce marché des électrons, les producteurs affichant les coûts les plus bas sont privilégiés. En d’autres mots, l’électricité décarbonée française est moins onéreuse que celle des centrales à charbon allemandes. Les perspectives fournies par EDF et RTE sont plutôt rassurantes pour la fin de l’hiver. La chute des températures attendue dès ce mardi n’inquiète pas outre mesure. Elle marquera un retour aux normales saisonnières, avec un parc nucléaire ayant lui aussi retrouvé un niveau de fonctionnement normal. L’énergéticien prévoit toutefois de nouveaux arrêts de réacteurs dès le mois prochain, dans le cadre de sa campagne de maintenance 2023. Ces interventions correspondent au fonctionnement normal de l’entreprise. EDF veut avoir traité l’intégralité des seize réacteurs touchés par les problèmes de corrosion sous contrainte d’ici la fin de l’année afin de « mieux gérer le passage de l’hiver 2023-2024 ». ■ E. B.

Depuis la mise en chantier du premier parc nucléaire français dans les années 1970, le droit s’est considérablement complexifié. Pour engager le nouveau programme de construction de six, voire quatorze, EPR2, le projet de loi de simplification, dont l’examen commence au Sénat, prévoit des mesures d’exception, valables pour quinze ans et uniquement pour les nouveaux réacteurs envisagés sur les sites nucléaires existants (ou à proximité immédiate). L’objectif essentiel est de réunir sous un seul décret d’autorisation, susceptible d’une seule voie de recours devant le Conseil d’État, l’ensemble des procédures préalables à l’engagement du chantier nucléaire proprement dit. Cette autorisation unique dispense de demande de permis de construire - c’est l’État qui contrôlera la conformité aux règles d’urbanisme -, écarte l’application de la loi littoral, à Penly en particulier, accélère les éventuelles mesures d’expropriation… Les travaux non-nucléaires - création de base-vie, terrassement, etc. pourront ainsi être engagés sans attendre le décret d’autorisation de création d’une installation nucléaire, sous le contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire. B. B.

645 TWh

Consommation d’électricité en France en 2050 selon le scénario de référence du rapport « Futurs énergétiques », rendu par RTE fin 2021. Ce chiffre est porté à 752 TWh dans une hypothèse de réindustrialisation profonde.

279 TWh

produits par le parc nucléaire français en 2022, en baisse de 22,7 % par rapport à 2021

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contentieux.

Opération simplification

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de nouveaux réacteurs nucléaires

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mardi 17 janvier 2023 le figaro

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économie

Hausse des taux : la nouvelle valeur de l’argent transforme le paysage économique Les particuliers, les entreprises et les États très endettés vont souffrir du nouvel environnement. anne de guigné £@adeguigne

conjoncture Rémunération du livret A rehaussée à 3 % la semaine dernière, contre 0,5 % fin 2021, taux du livret d’épargne populaire poussée à 6 % versus 1 % il y a un an. Le paysage de l’épargne française se recompose rapidement. Les ménages qui avaient abandonné ces dernières années, en raison des taux écrasés, une bonne partie de leurs économies sur des dépôts bancaires non rémunérés, vont se reposer la question des placements à choisir. La concurrence entre les fournisseurs de produits d’épargne s’annonce alors rude pour tenter de capter ces dizaines de milliards d’euros qui s’annoncent en mouvement. Depuis juillet 2022, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté ses taux directeurs afin de répondre à l’envol de l’inflation. Les conséquences de ce réajustement dépassent toutefois largement le cadre de la lutte contre la valse des prix. Il oriente les décisions de tous les acteurs économiques et va provoquer des changements structurels, dont nous ne percevons encore que les prémices. Concrètement, la décision de la BCE de rehausser ses taux directeurs signifie en effet que le prix de l’argent, celui qu’il faut payer pour emprunter - comme celui que l’on reçoit quand on prête son épargne - a augmenté.

Dans les calculs de valorisation financière, la hausse des taux donne aussi davantage de poids au court terme par rapport au long terme. Première conséquence de ce nouvel environnement, les bulles qui s’étaient développées autour d’actifs dont les perspectives semblaient illimitées devraient se dégonfler, de manière plus ou moins organisée. L’immobilier commence ainsi déjà à souffrir, comme l’illustrent les prévisions de correction des prix. La hausse des taux pourrait encore provoquer des turbulences sur les marchés financiers, en révélant des poches d’effet de levier, c’est-àdire de surendettement. C’est particulièrement craint chez les intermédiaires financiers non bancaires, le nom officiel du shadow banking, soit les fonds spéculatifs ou d’investissement, les family office… En France, le sort du secteur du capital-investissement inquiète ainsi.

Le train de vie de l’État remis en cause

Selon la Banque de France, une hausse de 1 % des taux d’intérêt coûterait, à horizon dix ans, 40 milliards par an au budget français. Sutthiphong / stock.adobe.com

L’augmentation du coût du crédit pèsera aussi sur les entreprises. Les plus fragiles, qui avaient bénéficié de la politique du « quoi qu’il en coûte » ces dernières années, pourraient ne pas y résister, comme le démontre l’importante hausse du nombre de défaillances fin 2022. Le doublement du coût du crédit aux entreprises, qui dépasse désormais les 3 %, obligera

Les patrons français plus confiants que leurs homologues étrangers

2023-01-17T09:45:59+01:00

2023-01-17T03:12:03c:Figaro;u:adaboville;

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Cécile Crouzel £@ccrouzel

Si les Français figurent parmi les peuples les plus pessimistes dans les enquêtes internationales, les dirigeants d’entreprise de l’Hexagone font mentir cet adage. Globalement, la grande majorité des 4 500 patrons issus de 105 pays qui ont été interrogés par le cabinet PwC voient la croissance mondiale ralentir dans les douze prochains mois, et placent l’inflation en tête de leurs inquiétudes. Les Allemands, les Britanniques et les Français estiment même que l’activité décélérera plus vite dans leur pays qu’ailleurs dans le monde. Un résultat logique, le Vieux Continent subissant plus durement la crise énergétique et la guerre en Ukraine. Cependant, les dirigeants français, qu’ils pilotent une PME ou un grand groupe (l’étude PwC est large), sont plus confiants (93 % ­ de modérément à extrêmement confiants) quant aux perspectives de leur entreprise à trois ans que leurs homologues mondiaux (86 %) et européens (85 %). « Les patrons en France se disent que, puisqu’ils ont résisté à la crise du Covid, ils peuvent désormais affronter avec assurance les défis futurs », estime Patrice ­ Morot, président de PwC France et Maghreb. Cet état d’esprit se fonde aussi sur des éléments tangibles. « Lors du pic de la pandémie, en 2020, les entreprises ont coupé dans leurs coûts, ont mis l’accent sur la gestion de la trésorerie. Quand l’activité est repartie, elles ont du coup engrangé des profits records », souligne un bon connaisseur du CAC 40. Soutenues également par les aides publiques, les sociétés françaises, PME comme grands groupes, sont entrées dans la crise actuelle avec des bilans solides.

En 2023, pour faire face à la dégradation de la conjoncture, la majorité des patrons français veut réduire les charges d’exploitation. Mais moins de la moitié (43 %) a gelé les effectifs ou compte le faire, et ils sont à peine un gros tiers à avoir déjà réduit ou vouloir réduire les effectifs, ainsi que les investissements. Preuve qu’ils veulent préserver l’avenir. La conscience de la nécessité d’investir et d’innover est même particulièrement forte. « La moitié des dirigeants français estiment que leur société ne sera plus viable dans dix ans sans transformation de leur modèle d’affaires, contre 40 % de leurs homologues dans le monde », souligne Patrice Morot.

Avance sur la décarbonation

Ces dépenses de digitalisation, de décarbonation et de formation du personnel notamment génèrent un flux d’investissement continu, profitable à l’ensemble de l’économie. Les patrons français sont d’ailleurs en avance sur le verdissement : la moitié a déjà mené des actions pour réduire les émissions de leur entreprise, contre 40 % des dirigeants mondiaux, et 31 % s’y mettent. « Les dirigeants nous sollicitent pour repenser les chaînes d’approvisionnement, revoir les produits et les process. C’est désormais du concret », témoigne Patrice Morot. Mais si les entreprises françaises font dans l’ensemble preuve de résilience, les écarts sont importants entre les secteurs, ajoute Patrice Morot. Certains peuvent facilement relever les prix de vente pour absorber la hausse des coûts, d’autres non. Le luxe et certaines industries sont dans la première catégorie, l’agroalimentaire ou le textile dans la seconde. Et, en général, les grands groupes sont mieux armés que les PME. ■

tie par des dépôts de court terme non rémunérés. Les États, enfin, vont devoir s’adapter à cette nouvelle donne. La situation est particulièrement sensible pour les pays endettés, au premier rang desquels l’Hexagone dont la dette publique, parmi les plus élevée de l’Union européenne, dépasse les 110 %. Selon la Banque de France, une hausse de 1 % des taux d’intérêt coûterait, à horizon dix ans, 40 milliards par an au budget français. Or l’obligation souveraine hexagonale à dix ans a dépassé les 3 % la semaine dernière contre 0 % un an plus tôt. Autant dire que l’État ne pourra longtemps maintenir son train de vie actuel. Le retour de bâton s’annonce rude après des

aussi ces dernières à se montrer plus sélectives dans leurs projets d’investissements. D’autant que les taux bas rognent la valeur des futurs flux de trésorerie que ces investissements ou acquisitions pourront générer. Pour les grands groupes, les futures opérations de levées de capitaux ou introduction en Bourse s’annoncent également délicates. Les épargnants étant incités, dans le nouvel environnement de taux, à favoriser les produits obligataires par rapport aux actions. L’essentiel des entreprises pâtira donc du changement. À l’exception notable des banques, dont les taux des prêts à long terme vont progresser, tout en étant financés en grande par-

années de grande facilité : de 2017 à 2021, le pays a en effet connu un environnement particulièrement favorable, avec un taux d’intérêt apparent de la dette inférieur à la croissance nominale du pays. La hausse des taux va ainsi peu à peu bouleverser les habitudes des particuliers, des entreprises comme des États, fragilisant les plus endettés. L’émergence d’un nouveau paysage s’annonce toutefois lente car la grande majorité des prêts sont accordés en France à taux fixe. De la même manière, d’un point de vue budgétaire, les hausses de taux se transmettent très progressivement à la dette hexagonale : chaque année, c’est seulement environ 15 % de la dette qui est émise ou réémise par le pays. ■

Les faillites se sont accélérées l’an dernier un an, sans jamais refluer par la suite. Alors que l’été correspond traditionnellement à une période de vacance judiciaire, le nombre de faillites a plus que doublé en août. Et la tendance est restée forte au quatrième trimestre 2022, avec 12 256 défaillances.

corinne caillaud £@corinnecaillaud

«

Plus la taille des PME est importante, plus le rythme des défaillances est fort. La tendance est particulièrement marquée sur celles de 50 à 100 collabo­rateurs

»

Thierry Millon, directeur des études d’Altares

Si la France n’est pas confrontée à un « mur des faillites », celles-ci ont fortement augmenté en 2022. Le nombre de nouveaux dossiers ouverts a connu une hausse « exceptionnelle » de 49,9 % sur un an, pour atteindre 42 500 défaillances d’entreprise l’an dernier, selon les données diffusées par le groupe Altares, spécialiste de l’information sur les entreprises, que Le Figaro dévoile en avant-première. Pour autant, le nombre de défaillances reste inférieur à ce qu’il était avant la crise sanitaire (51 031 en 2019). Les faillites ont été gelées durant la pandémie en raison des nombreuses aides de l’État aux entreprises : depuis 2020, 59 000 défaillances ont ainsi été évitées, indique Altares. Un rebond était donc attendu avec le retour à la normale post-Covid. Le mouvement de rattrapage est à l’œuvre, et semble désormais s’accélérer. Observé dès novembre 2021, le retour des faillites s’est poursuivi les mois suivants, marquant en février 2022 une hausse de plus 40 % sur

Remboursement des PGE « Regardons où nous allons, plutôt que d’où nous venons », relève Thierry Millon, directeur des études d’Altares, rappelant que l’année 2019, à laquelle tout le monde se réfère, avait la particularité de marquer le nombre le plus bas de faillites comptabilisées dans l’Hexagone depuis douze ans. Alors que les spécialistes tablaient sur un retour à ce niveau en 2024, « nous serons au-delà dès cette année, à l’allure où vont les choses », pronostique Thierry Millon, qui redoute une accélération de cette contagion dans les prochains mois. « Si le cataclysme n’a pas eu lieu, le rythme est plus soutenu qu’envisagé, faisant craindre un retour aux valeurs d’avant-crise plus tôt que prévu », résume-t-il. Les petites entreprises, qui composent 92 % à 94 % du tissu économique tricolore, sont les plus tou-

Près de 50 % de hausse des défaillances en 2022 NOMBRE DE DÉFAILLANCES D’ENTREPRISES 60 000

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chées. L’an dernier, 3 214 PME ont fait défaut (+ 78,2 %). « Plus la taille des PME est importante, plus le rythme des défaillances est fort. La tendance est particulièrement marquée sur celles de 50 à 100 collaborateurs », relève le directeur des études d’Altares. Le point commun de ces entreprises tient d’une part à leur fragilité au moment de l’éclatement de la crise Covid, et d’autre part au fait qu’elles ne disposent pas de structures financières assez solides pour faire face à la hausse du coût des matières premières en général, et de l’énergie en particulier. En outre, les entreprises vont désormais devoir rembourser leur PGE, après avoir, pour certaines, bénéficié d’un report de deux ans. Dans le détail, la construction concentre à elle seule le quart des faillites, une tendance notamment portée par le gros œuvre et la maçonnerie générale. Malgré les bons niveaux d’activité liés aux travaux de rénovation énergétique, l’année 2023 s’annonce compliquée pour ce secteur. Le commerce, qui approche les 10 000 défaillances, ­ est lui aussi en première ligne, en particulier le commerce de détail - dont l’épicerie, l’habillement et le meuble - tandis que l’e-commerce patine. La restauration est elle aussi touchée, les établissements récemment créés étant les plus fragiles. Les entreprises sont confrontées à la baisse de la consommation des ménages face à l’inflation, et leur report sur les premiers prix. Dans ce contexte, les procédures amiables sont en hausse, mais restent minoritaires. Avec 1 125 jugements prononcés en 2022, le nombre de procédures de sauvegarde est au plus haut depuis cinq ans (+ 54,3 % sur un an). Quant aux procédures de redressement judiciaire, elles ont augmenté encore plus vite (55,8 %), avec 10 132 jugements prononcés. Mais, depuis la crise, les liquidations directes sont devenues la norme. ■

le figaro

mardi 17 janvier 2023

économie 23

MICHELE TANTUSSI/REUTERS

Le recul de la mondialisation menace l’économie

Une « fragmentation » des échanges mondiaux pourrait faire chuter le PIB de la planète de plus de 7 %, alerte la directrice générale du FMI. Armelle Bohineust £@armelella

Globalisation Alors que Davos, en Suisse, accueille le forum annuel des décideurs et des ténors de l’économie mondiaux, le FMI lance l’alerte. Fervent partisan de la mondialisation, le Fonds monétaire international s’inquiète de la chute de l’activité et des risques liés à un retour en arrière face à la globalisation des marchés. « Nous faisons face au spectre d’une nouvelle guerre froide qui pourrait voir le monde se fragmenter en blocs économiques rivaux », s’inquiète le FMI. L’intégration économique a aidé des milliards de personnes à devenir plus riches et en meilleure santé. Depuis la fin de la guerre froide, la taille de l’économie mondiale a quasiment triplé et près de 1,5 milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. Ce « dividende de la paix » ne doit pas être dilapidé, argumente la directrice générale, Kristalina Georgieva, dans une note publiée sur le blog de l’institution de Washington. Certes, la globalisation de l’économie n’a pas profité à tous, reconnaît-elle. Elle a « porté préjudice à certaines communautés » et « le soutien du public à l’ouverture économique a parfois diminué ». Depuis la crise de 2008, « les flux mondiaux de marchandises et de capitaux se sont stabilisés ». Les restrictions commerciales se sont multipliées, accrues par les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Le Covid-19 et l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont ajouté leur lot de perturba-

tions et accru le scepticisme quant aux avantages de la mondialisation. Résultat, depuis l’épidémie, les projets de relocalisation et les transferts d’activités dans une région plus proche ont fortement augmenté, assure le Fonds. Le coût à long terme de la « fragmentation du commerce » pourrait aller de 0,2 % de la production mondiale à près de 7 % dans un scénario grave, soit « l’équivalent de la production annuelle combinée de l’Allemagne et du Japon », calcule le FMI. Et, « si l’on y ajoute le découplage technologique, certains pays pourraient subir des pertes allant jusqu’à 12 % de leur PIB ». Ce pourrait être pire en cas de restrictions aux migrations transfrontalières, qui priveraient les économies d’accueil de compétences précieuses tout en réduisant les envois de fonds dans les économies d’origine des migrants. La situation serait encore aggravée avec une réduction des flux de capitaux et un net recul de la coopération internationale.

Commerce, dette et climat Le FMI voit deux grandes catégories de victimes d’un mouvement antiglobalisation. D’une part, il s’agit « des consommateurs à faibles revenus des économies avancées », qui perdraient l’accès aux produits importés à bas prix, et les petites économies très ouvertes. D’autre part, la majeure partie de l’Asie souffrirait du fait de « sa forte dépendance au « commerce ouvert ». Et le retard du monde en développement ne ferait que s’accroître. Sans compter, estime le Fonds, qu’un partage international des

« Nous faisons face au spectre d’une nouvelle guerre froide qui pourrait voir le monde se fragmenter en blocs économiques rivaux », s’inquiète Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI (ici, en novembre à Berlin).

risques moins important du fait d’une fragmentation de l’économie mondiale entraînerait une grande volatilité macroéconomique et des crises plus graves. Globalement, face au « nœud gordien » de dangers mondiaux, le FMI préconise de « se concentrer sur ce qui compte le plus : le commerce, la dette et l’action ­climatique ».

Pour l’institution, il faut renforcer le commerce international. « Un défi » qui commence par « une réforme vigoureuse de l’Organisation mondiale du commerce » et de nouveaux accords d’ouverture des marchés. Autre défi : les crises de la dette souveraine, plus difficiles à traiter si la globalisation se réduit. Et encore plus si les grands créanciers sont

divisés selon des lignes géopolitiques. Le FMI ne le mentionne pas, mais la Chine n’hésite pas à se poser en compétiteur des organisations internationales en matière de dette dans les pays en développement. Et elle fait parfois obstruction aux efforts internationaux pour alléger la dette de ces pays, en particulier en Afrique, où elle est devenue un créancier clé. ■

Le chômage mondial repart à la hausse Anne Cheyvialle £@AnneCheyvialle

En raison de ce ralen­tissement, nous n’espérons pas pouvoir compenser les pertes subies pendant la crise du Covid avant 2025 Richard Samans,

»

directeur de recherche et coordinateur du rapport de l’OIT

L’essoufflement de l’économie mondiale pèse sur le marché de l’emploi. Malgré les tensions et les pénuries qui persistent sur certains secteurs, en particulier dans les pays riches (lire ci-dessous), le chômage mondial va repartir à la hausse cette année. L’Organisation internationale du travail (OIT) table sur une légère augmentation, d’environ 3 millions de personnes, pour atteindre 208 millions, soit un taux global de 5,8 %, marquant une inversion de la baisse observée depuis 2020. Le rythme de croissance de l’emploi va diminuer de moitié (1 % contre 2,3 % en 2022) et le chômage mondial sera encore supérieur d’environ 16 millions au niveau d’avant-pandémie. « En raison de ce ralentissement, nous n’espérons pas pouvoir compenser les pertes subies pendant la crise du Covid avant 2025 », affirme Richard Samans, directeur de recherche et coordi-

nateur du rapport. Au-delà du chômage, l’OIT s’inquiète de la « qualité des emplois ». Le ralentissement très net de l’activité signifie que « de nombreux travailleurs devront accepter des emplois de moindre qualité, souvent très mal payés avec parfois des durées de travail insuffisantes ». Comme les prix augmentent plus vite que les revenus, la crise du pouvoir d’achat risque de précipiter plus de personnes dans la pauvreté. L’organisation rappelle que la reprise post-Covid a été principalement alimentée par l’emploi informel. En 2022, environ 2 milliards de travailleurs occupaient un emploi informel et 214 millions vivaient dans l’extrême pauvreté (revenu inférieur à 1,90 euro par jour), soit environ 6,4 % des actifs occupés. Le rapport élargit sa classification, incluant en plus des personnes au chômage celles qui veulent travailler mais ne cherchent pas activement, soit parce qu’elles sont découragées, soit parce qu’elles ont d’autres obligations, notamment

familiales. Cette notion élargie de déficit global d’emplois touchait 473 millions de personnes l’an dernier, soit 33 millions au-dessus de 2019.

Les femmes et les jeunes, premières victimes

Les femmes et les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus touchés. À l’échelle mondiale, le taux d’activité des femmes s’élevait à 47,7 % en 2022, contre 72,3 % pour les hommes. En d’autres termes, pointe l’OIT, pour chaque homme économiquement inactif, on compte deux femmes inactives. Les jeunes ont beaucoup plus de difficultés à trouver un emploi. Leur taux de chômage est trois fois supérieur à celui des adultes. Plus d’un sur cinq n’est ni en emploi, ni en études, ni en formation. L’OIT plaide pour une nette augmentation des investissements dans l’éducation et la formation. Alors que les « deux tiers des jeunes actifs dans le monde manquent des compétences de base ». ■

Aux États-Unis, un marché du travail à deux vitesses MAurin Picard £@MaurinPicard New York

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Demain

Amérique L’humeur guillerette des employés de Lowe’s, sanglés dans leurs gilets bleu et rouge, se prolonge depuis les fêtes de Noël. Le 2 décembre, un chèque généreux est tombé dans l’escarcelle des 300 000 employés de cette célèbre chaîne américaine de bricolage et d’aménagement intérieur, aux 2 200 enseignes à travers le pays : 500 dollars pour les employés à temps partiel, 1 000 pour ceux à temps plein. Ce bonus était le deuxième en trois mois, après une prime équivalente versée en septembre. À l’échelle du salaire annuel médian chez Lowe’s (33 000 dollars, 30 500 euros), ce double coup de pouce a été d’autant plus apprécié qu’il se doublait d’une hausse timide des salaires, à compter du 10 décembre, et tombait à point nommé, en pleine flambée des prix outre-Atlantique. Les bonus émanaient d’un constat implacable : les hausses de salaire, entre 5 et 7 % pour les cols-bleus, ne parvenaient pas à suivre une inflation atteignant 8,6 % à son paroxysme

(entre mai 2021 et mai 2022). Montant de l’enveloppe dédiée à ces mesures exceptionnelles : 370 millions de dollars, dont 200 millions de bonus et 170 millions de hausse salariale. « Les travailleurs en première ligne sont nos meilleurs employés », a déclaré le vice-président, Joe McFarland, depuis le siège de la firme à Mooresville (Caroline du Nord), reconnaissant le fardeau de l’inflation sur les ménages aux revenus modestes. À l’heure où la hausse des prix ralentit perceptiblement (- 0,1 % en décembre, 6,5 % sur un an, indice CPI) et où se modère la croissance salariale (4,6 %, contre 5,6 % en mars 2022), ces bonus servent également de prime de rétention sur un marché du travail toujours très dynamique, malgré de sombres prédictions pour 2023. Emblématique du secteur retail aux États-Unis, avec des performances exceptionnelles, Lowe’s se démène pour retenir ses employés, après avoir tant peiné à reconstituer ses équipes au sortir de la pandémie. « La grande démission est probablement terminée, dans la mesure où on voit un ralentissement de

l’activité économique et de la demande pour les travailleurs, souligne Gregory Daco, économiste en chef chez EY-Parthenon (Ernst & Young). Mais dans un contexte où le taux de chômage reste au plus bas depuis cinquante ans (3,5 %), les entrepreneurs font très attention d’éviter de se séparer de leur force de travail qu’ils ont formée, et qu’ils avaient eu beaucoup de mal à recruter au cours des deux dernières années. » La pénurie de travailleurs disponibles demeure dans certains secteurs comme la santé ou l’éducation, victimes d’une hémorragie sans précédent depuis 2020, attisée par la vague de Covid-19, les départs en retraite anticipée, la fermeture des frontières et la constance d’une immigration insuffisante aux États-Unis, pour combler le besoin d’emploi peu ou pas qualifiés. Au cours de l’année passée, ces déficiences ont « alimenté un niveau record de hausse des salaires depuis plus de quarante ans », précise Gregory Daco. Dans ce contexte, les augmentations salariales, assorties de bonus additionnels, préoccupaient les experts, soucieux d’une spirale

salaires-prix, les premiers tirant les seconds vers le haut dans une économie en surchauffe.

Vagues de licenciements dans la tech

En même temps, la multiplication des annonces de licenciements dans le secteur de la tech, des assurances, de l’immobilier, voire des services (automobiles d’occasion), conjuguée aux taux d’intérêt élevés dictés par la Fed, renforce les prédictions plus alarmistes pour le reste de l’année

Les 300 000 salariés de Lowe’s, chaîne américaine de bricolage et d’aménagement intérieur, ont touché un bonus conséquent (500 dollars pour ceux employés à temps partiel et 1 000 dollars pour ceux à temps plein). aBRANDON BELL/Getty Images via AFP

2023. Derrière l’arbre Lowe’s en pleine santé, une forêt plus souffreteuse se cache-t-elle ? En d’autres termes, les plans sociaux chez les cols blancs peuvent-ils essaimer chez les cols-bleus ? « Le secteur de la construction va peutêtre ployer sous le choc, tout comme celui de l’industrie, objecte Andrew Flowers, spécialiste de l’emploi au sein du cabinet de recrutement informatique Appcast. Mais notre économie est en bien meilleur état que ce l’on pense. » La demande pour les biens de consommation, y compris les matériaux de construction comme le bois dans les enseignes Lowe’s, ne se dément pas : malgré un léger ralentissement, elle reste de l’ordre de 26 % supérieure aux statistiques de prépandémie. À l’aune de ces signes encourageant, les prix des services vontils également diminuer ? « C’est la grande question, souligne Gregory Daco, plutôt optimiste. Les prix des services étant en grande partie dictés par la croissance salariale, et celle-ci se modérant, ils pourraient baisser à leur tour. Cela permettrait de ramener l’inflation autour de 2 %, objectif avoué de la Fed. » ■

A

Certains secteurs restent sous tension, alimentant les hausses de salaires et le risque inflationniste.

mardi 17 janvier 2023 le figaro

24

Entreprises

Inflation : le gouvernement pris en étau entre consommateurs, industriels et agriculteurs Volonté de protéger en même temps le pouvoir d’achat des Français, les revenus des exploitants agricoles et la liberté des prix des producteurs… L’exécutif multiplie les injonctions contradictoires face à la flambée des coûts. Olivia Détroyat £@Oliviader

Agroalimentaire « Quand l’équilibre entre l’industriel, le consommateur et le distributeur n’est pas trouvé, il faut continuer à travailler. » Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, appelle à des retouches de la proposition de loi du député Frédéric Descrozaille (Renaissance), en cours de discussion à l’Assemblée nationale et initialement soutenue sans réserve par le gouvernement. Cette confrontation entre l’exécutif et la majorité (relative) présidentielle illustre le casse-tête du gouvernement face à l’inflation

alimentaire. Celle-ci atteint déjà 13 % sur un an dans les rayons, et menace de s’aggraver. De quoi échauffer les esprits autour de la proposition de loi Descrozaille, qui vise à rééquilibrer le rapport de force entre distributeurs et industriels de l’agroalimentaire, au profit de ces derniers. Et ce, dès les négociations tarifaires qui doivent être bouclées le 1er mars. Son article 3 suscite une levée de boucliers chez les distributeurs. Il prévoit qu’en cas de désaccord entre leur centrale d’achat et les industriels, ce soit le tarif du fournisseur qui s’applique. Le gouvernement multiplie les injonctions contradictoires. Il tente

en même temps de protéger le pouvoir d’achat des Français, de garantir un revenu décent aux exploitants agricoles et d’éviter que les industriels de l’agroalimentaire ne ploient sous la pression des distributeurs. Alors que ces derniers se targuent d’être les défenseurs du pouvoir d’achat. L’inflation alimentaire atteint des niveaux jamais vu en quarante ans. Avec la reprise post-Covid et les effets de la guerre en Ukraine, les vents inflationnistes se sont accumulés partout dans la filière depuis. De la nourriture animale au transport en passant par l’emballage et les matières premières, tous les coûts ont flambé. De quoi gon-

fler de 12,5 % les prix en rayon l’an passé. La loi EGalim 2 oblige la grande distribution à accepter les hausses de tarifs liées aux intrants agricoles. Or ceux-ci sont les principaux responsables de la hausse des coûts en 2022.

Éviter les arrêts de production

Mais avec la flambée de l’énergie (électricité, gaz…) depuis six mois, la donne a changé. Selon les industriels, il faudrait au moins 15 % de hausse de tarif cette année pour absorber le choc énergétique. Faute de quoi ils pourraient être contraints de stopper leurs lignes. Cofigeo (William Saurin) a arrêté

Cette « proposition

de loi (Descrozaille NDLR), qui part d’une bonne intention, doit être retravaillée

»

bruno le maire, ministre de l’éCONOMIE

Le gouvernement prépare un « panier anti-inflation », où chaque distributeur bloquera ses prix sur une vingtaine de produits. Denys Kurbatov stock.adobe.com

Un cargo à voiles pour convoyer Ariane 6 à Kourou Le « Canopée », fruit d’une coopération européenne, divisera les coûts de transport par deux.

2023-01-17T09:45:59+01:00

2023-01-17T03:12:03c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Demain

A

Véronique Guillermard £@vguillermard

Transport C’est un événement, à plusieurs titres. Le Canopée vient d’accoster au port de Pariacabo à Kourou en Guyane, après avoir franchi pour la première fois l’Atlantique. Ce bateau cargo hybride de nouvelle génération a été conçu pour transporter en toute sécurité les sous-ensembles de la fusée Ariane 6 depuis l’Europe vers la ­ Guyane. Cela, dans le cadre d’un budget et d’un cahier des charges contraints. « Le bateau répond aux objectifs du programme : raccourcir les cycles de production et réduire les coûts ainsi que notre empreinte environnementale », explique KarlHeinz Servos, directeur industriel d’Ariane Group, constructeur de la fusée européenne. Le Canopée succède au Toucan, un cargo classique, qui convoyait Ariane 5 depuis 1996. Le cargo à voiles se présente comme «pionnier de la décarbonation du transport maritime ». Il va permettre à Ariane Group de diviser par deux les coûts de transport et de brûler 30 % de carburant de moins. Soit une réduction des émissions de CO2 de 7 200 tonnes par an. Ce grand bateau (121 mètres de longs, 22 mètres de large, 10 700 tonnes) aux lignes futuristes est en effet propulsé par

deux moteurs diesel alimentés en gazole automobile (et non en fuel lourd très polluant, comme les cargos d’ancienne génération). Mais aussi par quatre voiles articulées géantes, de 363 m2 chacune. Ces « ailes », gréées sur des mâts de 37 mètres de haut, contribueront à hauteur de 15 à 40 % à la propulsion du cargo. Cela, en fonction de la météo. Et à une vitesse de 12 à 17 nœuds (de 22,2 à 31 km/h).

en bref 3,75 % des stations manquent de carburant £ Quelque 3,75 % des stations-services françaises étaient à court soit d’essence, soit de gazole lundi matin, selon des données publiques analysées par l’AFP, le secteur pétrolier évoquant des pleins de précaution avant la grève contre la réforme des retraites, en répétant que les stocks sont pleins. Ces chiffres restent loin des plus de 40 % observés en moyenne nationale au pic de la grève des raffineries chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil en octobre.

Le Canopée, bateau aux lignes futuristes, mesure 121 mètres de long sur 22 mètres de large et pèse 10 700 tonnes. ArianeGroup

Joint-venture C’est en juillet 2018 qu’Ariane Group a choisi l’offre d’Alizés, jointventure formé par la PME ­Jifmar, leader de l’ingénierie navale, et l’architecte naval Zéphyr & Borée, à l’issue d’un appel d’offres. Le contrat de transport court sur quinze ans et prévoit jusqu’à douze allers-retours entre les ports d’embarquement européens - Brême, Rotterdam, Le Havre et Bordeaux – des sous-ensembles d’Ariane 6 et la Guyane. Cet été, le Canopée transportera la fusée Ariane 6 destinée au vol inaugural, prévu fin 2023. Le Canopée, dont le nom fait référence à la cime de la forêt guyanaise mais aussi à la voûte céleste, est le fruit d’une coopération européenne réussie entre Français, Néerlandais et Polonais. Cela, sous le leadership de Jifmar. La PME d’Aix-en-Provence est propriétaire d’une flotte de 45 bateaux polyvalents, destinés

80 % de sa production. L’exécutif marche donc sur un fil. Soucieux de maintenir le revenu agricole, il s’interdit de toucher à la loi EGalim 2, qui a fait ses preuves. Mais il veut aussi éviter les arrêts de production. De quoi voir d’un bon œil la proposition de loi Descrozaille. Sauf que le consommateur risque d’en payer le prix. D’où l’appel de Bercy à retravailler le texte, dans un contexte tendu. Les distributeurs ont boycotté lundi le comité hebdomadaire de suivi des négociations commerciales. « Face à une inflation alimentaire qui risque de mettre les gens dans la rue, il faut traiter le problème à froid, et non pas changer les règles du jeu des négociations dans l’urgence », tonne M ­ ichel-Édouard Leclerc. « Il n’y a pas consensus sur le fait que la situation des industriels des grandes multinationales soit si catastrophique qu’il faille une loi pour les sauver, explique Laurent ­Vallée, secrétaire général de Carrefour. Dans cette histoire, c’est le consommateur que l’on oublie. » Lui aussi soucieux des Français, le gouvernement prépare un « panier anti-inflation », où chaque distributeur bloquera ses prix sur une vingtaine de produits. Révélée par Le Parisien, l’initiative de la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, n’en est qu’à ses prémisses. Les enseignes n’y sont pas opposées, mais le projet pourrait prendre du temps. « Pour vendre à prix coûtant ou presque, il faudrait déjà savoir à quel prix on achète », glisse Michel-Édouard Leclerc. Ses rivaux soulignent que des initiatives sont en place depuis longtemps, comme à Carrefour, qui a bloqué les prix depuis près de six mois sur 200 produits. Ce panier anti-inflation vise surtout à améliorer le ressenti des Français sur l’inflation, alors qu’il n’aurait pas d’impact majeur sur le pouvoir d’achat. C’est pourtant la seule mesure à faire consensus entre tous les acteurs aux intérêts contradictoires. ■

à des missions complexes en mer : installations d’éoliennes, équipements de plateformes pétrolières et gazières, de câbles, de parcs aquacoles ainsi que de transport de charges atypiques. Pour gagner le contrat Ariane Group, Jifmar a fait équipe avec ­Zéphyr & Borée. Les rôles ont été répartis. À Jifmar, le contrôle d’Alizés à hauteur de 51 %, la maîtrise d’œuvre et l’exploitation du Canopée, dont sa filiale guyanaise est propriétaire. À Zéphyr & Borée, « les activités de services et de logistique lors des escales », précise JeanMichel Berud, président et cofondateur de Jifmar. Les deux sociétés ont travaillé avec les cabinets néerlandais VPLP Design et De Groot qui se

sont respectivement vu confier le design et l’ingénierie du bateau. Il a été construit en Pologne par Neptune Shipyard. L’armement final (câblage, cabines, instruments de ­ navigation…) a été réalisé aux PaysBas. « Le système de propulsion vélique, qui s’inspire de l’aéronautique, a été conçu par la société Ayro, basée à Caen. Elle a développé des ailes en Kevlar, légères, rigides et très résistantes », ajoute Jean-Michel Berud. Jifmar espère « concrétiser d’autres contrats avec des “sisterships” du Canopée, auprès d’autres industriels ». Et la PME veut augmenter à 50 %, la part des bateaux durables (à voile, électriques, aux biocarburants) au sein de sa flotte, dans les trois ans à venir. ■

Retour à la normale dans le secteur du jouet £ Selon le cabinet de conseil spécialisé NPD, le chiffre d’affaires des acteurs du jouet a atteint 4,4 milliards d’euros en 2022. Soit une légère baisse de 2,6 % sur un an, après une croissance record de 3,3 % en 2021. Après un début de saison poussif, le rush de fin décembre a permis de sauver la saison.

+@

» En France, la console Nintendo Switch surpasse les records de vente de la Wii www.lefigaro.fr/economie

le figaro

mardi 17 janvier 2023

Entreprises 25

2022, année de tous les extrêmes pour les levées de fonds Les start-up ont levé près de 13,5 milliards d’euros en France l’année dernière, un record historique.

« deLes multiples

Elsa Bembaron £@elsabembaron

FINANCEMENT 2022, ce sont deux années en une. Elle avait commencé sur les chapeaux de roues, battant record sur record dans le domaine des levées de fonds pour la French Tech. Selon le dernier baromètre EY du capital-risque, 13,49 milliards d’euros ont été injectés dans des start-up européennes au cours des douze derniers mois, soit une hausse de 17 % par rapport à 2021, année au cours de laquelle des sommets avaient déjà été atteints. Une performance, alors que nos voisins sont bien moins lotis. En Allemagne, les levées de fonds ont reculé de 15 % en 2022 et de près de 30 % en Grande-Bretagne. De son côté, KPMG arrive à un constat similaire. Si le cabinet ne prend en compte que les levées de plus de 3 millions, il note aussi un niveau record en hausse de 19 %. L’écart entre les deux études ­témoigne du dynamisme du marché de l’amorçage, ces « petits » tours de table qui permettent à des start-up de commencer leur activité.

valorisations ont dévissé. Ainsi pour les entreprises du logiciel (SaaS), la valorisation médiane est passée de 12,7 fois le revenu, en 2021, à 5,3 fois, en novembre 2022

Franck Sebag, associé EY.

Pourtant, le bilan est loin d’être complètement positif. Si tous les clignotants étaient au vert au premier semestre, avec une croissance de 63 % des fonds levés, la chute au second semestre est brutale, marquée par un recul de 21 % ! Le retournement de situation, survenu dès le début de l’été, a été très violent, la dynamique du marché a été bouleversée. Tous les types de start-up sont impactés, même si « 2022 reste supérieur à 2019 », tempère Franck Sebag, associé EY, pour qui « la French Tech survivra à la crise ». Plusieurs facteurs incitent à l’optimisme. La plupart des fonds ont eux-mêmes levé des capitaux et sont suffisamment bien dotés pour continuer à accompagner les start-up. « Le taux de conversion euros-dollars joue aussi en faveur de l’écosystème français, d’autant plus attractif pour les investisseurs américains », ajoute Franck Sebag. Ce qui change, ce sont les montants des tours de table qui risquent d’être revus à la baisse, reflétant la chute des valorisations. « Les multiples de valorisations ont dévissé. Ainsi, pour les entreprises du logiciel (SaaS), la valorisation

De nombreux visiteurs sur le stand de la French Tech au salon Vivatech, à Paris, en mai 2022. médiane est passée de 12,7 fois le revenu, en 2021, à 5,3 fois, en novembre 2022. L’écart est encore plus important pour celles qui avaient les valorisations les plus fortes : les multiples sont passés de 21,4 fois à 8 fois sur la même période », analyse Franck Sebag. Cette très forte correction aura un impact sur la structuration des prochains tours de table.

L’heure de la consolidation Il s’attend aussi à une hausse des opérations de consolidation, sous toutes leurs formes : rachat de start-up par des grands groupes, fusions entre start-up, avec le risque de voir les fonds américains

profiter de l’occasion pour mettre la main sur quelques pépites françaises. À moins que le gouvernement ne fasse barrage. La baisse des valorisations s’accompagne d’une révision par les investisseurs des critères pris en compte. Après avoir tout sacrifié à la croissance, les entrepreneurs doivent apprendre à mener deux batailles de front. Tout l’enjeu est de continuer dans une dynamique de croissance, même si son rythme sera ralenti par rapport aux folles années 2020-2021, tout en ayant la rentabilité de l’activité en ligne de mire. « Les entreprises doivent démontrer que leur capacité à être bénéficiaire est réelle »,

BERTRAND GUAY/AFP

résume Jean-Pierre Valensi, associé KPMG, inquiet aussi pour l’emploi dans le secteur. « Le retour de la profitabilité comme indice de performance risque d’entraîner des ajustements d’effectifs », ajoute-t-il. Même si les mouvements devraient être moins violents en France qu’aux États-Unis. Les entreprises américaines n’ont pas hésité à surembaucher pour anticiper une croissance qui n’est pas au rendezvous. Elles se voient contraintes de licencier massivement pour ne pas creuser leurs pertes. Ce qui n’est pas le cas des Français, qui aujourd’hui sont mieux armés pour affronter la crise. ■

Automobile : Hopium, star française de l’hydrogène, dérape La start-up va devoir vendre sa pile à combustible sous licence, avant de commercialiser sa berline de luxe.

automobile La Machina Vision d’Hopium, star du Mondial de l’automobile en octobre dernier, dérape. La berline à hydrogène, dont le prototype stylé trônait au beau milieu d’un stand immense, va-t-elle sortir comme prévu de son usine normande d’ici à 2025 ? Ce n’est pas certain. Vendredi, les dirigeants de la société ont publié une mise au point après la publication d’un article des Échos pointant des difficultés financières : « Dans cette nouvelle phase de développement, la société analyse sa structure de financement et de coûts, laquelle pourrait conduire à une réduction de la masse salariale

6,32 euros

Le cours de Bourse d’Hopium lundi (contre 42 euros en juin 2021)

après une période de recrutement importante qui a permis d’intensifier les efforts de R&D. Cette réduction dépendra des contours définitifs du plan stratégique qui est en cours d’élaboration. » Il y a un an, l’entreprise, qui compte une base aux États-Unis et une filiale à Munich, employait 54 personnes en France. Ils étaient 126 fin juin. Mais ils seront moins nombreux après les ajustements stratégiques à mener pour éviter la sortie de route. En effet, Hopium n’a pas réalisé de chiffre d’affaires depuis deux ans. Ses pertes s’accumulent. Son cours de Bourse s’est effondré, passant de 42 euros en juin 2021 à 6,32 euros lundi. Une restructuration financière et capitalistique semble inévitable. « La

société confirme qu’elle estime pouvoir faire face à ses besoins de financement estimés jusqu’au 30 juin 2023, étant précisé qu’elle continue d’explorer d’autres sources de financement dans le cadre de son nouveau plan stratégique, y compris par voie d’appel au marché, et/ou par le biais de partenariats industriels. »

Faire entrer du cash Tout semblait sourire au départ au fondateur de cette start-up, Olivier Lombard, un jeune pilote de course d’endurance, convaincu de l’avenir de l’hydrogène dans l’industrie automobile. Son projet ? Construire une berline sportive haut de gamme propulsée par une pile à combustible dotée d’une autonomie de 1 000 kilomètres pour une puissance de

la séance du lundi 16 janvier

LE CAC

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 144,22 AIRBUS .............................................. 115,32 ALSTOM ..............................................25,95 ARCELORMITTAL SA ........................... 28,535 AXA .............................................. 28,05 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 59,56 BOUYGUES .............................................. 30,16 CAPGEMINI .............................................. 172,75 CARREFOUR .............................................. 17,325 CREDIT AGRICOLE ...........................10,606 DANONE ..............................................50,13 DASSAULT SYSTEMES ........................... 35,525 ENGIE .............................................. 13,194 ESSILORLUXOTTICA ........................... 173,75 EUROFINS SCIENT. ...........................64,9 HERMES INTL ........................... 1629 KERING ..............................................560,6 L'OREAL ..............................................377,45 LEGRAND ..............................................82,02 LVMH .............................................. 792,7

%VAR.

+1,42 -1,3 +0,78 -0,04 +0,86 -0,5 +0,63 +1,08 +4,59 +1,13 +0,82 -0,2 -0,98 -0,06 +0,68 -1,33 +0,27 +0,95 +0,54 +0,94

LES DEVISES

+HAUTJOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

144,76 116,2 26,19 28,7 28,225 60,23 30,32 172,9 17,44 10,646 50,17 35,87 13,386 174,9 66 1650 562,9 379,25 82,12 793,8

143 115,26 25,61 28,23 27,935 59,56 29,95 171,05 16,6 10,5 49,78 35,445 13,148 173 64,46 1613,5 557,2 373,9 81,14 782

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

0,108 0,099 0,348 0,147 0,114 0,138 0,267 0,115 0,37 0,178 0,118 0,061 0,199 0,068 0,167 0,05 0,107 0,052 0,128 0,055

+8,93 +3,87 +13,72 +16,11 +7,66 +11,85 +7,56 +10,77 +10,77 +7,88 +1,83 +6,06 -1,45 +2,69 -3,22 +12,73 +17,9 +13,14 +9,62 +16,59

1 EURO=

1,5537 1,4486 0,8876 8,4449 138,92 1,026 1,0812 3,324 11,103 20,3175 32,08 7,2791 88,2795 147,57

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

2023-01-17T09:45:59+01:00

2023-01-17T03:12:03c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Demain

VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

500 chevaux, dont le premier prix tournerait autour de… 120 000 euros. En deux ans, Hopium a foncé à toute allure pour créer une légende à la manière de Tesla. En janvier 2022, l’entreprise était introduite en Bourse sur Euronext Growth Paris, après une première introduction sur Euronext Access Paris en décembre 2020. Avant l’ouverture du Mondial de l’auto, les dirigeants d’Hopium affirmaient que l’usine qui produirait les Machina en série serait installée à Douains, près de Vernon. Ce site devait être capable de produire 20 000 véhicules par an, et être doté d’un centre de R&D. Hopium prévoyait d’y employer à terme 1 500 personnes Quelques jours plus tard, la filiale de crédit à

La valeur du jour JOUR

MICHELIN .............................................. 29,745 ORANGE ..............................................9,7 PERNOD RICARD ........................... 195,2 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 63,38 RENAULT .............................................. 37,315 SAFRAN .............................................. 126,7 SAINT GOBAIN ........................... 53,94 SANOFI ..............................................91,85 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 147,34 SOCIETE GENERALE ........................... 24,79 STELLANTIS NV ........................... 14,32 STMICROELECTRONICS ..................... 37,97 TELEPERFORMANCE ........................... 250,4 THALES ..............................................115,65 TOTALENERGIES ...........................59,38 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 57,28 VEOLIA ENVIRON. ...........................27,47 VINCI .............................................. 101,1 VIVENDI SE ........................... 9,654 WORLDLINE .............................................. 41,2

LʼOR

%VAR.

+1,5 -2,21 +0,67 +1,34 +0,48 +0,13 +1,3 +0,73 -0,7 +0,36 +0,7 +0,3 +2 +2,48 -0,59 +0,92 +2,27 -0,28 +0,86 -1,08

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

29,745 9,835 195,7 63,52 37,51 127,7 54,31 91,89 148,94 24,94 14,396 38 250,6 116,55 60,25 57,33 27,54 101,82 9,702 42,08

29,17 9,583 194,25 62,66 36,615 126,5 52,82 91,05 147,14 24,55 14,12 37,435 245,3 112,4 59,38 56,53 26,77 100,62 9,538 40,93

31/12

Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 56 938€ Lingot 100g ................................. 5 705,8€ Lingot 50g ................................. 2 858,4€ 1 782,84€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 580,58€ 152,07€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................328,58€ 20Fr SUISSE ................................. 350,17€ SOUVERAIN ................................. 441,38€ KRUGGERAND ................................. 1 894,73€ 50 PESOS ................................. 2 262,09€ 10 DOLLARS ................................. 925,98€ 20 DOLLARS ................................. 1 850,97€

+3,86 % -1,49 % -2,58 % -2,63 % -2,92 % -5,55 % -4,22 % +3,6 % +3,85 % +1,43 % +3,72 % +3,35 % +3,47 %

%CAP.ECH

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la consommation du Crédit agricole signait avec Hopium un protocole d’accord pour une commande prévisionnelle de 10 000 véhicules pour un montant allant jusqu’à 1,2 milliard d’euros. Jean-Baptiste Djebbari, l’ancien ministre des Transports devenu président du conseil d’administration d’Hopium, applaudissait. Mais aujourd’hui, ses nouveaux dirigeants cherchent à faire entrer du cash. La pile à combustible de la berline pourrait être produite sous licence par des partenaires, et vendue à des industriels intéressés. « Elle est moins sexy que la Machina Vision, mais nous avons besoin d’argent pour soutenir les plans d’action même révisés», reconnaît Sylvain Laurent, le directeur général. ■

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Sika soumet MBCC à une cure d’amaigrissement avant de l’avaler

CLÔTURE DU CAC 40

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Le groupe suisse de matériaux de construction Sika va revendre à Ineos Enterprises une partie des activités de MBCC. Avec cette transaction, la société helvétique espère obtenir le feu vert des autorités de la concurrence pour l’acquisition de l’ancienne filiale du géant allemand de la chimie BASF. La cession concerne les activités d’adjuvants de MBCC aux États-Unis, au Canada, en Europe et au Royaume-Uni ainsi que l’intégralité de ses activités en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ensemble, elles ont généré un chiffre d’affaires de 920 millions de francs suisses l’an dernier (environ 916 millions d’euros) et comptent 1 600 employés. En novembre 2021, Sika avait signé un accord pour racheter MBCC pour 5,5 milliards de francs suisses auprès du fonds d’investissement Lone Star Funds. Il s’agit de la plus importante acquisition de son histoire. Sika espérait initialement boucler cette vaste opéra-

tion avant la fin de l’année dernière. Mais il avait été contraint de repousser l’échéance au premier semestre 2023. L’autorité britannique de la concurrence, la CMA, s’était en effet inquiétée des retombées de ce rapprochement compte tenu du poids de Sika et de MBCC sur le marché des adjuvants au Royaume-Uni. Mi-décembre 2022, la CMA a finalement donné son feu vert au rapprochement entre Sika et MBCC moyennant la cession d’une partie des activités dans les adjuvants. Lors de la publication la semaine passée de son chiffre d’affaires annuel, Sika avait indiqué que l’acquisition de MBCC était « dans sa phase finale ». Approuvée dans plusieurs pays, elle doit désormais recevoir l’approbation de la Commission européenne et devrait être finalisée comme prévu au premier semestre 2023. Le titre Sika a grimpé de 3,45 %, lundi, à 255,10 francs suisses. ■

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valerie collet £@V_Collet

mardi 17 janvier 2023 le figaro

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médias et tech

Xavier Niel part à l’assaut d’une fréquence TV Après avoir cherché à mettre la main sur M6, le fondateur de Free se serait manifesté dans l’appel à candidatures pour le renouvellement des fréquences de TF1 et M6. caroline sallé £@carolinesalle

Télévision Il a cherché par deux fois à mettre la main sur M6. En vain. Xavier Niel, le fondateur de Free et actionnaire du Monde, est-il prêt à tenter le coup une troisième fois ? L’appel à candidatures pour le renouvellement des fréquences de TF1 et M6 pourrait lui en donner l’occasion. Lundi, le processus piloté par l’Arcom, l’autorité de régulation, est entré dans une phase décisive. Les prétendants à l’une ou l’autre fréquence, dont les autorisations arrivent à échéance en mai, avaient jusqu’à midi pour indiquer au régulateur leur intention de déposer un dossier. Selon nos informations, TF1, M6, ainsi qu’un autre candidat se seraient signalés auprès de l’Arcom. Et il s’agit vraisemblablement de Xavier Niel. « Nous ne commentons ni dans un sens ni dans l’autre », indique ce dernier au Figaro, laissant planer le suspense. Dans le microcosme des médias, l’hypothèse de sa candidature, un temps jugée comme extravagante, ne fait plus guère de doutes. Plusieurs acteurs du secteur constatent qu’il est bien entré sur le terrain. « Il y a des contacts qui sont établis entre les représentants des producteurs, des auteurs et ceux de son holding personnel NJJ », rapporte un acteur du secteur. « Pour le moment, les équipes de Xavier Niel travaillent sérieusement sur un dossier », confirme Pascal Rogard, le directeur général de la Société des

lera pas de sitôt », pointe l’expert. À moins que Bertelsmann remette en vente la chaîne dans cinq ans, comme la loi le lui permet. Le scénario qui verrait l’Arcom confier une fréquence de la TNT à Xavier Niel reste pour l’heure très improbable. Cela nécessite de partir d’une feuille blanche et de tout reconstruire. Et surtout, cela implique de signer un gros chèque, même si la fréquence est « gratuite ». Le coût de grille de M6 s’élève à 500 millions d’euros, sans parler des locaux, des animateurs, de la technique…

Le lobbying des équipes de Xavier Niel auprès de l’écosystème de la création semble déjà porter ses fruits. JOEL SAGET/AFP

Intense lobbying auprès de la création

auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). Un autre professionnel de la télévision indique que « la candidature de Xavier Niel est en train de se construire de manière sérieuse et aboutie ». Fin novembre, devant les membres du collège de l’Arcom, ses représentants avaient fait valoir que l’arrivée d’un nouvel entrant aurait des effets positifs « pour les téléspectateurs, le secteur de la création

Niel « aXavier une fenêtre

de tir qui ne se renouvellera pas de sitôt

»

un expert des médias

et les annonceurs », ajoutant que celui-ci « pourrait probablement faire autrement et mieux ». À ce stade, il n’est pas à exclure que Xavier Niel tente toujours un coup de poker. Techniquement, il a encore quelques jours, jusqu’au lundi 23 janvier à midi, pour abattre ses cartes. À cette échéance, tous les candidats devront avoir remis leur dossier à l’Arcom. Le patron de Free peut donc très bien se rétracter d’ici

là. « S’il avait voulu jouer, il aurait arrêté avant. Ils vont aller au bout, sinon tout cela ne fait pas très sérieux », estime un expert médias. « C’est le moment ou jamais de mettre la pression sur M6 », ajoute un autre. Les fréquences seront réattribuées pour une durée de dix ans, et l’autorisation sera renouvelable une fois, pour cinq ans de plus. Quinze ans au total… « Xavier Niel a une fenêtre de tir qui ne se renouvel-

Le lobbying des équipes de Xavier Niel auprès de l’écosystème de la création semble déjà porter ses fruits. « M6 va sans doute être obligée de revoir à la hausse ses obligations d’investissements dans la création », assure un bon connaisseur du dossier. Xavier Niel n’arrivera peut-être pas à décrocher sa chaîne de télévision, mais il ne sera pas totalement perdant pour autant. « Si M6 investit plus d’argent dans la production, il y gagnera indirectement, en tant qu’actionnaire de la société de production Mediawan. Ces investissements supplémentaires pourraient, en outre, rogner un peu la marge du groupe M6 », confie un bon connaisseur du dossier. De quoi agacer Nicolas de Tavernost, le président du directoire du groupe M6. Ce qui ne serait pas pour déplaire à Xavier Niel, dont l’offre de rachat avait été balayée en mai 2021. ■

Twitter casse les prix pour reconquérir les annonceurs La plateforme offre jusqu’à 250 000 dollars de crédits publicitaires qui pourront être utilisés durant le Super Bowl. Chloé woitier £@W_Chloe

Réseaux sociaux Un acheté pour un gratuit. C’est peu ou prou ce que propose en ce début d’année Twitter aux annonceurs américains, dévoile le Wall Street Journal. Si une marque dépense jusqu’à 250 000 dollars sur le réseau social, ce dernier lui offrira des crédits d’espaces publicitaires d’une valeur équivalente. Ces 500 000 dollars maximum, dont la moitié est prise en charge par Twitter, devront être dépensés avant le 28 février. Cette offre spéciale pourra être utilisée durant le Super Bowl, la grand-messe annuelle du football américain qui se tiendra le 13 février. Voilà un signe que la plateforme rachetée par Elon Musk peine toujours à regagner les faveurs

des annonceurs, qui ont fui face au chaos engendré par ce changement d’actionnariat. Un événement aussi fédérateur devrait rimer avec ruée des marques ; avant le rachat par le milliardaire sud-africain, le Super Bowl était d’ailleurs la journée la plus lucrative de la régie de Twitter. Il n’était alors pas question de proposer des rabais. Une stratégie similaire a été employée lors de la dernière ligne droite de la Coupe du monde de football, un autre événement qui devrait normalement faire le plein. D’après des témoignages recueillis par Ad Age, Twitter avait proposé des espaces publicitaires à prix cassés. Et il offrait jusqu’à 500 000 dollars de crédits gratuits pour une somme dépensée équivalente. Il y a urgence pour le réseau social, dont les revenus dépendent en

quasi-intégralité de la publicité. En 2021, la régie avait ainsi gagné 4,5 milliards de dollars. Mais début janvier, 75 % des plus gros annonceurs du réseau social n’avaient toujours pas repris leurs achats d’espaces sur la plateforme, d’après Sensor Tower.

Un espace jugé peu sûr Une autre étude de Standard Media Index montre que Twitter a vu fondre de 46 % ses revenus publicitaires en novembre par rapport à l’année précédente, alors que TikTok affichait une croissance de 75 %, et Pinterest progressait de 13 %… Novembre correspond à la prise de contrôle du réseau social par Elon Musk pour 44 milliards de dollars, la destruction de plus de 5 000 emplois au sein du groupe, et des premières décisions qui ont jeté un froid parmi l’écosystème publi-

citaire. La confiance semble n’être toujours pas revenue. Les marques estiment que Twitter ne garantit plus un écrin sûr pour leurs annonces. Elles avaient d’abord été rebutées par le lancement précipité et sans garde-fou de l’abonnement Twitter Blue, qui a permis à des plaisantins de se faire passer pour les comptes officiels de grands groupes. Les protestations qui ont suivi ont conduit à la suspension de ce service, sur lequel Elon Musk comptait pour diversifier les revenus de l’entreprise, jusqu’au 11 décembre dernier. L’amnistie accordée à des dizaines de milliers de comptes complotistes et diffuseurs de désinformation n’incite pas non plus les annonceurs à revenir sur Twitter. Les coupes franches dans les effectifs ont aussi touché les modérateurs et les superviseurs des politi-

4,5

milliards de dollars

Chiffre d’affaires de la régie publicitaire en 2021

Vivendi n’a plus de représentant chez Telecom Italia Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, a démissionné lundi.

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Elsa Bembaron £@elsabembaron

Télécoms Peu à peu, Vivendi dénoue ses liens avec Telecom Italia (TIM). Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, a démissionné ce lundi de son poste de membre du conseil d’administration de l’opérateur italien. Dans le même temps, le groupe français de médias, qui détient 23,75 % du capital de l’italien, réaffirmait son fort intérêt pour « rester un investisseur de long terme ». Le départ d’Arnaud de Puyfontaine est le énième rebondissement d’une relation complexe entre Vivendi et TIM. Le français n’a plus aucun représentant au conseil de l’Italien.

Après avoir tenté de prendre la main sur cet opérateur historique, Vivendi a progressivement changé son fusil d’épaule. Il y a été en partie contraint par l’intervention du fonds activiste Elliott en 2019. Aux termes d’une saga longue de plusieurs mois, les deux parties avaient finalement trouvé un accord. Mais cette Pax romana contemporaine n’a en rien soldé les difficultés intrinsèques de TIM, reflétées par le cours de l’action. Le titre a sombré à 0,26 euro, loin du coût d’acquisition moyen payé par Vivendi (1,07 euro l’action). Le français a d’ailleurs passé plus de 1,7 milliard d’euros de dépréciation d’actifs dans ses comptes, en deux temps. Au printemps dernier, Vivendi s’était opposé à un rachat de

l’opérateur par KKR. Le fonds d’investissement américain proposait alors 10,8 milliards d’euros, soit 0,50 euro l’action.

Un avenir incertain L’opérateur historique italien fait désormais l’objet de grandes discussions engageant aussi l’État italien. Elles portent sur l’avenir de l’entreprise et sur celui de l’ensemble des télécoms du pays. Le destin du réseau fibre transalpin est notamment en jeu. Rome souhaite reprendre la main sur ce dossier, alors que le pays accuse un net retard dans le déploiement de la fibre optique sur son territoire. La méthode qui sera choisie par le gouvernement de Giorgia Meloni n’est pas encore connue.

Le départ d’Arnaud de Puyfontaine est le nouveau rebondissement d’une relation complexe entre Vivendi et l’opérateur italien. ALAIN JOCARD/AFP

La première hypothèse, reposant sur une fusion du réseau fibre de TIM avec celui d’OpenFiber, détenu par la Caisse des dépôts italienne, semble avoir fait long feu. En retard dans le déploiement de la fibre, Telecom Italia souffre aussi de la concurrence d’Iliad (la maison mère de Free), venue bousculer le marché italien en 2018. Dans cet environnement aussi incertain que mouvant, Arnaud de Puyfontaine peut espérer une plus grande marge de manœuvre dans les discussions. Il agira non plus en tant que membre du conseil de Telecom Italia, mais comme président du directoire de Vivendi. Cette évolution devrait lui conférer une plus grande liberté d’action dans ce dossier. ■

ques de modération, aux ÉtatsUnis comme dans le reste du monde. Plusieurs associations ont alerté sur la hausse des discours haineux et complotistes sur Twitter, leurs propagateurs se sentant moins en danger qu’auparavant. Pour répondre à cette inquiétude légitime, le réseau social a lancé un nouvel outil de ciblage. Il garantit aux annonceurs que leurs tweets sponsorisés ne se retrouveront pas à proximité de messages comprenant des mots-clés qu’ils auront eux-mêmes choisis. Malgré ces signaux négatifs, Elon Musk affiche sa confiance. Fin décembre, il déclarait que, grâce à ses mesures d’économies radicales, Twitter verrait ses comptes à l’équilibre en 2023. Selon lui, l’entreprise était, avant son rachat, sur le point d’enregistrer un flux de trésorerie négatif de 3 milliards de dollars. ■

en bref Moins de 34 000 journalistes en 2022 £ Le nombre de journalistes actifs est passé sous la barre des 34 000 titulaires, selon les chiffres publiés par la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP). Au total, 34 043 cartes ont été attribuées l’an dernier par la CCIJP, dont 417 cartes honoraires, soit une baisse de 9 % du nombre de journalistes en France en dix ans.

3 % de fausses écoutes streaming £ Selon une étude du Centre national de la musique (CNM), entre 1 et 3 milliards de streams étaient frauduleux en 2021 sur le marché français. Cela représente 1 % à 3 % des écoutes.

mardi 17 janvier 2023 le figaro - N° 24 387 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Défilés

Disparition

Sur les podiums de Milan, le costume est roi

Gina Lollobrigida, icône du cinéma italien et actrice à la carrière internationale Page 29

Pages 30 ET 31

Prada

À la veille de la première de « Tristan et Isolde », les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris et leur chef Gustavo Dudamel ont accepté un invité à leur côté pendant une répétition. Une expérience unique. PAGE 28

Amiens : la maire supplie Madonna en vidéo Dans une vidéo, l’édile demande à la star de lui prêter une œuvre dont elle est propriétaire et qui pourrait avoir disparu du Musée de Picardie il y a un siècle. Éric Biétry-Rivierre [email protected]

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adonna, vous ne connaissez probablement pas Amiens. » Ainsi commence Bri­ gitte Fouré, maire (UDI) de cette ville, dans une vidéo adressée à la star et qui va bientôt circuler sur les réseaux sociaux. Enregistrée vendredi dernier, c’est une bouteille à la mer afin de tenter d’obtenir « en prêt » un des tableaux de la collection de la chanteuse. Une reproduction de ce Diane et Endymion très érotique - tableau qui pourrait être celui qu’on croyait d ­ étruit dans le bombardement du musée en 1918 - se remarque à ­l’arrière-plan, à gauche du bureau de la première édile. La star de la pop aurait-elle acquis sans le savoir cette œuvre de JérômeMartin Langlois (1779-1838), commande de Louis XVIII pour la salle de Diane à Versailles et qui, achetée par l’État en 1873, avait été déposée à Amiens jusqu’à ce qu’elle disparaisse mystérieusement ? Ou Madonna ne détiendrait-elle qu’une copie ancienne, proposée ­comme telle aux enchères par Sotheby’s à New York en 1989, et qui lui fut adjugée 1,3 million de dollars ? Des ­doutes sont permis d ­ epuis une plainte contre X pour vol, déposée le 31 juillet 2015 par le Musée de Picardie (lire nos éditions du 10 janvier 2023 qui la révélaient). Plainte à ce jour demeurée sans ­suite.

EXCLUSIF - NOUVEAUTÉ 2023

LES CROISIÈRES DU PATRIMOINE AVEC STÉPHANE BERN

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« Évidemment, nous ne contestons en aucune façon l’acquisition légale que vous avez faite, poursuit l’élue dans son adresse. Mais figurez-vous que nous sommes candidats pour être c­apitale européenne de la culture en 2028. Alors j’aimerais qu’à cette ­occasion, cette année-là, vous puissiez nous prêter votre tableau. Cela afin que les Amiénois puissent retrouver cette œuvre et en profiter. Alors c’est une prière que je formule auprès de vous, un vœu en cette ­ébut d’année. Merci d’y période de d ­prêter attention. »

Une demande de soutien informel Ce pourrait être le cas car, selon le tabloïd anglais The Sun, la « Material Girl » travaillerait à la mise en place d’une tournée mondiale prévue pour cette année et qui pourrait passer par la France. D’autre part, en plus de sa supplique vidéo, Brigitte Fouré, qui est également vice-présidente de la région Hauts-de-France, vient d’écrire au président de la Ré­­pu­blique pour lui demander un soutien informel à ce sujet. Et là, nul doute qu’Emmanuel Macron, natif d’Amiens, où il a vécu jusqu’à sa classe de première, étudiera bien ce message. Reste que si l’œuvre, comme on le suspecte, a été coupée pour faire disparaître la date, la signature et le cachet, l’État ne pourrait manquer ­ d’entamer une procédure de récupération, les collections des musées publics français étant imprescriptibles et inaliénables. ■

DÉCOUVREZ L’HISTOIRE DE NOS RÉGIONS ET PARTICIPEZ À LA SAUVEGARDE DE NOS MONUMENTS

RHÔNE • SEINE • LOIRE • GIRONDE • RHIN Cinq croisières inédites au fil des fleuves de France, avec un programme de visites exclusif : • Le Rhône et son héritage Romain, l’Antiquité : du 3 au 9 avril 2023 • L’Or du Rhin et le génie des grands artistes, du Moyen Âge à l’ère contemporaine : du 3 au 10 avril 2023 • La Loire millénaire, du Moyen Âge à l’ère contemporaine : du 11 au 16 avril 2023 • La Seine des Rois de France, du Moyen Âge à la Renaissance : du 15 au 22 avril 2023 • Châteaux et patrimoine en Gironde, un terroir de prestige, la Renaissance : du 17 au 23 avril 2023 Retrouvez plus d’informations en flashant ce code :

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MONIC ; 7e Art/Photo12 via AFP ; Elisa Haberer/ONP

Dans le secret de la fosse de l’Opéra Bastille

mardi 17 janvier 2023 le figaro

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l'événement

Christian Merlin



Assis au milieu des cuivres fortissimo, c’est le départ des 24 Heures du Mans ! Plus question alors d’entendre quoi que ce soit

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Et si, puisqu’il est question de ­ usique, on se préoccupait un peu de m l’écoute ? Là encore les repères auditifs sont radicalement différents de ce à quoi on est habitué dans la salle. Et ils le sont plus encore selon l’endroit où vous êtes. Le reporter embarqué a commencé sa mission d’infiltration côté cour, autrement dit avec les cuivres et les timbales… Il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre pourquoi le tubiste, l’excellent Fabien Wallerand, lui avait conseillé des bouchons d’oreille. ­Encore faut-il savoir les mettre et ne pas faire comme le critique musical qui, se croyant plus malin que les autres, les a tellement enfoncés qu’il a fallu l’emmener à l’infirmerie pour les ­ retirer avec une pince à épiler… ­ Certains les refusent : la violoniste ­ ­Émilie Belaud compare le jeu avec protections auditives à un « restaurateur de tableaux anciens qui travaillerait avec des lunettes noires ». Tristan n’est pas le plus sonore des opéras de Wagner : les chuchotements y sont au moins aussi nombreux que les cris. Il n’en reste pas moins que, assis au milieu des cuivres fortissimo, c’est le

Vincent Pontet-OnP

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n va à l’Opéra pour les voix et le spectacle, c’est une affaire entendue. Pourtant, l’âme d’un théâtre lyrique est son orchestre. Or, où entend-on et voit-on le moins bien ? Dans la fosse d’orchestre ! Nous avions eu la puce à l’oreille le lendemain du ­mythique Elektra mis en scène par ­Patrice Chéreau et dirigé par Esa-Pekka Salonen à Aix-en-Provence. Au timbalier de l’Orchestre de Paris qui nous demandait comment c’était, nous faisions remarquer qu’il était mieux placé pour le savoir. Sa réponse : « Au contraire, j’étais sous la scène dans le vacarme des percussions, je n’ai rien vu ni entendu ! Mais il m’a semblé que c’était très bien. » Nous avons voulu nous faire notre propre idée. Que perçoit-on dans cette fosse cachée aux yeux du public, et d’où montent les fascinantes sonorités ­orchestrales qui tantôt soutiennent le chant, tantôt prennent le contrôle ? Les membres de l’Orchestre de l’Opéra ­national de Paris et leur chef, Gustavo Dudamel, ont accepté pour la première fois la présence d’un observateur extérieur, à l’occasion du Tristan et Isolde de Wagner, de retour à l’affiche de Bastille. À la lumière de cette expérience ­captivante, nous pouvons vous assurer d’une chose : en bas, tout est différent ! Commençons par ce qu’on voit. À vrai dire, pas grand-chose. Si vous êtes placé à l’avant, contre la paroi qui vous sépare de la salle, vous avez une chance d’apercevoir les chanteurs quand le spectacle les place à l’avant-scène. Au troisième acte, Tristan est au centre pour le public mais il meurt trop loin du bord pour être vu des musiciens ! Quant à ceux qui tournent le dos à la scène comme les bois ou les cors, tout au plus parviennent-ils à se retourner fugi­ tivement en se t­ordant le cou pour ­essayer de voir quelque chose, quand ils ont des mesures à compter entre deux interventions. Place aveugle, en revanche, si vous êtes sous la ­ « casquette », petit nom donné à ­ l’avancée du bord de scène. La fosse est dans la pénombre, ­hormis les petites lampes dont chaque pupitre est surmonté, et que certains éteignent quand leur instrument se tait pendant longtemps. C’est le lot de la harpe, à qui Wagner ne réserve que quelques interventions, certes indispensables, mais sporadiques ! Au ­dernier rang des s­ econds violons ou des altos, à plus f­orte raison si l’on a un ­collègue de grande taille devant soi, on voit très peu le soliste ou le chef ­d’attaque, ce qui oblige à décupler ses capacités d’écoute mutuelle, comme en ­ hambre. C’est aussi pour musique de c cela que, si les chefs de pupitre ont leur place r­éservée devant, au contact du maestro, les musiciens du rang, qui ­ forment le « tutti », tournent d’un ­ spectacle à l’autre afin que ce ne soient pas toujours les mêmes qui se retrouvent au fond. Pour ces derniers, la priorité est de p ­ ­ositionner sa chaise pour voir le chef sans jouer en permanence à l­ ’essuie-glace !

au cœur de l’orchestre à l’Opéra Bastille Quelques jours avant la première, ce mardi, de « Tristan et Isolde », « Le Figaro » était dans la fosse lors d’une répétition. Où l’on découvre que ce n’est pas le meilleur endroit pour voir le jeu des acteurs et que l’expérience auditive diffère beaucoup de celle vécue dans la salle.

départ des 24 Heures du Mans ! Plus question alors d’entendre quoi que ce soit. Ainsi, après avoir frissonné à l’entrée de la soprano dans la mort d’Isolde, nous ne l’avons plus entendue à partir de l’entrée des trombones. Ces musiciens d’élite n’y sont pour rien, on était juste à la mauvaise place ! Il y a fort à parier, que dans la salle, les mêmes trombones sonnaient avec toute la douceur requise. Le musicien doit donc avoir des antennes partout pour se situer dans le tissu orchestral. Règle ­ d’or : écouter est au moins aussi important que bien jouer. Mais quand le sol tremble sous votre chaise pendant un déchaînement wagnérien, sensation physique que vous n’aurez jamais dans la salle, c’est la chair de poule garantie. Situation beaucoup plus confortable derrière clarinettes et bassons, au milieu de cette fosse immense où la ­ ­distance est considérable entre cour et jardin. Certes, on ne voit rien du ­spectacle. Véronique Cottet-Dumoulin, première clarinette dans Tristan, ­reconnaît qu’il est frustrant de ne pas voir ce qui se passe, mais aime malgré tout sa place, au milieu de l’orchestre, face au chef que l’on voit ainsi parfaitement. Acoustiquement, nous avons infiniment mieux goûté le jeu des cuivres et des timbales en nous en éloignant car les sons ont besoin d’espace pour se ­déployer et se mélanger. Quand on a le nez sur l’émission du son, celui-ci ­paraît agressif. Avec les tendinites et le mal au dos, la perte auditive (presbyacousie) est d’ailleurs, sans surprise, une maladie professionnelle fréquente chez les musiciens d’orchestre, malgré les pare-sons en plexiglas et les bouchons. La fosse, c’est une leçon d’abné­ gation. Pensons par exemple à ceux qui n’ont presque rien à jouer, comme ce très patient titulaire de la troisième trompette à côté de qui nous étions ­assis, et qui est resté stoïque pendant trois bons quarts d’heure à attendre de jouer sa première note. Au contraire, si les cors sont au nombre de six au lieu des quatre requis par la partition, c’est

pour mieux s’économiser en se relayant au long de la soirée, tant cet instrument épuisant est sollicité dans un opéra wagnérien. Car comme le souligne ­ Émilie Belaud, qui avait été soliste au Philharmonique de Liège avant d’intégrer le « tutti » à l’Opéra de Paris, « un concert symphonique ressemble à un sprint, alors qu’un opéra est un marathon ». De fait, si un concert dure une heure et demie, un spectacle lyrique dure rarement moins de trois heures, cinq pour un Wagner. Autrefois, on circulait beaucoup dans la fosse de l’Opéra. Aujourd’hui, chacun reste sagement à sa place. Changement aussi côté discipline, tant nous avons été frappés par la concentration et le silence qui règnent en répétition, là où l’Orchestre de l’Opéra des années 1980 ressemblait encore à une volière ou à une cour de récréation. Il est vrai que cela dépend du respect qu’inspire le chef. Celui que suscite Gustavo ­Dudamel est grand, non par l’autori­tarisme, mais par la courtoisie appuyée sur la compétence. Ainsi ne dit-il pas à un pupitre qu’il joue trop fort, mais ­demande plutôt : « C’est bien marqué “forte”, n’est-ce pas ? Alors n’oubliez pas qu’il n’y a qu’un seul f ! » Faire la différence entre forte et fortissimo est, de fait, une règle d’or qui prend plus que jamais son importance dans la fosse où l’on doit veiller à ne pas couvrir des voix que l’on n’entend pas toujours. Dans cette caverne obscure d’où émergent les sons, le rôle du chef pour équilibrer la masse orchestrale est plus crucial que jamais : quand on a si peu de contact visuel avec le premier pupitre ou de perception auditive de ce que jouent et chantent les autres, un ­maestro fiable est une condition sans doute pas suffisante, mais à coup sûr nécessaire. Le bras sûr, la baguette lisible et le regard engageant de ­ Gustavo Dudamel viennent nous ­ ­rappeler qu’en italien le chef d’opéra est appelé « maestro c ­ oncertatore ». ■ Tristan et Isolde, Opéra Bastille (Paris 12e), jusqu’au 4 février. www.operadeparis.fr

Le chef Gustavo Dudamel, dans la fosse, dirige l’orchestre lors d’ une représentation de Tosca, à l’Opéra Bastille, le 6 septembre dernier.

Quand je jouais « sous la direction

de Claudio Abbado, il nous disait toujours : « Écoutez-vous »

»

Émilie Belaud, violoniste à l’orchestre de l’Opéra national de Paris

90

musiciens

sont nécessaires pour interpréter Tristan et Isolde, de Wagner. La fosse peut accueillir 130 musiciens.

174,7

mètres carrés

La superficie totale de la fosse de l’Opéra Bastille, qui fait 19,5 mètres de longueur et 9,34 mètres de largeur

le figaro

Culture

mardi 17 janvier 2023

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Gina Lollobrigida



Je suis terriblement ambitieuse et il n’est pas question que je me contente d’une réussite médiocre. Je veux devenir une grande actrice

Gina Lollobrigida



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« par hasard » et a persisté « par ­curiosité ». Son amie Silvana Man­ gano l’avait entraînée pour un bout d’essai. Pendant quatre ans, elle enchaîne une dizaine de petits rôles, jusqu’en 1952. Cette année-là, elle incarne Adeline, une fausse diseuse de bonne aventure sous le charme de Gérard Philipe dans le film de Christian-Jaque Fanfan la Tulipe. La même année, les deux acteurs se retrouvent dans Les Belles de nuit, de René Clair. Prénommée Leila, magnifique, elle crève l’écran. Le comédien lui a appris la langue de Molière. « Je dois mon succès à un Français. Ce fut le début de ma carrière internationale », estimait la rivale de Sophia Loren. La suite lui donne raison. En 1953, elle est mariée à l’aventurier Humphrey Bogart pour Plus fort que le diable (Beat the Devil) tiré du roman de James Helvick que John Huston tourne en Italie. Truman Capote écrit des répliques la nuit pour Gina Lollobrigida, Robert Capa est le photographe du plateau. Le producteur Howard Hughes la poursuivra de ses assiduités pendant treize ans. La même an-

Disparition

Rivale de Sophia Loren, l’actrice de « Fanfan la Tulipe » et de « Notre-Dame de Paris » a longtemps été considérée comme la plus belle femme du monde. Elle s’est éteinte lundi à l’âge de 95 ans. Par Nathalie Simon [email protected] née, c’est Pain, amour et fantaisie, de Luigi Comencini, qui assure sa renommée dans son pays natal, et la suite malgré la réticence de l’héroïne en 1954 (Pain, amour et jalousie). Elle incarne la Bersagliera, une « vraie diablesse » aux pieds nus dont tombe amoureux le chef des carabiniers, Vittorio De Sica vieillissant. « Je suis terriblement ambitieuse et il n’est pas question que je me contente d’une réussite médiocre. Je veux devenir une grande actrice », affirmait celle qui refusait d’être réduite à « Lollo », un sexe-symbole. Trois ans plus tard, la comédienne est de nouveau dans la lumière sous les traits de la bohémienne Esmeralda, dans Notre-Dame de Paris, de Jean Delannoy transposé du roman de Victor Hugo par Jacques Prévert (1956). Elle fait tourner la tête de Quasimodo, alias Anthony Quinn. Elle recevra un prix allemand (un bambi) de la meilleure actrice étrangère pour sa prestation. Elle se distingue ensuite dans Salomon et la Reine de Saba, de King Vidor avec Yul Brynner (1958). Le monarque est séduit par la souveraine au décolleté généreux. « Quand le metteur en scène disait : “Coupez !”, on continuait à s’embrasser », racontait Gina Lollobrigida amusée. Jean Delannoy la sollicite une seconde fois pour le rôle de Pauline Borghèse, la sœur préférée de Napoléon Ier (Raymond Pellegrin) dans Vénus impériale (1962), qui la verra couronnée de deux prix italiens. L’un de ses films préférés avec La Mer à boire, de Renato Castellani, une comédie sociale néoréaliste (1963). Gina Lollobrigida s’y montrait sans fard et ridée pour jouer avec le déjà célèbre JeanPaul Belmondo. « Je n’aime pas être prisonnière d’un personnage. Je préfère qu’on me demande d’être laide à condition d’avoir un rôle intéressant », avait-elle fait remarquer. En 1975, Luigi Comencini la retrouve pour la métamorphoser en fée bleue pour le conte de Carlo Collodi, Pinocchio, une série télévisée qui sortira dans un for-

Gina Lollobrigida, en 1954. mat court au cinéma. Et qu’elle préférait occulter. À l’instar de sa vie sentimentale. Elle qui avait fait la révérence devant la reine Elizabeth, gagné le respect de Fidel Castro, été « intimidée » par Eisenhower et Gagarine, photogra­ phié Indira Gandhi, impressionné George Cukor et reçu la Légion d’honneur des mains de François Mitterrand en 1995, peinait à trouver l’âme sœur. « Le Bon Dieu m’a donné le talent, mais basta, l’amour il me l’a refusé », avait confié l’actrice connue pour son caractère entier. En 1949, Gina Lollobrigida, 22 ans, s’était toutefois mariée avec un médecin yougoslave, Milko Skofic, qui devint son manager - à cause de lui, elle passa à côté de La Dolce Vita - et dont elle eut un fils. Ils ont divorcé en 1971. « J’ai toujours lutté seule et je crois être arri-

vée à faire tout ce que je désirais dans la vie », répétait-elle souvent. La star avait arrêté sa carrière dans les années 1970 pour se consacrer à la photographie - elle avait d’ailleurs



Je ne dépends que de moi… Au bout de trente ans consacrés au cinéma, j’avais envie de passer de l’autre côté, d’être moins regardée

Gina Lollobrigida



obtenu le prix Nadar pour son premier album sur l’Italie - puis à la sculpture. En apparaissant parfois dans des séries américaines. « Je ne dépends que de moi… Au bout de trente ans consacrés

1952 Le cinéma la révèle dans le rôle d’Adeline La Franchise, héroïne de Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, avec Gérard Philipe (à gauche) 1953 Plus fort que le diable de John Huston avec Burt Lancaster et Pain, amour et fantaisie aux côtés de Vittorio De Sica, réalisé par Luigi Comencini 1956 Joue Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy 1959 Incarne l’espionne de Salomon et la Reine de Saba, le péplum de King Vidor avec Rock Hudson (à droite) 1961 Le Rendez-vous de septembre de Robert Mulligan 1969 Ce merveilleux automne de Mauro Bolognini 1972 Roi, dame, valet de Jerzy Skolimowski et la série télévisée Les Aventures de Pinocchio de Luigi Comencini 1995 Joue la fée du cinéma dans Les Cent et Une Nuits d’Agnès Varda 2011 Interprète son propre rôle dans Box-Office 3D. Il film dei film d’Ezio Greggio.

au cinéma, j’avais envie de passer de l’autre côté, d’être moins regardée », signalait-elle. Ses rôles prestigieux ont été autant de sources d’inspiration. Elle avait notamment sculpté une Esmeralda en bronze. Ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef, l’actrice avait aussi brigué, sans succès, un siège au Parlement européen en 1999 sur la liste d’un parti de gauche, une tentative réitérée l’an passé pour le Sénat italien, toujours en vain. Restera plutôt l’image de l’actrice. En 2018, auréolée d’une vingtaine de récompenses internationales, la « Belle Romaine » de Luigi Zampa avait reçu son étoile sur le Walk of Fame de Hollywood Boulevard à Los Angeles. « Je suis ivre d’amour, je n’aurais jamais imaginé une telle journée », avait-elle lancé avec l’enthousiasme qui la caractérisait encore. ■

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igne d’admiration pour la diva italienne, Marilyn Monroe s’était un jour présentée comme la « Lollobrigida américaine ». « C’était une copine », confiait l’intéressée qui avait d’ailleurs sculpté l’icône blonde. Gina Lollobrigida ? « La femme la plus fabuleuse du monde, la reine », résumait Orson Welles. « L’archétype de la beauté féminine italienne », renchérissait Alberto Moravia. Née Luigia Lollobrigida le 4 juillet 1927 dans la petite commune italienne de Subiaco, au sud-est de Rome, où Lucrèce Borgia a vu le jour, l’actrice italienne qui fut longtemps considérée comme la « plus belle femme du monde » reçut une éducation sévère de son père, directeur d’une fabrique de meubles que sa mère vendait et d’une entreprise de cordonnerie. En cachette, elle voit les films avec Ginger Rogers et « tous les baisers de Gary Cooper » dont elle demande au projectionniste les bouts de pellicule. Ruinée par la guerre, la famille part à Rome. À 18 ans, la jeune fille, qui rêve d’abord d’être peintre, étudie à l’Académie des beaux-arts, prend des cours de chant et dessine des portraits de GI. « J’étais l’artiste de la famille », disait-elle. Ses trois sœurs sont ouvreuses dans des cinémas. Elle débute au théâtre dans Santarellina, une comédie d’Eduardo Scarpetta. Fait de la figuration, pose pour un roman-photo et participe à des concours de beauté. À 20 ans, elle est la troisième dauphine de Miss Italie entre autres nombreux prix. Gina Lollobrigida est arrivée au cinéma

Archive Photos/Getty Images, PROD DB AMATO PRODUZIONE-FILAMATO PRODUZIONE-FILMSONOR /Collection ChristopheL via AFP, EDWARD SMALL PRODUCTIONS/UNITE/Collection ChristopheL via AFP

La reine italienne

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Emporio Armani

Gucci

Prada

Giorgio Armani

À Milan, La mode et le principe de réalité Envoyé spécial à Milan

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es collections masculines sont les plus difficiles à concevoir, confie Domenico Dolce, avant le défilé Dolce & Gabbana de samedi dernier. Les hommes sont bien plus compliqués à habiller que les femmes. » Alors pour les convaincre, le duo italien a délaissé les looks à logo sulfureux, au profit de costumes majoritairement noirs ! « Nous sommes assaillis par les images, les distractions, poursuit le créateur. Nous voulions revenir à l’essence de ce que nous sommes. Aujourd’hui, bien trop de marques se contentent de poser leur logo sur des vêtements sans essayer de transmettre leur identité. » Longues capes sombres, manteaux croisés portés à même la peau et détails empruntés au corset (ou à la ceinture lombaire ?) illustrent leur talent pour la coupe. Parti­culièrement réussies, les vestes du finale, en crêpe blanche, à la taille pincée, créent une silhouette en sablier évoquant les tailleurs féminins. « Les jeunes rêvent de costumes, et non plus de streetwear. Or une bonne veste est un investissement, un vrai luxe. Dedans, on se sent plus fort, et on la garde plus longtemps. »

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Dans une saison marquée par le retour au calendrier de Gucci, Les collections de l’hiver prochain font la part belle aux costumes et manteaux bien coupés, à la fois classiques et contemporains. Et jamais ennuyeux.

Que les hommes soient compliqués à habiller, Gucci le sait mieux que quiconque.

Ce serait même la raison du départ en novembre dernier de son directeur artistique star, Alessandro Michele, dont l’esthétique exubérante et androgyne n’aurait pas eu l’heur d’assez plaire à la majorité d’entre eux. Ce défilé milanais est donc le premier depuis ce grand chamboulement (et le premier depuis longtemps, dédié uniquement à l’homme). Signé par le studio, il est censé refléter les nouvelles ambitions de la griffe florentine. En ouverture de la Fashion Week, ce vendredi, devant l’acteur Idris Elba, le chef Massimo Bottura et le chanteur Nick Cave, le nouveau Gucci commence on ne peut plus simplement : un tee-shirt blanc porté avec un chino large beige. Suivent des manteaux amples camel, des jeans à pli central de costume, des blazers croisés en tweed - assortis tout de même à des jupes fendues longues ! Le tout accessoirisé de sacs volumineux parmi lesquels un très réussi Jackie au masculin rappelons que c’est le modèle créé par Guccio Gucci en 1955 et rendu célèbre par Jackie Onassis à la fin des années 1960. Mais le naturel revenant au galop, le studio ne se contente pas de ce vestiaire sobre et poursuit le show avec des ensembles de moto en cuir, des tee-shirts ultra-échancrés et des jeans moulants sortis de l’époque Tom Ford (directeur artistique de Gucci de 1994 à 2004). Ainsi que des leggings en maille réchauffés de grosses chaussettes et des bottes courtes roses, inspirés par Noureev… Au fil de la cin-

quantaine de silhouettes, la collection multiplie les directions, donnant l’impression de ne pas vraiment savoir où aller. Une saison de transition ? Chez Emporio Armani, le légendaire créateur milanais reste, lui, fidèle à son style, bien qu’il ait changé la scénographie dans son théâtre de la via Bergognone, les invités étant disposés autour d’un podium circulaire. Coiffés de casques d’aviateurs les mannequins défilent en manteaux doublés de fausse fourrure, costumes croisés souples à motifs prince de galles et pied-depoule, pantacourts coupés au-dessus de la botte. Soudain, la machine s’emballe : de sublimes bombers courts en cachemire côtoient des looks harnachés de cuir, avant que des teintes de violet et de bordeaux ne s’infiltrent dans ce dressing essentiellement gris. Pour le soir, les vestes impeccables sont brodées de sequins. Du pur Emporio. Tout comme chez Giorgio Armani, ce lundi. Dans son palais de béton signé Tadao Ando de la via Borgonuovo, l’Italien fait ce qu’il fait de mieux : d’incomparables vestes croisées et des pantalons cargo associées à des sortes de chukka boots, ou encore de longs manteaux ceinturés amples à souhait, au boutonnage parfois légèrement désaxé. Sa palette explore les tonalités de gris, de beiges et de bleus, secouée par quelques touches d’exubérance, comme le

Les tailleurs à la reconquête de leur public

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Les spécialistes du costume ont été fort malmenés ces dernières années, « ringardisés » par la mode du streetwear et le télé­travail. Mais finalement l’heure est à l’optimisme. « Depuis la fin de la pandémie, les gens ont envie de s’habiller à nouveau, rassure Stefano Canali, PDG de la marque qui porte son nom. Nous avons réalisé une excellente année 2022, dépassant même le chiffre d’affaires de 2019. Et nous espérons, malgré la récession qui s’annonce, faire encore mieux sur 2023 : le marché américain se porte très bien, le marché chinois également. Les hommes cherchent une élégance nouvelle, plus décontractée. Nous devons garder ça en tête sans trahir notre identité, qui est notre force auprès de nos clients historiques comme pour séduire une clientèle nouvelle.» Ainsi, la présentation organisée ce dimanche à Milan fait la part belle au costume, dans une humeur presque alanguie, avec un pantalon plus large, et sans

forcément adopter la sempiternelle chemise-cravate. Cette élégance contemporaine trouve son public : « Aujourd’hui, en Italie, la catégorie qui progresse le mieux en matière d’habillement est ce qu’on appelle le formel, à savoir les costumes, chemises et autres cravates », souligne Raffaello Napoleone, le président du Pitti Uomo, salon de référence de l’habillement masculin. Ce que l’on confirme chez Brioni. Le mythique tailleur romain, qui appartient au groupe Kering, vend ses parfaits costumes à une clientèle exigeante de privilégiés qui peuvent se permettre de s’offrir l’ultraluxe (à l’instar de ce blazer en crocodile upcyclé pour l’hiver prochain) mais dans une attitude plus décontractée. « Nos clients sont toujours attachés au tailoring, mais ils le portent d’une manière différente : à la place de la chemise, un pull col rond, un polo, une veste croisée avec un jean… Les matières

restent exceptionnelles, et la fabrication, de la plus haute qualité, mais l’esprit est résolument contemporain », résume Norbert Stumpfl, le directeur artistique de Brioni. Chez Brunello Cucinelli aussi, le cos­tume se porte bien. Le roi du cachemire a fait de la veste croisée à adopter de manière « casual », son totem. Cette saison ne fait pas exception. « C’est comme ça que les gens veulent s’habiller aujourd’hui, glisse-t-il. Nous sommes entrés dans une période faite de mélanges, où l’on cherche à être chic, moderne, contemporain. C’est ce que je fais depuis toujours ! C’est pour cette raison, sans doute, que nous venons de clôturer une année exceptionnelle. Et celle-ci s’annonce encore plus intéressante pour la marque. L’époque appelle à davantage de sens. C’est ce que nous prônons par le vêtement, mais aussi par la qualité de la fabrication, le soin accordé à nos artisans… » Également présents au calendrier, quoique plus confidentiels, les maisons de couture italiennes Boglioli et Lardini séduisent aussi les connaisseurs. Chez la première, qui s’est spécialisée dans les vestes sans structure, souvent surlavées, le confort est roi. Avec un pantalon cinq poches en velours, le blazer croisé c­ ultive le chic d’une veste et la souplesse d’un cardigan. Chez la seconde, le vestiaire du soir, aux tons brillants, donne envie de faire la fête. Les acheteurs japonais et américains sont, dit-on, aux a­ nges. ■ M. M. Z.

long manteau léopard à capuche, et la dizaine de tenues pour le ski signées Armani Neve, osant le rouge vif. À sa sortie, le Maestro est - comme toujours - copieusement applaudi. Silvia Venturini Fendi sait, elle aussi, où elle va : dans la maison de couture qui porte le nom de son illustre famille, Fendi, elle imagine, depuis 2000, des collections d’un chic fou, à la sensualité discrète, au luxe parfaitement dosé. Cette saison, la Romaine montre que la mode n’a pas (toujours) besoin d’être cérébrale pour faire mouche. « J’avais envie d’un vestiaire élégant, sophistiqué, mais aussi très confortable. Ce sont des vêtements avec lesquels on peut aller travailler, mais aussi sortir le soir. » Ces bottes à talon cubain exagéré, ces blousons courts en shearling aux fausses coutures peintes, ces perfectos longs et pantalons en cuir comme vieilli (magnifiques), ce tailoring constellé de sequins, prennent la lumière à la perfection. Évoquant la panoplie des années disco (à l’instar de la bande-son par Giorgio Moroder et des boules à facettes roulant sur des rails au-dessus des garçons), les chemises sont coupées asymétriquement pour révéler une épaule. Plus réconfortantes, de longues capes en cachemire s’enroulent autour du corps, miécharpe, mi-manteau. On ne peut s’empêcher de sourire en apercevant un étui de parapluie et un sac trompe-l’œil en forme de vraie baguette, « qui devrait plaire au marché français : comme ça, quand vous allez acheter le pain, vous pouvez le glisser dedans, et il arrive chaud à la maison ! » Dimanche, c’est le galop d’essai de Marco de Vincenzo dans la mode masculine puisque l’Italien a été nommé il y a moins d’un an à la direction artistique d’Etro, succédant aux enfants, Kean et Veronica Etro. Dans un décor de défilé spectaculaire aux murs chargés de rouleaux de tissus exhumés des archives, l’hiver 2023 est généreux en imprimés et en idées. Riche de grands manteaux volant au vent et de costumes précis mariés avec des pantalons amples aux motifs très Etro, cette saison aux accents seventies a beaucoup de charme - quand la collection femme présentée en septembre dernier était bien plus brouillonne. On a hâte de voir la suite et la façon dont Marco de Vincenzo va réactualiser l’esprit bohème chic de cette belle maison.

Brioni

Non loin, à la Fondation Prada, des cohues de jeunes gens se sont retrouvées aux aurores dans le but d’apercevoir les stars du groupe de K-pop Enhypen. À l’intérieur de l’édifice qui accueille le défilé ­Prada, le plafond est bas, le décor minimaliste : du béton gris et des spectateurs sur des bancs rectangulaires. Puis la lumière fut. Raf Simons et Miuccia Prada présentent une collection impressionnante de justesse. Les costumes étriqués gris ou noirs, au boutonnage bas parfois croisé, sont endossés sur la peau nue. Les cols semblent flottants, les chemises et cravates se marient en ton sur ton, les derbys zippés à grosse semelle sont dopés aux hormones. Les cardigans pastel en maille lâche, les manteaux frôlant le sol (dufflecoats, pardessus aux empiècements de

Fendi , Emporio Armani, Gucci, MONIC, Giorgio Armani, Go runway / Dolce&Gabbanna, Brioni

Matthieu Morge Zucconi [email protected]

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Moncler reprend de la hauteur

À Crans-Montana, en Suisse, la maison italienne dirigée par Remo Ruffini met en avant sa culture alpine et sa ligne de vêtements d’altitude Grenoble, incarnée, entre autres, par le champion de ski freestyle Kevin Rolland.

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Il était aussi question de simplification, chez JW Anderson. Jonathan Anderson nous a habitués, dans sa propre marque comme chez Loewe, à des défilés à l’inspiration surréaliste. Celui-ci, qui s’ouvre sur deux hommes torse nu portant un rouleau de tissu, suivis d’autres en simple tee-shirt et coussin sous le bras, laisse présager du pire… Mais finalement si l’on observe chaque vêtement, on distingue derrière la créativité du designer, un directeur artistique qui sait ce qui se vend. Les manteaux croisés et duffle-coats sanglés sont exemplaires, les jeans, un peu taille basse et droits, sans fioritures, et les mailles en grosse laine unie, très réussies. « Un pull est un pull, un pantalon un pantalon, une veste est une veste. Il n’y a pas de complication excessive, dit le Nord-Irlandais après le show, entre deux étreintes avec l’actrice de The White Lotus Simona Tabasco, le réalisateur Luca Guadagnino et la pop star Charli XCX. Le vestiaire masculin et ses archétypes me permettent de m’exprimer pleinement car si nous entrons dans une période de dépouillement, de réduction, la mode a aussi besoin d’humour. Ce dont elle manque cruellement en ce moment. » Anderson règle la question avec ses paires de Wellipets, des chaussures de pluie britanniques en forme de… grenouille, particulièrement prisées des enfants. Bientôt des adultes ?

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Clap de fin des défilés milanais avec ­Zegna qui renouvelle le genre tailleur avec des vestes de costumes à manches courtes, sans col et parfois sans boutons, sous lesquelles se glissent des cardigans et des polos de cachemire ton sur ton, avec aux pieds des baskets inspirées du trail. Les couleurs, elles, vont du gris au noir, du jaune très pâle au marron, avec parfois plusieurs nuances de laine au sein d’un même vêtement. Expérimentale, la formule ne réussit pas à tous les coups. « Cette saison, j’ai travaillé autour du cachemire, qui représente 70 % de la collection, décliné sur des vestes, des mailles épaisses, des manteaux, des doudounes, etc., indique Alessandro Sartori, son directeur artistique qui depuis la pandémie a vendu beaucoup de vêtements hybrides et en particulier des surchemises. La nouvelle élégance que nous défendons depuis plusieurs saisons convainc autant les jeunes que nos clients historiques qui eux aussi expérimentent plus, achètent des pantalons plus fluides, des vêtements plus originaux. De plus en plus d’hommes développent un style qui leur est propre. » ■

Le PDG de Moncler, Remo Ruffini, sur les pistes de Saint-Moritz, en 2022. Ci-dessous, salopette de ski alpin pour homme (980 €) et veste Teche pour femme à jupe pareneige intérieure (1 100 €) de la ligne Grenoble.

Partenariats avec des athlètes de haut niveau

Un patron qui aime la vitesse

Remo Ruffini, PDG de Moncler depuis 2003, et une partie de sa garde rapprochée ont pris leur quartier d’hiver dans ce luxueux refuge du Valais dont l’accès final se fait à ski, en Ski-Doo ou en autoneige à chenilles. Ils reçoivent ici, pendant plusieurs semaines, les clients du monde entier. Une immersion en haute montagne qui ne déplaît pas au patron : « Je skie beaucoup, 145 jours par an en 2022 », souligne ce vrai passionné. Originaire de Côme, l’entrepreneur qui a hissé la marque sur les sommets de la rentabilité ­ passe une bonne partie de son temps du côté de SaintMoritz, dans l’Engadine, une vallée où, enfant, il se rendait avec ses parents. Il y a une dizaine d’années, il quittait le centre de la station pour un chalet (restauré par l’architecte Arnd

se des skis à son catalogue. Il y eut une collaboration avec la très élitiste marque Zai, manufacture qui conçoit des patins fabriqués avec des caoutchoucs naturels, des bois de noyer, de peuplier, de frêne, mais aussi du feutre et de la roche. Aujourd’hui, ils sont réalisés en collaboration avec Stöckli. Il s’agit là encore de matériel soigné qui donne au skieur urbain occasionnel l’impression d’être passé à côté de sa vocation de slalomeur olympique.

­ üchel) situé quelques kilomètres plus K loin, à Champfèr. Si Saint-Moritz est connu pour son pouvoir d’attraction des privilégiés sur la planète, c’est aussi une des stations les plus sportives de Suisse. À l’occasion, Remo Ruffini y pratique le skeleton, appelé aussi cresta, un sport local qui consiste à se jeter la tête la première dans un couloir de glace ultrapentu, couché sur ce qui ressemble à une plaque de cuisson équipée de deux poignées. Pour freiner la descente, les adeptes chaussent de drôles de boots munies de pointes métalliques. Mais l’idée est bien d’aller le plus vite possible. Il semble que l’Italien affectionne la vitesse. Il compte aussi parmi les skieurs qui aiment réaliser leur trace très tôt le matin dans les champs de neige vierge. Toqué de ski ? Affirmatif. Depuis 2016, Moncler propo-

Depuis longtemps, l’incarnation de la ligne Grenoble de Moncler passe aussi par quelques partenariats bien sentis avec des athlètes de haut niveau. Dont Kevin Rolland, présent à l’hôtel Chetzeron ces jours-ci. Hormis les adeptes des sports extrêmes, peu de gens connaissent celui qui réalise tricks, grabs et autres figures inimaginables pour le commun des mortels. Le trentenaire est champion de halfpipe, discipline dont les initiés évoluent à ski à l’intérieur d’un demi-tube glacé en multipliant les figures les plus insensées. Cinq fois vainqueur des X Games, champion du monde et médaillé olympique, le garçon de La Plagne n’a pas eu pour autant une carrière rectiligne. Ainsi, en 2019, il tente de battre le record du plus haut saut en hauteur. Mais le jour J, ­Rolland est légèrement blessé à la jambe. Tant pis. Il s’élance et surgit à 110 km/h sur le tremplin quand sa jambe faiblarde le lâche. Il va tomber de 9 mètres de hauteur. Commotion cérébrale, trois jours de coma, des mois de rééducation… Les médecins lui annoncent la fin de sa carrière. Lui voit la chose autrement : il est vivant et désormais père de famille. Avec l’énergie des survivants, il reprend petit à petit l’entraînement, surmonte la peur d’un nouvel accident. En février 2022, il participe aux jeux de Pékin. Le mois prochain, il se rendra au championnat du monde de ski acrobatique à Bakuriani en Géorgie. Fou de glisse, jusqu’au-boutiste, néanmoins prêt à partager sa passion avec des riders du dimanche, Kevin Rolland, en partenariat avec Moncler depuis le début de sa carrière, compte sans doute parmi les dignes descendants des héros de Romain Gary. ■

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cuir) et bombers courts comme gonflés à l’hélium, les robes en cuir près du corps, attrapent l’œil… C’est à la fois très Miuccia Prada et très Raf Simons que ce produit désirable et pragmatique, avec juste ce qu’il faut de créativité pour satisfaire les hommes exigeants qui voient en Prada une référence. « Nous parlons toujours de la réalité, et en tant que designers, nous sommes très conscients de ce qui se passe, des problèmes, des difficultés, décrypte la créatrice. C’est un moment compliqué dans le monde - et nous y réagissons. La chose la plus honnête que nous puissions faire est de proposer une création utile pour les gens d’aujourd’hui - pour affronter la réalité, et encadrer l’idée de notre réalité à travers les vêtements. »

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Dolce & Gabbana

urant sa période californienne, Romain Gary écrit Adieu Gary Cooper. Le roman raconte l’histoire de Lenny, un skieur américain jeune et beau comme l’innocence, réfugié quelque part dans les Alpes suisses, à plus de 2 000 mètres d’altitude, pour fuir la guerre du Vietnam et retrouver des compatriotes plus hippies que lui, perchés sur les sommets. En quelques dizaines de pages, le livre traduit la quête d’absolu d’une bande de « skibums » dans la poudreuse. L’adaptation cinématographique de l’américain Bruce D. Clark en 1971, avec Charlotte Rampling, fait penser à une version enneigée du film More de Barbet Schrœder. À l’époque, le monde des cimes était un refuge d’idéalistes. Même région, même altitude. Aujourd’hui, qui rencontre-t-on au nord du mont Cervin ? Qui sont les fans de glisse céleste ? Une partie de la réponse se trouve ces jours-ci au Chetzeron, une ancienne gare de téléphérique, juchée à 2 112 mètres d’altitude, reconvertie en hôtel de très haut standing. C’est ici que l’équipe de Moncler s’est installée pour six semaines. Depuis la station de CransMontana, le parcours est fléché. Une partie des télécabines qui nous hissent tout là-haut ont été laquées en noir et marquées du logo de la marque, comme les pylônes qui soutiennent les câbles des installations. L’établissement, un monolithe de granit et de verre, accueille dans un lobby XXL (avec vue en cinémascope sur la ligne de crête) un pop-up store dédié à la ligne Grenoble destinée à la glisse mais aussi à l’après-ski. On y trouve des vestes de ski plus légères que l’air pour affronter les températures négatives tout en restant complètement libre de ses mouvements, comme les modèles Brizon (homme) et Hainet (femme), des pulls col montant en polaire, des pantalons et des salopettes, des doudounes, des leggings, des gants rembourrés, des masques, casques, bonnets, raquettes, crampons, bâtons de randonnée… Autant de pièces associant un design épuré aux tissus techniques les plus innovants. Le tout à tester in situ, dans la minute. Il neige à gros flocons sur le Chetzeron. Cette boutique éphémère d’altitude rappelle les racines de la griffe, créée il y a soixante-dix ans à Monestier-deClermont, près de Grenoble, pour des skieurs de haute montagne avant de séduire un public bien plus large, plus urbain et international. Désormais, M ­ oncler dispose de dizaines de points de vente, en propre ou en multimarque. Les 1 200 mètres carrés du 119, avenue des Champs-Élysées impressionnent tant par la diversité de l’offre que par l’éclat des lieux, inspirés au rez-de-chaussée par le château de Versailles et l’hôtel Salé. Les nouvelles adresses se multiplient. On trouve les convoitées doudounes jusqu’à Dubaï et Rio de Janeiro. Les modèles personnalisés plaisent toujours plus. Mais il était temps de r­ emettre le chalet au milieu de la montagne.

Photo by Boo George. Courtesy of Moncler, Moncler

Stéphane Reynaud [email protected]

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Plus de vingt ans après avoir rejoint le groupe Volkswagen, la marque de luxe anglaise continue de faire la part belle à l’artisanat. Visite guidée des installations de Crewe. sylvain reisser [email protected]

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est à Crewe, une morne campagne du comté de Cheshire, au nord de l’Angleterre, que bat le cœur de Bentley. La marque au B ailé, alors propriété de Rolls-Royce, s’y est installée en 1946, dans une usine qui produisait des moteurs pour l’aviation anglaise durant la Seconde Guerre mondiale. Au fil des années, les productions des deux emblèmes anglais du luxe ont fini par converger, les Bentley devenant des Rolls-Royce remaquillées. La vente en 1998 par le groupe Vickers de ces deux joyaux de la couronne fait exploser l’ordre établi. Au terme d’une bataille homérique, les deux groupes ­allemands BMW et Volkswagen se partagent les deux marques, Bentley rejoignant le giron de Wolfsburg. La séparation devient effective le 1er janvier 2003. Alors que BMW installe Rolls-Royce à Goodwood, dans une usine flambant neuve, Bentley conserve les vieux bâtiments en brique rouge de Crewe datant de la fin des années 1930. Ils sont toujours là, mais plus pour très longtemps.

Bentley, TOUJOURS le royaume du fait main À chaque opération, les compagnons doivent respecter un contrôle particulièrement exigeant. Une fois assemblés, les véhicules ne rejoignent pas l’aire de stockage mais un autre bâtiment pour un ultime contrôle qualité. Chaque Bentley passe dans un tunnel de lumière éclairé d’une batterie de néons où pas moins de 612 vérifications sont effectuées.

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Neutralité carbone en 2030 Le site est méconnaissable depuis notre dernière visite remontant à 2006. La route qui passait devant le siège social est désormais fermée à la circulation. Le lieu est devenu un vaste chantier. « Dans les sept ans qui viennent, tout va disparaître », nous a confié Adrian Hallmark, le président de Bentley Motors. D’ici à 2030, de nouveaux bâtiments vont sortir de terre pour accompagner la stratégie Beyond 100 d’électrification de la marque. Sur les 3 milliards d’euros d’investissement alloués pour mener la transition écologique, 450 millions d’euros servent à la transformation de l’outil de production. La marque vise la neutralité carbone en 2030. La révolution doit se conduire sans perturber l’activité. Il faut reconnaître que Bentley ne s’est jamais aussi bien porté. L’an dernier, il a établi un nouveau record, livrant 15 174 véhicules, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2021. Cela n’était jamais arrivé depuis sa naissance en 1919. « Les ventes bénéficient d’une bonne répartition géographique. C’est l’un de nos atouts de ne pas être dépendant d’une région. » L’augmentation de 11 % des ventes en Europe (2 809 unités) a compensé la baisse du marché chinois, procédant de son régime de confinement. Un résultat spectaculaire au regard de la foule de contraintes que la marque, comme l’ensemble du secteur, a affronté en 2022 : pénurie de semi-conducteurs et guerre en Ukraine où sont fabriqués les faisceaux électriques. Quant aux 300 véhicules perdus dans le cargo affrété par le groupe Volkswagen et qui a sombré au large de l’archipel des Açores début 2022, la fermeture du marché russe a permis de les réaffecter rapidement. La performance du label anglais de luxe de VW passe d’autant moins inaperçue que dans le même temps le nombre de véhicules fréquentant les ateliers de personnalisation Mulliner a explosé. À l’instar des autres marques de luxe, Bentley bénéficie de l’augmentation du nombre de fortunes dans le monde. De son côté, pour la première fois de son histoire, Rolls-Royce a vendu 6 021 véhicules en 2022. À Crewe, l’augmentation de la demande ne semble pas avoir modifié le cours des événements. Il faut trois jours pour produire le SUV Bentayga qui représente 42 % des volumes annuels, deux jours pour un modèle de la famille Continental (GT ou Flying Spur). Les lignes de production avancent au pas. On pourrait croire que les ouvriers prennent leur temps mais si l’artisanat prime - les robots sont relégués à un rôle secondaire - toutes les opérations sont cadencées selon des exigences bien précises. Le romantisme a déserté les ateliers et reste attaché au temps où la course à la productivité n’avait pas la vulgarité d’exister. On a beau être chez Bentley, l’assemblage des modèles ne déroge pas au processus qui régit la construction automobile. Chaque voi-

Des milliers de combinaisons

Chez Bentley, la finition et la personnalisation laissent largement la place au savoir-faire de l’artisan. Bentley

ture est un impressionnant puzzle dont les pièces s’assemblent progressivement, à partir du châssis et de la structure sur laquelle se greffent, les organes mécaniques, l’habitacle et enfin les éléments de carrosserie. Ici, la différence, c’est que la qualité est érigée en dogme.

Au fur et à mesure de la visite, on comprend mieux pourquoi le prix catalogue d’une Bentley débute à plus de 170 000 euros. En vérité, aucun modèle n’est vendu au tarif de base. Ces dernières années, le prix moyen a augmenté de plus de 20 % en raison du développement du programme de personnalisation Mulliner. « Quand nous avons lancé la première Continental GT, pour schématiser, l’offre se résumait à deux couleurs d’intérieur et un coloris extérieur et tout était compris. À présent, nous offrons la possibilité aux clients d’exprimer leur personnalité », dit le patron. Ceux-ci auraient tort de se priver : l’atelier Mulliner évite d’avoir la même voiture que son voisin. Des millions de combinaisons sont possibles et l’on pourrait presque passer une journée à configurer un véhicule sur le système digital que la marque a développé. Le plus gros travail consiste à guider les clients et, il faut bien le reconnaître, à limiter leur mauvais goût. Le dernier mot leur appartient. C’est ainsi que dans les ateliers Mulliner, une Flying Spur couleur sable et intérieur intégralement jaune côtoyait, le jour de notre visite, un cabriolet GT bleu canard intérieur cuir orange, y compris le volant.

Depuis que le groupe Volkswagen a repris les affaires en main, l’usine a vu arriver des machines de plus en plus sophistiquées mais elles sont au service de la production artisanale. C’est le cas des systèmes de découpe optimisés des peaux et du bois précieux ou encore de la machine qui réalise le gaufrage du cuir. Cela fait la fierté de Bentley : la maîtrise en interne de la production des boiseries et de la sellerie est un atout par rapport aux autres constructeurs. Cette indépendance permet notamment d’assurer des délais raisonnables mais également d’augmenter la valeur ajoutée des produits. Un tour dans les ateliers confirme l’exception : 180 personnes sont chargées de coudre les pièces de sellerie à l’aide de machines, sauf le volant réalisé à la main. Bentley s’est même mis à proposer du tweed, certains dessins s’inspirant de l’univers Burberry. Il faut vingt-quatre heures pour réaliser la sellerie d’un Bentayga ; quatorze heures pour celle d’une GT. Quant à la confection des boiseries, elle répond aussi à un schéma particulier. Les essences proviennent de tous les endroits du monde et sont stockées dans une pièce à part, sous la surveillance d’un hygromètre. La conjugaison de l’accélération de la transition écologique et l’engouement pour la personnalisation poussent les designers à innover. C’est ainsi que Bentley remplace depuis peu les placages en bois par de la pierre. Pour un coût d’environ 4 000 euros, le tableau de bord peut recevoir un mélange d’ardoise et de quartzite. Ce n’est que le début d’une nouvelle ère. Avec son nouvel atelier de peinture, Bentley sera en mesure de produire jusqu’à 20 000 unités par an. Des véhicules qu’Adrian Hallmark voit toujours plus personnalisés. ■

Adrian Hallmark, président de Bentley : « Notre premier véhicule électrique sera lancé en 2026 » S’il y a bien quelqu’un qui connaît Bentley comme sa poche, c’est cet Anglais souriant et affable qui a effectué toute sa carrière dans l’automobile. Nommé directeur des ventes et du marketing de Bentley en 1999, Adrian Hallmark a accompagné la transformation de la marque et l’arrivée de la famille Continental GT. Parti diriger en 2005 des régions pour Volkswagen, il avait cédé aux sirènes de Jaguar fin 2010. Depuis 2018, il est revenu à Crewe pour s’installer dans le fauteuil de président. LE FIGARO. - Pensez-vous que la transition engagée vers le toutélectrique soit inéluctable ? Adrian HALLMARK. - Nous n’avons pas le choix. Dans les années à venir, plus de 70 % des villes dans le monde seront interdites aux voitures thermiques. Shanghaï et Pékin, par exemple, ont déjà imposé des restrictions de cir-

culation importantes et le mouvement va se poursuivre. Les incitations fiscales mises en place poussent aussi les clients vers les véhicules électriques. C’est une période à haut risque pour nous mais moins que pour les marques de voitures de sport. La sonorité n’est pas un critère d’achat chez Bentley. Nous vendons

Adrian Hallmark, PDG de Bentley depuis 2018. Bentley

moins de 5 % de nos véhicules avec un échappement sport. Dans ce contexte, le e-fuel a-t-il un avenir ? Il y a un problème d’échelle. Cela va prendre des dizaines d’années pour industrialiser la production de ce carburant vert. Il n’existe pas. Il faut le produire et le processus de transformation nécessite de l’énergie. C’est pourquoi, pour les quinze à vingt ans à venir, la batterie reste la solution. Après, le efuel pourrait intéresser les flottes. Mais, pour les vingt ans à venir, nous parions sur de nouvelles batteries plus efficientes. À quelle échéance sont prévus les modèles électriques ? Nous avons annoncé le plan 5/5 qui verra le lancement de cinq modèles électriques, autour de quatre silhouet-

tes, à partir de début 2026. Je ne peux pas en dire plus mais nous allons étendre notre gamme et revenir dans le segment de prix de la Mulsanne mais pas forcément avec un véhicule de ce type. Les prochaines Bentley seront encore plus exclusives. Le programme Mulliner des voitures sur-mesure a-t-il vocation à s’étendre ? Nous avons des clients qui veulent acheter tout ce que nous produisons. La technologie électrique, moins complexe en termes de groupe motopropulseur, va nous permettre de produire plus de carrosseries spéciales. La stratégie de Ferrari nous inspire. Nous envisageons d’investir le marché exclusif des modèles à plus de 500 000 euros avec des séries de 100 unités plutôt que 10. ■ Propos recueillis par S. R.

le figaro

Télévision

mardi 17 janvier 2023

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l’Affaire d’OUtreau dans le train fou de la justice Plus de vingt ans après les faits, Agnès Pizzini et Olivier Ayache-Vidal reconstituent, avec beaucoup d’habileté et de tact, ce terrible fiasco judiciaire et montrent comment il a brisé l’existence de trop nombreux innocents. Stéphane Durand-Souffland [email protected]

E

ncore un documentaire sur Outreau, vingt-deux ans après le déclenchement de l’enquête dans cette banlieue de Boulogne-sur-Mer ? Dix-sept ans après les six derniers acquittements ? Oui, et même si on n’apprend rien de fondamentalement nouveau sur cette affaire de pédophilie où le tsunami de délire a englouti un noyau de vérité, les auteurs, Agnès Pizzini et Olivier Ayache-Vidal, proposent une nouvelle et intéressante mise en perspective. La force de leur film repose sur la qualité de la narration (la partie de Pizzini) et sur un dispositif singulier (la trouvaille d’Ayache-Vidal) qui échappe aux clichés du ­genre. Des reconstitutions – vie quotidienne chez le couple Delay-Badaoui à la cité HLM de la Tour du Renard, interrogatoires chez le juge d’instruction, notamment – ont été fil○○○○ mées dans un décor dans lequel sont invités quelques-uns des treize acquittés : le prêtreouvrier Dominique Wiel, Daniel Legrand, Thierry Dausque, l’huissier Alain Marécaux. Ils y rencontrent les comédiens qui jouent leur rôle et ce face-à-face troublant met en relief le côté irrationnel du naufrage judiciaire. Car la justice aurait pu ne pas se fourvoyer, en constatant très vite que plusieurs enfants authentiquement victimes accusaient aussi des innocents – ne jamais

oublier que quatre adultes ont reconnu leurs crimes et ont été définitivement condamnés au procès de Saint-Omer. La preuve par Jean-Marc C. qui, selon D., l’un des petits Delay, « donnait de l’argent à mon père pour nous faire des manières » (l’expression des gamins pour parler des viols). Mise en cause confirmée, comme toutes les autres, par la mère de D., Myriam Badaoui. Or, celui que le petit garçon décrit comme un pervers cruel et insatiable, est en réalité un handicapé mental et physique incapable d’accomplir ce dont il fut accusé. Nul besoin d’être médecin pour s’en r­endre compte – le juge d’instruction utilisera cet argument pathétique devant la commission parlementaire pour justifier son refus de recevoir Jean-Marc C. après son interpellation par des policiers de Boulognesur-Mer eux-mêmes perplexes. Pour mémoire, le magnifique témoignage de Mme C., mère du faux pédophile, devant les assises du Pas-de-Calais, avait sidéré la cour, placée de manière abrupte devant l’un des errements les plus flagrants de l’appareil judiciaire. Pour mémoire aussi, Jean-Marc C. est sorti de la procédure par la grâce d’un non-lieu psychiatrique : bien que traîné dans la boue pendant des mois, il n’a donc jamais été innocenté au sens plein du terme.

21.05

Témoignage bouleversant

Ce documentaire propose, grâce à un dispositif singulier de narration, une mise en perspective nouvelle sur cette affaire judiciaire de pédophilie où un tsunami de délire a englouti un noyau de vérité. Point du jour

Certes, le sort de Thierry Dausque est plus douloureux encore : cet habitant de la Tour du Renard a injustement passé 1 178 jours derrière les barreaux – c’est l’acquitté qui a subi la plus longue détention

provisoire. Son témoignage devant la ­caméra est bouleversant. Par opposition, celui de Didier Beauvais laisse pantois. Ce magistrat présidait la chambre de l’instruction de Douai, l’organe de contrôle qui a obstinément validé la procédure du juge Fa­ brice Burgaud alors qu’elle partait en vrille de manière évidente et qu’il ­suffisait de lire certains procès-verbaux à tête reposée pour s’alarmer. Des policiers de Lille tentèrent, en vain, d’arrêter le train fou. On constate

que Didier Beauvais ne regrette rien, ou si peu, et cela suscite l’effroi. « La justice est à la fois une idée et une chaleur de l’âme. Sachons la prendre dans ce qu’elle a d’humain, sans la transformer en cette terrible passion abstraite qui a mutilé tant d’hommes » : quand ­Albert Camus écrivit ces lignes en 1944, il ne pensait pas à la Tour du Renard. Mais il est certain qu’aucun des protagonistes du petit monde judiciaire impliqués dans le traitement du dossier Outreau ne les avait lues. ■

kamala harris : beaucoup de bruit pour presque rien

Un documentaire inédit sur la vice-présidente américaine laisse penser, à tort, que la démocrate aurait été sous-estimée.

Les réalisateurs du documentaire préparent le public à une possible candidature de Kamala Harris à la présidence des États-Unis, en 2024. SAUL LOEB/AFP

Mardi 17 janvier

MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 6190

HORIZONTALEMENT

1. Se comporte grossièrement. - 2. Sont a priori pleins de bonnes résolutions. - 3. Parties en fugue. - 4. Après le nom de la société ou en plein dedans. Elle gagne sur tous les fronts. - 5. Dépôt de bière. Primo, si c’est un homme. - 6. Empoisonneur javanais. À point nommé. - 7. Coupa à la racine. - 8. Simple brin de vie. Mesure pluviale. - 9. Familier de Calvino. Cognait ceux qui l’adoraient. - 10. Pli marqué. Producteur de pommes. - 11. Dont la brioche est entamée. - 12. Temps passés au PC.

Par Vincent Labbé 1

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VERTICALEMENT 1. Suivaient aveuglément les ordres du Kremlin. - 2. 8 Manque de fair-play. - 3. Berceau de gais Lurons. Redevances catholiques. - 4. Plein d’assurance. A un 9 effet délirant. Cité artésienne. - 5. Passe le premier à l’écran. Égalité devant toutes choses. Se fait doubler 10 pour un gamin. - 6. Elle rend la conduite difficile. Il est du métier. - 7. Coopère avec Pôle emploi. Vieil homme 11 hérétique. - 8. Traverse le quartier. Marins des Galápagos.

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BRIDGE PROBLÈME N° 3308 : Seulement maintenant A754 62 76 DV832 O

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ADV  A R D V 10 9 8 A96 Contrat : Sud joue 6 Carreaux. Entame : Valet de ♠.

Willy Brown, mais se fait aussi des ennemis : les policiers pour son refus de requérir la peine de mort contre l’assassin d’un de leurs collègues, la communauté noire pour n’avoir pas poursuivi des bavures policières à San Francisco…

Bourdes et langue de bois Harris calcule au plus juste le ratio coût-bénéfice de ses décisions. Cela lui réussit si bien qu’en 2015, la voilà propulsée au Sénat des États-Unis, deuxième femme noire de l’histoire à y siéger. La fête est un peu gâchée par l’élection concomitante de Donald Trump, mais elle promet : « Je me batArte trai pour la vérité, la ○○¡¡ transparence et la

confiance. » Trois ans plus tard, elle est déjà candidate à la Maison-Blanche. Un échange brutal avec Joe Biden lors d’un débat pousse ce dernier à la coopter sur le « ticket » démocrate. Le 20 janvier 2021, un « plafond de verre » est brisé : première femme vice-présidente, mais aussi afro-américaine et d’origine asiatique. Les démocrates croient tenir leur Obama au féminin. Chargée par Joe Biden de gérer le chaos de l’immigration à la frontière, Kamala Harris se distingue surtout par ses bourdes et sa langue de bois. « Va-t-elle réussir (la prochaine fois) là où Hillary Clinton a échoué ? », interrogent ses biographes. Le film d’Arte nous laisse dubitatifs. ■

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Mardi 17 janvier

Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com SOLUTION DU PROBLÈME N° 3307 : Couper pour ne pas être coupé Contrat : Sud joue 4 Piques. La séquence (Tous vuln.) : Ouest ouvre de 1♥, Est soutient à 4♥ et votre enchère de 4♠ laisse tout le monde coi. Entame : As de ♣ (le 3 en Est) et 7 de ♦. Cet As de ♣ est un singleton manifeste. Il faut prendre d’urgence des mesures anti-coupe ! Mais, après l’As de ♦, il ne sera pas toujours suffisant de jouer ♠ pour l’As (refus d’impasse) et ♠. En effet, si Ouest a le Roi d’atout troisième, il retrouvera son partenaire à ♦ qui lui fera couper un ♣. Une de chute. Améliorez vos chances en présentant le Roi de ♥ à la troisième levée. Et quand Est fournit petit, défaussez le 974 dernier ♦ de votre main. Par ce subtil jeu de R84 perdante sur perdante, vous coupez la comA82 munication en flanc (manœuvre baptisée V654 8 « coup du Ciseau dans le temps »). Dès lors,  R 6 5 N l’ouvreur ne pourra pas retrouver son parte-  A 10 7 6 5 O E  D V 9 3 2 R943 S naire à ♦ et vous perdrez en tout et pour tout  D 7 6 5 A 973 un ♣, un ♥ et un ♠.  A D V 10 3 2

RONDE DES MOTS© : LIGNE 1 : UTOPIE, TRICOT, CRÉPIR, SNIPER, UTÉRIN, VIOLET. LIGNE 2 : PSEUDO, CRÊTES, PESTER, PÉGASE, RATAGE, LOLITA.

L

es réalisateurs de Kamala Harris, une ambition américaine semblent penser que leur héroïne sera la prochaine présidente des États-Unis. Ils en font la promotion comme si le produit avait toujours été sous-estimé à tort, mais conservait les plus grandes chances dans le camp démocrate. Pourtant, deux ans après le début du mandat de Joe Biden, la vice-présidente a du mal à exister à côté de l’occupant du Bureau ovale, à la fois à cause de lui, du (non) statut octroyé au « Veep » et de sa faute à elle. Si l’objectif était de gagner en crédibilité auprès d’un chef vieillissant, c’est plutôt raté pour l’instant.

Pourtant, Marjolaine Grappe et David Thomson nous préparent à une possible présidence Harris en 2024 en chroniquant, sur un mode chronologique, la trajectoire de Kamala Devi Harris. Une fille d’un Jamaïcain et d’une Indienne professeurs d’université et militants des droits civiques. « J’ai été élevée dans l’idée que j’étais unique », explique celle qui, très jeune, « avait un plan solide et l’a accompli », selon une amie. Élue procureur général d’Oakland, puis de San Francisco, puis de Californie, Kamala avance sur le sentier de la politique avec des bottes de sept lieues, refusant d’écouter « ceux qui vous disent d’attendre votre tour ». En chemin, elle noue des alliances précieuses, notamment avec le gouverneur de l’État,

SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

Philippe Gélie [email protected]

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VERTICALEMENT 1. Gonochorisme. - 2. Ébouillanter. - 3. Oser. Mitaine. - 4. Pelât. Vé. Pec. - 5. Hr. Labelle. - 6. Avoine. Eu. Pi. - 7. Galette. Goal. - 8. Eton. Experte.

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HORIZONTALEMENT 1. Géophage. - 2. Observât. - 3. Noël. Olo. - 4. Ouralien. - 5. Ci. Tant. - 6. HLM. Bête. - 7. Olive. Ex. - 8. Râtelé. - 9. INA. Luge. - 10. Stipe. Or. - 11. Mène. Pat. - 12. Érectile.

mardi 17 janvier 2023 le figaro

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météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE 21.10

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S.W.A.T.

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L’affaire d’Outreau

Série. Policière

ÉPHÉMÉRIDE Ste-Roseline Soleil : Lever 08h36 - Coucher 17h24 - Dernier croissant de Lune

MATIN

En attendant un miracle

Documentaire

par

Téléfilm. Policier

Une vie violente

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EU. 2022. Saison 5. Avec Shemar Moore. 2 épisodes. Le S.W.A.T. fait équipe avec la DEA pour retrouver des lance-roquettes. Ces armes, introduites en contrebande, sont dotées d’une nouvelle technologie capable de pénétrer des chars blindés.

Fra. 2022. Réal. : Olivier Ayache-Vidal, Agnès Pizzini. 2 épisodes. Inédit. Après plusieurs épisodes de violence de la part de leur père, Kevin, Dimitri, Jonathan et Dylan, quatre frères âgés de 4 à 10 ans, sont placés en famille d’accueil.

22.45 S.W.A.T. Série. Policière. Hors ligne. Avec Shemar Moore. Inédit.

22.50 Affaires sensibles. Mag.Redoine Faïd : le braqueur aux multiples visages.

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Les jeunes amants Film. Drame

Fra/Blg. 2021. Réal. : Carine Tardieu. 1h52. Avec Fanny Ardant. Au grand dam de son entourage, un quadragénaire marié et père de famille entretient une relation avec une femme bien plus âgée que lui. 23.02 Ténor. Film. Comédie dramatique.Avec Michèle Laroque.

Fra. 2021. Réal. : Thierry Binisti. 1h34. Avec Anne Charrier. À Lourdes, un médecin est retrouvé mort. L’homme de science étudiait les guérisons dites « miraculeuses ». Ses recherches gênaient-elles quelqu’un ? 22.45 Le secret de l’abbaye. Téléfilm. Policier.Avec Fabienne Carat. 00.15 Le pitch cinéma. Magazine.

20.50

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Les coulisses de l’histoire

Scènes de ménages : ça se Corse...

Documentaire

Fra. 2022. Réal. : Bernard George. 2 épisodes. Inédit. De la guerre d’Indochine à celle du Viêtnam, un retour éclairant sur trois décennies d’un conflit qui, avant tout, a dressé les Vietnamiens les uns contre les autres. 22.40 Kamala Harris, une ambition américaine. Documentaire.

Série. Humoristique

Fra. 2023. Avec Valérie Karsenti. 2 épisodes. Inédit. Les couples partent à la découverte des paysages de la Corse, entre plages paradisiaques et montagnes sauvages, et rencontrent des personnages haut en couleur. 22.55 Scènes de ménages. Série.

19.50 Le cross : les Marseillais vs le Reste du monde vs les Motivés.

20.45 Quotidien. Divertissement.

Film. Western. EU. 1959. Réal. : Delmer Daves. 1h47. Avec Gary Cooper. Inédit. Un médecin tombe amoureux de la jeune femme aveugle qu’il a recueillie et soignée. Ayant recouvré la vue, elle se fait chercheuse d’or.

21.05 Ma vie en camping-car

23.24 Une bible et un fusil. Film. Western. Avec John Wayne.

23.10 Ma vie en camping-car. Documentaire.

Magazine. Prés. : Tatiana Silva. 1h20. Folies esthétiques et opérations risquées : enquête sur le nouveau business de la beauté Inédit. Autrefois préconisé pour combler les rides, l’acide hyaluronique est aujourd’hui utilisé fréquemment.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

19.55 Wheeler Dealers France. Doc.

20.20 C’est un complot ! Doc.

21.00 Cuisine indienne : à toutes les sauces !

21.10 Chantier XXL : Méga porte-conteneur français

20.50 1940-1944 : De Gaulle seul contre tous

20.23 Touche pas à mon poste ! Div.

21.19 La colline des potences

Doc. Fra. 2022. Réal. : Alicia Castanheira. La gastronomie indienne, très à la mode en France même si elle a été revue pour plaire aux palais des Français, repose en partie sur ses épices. 21.50 Cuisine libanaise : chiche ou pois chiche ? Documentaire.

Documentaire. Fra. 2023. 0h55. 2 épisodes. Inédit. Direction les routes normandes pour retrouver Biscotte, le camping-car de la famille de Christelle et Jérôme.

21.25 90’ Enquêtes

22.45 90’ Enquêtes. Magazine.

Doc. Fra. 2020. Réal. : Josselin Mahot. La société française de transports CMA CGM est à l’origine d’un chantier en Chine afin de construire neuf porte-conteneurs écologiques.

22.15 Porte-conteneurs XXL : sauvetage à haut risque. Documentaire.

Documentaire. Fra. 2021. Réal. : Laurent Huberson, Virginie Kahn. 0h55. Entre 1940 et 1944, le général De Gaulle a été obligé à faire flèche de tout bois pour se dégager de l’impasse dans laquelle il a été acculé. 21.45 Dans l’intimité des nazis. Doc.

Acteur de théâtre et de cinéma originaire d’Ajaccio, ancien du cours Florent, Thierry de Peretti est retourné en Corse pour réaliser son premier long métrage très remarqué, « Les Apaches », en 2013. Essai transformé quatre ans plus tard avec cette « vie violente », l’histoire d’un jeune Bastiais de bonne famille que les événements ont peu à peu transformé en militant nationaliste, puis en criminel clandestin. À travers son destin, c’est l’histoire de la Corse depuis les années 90 que raconte Thierry de Peretti, une histoire rythmée par les attentats et la violence endémique. Le réalisateur a confié le rôle principal à Jean Michelangeli, un acteur débutant du cru dont la performance exhale l’authenticité. Et il en faut pour parler de la Corse.

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➜ 17 heures : « Le Buzz TV » (avec TV Magazine) – Invitées : Claire Chust et Valérie Karsenti, comédiennes dans la série Scènes de ménages sur M6. Interviewées par Nicolas Vollaire et Damien Canivez.

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MUSÉE À PARIS NORDNORD-EST

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SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

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APPORTER UN CERTAIN POIDS

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N U I S A N C E

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T A T I E I R E S

le figaro

mardi 17 janvier 2023

35 man, alors que de grands cinéastes lorgnaient sur le livre. Pour cela, elle ira à la rencontre de Catherine Poulain à ­Lesparre près de Bordeaux. « Nous avons ­passé la journée ensemble et bu du rhum le soir comme des pirates, sourit-elle. Quand j’ai pris ses mains démesurément grandes dans les miennes au moment de partir, je lui ai dit : “Quoi qu’il arrive, je te remercie. Ton roman m’a donné une force inouïe.” » Sa détermination paie. Une fois les droits en poche, le tournage commence. Dinara Drukarova découvre en faisant ses premières campagnes de pêche sur des chalutiers qu’elle a le mal de mer. Elle l’apprivoisera tant bien que mal. Elle tourne en Alaska et en Islande durant vingt-trois jours, dont six jours en mer. Un enfer pour elle comme pour les comédiens qu’elle embarque avec elle. Le

Dinara Drukarova un moineau aux ailes d’albatros PORTRAIT L’actrice d’origine russe découverte en 1990 dans « Bouge pas, meurs, ressuscite » passe derrière la caméra et adapte le best-seller « Grand Marin » de Catherine Poulain.



Pour moi, c’est ça le cinéma. Affronter sa peur, aller toujours plus loin. Faire « Grand Marin », c’était viscéral. C’était aller au bord de la falaise et découvrir en faisant le grand saut si j’allais m’écraser ou m’envoler !

Olivier Delcroix

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Dinara Drukarova

richard schroeder

lle arrive au rendez-vous comme une tornade, avec ce même air de pe­tite fille déterminée qu’on lui connaît depuis Bouge pas, meurs, ressuscite, ce petit bijou de film russe signé Vitali Kanevski, caméra d’or surprise au Festival de Cannes 1990. À l’époque, Dinara Drukarova n’a que 12 ans. Ses yeux coriaces ­ auvre gamin qui lui donne fusillent le p la réplique dans cette version russe de Jeux Interdits filmée en noir et blanc, dans le no man’s land d’un camp de prisonniers de guerre japonais, en 1947. Pourtant, dès qu’elle sourit, la pièce s’éclaire. Comme un rayon de soleil qui percerait subitement les nuages d’un ciel ombrageux. C’est ce type de contraste fort qui habite la personnalité bien trempée de cette actrice de 47 ans, qui vit ­depuis les années 1990 en France, mariée et mère de deux enfants. Depuis le drame de Kanev­ski, Dinara Drukarova a poursuivi sa c­arrière d’actrice avec conscience et ­ persévérance. On a notamment pu la voir au théâtre ou ­ au cinéma chez A ­rnaud Desplechin (Trois Souvenirs de ma ­­jeu­nesse, en 2014). Et à la télévision, en ­espionne du FSB dans Le Bureau des ­légendes d’Éric Rochant. On mesure pleinement le chemin ­parcouru alors que cette comédienne d’origine russe (née en 1976 d’une mère institutrice et d’un père ingénieur à Saint-Pétersbourg) signe Grand Marin, son premier long-métrage en tant que réalisa­trice. « Je me souviens avoir eu le déclic du film dans l’avion qui me ramenait à Paris, confie Dinara Drukarova. Je venais brutalement de perdre ma mère. En deuil, je voulais lui rendre hommage en réalisant un court-métrage intitulé Ma branche toute fine. L’ami producteur que j’étais allée voir en Russie, Sergey Selyanov, m’avait dit que si je voulais réaliser ce projet, il faudrait que derrière cela, j’enchaîne avec un long-métrage. Je n’avais aucune idée… J’étais effondrée. Dans le vol de retour donc, je lisais distraitement les journaux. Et je suis ­ tombée sur un portrait de Catherine ­ Poulain. Son visage m’a hypnotisée ­ d’emblée. Il m’a sans doute rappelé celui de ma mère. L’article racontait en d ­ étail l’expérience de cette femme partie en Alaska afin de devenir pêcheuse en haute mer. Je me suis procuré le livre et dès les

pre­mières pages, j’ai su qu’il fallait que je l’adapte sur grand écran… » L’actrice-réalisatrice va mettre six ans à tourner Grand Marin, issu du ­roman autobiographique Le Grand ­Marin paru en 2016, vendu à plus de 70 000 exem­plaires, et ayant obtenu le prestigieux prix Joseph Kessel. Ce qui frappe avant toute chose dans l’itinéraire de Dinara Drukarova, c’est combien ce petit bout de femme a dû se battre continuellement pour obtenir le destin auquel elle aspirait. « Vous ne ­savez pas à quel point c’est vrai, remarque-t-elle. Je me souviens par exemple que lors du casting pour Bouge pas, meurs, ressuscite, j’ai découvert environ 250 enfants dans un petit jardin. Deux femmes strictes, avec lunettes et classeurs nous ont séparées en deux colonnes. Je faisais partie des filles refusées. J’ai trouvé cela si injuste que j’ai changé de colonne. En faisant cela, j’ai changé ma vie ! Même petite, j’avais le sentiment d’avoir fait un choix vital… » À Saint-Pétersbourg, la famille rova vit chichement. La petite Druka­ Dinara grandit dans un quartier ouvrier entouré d’usines. Ses parents n’arrêtent pas de lui dire : « Dans ce pays, il n’y a pas d’avenir, il faut que tu partes ! » Alors l’enfant va tout mettre en œuvre pour quitter la Russie. Après le succès international de Bouge pas, meurs, ressuscite, elle poursuit le ­cinéma. En 1993, en jouant dans Des anges au p ­ aradis d’Evgueni Lounguine, elle se retrouve au Festival de Cannes. Le cinéaste Pascal Aubier la remarque et lui propose de tourner dans Le Fils de Gascogne. « J’ai compris que c’était ma porte de sortie, avoue-t-elle. Aubier m’avait demandé si je parlais français. J’avais répondu oui. J’ai dû apprendre le français en trois mois. » Après s’être installée en France, l’ac­trice ne baisse pas pour autant la garde.

Femme de défis, elle aime aller contre le vent. Ce n’est pas un hasard si elle a choisi de mettre en scène dans son premier film une héroïne que l’on sur­ nomme « le moineau », alors qu’elle ­ éployer des ailes d’alveut à tout prix d batros et partir au grand large pêcher le poisson au bout du monde. « Pour moi, c’est ça le cinéma, a­ dmet-elle. Affronter sa peur, aller toujours plus loin. Faire

Grand Marin, c’était viscéral. C’était aller au bord de la falaise et découvrir en faisant le grand saut si j’allais m’écraser ou m’envoler ! J’ai l’impression qu’après six années de lutte, je ne touche plus terre… » Rien n’a été simple sur ce film. Une suite ininterrompue d’obstacles qu’il lui a ­fallu dépasser les uns après les autres. En premier lieu, obtenir des É ­ ditions de l’Olivier les droits d’adaptation du ro-



premier montage ne fonctionne pas constate-t-elle avec effroi. C’est la monteuse Valérie Loiseleux qui lui sauve la mise. « Elle m’a dit qu’il manquait la mer, le déchaînement des vagues, les bateaux la nuit, se remémore-t-elle. La mer, je l’avais filmée avec mon portable durant six ans ! Elle a extrait mes images du téléphone et les a intégrées au r­ écit ! C’était quitte ou double. Ça a marché. J’ai l’impression que cela a insufflé une âme au film, une certaine poésie aussi. » Dinara Drukarova a franchi cette épreuve avec opiniâtreté et un indéfectible enthousiasme. Elle n’a pas bougé. Elle est morte. Elle a ressuscité. C’est comme ça qu’on lui a appris à faire depuis toujours. « Je me sens comme un phénix qui renaît de ses cendres, conclut-elle. Grand Marin a été pour moi une bataille. J’en sors vivante et plutôt fière. » ■

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n important parrain de la mafia sicilienne vient d’être arrêté par la police à Palerme. Le mot vient du latin patruus, qui désigne l’oncle paternel, celui qui tient traditionnellement un enfant sur les fonts baptismaux. En Sicile, s’ils assistent au baptême des enfants, les parrains provoquent aussi beaucoup d’obsèques. Sur cette île, beaucoup d’activités – et pas seulement politiques – requièrent, semble-t-il, des parrainages : c’est-à-dire la protection d’un clan régnant sans partage sur une activité ou un territoire. En effet, qui dit parrain dit parts de marché. Ce parrain dont on sollicite l’appui n’est pas nécessairement un parent, pourtant question protection et attention, c’est du pareil au même : une famille. Il arrive cependant que le parrain soit victime d’un homicide (qui est parfois un parricide) commis par d’autres parrains. Alors c’est terrible, un jour ou l’autre, car ils doivent s’attendre à la pareille. Jusqu’au paroxysme. ■

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