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vendredi 20 janvier 2023 le figaro - N° 24 390 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Jean-Pierre Le Goff « La société de consommation et de loisirs a bouleversé le rapport au travail » Page 18

Dernière édition

enquête

Des scientifiques grenoblois créent une bibliothèque de glace pour conserver la mémoire des âges et du climat Page 16

Les syndicats mobilisent, Macron garde le cap

● Paris : les meilleurs restaurants de chou farci ● Reims : un weekend riche en créations artistiques et spécialités culinaires Pages 38 à 41

LR

Bruno Retailleau : « Ne soyons pas la droite la plus bête du monde » PAGE 6

rugby

Patrick Buisson : « Je ne serai pas la potiche de Bernard Laporte » PAGE 13

génétique

La révolution CRISPR tient ses promesses

champs libres

PAGE 14

L’affaire des chars Leopard révèle que Berlin regarde vers Washington, pas vers Paris Le bloc-notes de Laurence de Charette L’analyse d’Anne Bodescot n

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Réponses à la question de jeudi : Faut-il créer un véritable service minimum dans les transports ?

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TOTAL DE VOTANTS : 206 907

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Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Estimez-vous que la journée de mobilisation contre la réforme des retraites a été un succès ? illustration : fabien clairefond SYSPEO/SIPA

Les opposants à la réforme des retraites ont lancé, hier, la contestation avec un cortège massif à Paris, émaillé de quelques heurts. Le chef de l’État reste « déterminé ». PAGES 2 À 4, 19 ET L’ÉDITORIAL

La Malaisie confrontée à la poussée des islamistes

Commerce : le retour en force des magasins

Le Parti islamiste (PAS) semblait aux portes du pouvoir à Kuala Lumpur après avoir presque triplé son score lors des élections du 25 novembre, semant l’anxiété jusque dans les palais des sultans. Mais l’ancien opposant Anwar

Dopé par la pandémie et les confinements, l’e-commerce avait, pensait-on, définitivement pris le pas sur les ventes physiques. Il n’en est rien : l’an dernier, les ventes en magasin ont crû davantage que celles à distance. Les dis-

Ibrahim a effectué un comeback inattendu en s’érigeant en « sauveur de la nation ». Il a obtenu la confiance du Parlement après avoir convaincu le roi qu’il représentait la dernière chance face à l’islamisation du pays. PAGES 8 et 9

tributeurs ont décidé de réinvestir fortement dans les magasins en dur. Ils modifient leur offre en ouvrant des points de vente plus petits, plus confortables et en privilégiant leur efficacité opérationnelle. PAGE 22

éditorial par Yves Thréard [email protected]

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Et pourtant…

a journée de contestation avait à peine commencé que, déjà, JeanLuc Mélenchon triomphait : le gouvernement avait « perdu une bataille ». Certes, la mobilisation de ce jeudi s’est révélée à la hauteur des ambitions de ses promoteurs, mais elle était prévisible. À chaque fois qu’il s’agit de toucher aux retraites, le pays offre le même spectacle. Il se cabre. Et revient toujours cette question : le chahut de la rue fera-t-il reculer le gouvernement ? Le bras de fer avec l’exécutif ne fait que commencer. Tout peut arriver. Surtout si des actions de blocage de l’économie sont engagées. Et pourtant… Et pourtant, qu’est-ce qu’un million de manifestants sur quelque 30 millions d’actifs aujourd’hui ? Une goutte d’eau, ou presque, qui représente toujours les mêmes abonnés aux défilés syndicaux : des fonctionnaires, agents des services publics et assimilés, qui sont d’ailleurs les moins exposés au changement. C’est entendu, une majorité de Français désapprouve l’allongement de l’âge légal de départ à la retraite, mais seuls ceux qui ne risquent pas grandchose peuvent se permettre de manifester.

Et pourtant aussi, l’adoption de la réforme au Parlement est quasi certaine… Le gouvernement, qui ne dispose que d’une majorité relative à l’Assemblée nationale, devrait pouvoir compter sur les voix de la plupart des députés LR. La majorité au Sénat étant à droite, le texte devrait également y passer sans difficulté. Le débat parlementaire s’annonce agité, mais il ne pourra pas être entravé par la multiplication des amendements, car il sera limité à 50 jours. Ni plus ni moins, comme pour tout projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif. Et pourtant, enfin, cette réforme n’a rien de révolutionnaire… Pour une raison ou pour une autre – pénibilité, carrières longues, etc. -, le passage à 64 ans épargnera 40 % des Français. Mieux, pour la première fois, elle tient compte des petites retraites, qu’elle revalorise. C’est dire si, face à l’intimidation de la rue, l’exécutif ne devrait avoir aucune raison de céder. ■

Du 11 janvier au 7 février

L’exécutif ne devrait avoir aucune raison de céder

AND : 4,10 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852

Liste des magasins Roche Bobois participant à l’opération sur www.roche-bobois.com

OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LES DIMANCHES DE L’OPÉRATION (selon autorisation)

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En NouvelleZélande, Jacinda Ardern tire, avec simplicité, sa révérence PAGE 10

ALAIN JOCARD/AFP

océanie

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l'événement

LUDOVIC MARIN/AFP

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Si vous voulez que le pacte entre les générations soit juste, il faut procéder à cette réforme. Et donc nous le ferons avec respect, esprit de dialogue mais détermination Emmanuel Macron

»

jeudi, à Barcelone

400 000

manifestants à Paris, selon la CGT

1,12 million

de manifestants contre la réforme des retraites. Le cap symbolique du million a été dépassé en France, selon les chiffres de la police

Réforme des retraites : le bras de fer a commencé

Les syndicats ont lancé la bataille avec un mouvement massif, suivi par des centaines de milliers de manifestants. De son côté, Emmanuel Macron a affiché sa « détermination ». validée » et « surtout juste et responsable ». Avec une nuance toutefois que ne cessent de rappeler les opposants à la réforme des retraites : si Emmanuel Macron a été réélu pour un second mandat, c’est plus pour faire barrage à Marine Le Pen que pour soutenir son programme. « Oui, ça a aussi existé », a reconnu le chef de l’État, mais « c’est le principe même d’un second tour et c’est aussi vieux que la démocratie (…) On ne peut pas non plus (agir) comme s’il n’y avait pas eu d’élections il y a quelques mois, c’est juste ça que je dis, avec beaucoup de calme ».

François-Xavier Bourmaud £@fxbourmaud et Pierre Lepelletier £@PierreLepel

AVANTAGE RUE. Depuis Barcelone, où il participait à un sommet franco-espagnol, Emmanuel Macron a bien dû se rendre à l’évidence : les syndicats ont remporté le pari de la mobilisation contre la réforme des retraites. Avec plus de 2 millions de manifestants revendiqués par la CGT et plus de 1 million recensés par la police en fin de journée, le bras de fer avec l’exécutif s’engage sur des bases solides pour les syndicats. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a lui-même reconnu sur RTL une « mobilisation importante », assurant qu’il « faut écouter les messages dans les cortèges ». Comme le résumait Jean-Luc Mélenchon à Marseille avant le départ de la manifestation parisienne : « Le gouvernement a perdu sa première bataille ». D’autres sont à venir. À la démonstration de force des syndicats, le président de la République a opposé la légitimité dont il dispose pour conduire la réforme et sa détermination à la mener à son terme. « Il faut que les choses soient dites au moment où les choix démocratiques sont faits », a expliqué Emmanuel Macron en défendant une réforme « démocratiquement présentée,



La réforme des retraites, c’est comme le passage du cap Horn : soit le bateau passe, soit il casse. On est parti pour cinquante jours de gros temps



Un poids lourd du gouvernement

Il n’empêche, au terme de la première journée de manifestation contre la réforme des retraites, et malgré les heurts qui ont émaillé le cortège, les syndicats en ressortent renforcés et la gauche avec eux. Comme leurs collègues syndicaux, les dirigeants de LFI, des Verts, du PS et du PC ont effacé leurs divisions le temps d’une journée, avec l’espoir de mainte-

Ce que préparent les syndicats, après un premier succès de mobilisation

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©CAPA Pictures / Europe 1

BOULEVARDS parisiens noirs de monde, cortège entre République et Nation peinant à s’ébranler tant la foule était dense, nombreux manifestants dans les grandes métropoles comme Toulouse, Marseille, Lyon ou Nantes mais aussi dans des villes moyennes telles que Pau, Angoulême, Châteauroux, Alès… Alors qu’on lui promettait une faible mobilisation, la CGT se félicitait jeudi d’avoir fait descendre plus de deux millions de Français dans la rue. Sans compter que leur appel à la grève a lui aussi été très suivi. À la SNCF, seul un TGV sur trois circulait, voire un sur cinq selon les lignes, et à peine un TER sur dix en moyenne, tandis qu’à la RATP le trafic du métro était très perturbé. Dans les raffineries, la CGT TotalEnergies comptait entre 70 % et 100 % de grévistes, sur la plupart des sites du groupe. Dans l’enseignement, le ministère recensait 42 % de grévistes dans le primaire et 34 % dans le secondaire, contre 65 % estimé par le Snes-FSU en collèges et lycées. Les huit syndicats représentatifs qui avaient appelé à la grève ce jeudi de manière unanime - une première en douze ans - ont gagné leur pari de la mobilisation. « On est au-delà de ce qu’on pensait », s’est félicité Laurent Berger (CFDT) ; « Le million de manifestants est largement dépassé », a assuré Philippe Martinez (CGT) ; la journée est « très réussie » avec une « mobilisation massive », s’est réjoui Frédéric Souillot (FO) ;

François Bouchon / Le Figaro

Jean-Yves Guérin £@jyguerin et Marie-Cécile renault £@Firenault

La Gare du Nord à Paris, jeudi. Le taux de grévistes était de 77,4 % chez les conducteurs de trains. « On a des chiffres de manifestants en province considérables, des moyennes qu’on n’a jamais atteintes », a conforté Laurent Escure (Unsa). Mais au-delà de ce premier succès de mobilisation, le plus dur commence pour les syndicats. Si l’ambiance dans les cortèges était plutôt bon enfant, jusqu’à quand les syndicats pourront-ils éviter l’irruption de la violence et des black blocs ? Les syndicats parviendront-ils à maintenir leur front uni ? Et, surtout, la contestation peut-elle s’installer dans la

7 H -9 H EUROPE MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

durée alors que le vote du projet de loi est prévu ? L’intersyndicale, qui s’est réunie jeudi soir, a décidé d’une nouvelle journée de mobilisation le mardi 31 janvier. Tout l’enjeu pour les syndicats était de définir une stratégie : mouvement perlé de journées de mobilisation « sautemouton » ou appel à la grève reconductible ? « Il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Quand on a une dynamique, il est toujours regrettable de la casser. Le succès de mobilisation plaide pour que le mouvement soit reconduit le plus tôt possible, dès vendredi matin », défendait Michel Beaugas (FO) un peu plus tôt. « En 2015, contre la loi ­travail El-Komri, nous avons eu quinze jours de mobilisation étalés sur plusieurs semaines, et nous n’avons rien obtenu. Il faut changer de stratégie », plaidait Yann Le Baron (Unsa).

Laisser le mouvement « infuser » D’autres syndicats, à l’inverse, poussaient pour laisser le mouvement « infuser » afin de « permettre aux gens de respirer », rappelant qu’une journée de grève est une journée de salaire perdue, même si les « caisses de grève » ont été réactivées. Les partisans de cette stratégie, jugeant plus efficace de se préparer à une nouvelle mobilisation forte le 31 janvier, l’ont donc emporté. Mais tous ne l’entendent pas ainsi. À la SNCF, l’intersyndicale qui fédère la CGTcheminots, l’Unsa-ferroviaire, Sud-rail et la CFDT-cheminots, partisans de battre le fer quand il est chaud, doit se réunir vendredi à 14 heures. Les syndicats de la RATP devraient aussi prendre un parti rapidement. À l’hiver 2019-2020, la grève à la SNCF et à la RATP avait duré six semaines, avec des métros et des TGV circulant au compte-goutte. Une tentative de faire plier le gouvernement en mettant le pays à l’arrêt. Mais cela n’avait pas empêché le gouvernement de faire voter le projet de loi en première lecture à l’Assemblée (en passant en force via le 49.3). Alors que le texte était arrivé en examen au Sénat, le processus parlementaire n’avait été interrompu que par l’éclatement de la pandémie. ■

nir l’unité de la gauche tout au long du conflit. Place de la République, les responsables de la Nupes se tombent dans les bras. Les polémiques et affaires internes de la coalition sont mises de côté. « Il faut aller chercher le million. Quand on voit les manifestations dans les grandes villes de ce matin, ce sont des chiffres de participation qu’on n’a pas vus depuis dix ou quinze ans. À Valenciennes, il y avait des gens que je n’avais jamais rencontrés avant dans des manifs », raconte le communiste Fabien Roussel aux côtés de l’écologiste Marine Tondelier et du socialiste Olivier Faure. « C’est une mobilisation d’ores et déjà historique. C’est comparable à ce qu’on a vécu en 1995. Cette réussite formidable est liée à l’unité syndicale », affirme de son côté l’Insoumise Mathilde Panot. La délégation de la Nupes n’aura cependant pas obtenu de photo de famille avec les responsables syndicaux, qui n’y tenaient pas. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé : à plusieurs reprises, les élus de gauche ont tenté de s’approcher de la tête du cortège pour les rencontrer. Ils ont aussitôt été priés de se mettre sur le côté pour laisser passer le cortège. Sans importance, selon eux. « C’est parce qu’il y a trop de monde que nous sommes obligés de marcher sur le trottoir. On se croirait à la Fête de l’Huma ! », ironise Fabien Roussel. Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, et quel-

En tête du cortège défilant, jeudi, à Paris, contre la réforme des retraites, les représentants syndicaux ont affiché leur unité. ques écologistes ont finalement réussi à croiser Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. Au sein de la Nupes, consigne a pourtant été donnée de mettre en avant les syndicats et de ne surtout pas donner l’impression de vouloir tirer la couverture à soi. « Les syndicats font l’unité, et les politiques viennent la renforcer », ré-

À Barcelone, la demiparenthèse du président Mathieu de Taillac £@mdetaillac Envoyé spécial à Barcelone

EMMANUEL MACRON aura bien vu et entendu des manifestants, ce jeudi. Ils sont venus parce que le président de la République était là, ils ont crié, hué et sifflé le cortège à son passage et se sont progressivement tus lorsque les voitures s’éloignaient. Simplement, les manifestants n’étaient pas inquiets pour leurs retraites et ne protestaient pas dans la langue de Molière. Ce sont des indépendantistes catalans, vexés que le gouvernement espagnol organise un événement à Barcelone, comme en terrain conquis, qui ont lancé des « In, inde, independencia ! » à l’adresse de Macron, du président du gouvernement, Pedro Sanchez, et même de la partie jugée trop modérée du sécessionnisme. Quelques milliers de personnes, rassemblées devant la fontaine de Montjuic, en contrebas et à plus de 500 mètres du Musée national d’art de Catalogne, où se tenait le XXVIIe sommet franco-espagnol. Un autre moment a raccordé le chef de l’État à l’actualité française. Interrogé en conférence de presse sur son interprétation de l’ampleur de la mobilisation, Macron a jugé « légitime que toutes les opinions puissent s’exprimer », mais il a considéré qu’« aux élections présidentielles et législatives, les choses ont été dites clairement ». Relancé par les journalistes à sa sortie du sommet, le président a insisté sur le fait que sa réforme figurait à son programme. « J’ai été opposé à Marine Le Pen parce que les Français ont choisi que je sois au second tour », a-t-il répondu quand les circonstances particulières de son élection lui ont été rappelées. Macron a défendu une réforme qu’il présente comme « démocratiquement présentée et validée, juste et responsable », et nécessaire pour « sauver notre système par répartition ». Il a concédé que le texte pourrait être « enrichi » par les travaux parlementaires.

Pour le reste, le sommet de Barcelone a offert une quasi-bulle diplomatique à Emmanuel Macron, avec un agenda très éloigné de la réforme des retraites et du mouvement de grève, centré sur des sujets de coopération bilatérale. Le président était accompagné dans cette parenthèse espagnole d’un gouvernement presque complet : onze ministres on fait le déplacement. Seul le titulaire du Travail, Olivier Dussopt, le premier concerné par le mouvement social, est resté à Paris avec la première ministre.

Traité signé Le sommet, a insisté l’Élysée, était prévu de longue date, et la France, puissance invitée, n’était pas en mesure d’en altérer l’agenda. Le rendez-vous était d’importance pour les relations bilatérales. Le traité de Barcelone qui y a été signé n’a que deux équivalents pour la France : le traité de l’Élysée, conclu il y a soixante ans avec l’Allemagne, et celui du Quirinal, avec l’Italie, en 2021. Le texte a été présenté par le président français comme une façon de « réparer une forme d’anomalie », en regard d’une « histoire (des deux pays) très intriquée, presque en quinconce », et d’une « fascination réciproque ». Audelà des Pyrénées, seul le Portugal, qui a l’Espagne pour unique voisine, peut se prévaloir d’un traité aux contenus d’une profondeur comparable. Des mécanismes déjà présents dans les traités franco-allemand et francoitalien sont appliqués à l’Espagne, notamment l’invitation, au minimum tous les trois mois et en alternance, d’un ministre espagnol au Conseil des ministres français, et vice-versa. À l’issue du sommet, Emmanuel Macron, accompagné de Pedro Sanchez et d’une poignée de ministres, est allé visiter le Musée Picasso de Barcelone, à l’occasion des 50 ans de la mort de l’artiste. Le président français avait ensuite prévu de prononcer un discours devant la communauté française, avant d’échanger avec elle autour d’un cocktail. ■

le figaro

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CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

Après cette première manche, la bataille de la détermination

SéBASTIEN SORIANO/Le Figaro

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sume le député LFI, Alexis Corbière. « Je leur dis : « Donnez-moi la date de la prochaine mobilisation, ce sera la mienne » », assure-t-il. Les Insoumis appellent néanmoins à une nouvelle manifestation samedi… sans l’aval des forces syndicales. Ces dernières devaient décider jeudi dans la soirée de la date d’une nouvelle journée de manifes-

tation. Avec pour objectif d’amplifier la mobilisation pour accroître la pression sur le gouvernement. « La réforme des retraites, c’est comme le passage du cap Horn. Soit le bateau casse, soit il passe. On est partis pour cinquante jours de gros temps », résume un poids lourd du gouvernement. Soit le temps dont dispose le Parlement pour adopter le texte après sa

présentation en Conseil des ministres le 23 janvier prochain. Une séquence qui, selon Emmanuel Macron, « permettra à toutes les forces politiques à l’Assemblée et au Sénat de s’exprimer, d’enrichir le projet ». Et donc d’y adjoindre quelques modifications, si la pression de la rue devait s’amplifier dans le prolongement des manifestations de jeudi. ■

es urnes contre la rue, la rue contre les urnes. Confrontation classique chaque fois qu’il s’agit de faire passer une réforme difficile ou impopulaire. D’Espagne, Emmanuel Macron a rappelé la légitimité qu’il avait à réformer les retraites dans la mesure où cette promesse avait été « clairement dite » et clairement entendue - ce fut même sans doute la seule - lors de sa campagne, il y a neuf mois seulement. Alors que les manifestations de ce jeudi ont attiré des foules incontestablement nombreuses, plus encore que ce que les organisateurs espéraient, le chef de l’État a voulu rappeler que sa détermination ne serait pas indexée sur l’ampleur des cortèges. En privé, Macron évoque les précédents de 1995 et de 2010, deux exemples de réforme des retraites qui n’avaient pas été annoncées durant la campagne présidentielle qui avait précédé. L’issue, cependant, n’avait pas été la même. Chirac avait renoncé à toucher aux régimes spéciaux quand Sarkozy avait réussi à reporter l’âge légal de départ de 60 à 62 ans. Si les grandes grèves de 1995 ont marqué les esprits, les cortèges de 2010 avaient été à la fois plus nombreux et plus garnis - jusqu’à 3 millions de manifestants. Ce que veut dire Macron, c’est que si Sarkozy a tenu bon sur une réforme qu’il n’avait pas annoncée, lui a plus de raisons encore à tenir bon sur une réforme qu’il a fait valider dans les urnes. En fait, l’actuel chef de l’État est dans une situation comparable à celle de Jacques Chirac en 2003. Un président réélu - dans les deux cas contre un représentant de la famille Le Pen - faisant voter une réforme des retraites environ un an après sa réélection, annoncée durant la campagne. Il s’agissait alors d’aligner, à 40 ans, la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés

du privé. Dans les deux cas, la légitimité populaire était donc encore fraîche. Et les images spectaculaires de ce 19 janvier en France ne doivent pas faire oublier celles, tout aussi spectaculaires de 1995, 2003 et 2010. Ce qui prouve que la clarté du mandat reçu n’est pas la seule condition de réussite d’une réforme des retraites. La détermination de celui qui la conduit est tout aussi essentielle. Toutes ces réformes étaient nécessaires - les allongements successifs de la durée d’activité n’ont jamais été remis en question ensuite. Mais Chirac - depuis les manifs étudiantes de 1986 - avait la hantise de la rue ; ce qui l’a conduit ensuite à reculer sur le CPE ou la réforme du lycée. Alors que Sarkozy et Macron font de leur capacité à tenir face à la rue la griffe de leur autorité et de leur tempérament réformateur. La bataille n’en est pas moins qu’à ses débuts. Ayant incontestablement marqué un point dans la rue ce jeudi, les syndicats sont eux aussi confortés dans leur détermination et dans leur unité d’action. La gauche aussi qui retrouve une occasion d’exister et de s’identifier à un mouvement majoritaire dans l’opinion. Ce succès syndical se traduira sans doute dans les sondages qui devraient exprimer un rejet croissant de la réforme. Pour Emmanuel Macron, l’arme nécessaire n’est donc pas la détermination du premier jour, mais celle du dernier. Celle qu’il devra maintenir après toutes les « journées d’action » à venir. ■

L A LIBERTÉ D’EXPRESSION N’A JAMAIS FAIT AUTANT PARLER.

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Pourquoi l’âge de départ à la retraite divise les Français

Plus de la moitié des non-retraités (57 %) n’ont pas confiance dans l’avenir de notre système de retraite. PHILIPPE HUGUEN/AFP

L’évolution du rapport au travail pèse dans leur vision de la réforme. Stéphane Kovacs £@KovacsSt

fets terribles : l’effondrement de l’attractivité de l’enseignement et de la fonction publique hospitalière. » Pour la première fois, cet enseignant « qui se dépense sans compter » pour ses étudiants est allé manifester. « Je continuerai à bien faire mon travail, car je ne sais pas faire autrement, confie Benoît. Mais comme une sorte de pis-aller. À plus aucun de mes étudiants, ni à ma fille, normalienne, je ne conseille l’enseignement. Mon épouse, agrégée, sera également pénalisée dans sa retraite. Conclusion : on va devoir quitter Paris pour la grande banlieue. On va être la première génération qui va vivre sa retraite moins bien que ses parents. » Benoît avait « envisagé de partir à 66 ou 67 ans, pour obtenir une surcote ». « Mais là, je suis obligé de le faire, ce qui psychologiquement change beaucoup les choses, soupire-t-il. J’en veux aux gouvernements successifs et à la société française qui n’a pas voulu prendre conscience de l’urgence et de la pédagogie qu’il fallait pour créer un pacte social. » Chef de projet informatique dans une banque, Gérard, 63 ans, ne partira pas non plus avant « 65 à 67 ans ». « J’ai commencé à travailler à 24 ans, donc je pense avoir toutes mes annuités en août 2024, a-t-il calculé. Mais, ayant refait ma vie, j’ai des contraintes matérielles : deux enfants de 10 et 15 ans dont il va falloir payer les études. » Lui est « plutôt pour » la réforme, et se félicite « surtout de la fin des régimes spéciaux ». « On ne peut pas tout avoir ! », juge-t-il. Avec le télétravail, Laurence, cadre dans une entreprise de communication, avait « déjà pris un peu de distance par rapport aux horaires ». Née en mai 1960, elle « échappe de peu à la réforme », et s’en trouve « fort satisfaite ». À la retraite depuis le 1er janvier seulement, elle est « incapable de dire si (elle) est pour ou contre » : « Allez vous y retrouver quand vous n’êtes qu’un simple citoyen !, lance-t-elle. Mais je comprends que ceux à qui on rajoute quelques trimestres alors qu’ils avaient déjà tout préparé l’aient mauvaise… » Employé de La Poste à Saint-Étienne, Jean-Philippe, 53 ans, enrage : « J’ai cal-

culé qu’en ayant commencé à 14 ans, et avec 12 jours de chômage en tout et pour tout, j’avais droit à deux ans de boulot en plus, pour toucher au final 1 300 euros de pension, s’indigne-t-il. Je n’ai pas travaillé toute ma vie comme un sourd pour être dans une situation de paupérisation ! » « Pas très fort à l’école », il a choisi un CAP de machiniste agricole. « Après ouvrier agricole, j’ai fait beaucoup d’autres travaux pénibles : dans le traitement des métaux, avec travail de nuit et port de charges lourdes, énumère-t-il. Ensuite, j’ai essayé de créer mon entreprise, qui a périclité. Puis j’ai été embauché à La Poste. Pendant une dizaine d’années, j’ai fait facteur le matin, chauffeur poids lourd l’après-midi : ça me faisait des jour-



On va être la première génération qui va vivre sa retraite moins bien que ses parents



Benoît, 56 ans, enseignant

nées de quinze heures ! Alors maintenant, je suis un peu usé. J’ai vu mes prédécesseurs partir tôt à la retraite, en expliquant qu’ils avaient beaucoup donné pour l’enrichissement du pays et de l’entreprise. Et ces raisons humaines ne sont plus valables pour nous ? » Même aigreur chez son épouse, 52 ans, elle aussi factrice. « Alors qu’elle est atteinte de troubles musculosquelettiques, il faudrait qu’elle bosse jusqu’à 67 ans, à cause des congés parentaux qu’elle a eus pour nos trois enfants, pour toucher une retraite pleine et entière, s’insurge Jean-Philippe. En agissant de la sorte, ils ont réussi à nous dégoûter de la valeur travail. Notre parcours nous autorise à donner quelques conseils à nos filles et aux jeunes collègues : ‘“Prenez soin de vous, ne choisissez pas à un métier à haute pénibilité”. » Sa retraite, elle n’y pense pas encore vraiment, mais elle sait déjà qu’il faudra qu’elle se reconvertisse : Pénélope, 24 ans, est coach sportif, depuis un an et demi. « Quand je donne des cours à des seniors, ils me lancent “ah faut travailler

beaucoup pour payer nos retraites !”, raconte cette jeune Parisienne. J’adore ce que je fais, mais je sais bien qu’un coach sportif doit s’arrêter bien avant 60 ans. En tant qu’autoentrepreneur, je ne peux pas compter sur une retraite décente. J’ai donc déjà commencé à réfléchir sur mon avenir : dans quelques années, j’aimerais ouvrir une maison d’hôtes dans le Sud, où je pourrais organiser des retraites avec des cours de Pilates et de yoga… » Elle ajoute en riant : « Il me faudra aussi trouver un mari avec une bonne situation ! » Pour le sociologue Serge Guérin, spécialiste des questions liées au vieillissement, alors que « seuls 56 % des 55-64 ans sont en emploi », le préalable de la réforme devrait être la valorisation du travail des seniors. « Quand vous vous sentez reconnus dans votre travail, vous avez envie d’y rester !, clame l’auteur de Les Quincados (Calmann-Lévy, 2019). Même chose pour les retraités : pour les uns, ils sont une charge, pour les autres, des victimes. Or ils sont très utiles au pays ! En plus d’être des acteurs de la consommation, ils s’occupent de leurs petits-enfants, d’associations, représentent la moitié des aidants et un tiers des élus de nos communes. On a là un gisement d’intelligence et de richesse humaine que l’on a tendance à négliger. Pourquoi ne pas organiser une mobilisation civique de ces personnes, sur la base du volontariat ? Cela aurait en plus pour conséquence une bien meilleure qualité de vie pour eux, avec une baisse de consommations de médicaments… » Psychanalyste, Geneviève Vialet-Bine en est une belle illustration : à 94 ans, elle n’a nullement l’intention de prendre sa retraite. « C’est un concept qui n’est pas pour moi, sourit celle qui est aussi chargée des enseignements de l’Association psychanalyse et médecine (APM). Ce travail remplit ma vie par sa richesse humaine : c’est passionnant de redonner goût à la vie et confiance en soi à un être humain ! Il y a toujours quelque chose à explorer, à creuser. Ça me maintient en permanence en vigilance sur le plan intellectuel. C’est aussi, pour moi, une forme de thérapie pour être toujours dans la vie. » ■

46,3 % de grévistes à la SNCF

Sébastien SORIANO/Le Figaro

LE SIMULATEUR de retraites du gouvernement fonctionne à plein régime, mais, face à la réforme, les Français semblent toujours aussi remontés. Calcul des trimestres, dispositif « carrières longues », prise en compte de la pénibilité, « le sentiment de complexité quant à l’évaluation de sa situation financière à la retraite prédomine largement parmi les actifs et nourrit sans doute la posture de refus », ob­serve le baromètre Ifop pour le Club Landoy, publié mercredi. Alors qu’en 1990, rappelle la Fondation Jean Jaurès, 60 % des Français en activité estimaient que le travail était « très important » dans leur vie, ils ne sont plus que 24 % aujourd’hui. Avec l’évolution de leur rapport au travail, c’est aussi leur vision de la retraite qui a changé… Pas étonnant, dès lors, que l’étude publiée la semaine dernière par l’Institut Montaigne confirme un rejet massif et général du report de l’âge légal de départ en retraite. Selon l’Institut Montaigne, 93 % des Français en âge de travailler estiment que l’âge légal de départ à la retraite ne devrait pas être rehaussé. Le cap des 62 ans étant déjà considéré comme « excessif » par la moitié des sondés… Une opposition paradoxalement encore plus marquée chez les jeunes, pas ou très peu déterminée par les conditions individuelles de travail, et qui traverse toutes les catégories socioprofessionnelles, toutes les professions, les salariés du secteur public comme du privé. « Elle est toutefois légèrement moins prononcée chez les travailleurs indépendants et les CSP+, relève l’économiste Bertrand Martinot, auteur de cette étude. Sans doute parce que ces derniers partent déjà, en moyenne, plus tard à la retraite. » Une même levée de boucliers est observée dans le dernier baromètre « Les Français et la retraite » réalisé fin 2022 par l’institut Odoxa pour Groupama. Plus de la moitié des non-retraités (57 %) n’ont pas confiance dans l’avenir de notre système de retraite : ils sont même 66 % à penser que, le jour où ils pourront partir, les caisses de retraite n’auront pas la capacité de leur verser une pension à la hauteur de leurs attentes… C’est le cas de Benoît, 56 ans, professeur de chaire supérieure : « citoyen modéré et impliqué », il a « perdu toute confiance en l’État et ses experts ». « Depuis mon entrée dans la vie professionnelle en 1986, la question des retraites est toujours un horizon qui s’éloigne : rien ne garantit que cette réforme sera la dernière et sera suffisante, s’exclame ce fonctionnaire bac + 8. Pour moi, c’est la double peine ! Avec un point d’indice gelé de 2011 à 2016, puis de 2017 à 2021, revalorisé de seulement 3,5 % en 2022, et à nouveau gelé en 2023, ma rémunération a perdu 15 % de sa valeur. Au lieu d’être à 3 300 euros par mois, si mon traitement avait seulement suivi l’inflation, je devrais être à 3 988 euros ! Si cet effort avait au moins servi à améliorer les finances publiques… Mais cette paupérisation d’une partie de la fonction publique a au contraire deux ef-

Je crois que, déjà, il y a une bataille qui est perdue par le gouvernement (…), celle d’avoir convaincu les gens (…) Il faut qu’il arrête, cela n’a pas de sens, ce bras de fer est inutile JEan-luc mélenchon

»

chef de file de la france insoumise

Soupçonnée de malversations, une caisse de retraite visée par la justice

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angélique négroni £@AngeNegroni

ALORS que le gouvernement défend sa réforme, l’une des principales caisses de retraite des professions libérales se trouve dans le collimateur de la justice, soupçonnée de malversations au préjudice de ses pensionnés. Selon nos informations, le siège parisien de la Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance-vieillesse (Cipav) a été perquisitionné mardi dans le cadre d’une enquête confiée à un juge d’instruction. Ce dernier, Pascal Gastineau, instruit des faits pour « escroquerie en bande o ­ rganisée, concussion, faux et usage de faux » dans le cadre d’une information ­judiciaire ouverte par le parquet de Paris.

Parmi d’autres points qu’elle cherche à éclaircir, la justice se penche sur les conditions de vente d’immeubles détenus par cet organisme auquel adhèrent des ­architectes, des géomètres, des ingé­nieurs-conseils, des ostéopathes, des psychologues ou encore des moniteurs de ski. La Cipav, qui possède plus de 7,9 milliards d’euros de réserves, aurait d’abord réalisé des placements en faisant l’acquisition de divers immeubles parisiens. Par la suite, plusieurs d’entre eux auraient été vendus aux moins offrants, en dehors des règles des marchés publics. Ainsi l’un des biens, qui a été cédé par la caisse pour un montant de 11,5 millions d’euros, a été revendu peu après par le nouvel acquéreur au prix de 16 millions d’euros. Un

écart qui intéresse la justice : celle-ci cherche à savoir si la Cipav protégerait d’obscurs intérêts personnels, quitte à dilapider son patrimoine au détriment de ses affiliés.

Une série d’agissements douteux C’est en tout cas ce que dénonce Cipav Info, une association qui, depuis sa création en 2014, ne cesse d’attaquer la caisse de retraite en lui reprochant une série d’agissements douteux. À la tête de ­cette structure, Yann Franquet dénonce notamment des faits de concussion : ­ « Des cotisations indues ont été réclamées à de nombreux adhérents. Et j’ai été le premier à faire condamner la Cipav pour cela il y a sept ans. »

S’il reconnaît qu’il y a bien eu des dysfonctionnements, Armand Gersanois, fraîchement élu président du conseil d’administration de la caisse de retraite, estime que tout a été réglé. Ce que dément l’avocate de Cipav Info, Me Valérie Flandreau, qui vient d’obtenir gain de cause en appel pour un cotisant : « La Cipav lui réclamait 14 000 euros. Une ­ somme que la justice en appel a ramenée à 2 000 euros. L’écart est considérable ! J’éprouve un énorme soulagement qu’une instruction soit enfin ouverte à Paris et que l’on cherche à savoir ce qui se passe au sein de cet organisme. Les cotisants ­lésés ne sont pas tous des personnes qui roulent sur l’or. Certains ont des petits ­revenus. »

Contactée par Le Figaro, la direction de la caisse de retraite n’a pas souhaité s’exprimer autrement que par écrit. « La Cipav coopère pleinement avec les autorités compétentes et attend que cette enquête confirme rapidement que les ­actions menées par la caisse sont par­faitement conformes aux règles appli­ cables », a-t-elle fait savoir dans un communiqué. De son côté, Armand Gersanois considère que l’association multiplie « les fake news ». « L’écart de prix portant sur la vente d’un des immeubles parisiens s’explique. Le nouvel ­acquéreur avait fait des travaux qui ont valorisé le bien. Raison pour laquelle il a pu le vendre bien plus cher. Rien d’anormal à cela », selon lui. ■

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Politique

Droite : l’organigramme de la discorde La composition de la nouvelle équipe dirigeante des Républicains suscite des remous dans le camp Retailleau, qui demande au président Ciotti de rééquilibrer la balance à la hauteur des résultats du dernier scrutin interne. Emmanuel Galiero £@EGaliero et Marion Mourgue £@MarionMourgue

LR Coup de semonce à droite. La belle unité défendue par Les Républicains comme une condition de leur survie a pris un coup dans l’aile. En dévoilant son organigramme dans un entretien au Figaro, le président, Éric Ciotti, a provoqué l’agacement de Bruno Retailleau et de ses soutiens. « L’organigramme d’Éric Ciotti ne tient pas compte des équilibres issus du scrutin. Nos accords ne sont pas respectés. Je le regrette. La confiance est le préalable indispensable au rassemblement », a vivement réagi le président du groupe LR au Sénat. Avec deux griefs : l’affirmation selon lui d’une rupture de confiance et le regret que les équilibres politiques issus de la dernière élection interne - il était arrivé en seconde position avec plus de 46 % des voix - ne soient pas respectés. Peu après la victoire d’Éric Ciotti, en décembre, Bruno Retailleau avait posé une exigence sur la table du vainqueur. « La seule chose que je demande aujourd’hui, c’est le respect de ceux qui m’ont fait confiance », confiait-il au Figaro. Le par-

lementaire avait réclamé la prise en compte des « idées » qu’il avait défendues durant sa campagne et demandé non seulement « une profonde rupture avec les vieilles pratiques » mais aussi une « nouvelle organisation dans laquelle (ses) militants doivent être respectés ».

Pas de « deal » formel Depuis des semaines, Ciotti et Retailleau, qui partagent nombre de points communs sur le fond, échangeaient sur la composition de la ligne. Retailleau demandait une vice-présidence et/ou le secrétariat ­général, ainsi que l’intégration de ses soutiens dans les instances dirigeantes. Ciotti avait, lui, comme impératif, outre l’équilibre des sensibilités politiques, le respect de la parité - il avait d’ailleurs proposé un poste à la sénatrice LR Laurence Garnier, proche de Retailleau, qui a décliné - et des équilibres géographiques. Mardi soir, les deux élus n’avaient pas encore conclu de « deal » formel, le président LR attendant de voir l’organisation de la direction avant de donner ou pas son accord. Résultat : Aurélien Pradié - qui pensait être seul numéro deux - et François-Xavier Bellamy se sont retrouvés au même niveau, comme vice-présidents. Et Annie

Genevard, ex-présidente par intérim, a été nommée secrétaire générale du parti. « Ils nous ont eus », s’est agacé Bruno ­Retailleau auprès de ses interlocuteurs. « Il y a cette idée que les types comme ­Retailleau sont des tendres et qu’on peut leur marcher sur la gueule. Mais ils se trompent », poursuit un de ses proches. « Si l’on veut survivre, il faut le rassem­blement mais aussi la clarté idéologique, explique Julien Aubert, nommé viceprésident. J’espère qu’Éric mettra l’accent sur ce point, sachant que la confiance est aussi nécessaire. Attention aux vieux automatismes qui ne peuvent que pro­ voquer des ruptures. » Jeudi, Bruno ­Retailleau réunissait en visio une partie des élus pour faire le point.

« Bruno Retailleau avait donné 19 noms à Éric Ciotti, à ce stade, 16 ont été intégrés », détaille un soutien du président de LR en appelant chacun à la raison, « la parité de vice-présidence a été acquise. Le seul point qui relève d’un petit énervement passager est le fait qu’Othman Nasrou ne soit pas seul ». L’élu francilien est d’ailleurs devenu depuis premier secrétaire général délégué de LR. « Mais il y a à ses côtés des élus très expérimentés qui n’ont pas vocation à disparaître de l’organigramme », complète ce proche d’Éric Ciotti. « Quant au comité stratégique, il a repris celui qui existait avec des grandes figures du parti : Baroin, Jacob, Copé, Larcher, Wauquiez. Les porte-parole, comme c’est la tradition, ont été ajoutés. Si Bruno Retailleau veut

­ emander le départ de certaines personnes, d il faut qu’il dise lesquelles ! » Attention au trop-plein d’exigences, font désormais valoir les amis d’Éric Ciotti. « On ne se ressemble pas, pourtant on est de la même famille ! On se bat ensemble ! », a insisté Rachida Dati, présidente du Conseil national, pour appeler Bruno Retailleau à l’apaisement. « Chacun doit faire un effort pour le rassemblement », poursuit Michèle Tabarot, présidente du Conseil national. Depuis mercredi soir, les téléphones n’ont cessé de sonner pour éviter une division que tout le monde redoute à LR. Gérard Larcher s’est démené pour trouver une solution. Selon les informations du Figaro, Éric Ciotti et Bruno Retailleau doivent se revoir mardi matin. ■

LE FIGARO. - Pourquoi estimez-vous que les engagements d’Éric Ciotti n’ont pas été tenus ? Bruno RETAILLEAU. - Ma réaction mercredi soir a été vive, à la mesure de ma déception. Je discutais de cet organigramme depuis plusieurs semaines avec Éric Ciotti. Ce n’est pas uniquement une question de postes mais d’abord une question de principes : le respect des équilibres issus du scrutin et la confiance entre nous. Ne nous cachons pas derrière notre petit doigt : la reconstruction de notre famille politique sera difficile. Pour mener les rudes combats à venir, cette confiance est indispensable. Pourquoi la jugez-vous rompue ? Ce que nous avions convenu ne s’est pas traduit dans l’organigramme. Depuis le départ, ma priorité était que les adhérents qui ont voté pour moi - près d’un sur deux - se sentent respectés. Très vite, j’ai

compris qu’Éric Ciotti s’était engagé auprès d’Aurélien Pradié pour le poste de vice-président délégué. Je l’ai accepté et j’ai donc proposé de pouvoir choisir le secrétaire général. Devant le refus d’Éric Ciotti qui souhaitait nommer Annie Genevard, j’ai fait une nouvelle concession en proposant Othman Nasrou comme secrétaire général délégué. Nous sommes tombés d’accord sur ce point mais j’ai ensuite appris par la presse qu’il y aurait, non pas un, mais quatre secrétaires généraux délégués. Pourquoi ne pas me l’avoir dit ? Par ailleurs, j’ai découvert que la place faite à mes soutiens au sein du comité stratégique était réduite à la portion congrue : 6 sièges sur 28. Une représentation bien éloignée du résultat des urnes ! Je rappelle que notre projet a rassemblé près de la moitié des militants. Il n’est ni juste ni raisonnable de ne pas en tenir compte. C’est pour toutes ces raisons que j’ai considéré que ni les équilibres politi-

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*Sur les modèles d’exposition. **Voici les soldes.

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Le parti ne risque-t-il pas d’exploser ? Il est hors de question pour moi d’enclencher une guerre fratricide et de r­ ejouer la campagne interne. Éric Ciotti a gagné et il est légitime. Mais parce qu’il a gagné, il est aussi le garant du rassemblement et de la confiance. Si elle ne ­règne pas entre nous aujourd’hui, comment pourrions-nous

demain inspirer la confiance aux Français ? Certains diront peut-être que je suis naïf, que la politique exige le clair-obscur, mais je ne peux pas me résoudre à travailler dans la méfiance. La politique, c’est exigeant, c’est dur ; j’ai besoin, quand je me bats pour mes idées, d’avoir confiance dans mes compagnons. Que comptez-vous faire à présent ? Je tends la main, comme je l’ai toujours fait. S’il faut faire des efforts, j’en ferai

mais je ne peux pas être le seul. On doit pouvoir se donner une seconde chance. Je ne peux pas imaginer l’impossibilité d’une solution. Ce serait totalement i­rrationnel. C’est à la fois notre responsabilité et notre devoir. Mais j’ai porté devant les militants un projet de clarté et de renouvellement, et j’en suis comptable devant eux. Je ne peux donc pas, en conscience, cautionner le retour des vieilles pratiques. Ne soyons pas la droite la plus bête du monde. ■ Propos recueillis par E. G.

Le 5 janvier, jour des funérailles du pape émérite Benoît XVI, les deux présidents avaient rendez-vous. Au menu : retraites, immigration, droite…

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ques ni la parole donnée n’étaient respectés. L’unité ne peut se construire que dans la clarté.

Macron a déjeuné en tête-à-tête avec Sarkozy, début janvier

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Bruno Retailleau (à gauche), le 11 décembre 2022 à Paris, au moment de l’annonce de l’élection d’Éric Ciotti (au centre) au poste de président du parti Les Républicains.

Élysée Il y a leurs rendez-vous officiels et publics, comme celui à venir sur les institutions. Et il y a leurs rencontres officieuses et discrètes, autrement plus nombreuses. Selon nos informations, Emmanuel Macron a une nouvelle fois reçu Nicolas Sarkozy en tête-à-tête, pour un déjeuner à l’Élysée le jeudi 5 janvier, le jour des obsèques du pape émérite Benoît XVI. Contactés par Le Figaro, les entourages des deux hommes se sont refusés à tout commentaire sur ce rendez-vous. La rencontre n’avait toutefois pas vocation à échanger des vœux de bonne année, mais à évoquer le climat actuel du pays. Et pour cause, la rencontre s’est tenue au surlendemain de la présentation du projet de réforme des ­retraites de l’exécutif : un texte sur ­lequel la droite LR a fait savoir, par la voix de son nouveau patron, Éric Ciotti, qu’elle voterait « pour ». À l’inverse, le président de LR vient d’annoncer au Figaro , qu’il « voterait contre » la loi immigration bientôt portée par le ministre ex-LR de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Une fin de non-recevoir qui complique la fameuse « alliance » proposée par Emmanuel Macron à la droite cet automne, en

réponse à la volonté exprimée par Nicolas Sarkozy de le voir passer « un accord » avec une partie des Républicains. Formulées par médias interposés, ces mains tendues entre N ­ icolas Sarkozy et Emmanuel Macron s’inscrivaient alors dans la droite ligne du soutien exprimé



La politique n’est jamais une question de valeur absolue, mais toujours une question de valeur relative. La seule solution à la présidentielle c’était lui, il n’y en avait pas d’autre Nicolas Sarkozy



Magali Cohen / Hans Lucas via Reuters Connect

par le premier pour le second durant la dernière campagne présidentielle. Une attitude qui a resserré le lien et renforcé les discussions entre eux… au grand dam d’une partie de LR. « La politique n’est jamais une question de valeur absolue, mais toujours une

question de valeur relative, explique depuis, en privé, Nicolas Sarkozy à ses interlocuteurs. La seule solution à la présidentielle c’était lui, il n’y en avait pas d’autre. » À certains élus qui le pressaient de questions sur la bonne stratégie à adopter, Nicolas Sarkozy s’est toujours montré très clair : « Si au second tour, tu te dis que tu vas voter pour lui, il vaut mieux monter dans le train tout de suite pour essayer de le piloter et ne pas être la dernière roue du carrosse qui dit “entre Le Pen et Macron, je choisis Macron !” » Cette position de Nicolas Sarkozy poursuit un objectif : que LR reste un parti de gouvernement, qu’Emmanuel Macron - qui a déjà attiré à lui une partie des électeurs de droite -, pioche parmi les élus LR pour les intégrer à son dispositif. « Coincés entre Le Pen et Mélenchon, Les Républicains n’existent pas », juge Nicolas Sarkozy, quand il discute avec les élus. « La stratégie, elle est ­évidente pour moi », insiste-t-il encore, en les encourageant à proposer un accord politique à Emmanuel Macron. Et en réclamant de son successeur qu’il renonce à son « en même temps », et qu’il « franchisse le R ­ubicon » qui le ­sépare de la droite. ■ M. M.

Albert FACELLY/Divergence

Bruno Retailleau : « Ne soyons pas la droite la plus bête du monde »

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La Malaisie au défi de la vague islamiste

Le nouveau premier ministre, Anwar Ibrahim, un revenant en politique, est l’ultime rempart face aux extrémistes religieux. Sébastien Falletti £@fallettiseb Envoyé spécial à Kuala Lumpur

Asie du Sud-Est La robe bleu cobalt de la tour Merdeka dominera longtemps la skyline édentée de Kuala Lumpur, à 687 mètres d’altitude. Le nouveau premier ministre, Anwar Ibrahim, a mis fin à la course vers le ciel engagée par la capitale Malaisienne, nouvel écrin du second plus haut immeuble de la planète, sur les talons du Burj Khalifa de Dubaï. « Il n’y aura pas d’édifice d’ampleur sous mon administration. Nous avons déjà les tours jumelles Petronas. Je ne veux pas entrer dans cette compétition », a prévenu le chef du gouvernement d’unité nationale d’une Malaisie bousculée par la marée islamiste. Une façon de se démarquer de ses prédécesseurs, dont Najib Razak, parrain du scandale 1MDB, « plus grande affaire de kleptocratie de l’histoire », selon Washington, se chiffrant en milliards de dollars dérobés, et qui lança en 2015 la construction de l’imposante tour Merdeka. L’heure n’est plus aux projets pharaoniques, aux financements douteux, alors que les mollahs sont aux portes du pouvoir, semble dire le « revenant » Anwar Ibrahim, qui promet une lutte sans pitié contre la corruption dans la dynamique économie d’Asie du Sud-Est de 33 millions d’habitants. « L’époque où les petits poissons payaient pour les grands requins est révolue », a juré le dirigeant de 75 ans, qui effectue un come-back politique inattendu en s’érigeant en « M. Propre » garant de la stabilité dans un paysage politique fragmenté. L’ancien ministre des Finances, protégé de Mahathir Mohamad dans les années 1990, puis rival jeté en prison pour « sodomie » à l’issue d’un procès religieux

aux allures de règlement de comptes, accède enfin au pouvoir qui lui échappait depuis des décennies, à l’heure où il n’y croyait plus. « Sa nomination a été une surprise, même pour lui-même. Et un soulagement pour de nombreux Malaisiens. Il a su être patient », juge Ong Kian Ming, ancien vice-ministre du Commerce.

Une alliance contre-nature L’ancien chef de file de l’opposition a décroché un vote de confiance au Parlement le 19 décembre, après avoir convaincu le roi qu’il était le meilleur rempart face au Parti islamiste (PAS), qui a presque triplé son score lors des élections du 25 novembre, semant l’anxiété jusque dans les palais des sultans. Coiffé du songkok, le chapeau traditionnel, l’ancien paria endosse le costume de sauveur de la nation. « Il a un sens inné de son destin, et il a conscience des attentes. Alors il joue la carte de l’humilité , juge CHINE

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Mer de Chine méridionale THAÏL. CAMB.

VIETNAM PHILIPPINES

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Kuala Lumpur

A M A L I S IE SING.

SARAWAK

INDONÉSIE Infographie

Ibrahim Suffian, directeur du Merdeka Center, un think-tank à Kuala Lumpur. Une revanche tardive pour cet animal politique insaisissable, jeune loup proche des Frères musulmans dans sa jeunesse, frappé d’ignominie par un procès religieux, avant de s’ériger en chef de file de l’opposition progressiste face à son ancien parrain Mahathir Mohamad. Étoile filante politique en Asie du SudEst, toujours en devenir, avec des liens puissants tissés en Occident comme au Moyen-Orient. « Il est une “wild card”, mais il offre un nouveau départ. L’opinion juge qu’il est temps de lui donner sa chance », estime Ibrahim Suffian. Ce musulman caméléon et cultivé, qui confiait au Figaro lire Shakespeare dans sa cellule, a patiemment échafaudé une alliance contre-nature, ralliant les M ­ alais de l’ancienne coalition nationaliste UMNO à sa nébuleuse réformiste du Pakatan Harapan (PH), soutenue par les minorités chinoise et indienne. Un tour de force politique à la rescousse d’une Malaisie multiethnique menacée par une « vague verte » rêvant de théocratie. « C’est une coalition de coalitions, très difficile à manier. Seul Anwar Ibrahim est capable de le faire, du fait de son expérience et de son pedigree islamique », juge le chevronné journaliste Ho Kay Tat, fondateur du site The Edge. L’histoire bégaie pour ce proche d’Erdogan, qui lança l’« islamisation » de la société dans les années 1980, inspiré par la Révolution iranienne, et se retrouve aujourd’hui propulsé pompier en chef pour juguler les flammes qu’il a attisées. Dès sa nomination, le septuagénaire n’a pas tardé à donner des gages de conservatisme pour contrer les critiques du PAS, jurant que « le sécularisme, le communisme ou les revendications homosexuelles

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à 2 minutes à pied de la station Victor Hugo et du parking Indigo Victor Hugo

Anwar Ibrahim rencontre ses partisans lors de sa première apparition publique pour la prière du vendredi, le 25 novembre, dans une mosquée de Putrajaya. LGBT ne seront jamais reconnus par (son) gouverne­ment ». Des déclarations millimétrées pour tenter de rassurer un vote malais conservateur, tenté par les sirènes islamistes, et qui se méfie de sa réputation sulfureuse. « La question clé est de savoir s’il est capable de ramener ces électeurs déçus vers le centre. Il y va de la survie du gouvernement », juge Ong Kian Ming. La marge du vétéran est « étroite », selon un diplomate, confronté à un premier test électoral dès cette année, avec des scrutins dans six États de cette monarchie constitutionnelle fédérale. D’ici là, Anwar Ibrahim doit faire ses preuves,

et offrir des bénéfices à des classes populaires frappées par la pandémie, alors que le spectre d’une récession mondiale, menace la robuste reprise post-Covid du « tigre malaisien », affichant plus de 6,5 % de croissance en 2022.

Les marchés sont soulagés « Il doit parler plus d’économie, pour contrer le “populisme islamiste” », juge Ibrahim Suffian. Une gageure dans un contexte fiscal contraint. « Sa seule option est de rediriger les subsides vers les plus vulnérables. Les riches ne seront pas contents, mais ils préféreront toujours ça

Une société travaillée par un COIFFÉE d’un foulard chamarré, la crooneuse au teint fardé pousse au micro la mélopée devant quelques clients sirotant leur thé, songkok vissé sur la tête. Dans le lobby d’un Grand Barakah Hotel swinguant sur un rythme jazzy, tous les hommes portent ce chapeau plat malais, symbole de soumission à l’islam. « Nous sommes un hôtel appliquant la charia », explique aimablement le réceptionniste de cet établissement de 204 chambres du quartier d’Ampang, à une encablure des tours jumelles Petronas qui dominent Kuala Lumpur. «Nous sommes un “muslim friendly hotel” (ou “hôtel halal”) », rectifie Aziz Azman, le manager général. « Nous avons ajusté le concept en 2021. C’est plus flexible pour les familles », précise l’homme, qui revient du pèlerinage à La Mecque. « Ici, l’alcool, le porc et les jeux d’argent sont interdits, mais les couples mariés peuvent partager la même piscine », explique l’hôtelier en brandissant le certificat « halal » estampillé par l’État de Selangor. À condition de barboter avec un maillot couvrant les épaules. Le Grand Barakah est le premier hôtel de Malaisie à offrir une mosquée en ses murs, se vante le patron, qui espère ouvrir de nouvelles enseignes à travers ce pays de 33 millions d’habitants. L’établissement a été racheté par une agence de voyages organisant des pèlerinages sur les lieux saints de l’islam, flairant un nouveau marché. La montée en puissance du halal en Malaisie, dont 61 % de la population est musulmane, et en Indonésie voisine, les deux principaux foyers de la religion du croissant en Asie du Sud-Est, touche désormais tous les secteurs, des restaurants aux applis bancaires ou de rencontres, en passant par la mode, ou même les spas. Bangi Sentral, un complexe commercial de la capitale dédié à la « beauté islamique » propose hidjabs tendance ou cosmétiques certifiée halal, pour séduire des femmes voulant combiner apparence et piété. « Le halal est une puissante tendance économique portée par la nouvelle classe moyenne urbaine. Elle veut affirmer son identité, et cela reflète l’islamisation de la société depuis une trentaine d’années », juge Hew Wai Weng, expert à la Universiti Kebangsaan Malaysia, à Kuala Lumpur. La Malaisie pointe au premier rang mondial du classement de Dinar Standard, index global mesurant les « économies islamiques », devant l’Arabie saoudite. Au point de drainer les investisseurs opportunistes des autres com-

munautés, en particulier Chinois, en quête de juteuses affaires. À l’image du succès de l’enseigne Chicken Rice Shop, une chaîne de restaurants vendant cette spécialité de Hainan avec le label halal, et revendu à prix d’or à un groupe japonais. L’islamisation se décline dans les urnes, où le Parti Islamiste de Malaisie (Parti Islam Se-Malaysia, PAS) a effectué une percée spectaculaire aux élections générales en novembre, sonnant l’alarme parmi les élites. La formation, qui prône l’instauration d’un « État islamique », a engrangé la plus forte progression lors de ce scrutin, avec 49 sièges, triplant presque son score depuis 2018. Déjà puissamment installé dans ses bastions ruraux, où il bannit ciné-



L’islamisation est un phénomène structurel. La Malaisie libérale, c’est terminé



Wong Chen, parlementaire du People’s Justice Party (PKR) Iskandar Putraa/Licence CC

ma et autres divertissements, le PAS déboule dans les quartiers de la capitale, et nourrit l’angoisse d’une prochaine théocratie auprès des minorités chinoises et indiennes, comme des Malais progressistes. « L’islamisation est un phénomène structurel. La Malaisie libérale, c’est terminé », estime Wong Chen, parlementaire du People’s Justice Party (PKR), soutien du nouveau gouvernement d’unité nationale dirigé par Anwar Ibrahim. L’avenir d’une Malaisie pluriethnique paraît plus précaire que jamais Le PAS séduit désormais les jeunes générations connectées, notamment les 18-35 ans, grâce à une forte présence sur TikTok, où il véhicule un message de fierté musulmane à grand renfort de vidéos enlevées et de prêches d’imams. Ce réseau social est le canal d’information privilégié d’une génération Z travaillée par des enseignants formés pour beaucoup au MoyenOrient, notamment au Caire, mais aussi au Royaume-Uni, lesquels diffusent leur fondamentalisme en Asie du SudEst. « Le PAS a fait mieux que prévu, en affirmant un populisme islamiste. Ils sont très bons en marketing et ont investi beaucoup d’argent sur TikTkok, en misant sur des influenceurs. La démocratisation du pays va de pair avec son isla-

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à l’arrivée des islamistes ! » résume Ho Kay Tat, installé au Old China Cafe, une institution de Chinatown, quartier décati en pleine renaissance. Sous pression, le tacticien Anwar Ibrahim a pour ultime atout dans sa manche le spectre d’un régime théocratique, qui inquiète les élites malaises comme chinoises et ferait fuir les investisseurs. Sur le front extérieur, le septuagénaire misera sur ses réseaux à l’ouest comme en Asie ou dans le monde musulman pour maintenir des relations d’équilibre entre États-Unis et Chine, fidèle à la tradition non alignée de Mahathir Moha-

mad, alors que l’Asie du Sud-Est devient le champ de bataille des grandes puissances. Le sourire suave en plus. Pour l’heure, les marchés sont soulagés, comme le signale la stabilisation du ringgit malaisien. Mais le temps est compté pour l’équilibriste Anwar Ibrahim, à la merci d’une défection d’un partenaire de sa précaire coalition. « S’il survit les prochains six mois, la coalition tiendra dans la durée. Si Anwar Ibrahim chute, on aura affaire à un gouvernement à l’approche exclusive », juge Ong Kian Ming, sonnant le glas du fragile équilibre multiethnique malaisien. ■

mode de vie halal

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misation », analyse froidement Hew Wai Wang. Plus d’un tiers des consommateurs musulmans se disent « plus pratiquants » que leurs parents, selon une enquête du cabinet Wunderman Thompson en Malaisie et en Indonésie. « Les jeunes arrêtent de penser, ils écoutent les mollahs. Cela divise notre société », déplore l’illustrateur Zunar, grand pourfendeur de la corruption. Cette percée électorale repose également sur des facteurs socio-économiques, et répond à l’angoisse de classes populaires frappées de plein fouet par la pandémie. Les métiers de rue, les livreurs soutiers du digital ont souffert des confinements à répétition, certains cherchant remède dans Allah et un vote antisystème. « Comme en Occident, on voit les victimes de la mondialisation, les travailleurs peu qualifiés, embrasser des partis radicaux de protestation », juge Ibrahim Suffian, directeur du centre d’études Merdeka. Par une pirouette de l’histoire, la précédente étape de l’islamisation de la société, lancée au lendemain de la Révolution en Iran, fut orchestrée en 1981 par le premier ministre Mohamad Mahathir et un jeune loup nommé ­ Anwar Ibrahim, alors proche des Frères musulmans. Il est aujourd’hui premier ministre et l’ultime rempart face à cette nouvelle vague verte. À l’époque, le pays émergent riche en hydrocarbures avait imposé une « discrimination positive » en faveur de la majorité malaise, les « bumiputras », auxquels sont réservés les meilleurs postes de l’administration au détriment de la communauté chinoise, qui domine les affaires depuis la fin du XIXe siècle. Le duo a ainsi islamisé la fonction publique, interdisant la bière dans le mess des officiers, proférant un discours non aligné résolument anti-occidental, pendant que le voile faisait son retour aux pieds des gratte-ciel. L’islamisation reflète une réalité démographique, qui a vu le poids de la communauté chinoise fondre à 22 % aujourd’hui contre 38 % en 1947, du fait d’un taux de natalité en berne et de l’exode grandissant des élites éduquées. Le spectre de l’avènement d’un régime islamiste accélère la tendance. « Les Chinois s’en vont en masse. Avec ma femme, nous préparons la sortie, en mettant nos enfants à l’abri aux ÉtatsUnis », confie un Chinois d’une famille fortunée. Les censeurs religieux surveillent au quotidien les mœurs des Malais,inter-

dits d’alcool. À Penang, en septembre, onze personnes ont été arrêtées lors d’une descente spectaculaire de la police dans un salon de massage. La pression est toujours plus forte sur les minorités de ce détroit stratégique entre une Asie confucéenne et indienne, plaque tournante du commerce mondial, au nord de Singapour. Ibrahim Ramli, chorégraphe d’odissi, la danse classique de l’Inde ancienne, a été interdit de parole à l’Universiti Teknologi Malaysia, en juin, par le conseil religieux de l’institution. « Ils imposent des fatwas partout de façon insidieuse », explique ce Malais cultivé, maître d’une tradition séculaire non islamique, dans la vieille maison coloniale de la Sutra Foundation, où il accueille des artistes de toutes cultures. Comme le vestige d’une époque où l’ancienne fédération de Malaisie britannique était une marqueterie ouverte aux vents de l’histoire, des cultes animistes de la jungle, aux Portugais qui tinrent la forteresse Malacca pendant plus d’un siècle. « Les non-musulmans peuvent toujours boire, ou manger du porc, mais l’espace séculier est en train de se rétrécir », constate Hew Wai Wang. Sur les traces de l’Indonésie, qui vient de faire passer une loi pénalisant les relations sexuelles hors mariage. L’avènement d’un régime islamiste n’est cependant pas écrit, juge Ho Kay Tat, fondateur du site d’information The Edge. Si la base radicale du PAS rêve d’un califat, ses nouveaux soutiens sont d’abord des Malais déçus de l’UMNO, la coalition qui régna de l’indépendance, en 1957, jusqu’à 2018, sous la bannière d’un nationalisme conservateur malais. « L’islamisation est plus identitaire qu’idéologique », assure Hew Wai Wang. À l’heure où l’Arabie saoudite fait tomber le voile, et où les Iraniennes arrachent leur foulard, la nouvelle bourgeoisie de « Kuala » aspire à une prospérité estampillée « halal » plutôt qu’à un nouvel ordre moral, semble dire ses selfies postés sur Instagram. Elle sirote des « mocktails » sans alcool sur des terrasses de 5-étoiles face aux gratte-ciel scintillants, tandis qu’à Chinatown la jeunesse branchée écume des bars trendy. Le Grand Barakah ­Hotel surfe sur cet « islamisme light », avec pragmatisme, sans notamment contrôler les certificats de mariage des couples. « Ce qui se passe dans la chambre reste entre vous et Dieu ! Moi, je ne fais que vendre une nuitée », assure son manager général, l’œil pétillant. ■ S. F. (À Kuala Lumpur)

Ariffin Jamar/AP

DERRIÈRE les boiseries exotiques de son palais de Kelantan, Mohammed V aura perdu l’amour comme le pouvoir. Le richissime sultan s’est finalement séparé d’Oksana Voevodina, ancienne Miss Moscou qui avait défrayé la chronique dans la prude monarchie de Malaisie, gardienne de l’islam. Ce coup de foudre suivi d’un mariage éclair avait conduit l’héritier quinquagénaire à abdiquer du trône de Malaisie, en 2019, après deux ans de règne à la tête de cette dynamique économie d’Asie du Sud-Est, peuplée de 33 millions d’habitants, à majorité musulmane. La conversion de son épouse mannequin n’avait pas suffi à éteindre les murmures de la bonne société de Kuala Lumpur, effarée par les images de la jeune femme défilant en petite tenue pour une marque de lingerie. Pour la première fois depuis l’indépendance en 1957, un monarque renonçait à la couronne, que les neuf sultans du pays détiennent à tour de rôle, tous les cinq ans, dans cette discrète monarchie constitutionnelle élective. Le divorcé quinquagénaire n’a pas seulement abandonné l’apparat d’un chef d’État protocolaire, mais un véritable pouvoir politique, comme le démontre aujourd’hui son influent successeur, ­Abdullah, sultan de Pahang. Le discret monarque de 63 ans a joué un rôle décisif pour prévenir une crise qui germait au lendemain des élections législatives du 19 novembre, marquée par la percée du Parti islamiste de Malaisie (PAS) dans un paysage politique fragmenté. L’agong (roi) a imposé Ibrahim Anwar au poste de premier ministre, usant à plein de ses prérogatives constitutionnelles, comme jamais depuis l’indépendance. Le monarque s’est fait faiseur de roi, nommant le chef de l’opposition progressiste, pour prévenir la paralysie du pays. « Anwar peut remercier le roi ! Il a pris ses responsabilités pour le bien du pays, comme la Constitution l’y autorise », juge un observateur chevronné de la politique malaisienne, approuvant cet intervention­ nisme sans précédent, en baissant la voix. La monarchie demeure un sujet sensible, protégée par une stricte loi de lèse-majesté, mais aussi l’influence économique des

Le roi Abdullah, sultan de Pahang, en compagnie de Halimah Yacob, la présidente de Singapour, en octobre dernier. riches sultans, garant de la foi, et hommes d’affaires entreprenants. « C’est un sujet hors limite » confirme l’illustrateur Zunar, célèbre pour ses dessins pourfendant la corruption des politiques. L’agong a le droit de choisir à discrétion le premier ministre en cas de blocage politique, selon les textes. Une prérogative exercée pleinement par Abdullah, qui a rencontré en personne des dizaines de parlementaires, pour sonder les rapports de force, avant de trancher. « Anwar a su se positionner face au roi » décrypte Ong Kian Ming, ­ancien vice-ministre du Commerce.

Un choix pragmatique Les sultans descendent dans l’arène, inquiets de l’instabilité politique grandissante, depuis la fin de la domination sans partage de l’UMNO, la coalition conservatrice qui a tenu le pouvoir de 1957 à 2018. « Les royaux veulent un gouvernement stable » juge Ibrahim Suffian, directeur du Centre Merdeka, un think-tank à Kuala Lumpur. Et surtout pas des islamistes, partisans d’une théocratie qui remettrait en cause leur pouvoir séculaire. Le trublion Anwar, condamné à la prison en 1999 pour « sodomie » à l’issue d’une cabale politique avant

d’être pardonné, n’était pourtant pas le choix naturel du Palais. Mais ce survivant était le seul capable d’échafauder une coalition excluant les islamistes, contrairement à son rival, l’ancien premier ministre Yassin Muhyiddin. Ce choix pragmatique est guidé par l’intérêt des grandes familles, anxieuses de la montée du PAS, dont les idéologues réclament l’établissement d’un califat. La « vague verte » électorale est un électrochoc pour les sultans, nourrissant le spectre encore incertain de l’avènement d’un régime islamiste qui menacerait leur pouvoir politique, leurs affaires et leur train de vie luxueux. Les neuf familles royales qui possèdent l’essentiel des forêts de la péninsule, grande productrice d’huile de palme, et les terrains les plus prisés de Kuala Lumpur, où ils bâtissent gratte-ciel et 5-étoiles, demeurent le véritable pouvoir de l’ombre de ce pays émergent qui a enregistré plus de 6 % de croissance en 2022. « Les sultans veulent maintenir le système, car ils redoutent une théocratie » résume un diplomate. La victoire des puritains du PAS sonnerait le glas du mode de vie extravagant de ces protecteurs de la foi. L’islamisation rampante de la société attise l’anxiété des royaux, augurant d’une intervention politique grandissante à l’avenir. D’autant que le plus puissant d’entre eux, Ibrahim, sultan de Johor, devrait hériter de la couronne d’ici à deux ans, et a déjà affiché sa détermination à peser, agitant même la menace d’une sécession de la fédération face au gouvernement, jugé trop timide pour défendre les privilèges royaux face à la Cour de justice internationale. Ce souverain parmi les plus riches du monde jouit déjà d’une influence prépondérante. « Son envoyé est arrivé chez Anwar, avant même celui du roi, pour lui délivrer les insignes de premier ministre », confie une source. Une dynastie redoutée, entachée d’un drame défrayant la chronique à la fin du siècle dernier, qui a entraîné la levée de l’immunité pénale dont jouissaient les membres de la famille royale. Un prince colérique tua, à coups de club de golf, un coach de hockey, affirme l’insistante rumeur. ■ S. F.

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HASNOOR HUSSAIN/REUTERS

Anxieuses, les dynasties royales contraintes de descendre dans l’arène

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En Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern tire, avec simplicité, sa révérence

La première ministre, qui avait fait de l’empathie un marqueur, a annoncé n’avoir plus les « ressources » pour poursuivre sa tâche. Henri Biaujout Sydney

océanie « Je pense qu’il n’y a pas de plus beau métier que de diriger un pays, mais c’est aussi l’un des plus difficiles. Vous ne pouvez pas, et ne devriez pas le faire, à moins d’avoir le réservoir plein et un peu de réserve pour affronter les défis imprévus. Je n’ai plus les ressources pour le faire bien. » Une déclaration choc, et pleine de franchise, qui, au final, ressemble beaucoup à Jacinda Ardern. La première ministre néo-zélandaise, la seule personnalité politique issue de ce petit pays de cinq millions d’habitants à avoir acquis une notoriété mondiale au cours de ces cinq ans à la tête du pays, a annoncé, jeudi, qu’elle démissionnerait de ses fonctions le 7 février prochain, le temps que les membres du Parti travailliste lui trouvent un successeur que, pour sa part, elle s’est abstenue de désigner. Quel qu’il soit, il aura la lourde tâche de terminer ce second mandat – les prochaines élections législatives auront lieu le 14 octobre prochain - à un moment où la popularité des travaillistes est en chute libre. Frappés par la crise économique, les Néo-Zélandais reprochent non seulement à leur gouvernement de ne pas suffisamment les protéger de la hausse du coût de la vie, mais aussi de ne pas avoir tenu un certain nombre de promesses. La plus emblématique sans doute est le fiasco du programme KiwiBuild, à travers lequel les travaillistes s’étaient engagés à construire 100 000 logements abordables au cours de la mandature. À l’heure actuelle, seulement 1 300 sont sortis de terre, et à peine 1 200 autres sont en cours de construction… Trois ans plus tôt, pourtant, Jacinda Ardern avait été réélue triomphalement. Tenante d’une stratégie « zéro Covid » très stricte, elle était largement soutenue par la population, constatant que la Nouvelle-Zélande était l’un des pays les moins durement touchés par la crise sanitaire. Face à la pandémie, leur première ministre s’était une fois encore montrée à la hauteur. Comme cela avait été le cas lors de l’éruption volcanique sur l’île de Whakaari, et surtout après les attentats de Christchurch, durant lesquels 51 fidèles musulmans avaient été abattus par un extrémiste australien. C’est lors de ce drame que Jacinda Ardern s’est révélée au monde : en affichant de la compassion, revêtue d’un foulard et enlaçant longuement les proches des victimes, tout en adoptant dans le même temps des

mesures radicales : interdiction des armes semi-automatiques et mise en place d’un programme de rachat d’armes. Puis la signature, avec Emmanuel Macron, de l’appel de Christchurch, destiné aux plateformes numériques, et les enjoignant à faire preuve de plus de responsabilité sur la diffusion de contenus à caractère haineux et violent.

« Jacindamania » Mais en vérité, Jacinda Ardern, qui lors de son élection en 2017, est devenue à 37 ans la plus jeune première ministre que la Nouvelle-Zélande ait connue depuis cent cinquante ans, s’était déjà illustrée sur la scène internationale avant la tuerie de Christchurch. En 2018, trois mois après avoir accouché d’une petite fille, Neve, elle participe à un sommet pour la paix aux Nations unies en tenant son bébé dans les bras, une première dans le temple de la diplomatie internationale. Une image forte, suscitant l’intérêt des médias étrangers, qui découvrent une femme au « star power » lui ouvrant les portes des émissions télévisées les plus populaires, comme le « Late Show » de Stephen Colbert, qui lui consacre cinq émissions spéciales, ou une interview avec Christiane Amanpour, la journaliste-vedette de CNN, à qui elle confie, le sourire aux lèvres, qu’elle s’efforce de rappeler aux fabricants de mappemondes et planisphères l’existence de son pays, trop souvent oublié sur les cartes… On parle alors de « Jacindamania ». Son style tranche radicalement avec les figures autoritaires qui émergent alors un peu partout sur le globe, des États-Unis à la Hongrie. Jacinda Ardern ne se présente pas comme une femme à poigne mais, au contraire comme une dirigeante guidée par l’empathie. Encore aujourd’hui, lorsqu’on lui demande ce qu’elle souhaite qu’on retienne de ses cinq années à la tête du gouvernement néo-zélandais, elle répond vouloir qu’on se souvienne qu’elle a « toujours essayé d’être gentille ». Alors que sa vie politique s’arrêtera le 14 octobre prochain, Jacinda Ardern ayant annoncé qu’elle ne briguera pas un nouveau poste au Parlement, où elle était élue depuis 2008, reste à savoir si deux réformes majeures, annoncées récemment, pourront lui survivre : l’abaissement de l’âge de la majorité à 16 ans, qui nécessitera une majorité des trois quarts au Parlement. Mais aussi la taxation des flatulences de vache, à partir de 2025. Dans ce pays où le méthane, et donc l’élevage (six millions de bovins, 26 millions de moutons), représente près de 50 % des émissions de gaz à effet de serre, le sujet n’a rien d’une plaisanterie. ■

Le gouvernement Netanyahou confronté à sa première crise La Cour suprême israélienne a ordonné, mercredi, le limogeage d’Aryé Dery, le ministre de l’Intérieur et de la Santé, issu du parti religieux Shas. Marc Henry

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Tel-Aviv

Proche Orient Vingt-deux jours seulement après son intronisation, le gouvernement Benyamin Netanyahou connaît son premier avis de tempête. La Cour suprême israélienne a ordonné de limogeage d’Aryé Dery, le ministre de l’Intérieur et de la Santé, son principal et fidèle allié. La majorité cherche

désormais une parade à ce nouvel épisode de l’épreuve de force engagée par Benyamin Netanyahou contre les juges de la haute instance judiciaire. Tout s’est joué mercredi lorsque 10 des 11 juges de la Cour suprême ont invalidé la nomination d’Aryé Dery. Ils ont estimé que le chef du Shas, un parti ultra-orthodoxe représentant les juifs religieux d’origine orientale, qui a été condamné l’an dernier à un an de prison avec sursis pour fraude fis-

cale, ne pouvait pas être ministre. Afin d’éviter une peine plus lourde, Aryé Dery avait laissé entendre durant les audiences qu’il quitterait la vie politique. Un engagement qu’il s’est empressé de fouler aux pieds. Il a ainsi mené avec succès le Shas à la bataille lors des législatives du 1er novembre. Ce parti en forte progression a remporté 11 sièges sur 120, son meilleur score depuis 2013, ce qui a placé Aryé Dery, dans la position de l’homme fort au gouvernement avec en prime une place dans le cabinet de sécurité. Sans le Shas, son allié traditionnel, Benyamin Netanyahou ne disposerait pas de majorité. Toute la question est de savoir quelle stratégie va désormais adopter le premier ministre. Sur le papier, il pourrait refuser de se plier à l’injonction de la

Cour suprême, ce qui ne manquerait pas d’ouvrir une crise constitutionnelle sans précédent. Ce scénario a peu de chance de se produire. Benyamin Netanyahou n’a aucun intérêt à se rendre coupable d’un outrage à magistrat aussi flagrant alors que certains commentateurs évoquent la possibilité que la Cour suprême décide de son « incapacité » à exercer le pouvoir, au cas où il serait déclaré coupable à l’issue de son procès pour corruption, fraude et abus de confiance qui se déroule actuellement à Jérusalem. Aryé Dery lui-même n’a pas exigé haut et fort son maintien, ni agité la menace que le Shas abandonne la majorité. Il est resté dans le vague sur ses intentions. « S’ils (les juges) ne veulent pas de nous, nous entrerons par les fenêtres, s’ils ferment les fenêtres nous

percerons le plafond, avec l’aide de Dieu », a déclaré le chef du Shas. Parmi les options évoquées pour y parvenir figure le vote d’une loi sur mesure qui autoriserait à un ancien condamné de devenir ministre. Mais dans ce cas aussi, la Cour suprême risquerait fort de mettre des bâtons dans les roues. Aryé Dery pourrait devenir président de la Knesset. La possibilité que son fils Yanki le remplace a été aussi été mentionnée. Mais, selon la plupart des médias, la solution la plus probable consistera à désigner deux de ses proches aux ministères de l’Intérieur et de la Santé avec un Aryé Dery qui, en coulisses, continuera à tirer les ficelles. Benyamin Netanyahou est bien conscient de ce rapport de force. Il s’est d’ailleurs empressé de se rendre au domicile à Jérusalem d’Aryé Dery,

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Nicaragua : le martyre de la famille de Javier Alvarez L’épouse, la fille et le gendre de l’opposant en exil, arrêtés en septembre 2022, ont été condamnés mercredi à 8 et 10 ans de prison. « Je pense qu’il n’y a pas de plus beau métier que de diriger un pays, mais c’est aussi l’un des plus difficiles.(...) Je n’ai plus les ressources pour le faire bien », a reconnu la première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, jeudi, en faisant part de sa démission. AFP

Patrick Bèle [email protected]

Amérique Latine Mercredi 18 janvier 2023, deux Franco-Nicaraguayennes ont été condamnées par un tribunal à Managua pour « trahison à la patrie », « atteinte à la souveraineté nationale »,

et « diffusion de fausses nouvelles ». Jaennine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et sa fille, Ana Alvarez Horvilleur, 43 ans, devront passer les huit prochaines années en prison, selon la sentence qui doit être confirmée le 26 janvier prochain. Le mari d’Ana, Felix Roiz, 56 ans, a écopé, lui, de 10 ans d’emprisonnement. Les deux femmes sont des parentes de la rabine Delphine Horvilleur. La faute des condamnés ? Être l’épouse, la fille et le gendre de Javier Alvarez, un militant des droits de l’homme qui s’oppose au régime dictatorial du couple Daniel Ortega et Rosario Murillo, qui tient le pays d’une main impitoyable depuis le 10 janvier 2007. Pour cet ancien membre du Front sandiniste de libération nationale, qui a combattu aux côtés de Daniel Ortega pour faire tomber la dictature de Somoza à la fin des années 1970, l’annonce de cette condamnation est un coup de massue : « Cette condamnation est horrible, perverse. Ils sont condamnés pour le seul fait d’appartenir à ma famille. Ils sont condamnés parce que je défends les mêmes valeurs de liberté que mon beau-père, Bernard Horvilleur Burlett, engagé volontaire et vétéran français de la Seconde Guerre mondiale : la liberté et la démocratie. » Jaennine, Ana et Felix ont été arrêtés le 13 septembre 2022. La police cherchait Javier Alvarez, mais ne le trouvant pas, elle a arrêté les membres de sa famille présents chez lui. « Averti d’une opération de police, j’étais dans une maison refuge, explique Javier Alvarez. J’ai fui vers le Costa Rica, en traversant la montagne, mais quand j’ai été en sécurité et que j’ai remis la batterie de mon téléphone, j’ai écouté le dernier message de mon épouse, qui m’annonçait que les policiers les avaient emmenés. J’étais ravagé de douleur. D’habitude, ils retiennent les familles une nuit pour les effrayer. Cette fois, ils les ont gardés, jusqu’au simulacre de procès de mercredi. » Depuis, le fils d’une autre militante des droits de l’homme, Andrea Margarita del Carmen, a subi le même sort fin octobre. Il est enfermé dans la tristement célèbre prison de Chipote et devra répondre des mêmes accusations. C’est en fait à une purge dans tout le pays que le couple Ortega-Murillo se livre depuis plusieurs mois. Tous les candidats à la présidentielle qui ont osé se présenter contre Daniel Ortega sont



Soyons clairs : je n’aime pas ce gouvernement que je considère comme une dictature féroce, perverse et qui a les mains couvertes de sang. Mais je n’aurais jamais pensé qu’ils puissent s’en prendre à nos familles

javier alvarez

quelques heures après l’annonce de la décision de la Cour suprême pour lui exprimer sa solidarité. « Quand mon frère est en détresse, je viens le voir », a proclamé le premier ministre.



Si les juges ne veulent pas de nous, nous entrerons par les fenêtres, s’ils ferment les fenêtres, nous percerons le plafond, avec l’aide de Dieu



Arieh Deri, ministre de l’intérieur et de la santé, chef du parti shass

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Seule certitude en tout cas : cette affaire ne peut que renforcer la détermination de Benyamin Netanyahou et de Yariv Levin, son ministre de la Justice,

de mener à bien une véritable « révolution judiciaire ». L’objectif est clairement assumé : rogner les pouvoirs de la Cour suprême qui ne pourrait plus imposer son veto à une loi votée par une majorité de 61 députés sur 120, même si le texte est jugé discriminatoire envers par exemple les Arabes, les femmes, la communauté LGBTQ… Histoire de verrouiller le dispositif, le gouvernement s’arrogerait aussi le droit de nommer la majorité des membres de la commission de nomination des juges, ce qui n’est pas le cas actuellement. La grande majorité des juristes entraînée par Esther Hayut, la présidente de la Cour suprême, est vent debout contre cette réforme assimilée à un danger mortel pour la démocratie et l’État de droit. Des foules de près de

100 000 manifestants sont descendues samedi dernier dans les rues de TelAviv, de Jérusalem et Haïfa pour exprimer leur colère. Et ce n’est qu’un début. D’autres rassemblements sont prévus ce week-end. Comme le souligne Nahum Barnea, dans un éditorial du quotidien Yediot Aharonot, intitulé en français « À la guerre comme à la guerre », « les attaques très dures visant la Cour suprême ne l’ont pas effrayée, elles ont au contraire incité les juristes à serrer les rangs ». Dans l’autre camp, l’heure est aussi à l’escalade. Un député ultra-orthodoxe, membre de la majorité Yisrael Eichler, a ainsi estimé que l’éviction d’Aryé Dery constitue une nouvelle preuve du caractère « dictatorial digne de Poutine » du système ­judiciaire actuel. ■



en prison. La plupart des membres du MRS (Mouvement démocratique pour la rénovation), un groupe dissident du parti sandiniste fondé en 1994, sont dans la clandestinité, en prison, ou en exil comme Javier Alvarez. Les héros de la lutte contre le dictateur Somoza sont soit morts, comme le général Hugo Torres décédé en février dernier dans sa prison, soit en prison comme la « commandante numero 2 », Doria Maria Tellez. Le nombre de prisonniers politiques au Nicaragua est évalué, selon les organisations de défense des droits de l’homme, entre 235 à 240. Depuis plusieurs mois, le régime Ortega s’est attaqué aux représentants de l’église. Sept prêtres sont actuellement détenus, dont un a été condamné pour le même fait que l’épouse de Javier Alvarez. L’évêque de la ville de Matagalpa, Rolando Alvarez, a été arrêté en août dernier et assigné à résidence. Ces assignations à résidence ne sont pas anodines. Les personnes concernées sont continuellement accompagnées par un gardien, n’ont accès ni à leur ordinateur, ni à leur téléphone ni à une quelconque publication. Ils sont littéralement harcelés à domicile.

Le régime s’attaque désormais aux forces de l’ordre, dont plusieurs membres ont été arrêtés ces derniers jours, car jugés insuffisamment fiables par le régime. « Le pays vit dans un état de terreur permanente », rapporte un témoin qui préfère garder l’anonymat. « Soyons clairs : je n’aime pas ce gouvernement que je considère comme une dictature féroce, perverse, et qui a les mains couvertes de sang, explique Javier Alvarez. Mais je n’aurais jamais pensé qu’ils puissent s’en prendre à nos familles. Ils disent que les procès se déroulent en public. Mais c’est totalement faux. Aucun proche ne peut assister aux audiences. Et les avocats n’ont pas accès aux dossiers d’instruction. » Les récits qui nous parviennent de ces procédures sont effrayants, avec des juges qui hurlent et insultent les accusés. Le fonctionnement du régime est souvent décrit comme celui d’une secte, une impression renforcée par les déclarations ésotériques de Rosario Morillo. Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, a dénoncé la semaine dernière à Genève les « efforts systématiques » du Nicaragua pour réprimer l’opposition, énumérant les arrestations arbitraires, les milliers d’ONG fermées, et les médias muselés. ■

La fille de Javier Alvarez et son mari, Felix Roiz. Depuis plusieurs mois, le couple Ortega-Murillo se livre à une véritable purge. Confidential Nica

en bref La junte malienne reçoit des aéronefs de la Russie

La junte malienne a réceptionné jeudi une nouvelle livraison de plusieurs aéronefs - au moins 8 avions et 2 hélicoptères livrés par la Russie, son nouvel allié, selon un correspondant de l’AFP.

L’Allemagne reconnaît le « génocide » des yazidis Les députés allemands ont adopté jeudi une motion reconnaissant le « génocide » commis en 2014 contre les yazidis en Irak par le groupe djihadiste État islamique, assortie d’une série de mesures d’aide à cette minorité kurdophone.

Le Danemark donnera ses 19 Caesar à l’Ukraine Le Danemark a décidé de donner à l’Ukraine la totalité de ses 19 canons à longue portée Caesar de fabrication française, dont certains n’ont pas encore été livrés, a annoncé jeudi le gouvernement.

Irlande du Nord : possibles nouvelles élections Le gouvernement britannique a affirmé jeudi considérer « toutes les options », y compris de nouvelles élections, face au blocage politique dans lequel se trouve l’Irlande du Nord en lien avec le statut post-Brexit de la province.

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Société

Devoir de réserve : quand les magistrats se rebiffent Textes de loi, affaire des fadettes... Ces dernières années, ils revendiquent la liberté de critiquer l’action politique. Paule Gonzalès [email protected]

JUSTICE Pour le philosophe Michel Foucault, cela s’appelle « un changement de dispositif ». Et comme toujours, cela grince et crispe. Le landerneau politico-judiciaire est agité par la passe d’armes entre Sacha Houlié, président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, et François ­Molins, procureur général près la Cour de cassation. Le premier reproche au second d’avoir violé la séparation des pouvoirs lors de son discours de rentrée solennelle en fustigeant le législateur. Pour le magistrat, en effet, la loi est devenue « confuse, bavarde et pauvre » et « de plus en plus fondée sur l’émotion suscitée par le fait divers ». Il

reproche aux parlementaires d’avoir fait « adopter une proposition de loi créant des juridictions spécialisées en matière de violences faites aux femmes sans aucun moyen supplémentaire ». « Il n’appartient nullement à l’un de ses représentants (de l’autorité judiciaire, NDLR) de critiquer les lois ou le travail du législateur, s’insurge Sacha Houlié. Il ne lui appartient pas non plus de s’immiscer dans le processus législatif. » « J’assume mes propos », réplique François Molins, ce jeudi, depuis le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) rappelant que cette critique de « la dégradation de la norme ne date pas d’hier », y compris au sein des institutions parlementaires. « Commenter et critiquer a toujours fait partie du dialogue institutionnel entre le juge et

le législateur », ajoute-t-il. Pour le constitutionnaliste Paul Cassia, « il appartient au deuxième plus important personnage de l’ordre judiciaire d’exercer un devoir d’alerte sur les textes qui seront un jour appliqués. Au même titre que le politique pourrait critiquer les mauvaises motivations d’une décision de justice ». Le professeur de droit Jean-Philippe Derosier estime, lui aussi, que « tous deux sont en effet dans leur rôle ».

Indépendance et responsabilité Certes, le politique et le judiciaire ne cessent d’éprouver les limites de leurs prérogatives. Mais désormais la justice, l’autre grande muette de la République, se rebiffe. Quinze ans après que la loi de 2008 a coupé le lien entre l’exécutif et le CSM, ce dernier

revendique de réduire son devoir de réserve, un paravent derrière lequel se sont longtemps réfugiés les magistrats. Jeudi, les membres du CSM qui achèvent leur mandature s’en sont beaucoup flattés. À huit reprises, ils ont pris la parole au cours de ces trois dernières années pour défendre les magistrats et leur indépendance ou dénoncer les attaques contre la justice - ils l’avaient fait trois fois seulement lors de la mandature 2015-2018. Parmi les sujets abordés, les questions des détachements de magistrats à Monaco dans le sillage de l’affaire Levrault ; la défense de la protection des magistrats instructeurs, puis de la décision de la Cour de cassation dans l’affaire Halimi ; la défense de l’institution après le premier confinement ; la contesta-

tion de la communication d’Éric DupondMoretti lors de l’affaire des fadettes et l­’appel à la vigilance suite à l’appel des 3 000 magistrats. Ils ont également transmis par deux fois des avis au président de la République sur l’indépendance du parquet et la responsabilité des magistrats et n’ont pas manqué de participer à toutes les grandes consultations consacrées à la justice. Avec des nominations à forte connotation idéologique au CSM, comme celles d’Élisabeth Guigou et de son ancien chef de cabinet Christian Vigouroux, il y a peu de chance que la tendance s’inverse. « Le CSM ne sera plus jamais une petite machine de la justice qui se contente de vérifier la nomination de madame Michu à Tulle », sourit un magistrat. Le ton est donné. ■

Un féminicide emblématique de retour devant la justice

Dans cette affaire à l’origine du Grenelle des violences conjugales, Bruno GarciaCruciani avait écopé de la perpétuité pour l’assassinat de son ex-conjointe, Julie Douib. aude bariéty £@AudeBariety

procès C’est un dossier marquant en matière de violences et d’homicides conjugaux qui revient devant la justice. Ce vendredi s’ouvre à Ajaccio le procès en appel de Bruno Garcia-Cruciani, condamné le 16 juin 2021 à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de ­sûreté pour l’assassinat de son ex-compagne, Julie Douib. « D’une certaine façon, Julie Douib n’est pas morte le 3 mars 2019. Elle est morte le jour où elle a rencontré Bruno Garcia-Cruciani », avait lancé l’avocate générale en première instance. La victime et l’accusé se rencontrent en 2006, alors que la première est sai-

sonnière dans un bar de Haute-Corse. De leur relation naissent deux garçons, Enzo* en 2008 et Arthur* en 2011. Mais le « prince charmant » imaginé par la jeune femme révèle vite sa véritable nature. Disputes, insultes, violences psychologiques et physiques s’accumulent. « Elle me répétait “il va me tuer”. Je lui répondais “il veut juste te faire peur” », témoigne une des amies de la disparue au premier procès. Fin septembre 2018, ­ ­Julie Douib « réussit » à quitter son conjoint. « Je me suis dit que ça allait bien se passer. Mais non. Il la traquait, il était partout où elle allait », poursuit son amie. Julie Douib dépose plusieurs plaintes et mains courantes à la gendarmerie. Mais rien ne se passe. Et le 3 mars 2019,

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La salle d’audience lors du procès en première instance de Bruno Garcia-Cruciani pour l’assassinat de Julie Douib au palais de justice de Bastia, le 10 juin 2021. PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP des coups de feu retentissent dans ­l’appartement de la mère de famille de 34 ans, à L’Île-Rousse. Dans l’escalier où elle se précipite, une voisine croise Bruno Garcia-Cruciani. Sur le balcon, elle découvre Julie Douib à terre. Avant de rendre son dernier souffle, cette dernière lui chuchote : « Il m’a tuée. » De son côté, le quadragénaire rentre chez lui, embrasse ses deux fils, puis demande à son beau-frère de l’emmener à la g ­ endarmerie. Deux ans plus tard, son procès s’ouvre à Bastia. Froid et renfermé, l’accusé reconnaît avoir tué son ancienne ­ conjointe, mais nie toute préméditation et minimise les violences commises avant son crime. « C’est bien moi qui ai commis cet acte », assume celui qui ne montre de regrets qu’envers ses fils, désormais élevés par leurs grands-parents maternels. C’est d’ailleurs à eux qu’il consacre ses derniers mots. « Je tiens à dire que je regrette pour mes enfants, je demande pardon pour mes enfants, je m’excuse pour mes enfants. C’est tout ce que j’ai à dire. »

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D’une certaine façon, Julie Douib n’est pas morte le 3 mars 2019. Elle est morte le jour où elle a rencontré Bruno Garcia-Cruciani



l’avocate générale en première instance

À l’issue de cinq jours d’audience, l’avocate générale, sans rien éluder des « failles » des autorités qui n’ont « pas su écouter » Julie Douib, réclame à l’encontre de Bruno Garcia-Cruciani la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de 22 ans de sûreté ainsi que la déchéance des droits parentaux. Malgré la plaidoirie de l’avocat de la défense, qui supplie ­juges et jurés de ne « pas tomber dans le piège de l’émotion » ni « dans le jugement pour l’exemple », la cour choisit de suivre les réquisitions du parquet général. Dans ses motivations, la présidente évoque une « peine inhabituelle en la matière », assurant toutefois que cette condamnation n’a « pas été prise pour faire un exemple ».

Sans surprise après un tel verdict, Bruno Garcia-Cruciani décide de faire appel de sa condamnation. Son second procès, qui devrait durer jusqu’au 27 janvier, s’annonce comme une « épreuve » pour les parties civiles, notamment pour Enzo et Arthur. Ces ­ derniers, qui « évoluent bien, même si la situation reste fragile », sont « perturbés à l’approche de cette nouvelle échéance », indique ainsi leur avocate, Me Francesca Seatelli. Pourquoi le terme d’« exemple » a-t-il autant été évoqué lors du premier procès, et risque-t-il de revenir lors du ­second ? Parce que la mort de Julie Douib a eu un retentissement national. « Il y a d’abord une question de timing. C’est une période où on a commencé à plus s’emparer de ces sujets-là, expose Me Seatelli. Ensuite, ce dossier réunissait de nombreux éléments forts : le phénomène d’emprise avec une vraie montée en puissance des violences, les appels à la gendarmerie, la violence du crime, le fait qu’il s’agissait d’une mère de famille, l’engagement des Douib qui ont médiatisé l’affaire et fait en sorte que le sujet devienne un vrai débat de société… » L’affaire Douib a notamment conduit à l’organisation du Grenelle des violences conjugales entre septembre et novembre 2019. Depuis, « du chemin a été parcouru », soulignent de concert la première ministre, Élisabeth Borne, et Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, citant notamment l’extension des horaires du numéro d’urgence 3919 à destination des victimes de violences sexistes et sexuelles, le renforcement des téléphones grave danger (TGD) permettant aux victimes de déclencher l’alerte, le déploiement des bracelets antirapprochement… Mais les chiffres montrent que la ­situation ne s’améliore pas véritablement. Après un pic de 146 femmes mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2019 – année du ­décès de Julie Douib -, 102 sont mortes en 2020 et 122 en 2021. « Tant qu’il y aura des féminicides et des coups, le combat ne s’arrêtera pas », promet Élisabeth Borne. ■ *Les prénoms ont été modifiés.

en bref Les Jeunes agriculteurs veulent s’attaquer à « l’angle mort » de la transmission des fermes Le syndicat des Jeunes agriculteurs (JA) a demandé, jeudi, un meilleur accompagnement de l’État pour la transmission des exploitations, « angle mort des politiques agricoles », dans sa contribution à la concertation sur la future loi d’orientation et d’avenir (LOA) agricole. Le ministère de l’Agriculture a précisé, jeudi, que cette concertation nationale, lancée début décembre, durerait jusqu’en mai dans l’optique d’aboutir en juin à un « pacte » puis à un projet de loi.

Restes humains retrouvés près de Lyon : la victime était un homme de 17 ans Les restes humains, découverts mardi soir dans une canalisation d’un immeuble de Saint-Priest, en banlieue de Lyon, appartenaient à un adolescent de 17 ans, a indiqué jeudi le parquet de Lyon. Un suspect, âgé de 28 ans, « suivi pour des troubles psychiatriques depuis plusieurs années », est depuis mercredi en garde à vue dans le cadre de l’enquête ouverte pour « homicide volontaire ».

Assignation à résidence : la CEDH donne raison à la France contre un islamiste La France n’a pas porté atteinte à la liberté de circulation en assignant à résidence un islamiste à Angers après les attentats de 2015, a considéré jeudi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). David Pagerie, un ancien détenu radicalisé, avait déposé une requête contre la France en 2016 en affirmant que son assignation à résidence était « disproportionnée ».

le figaro

Sport

« Je souhaite nous rassembler pour que l’on pousse tous derrière notre XV de France. Il y a une Coupe du monde en France dans huit mois », insiste Patrick Buisson.

Candidat au poste de président délégué pendant la mise en retrait du patron de la FFR, le dirigeant doit obtenir l’approbation des clubs amateurs la semaine prochaine.

Du 23 au 26 janvier, les 2 000 clubs amateurs de France vont voter (électroniquement) oui ou non sur le choix du président délégué proposé par Bernard Laporte. Le président de la FFR, qui va se mettre en retrait de toutes ses prérogatives en attendant son procès en ­appel, a désigné Patrick Buisson, actuel vice-président en charge du rugby amateur. À 65 ans, ce passionné a tout connu : joueur, dirigeant de club, président du comité territorial de Provence et élu à la Fédération depuis 2008. « Je suis un homme d’engagement et d’action », ­affirme le candidat avant de se confier au Figaro. LE FIGARO. - Qu’est-ce qui garantit, si vous êtes désigné président délégué, que Bernard Laporte ne guidera pas vos décisions ? Patrick BUISSON. - Bernard Laporte est connu et Patrick Buisson, personne ne le connaît, c’est donc normal de se ­poser cette question. Mais, de son propre souhait, il s’est mis en retrait jusqu’à son procès en appel. Il ne va pas influencer les choix de la Fédération puisqu’il n’aura plus aucun pouvoir. Et, de mon côté, je vous garantis que j’assumerai pleinement cette tâche, cette responsabilité. J’appliquerai pleinement la règle fixée par Bernard Laporte et la ministre des Sports, faites-moi confiance. Si j’étais vraiment une « potiche », un « prête-nom » ou que sais-je, ça se ­saurait vite. Il y a une opposition au ­comité directeur de la FFR… Qu’est-ce qui vous différencie de Bernard Laporte ? Déjà, Bernard Laporte est irrempla­ çable. Sa fougue, son dynamisme, son CV dans le rugby, je ne les ai pas. Je suis moins tonique que lui (sourire). Je me qualifie plutôt comme un homme réfléchi et consensuel. Je prends beaucoup d’avis. Mais je suis ferme dans mes ­décisions. Comme Bernard… Quelles seront vos priorités si vous êtes désigné la semaine prochaine ? (Il insiste sur les mots.) La première, première, chose que je veux, c’est ramener la sérénité à la FFR. Je souhaite nous rassembler pour que l’on pousse tous derrière notre XV de France. Il y a une Coupe du monde en France dans huit mois. Ce n’est plus le temps de la division, qui mène souvent à l’échec. On doit tous travailler ensemble pour le bien du rugby et pas pour des intérêts personnels.

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Travailler tous ensemble, est-ce une main tendue à l’opposition ? Ça comprend tous les gens qui souhaiteront venir travailler avec nous. On ne devrait pas être dans une période électorale. La démocratie s’exprimera en 2024, à la fin du mandat. Aujourd’hui, il s’agit juste de désigner un ­président délégué. Avec oui, on continue ce mandat jusqu’à son terme avec le comité directeur dont les membres ont été élus en 2020 pour quatre ans. Il n’y a aucune raison qu’ils démissionnent. Dans ce comité directeur, il y a des gens qui nous soutiennent, d’autres qui nous aiment moins. Mais, je le redis, nous devons tous travailler ensemble. Il y a un événement exceptionnel à ­vivre qui approche. Et il y a de bonnes idées partout…

Les affaires, le procès de Bernard Laporte et Mohed Altrad ont porté préjudice à l’image du rugby. Comment avez-vous vécu cette période ? C’était préjudiciable plus pour le grand public que pour les gens du rugby. Je suis tous les week-ends auprès des clubs amateurs. Leur quotidien, c’est jouer au rugby. Ils aspirent plus à s’épanouir dans leur passion qu’à voter toutes les trois semaines. Ces histoires font beaucoup de bruit médiatique, mais, dans notre microcosme, pas autant que ça. J’incarne la fin des affaires. Si on veut arrêter tout cela, la seule façon est de voter oui au référendum. Le vrai débat politique, on l’aura dans un an, lors de la campagne électorale. Aujourd’hui, je pense que ce n’est pas le moment. Mais l’opposition a transformé ce vote en référendum pour ou contre Laporte… J’estime que le bilan de nos deux mandatures parle pour nous. On a installé la ­démocratie, le vote dématérialisé. On a redistribué toutes les ressources au ­rugby amateur. Près de 100 millions d’euros versés aux clubs, ce n’est pas anodin. Cela les a bien aidés pendant la période de Covid. On a réformé les compétitions qui n’étaient plus adaptées. On a créé et installé dans les clubs 162 postes de conseillers techniques. En cinq ans, la FFR est passée de 100 millions d’euros (M€) à 133 M€ de chiffre d’affai­ épasser les 300 000 licenciés res. On va d cette année. Le XV de France gagne à nouveau, est favori pour la Coupe du monde. Il a attiré 10 millions de télé­spectateurs et ses matchs sont à guichets fermés. Ce ne sont pas des phrases lancées en l’air par ambition politique. Mais je pense que les clubs ne sont pas dupes…

comité directeur à l’orée du Tournoi des six nations, ce qui n’est guère raisonnable, et des élections générales cet été. Car, en respect de nos statuts et règlements, on ne déclenche pas une élection comme ça, en quelques semaines. Ce ne serait pas gage de stabilité alors que le XV de France en a besoin. Si ce scénario se réalise, vous vous présenteriez à ces élections ? Vous imaginez cela, qu’on me rejette à ce vote et que je me présente ? (Il rit.) Non, évidemment. Vous semblez confiant avant ce vote. Si je ne l’étais pas, je n’aurais pas accepté d’être désigné comme candidat. Je suis confiant pour deux raisons. Notre bilan. Et le ras-le-bol des clubs qui aspirent au calme. Je le répète, la politique, ce n’est pas leur quotidien. Ils savent que, si le non l’emporte, on repart pour une campagne électorale de cinq ou six mois. Ce serait dramatique à vivre pour le rugby à quelques mois de la Coupe du monde. La campagne électorale, c’est

en 2024. Aujourd’hui, c’est simplement l’occasion de sortir des affaires. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a réclamé un « vote irréprochable ». Comment s’en assurer ? L’organe qui définit les règles de ce référendum, à savoir le comité d’éthique, est complètement indépendant. Et le prestataire de services qui va gérer ce vote électronique a été validé, c’est un tiers de confiance, comme on dit dans le jargon juridique. Tout est réglé pour qu’il n’y ait aucune contestation. Si vous êtes désigné, c’est vous qui remettrez la Coupe du monde le 28 octobre prochain… D’abord, j’espère qu’elle sera remise à la France (sourire). Mais non, ce ne sera pas moi mais le président de World Rugby, Bill Beaumont, qui remettra le trophée. En revanche, je ne serai pas loin de lui puisque je représenterai le président en retrait de la FFR. Ce serait évidemment un moment exceptionnel à vivre… ■

en bref Open d’Australie : Garcia, Humbert et Bonzi au 3e tour

Caroline Garcia, Ugo Humbert et Benjamin Bonzi ont assuré jeudi leur place au 3e tour de l’Open d’Australie, en battant respectivement Leylah Fernandez (7-6, 7-5), Denis Kudla (6-2, 6-7, 6-2, 6-4) et Pablo Carreno (4-6, 4-6, 7-6, 6-1, 7-6). Jérémy Chardy, Adrian Mannarino et Enzo Couacaud ont, eux, été éliminés par Daniel Evans (6-4, 6-4, 6-1), Alex de Minaur (7-6, 4-6, 6-4, 6-1) et Novak Djokovic (no 4) (6-1, 6-7, 6-2, 6-0), le Serbe étant « inquiet » pour sa cuisse. Alexander Zverev (tête de série no 12) a été poussé vers la sortie par Michael Mmoh (6-7, 6-4, 6-3, 6-2) et Casper Ruud (no 2) a sombré face à Jenson Brooksby (6-3, 7-5, 6-7, 6-2). Andy Murray a, lui, bataillé 5 h 45, après avoir été mené 2 sets à 0, pour éliminer Thanasi Kokkinakis (4-6, 6-7, 7-6, 6-3, 7-5).

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L’opposition pointe les frais d’avocat de Bernard Laporte payés par la FFR. Que leur répondez-vous ? C’était une avance conforme à nos ­règlements et à la présomption d’innocence. Au regard de la décision en première instance, la FFR a demandé le remboursement de ces frais. Et ils ­seront remboursés. Le contrat de sponsoring maillot attribué au groupe Altrad, au cœur du récent procès, peut-il être remis en question ? Il n’y a pas de raison. Ce contrat a été ­signé pour quatre ans, jusqu’à fin 2023. Et, je le rappelle, tout cet argent versé à la FFR a servi au rugby amateur. Si le non l’emporte, l’opposition a déjà prévenu qu’elle réclamera des élections générales… Si le non l’emporte, Bernard Laporte peut désigner un nouveau candidat à la fonction de président délégué… Mais imaginons que l’opposition déclenche un processus aboutissant à de nouvelles élections. C’est le pire qui pourrait arriver. Cela signifierait une démission du

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Patrick Buisson : « Je ne serai pas la potiche de Bernard Laporte »

PROPOS RECUEILLIS PAR

vendredi 20 janvier 2023

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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Sciences

La révolution CRISPR tient ses promesses Dix ans après sa découverte, l’outil d’édition du génome a ouvert des perspectives enthousiasmantes pour la médecine.

génétique Une décennie : temps qui peut paraître long au quotidien mais qui, dans le domaine de la recherche, est relativement court. Or, l’impact de la technologie CRISPR-Cas9, un fantastique outil de manipulation du code génétique, en si peu de temps, est impressionnant. Et comme l’édition du génome a des applications dans tous les champs de la biologie, ce sont toutes les sciences de la vie qui en profitent. Parfois décrit comme un « ciseau génétique de précision », l’outil CRISPRCas9 se sert d’une protéine capable de couper un double brin d’ADN, couplée à un ARN guide (pour savoir où intervenir dans le matériel génétique). La technique a été mise au point grâce à la collaboration de la Française Emmanuelle Charpentier, directrice du centre de recherche Max-Planck pour la science des pathogènes à Berlin, avec l’Américaine Jennifer Doudna, professeur à l’université de Berkeley, en Californie. Huit ans seulement après leur publication initiale de 2012, elles ont reçu le prix Nobel de chimie. Après dix ans d’existence, la technologie s’est diffusée dans les laboratoires de recherche du monde entier, où sa simplicité d’utilisation et sa versatilité ont donné un coup d’accélérateur à de nombreux projets. Profitant en parallèle d’autres avancées techniques, comme la baisse de coût du séquençage génomique, le monde scientifique s’est emparé de l’outil, et n’a pas tardé d’ailleurs à lui inventer de nouveaux développements pour surmonter ses limites initiales. « Les applications de cette convergence technologique sont vastes, et majeures – et tout cela a lieu maintenant », résume Jennifer Doudna dans la revue Science ce jeudi, dans un article dressant un bilan des dix dernières années. Le développement le plus prometteur est sans doute l’« édition de base ». Là où la version originale du « ciseau » CRISPR induit une cassure du double brin d’ADN, avec un risque non négligeable de ratés et d’imprécisions, cette technologie déri-

Wei Xuechao/Xinhua/ABACAPRESS.COM

Pauline Fréour

Le 7 octobre 2020, à Stockholm, lors de l’annonce de l’attribution du prix Nobel de chimie à Emmanuelle Charpentier et à Jennifer A. Doudna pour leur technique CRISPR-Cas9. vée, présentée pour la première fois en 2016, consiste à apporter à l’endroit voulu une enzyme qui, par réaction chimique, va modifier la base (nucléotide) en lui retirant un élément aminé. Pour rappel, l’ADN est constitué d’une succession de paires de nucléotides A-G et C-T. L’édition permet de transformer un A en G, et un C en T. Cette simple modification peut corriger, inactiver ou reproduire une mutation d’un gène. La recherche médicale est certainement le champ qui bénéficie le plus de ces innovations. « On l’utilise pour beaucoup de choses dans nos laboratoires, c’est impressionnant », témoigne Annarita Miccio, directrice à l’Institut Imagine pour les maladies rares. L’atout de la technologie n’est pas seulement le gain de temps obtenu. « CRISPR-Cas9 est aussi plus facile à utiliser que d’autres nucléases plus anciennes d’édition du génome, pour lesquelles il nous fallait alors collaborer avec des spécialistes de la technologie », souligne la chercheuse. CRISPR-Cas9 a dès le départ facilité l’étude de gènes précis dans une pathologie donnée, car un « simple » coup de ciseau permet de bloquer leur action et d’en étudier les conséquences. L’outil a également accéléré l’accès à des animaux modélisant certaines maladies. « Cela a réduit le temps nécessaire pour mettre au

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Les applications de CRISPR sont trop nombreuses pour être listées de façon extensive



jennifer doudna, prix nobel de chimie 2020, avec emmanuelle charpentier

Mais c’est bien sûr l’avènement de nouvelles thérapies géniques qui est le plus attendu. Dans son article, le Pr Doudna rappelle ainsi que la technologie a « posé les bases » pour des essais cliniques de thérapies dans la drépanocytose, la bêta-thalassémie, l’amylose TTR, l’hypercholestérolémie familiale et une maladie ophtalmologique dégénérative, et que d’autres essais sont programmés sur la progéria, le déficit immunitaire combiné sévère et d’autres maladies plus courantes (cancers, sida). « Les applications de CRISPR sont trop nombreuses pour être listées de façon extensive », note

la Prix Nobel. Mais la drépanocytose est un exemple parlant, poursuit-elle : « Au moins huit essais cliniques approuvés par la FDA (agence américaine du médicament, NDLR) sont en cours ou devraient bientôt commencer. La première validation par la FDA est attendue en 2023. » En mai dernier, au Royaume-Uni, une adolescente de 13 ans a été la première personne au monde à recevoir un traitement reposant sur l’édition de base génomique. En un mois, sa leucémie, sur laquelle aucun traitement n’avait fonctionné, était devenue indétectable. Annarita Miccio, dont le laboratoire travaille sur deux maladies de l’hémoglobine, la drépanocytose et la bêta-thalassémie, explique en quoi CRISPR-Cas9 a changé la donne. Pour ces deux maladies, la stratégie visée consiste à réactiver le gène contrôlant l’hémoglobine fœtale, qui fonctionne chez tout le monde dans les premiers mois de vie. Pour cela, les cellules souches hématopoïétiques (qui fabriquent les globules) sont prélevées sur le patient, traitées et réinjectées après une légère chimiothérapie. « Il existe déjà une thérapie génique utilisant des lentivirus comme vecteurs pour le gène correcteur, mais il y a des limites à leur efficacité. CRISPR a permis d’augmenter le taux d’expression du gène et donc l’efficacité thérapeutique. »

Mais comme dans toute innovation médicale, aussi enthousiasmante soit-elle, des effets indésirables sont à craindre, tout du moins à surveiller. C’est l’expertise développée par l’équipe Inserm du Pr François Moreau-Gaudry et du Dr Aurélie Bedel (U1312 Biothérapies des maladies génétiques et cancers), à l’université de Bordeaux. « Très vite, on a observé que CRISPR était moins précis qu’espéré : on appelle cela l’effet “off target” (hors cible), c’est-à-dire que le ciseau se trompe parfois de cible ou provoque des remaniements du chromosome », explique le Pr Moreau-Gaudry. « Cela nous inquiète, car ce sont des événements moléculaires que l’on retrouve dans le cancer », note Aurélie Bedel. Ce qui n’implique pas de suspendre les essais en cours, nuance-t-elle. Les essais cliniques visent, précisément, à mesurer l’innocuité d’un traitement. « À ce stade, on manque de recul pour savoir si ce que l’on observe en laboratoire aura des conséquences regrettables chez les patients. Toutefois, la deuxième génération d’outils, comme l’édition de base, plus précise, paraît préférable quand elle est adaptée. » Une chose est sûre : l’histoire de CRISPR est loin d’être écrite. « Dans la thérapie génique, les premiers résultats sont extraordinaires, s’enthousiasme Aurélie Bedel. Et, chaque mois, une nouvelle avancée sort. » ■

Des modifications animales et végétales réservées à la recherche en Europe

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point une souris génétiquement modifiée d’un an à seulement quatre semaines », écrit Jennifer Doudna. CRISPR est aussi utilisé pour modéliser des cellules humaines malades qu’il est impossible de prélever chez les patients (dans le cerveau par exemple).

« LES ALIMENTS édités grâce à CRISPR commencent déjà à arriver sur le marché », constate Jennifer Doudna, Prix Nobel de chimie, dans son article dans Science retraçant les dix premières années de la technologie d’édition du génome qu’elle a codéveloppée. Elle a en tête une variété de tomates dont les qualités nutritionnelles ont été améliorées, ainsi que deux espèces de poissons : une daurade produisant plus de chair, et un poisson-globe à la croissance accélérée, tous trois autorisés à la vente au Japon. « De leur côté, les États-Unis imaginent des applications à l’élevage, comme des vaches dépourvues de cornes, pour éviter qu’elles ne se blessent, ou des porcs avec une musculature plus développée », explique Éric Pailhoux, directeur de recherche à l’Inrae. L’avenir devrait aussi voir s’améliorer la technique de l’édition multiplex, qui permet d’intervenir sur plusieurs sites du génome à la fois, notamment chez les plantes, souligne Jennifer Doudna. Avec, en ligne de mire, une amélioration des cultures rendues résistantes aux herbicides, ou au rendement amélioré. En Europe toutefois, l’édition génomique des espèces animales et végétales est réservée à la recherche. La production à des fins de commercialisation ne peut être envisagée, car le fruit de ces interventions est considéré comme un organisme génétiquement modifié.

CRISPR-Cas9 a permis d’améliorer les qualités de tomates, de daurades et de poissonsglobes, tous autorisés à la vente au Japon. Anna Chekharin/stock.adobe.com Or une seule variété d’OGM est à ce jour autorisée à la culture sur le sol européen (le maïs MON810).

Laboratoire confiné Jean-Luc Gallois, directeur de recherche à l’Inrae à la station d’Avignon de génétique et d’amélioration des fruits et légumes, se penche ainsi sur la modification sur des tomates d’un gène apparu naturellement chez le piment, protecteur contre certains virus. Il dispose pour cela d’un agrément et travaille dans un laboratoire confiné. Toutefois, les mutations induites via CRISPR dans les végétaux « ne sont pas distinguables de celles qui

surviennent naturellement quand on laisse faire la nature », souligne-t-il. Les ciseaux génétiques ont aussi permis aux agronomes de faire d’importants progrès en science fondamentale. « Les outils dont on disposait auparavant ne fonctionnaient que sur la souris, explique Éric Pailhoux. Avec mon équipe, grâce à CRISPR-Cas9, nous avons ainsi mis en évidence des gènes intervenant dans la différenciation du sexe et des gonades chez de petits mammifères comme le lapin, ce qui permettra de faire avancer la recherche clinique chez l’homme sur les inversions de sexe ou certains troubles de la fertilité. Chez la souris, rien de semblable n’apparaissait. » ■

vendredi 20 Janvier 2023

le figaro

LE CARNET DU JOUR Les annonces sont reçues avec justification d’identité

Courriel : [email protected] sur notre site : carnetdujour.lefigaro.fr Téléphone :

01 56 52 27 27

Le Carnet du Jour vous accueille du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches de 9h à 13h. Vos annonces doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain, avant 13 h les dimanches.

Retrouvez nos annonces sur : carnetdujour.lefigaro.fr www.dansnoscoeurs.fr Tél Abonnements :

01 70 37 31 70 communications Autour du Piano présente la 21e saison des concerts « Jacquemart-André en musique... dans l'intimité des Salons ». Une soirée d'exception, visite et concert. Le vendredi 10 février 2023, à 19 heures,

Jean-François Zygel

piano, « Le Fabuleux Fablier » de Jean-François Zygel.

Le samedi 11 février 2023, à 19 heures,

Jacqueline Bourgès-Maunoury piano,

conférences La paroisse Saint Thomas d'Aquin dans le cadre de ses Rencontres vous invite le mardi 24 janvier 2023, à 19 h 30, à une conférence sur

Les enjeux économiques de notre temps à la lumière de la pensée de saint Thomas d'Aquin par le RP Pierre Januard, o.p.,

Le dimanche 12 février 2023, à 19 heures,

Jean-Nicolas Diatkine

piano, Frédéric Chopin.

Réservations : 01 43 71 60 71, www.autourdupiano.com

Le Collège des Bernardins organise un colloque, suivi d'un concert, le jeudi 9 février 2023, à 19 heures,

En finir avec la fin de vie Une rupture anthropologique ? Participation à prévoir. 20, rue de Poissy, Paris (5e), téléphone : 01 53 10 74 44. www.collegedesbernardins.fr

deuils M. Alain Bernard, son père, Christine (†) et Peter Knapp, sa mère et son beau-père, Ninon Bernard, sa fille, et sa maman Marta Csillik, Charlotte Sarkozy, Emma Bernard, ses sœurs, Julien et Margot Sarkozy, son neveu et sa nièce, ainsi que tous ses oncles, tantes, cousins et cousines ont la grande tristesse d'annoncer le décès de

Mathieu BERNARD le 14 janvier 2023, à Klosters (Suisse). La cérémonie aura lieu dans l'intimité en Suisse. « Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. » Victor Hugo.

Le docteur Henri de Brettes, Pour les premières

Rencontres des Ternes 2023 la soirée aura pour thème,

Consoler, être consolé avec

Anne-Dauphine JULLIAND « Deux petits pas sur le sable mouillé », « Une journée particulière », « Et les mistrals gagnants », « Consolation », le mercredi 25 janvier, à 20 h 30, église Saint-Ferdinand-des-Ternes, 23, rue d'Armaillé, Paris (17).

Pauline et Eugenio Preve, Olivier et Tilli Perdriel, Louis Perdriel, Tessa et Isé Rouart, ses petits-enfants, Matilde, Alice, Alexandre, Théo, Bianca, Côme et Charles, ses arrière-petits-enfants, Eliane et Robert Colquhoun et leurs enfants, Marc et Catherine Bezançon et leurs enfants et toute sa famille ont l'immense tristesse de vous annoncer le décès de

Michel BEZANÇON

On nous prie d'annoncer le décès de

M. Bertrand BRUHL le 15 janvier 2023, à Paris. La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 24 janvier, à 10 h 30, en l'église Saint-Eustache, à Paris (1er).

Nicole Dano-Bayle, son épouse, Josselin, Erwan et Brieg Dano, ses enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Guy DANO le 13 janvier 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Hilaire, à Saint-Maur-des-Fossés, le samedi 21 janvier 2023, à 11 h 30.

Paris. Gabrielle Delaurent, son épouse, ses enfants et petits-enfants ont la tristesse de faire part du décès de

Charles DELAURENT survenu le 11 janvier 2023. Un hommage lui a été rendu le 14 janvier, à Montcuq (Lot).

Véronique et Hubert (†) Chalmeton, Manoëlle et Jean-Louis Martin, ses filles et gendres, Justine, Diane, Cécile, Thibault, Alexandre, ses petits-enfants, Annick et Christian Coël, Jean-Luc et Laurence Wuhrlin, Catherine (†) et Erick Maillet, Odile et Christian (†) Gaudin, ses beaux-enfants et leurs conjoints, ses petits-enfants de cœur, ses arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès du

docteur Michel DELIGNY

chevalier de l'ordre national du Mérite, survenu à Chantilly, le dimanche 15 janvier 2023, dans sa 93e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 24 janvier, à 15 heures, en l'église de Gouvieux, suivie de l'inhumation au cimetière Chauffour de Gouvieux.

Demandez-le par courriel :

2023-01-20T09:36:03+01:00

2023-01-20T04:00:04c:Figaro;u:adaboville;

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[email protected]

Ses obsèques ont eu lieu dans l'intimité familiale le 18 janvier, au cimetière du Montparnasse, Paris (14e), où elle repose désormais au côté de son mari,

M. Jacques-René Fellous (1926-2003).

cardiologue,

ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Prévoir, organiser, accompagner

à Paris, le 15 janvier 2023, à l'âge de quatre-vingt-treize ans.

docteur René GABBAI

Mme Françoise Deligny, son épouse,

CARNET DES OBSEQUES

née Fanjas,

ont la douleur de vous faire part du décès du

Julie, Vincent, Luna et Fosca, ses petits-enfants,

La messe d'action de grâce sera célébrée le lundi 23 janvier, à 10 h 30, en l'église Saint-Pierre-de-Montrouge, à Paris (14e).

Mme Denise FELLOUS

97, rue du Bac, 75007 Paris.

L'inhumation aura lieu dans l'intimité familiale.

Gouvieux, Chantilly (Oise).

le 16 janvier 2023.

ont l'immense tristesse de faire part du décès de

Cet avis tient lieu de faire-part.

survenu le 14 janvier 2023.

Benoît et Alexis, Florence et Yves, Xavier et Camilla, ses enfants et leurs conjoints,

Marie-Luce de BRETTES

Ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants, ses sœurs et toute la famille

Liliane Gabbai, son épouse, Nathalie, sa fille, et son époux le docteur Germain Jelin, Solal, Aaron, Isaac, ses petits-fils chéris, Nadine, sa sœur, sa famille, ses alliés, la famille Jelin, tous ses amis, confrères et ceux qui l'aimaient

architecte DPLG, chevalier de la Légion d'honneur,

3, place Saint-Thomas-d'Aquin, Paris (7e).

Alain Carré

comédien, Œuvres autour de « La Fée Verte », Chopin, Schumann, Liszt...

Isabelle, Sylvie et Anne Bezançon, ses filles,

15

La famille tient tout particulièrement à remercier les équipes médicales de l'Institut Gustave Roussy, le service oncologie du GHPSO, (Groupe hospitalier public du sud de l'Oise) et la Fondation Condé, pour leur accompagnement et leur bienveillance. Cet avis tient lieu de faire-part.

survenu le 24 décembre 2022.

Mireille HELFFER

née de Nervo, directeur de recherche au CNRS,

Bertrand, Virginie, Laurent (†) et Marc Lebret, ses enfants, Bénédicte Lebret, sa belle-fille, Thibaud et Antoine, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Mme Madeleine LEBRET née Cornu,

survenu le 13 janvier 2023, à l'âge de 94 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Notre-Dame-d'Espérance, 47, rue de la Roquette, à Paris (11e), le lundi 23 janvier, à 10 h 30.

Claude Lengelé, son épouse, Arnaud, Ronan et Thibaut, ses fils, Alice et Véronique, ses belles-filles, Romy, Robin, Jeanine, Arsène, Gaspar, Selma et Mia, ses petits-enfants,

vous font part du rappel à Dieu de

Bernard LENGELÉ à l'âge de 78 ans.

Tous partagent la douleur de son départ et la joie de l'avoir aimée.

La famille remercie à l'avance toutes les personnes qui s'associeront à sa peine.

ses 10 petits-enfants et ses 19 arrière-petits-enfants. Le colonel (e.r.) Pierre Jacob, Saint-Cyr, promotion Serment de 14, son époux, Cécile et Jean-François Derré, Florence et Guillaume Dedieu, Luc et Élodie Jacob, François et Claire Jacob, en union avec Véronique (†), ses enfants, Inès, Thomas, Victoire, Jean, Félix, Manon, Gaspard, Alice et Léon, ses petits-enfants, vous font part du rappel à Dieu le 17 janvier 2023, de

La messe d'A-Dieu aura lieu le samedi 21 janvier, à 10 heures, en l'église de Saint-Denis-en-Val (Loiret), suivie de l'inhumation au cimetière de Saint-Jean-le-Blanc. Caluire-et-Cuire (Rhône).

ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ont la profonde tristesse de vous faire part du décès du

comte Alain du LUART à l'âge de 89 ans. La cérémonie religieuse aura lieu le mercredi 25 janvier 2023, à 10 h 30, en l'église Saint-François-de-Sales, 6, rue Brémontier, Paris (17e). L'inhumation se fera au cimetière de Flogny-la-Chapelle (Yonne), dans l'intimité familiale.

Le comte et la comtesse Hubert de Marcellus, le comte et la comtesse Olivier de Marcellus, le lieutenant-colonel et Mme Sébastien Jozan, le comte et la comtesse Philippe de Marcellus, sœur Anne-Laure de Marcellus, ses enfants, ses 17 petits-enfants et ses 2 arrière-petits-enfants

et toute sa famille

La messe d'A-Dieu sera célébrée le samedi 21 janvier, à 10 h 30, en l'abbatiale Notre-Dameen-Saint-Melaine de Rennes.

Nicole JARROSSON à l'âge de 97 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 23 janvier 2023, à 10 heures, en l'église Sainte-Bernadette de Caluire-et-Cuire. Laurence Laufer, sa fille, Alexis et Clémentine Menantaud, ses petits-enfants, ont la tristesse de vous faire part du décès de

Monique LAUFER née Colka,

survenu le 18 janvier 2023, à l'âge de 83 ans. Une cérémonie réunira la famille et les amis le lundi 23 janvier 2023, à 11 heures, au cimetière parisien de Bagneux, 45, avenue Marx-Dormoy, où l'on se retrouvera à l'entrée principale.

Geneviève METEYER née Roulland,

La messe sera célébrée ce vendredi 20 janvier 2023, à 15 heures, en la chapelle de la maison de santé des Sœurs Augustines, à Paris (13e). L'inhumation aura lieu au cimetière de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), dans l'intimité familiale.

vous font part du rappel à Dieu du

comte Jean de MARCELLUS

Christian et Françoise de Montbel, Pascal et Sylviane Breton, Olivier et Elyane de Montbel, Jean-Louis et Violaine Lamain, Etienne et Caroline (†) de Beaurepaire, Didier et Sophie Chalufour, ses frères, sœurs, beaux-frères et belles-sœurs, ses neveux et nièces ont la profonde douleur de vous faire part du rappel à Dieu de ancien maire de Clémont (Cher), ancien conseiller général du département du Cher, le samedi 14 janvier 2023, à l'âge de 72 ans. La cérémonie religieuse sera celébrée en l'église Saint-Étienne de Clémont, le samedi 21 janvier 2023, à 10 heures.

Mme Jacqueline Petit, née Schilder, son épouse, Julien et Stéphanie Petit, Benoit et Julie Petit, ses fils et leurs conjointes, Timothée, Gustave, Edgar, Margot et Victoria, ses petits-enfants, les familles Schilder, Fichter, Salvi, Legat, parents et amis ont la tristesse de faire part du décès de fondateur et président du groupe Inter Invest, survenu à Paris, le 17 janvier 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Philippe-du-Roule, Paris (8e), le vendredi 27 janvier, à 14 heures. Ni fleurs ni couronnes. Vous pouvez faire un don sur la page https://www.leetchi.com/c/ a-la-memoire-de-daniel-petit prévue à cet effet. Vos donations permettront de supporter la recherche sur le cancer et la paroisse Saint-Philippe-du-Roule.

le 15 janvier 2023, dans sa 84e année.

L'absoute aura lieu à 15 h 30, en l'église de Porcaro (Morbihan), suivie de l'inhumation au cimetière de Porcaro.

Vichy (Allier). On nous prie d'annoncer le décès de

M. Félix MENONI

sous-préfet honoraire, chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'ordre national du Mérite, survenu le 14 janvier 2023, dans sa 96e année, entouré de l'affection des siens. La cérémonie religieuse aura lieu en l'église Saint-Jean-Baptiste de Lullin (Haute-Savoie).

Limoges (Haute-Vienne). Zurich (Suisse). France Stauffer, née Dasse, son épouse, Didier et Sylviane Stauffer, Emeric, Anne et Clara, Pascale Deloménie, Typhaine et Amandine, Loïc Stauffer ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Jean Pierre STAUFFER le 16 janvier 2023, dans sa 94e année, à son domicile. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 21 janvier 2023, à 14 h 30, en l'église Saint-Michel-des-Lions, à Limoges. Ni fleurs, ni couronnes, ni plaques, des prières et des messes.

condoléances Luc Rémont, président-directeur général, le conseil d'administration, le comité exécutif et les salariés de

EDF Mme Thierry de Montbel, son épouse,

Daniel PETIT

Françoise Marie Blanche, sœur du Prado, Jacqueline Vibert, Cécile Crétinon, Marie-Christine et Claude Prylli, en union avec Bernadette Nové-Josserand (†) et Joseph (†), religieux cistercien, ses sœurs, son frère et son beau-frère,

vous font part du décès de

ont la très grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Thierry de MONTBEL

Le comte et la comtesse Patrice du Luart, le comte et la comtesse Antoine du Luart, le comte et la comtesse François du Luart, ses enfants,

Clotilde JACOB

née de Loynes de Fumichon.

Sixtine, Constance, Auguste, Juliette, Anastasia, Amicie, ses arrière-petits-enfants,

ainsi que toute sa famille

est entrée dans la paix et l'amour de Dieu le 17 janvier 2023, à l'âge de 95 ans.

De la part de ses enfants, Laure-Hélène et Jacques Noël, Bernard et Lise Helffer, Brigitte et Xavier Auvillain, Dominique Helffer,

Mathieu (†), Marie-Astrid et Pierre-Antoine, Adélaïde et Olivier, Alban et Alexandra, Virginie, Perrine et Flavien, Grégoire, Sébastien, Axel et Anne-Elise, Benjamin, ses petits-enfants,

le 15 janvier 2023, à l'âge de 94 ans. Fondettes, Saint-Roch (Indre-et-Loire).

La messe sera célébrée le mardi 24 janvier 2023, à 10 h 30, en l'église de Fondettes, suivie de l'inhumation au cimetière du Cœur de ville de Fondettes.

La célébration religieuse aura lieu le Iundi 23 janvier, à 14 h 30, en la chapelle Sainte-Bernadette, 4, rue d'Auteuil, à Paris (16e).

Nency Meteyer, Guillaume et Isabelle Meteyer, Philippe Meteyer, ses enfants,

Pierre Salmon-Legagneur, Antoinette Salmon-Legagneur, Patrick et Sylvie Salmon-Legagneur, Gérard Salmon-Legagneur et Catherine, Dominique et Géry Dambricourt, ses frères et sœurs et leurs conjoints, Isabelle, Bénédicte, Alain, Laurence, Olivier, Caroline, Claire, Thierry, Sébastien, Marc, Laurent, Pierre, Matthieu et Sabine, ses neveux et nièces, et leurs conjoints, leurs enfants et petits-enfants font part du décès de

Claude SALMON-LEGAGNEUR le 15 janvier 2023, âgée de 90 ans. Une cérémonie aura lieu le lundi 23 janvier, à 10 h 30, en l'église Saint-François-de-Sales, 6, rue Brémontier, à Paris (17e). L'inhumation se fera au cimetière de Presles-Courcelles. Plutôt que des fleurs, vous pouvez faire un don à Artisans du Monde.

ont appris avec tristesse le décès de

François ROUSSELY à l'âge de soixante-dix-huit ans. Il fut un grand serviteur de l'État, exerçant de nombreuses responsabilités au sein de différents ministères et administrations. François Roussely a marqué de son empreinte le groupe EDF, dont il a été nommé président-directeur général en 1998. A sa famille, à ses proches, la direction du groupe EDF exprime ses condoléances attristées, tout en rappelant son admiration pour son parcours et son esprit visionnaire.

remerciements La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X

fera célébrer une messe à l'intention des bienfaiteurs qui ont consenti un don, une donation ou un legs à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, le mercredi 25 janvier 2023, à 18 h 30, en l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, 23, rue des Bernardins, à Paris (5e). Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, 11, rue Cluseret, 92280 Suresnes Cedex, téléphone : 01 45 06 10 68. M. Jean-Pierre Bichat, son cousin, M. Philippe Serré, son petit-cousin, les familles Gérard et Mailliard, très touchés des marques d'affection, d'amitié et de sympathie qui leur ont été témoignées lors des obsèques de

Mme Denise BOUCHET vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements.

messes Une messe sera célébrée en l'église Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), 90, avenue du Roule, le lundi 23 janvier 2023, à 10 h 30, à l'intention de

Liliane CHAUVELIN

née de Wangen de Géroldseck aux Vosges, décédée le 19 décembre 2022. La messe sera suivie d'une réception intime sur place.

messes et anniversaires Pour le trentième anniversaire du rappel à Dieu de la

comtesse de BRANTES née princesse Aymone de Faucigny-Lucinge,

une messe sera célébrée ce vendredi 20 janvier 2023, à 18 h 15, en l'église Notre-Dame-des-Champs, 91, boulevard du Montparnasse, Paris (6e). A l'occasion du dixième anniversaire du rappel à Dieu de

Charles JOLIBOIS La messe sera célébrée à son intention le dimanche 22 janvier 2023, à 11 h 15, en l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, Paris (7e).

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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champs libres Reportage

Les scientifiques procèdent au premier forage, en août 2016, sur le glacier du col du Dôme, dans le massif du Mont-Blanc.

Sandy Plas

£@lSandyPlas

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Demain

A

C’

est un programme scientifique comme il en existe peu, tant ses enjeux et ses horizons sont vertigineux. Initié en 2015 par une équipe de glaciologues grenoblois, le projet Ice ­Memory ambitionne de sauvegarder, pour les siècles à venir, des archives de glace prélevées sur des glaciers du monde entier en les stockant dans un sanctuaire en Antarctique. Objectif : conserver pour les générations futures ce patrimoine et les informations qu’il contient, avant qu’il ne disparaisse, emporté par la fonte des glaciers liée au réchauffement climatique. Un défi scientifique qui soulève nombre de questions de logistique et de gouvernance pour faire de ces archives un bien universel, qui traverserait les siècles. Soutenu par l’Unesco, Ice Memory mobilise des scientifiques du monde entier. Ce projet un peu fou est né dans la tête du glaciologue Jérôme Chappellaz, à la fin des années 2000. Le scientifique mène alors ses recherches au sein du laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement de Grenoble, devenu Institut des géosciences de l’environnement (IGE) : « Des glaciologues sudaméricains avaient commencé à alerter l’Unesco, à cette époque, sur la disparition de certains glaciers et la perte de ce patrimoine, se souvient-il. C’est à cette période que nous avons réalisé qu’il y avait un problème. » Les glaciologues constatent alors que l’eau générée par la fonte, liée elle-même à la hausse des températures, et qui pénètre dans la neige, la rend « impropre » pour de futures expérimentations scientifiques. « L’eau de fonte a pour effet d’effacer la bande enregistreuse qu’est la neige puis la glace », précise Jérôme Chappellaz, qui commence, en 2013, à imaginer le projet Ice Memory, avec son collègue Patrick Ginot, ingénieur de recherche à l’IRD (Institut de recherche sur le développement), glaciologue et géochimiste à l’IGE, et son confrère italien Carlo Barbante. Pour expliquer l’idée qui sous-tend le programme, il utilise l’image d’un livre qui ne serait imprimé qu’en un seul exemplaire et qui serait détruit petit à petit par de l’eau : « Notre rôle, c’est de protéger ce livre, dont nous n’avons lu pour le moment que la préface, et de faire en sorte qu’on puisse lire les autres pages dans le futur. » Témoins de l’histoire du climat et de son évolution, les carottes de glace commencent tout juste à livrer leurs secrets. Dans les années 1980, leur analyse, par les scientifiques Claude Lorius et Jean Jouzel, avait permis de faire le lien entre hausse des températures et concentration de CO2 dans l’atmosphère et de mettre en évidence le rôle des activités humaines dans le réchauffement de la planète. Les glaciologues en sont désormais certains : leur analyse, dans le futur, grâce à de nouveaux outils, permettra d’ouvrir de nombreuses portes, dans les domaines du climat et de nos connaissances sur le vivant. « Nous n’en sommes qu’aux balbutiements, poursuit l’ancien directeur de l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (Ipev), aujourd’hui professeur à l’École polytechnique fédé-

Lancé en 2015 par une équipe de scientifiques grenoblois, le programme Ice Memory collecte aux quatre coins du monde des carottes glaciaires, « bandes enregistreuses » de l’histoire du climat. Le sort de ces cylindres de 100 mètres de long, qui seront stockés dans une gigantesque « bibliothèque » en Antarctique dès 2024 ou 2025, soulève de nombreuses questions de logistique et de gouvernance.

rale de Lausanne. Nous sommes aujourd’hui quasiment certains que la bactérie responsable de la peste noire au Moyen Âge est présente dans les carottes prélevées au col du Dôme, dans le massif du Mont-Blanc. Il reste à savoir comment l’isoler et comprendre comment elle a évolué pour devenir si agressive. » Pour préserver ce patrimoine, menacé par le réchauffement climatique, il y a urgence. Depuis le lancement d’Ice Memory en 2015, les expéditions se succèdent, menées par une équipe scientifique inter­nationale dont l’objectif est de forer une vingtaine de glaciers, représentatifs de l’ensemble de la planète. Le premier forage a eu lieu en 2016 au col du Dôme, suivi, en 2017, par un second sur le glacier de l’Illimani, dans les Andes, puis au mont Elbrouz, dans le Caucase russe, en 2018. En tout, six opérations se sont succédé, suivant un protocole similaire. « L’objectif est de prélever au moins deux carottes : une carotte “patrimoine”, qui sera stockée en Antarctique et une carotte de référence, sur laquelle seront menées des expérimentations aujourd’hui », explique Patrick Ginot. Avec les équipes de l’IGE de Grenoble, il a ainsi commencé l’étude, il y a quelques mois, des carottes prélevées au col du Dôme, au sein de la plateforme Panda (Plateau analytique dédié aux archives glaciaires), un outil de pointe, parmi les plus avancés au monde, pour l’étude des carottes glaciaires.

Un territoire dédié à la paix

Stockées en partie à Grenoble, les carottes issues des forages Ice Memory devraient rejoindre en 2024 ou 2025 leur sanctuaire en Antarctique. Le secteur retenu est situé à une centaine de mètres de la station franco-italienne Concordia, installée au cœur du continent blanc, à plus de 1 000 kilomètres des côtes. Sa construction devrait débuter dans les prochains mois. À terme, il devrait accueillir plusieurs dizaines de carottes de glace. D’une centaine de mètres de long en moyenne, pour 10 centimètres de diamètre et découpées en tronçons de 1 mètre, elles seront conservées ainsi pour les siècles à venir. « Nous devions fournir un niveau maximum de sécurité, si, hélas, une guerre ou une crise économique induisaient des arrêts de fonctionnement de chambres froides industrielles, explique Jérôme Chappellaz. Le froid naturel du haut plateau de l’Antarctique, avec une température moyenne pouvant atteindre - 54 °C, permet de garantir la préservation des échantillons pour des siècles, voire des millénaires . » Le sanctuaire constituera alors, pour les carottes de glace, la fin d’un très long voyage. Descendues à flanc de montagne sur le dos des porteurs après leur forage, acheminées dans un premier lieu de stockage, elles seront embarquées dans les cales d’un cargo, au départ du port du Havre, pour rejoindre la Tasmanie. L’Astrolabe, le navire polaire de l’Ipev, les conduira ensuite jusqu’à la base scientifique française Dumont-d’Urville, en Antarctique. Elles rejoindront

Nous voulons que ces carottes constituent des biens communs de l’humanité

»

Anne-Catherine Ohlmann, directrice de la Fondation Ice Memory et de la Fondation université Grenoble-Alpes Université Grenoble-Alpes

Stockage temporaire des carottes, prélevées en juin 2017 sur le glacier d’Illimani, dans les Andes. leur destination finale par convoi terrestre, chargées sur des traîneaux et des véhicules à chenilles. Mais si l’urgence est aux opérations de forage, un autre enjeu majeur entoure Ice Memory : celui de la gouvernance à très long terme du projet. Depuis janvier 2021, le programme est piloté par la Fondation Ice Memory, présidée par Jérôme Chappellaz, qui rassemble des représentants des sept institutions qui portent l’initiative : l’université Grenoble-Alpes, le CNRS, l’IRD et l’Ipev pour la France et, côté italien et suisse, l’université Ca’ Foscari de Venise, le Conseil national de la recherche italien et l’Institut Paul Scherrer. Des comités stratégiques et scientifiques associent également des chercheurs américains, chinois et russes au projet. Qu’en sera-t-il demain ? « Tout l’enjeu est de monter une gouvernance qui garantisse que ces échantillons de glace soient accessibles pour toutes les équipes scientifiques du monde, sur des critères scientifiques et non sur des critères géopolitiques, explique Anne-Catherine Ohlmann, directrice de la Fondation Ice Memory et de la Fondation Université Grenoble-Alpes, qui a participé à structurer le projet dès ses origines. Nous voulons que ces carottes constituent des biens communs de l’humanité. » Une notion aux contours juridiques flous, sur laquelle les équipes de la Fondation Ice Memory travaillent activement, tout comme sur la question de l’implication des États, à l’avenir, dans la conservation et le fonctionnement du sanctuaire. Alors que le traité sur l’Antarctique de 1959, qui fait de ce continent un territoire dédié à la paix et à la science, ne rassemble que 55 nations, un nouveau traité, dédié à Ice Memory, pourrait rassembler davantage de pays. Une façon, aussi, de garantir le financement du programme, qui a pour le moment levé 2,5 millions d’euros auprès de mécènes, dont la Fondation du prince Albert II de Monaco, président d’honneur de la fondation, très impliqué dans le projet depuis son lancement. Le tout dans un contexte où la recherche polaire française peine à trouver des financements pour consolider son rang historique dans ce domaine désormais très convoité. « On voit des nations investir massivement en Antarctique, comme la Chine, qui a débuté la construction de sa cinquième station, ou bien l’Australie, qui a investi 500 millions d’euros pour la rénovation de ses stations. Pendant ce temps, le projet de modernisation de Concordia avec l’Italie, que nous avons proposé à l’État et qui se chiffre à 15 millions d’euros sur dix ans pour la France, n’a toujours pas été validé », regrette Jérôme Chappellaz, qui craint de voir Ice Memory, une initiative valorisante pour la France, reprise par une autre nation en Antarctique, en cas de désengagement de notre pays. En attendant de résoudre ces questions, les équipes se tournent déjà vers leur prochaine expédition de carottage, qui se déroulera au printemps 2023, au Svalbard, sur l’un des glaciers les plus septentrionaux de la planète. Avant de poursuivre leur mission, dans les prochaines années, sur des glaciers dont la disparition s’accélère, en Himalaya et au Tadjikistan. ■

Sarah Del Ben/ Aster Production / Fondation Ice Memory

En Antarctique, un sanctuaire pour préserver la mémoire des glaciers

vendredi 20 janvier 2023

champs libres le figaro

Débats autour du monde

JEFFREY GEDMIN

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fabien clairefond

Pour le directeur du site d’information American Purpose et ancien président de Radio Free Europe, l’Allemagne est en pleine mutation stratégique, même si des résistances sont palpables, notamment dans les milieux économiques, où certains rêvent d’un retour au statu quo ante avec Moscou.

L’affaire des chars Leopard révèle que Berlin regarde vers Washington, pas vers Paris Laure Mandeville £@lauremandeville

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e couple franco-allemand fonctionne-t-il encore dans le domaine stratégique ? Alors que nous nous apprêtons à fêter, dimanche, le soixantième anniversaire du traité de l’Élysée, entre la France et l’Allemagne, la question mérite d’être posée à la lumière de la guerre russo-ukrainienne et du débat en cours sur les livraisons d’armes lourdes à l’Ukraine. Il est fascinant à cet égard d’observer les positionnements et tâtonnements des différents partenaires occidentaux, à l’approche de la rencontre cruciale de Ramstein entre alliés de l’Otan, prévue ce vendredi. L’Europe de la fermeté

– Pologne et Grande-Bretagne en tête s’est clairement positionnée à l’avantgarde pour entraîner les autres. Ainsi les Britanniques, qui ont peu de matériel opérationnel, n’en ont-ils pas moins annoncé les premiers qu’ils enverraient 14 chars Challenger à Kiev. Très impliquée en Ukraine, la Pologne, qui dispose dans ses stocks de chars allemands Leopard, attend avec une impatience mal contenue un feu vert de Berlin pour organiser elle aussi le transfert de 14 blindés. Le premier ministre Mateusz Morawiecki a fait monter la pression ce jeudi en déclarant que son pays serait prêt à passer outre l’autorisation allemande. « Soit nous obtenons un accord rapidement, soit nous ferons ce qui est juste… Le consentement est un sujet secondaire », a-t-il lâché, visiblement excédé. La Finlande, située sur la ligne de front, dit elle aussi attendre avec impatience la décision de Berlin pour envoyer « un nombre limité » de chars

lourds. Il est à noter que les États-Unis, l’Allemagne et la France n’ont toujours pas tranché en faveur d’un envoi de chars lourds à l’Ukraine. « Biden, Scholz et Macron semblent unis dans leur crainte de l’escalade », note l’ambassadeur Michel Duclos, qui suit les affaires diplomatiques à l’Institut Montaigne. Les Américains doivent annoncer de nouvelles livraisons d’armes, mais ne prennent pas de décision sur les Abrams, invoquant non pas des craintes d’escalade, mais des problèmes logistiques de transfert. Les Allemands affirment, quant à eux, qu’ils ne prendront pas de décision sur les Leopard sans une décision conjointe des Américains. Cette dépendance à l’oncle d’Amérique est frappante, au moment où l’Allemagne annonce sa « révolution stratégique » destinée à acter « le fameux changement d’époque ». L’hésitation d’Olaf Scholz à franchir le pas semble indiquer que les Allemands ont beau vouloir sortir

de la naïveté d’une politique étrangère fondée exclusivement sur le commerce, ils ne sont pas prêts à se poser en leader stratégique. « L’incitation qu’a voulu donner Paris en annonçant l’envoi de chars légers AMX n’a pas pesé ; Washington compte plus que Paris », remarque Michel Duclos, qui n’exclut toutefois pas que les deux pays profitent de leur sommet bilatéral pour annoncer une décision commune et faire mentir les sceptiques. À plus long terme, il invite les Français à méditer le fait que l’affaire des Leopard ne montre pas seulement la lenteur de la métamorphose de Berlin. « Elle montre que l’Allemagne a des moyens stratégiques réels, contrairement à nous. » « Si cette capacité stratégique augmente, cela changera les équilibres en Europe », avertit-il, soulignant qu’« une page est déjà tournée » et que « la France n’est déjà plus pour Berlin qu’un partenaire parmi d’autres ».

« Les Allemands vivent un changement réel de paradigme » LE FIGARO. - Le feu et le fer que Poutine a déchaînés contre l’Ukraine ont stupéfié tout l’Occident. Mais que représente l’agression russe pour l’Allemagne, qui avait tant misé sur la Russie ? Jeffrey GEDMIN. - Je pense que les Allemands - les élites comme le pays plus large - ont été sincèrement choqués. Par la violation éhontée du droit international. Mais aussi par les atrocités, qui ont stupéfié l’opinion. Car il n’y a pas eu juste des actes de violence solitaires liés à la guerre, mais un ciblage systématique des civils. C’est cela que les Allemands ont trouvé profondément dérangeant. La destruction des écoles, des hôpitaux et des maternités. Souvenez-vous que Berlin avait pensé pendant longtemps que Vladimir Poutine était un partenaire de la sécurité européenne. Cela donne à réfléchir en Allemagne. Est-ce pour autant un vrai mea culpa ? Ce serait beaucoup demander. Je dirais plutôt que Berlin est lancé dans une course destinée à accommoder une dure réalité. Nous sommes au début d’une réévaluation. C’est un processus, pas un événement. Dans un récent article, vous affirmez qu’une révolution stratégique a vraiment commencé en Allemagne. Certains observateurs ne sont pas si convaincus et notent que les Allemands sont toujours en état de désarroi stratégique, peinant à comprendre ce qui se passe. Le gouvernement allemand de Scholz a-t-il compris pleinement la nature du danger russe ? La situation actuelle comporte d’énormes défis, mais aussi des opportunités. Il faut voir « le changement d’ère », le « Zeitenwende » dont a parlé Olaf

Scholz comme un changement de paradigme. D’autres basculements d’orientation exigent du temps pour être intériorisés et rendus opérationnels. Ne soyons pas naïfs. Il y a toujours un lobby russe en ­Allemagne. Les instincts visant à accommoder et apaiser Moscou sont toujours là. Mais il faut comparer ce que l’on voit à la situation d’il y a un an. Quand la guerre a commencé, l’Allemagne était mariée aux vieux slogans du type : « Nous ne transférons pas d’armes dans les zones de conflit ». À l’époque, elle avait promis, de manière embarrassante, 5 000 casques à l’Ukraine, et c’était tout ! Depuis, les Allemands ont fourni 28 000 casques, ­ 100 000 grenades, des munitions, des missiles Iris-T, des lance-missiles, des obusiers, des charges explosives, des mines antichars, des canons antiaériens, des missiles antibunkers, des véhicules blindés, des véhicules blindés de dépannage, des transporteurs de troupes et des drones de reconnaissance. Ils promettent des véhicules de combat d’infanterie Marder et pourraient même annoncer la livraison de chars Leopard. Ce n’est pas assez. Mais en onze mois, quel chemin ! Il faut juger les choses au-delà des livraisons ellesmêmes ; les attitudes sur la défense et la dissuasion changent. Un politicien du SPD m’a dit : « S’il n’y avait pas l’Otan, Poutine serait en Pologne. » Je dirais que le verre est plus qu’à moitié plein. Vous évoquez des divisions persistantes sur la Russie. Surtout dans l’industrie ? C’est toute la difficulté. Les transformations prennent du temps. Sans vouloir offenser mes amis allemands, les cultures stratégiques sont bien plus profondes en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. N’oublions pas que l’Allemagne a été divisée pendant la guerre froide et manquait de souveraineté. L’Allemagne de l’Est était un satellite de l’URSS. L’Allemagne de l’Ouest était un « partenaire junior » en Occident, avec une marge de manœuvre limitée pour la défense et la politique étrangère. Contrairement à la France, elle ne possédait pas d’armes nucléaires. L’Allemagne réunifiée a continué à se définir essentiellement comme « une puissance civile ». Et voilà qu’arrive ce moment brutal défini par la force militaire, qui change le statu quo et oblige à la réflexion. Alors oui, bien sûr, je le répète, certains pensent encore que l’apaisement résoudra le conflit d’Ukraine. « Donnons des territoires à la Russie et espérons la paix », telle est leur logique. Certains, dans la banque et l’industrie, aimeraient sans aucun doute retourner commercer en Russie. Il incombe aux leaders politiques d’approfondir la discussion stratégique. La société allemande est-elle prête ? La peur d’un retour du militarisme et du nationalisme pèse-t-elle ? La société allemande n’est pas encore tout à fait prête, mais je

ne pense pas qu’elle craigne le militarisme chez elle. Je ne vois pas une situation du type : « Arrêtez-nous avant que nous tuions à nouveau. » Tout cela a disparu. L’Allemagne est une vraie démocratie, stable et fiable. Le problème est de nature différente. Malgré des progrès réels, du soutien allemand aux guerres des Balkans à son engagement en Afghanistan après le 11 Septembre, les muscles stratégiques sont atrophiés. Changer prendra du temps, il faudra du temps pour moderniser la Bundeswehr. Mais il y a une nouvelle urgence, une nouvelle énergie. Je vois des signaux encourageants pour l’augmentation de l’aide à l’Ukraine.

Le blocage sur les chars Leopard vient de ce que Berlin s’en remet à Washington. Tant que les États-Unis hésitent, l’Allemagne hésitera

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Qui bloque la livraison des chars Leopard ? Dans les cercles du Parti social-démocrate tout particulièrement, il y a des craintes d’escalade. Le problème de cette vision, c’est qu’elle doit être mise en ­balance avec les coûts de l’inaction. Si l’Occident refuse à l’Ukraine les armes dont elle a besoin pour repousser les forces russes hors de son territoire, la probabilité d’une guerre qui dure menant à un conflit potentiellement gelé augmente. Dans un tel scénario, des civils innocents continueront de souffrir et nous offrirons une pause tactique au régime poutinien, la chance de se regrouper et de réarmer. Il faut comprendre que le blocage des Leopard vient aussi du fait que les Allemands s’en remettent à Washington. Tant que les États-Unis hésitent, l’Allemagne hésitera aussi. L’Administration Biden pourrait faire plus, en donnant l’exemple. Nous aurions dû livrer nos batteries antimissiles Patriot, nos chars Abrams et nos véhicules de combat Brad­ley, qui sont actuellement en route, il y a des mois. Ce qui manque aussi, dans l’approche de Biden, c’est de définir ce que gagner veut dire. Le président Zelensky a été clair. Toutes les forces d’invasion et d’occupation doivent quitter l’Ukraine. Mais nous, sommes-nous clairs ? Si nous sommes clairs dans nos objectifs, il deviendra beaucoup plus facile d’avoir une conversation sur les ressources.

La propagande poutinienne semble jouer sur la nostalgie de l’ère communiste en Allemagne de l’Est. Est-ce un danger pour la cohésion allemande ? Oui. Poutine a servi en Allemagne de l’Est comme officier du KGB. C’est un manipulateur brillant. Il sait que la cohésion interne peut devenir une vulnérabilité allemande. Comme pour l’Europe dans son ensemble, il veut une Allemagne faible, divisée et dépendante. La vision d’Olaf Scholz révèle un prisme très centre-européen et peu d’intérêt pour le maintien d’un couple franco-allemand essentiel. Selon maints observateurs, ce couple est moribond depuis des années, sauf dans la tête des diplomates français. Qu’en pensez-vous ? Ce noyau requiert beaucoup d’attention. Il est vrai que la guerre et le rôle de la ­Pologne ont donné à certains l’impression que le centre de gravité se déplaçait vers l’est. Mais il ne peut y avoir de choix binaire dans cette affaire. Berlin doit avoir une relation forte et stable avec Paris et Varsovie. La sécurité européenne dépend de cet équilibre et de cet alignement. C’est d’autant plus essentiel dans l’ère post-Brexit. Un camp de la fermeté a émergé en Europe, autour de la Grande-Bretagne, de l’Europe centrale, des Baltes et de la Scandinavie. L’Allemagne ne suscite pas de confiance particulière, à cause de son lien russe, notamment en Pologne. C’est un vieux problème historique. C’est dû aussi à sa taille, même si le cadre de l’UE et de fortes relations transatlantiques aide à réduire les inquiétudes. L’aide qu’apportera l’Allemagne à l’Ukraine pour gagner la guerre jouera aussi. Pour l’instant, l’Ukraine se dit qu’il « faut faire confiance, mais en vérifiant ». Kiev est très reconnaissant de l’aide allemande, mais attend de nouveaux matériels pour gagner en 2023. La victoire changera aussi radicalement la dynamique. Pour les Ukrainiens et pour la sécurité européenne. La révolution stratégique allemande touchera-t-elle sa relation avec la Chine ? C’est le prochain défi, mais il est énorme pour nous tous. Le modèle d’une Chine partie prenante responsable à l’ordre mondial a vécu. Mais le découplage total ne marchera pas non plus. Nous devons trouver un nouvel équilibre, fait de force et de pragmatisme sans naïveté. Dans le cas des Allemands, leurs intérêts commerciaux puissants poussent à s’ac­crocher au statu quo. Cela changera graduellement. Le modèle industriel ­ ­allemand sera réexaminé, l’idée de la politique étrangère se réduisant à une politique commerciale, remise en question. Mais voyons aussi ce qui se passera en Chine. Ce moment est d’une fluidité exceptionnelle. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR L. M.

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ALLEMAGNE

À l’heure où nous célébrons le soixantième anniversaire du traité francoallemand de l’Élysée, difficile de trouver la trace du couple stratégique. L‘Allemagne a des capacités militaires, mais hésite à les utiliser pleinement sans l’aval américain. La France se retrouve orpheline d’un partenariat avec Berlin auquel elle semble être la seule à croire.

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vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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champs libres Débats

entretien Jean-Pierre Le Goff Pour le sociologue et philosophe*, l’importance accordée à la retraite dans le débat public s’inscrit dans un changement de notre relation au travail. Le développement de la société de consommation et des loisirs dans la seconde moitié du XXe siècle a conduit, selon lui, à une dévalorisation du travail dans la hiérarchie des activités sociales au profit du temps libre. Une évolution historique qui s’est accompagnée d’une transformation du monde du travail : les « pratiques managériales modernistes et confuses qui font fi du bon sens » et la « logique fantasmatique de performance » dans certaines entreprises ont contribué à déshumaniser le travail, souligne l’auteur des Illusions du management (La Découverte, 1996). Pour réformer le système des retraites, il faut également se pencher sur ces questions et que les dirigeants parviennent à définir clairement un avenir pour le pays, conclut Jean-Pierre Le Goff.

« La société de consommation et de loisirs a bouleversé le rapport au travail » PROPOS RECUEILLIS PAR

Vincent Trémolet de Villers [email protected]

LE FIGARO. - La réforme des retraites divise, en apparence, la société, tout particulièrement sur la question de l’âge de départ. C’est le motif déclencheur, mais n’est-ce pas aussi l’illustration d’un bouleversement en profondeur dans notre rapport au travail ? Jean-Pierre LE GOFF. - Cette réforme entend répondre à la nécessité incontournable du financement et présente des dimensions sociales qui ne sont pas négligeables, comme la revalorisation des petites retraites et la prise en compte des carrières longues et de la pénibilité. Reste, notamment, la question de l’emploi des seniors, à qui il est paradoxal de demander de travailler plus longtemps alors qu’ils risquent de perdre ou de ne pas retrouver un emploi. Mais ces dimensions, pour importantes qu’elles soient, ne sont pas seules en cause. Les oppositions à cette réforme et les passions qu’elle suscite comportent une dimension culturelle dont on parle peu : elles sont symptomatiques d’une évolution historique marquée par un changement du rapport au travail et l’importance prise par le temps libre et les loisirs dans les sociétés démocratiques modernes. Cette évolution ne date pas d’aujourd’hui. Auparavant, le temps consacré aux loisirs était moindre, et ceux-ci étaient liés à des appartenances collectives, à des catégories sociales et professionnelles ayant leur propre culture et leurs traditions dont les fêtes anciennes portent encore témoignage. Le développement de la société de consommation et des loisirs dans la seconde moitié du XXe siècle s’est accompagné d’une ré-

duction progressive du temps de travail et de nouvelles activités de loisirs (cinéma, télévision, tourisme…) marquées par un rapport plus individualisé au temps libre, une évasion et un détachement plus grands vis-à-vis des contraintes et des obligations de la vie collective. Les engagements sacrificiels passés, la centralité accordée au travail dans la société se sont trouvés interpellés par ce nouvel hédonisme inséparable des loisirs modernes. La façon dont est aujourd’hui perçue la retraite me paraît inséparable de cette nouvelle situation sociale-historique.

dividualisme dans un monde de rêve aseptisé.

des pratiques managériales modernistes et confuses qui font fi du bon sens. L’intensification du travail alliée à la langue de bois managériale et son « parler creux sans peine », l’inflation des boîtes à outils et des usines à gaz, les évaluations individuelles des compétences dans une logique fantasmatique de la performance sans faille… ont déstabilisé les collectifs de travail et fait peser sur les salariés des pressions difficilement supportables, engendrant un mal-être au travail dont le stress et le harcèlement sont les signes manifestes. On comprend, dans ces conditions, qu’on puisse souhaiter quitter le travail au plus tôt. Je ne prétends pas, ce faisant, dresser un tableau d’ensemble de ce qui se passe dans les entreprises, les services publics et les administrations, mais souligner le fait qu’on ne saurait exiger que l’on travaille plus pour payer les retraites et assurer la solidarité entre générations sans se pencher également sur ces questions.

Les luttes sociales créent une sorte de continuum entre le Front populaire, l’apparition des années Club Med dans les années 1960 et les 35 heures. N’est-ce pas tout confondre ? Alors que la gauche s’est construite historiquement en accordant une place centrale au travail et à la classe ouvrière, son évolution l’a amenée vers d’autres horizons. En 1983, le passage de l’âge légal de la retraite de 65 ans à 60 ans, alors que l’espérance de vie ne de progresL’utopie stérile de la « fin du travail » cessait ser, a non seulement a creusé les fractures sociales contribué à déstabiliser financièrement et culturelles et favorisé le régime des retraile développement du désarroi tes, mais a renforcé dans les milieux ouvriers et populaires, l’idée d’un développement exponentiel qui se sont sentis abandonnés du temps libre et des par la gauche au profit des « bobos » loisirs. L’instauration des 35 heures, supposée créer de l’emploi, est allée En quoi cette nouvelle demande Une atmosphère de lutte des classes dans le même sens. Elle s’est traduite de bonheur ou d’épanouissement et de lutte des âges plane sur le pays… par une réorganisation et une intensifiindividuel est-elle problématique ? Comment expliquer ce climat ? cation du travail dans nombre d’entreOn ne reviendra pas en arrière, et cette Une partie de l’opposition à la réforme prises et une désorganisation au sein demande n’est pas illégitime. Elle pardes retraites retrouve et combine les des hôpitaux. ticipe d’un changement des mentalités aspects d’une lutte de classes sous des L’instauration de la retraite à 60 ans a et des mœurs qui constitue une nouvelformes qui s’apparentent au passé avec été présentée dans la droite ligne des le donne civilisationnelle, mais on est une nouvelle mentalité consumériste et acquis sociaux et des congés payés de en droit de s’interroger sur son évoluhédoniste qui considère l’État comme 1936, dans le même temps où était créé tion et ses effets sur la façon de conceun prestataire de services devant un éphémère « ministère du Temps li­répondre au plus vite aux besoins et voir la vie individuelle et collective. bre », qui avait manifestement quel­revendications de tout un chacun. Les L’importance accordée au temps libre ques difficultés à définir ce dont au juste gauchistes ne cessent de dénoncer le et à la retraite (y compris chez les étuil était question et à meubler le temps capitalisme, qu’ils parent de tous les diants et les lycéens) fait apparaître en libre en question. maux, tout en bénéficiant de ses acquis contrepoint une dévalorisation du traOn a vu fleurir au sein de la gauche une et d’un mode de vie qui est le fruit de vail dans la hiérarchie des activités solittérature annonçant la « fin du trason évolution et de ses transformations. ciales. Un renversement a pu s’opérer, vail » et préconisant des activités et des Ce paradoxe est au cœur d’un nouveau amenant certaines catégories sociales et animations culturelles censées « retype de militantisme individualiste de nouvelles générations à considérer le créer du lien social » sur fond de chôexacerbé dont la cohérence n’est pas le temps libre des loisirs comme le pôle mage de masse déstructurant. Le mode souci premier. central de l’existence, au détriment du de vie axé sur le temps libre et les loisirs Ce mouvement reflète plus globalement travail, réduit à une activité contraipropres à certaines catégories sociales a le désarroi d’une société qui, depuis des gnante, voire insupportable, liée à la été érigé en nouveau modèle du vivredizaines d’années, est appelée à se réseule nécessité de gagner sa vie. ensemble avec la multiplication des former, à opérer une sorte de grande Il ne s’agit pas de nier les contraintes stages de bien-être, des voyages en tout révolution culturelle dans tous les inhérentes au travail, mais de mettre genre et des événements festifs comme en question un déséquilibre qui domaines alors que les dirigeants ne ­ moments fusionnels. parviennent pas à définir clairement un peut aller jusqu’à considérer la « vraie vie » sur le modèle des avenir pour le pays. grandes vacances. C’est alors touLes injonctions maLes injonctions managériales à être nagériales à être te une façon de vivre qui valorise « responsable » et à l’effort, l’affrontement au réel, « responsable » et à s’adapter l’entraide et la solidarité qui se s’adapter au plus au plus vite tombent à plat, trouve dépréciée, au profit d’un invite tombent à plat, d’autant plus quand d’autant plus quand ceux qui qui les énonles énoncent et appellent aux sacrifices ceux cent et appellent aux bénéficient de confortables situations sacrifices bénéficient de confortaNombre de promoteurs du temps libre bles situations. Depuis des années, les sont souvent eux-mêmes des individus réformes succèdent aux réformes en affortement impliqués dans leur travail, firmant constamment que cette fois-ci perpétuellement débordés et stressés, sera la bonne pour « reformer en proaccordant une place centrale dans leur fondeur » le pays. La longue liste des vie à leur carrière et saturant le temps réformes passées, en cours et à venir, qui leur reste avec de multiples activités assenées le soir du 31 décembre par le censées leur « vider la tête ». L’utopie président de la République, a des allures stérile de la fin du travail a creusé les de panier de la ménagère qu’on ne cesfractures sociales et culturelles et favose de remplir en s’efforçant de ne rien risé le développement du désarroi dans oublier, sans pour autant que l’on sache les milieux ouvriers et populaires, qui où tout cela va nous mener. se sont sentis abandonnés par la gauche La vision d’un monde chaotique et d’un au profit des « bobos ». pays qui ne sait plus où il va favorise les replis corporatistes et les revendications catégorielles dans une logique de Pourquoi le travail vous paraît-il sauve-qui-peut. Dans le même temps, si important dans la vie en société ? l’impuissance de l’État dans certains Le travail est une activité par laquelle domaines, au premier rang desquels les les individus sont amenés à mettre en questions de la sécurité et du contrôle pratique leurs capacités et leurs comde l’immigration, sape la crédibilité des pétences, à se forger une identité progouvernants et la confiance des cifessionnelle et sociale dans le cadre de toyens envers les institutions. Sans collectifs de production de biens et de vouloir jouer le pessimiste de service, le services utiles à la société. Cette dimentout donne l’image d’une France morsion anthropologique du travail est celée qui peine à affronter le nouveau constitutive de l’estime de soi. Prétenmonde du XXIe siècle, malgré le volondre qu’on pourrait se passer du travail au profit d’un temps consacré à son seul tarisme affiché et l’activisme forcené de épanouissement personnel, c’est faire fi son président. ■ de l’importance que le travail revêt * Jean-Pierre Le Goff est l’auteur dans la structuration identitaire, indide nombreux ouvrages salués viduelle et sociale. par la critique, tels « Mai 68, l’héritage impossible » Qu’en est-il aujourd’hui (La Découverte, 1998), « La Fin du village. de l’activité de travail ? Une histoire française » (Gallimard, La valorisation des loisirs et de la retrai2012), prix Biguet de l’Académie française te renvoie en creux à une déshumaniet prix Montaigne, « Malaise sation du travail qu’on ne peut ignorer. dans la démocratie » (Stock, 2016) La question des salaires n’est pas seule et « La France d’hier. Récit d’un monde en cause ; l’intensification et les condiadolescent, des années 1950 à Mai 68 » tions de travail méritent d’être pa(Stock, 2018), prix du livre reillement prises en compte. Depuis de l’histoire contemporaine plus de trente ans, les changements et prix Pétrarque de l’essai. Dernier livre opérés dans l’activité et les rapports de paru : « La Société malade. Comment travail donnent lieu à des discours et à la pandémie nous affecte » (Stock, 2021).

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Dessin Fabien Clairefond

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vendredi 20 janvier 2023

champs libres le figaro

Opinions

Retraite : à la recherche du temps perdu

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onsieur René aura tout le temps de faire ce qu’il pouvait pas avant/ Bricoler, ranger le garage/ Grasses matinées jusqu’à des neuf heures, baby-sitting des petits enfants/ Le pavillon, le jardinage… », chante Bénabar dans l’une de ses délicates chroniques de la vie ordinaire. En quelques mots, il campe ainsi les poncifs attachés à la retraite, « cette opération de haute magie qui transforme un maître d’école en rentier », écrivait Marcel Pagnol, volontiers dépeinte dans l’imaginaire populaire depuis des décennies comme la déclinaison terrestre du paradis. Ressorts profonds Emmanuel Macron martèle à raison qu’il faudra « travailler plus » pour assurer la pérennité du système, cette grande machine alchimique capable, nous dit-on, de faire de tout besogneux un bienheureux. Les sondages lui rétorquent que les Français ne voudraient pas perdre une miette du temps béni qui leur a été promis. Mécaniquement, pourtant, la hausse de l’espérance de vie réduit proportionnellement le temps passé au travail sur la durée de la vie. Ne serait-ce qu’entre 1995, date des grandes grèves contre la réforme des retraites de Juppé, et 2022, l’espérance de vie est passée de 81,9 ans à 85,2 ans pour les femmes et de 73,9 ans à 79,3 ans pour les hommes. Même si nul ne connaît sa propre destinée, l’espérance de vie en bonne santé, elle aussi, a progressé. Bref, objectivement, et malgré l’effort demandé, les choses, de ce point de vue, se sont améliorées. Pourquoi lutter contre une tendance globalement positive ? On peut s’interroger - outre l’opportunisme syndical - sur les ressorts profonds de la mobilisation actuelle. L’une des hypothèses à ne pas négliger, c’est

Analyse Anne Bodescot

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Accélération « Dans le paradis des machines, prédisait Bernanos, les loisirs seront plus épuisants que le travail. » Pascal Ide distingue subtilement dans le burn-out « une maladie du don », loisir et détente. Le loisir, dans la société de consommation, est un bien comme un autre, dit-il, que l’on prend, consomme et jette. Le mot lui-même a été profondément détourné de sa signification première : skholè, qui a donné « école », renvoyait pour les Grecs à l’enseignement du monde, comme célébration et nourriture véritable pour l’homme. Les loisirs modernes, sortis du champ de la gratuité pour entrer dans le marché, sont si pleins d’injonctions – injonctions à consommer, à faire, à vivre un maximum d’« expériences » - qu’ils sont bien en passe de réaliser la prophétie de Bernanos. Il n’est pas certain que la retraite échappe à cette logique. La question renvoie à l’analyse si pleine d’actualité de Hartmut Rosa sur l’accélération du temps. Dans un ouvrage (Accélération) qui a fait date, le chercheur s’est penché sur les « normes temporelles » en grande partie invisibles qui dirigent secrètement nos vies et s’est attaché à mettre au jour combien les sociétés modernes occidentales sont, en profondeur, gouvernées par une logique d’accélération - véritable « fait social de notre temps », dit aussi Sylvain Tesson.

Le lecteur trouvera sans peine quantité d’exemples de notre détermination contemporaine à accélérer le rythme de nos actions, à faire plus de choses en moins de temps (ce qui est flagrant notamment dans la communication et les transports, hors jours de grève s’entend). Paradoxalement, le progrès technique, qui permet d’exécuter plus rapidement un certain nombre de tâches, n’a pas eu pour effet d’augmenter, comme escompté, le temps libre. Le courrier électronique, par exemple, a remplacé le courrier manuscrit postal, mais le temps consacré chaque jour à nos correspondances s’est considérablement accru. La modernité n’a pas tenu sa promesse de libération et la vie contemporaine souffre plus que jamais de cette « famine temporelle » - qui serait à l’origine, selon certains auteurs, de la pandémie de dépressions. Fragilisation Pour Hartmut Rosa, ce processus acharné du toujours plus vite se nourrit de la compétition planétaire, mais aussi d’une illusion : il sert de substitut à la promesse de vie éternelle des religions ; le Graal, la vie « supérieure » qu’il faudrait atteindre consistant désormais en la multiplication des expériences, non plus intérieures, mais extérieures. « L’accélération sert ainsi de stratégie pour effacer la différence entre le temps du monde et le temps de notre vie (…). (Elle) est notre réponse au problème de la finitude et de la mort », écrit-il. À l’augmentation de la vitesse de la vie sociale il faut ajouter la transformation toujours plus rapide du monde : les rythmes des changements eux-mêmes montent en cadence. Valeurs, modes de vie, relations, institutions perdent en vérité et en fiabilité, puisqu’ils tombent de plus en plus rapidement dans les poubelles du « passé ». La fragilisation de nos institutions -

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Bersinger, économiste au cabinet Asterès. En mai 68, le blocage du pays avait fait reculer le PIB de 5,3 % au deuxième trimestre. Mais le rebond a été si vigoureux que le PIB a crû sur l’ensemble de l’année de 4,5 %, puis de 7,1 % en 1969, au-dessus de son niveau tendanciel de 5 %. « En revanche, des grèves longues et dures peuvent impacter sévèrement certains secteurs d’activité en particulier », remarque Mathieu Plane, directeur adjoint à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Les commerçants parisiens savent, quand une grève s’annonce, que leur chiffre

«

L’impact économique des est faible à court terme et très vite rattrapé

Sylvain Bersinger, Asterès

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d’affaires en souffrira, car les clients qui n’habitent pas tout près ne viendront pas. Peu importe au restaurateur ou au coiffeur que ce soit pour cause d’attente dans les transports ou pour cause de télétravail. Mais l’impact d’une grève ne se juge pas seulement à l’aune de la croissance économique. Plus elle est dure, plus elle désorganise et pénalise les entreprises. En janvier 2020, le Medef Paris avait consulté ses adhérents pour chiffrer le coût des grèves qu’ils venaient de traverser. Verdict ? 233 euros par salarié pour les 40 premiers jours du mouvement social, pour financer des hébergements près des locaux, louer des places de coworking, régler les déplacements en VTC ou en taxi…

famille, démocratie, travail -, repères d’autrefois, accentue encore le sentiment d’insécurité qui peut légitimement s’emparer d’existences sans amarres, soumises à une multitude d’avenirs mouvants. Dans ce contexte, refuser le report de l’âge de la retraite peut, sans doute, apparaître - à tort ! - à certains comme un moyen d’appuyer sur le frein, de se réapproprier quelque chose du temps et de l’avenir. Sylvain Tesson décrit le vertige qui s’empare de nous devant l’obsolescence annoncée de chacune de nos certitudes : « Dans l’accélération sociale, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a un prédateur à nos trousses et le vide devant nous. » Cette accélération-là est douloureuse, car elle modifie notre rapport au monde. Il n’est pas interdit de penser que c’est à cette vaine logique – matérialisme et relativisme -, et non pas au travail, qu’il faudrait échapper. Sortie de route « On va s’occuper d’eux ! », a lâché cette semaine – même s’il semble vaguement s’en repentir - le patron de la CGT-mines énergies. « Eux » ? Les élus ! « On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, a expliqué Sébastien Menesplier. Et puis, si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera dans les coupures qu’on saura organiser. » Il y aurait donc plus menaçant pour la démocratie que le compteur Linky… Solidarité à tous crins On a sans doute tort d’évoquer un conflit intergénérationnel… La gauche n’est-elle pas parvenue à embarquer sur les plateaux de télévision des représentants de la jeunesse pour s’élever contre une réforme qui vise pourtant à préparer – si peu, mais quand même – le monde qui leur parvient ?

VOX

Le télétravail atténuera-t-il l’impact de la grève ?

n 1995, quand la grève contre la réforme des retraites avait paralysé la France, internet était balbutiant. En 2019, lorsque les syndicats s’étaient de nouveau mobilisés - contre la retraite à points -, seuls 3 % des salariés télétravaillaient au moins un jour par semaine, selon l’Insee. Cette grève avait d’ailleurs incité de nombreuses entreprises à considérer le bon côté du travail à distance et à s’équiper pour pouvoir, si besoin, y recourir. Elles furent heureuses d’avoir fait ce pas en avant quand, un an plus tard, Covid oblige, le confinement fut décrété. La très forte mobilisation des grévistes ce jeudi est donc la première à s’inscrire dans un monde où le télétravail est pratiqué régulièrement par un quart des salariés. En 2021, 22 % d’entre eux travaillaient chez eux au moins une fois par semaine, selon l’Insee, et ils sont encore plus nombreux quand c’est nécessaire (31 % en avril 2021). En Île-de-France, où la grève dans les transports en commun mène vite au chaos, 36 % des salariés télétravaillent, et même 56 % à Paris intra-muros. Mais, en conclure, comme le président du Medef, que le télétravail amoindrira l’impact d’un mouvement social, c’est peut-être aller un peu vite. Sur le plan économique, le télétravail ne changera rien à l’impact des grèves, car elles en ont peu. « Que ce soit en 1995 ou en 2019, malgré la durée des mouvements, la croissance trimestrielle du PIB a ralenti de 0,1 ou 0,2 point seulement et le rattrapage a été très fort. Ainsi, l’effet a été gommé très vite », résume Sylvain

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

celle qu’évoque la chanson populaire : cette quête éperdue du temps, qui, elle, s’est amplifiée au fil des années, jusqu’à hanter la modernité. La retraite, ou le temps d’avoir, enfin, « tout le temps »… Mais où est-il passé, ce temps ? Paradoxalement, la société des loisirs, celle qui a vu naître les congés payés et les RTT, ne semble pas avoir créé de repos, si l’on en croit la grande complainte actuelle et l’explosion des burn-out.



En 2023, le télétravail aidera certainement les entreprises à limiter ces dépenses. Le président du Medef a, là, sans doute raison d’évoquer l’effet positif du télétravail… Mais seulement pour une partie de l’activité, car environ 60 % des emplois salariés ne peuvent pas être exercés à distance. Dans les usines, encore nombreuses en périphérie des grandes villes, les difficultés de transport restent par exemple un handicap. « Les réseaux de transports en commun ont été étendus pour desservir ces zones plus éloignées. Cela a permis à certains ménages de renoncer à avoir deux voitures », relève Jean Pralong, enseignant-chercheur à l’EM Normandie. Pour autant, la France grèves n’a pas vécu à nouveau ce jeudi les embouteillages monstres qu’elle avait connus lors des grandes grèves de 1995. C’est peut-être la conséquence la plus spectaculaire du télétravail. S’il est pratiqué massivement le même jour dans les grandes agglomérations, la circulation automobile s’améliore ! Si l’effet d’une grève se mesure à la paralysie du pays, le blocage des raffineries, les coupures d’électricité (ou simplement les barrages aux ronds-points comme l’avaient bien compris les « gilets jaunes ») seraient sans doute plus pénalisants. Et c’est bien une idée qui tente les syndicats. Mais l’impact d’un mouvement social ne se limite pas à ses effets sur le trafic routier. Il se juge surtout au soutien qu’il rencontre dans l’opinion publique et qui le rend difficile à ignorer, même au sommet de l’État. Télétravail ou pas.

Grève La mobilisation du 19 janvier ne suffira pas à inquiéter le gouvernement, estime l’universitaire Benjamin Morel.

…Chine

La crise démographique en Chine va-t-elle pousser Xi Jinping à envahir Taïwan ? Par Pierre-Antoine Donnet, coauteur du livre « Le Dossier chinois » (Éditions du Cherche midi, 2022).

Les rencontres du Figaro François Sureau : la littérature d’abord ! le vendredi 3 février à 20 h, Salle Gaveau. Tarif : 25 €. Réservations : 01 70 37 18 18 ou www. lefigaro.fr/ rencontres.

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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fabien clairefond

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Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 20 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 14 pages Sur certaines éditions Supplément 4 Magazine 124 pages Cahier TV 60 Pages Supplément 5 Madame 92 pages Promos Portage Nexity et Boffi De Padova

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vendredi 20 janvier 2023 le figaro - N° 24 390 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> focus lefigaro.fr/economie

finance

états-unis

Après l’euphorie, les bonus des banquiers ont baissé Page 26

Bras de fer politique sur la dette américaine Page 24

SYSPEO/SIPA, JONATHAN ERNST/REUTERS, THANANIT/stock adobe

La grande revanche des magasins sur l’e-commerce

Terrassée par deux ans de pandémie, la distribution physique s’est mieux portée l’an passé que les ventes en ligne. PAGE 22

Les médecins suspendent la négociation avec la Sécu Coup de théâtre jeudi. Les six syndicats représentatifs des médecins libéraux ont annoncé suspendre la négociation en cours avec l’Assurance-maladie, après le vote par les députés de la proposition de loi de la députée Renaissance Stéphanie Rist pour l’accès sans ordonnance à certains paramédicaux. « Les syndicats médicaux suspendent leur participation à la négociation en cours », ont indiqué les six organisations (CSMF, MG France, Avenir Spé, UFML, FMF et SML) dans un communiqué commun. Les pourparlers avec l’Assurance-maladie, commencés en novembre, doivent aboutir d’ici fin février à une nouvelle convention fixant pour les cinq prochaines années les tarifs des médecins libéraux, ainsi que leurs objectifs en matière d’accès aux soins et de santé publique. Mais les syndicats considèrent que ces tractations « sont mises sous tutelle de plusieurs textes législatifs », dont la proposition de loi Rist. Le texte, qui vise à permettre « l’accès direct » - sans prescription médicale - aux infirmières dites « de pratique avancée » ainsi qu’aux kinés et orthophonistes, a été voté à l’unanimité en première lecture jeudi à l’Assemblée. Il doit être examiné par le Sénat le 14 février. Redoutant « la fin du paritarisme », les syndicats de médecins « exigent que la négociation ne se fasse pas sous contrainte » et réclament « un signal favorable et fort du gouvernement » pour reprendre les discussions. Contactée, l’Assurancemaladie n’a pas souhaité réagir. Après leur grève des 1er et 2 décembre, et le mouvement de fermeture des cabinets en fin d’année, le bras de fer entre le gouvernement et les médecins se durcit encore un peu plus. Marie-Cécile RENAULT

l'histoire

Les Dr. Martens avancent avec des semelles de plomb en Angleterre où la poussée des prix dépasse les 10 % par an. L’envolée du dollar pèse aussi sur les marges aux États-Unis, un marché désormais jugé capital pour la croissance de l’entreprise et où les problèmes s’accumulent. Or le rêve américain de Dr. Martens a du plomb dans l’aile. La marque fait face à d’importantes difficultés dans son nouveau centre de distribution à Los Angeles, « une autre grosse migraine pour l’entreprise, qui était déjà confrontée (aux États-Unis) à des ventes décevantes », estime Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown. Outre-Atlantique, comme en Angleterre, l’entreprise mise de plus en plus sur la vente directe, pour moins dépendre des boutiques qui représentent encore la majorité des résultats, et qui lui grignotent J. C. de la marge. ■

LA SÉANCE DU JEUDI 19 JANVIER 2023

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NIKKEI 26405,23 -1,44%

le PLUS du FIGARO éco

distribution

Menaces de licenciements chez Go Sport, placé en redressement judiciaire page 25

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3 ans 10 ans Depuis création

*VL validée au 30/12/22

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L’

emblème de la culture punk vole de désillusions en désillusions à la City de Londres. Ce jeudi, la célèbre marque de chaussures britannique a encore plongé de presque 30 % en Bourse (à 149 pence), après avoir annoncé des résultats moins bons que prévu pour son troisième trimestre décalé, achevé fin décembre, et des prévisions abaissées pour son exercice complet. La marque aux épaisses semelles caoutchoutées a perdu presque 70 % de sa valeur depuis son entrée en Bourse en 2021, à 450 pence. Fondée en 1960, elle était pourtant sortie grande gagnante du Covid avec des bénéfices annuels quintuplés en 2021. Mais, inflation oblige, les fameux souliers en cuir et à bout en métal coûtent plus cher à fabriquer et se vendent moins bien, notamment

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

l'événement New York, Nike vient d’ouvrir Nike by Flat Iron et Nike by Williamsburg, deux magasins adaptés à ces quartiers. Le distributeur alimentaire Whole Food met l’accent sur les produits locaux… et minimise autant que possible ses liens avec son propriétaire, Amazon. La technologie se fait discrète. « Après trois ans de crise et avec de nombreuses incertitudes sur le niveau de la consommation dans les mois à venir, les distributeurs reviennent aux basiques, analyse Aurélien Leprêtre, directeur digital du cabinet Altavia. Fini les écrans partout, les strass et les paillettes. La technologie passe en coulisse. » Google vient ainsi de lancer une offre d’intelligence artificielle appliquée au magasin : des caméras scrutent les rayons des réserves pour aider les enseignes à optimiser leurs stocks.

Recherche d’efficacité

Le centre commercial Cap 3000 à Saint-Laurent-du-Var, aux premiers jours des soldes.

SYSPEO/SIPA

La revanche des magasins sur le commerce en ligne En 2022, la distribution physique a gagné des parts de marché. marie bartnik £@mariebartnik NEW YORK

distribution Non, le magasin n’est pas mort. L’an passé, le commerce physique s’est même mieux porté que l’e-commerce. Du jamais-vu depuis la création d’Amazon, en 1992. Et un contraste saisissant avec les deux ans de pandémie de Covid-19. Partout dans le monde, le virus avait entraîné des fermetures administratives de magasins, tandis que les clients confinés à la maison se ruaient sur leur ordinateur et leur smartphone pour commander en ligne. En 2020, l’e-commerce a gagné cinq ans de croissance en une seule année. Certains acteurs et experts assuraient alors que cette accélération annonçait l’entrée dans le « monde d’après », avec un changement définitif des modes de consommation, sans retour en arrière possible. Selon eux, les fermetures en cascade de magasins étaient inéluctables à court terme.

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Des prédictions erronées Non seulement ces funestes prédictions se sont révélées fausses, mais 2022 a marqué la revanche du magasin sur l’e-commerce. Les ventes de fin d’année, en croissance de 5,3 % par rapport à 2021, « montrent que les consommateurs continuent de faire du shopping comme ils l’ont toujours fait, estime Matthiew Shay, le président de la NRF, la fédération américaine de la distribution. Ils sont de retour dans les magasins et apprécient cette expérience. Nous voulons tous sortir, et le commerce y contribue grandement ». La conférence annuelle de la NRF, la grand-messe des acteurs de la distribution, qui se tenait cette semaine à New York, a d’ailleurs consacré le grand retour en force du magasin. Les patrons de l’e-commerce le reconnaissent. Tobi Lutke, PDG-fondateur de Shopify, une licorne qui équipe les e-commerçants, l’explique ainsi à ses salariés : « La répartition des ventes entre e-commerce et magasins physiques revient peu ou prou au niveau où les données pré-Covid nous indiquaient qu’elles seraient aujourd’hui. Toujours en croissance, sans faire un bond en avant significatif de cinq ans, comme nous l’avions parié. » Le Top 10 des plus grands distributeurs mondiaux, publié chaque année par Deloitte à l’occasion de

la réunion de la NRF, ne connaît pas les bouleversements des éditions précédentes qui avaient vu Amazon rentrer dans le top 3 mondial, puis grimper à la deuxième place. Walmart conserve sa première place loin devant Amazon et Costco. Contraints et forcés par la pandémie, les distributeurs ont massivement investi ces trois dernières années pour développer leurs capacités à vendre en ligne. Ils rééquilibrent désormais leurs investissements au profit du magasin physique, incontournable. « On ne parle plus ici de « retail apocalypse » et de fermetures massives de magasins comme il y a quelques années, constate le consultant Franck Rosenthal. Le ralentissement de l’e-commerce conduit les distributeurs à cesser d’offrir gratuitement la livraison et le retour des produits. La place du magasin s’en trouve renforcée. Aujourd’hui, si le magasin ferme, le canal des ventes en ligne s’en trouve pénalisé. Le magasin peut vivre sans l’ecommerce, mais pas l’inverse. » Marvin Ellison, patron de l’enseigne de bricolage Lowe’s, le confirme : « Nous pouvons livrer

rapidement nos clients depuis nos points de vente. Les consommateurs veulent que leurs achats se fassent facilement et sans friction. Les magasins le permettent. » Les investissements des distributeurs pour leurs magasins ne sont cependant plus ceux d’autrefois. Certes, les vaisseaux amiraux, qui impressionnent les clients par leur taille et les expériences proposées, ne sont pas morts. Starbucks vient d’ouvrir une boutique sur trois étages au pied de l’Empire State Building, proposant dégustations de café et cocktails. M&M’s offre de personnaliser ses bonbons dans sa gigantesque boutique de Times Square. Mais la tendance est à la modestie : priorité au confort des clients et à l’efficacité opérationnelle des magasins. « Ces derniers 12 à 18 mois, les distributeurs ont ouvert des magasins à un rythme plus rapide qu’attendu après la pandémie, estime Susan Reda, vice-présidente de la NRF. Mais les magasins clones sont de l’histoire ancienne. » Les distributeurs privilégient les points de vente plus petits, adaptés à leur environnement. À

Longtemps, seul le parcours du client sur internet était connu, et encore, seulement des géants Amazon et Google. En magasin, il relevait du trou noir. « Encore aujourd’hui, le magasin reste un métier artisanal, où les acteurs manquent d’informations, constate Thierry Gadou, PDG de SES-Imagotag, leader mondial des étiquettes électroniques. Une fois sortis de l’entrepôt, les produits deviennent flous : le taux de précision sur ce que contiennent les rayons est en général de 50 % à 60 %. Une fois sur deux, on se trompe sur ce qui est en stock dans le magasin. » La société ambitionne de digitaliser complètement le magasin à partir de ses étiquettes électroniques. Associées à des caméras, elles peuvent aider à réduire les ruptures ou analyser le comportement des consommateurs. Attentifs à comprimer leurs coûts, les distributeurs sont preneurs de solutions permettant de gagner en efficacité. « J’apprécie la capacité de ces entrepreneurs à trouver une solution concrète aux besoins des clients », confirme Guillaume Séneclauze, patron de Monoprix et Naturalia, citant la start-up française Belive.ai, dont les caméras aident à minimiser les ruptures, ou Codabene et Smartway, qui optimisent les dates limites de consommation. Lui aussi présent à la NRF, Thierry Cotillard, le futur patron des Mousquetaires (Intermarché, Netto, Bricomarché…) apprécie la proposition d’Untie Nots, une start-up qui rend la promotion ludique, et celle d’Everseen, dont la vocation est de réduire les vols en magasins au moyen de caméras. « En devenant plus rentables et plus performants, les magasins deviendront plus attractifs, estime Thierry Gadou. Nous inversons le cercle vicieux selon lequel la baisse du trafic provoque une baisse des investissements », qui alimente elle-même la baisse de trafic, et donc le déclin du magasin. ■

Lucas Jackson/REUTERS

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La répartition des ventes entre e-commerce et magasins physiques revient peu ou prou au niveau où les données pré-Covid nous indiquaient qu’elles seraient aujourd’hui. Toujours en croissance, sans faire un bond en avant significatif de cinq ans, comme nous l’avions parié Tobi Lütke

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PDG Fondateur de Shopify

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Croissance des ventes en 2022 par rapport à 2021 aux États-Unis

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Croissance des ventes lors des fêtes de Noël aux États-Unis

À New York, quatre innovations annonciatrices du commerce de demain

Ci-dessus : le robot de livraison créé par la société Nuro. Ci-contre : Capsule, l’hologramme d’ARHT pour renouveler l’expérience client. Ci-dessous : un QR code sur un blouson, concept imaginé par futurewear pour mieux tracer, revendre et recycler un vêtement. Trois idées présentées au NRF, à New York, en janvier 2023. marie Bartnik/Le Figaro

Le Retail’s Big Show de la NRF, qui se tenait cette semaine à New York, est une fenêtre sur le commerce du futur. Les start-up du monde entier y exposent leurs concepts les plus innovants, qui équiperont magasins et sites internet dans les années à venir.

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Un avatar pour trouver les vêtements les plus adaptés

Essayer un sous-vêtement ou un jean en magasin peut s’avérer fastidieux. Pour éviter aux clients cette épreuve, la société Fit:Match propose de créer leur avatar. Un téléphone suffit pour reproduire la morphologie d’un individu en 3D. Fit:Match compare ensuite les mensurations de l’avatar avec les modèles proposés en catalogue, pour recommander les sous-vêtements ou les jeans (deux types de vêtements où il est particulièrement difficile de trouver sa taille) les plus adaptés. Macy’s teste actuellement cette technologie dans certains de ses rayons lingerie.

voiture autonome uUne pour livrer les commandes

dans les zones pavillonnaires

Nuro a conçu un véhicule autonome destiné à livrer les commandes à domicile, de préférence dans les zones pavillonnaires plutôt que dans les villes, trop denses. Ce modèle est capable de livrer en trente minutes. La société californienne travaille déjà avec Kroger, Domino, Walmart ou UberEats. En France, Milla construit ses propres véhicules autonomes. Le premier est exploité par Carrefour pour livrer les étudiants de Saclay.

hologrammes uDes dans les magasins

La start-up canadienne ARHT conçoit des hologrammes en 3D extrêmement réalistes. Son dernier tour de force : avoir projeté l’hologramme du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au salon Vivatech. Certains sont destinés à être déployés en magasin. Ils permettent de voir un vêtement

porté, ou une basket en très gros, sous toutes ses coutures et dans les moindres détails. Pour les distributeurs, ils peuvent être un nouveau support publicitaire à commercialiser.

catalogue 2D uLe passe en 3D

Nfinite est une success story française. La société transforme des catalogues en 2D des distributeurs en catalogues 3D, à publier en ligne. « Aujourd’hui, les distributeurs sont un peu démunis car les visuels que leur donnent leurs fournisseurs sont souvent standardisés. Nous leur donnons des outils très simples pour les mettre en situation de façon variée et en 3D sur leur site internet », explique Alexandre de Vigan, son PDG. Nfinite compte déjà But, Conforama et La Redoute parmi ses clients. La jeune pousse s’apprête à signer avec un très grand distributeur américain. M. B. (à new york)

MERCI aux 4 500 conseillers en gestion de patrimoine. Nous voulions vous remercier pour votre loyauté indéfectible. Nous sommes honorés et reconnaissants

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ENSEMBLE pour investir dans l’immobilier du quotidien, celui qui dessine la ville d’aujourd’hui et bâtit celle de demain. Depuis notre création en 1987, nous revendiquons la qualité de l’emplacement pour définir des stratégies qui s’inscrivent dans la durée. Nos investissements sont guidés par nos convictions profondes et non par les effets de mode. Nous cherchons prioritairement la création de valeur pérenne à long terme. C’est ainsi que nous

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Communication à caractère publicitaire. Investir comporte des risques, parlez-en à votre conseiller en gestion de patrimoine ou à votre conseiller financier habituel. Les références à un classement, un prix et/ou à une notation ne préjugent pas des résultats futurs du fonds ou du gestionnaire. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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économie

Le Japon essuie le pire déficit commercial de son histoire La facture énergétique et la faiblesse du yen ont provoqué une envolée des importations.

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trillions de Yens

(143,7 milliards d’euros) Déficit commercial du Japon en 2022

Régis Arnaud £@regisarnaud Tokyo

Asie Triste record : le Japon a connu en 2022 le pire déficit commercial de son histoire, à 20 trillions de yens (143,7 milliards d’euros), a annoncé son ministère des Finances. Les exportations de l’Archipel, pourtant en nette hausse (+ 18 %), à 98,2 trillions de yens, n’ont pas compensé les importations, à 118,5 trillions (+ 39 %). Les raisons d’une telle contreperformance ont été soulignées ad nauseam dans la presse locale : la hausse des cours de l’énergie et des

matières premières, combinée à l’anémie de la monnaie nippone, a fait exploser la facture énergétique de la troisième économie du monde. Les cours du gaz et du pétrole ont par exemple doublé en un an tandis que le yen, lui, a atteint un plancher historique inédit en trente-deux ans, observe le Nikkei. En moyenne annuelle, un dollar valait 130,7 yens en 2022, contre 109,4 yens en 2021. L’état de la balance commerciale avec la Russie est particulièrement frappant : le Japon s’est associé symboliquement aux sanctions réelles imposées par les pays occidentaux qui la frappent depuis son

invasion de l’Ukraine ; mais ses importations ont pourtant bondi, en valeur, d’un quart en raison du renchérissement du pétrole et du gaz russe qu’il continue d’acheter.

Perte de compétitivité Cet envol de la facture énergétique de l’Archipel sera lourd de conséquences. Il va par exemple jouer comme un puissant aiguillon pour le redémarrage du parc nucléaire de l’Archipel et le déploiement d’infrastructures d’énergies renouvelables, censées améliorer l’indépendance énergétique du pays. Replacé dans sa continuité historique, le déficit commercial du Ja-

pon continue surtout d’alerter sur sa perte de compétitivité. Jusqu’en 2011, la troisième économie du monde n’avait pratiquement jamais essuyé de déficit ; depuis, elle en a enregistré neuf. « Le Japon continuera de connaître un déficit commercial profond. Il ne se résorbera probablement pas en 2023 », avertit Chisato Oshiba, économiste de la compagnie d’assurances vie Dai-ichi Life, dans un rapport. Jadis, les rares déficits s’expliquaient par un yen fort, qui minait la compétitivité des produits japonais notamment face à leurs concurrents asiatiques. Avec un yen désormais au plus bas, une telle

excuse ne marche plus. Cette anémie face aux devises étrangères se révèle même insuffisante pour soutenir l’attractivité du « made in Japan » : les exportations calculées en valeur se sont envolées en 2022 tandis qu’elles ont baissé en volume, montrent, dans le détail, les chiffres publiés par le ministère des Finances. « Les entreprises japonaises se positionnent désormais en jouant sur leurs prix plutôt que sur la supériorité de leur offre. Elles sont comme un jogger qui doit courir de plus en plus vite pour soutenir le rythme d’un tapis de course », résume l’économiste Richard Katz dans une note récente. ■

Bras de fer politique sur la dette américaine Les républicains font pression sur une baisse des dépenses alors que le plafond légal de la dette a été atteint. pratique remonte à 1917. Une loi a alors instauré le plafond visant à donner au Trésor la liberté d’émettre des titres pour financer la guerre contre l’Allemagne. Auparavant, il devait obtenir l’aval du Congrès pour chaque émission. En fixant un plafond élevé, le Trésor dispose normalement de la marge suffisante pour financer au mieux les dépenses fédérales en fonction des recettes. Tout se complique cependant lorsque le gouvernement opère en situation de déficit systématique, ce qui est le cas depuis 2001.

PIerre-Yves Dugua £@PDugua Correspondant à Washington

États-Unis Les États-Unis risquent-ils de faire défaut ? La menace ressurgit sur fond de bataille politique sur le plafond de la dette. Joe Biden doit impérativement, d’ici à juin, trouver un moyen pour que les deux chambres du Congrès votent un relèvement de ce plafond. L’exercice, indispensable pour éviter le défaut de paiement, s’annonce particulièrement délicat en raison de l’extrême polarisation à Washington depuis que les républicains ont de justesse reconquis la majorité des sièges à la Chambre des représentants. L’objectif affiché des républicains, conduits par leur « speaker » difficilement élu début janvier, Kevin McCarthy, est d’obliger les démocrates à réduire les dépenses publiques, en usant du vote sur le plafond de la dette comme d’une arme nucléaire. La tolérance à l’explosion de la dette démontre à leurs yeux le dysfonctionnement du système politique américain. Le président Biden refuse d’entrer dans ce jeu et écarte le principe de conditionner la majoration du plafond de la dette à des baisses de dépenses. Il argue, comme ses prédécesseurs, que cette procédure incontournable ne fait que valider des dépenses déjà votées. Si le Congrès voulait réduire le train de vie de l’État, ou augmenter les impôts, il devait le faire sans mettre en jeu le crédit du pays. En outre, il accuse les républicains d’un chantage irresponsable qui menace les dépenses sociales, très populaires.

Risque de défaut

L’élection à la tête de la Chambre des représentants du républicain Kevin McCarthy (ici, le 12 janvier au Capitole, à Washington), partisan d’une ligne dure sur le plafond de la dette, ravive le spectre d’un défaut de paiement des États-Unis. ANNA MONEYMAKER/ Getty Images via AFP

Sous Donald Trump, les républicains ont laissé la dette publique bondir de 42 %. La pandémie de Covid n’explique pas tout. Leur redécouverte aujourd’hui de l’orthodoxie fiscale est peu crédible. Il reste que si l’obstacle législatif n’est pas levé, l’État fédéral n’aura probablement plus le droit en juin d’emprunter sur les marchés. Il se retrouvera alors incapable de payer ses factures et en particulier les intérêts sur sa dette, plafonnée à ce jour à 31 381 milliards de dollars. Janet Yellen vient de notifier le Congrès que ce seuil a même déjà été

atteint. La Secrétaire au Trésor est maintenant contrainte d’user d’expédients comptables pour retarder la date à laquelle elle devra nécessairement augmenter la dette publique. Sur la base d’une estimation des recettes publiques, et en fonction des dépenses prévues par les lois déjà votées, le Trésor juge que début juin, il sera à court d’artifices : il lui faudra alors impérativement emprunter au-delà de 31 381 milliards de dollars pour tenir les engagements de l’État américain. Un défaut de paiement serait catastrophique non seulement pour le

système financier américain et la crédibilité de la première puissance mondiale, mais aussi pour l’ensemble de la finance mondiale. Par définition, les titres du Trésor américain sont censés ne présenter aucun risque de défaut. Ils servent ainsi de gage à de très nombreux financements et représentent un actif de réserve dans le monde entier. Le dernier vote du Congrès fixant le plafond de la dette remonte à décembre 2021. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le seuil maximum d’endettement de l’oncle Sam a été relevé plus de 100 fois. La

Le plafond de la dette pourrait en théorie être supprimé par un simple vote du Congrès puisqu’il ne figure pas dans la constitution américaine. Dans le climat politique actuel, ce n’est pas envisageable. Les conservateurs sont trop heureux d’user de cette arme pour arracher des concessions aux démocrates. Dans le passé, une majorité de démocrates et quelques républicains centristes ont toujours fini par s’entendre pour trouver à la dernière heure une solution qui comprend généralement un plafonnement des dépenses budgétaires discrétionnaires, y compris des dépenses militaires, mais préserve les dépenses sociales dites « obligatoires », car elles sont engagées sans vote du Congrès et couvrent les programmes de retraite et de santé. En 2011, l’agence de notation Standard & Poor’s a toutefois dégradé de « AAA » à « AA+ » les obligations du Trésor en raison des dangereuses tergiversations au Congrès qui ont entretenu un suspense malsain sur le risque de défaut des États-Unis. ■

L’élimination du CO2, un levier clé contre le réchauffement Au-delà de la réduction des émissions, l’accent doit porter sur l’innovation pour supprimer le stock existant.

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Armelle Bohineust £@armelella

Climat Réduire les émissions de CO2 est indispensable pour limiter le réchauffement climatique. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi multiplier les actions pour éliminer le stock de dioxyde de carbone. Forêts, captage, tourbières… les projets actuels sont actuellement largement insuffisants pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux, pointe une étude sur « l’état de l’élimination du dioxyde de carbone », menée par l’université d’Oxford. Environ deux milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont éliminées de l’atmosphère chaque année, grâce essentiellement aux forêts, alors que les émissions mondiales atteignent 40 milliards de tonnes. Les investissements dans les nouvelles technologies d’élimination du CO2 n’augmentent pas assez vite. Les gouverne-

ments ont investi 4,2 milliards de dollars en recherche et développement sur l’élimination du CO2 depuis 2010 et la Chine est, comme souvent, très présente dans ces nouvelles technologies. Pékin dépose un tiers des brevets. En décembre, le ministère américain de l’énergie a engagé 3,7 milliards de dollars pour financer sur plusieurs années des projets d’élimination du CO2. De 2020 à 2022, les investissements dans de nouvelles capacités d’élimination dans le monde n’ont pas dépassé 200 millions de dollars. Le principal investissement a été réalisé sur le site islandais de Climeworks, qui retire directement du CO2 de l’air. Mais le groupe suisse n’élimine, pour l’instant, en un an, que ce que l’humanité produit en quelques secondes. Le rapport mené par l’université d’Oxford est le premier à évaluer la quantité de CO2 déjà sup-

primée dans le monde. Les techniques d’élimination du dioxyde de carbone (EDC) auxquels il fait référence se focalisent sur le CO2 déjà émis dans l’atmosphère et se distinguent ainsi des systèmes de captage et stockage du carbone (CCS) à la source, aux cheminées des usines par exemple. L’étude estime qu’il faut multiplier par 1 300 la capacité d’élimination du CO2 grâce aux nouvelles technologies d’ici à 2050 si l’on veut limiter la hausse des températures à moins de 2 °C.

« Fertiliser » les océans L’élimination consiste à capter le gaz à effet de serre dans l’atmosphère et à le stocker pendant une longue période sur terre, dans l’océan ou dans des produits. À ce jour, la quasi-totalité de l’élimination du CO2 est réalisée grâce aux plantations d’arbres. Les technologies innovantes sont encore très marginales.

Parmi les méthodes mises en avant par les auteurs de l’étude et plébiscitées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’ONU, figure la technique de bioénergie avec captage et stockage. Celle-ci consiste à faire

Le site islandais de la start-up suisse Climeworks capture directement du CO2 dans l’air ambiant pour le stocker dans le sol. Cover Images/ABACA

pousser des arbres qui absorbent du CO2 pendant leur croissance, puis à les brûler pour produire de l’énergie et à enterrer le CO2 issu de cette combustion dans des mines. D’autres méthodes consistent à convertir de la biomasse en biochar, une substance ressemblant à du charbon de bois, à restaurer des tourbières ou encore à accroître la capacité d’absorption de CO2 par les océans. Pour autant, « la réduction des émissions doit rester la priorité », pointe Emily Cox, de l’université d’Oxford, coauteur de l’étude. Or de grands acteurs de l’économie continuent d’adopter une attitude paradoxale face à cette urgence. À Davos, le patron d’Aramco a indiqué mercredi qu’il était hors de question de surtaxer les énormes bénéfices engrangés par les compagnies pétrolières si l’on veut que celles-ci investissent dans l’élimination du CO2. ■

le figaro

Entreprises

vendredi 20 janvier 2023

25

Menaces de licenciements chez Go Sport marie barnik £@mariebartnik

distribution Débarrassés de l’encombrante tutelle de Michel Ohayon, les 2 160 salariés de Go Sport passent sous celle du tribunal de commerce de Grenoble. De quoi ouvrir une nouvelle période d’incertitude, qui pourrait se solder par des fermetures de magasins et des suppressions de postes. Inquiets de l’évolution de l’enseigne depuis son rachat fin 2021 par HPB, la branche distribution du groupe de Michel Ohayon, les syndicats de Go Sport avaient saisi le tribunal de commerce de Grenoble. Ce dernier a prononcé jeudi le redressement judiciaire du groupe. « Par un jugement solidement motivé, le tribunal a constaté l’état de cession de paiements de la société Groupe Go Sport et a ouvert une procédure en redressement judiciaire, précise un communiqué du tribunal. La société Go Sport France n’est pas déclarée en cessation des paiements mais sa situation sera impactée par celle de sa société mère. » Les salariés sont soulagés par

cette décision, malgré l’incertitude qu’elle fait planer sur leur avenir. « Le tribunal a pris la moins mauvaise décision, estime Christophe Lavalle, délégué FO de Go Sport. Il ne s’est pas laissé berner par HPB, qui promettait de décaler dans le temps une dette de Nike pour revenir dans le vert. Compte tenu de la trésorerie, nous savions que nous étions en cessation de paiements. Nous ne pouvons pas aller bien avec un tel actionnaire. »

Risque de reprise partielle Selon Patrick Puy, spécialiste du retournement d’entreprises récemment nommé à la tête de Go Sport à la demande de Bercy, qui suit de près ce dossier sensible, l’enseigne suscitait l’intérêt de plusieurs potentiels repreneurs avant son placement en redressement judiciaire. Elle en attirera sans doute désormais autant, voire plus, alléchés par la perspective de la reprise d’un groupe délesté de ses dettes. Mais les candidats pourraient choisir, dans le cadre d’un plan de cession, de ne reprendre qu’une partie des actifs, par exemple les

Pierrick Villette/ABACA

En redressement judiciaire, le groupe est à la recherche de repreneurs.

Une boutique Go Sport, près de Paris. La mise sous tutelle du tribunal de commerce de Grenoble ouvre une période d’incertitude pour les salariés. magasins les plus rentables. La reprise irait alors de pair avec des fermetures de magasins et des licenciements. Le tribunal tentera de jouer la concurrence entre plusieurs candidats pour éviter une reprise partielle et sauver tous les emplois. Le redressement judiciaire présente toutefois un avantage de taille. Il pourrait permettre d’annuler certaines opérations financières, tel le récent rachat de Gap par Go Sport, pour 36 millions d’euros. Appartenant également à HPB, Gap avait été précédemment racheté pour un euro symbolique. Les syndicats dénoncent depuis plusieurs semaines les ponctions réalisées par HPB dans la trésorerie de Go Sport. Le parquet de Grenoble a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête préliminaire pour abus de bien social. Lors de la

reprise de l’enseigne, la trésorerie de Go Sport se montait à 80 millions d’euros, dont 55 millions de prêts garantis par l’État (PGE). Elle affiche aujourd’hui un passif de 14 millions d’euros. « Cela fait plusieurs mois que nous alertons sur des mouvements financiers potentiellement suspects de nature à mettre en péril la continuité de l’exploitation l’entreprise », expliquent les organisations syndicales de Go Sport. 17 millions d’euros ont été prélevés dès février 2022, suivis de plusieurs autres ponctions, pour un total de 36 millions d’euros. Une partie de ces sommes ont, selon plusieurs sources proches du dossier, servi à payer les salaires des collaborateurs de Camaïeu. « Pourtant, les transferts financiers provenant d’un PGE sont interdits d’une filiale vers sa maison mère, sauf s’ils servent à financer une acquisition »,

souligne Christophe Lavalle. Cette interdiction pourrait expliquer la récente annonce du rachat de Gap par Go Sport. Indépendamment de ces prélèvements, la situation économique de Go Sport n’est pas alarmante. L’enseigne pâtit de la contraction passagère du marché du sport, après deux années de forte croissance. « Elle est en pertes depuis de nombreuses années, mais pas de beaucoup », constate une source proche du dossier. De nombreux observateurs s’accordent à pointer le potentiel d’une enseigne qui dispose de magasins bien positionnés en centre-ville, et qui se positionne sur un marché, le sport, porteur sur le long terme. Reste à savoir s’il existe des repreneurs qui croient assez en ce potentiel pour reprendre tous les magasins et tous les s­ alariés. ■

2 160 salariés

sont employés par Go Sport en France

La coopérative InVivo s’attaque à la relance de sa filière blé L’entreprise vise 2 milliards de chiffre d’affaires dans la boulangerie, la meunerie et les ingrédients d’ici 2027.

verticalement ces entreprises, pour accroître les synergies entre trois entités qui fonctionnaient indépendamment

»

Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo

olivia détroyat £@Oliviader

AGROALIMENTAIRE Quelques semaines après que la baguette à fait son entrée au Patrimoine mondial de l’Unesco, InVivo redouble d’ambition pour sa filière blé. Et notamment dans la boulangerie-viennoiserie-pâtisserie (BVP) et la meunerie. Héritées du groupe Soufflet qui a été racheté fin 2021 par l’union de coopératives, toutes ces activités viennent d’être regroupées au sein d’une seule filiale. Baptisée « Episens », elle pèse 892 millions d’euros, soit 7,5 % du chiffre d’affaires du géant agricole InVivo (agroalimentaire, jardineries, vin…). « L’idée était

d’intégrer ces entreprises d’amont en aval, pour accroître les synergies entre trois entités qui fonctionnaient indépendamment », appuie Thierry Blandinières, directeur général d’InVivo. L’objectif ? Un doublement du chiffre d’affaires de la filiale d’ici 2027. Et surtout un retour à une rentabilité proche de celle de ses concurrents, autour de 8 % de marge brute d’exploitation, contre 2,5 % actuellement. Parmi les premiers chantiers : poursuivre la remise sur pied de la filiale de boulangerie-pâtisserie de Soufflet, Neuhauser. Depuis plusieurs années, elle accusait des déficits (jusqu’à 35 millions d’euros en 2021). En réduisant les pertes de matières premières dans les onze

usines du groupe, en rouvrant le site de Folschviller en Moselle et en augmentant les tarifs des produits de boulangerie, la coopérative a déjà réussi à inverser la tendance. Avec un retour à l’équilibre en 2022. InVivo estime avoir de la marge pour accroître sa production, 30 % à 40 % des capacités industrielles de Neuhauser n’étant pas utilisées. Pour que les volumes de ventes suivent et que le chiffre d’affaires atteigne 600 millions d’euros en 2027, la coopérative compte notamment sur son client historique,l’allemand Lidl, qui ouvre en moyenne une vingtaine de magasins par an en France, équipés d’un point boulangerie.

Pour approvisionner ses usines, InVivo travaille aussi sur les 8 moulins hérités de Soufflet, et sur le développement de farines durables. Un moyen de les vendre plus cher à ses clients, artisans comme industriels. Surtout, alors que la meunerie est en surcapacité en France, InVivo entend bien consolider le marché.

Racheter des moulins Les difficultés récurrentes de certains acteurs comme les Moulins Advens (ex-Grands Moulins de Strasbourg), pourraient lui offrir des opportunités de croissance externe. « Ce sont les grands meuniers comme nous qui doivent mener cette restructuration. Notamment en faisant mon-

Électricité : TotalEnergies promet un rabais aux PME Le groupe étend le dispositif mis en place par le gouvernement au bénéfice des seules TPE. Elsa Bembaron £@elsabembaron

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Énergie TotalEnergies va permettre aux PME de « renégocier leur contrat d’électricité », a affirmé Patrick Pouyanné, le PDG du groupe, au micro de BFMTV. Un « rabais », dont la mise en œuvre s’annonce complexe. Ce dispositif est calqué sur celui mis en place à la demande du gouvernement par les fournisseurs d’électricité début janvier. Il apporte une réponse à la flambée des factures d’énergie et concerne les très petites entreprises (TPE) qui ont renouvelé leur contrat d’électricité à partir du second semestre 2022. Il leur permet de bénéficier d’un tarif à 280 euros le MWh en moyenne sur 2023, inférieur au prix de marché. Quelque 600 000 TPE sont concernées. Le patron de TotalEnergies a décidé d’étendre ce dispositif aux PME, soit environ 6 000 clients. Sont concernées celles qui ont signé des contrats d’électricité en-

tre juillet et décembre. Le groupe enverra un e-mail à ses clients pour les informer de la possibilité de renégocier leur contrat. Charge aux entreprises concernées de se manifester. En effet, lorsqu’une entreprise souscrit un abonnement, elle ne précise ni son chiffre d’affaires ni sa taille, lesquels évoluent en permanence.

Des contrats trop élevés Patrick Pouyanné reconnaît que certains contrats de 2022 sont « trop élevés », signés alors que les prix de l’électricité étaient au plus haut. Mais le PDG de TotalEnergies se défend d’avoir réalisé des marges importantes pendant cette période. Et pour cause. Les fournisseurs d’électricité nouent euxmêmes des contrats avec les producteurs, pour être sûr de pouvoir répondre aux besoins de leurs clients. Les fournisseurs se couvrent en achetant en avance l’équivalent de la consommation annuelle de leurs clients. TotalEnergies a donc lui-même acquis

de l’électricité au prix fort. Il risque donc de la revendre à une petite partie de ses clients moins cher que le prix qu’il a payé. Dans le cadre de la mesure demandée par le gouvernement pour les TPE, tout ou partie de la perte pourrait être pris en charge par l’État ou passée en perte exceptionnelle par le groupe. En revanche, les conséquences financières de la ristourne proposée aux PME par TotalEnergies seront entièrement supportées par le groupe. Ce surcoût pourrait être récompensé : les PME choyées se-

ront moins tentées de changer de fournisseurs d’électricité. Or, fidéliser un abonné - et donc faire baisser les coûts d’acquisition est aussi un excellent levier pour sécuriser ses marges. Depuis des mois, Patrick Pouyanné multiplie les gestes commerciaux, telles les remises à la pompe sur le prix des carburants. C’est aussi un joli coup de pub. Sur la période, le groupe a vu ses ventes grimper de près de 25 %. Le PDG ne précise pas combien de ces clients pris à la concurrence lui sont restés fidèles. ■

6 000 PME sont concernées par le dispositif mis en place par TotalEnergies

PHILIPPE MARTINEZ Secrétaire général de la CGT En direct du Grand Studio de RTL

DIMANCHE 12H-13H

ter en gamme la production de certains moulins », appuie Thierry Blandinières. Tout en amont, le groupe veut accroître les volumes de blés durables « neutres en carbone », prisés des clients. Et donc vendus plus cher. Pour atteindre ses objectifs de profit dans la filière, InVivo espère enfin développer ses ingrédients pour la meunerie. Plus petite (87 millions d’euros de chiffre d’affaires), cette activité est aussi la plus rentable. Déjà prisés en Afrique, ses produits techniques (améliorants, correcteurs, enzymes…) et ses levains à haute valeur ajoutée offrent aussi des perspectives de croissance au Brésil ou aux États-Unis. ■

en bref Avion vert : la Nasa accorde 425 millions à Boeing £ La Nasa a accordé un financement de 425 millions de dollars sur sept ans à Boeing pour développer un démonstrateur d’avion durable, ultrasobre en carburant, dans le cadre du programme SFT. Boeing et ses partenaires investiront 725 millions dans ce projet, qui doit préparer le lancement d’un avion moyen-courrier zéro net émission vers 2030.

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» Rénovation énergétique : ces casse-tête qui n’incitent pas à se lancer dans les travaux www.lefigaro.fr/economie

Olivier BOST Marion MOURGUE Amélie CARROUËR Marie-Pierre HADDAD Questions et réactions #LeGrandJury

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L’idée était « d’intégrer

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

26 Entreprises

La perte de Linde fragilise la Bourse allemande Le leader mondial des gaz industriels s’estime pénalisé par une règle propre au Dax, dont il est le champion. Hervé Rousseau [email protected]

En 2021, 1 957 banquiers de l’Union européenne ont gagné plus de 1 million d’euros.

denisismagilov/Adobe Stock

Après l’euphorie de 2021, les bonus des banquiers chutent Le nombre de salariés de banque gagnant plus de 1 million a bondi de 41 % en Europe en 2021. Mais 2022 s’annonce moins porteuse. où tous les grands groupes bancaires ont affiché les meilleurs résultats de leur histoire (31 milliards d’euros au total). Signe de la bonne santé des établissements, la rémunération totale des banquiers les mieux payés a augmenté : le bonus a grimpé, représentant 101 % du salaire fixe pour les plus gros salaires, contre 86 % en 2020, selon l’EBA. À noter que les bonus sont plafonnés dans l’Union européenne. Ils ne peuvent pas être deux fois supérieurs au salaire fixe annuel des banquiers.

Danièle Guinot £@danieleguinot

Banque Année faste pour les banquiers. En 2021, 1 957 banquiers de l’Union européenne ont gagné plus de 1 million d’euros sur l’année, relève l’Autorité bancaire européenne (ABE). Un nombre jamais atteint par le passé, en hausse de 41,5 % par rapport à 2020 (1 383 banquiers millionnaires) et de 36 % par rapport à 2019 qui détenait jusque-là le record. Dans le détail, la majorité (1 516) a gagné entre 1 et 2 millions d’euros. Et une dizaine a émargé à plus de 8 millions. Le mieux payé, en Espagne, a reçu entre 14 et 15 millions d’euros. « L’augmentation par rapport à 2020 est liée à la bonne performance globale des sociétés, en particulier dans le domaine de la banque d’investissement », justifie l’ABE. Il est vrai qu’en 2021, pratiquement tous les moteurs tournaient à plein régime dans les banques de financement et d’investissement (BFI). Le marché des fusions et acquisitions était historiquement actif et les Bourses mondiales volaient de record en record (le CAC 40 a bondi 29,3 % en 2021). Dans le même temps, l’économie rebondissait fortement dans la foulée de la crise sanitaire et des confinements de 2020. Résultat, les banques des 27 pays membres de l’Union européenne, ont dans l’ensemble dégagé d’excellents bénéfices. C’est particulièrement vrai en France,

Sans surprise, la banque d’investissement continue de fournir le gros des bataillons des banquiers millionnaires (près de 40 %). Ils ne sont en revanche que 10 % dans les activités de banque de détail, et 6 % dans la gestion d’actifs. 2022 s’annonce moins florissante sur le front des rémunérations, en particulier pour les banquiers d’affaires. L’an dernier, le marché des fusions et acquisitions a dégringolé et les Bourses ont dévissé. Cela risque fort de peser sur les bonus, qui seront versés en mars prochain au titre de 2022. À Wall Street, les grandes banques américaines qui viennent de publier leurs résultats annuels, commencent à annoncer des coups de rabot à leurs effectifs. « Les bonus des banquiers d’affaires vont baisser, a ainsi prévenu cette semaine sur Bloomberg, « Vis » Raghavan, directeur général de JPMorgan en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Ils sont liés à la performance et quand elle n’est pas là, il n’y a pas de compensation. » Mercredi, des banquiers de JPMorgan se sont d’ailleurs dits déçus de leur bonus. « D’après la rhétorique de la direction, c’était presque comme si on avait enregistré des pertes », confiait l’un d’entre eux au site eFinancialCareers. Chez Citi, les bonus sont en baisse de 20 % en moyenne en Europe, chez Morgan Stanley, de 30 %. Par ailleurs, ces banques lancent ou vont lancer des plans de licenciements importants. 6 000 emplois sont sur la sellette. ■

Baisse de 20 % à 30 % en 2022

La poursuite des transferts de banquiers de la City de Londres où les salaires sont plus élevés, vers le continent a également contribué à la hausse des rémunérations dans l’Union européenne, souligne l’Autorité bancaire. Sans oublier la forte concurrence à laquelle se livraient en 2021 les établissements mondiaux pour attirer les talents dans leurs banques d’investissement. C’est en Allemagne, le pays le plus peuplé et le plus riche d’Europe que l’on trouve le plus de banquiers millionnaires (589). Il est suivi par la France (371), l’Italie (351) et l’Espagne (221). Ces trois pays ont contribué à la majorité de la croissance des gros salaires sur le Vieux Continent. Dans l’Hexagone, le nombre des banquiers gagnant plus de 1 million d’euros a ainsi bondi de 63 %.

Coté à Wall Street

L’augmen« tation

par rapport à 2020 est liée à la bonne performance globale des sociétés, en particulier dans le domaine de la banque d’investissement

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AIR LIQUIDE ........................... 144,8 AIRBUS .............................................. 116,92 ALSTOM ..............................................25,45 ARCELORMITTAL SA ........................... 27,895 AXA .............................................. 27,88 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 58,9 BOUYGUES .............................................. 29,52 CAPGEMINI .............................................. 172 CARREFOUR .............................................. 17,045 CREDIT AGRICOLE ...........................10,434 DANONE ..............................................50,21 DASSAULT SYSTEMES ........................... 34,835 ENGIE .............................................. 12,472 ESSILORLUXOTTICA ........................... 170,95 EUROFINS SCIENT. ...........................64,34 HERMES INTL ........................... 1614,5 KERING ..............................................530 L'OREAL ..............................................376,6 LEGRAND ..............................................80,56 LVMH .............................................. 776,6

%VAR.

+0,33 -1,37 -3,31 -3,46 -1,34 -1,24 -2,12 -2,44 -2,01 -1,58 +0,46 -2,08 -0,46 -2,68 -3,45 -2,86 -2,52 -1,82 -2,23 -3,16

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LES DEVISES

+HAUTJOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

145,28 118,64 26,25 28,49 28,275 59,51 30,04 175,3 17,37 10,552 50,8 35,81 12,596 175,85 66,5 1658,5 542,3 385,5 83,12 799,6

143,3 116,58 25,43 27,6 27,87 58,28 29,29 171,55 16,9 10,38 49,905 34,81 12,43 170,9 64,02 1612 528,5 373,55 80,34 774,7

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

0,217 0,181 0,355 0,336 0,228 0,283 0,318 0,253 0,279 0,247 0,231 0,112 0,214 0,143 0,225 0,068 0,215 0,091 0,247 0,098

+9,37 +5,31 +11,52 +13,51 +7 +10,61 +5,28 +10,29 +8,98 +6,13 +1,99 +4 -6,84 +1,03 -4,06 +11,73 +11,46 +12,89 +7,67 +14,22

1 EURO=

1,5726 1,4603 0,8765 8,4696 139,02 0,9921 1,0815 3,324 11,103 20,3295 32,08 7,3424 88,046 147,57

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

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VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

À partir du mois de mars prochain, le titre sera donc exclusivement coté à Wall Street. En pratique, « les actionnaires de Linde recevront automatiquement une action du nouveau holding, qui sera coté à la Bourse de New York, en échange de chaque action de Linde qu’ils détiennent », précise l’entreprise. Les doubles cotations, coûteuses et complexes, sont passées de mode, et de plus en plus d’entreprises y renoncent. Or, près des trois quarts des volumes de transactions sur le titre se font déjà à Wall Street. Linde a toutefois motivé sa décision par

»

L’autorité bancaire européenne

Un terminal de liquéfaction d’hydrogène de l’entreprise Linde dans le parc chimique de Leuna, en Allemagne. JENS SCHLUETER/AFP

la séance du jeudi 19 novembre

LE CAC

Marchés Le couperet est tombé mercredi soir. Le numéro un mondial des gaz industriels et première capitalisation du Dax, le groupe germano-américain Linde, va quitter la Bourse de Francfort. Les actionnaires de ce grand rival du français Air liquide ont voté à 93 % pour le retrait de la cote. Un véritable plébiscite pour ce projet annoncé par la direction du géant industriel au mois d’octobre dernier. Le titre devrait être rayé de la cote francfortoise dès le 1er mars prochain. Le spécialiste de l’armement Rheinmetall fait figure de grand favori pour remplacer Linde au sein de l’indice phare. Cette décision doit encore recevoir le feu vert de la Haute Cour irlandaise. En effet, depuis la fusion de Linde avec l’américain Praxair, en 2018, le siège du nouvel ensemble est domicilié en Irlande. « Cette étape est essentiellement formelle et ne devrait pas bouleverser le calendrier », estime un gérant.

La valeur du jour JOUR

MICHELIN .............................................. 28,86 ORANGE ..............................................9,573 PERNOD RICARD ...........................192,3 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 61,82 RENAULT .............................................. 36,5 SAFRAN .............................................. 127,22 SAINT GOBAIN ........................... 53,08 SANOFI ..............................................91,25 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 142,98 SOCIETE GENERALE ........................... 24,215 STELLANTIS NV ........................... 13,908 STMICROELECTRONICS ..................... 38,045 TELEPERFORMANCE ........................... 250 THALES ..............................................118 TOTALENERGIES ...........................58,34 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 55,85 VEOLIA ENVIRON. ........................... 26,48 VINCI .............................................. 102,38 VIVENDI SE ........................... 9,462 WORLDLINE .............................................. 39,63

LʼOR

%VAR.

-1,99 -0,52 +0,65 -0,55 -2,08 -1,61 -2,61 -0,09 -3,61 -2,1 -2,48 -3,71 -2,23 +1,59 -2,11 -1,85 -2,72 -1,44 -1,42 -3,34

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

29,51 9,635 193,8 62,8 36,815 129,52 54,43 92,05 147,66 24,54 14,204 39,635 256,6 118,85 59,02 56,8 27,21 103,8 9,626 41,15

28,73 9,486 190,5 61,6 36,12 126,84 52,85 90,46 142,68 23,95 13,904 38,03 249,7 116 57,97 55,32 26,48 101,88 9,45 39,53

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Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 57 227,3€ Lingot 100g ................................. 5 734,73€ Lingot 50g ................................. 2 873,87€ 1 791,06€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 582,47€ 153,79€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................356,24€ 20Fr SUISSE ................................. 352,26€ SOUVERAIN ................................. 446,62€ KRUGGERAND ................................. 1 903,35€ 50 PESOS ................................. 2 274,59€ 10 DOLLARS ................................. 930,68€ 20 DOLLARS ................................. 1 859,37€

+4,39 % -0,99 % -2,08 % -2,13 % -2,43 % -5,01 % +4,16 % +4,22 % +4,85 % +1,95 % +4,25 % +3,87 % +3,99 %

%CAP.ECH

0,221 0,302 0,172 0,207 0,575 0,234 0,316 0,167 0,23 0,384 0,147 0,256 0,307 0,244 0,226 0,534 0,265 0,167 0,181 0,309

une tout autre raison. Le groupe s’estime pénalisé par une règle propre au Dax : le poids d’une entreprise ne peut dépasser 10 % de l’indice. Avec une capitalisation voisine de 150 milliards d’euros, le spécialiste des gaz industriels dépasse régulièrement ce seuil. Lorsque cela se produit, les trackers, ces fonds indiciels cotés qui reproduisent fidèlement le Dax, doivent vendre des actions Linde, ce qui fait baisser le titre. Cette restriction « a limité la valeur de nos titres », avait estimé le PDG de Linde, Sanjiv Lamba, en octobre 2022. Le retrait de la Bourse de Francfort risque toutefois de peser encore sur le titre. Les gestions indicielles vont en effet devoir se séparer totalement de la valeur. Un mouvement déjà anticipé par le marché : l’action Linde perd près de 2 % depuis le début de l’année, contre une hausse d’environ 7,5 % pour le Dax. Cet été, la Deutsche Börse s’est refusée à relever ce plafond à 15 % comme c’est le cas pour le CAC 40. Une décision largement contestée outre-Rhin et qui semble avoir précipité cette décision. Le départ de Linde est en effet un camouflet cinglant pour la place financière allemande, qui perd sa première capitalisation, devant SAP (130 milliards d’euros) et Siemens (120 milliards). Or, la Bourse de Francfort, demeurée isolée dans le bal des fusions entre opérateurs boursiers, est déjà en perte de vitesse par rapport à son principal rival Euronext, à la tête des Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne, Dublin, Oslo et depuis peu Milan. Le Dax capitalise environ 1 280 milliards d’euros, contre 2 280 milliards pour le CAC 40. Avec la perte de Linde, la distance va encore se creuser. ■

[email protected]

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+11,06 +3,15 +4,65 +4,04 +16,71 +8,81 +16,28 +1,57 +9,38 +3,13 +4,81 +15,31 +12,26 -1,09 -0,53 +14,85 +10,33 +9,74 +6,15 +8,49

Accor vend ses parts dans H World Group et empoche une plus-value

CLÔTURE DU CAC 40

- 1,86 % à 6 951,87 points

Joli coup double pour Accor. Le groupe hôtelier français a vendu les 3,3 % qu’il détenait encore dans son partenaire H World Group (ex-Huazhu) afin de « simplifier son bilan » et il a empoché au passage une belle plus-value. À l’issue de cette opération, « Accor ne détient plus aucun titre du capital de H World Group Limited », dont il avait acquis 10,8 % en 2016. Le français précise que « la valeur de cession cumulée depuis 2019 atteint 1,2 milliard de dollars, à comparer avec un investissement initial de moins de 200 millions de dollars ». Au total, le groupe engrange donc 1 milliard de plus-values, sur les trois vagues successives de vente de ses titres dans Huazhu, en 2019, 2021 et cette semaine. À l’origine, Accor n’avait pas dévoilé le montant son investissement. Accor précise que les deux groupes « poursuivent leur partenariat fructueux et la dynamique de croissance initiée en 2016 ». L’accord de franchi-

se entre les deux spécialistes du tourisme a « permis l’ouverture en Chine de 450 hôtels économiques et milieu de gamme, principalement sous les marques ibis, Novotel et Mercure ». Pour « les trois prochaines années, 190 ou­vertures d’hôtels supplémentaires » sont programmées. De son côté, en 2016, Huazhu avait pris une participation non majoritaire de 29,3 % ainsi que deux sièges au sein de l’activité luxe et haut de gamme d’Accor en Chine, ce qui pour l’heure ne fait l’objet d’aucun changement. Au dernier classement mondial des groupes hôteliers publié par le cabinet spécialisé MKG Consulting, Accor était numéro six, juste devant Huazhu, qui affichait « une croissance organique très forte en Chine » et bénéficiait aussi du rachat, fin 2019, de l’allemand Deutsche Hospitality (Steigenberger, Intercity, Maxx…). Le titre Accor a gagné 1,33 %, jeudi, à 28,88 euros. ■

le figaro

médias et publicité

vendredi 20 janvier 2023

27

« Anne-Sophie Lapix sera au JT à la rentrée » Alexandre Kara, le nouveau directeur de l’information de France Télévisions, détaille ses priorités. gent public – 250 à 260 millions de budget pour l’information – dont nous disposons. Je rappelle que l’information de France Télévisions, ce sont 1 230 personnes au service de la rédaction nationale, de Franceinfo canal 27, de Franceinfo.fr et des magazines d’information (« Envoyé spécial », « Complément d’enquête »…), et surtout plus de 80 % des Français qui regardent chaque semaine nos antennes.

PROPOS RECUEILLIS PAR

Philippe Larroque £@Philarroque et Caroline Sallé £@carolinesalle

Refonte du JT, régionalisation de France 3, évolution de Franceinfo… Le nouveau directeur de l’information de France Télévisions explique les projets du groupe audiovisuel. LE FIGARO. - Quelle feuille de route vous a été confiée ? Alexandre KARA. - La priorité de Delphine Ernotte est de replacer les enjeux éditoriaux au cœur de notre réflexion collective sur l’information. Nous devons encore renforcer la transversalité entre les équipes, en dépassant la culture de silos qui a longtemps prévalu. L’information de FTV est une formidable machine qui comprend les journaux télévisés mais également les magazines, l’information permanente et numérique… Dans un contexte économique et social compliqué, nous devons aussi donner du sens à notre travail, défendre et prouver la singularité du service public. Il nous faut être fort pour répondre aux attaques de certains politiques mais aussi d’intérêts privés. Que répondez-vous à Cyril Hanouna, qui estime que le service public ne sert à rien et coûte cher ? Les 13 millions de téléspectateurs qui regardent quotidiennement nos éditions nationales lui répondent sans doute à ma place. Au-delà des petits buzz, le service public est une nécessité démocratique. Partout où il recule, la démocratie recule. Notre première mission est de faciliter l’accès à l’information pour tous les publics, et avec une totale liberté éditoriale, quitte à en déranger certains. On nous a, par exemple, reproché d’inviter Jean-Luc Mélenchon dans l’émission « L’Événe­ ment », en direct de Guyane. Chez

« Nous devons poursuivre notre lutte contre la désinformation, élargir les sujets consacrés au climat et rester fort sur l’investigation », déclare Alexandre Kara (ici, dans son bureau, lundi à Paris). Francois Bouchon/Le Figaro

nous, cela s’appelle le pluralisme. La veille, c’est Élisabeth Borne qui était l’invitée du « 20 Heures ». Nous donnons la parole à tous les acteurs de la vie publique et politique pour offrir une grille de compréhension aux Français. Nous sommes les seuls à consacrer trois cents heures par an sur nos chaînes à la parole politique quand nos concurrents généralistes n’y consacrent que quelques heures… La rédaction de France Télévisions est réputée pour être dure. Comment avez-vous été accueilli ? Je connais bien la rédaction, ce n’est pas une rédaction dure, c’est surtout une rédaction exigeante et talentueuse. Il faut juste être à son écoute. Aujourd’hui, elle réalise un travail exemplaire en France, comme partout dans le monde, pour informer nos concitoyens.

Le streaming mesuré comme la télé d’ici à deux ans

Tempo, le projet de régionalisation de France 3, a toujours du mal à passer en interne… Cette réforme, comme tout changement culturel inquiète, je peux le comprendre, mais elle va permettre de clarifier notre information. À France 2, l’essentiel de l’information nationale et internationale, à France 3, la proximité et l’information vue des régions. La suppression des journaux nationaux de France 3, le « 12/13 » et le « 19/20 », est toujours prévue en septembre, ils seront remplacés par 24 éditions régionales, « Ici 12/13 » et « Ici 19/20 ». C’est un projet stratégique fort. L’information est-elle soumise à des coupes budgétaires ? Depuis 2015, l’orthodoxie budgétaire prévaut. Nous avons régulièrement réalisé des économies. Nous devons toujours mieux utiliser l’ar-

Êtes-vous satisfait des résultats de la chaîne Franceinfo ? Franceinfo est la plus vertueuse des chaînes d’information car elle profite de la mutualisation des contenus de FTV mais aussi des partenaires du service public. Avec une part d’audience de 0,9 %, elle a trouvé un public. Notre problématique, c’est la durée d’écoute des téléspectateurs. Nous devons tout faire pour les garder plus longtemps, les fidéliser. Ce travail passe par une grille plus claire mais aussi par plus de singularité. Cet objectif devrait être atteint en septembre. Allez-vous vous lancer dans une course à l’audience pour doubler les JT de TF1 ? Notre ambition est toujours d’élargir l’audience de nos journaux, non pas pour doubler TF1, mais pour apporter une information de qualité à tous les Français. Notre mission est de nous adresser au plus grand nombre. Nous défendons une approche de l’actualité au plus près, au plus juste. En Ukraine, par exemple, nous avons mobilisé des moyens importants - 50 collaborateurs – depuis le début du conflit. Et nous allons consacrer une soirée entière au premier anniversaire de cette guerre, le 16 février. L’important pour nous, c’est d’être prescripteur, d’avoir une information plurielle et ne pas nous laisser dicter

notre éditorial par le nombre de vues sur les réseaux sociaux. Allez-vous faire évoluer vos JT ? Nous envisageons des aménagements. Nous allons moderniser le décor du plateau, le dernier remonte à cinq ans déjà. Nous devons également poursuivre les évolutions techniques et accentuer l’écriture numérique. L’objectif est d’être encore plus en proximité avec les téléspectateurs. Sur le fond, nous devons poursuivre notre lutte contre la désinformation, élargir les sujets consacrés au climat et rester fort sur l’investigation. Pour tous ceux qui n’avaient pas encore pris conscience des enjeux climatiques, l’été 2022 a été un révélateur. Une vraie bascule s’est opérée. Pour cette raison, nous allons y consacrer plus d’antenne. Le temps du traditionnel rendez-vous météo est révolu. Il ne répond plus aux enjeux actuels. D’ici au printemps, nous lancerons donc un journal du climat et de la météo qui sera plus long. De nouveaux indicateurs verront le jour, avec l’ambition d’être ni moraliste, ni anxiogène, juste informatif. Anne-Sophie Lapix est-elle sur la sellette, comme on l’entend ? Si on changeait de présentateur de JT à chaque fois qu’une femme ou un homme politique n’est pas content, nous n’aurions pas assez de journalistes pour présenter les journaux ! Nous ne sommes pas là pour satisfaire nos invités politiques. Anne-Sophie Lapix mène ses interviews avec professionnalisme, sans concession. C’est une journaliste qui a le courage de poser toutes les questions. Nous avons beaucoup de pressions, notre devoir est de résister. Je vais être clair : Anne-Sophie Lapix sera présente à la rentrée 2023 aux commandes du « 20 Heures », à moins qu’elle n’en décide autrement. ■

Découvrez les hors-séries Quand nos émotions nous gouvernent

L’islam, pourquoi c’est compliqué

Les plateformes de SVOD comptent 8,9 millions d’utilisateurs quotidiens.

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tion de la parenthèse Covid, le temps qui lui est consacré (3 h 26 en 2022) ­diminue inexorablement (25 minutes de moins en dix ans) et ses aficionados vieillissent. Dans ce contexte d’évolution rapide des usages, Médiamétrie, qui mesure l’audience des chaînes de télévision, prépare l’avenir. Tant que le modèle commercial des géants du streaming reposait sur les seuls abonnements payants, il n’y avait pas de réelle urgence à leur appliquer les mêmes règles du jeu qu’aux diffuseurs traditionnels.



Que ce soit via la télévision, les plateformes de SVOD, ou la “social video”, la quasi-totalité des Français, soit plus de 50 millions, ont un contact quotidien avec la vidéo

NOUVEAU La Croix a exploré la part intime et collective des émotions, d’un point de vue philosophique, culturel et scientifique ou historique et politique et en s’interrogeant sur la place qu’elles occupent dans nos sociétés actuelles, ainsi que sur ce qu’elles disent de notre rapport au temps et aux autres.

Comment comprendre cette religion, beaucoup plus riche et complexe que ce qu’en disent ses adeptes les plus intransigeants ? Quelles ressources détientelle pour surmonter les défis auxquels elle fait face aujourd’hui ? Comment dialoguer avec les musulmans ?

104 pages

104 pages

Rapport Sauvé… Et maintenant ?

Identités, en parler sans se fâcher

Ce hors-série vous propose des clés pour vous aider à comprendre et vous approprier le rapport Sauvé paru il y a un an + une fiche pratique « Comment organiser un temps de prière et de parole pour partager la réception 158 pages du rapport en groupes ».

Nos particularismes sont-ils voués à nous enfermer ? Comment se réapproprier nos identités ? Comment les réconcilier entre elles et avec celles des autres ? Où et comment parvenir à les expliciter 144 pages sans se fâcher ?



Isabelle Maurice, directrice études, veille et prospective de Médiamétrie

Mais, depuis que Netflix s’est ouvert à la publicité, en novembre dernier, le sujet devient crucial. Le marché de la vidéo « a besoin d’une mesure trans­parente et faite par un tiers de confiance », a expliqué la directrice du département de télévision de Médiamétrie, Laurence Deléchapt. « Nous sommes en train de préparer l’évolution de nos systèmes pour proposer une mesure des plateformes à un niveau ­ global mais également au niveau des contenus » en 2024 ou en 2025. ■ C. S.

COMMANDEZ SUR la-croix.com/hors-serie-2023 ou par téléphone au 01 74 31 15 02 du lundi au vendredi de 8 heures 30 à 19 heures Ces hors-séries sont imprimés à la demande. Ils ne sont donc pas stockés en nombre, ce qui nous permet de contribuer à l’effort de conservation des ressources papier. Un délai de livraison d’environ deux semaines est à prévoir. À retrouver également en version numérique.

A

audiovisuel Les Français passent de moins en moins de temps à regarder des programmes télévisés. Mais ils consomment toujours plus de vidéos. « Que ce soit via la télévision, les plateformes de SVOD, ou la “social video”, la quasi-totalité des Français, soit plus de 50 millions, ont un contact quotidien avec la vidéo », indique Isabelle Maurice, directrice études, veille et prospective de Médiamétrie. Et ils sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les plateformes de streaming. En 2022, selon la dernière enquête de l’institut d’études, Netflix, Amazon Prime Video, Disney+ et consorts comptaient 8,9 millions d’utilisateurs quotidiens dans l’Hexagone. Autrement dit, depuis 2019, le nombre de Français visionnant chaque jour des contenus sur les services de streaming a quasiment doublé… Preuve que ces nouveaux géants de l’audiovisuel ont trouvé leur place sur le marché tricolore, près d’un foyer sur deux est désormais abonné à un service de ­ SVOD. Et si le cœur de cible de ces plateformes demeure les jeunes adultes, elles recrutent bien au-delà. En témoigne la progression des abonnés de plus de 50 ans. Ils représentent aujourd’hui près d’un quart des effectifs, contre à peine 16 % il y a quatre ans. La télévision traditionnelle n’a pas dit son dernier mot : elle rassemble toujours 43,3 millions de fidèles chaque jour et demeure « un pilier de la consommation vidéo », insiste Médiamétrie. Loin devant les services de streaming payants. Mais, à l’excep-

NOUVEAU

présente

PARFOIS IL NE SUFFIT QUE DE QUELQUES MOTS…

Une idée pertinente plutôt que bonne. Un propos sibyllin mieux que mystérieux.

Concomitant

plus original que simultané.

Archétype

plus élégant qu’exemple.

Célérité

plus inédit que vitesse.

Laconique

plus gracieux que bref et concis.

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plus chic qu’illusion.

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moins utilisé que sévère.

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Sous la plume de Jean Pruvost, professeur émérite et éminent linguiste, retrouvez 100 mots et la manière de les employer pour redonner avec humilité un peu de richesse à un discours, une conversation ou un simple propos.

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Défilés

Mis en scène par MIchel Gondry, Louis Vuitton assure le show Page 32

jardin

comment prendre soin des sols et des plantes pendant l’hiver Page 35

Philippe Starck

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a de nouveau la cote

Plusieurs expositions remettent à l’honneur Ce touche-à-touT du design, Aussi célèbre qu’une star de cinéma. Avec une prédilection pour ses pièces des années 1980. PAGES 30 et 31

« L’Orage » : un éblouissant grondement shakespearien Nathalie Simon [email protected]

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es cris retentissent par-delà la Volga. Une immense photographie de Thibaut Cuisset déroule le fleuve en majesté. Un homme échevelé hurle après son neveu qui s’enfuit apeuré. Les habitants de la petite ville où tout se sait et se prête aux commérages s’amusent de la­ scène. Un gros orage se prépare. Kouli­guine (toujours prodigieux et presque lunaire Philippe Duclos), un inventeur philosophe, a fabriqué un paratonnerre pour parer à cette éventualité. Mais c’est un autre orage auquel il va assister. Katerina (Mélodie Richard) est mariée à Tikhone (Thibault Vinçon), un doux alcoolique qui vit sous l’emprise de sa dictatrice de mère (Nada Strancar, parfaite en dominatrice). La jeune femme est agitée, elle sent qu’elle pourrait mourir. Elle ignore exactement pour quelle raison, mais elle a le cœur qui bat trop vite. Rêve de voler

comme un oiseau. Tchekhov s’en est-il inspiré pour écrire sa Mouette ? Malgré elle, Katerina aime Boris (Julien Campani) qui l’aime en retour. Quelle abomination, quel sacrilège ! Sans doute inspiré par Shakespeare et Molière - son personnage de pingre notamment rappelle L’Avare -, Alexandre Ostrovski (1823-1886) dessine dans son Orage une comédie humaine plus vraie que nature. Fils d’un avocat au tribunal civil de Moscou qui aurait apprécié qu’il suive ses traces, le dramaturge russe parle d’injus­tice, de non-droit, de désir et de liberté étouffés dans une société formatée et moralisatrice. Dans Noces de sang, Federico Garcia Lorca ne faisait déjà pas autre chose.

L’esprit de l’auteur respecté Les personnages d’Alexandre Ostrovski se débattent comme des insectes enfermés dans une boîte noire, mais n’oublient pas d’être drôles. Espiègle, Katerina fait l’enfant à l’idée de transgresser la loi. Boris, son prétendant, est dans ses petits souliers et ne

cache pas son désarroi devant les exigences volatiles de sa dulcinée. Il y a comme un rire étonné au fond de leur gorge. « Chacun a ses ténèbres et personne ne lit dans le fond des cœurs », observe l’un des protagonistes. Cette phrase semble résumer la pensée d’Alexandre Ostrovski, observateur avisé de l’âme slave, admirée par Nietzsche : « J’échangerais le bonheur de tout l’Occident pour cette manière russe d’être triste. » Laurent Mauvignier, qui signe l’adaptation de la pièce, a respecté l’esprit de l’auteur. Il indique s’être inspiré de l’une des premières traductions, celle d’Émile Durand-Gréville publiée en 1889 (la pré­face de L’Orage, Les Éditions de Minuit). Sociétaire de la Comédie-Française, Denis Podalydès en offre une mise en scène aussi solide qu’inventive dans la scénographie épurée de son « patron » dans la maison de Molière, Éric Ruf. ■ L’Orage, au Théâtre des Bouffes du Nord (Paris 10e), jusqu’au 29 janvier. Rés. : 01 46 07 34 50 et www.bouffesdunord.com En tournée à partir du 8 mars.

Collection Liens YO U R S T O R I E S O F L I E N S *

*Vos histoires de Liens.

A

Aux Bouffes du Nord, à Paris, Laurent Mauvignier a adapté en virtuose la pièce d’Alexandre Ostrovski. Et Denis Podalydès en propose une mise en scène solide et inventive.

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

l'événement

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L’engouement pour les années 1980 fait ressortir les pièces vintage de l’iconique designer français. Une poignée de galeristes y croit et le pousse. Le début d’un marché très prometteur.

S

tarck, le retour sur terre ? Tel le héros de Star Trek dans le quatrième épisode de la célèbre série de science-fiction, l’iconique designer français revient en grâce sur le marché. Aussi célèbre qu’une star de cinéma, l’autodidacte qui a emprunté au roman de sciencefiction Ubik, de Philip K. Dick, le nom de ses créations, est sous les projecteurs, propulsé comme une fusée par l’engouement des folles années 1980. On les redécouvre aujourd’hui à la rétrospective du Musée des arts décoratifs de Paris (jusqu’au 16 avril), où le créateur a d’ailleurs sa salle permanente depuis 2018. Il y a trois ans, le Tripostal, dans le cadre de Lille-Métropole Capitale du design, lui avait déjà rendu un bel hommage. Les prémices d’un avenir à nouveau florissant. À 74 ans, l’insatiable créateur continue d’incarner mieux que quiconque cette décennie artistique propice à la liberté, sous l’ère de François Mitterrand qui lui fit redécorer ses appartements de l’Élysée, sur recommandation de son ministre de la Culture Jack Lang. Dans la mouvance de cette époque de faste et de fête qui a vu naître toute une génération de célébrités, autant dans le design que la mode ou la publicité, Starck ressurgit comme une déferlante de jouvence pouvant engloutir les événements noirs du monde. Le timing tombe à pic pour un revival. Au marché de faire le reste, à savoir le faire entrer dans les bonnes collections et faire monter doucement la cote. Les musées ont déjà de nombreuses pièces, notamment le Centre Pompidou, qui a reçu en legs de l’artiste des pièces après son exposition très controversée de 2003. Des bustes à son effigie, en guise de créations, et un discours en boucle. « Subversif, éthique, visionnaire, politique, humoristique, poétique, voilà l’idée que je me fais de mon devoir de créateur », écrit ce surdoué polymorphe et prolifique, héros de l’objet démocratique et maintenant écologique, en introduction de son site, sa bible en noir et blanc, pavé de 15 chapitres à lire, voir et écouter. À l’unanimité, on lui reconnaît son talent, nettement au-dessus de la mêlée. Cas unique : l’homme est plus populaire que son œuvre. Mais il peut agacer. Sur les plateaux télé, on lui reproche d’être donneur de leçons, quand il dit : « Il y a ceux qui vont dans les dîners en ville et racontent ce que disent les autres et ceux, pendant ce temps, qui pensent et accouchent de leurs idées sur leur carnet de croquis », en les brandissant à l’intervieweur. À force de se moquer de tout, de cultiver le sens de la dérision, de marier la contradiction, d’exposer la thèse, antithèse sans jamais la synthèse, Starck n’aurait-il pas trop joué avec le feu ? Le fait de voir du Starck partout n’a-t-il pas fini par lasser aussi ? On ne sait plus où donner de la tête parmi les quelque 10 000 pièces produites, non numérotées et rarement signées, en série ou pas, portant des noms impossibles à retenir. On s’éparpille tous azimuts : des objets du quotidien – le mythique presse-agrumes ou la brosse à dents Fluocaril –, au mobilier des restaurants et hôtels dont il a révolutionné les codes dès

François Bouchon/Le figaro ; STEPHANE GRANGIER/Madame Figaro

Béatrice de rochebouët [email protected]

Le retour en grâce de

Philippe Starck les années 1980 – du Café Costes au Too Hôtel, le dernier en date, au sommet des tours Duo de Jean Nouvel dans le 13e arrondissement de Paris –, en passant par les maisons – celle vendue par les 3 Suisses avec son mode d’emploi –, les yachts – celui de 78 mètres pour Steve Jobs – et tout récemment un module d’habitation capitonné, tout douillet (Axiom Espace), réalisée de concert avec les astronautes, pour leur voyage vers la Station spatiale internationale.



Subversif, éthique, visionnaire, politique, humoristique, poétique, voilà l’idée que je me fais de mon devoir de créateur

Philippe Starck



Après un certain désamour, revoilà donc Starck sur le devant de la scène, le marché s’étant emparé depuis peu de ses vintages, mais seulement ceux devenus historiques de la période fin 1970-1980, voire tout début 1990, avec la ferme intention de faire décoller les prix. Plusieurs expositions remettent à l’honneur ce touche-à-tout du design, au sommet du podium dans la discipline. À commencer par celle du jeune Paul Bourdet (l’associé de Charlotte Ketabi-Lebard) qui vient d’ouvrir au 22, passage Dauphine (Paris 6e) sous le titre « Ubik », le nom du fameux roman qui a tant inspiré le designer. Moquette rouge, ton sur ton avec une affiche de lui de 1986, cliché de l’Américain de Chicago Tom Vack, son photographe officiel pendant dix ans, pour accueillir une quarantaine de pièces iconiques (lire ci-contre), à des prix allant de 3 000 à 4 000 euros pour une chaise, à 70 000 euros pour un objet plus rare. Discrète apparition, jeudi, jour du vernissage, de Starck qui a validé la scénographie et la présentation des objets, avec son agence (15 personnes) en charge de l’inventaire de ses archives. Ceux qui pouvaient être démontés et pliables sont présentés comme des trophées au mur !

On attend aussi l’exposition en préparation, pour le 9 mars, de Mathias Jousse, au 18, rue de Seine (Paris 6e) qui offrira principalement des prototypes inédits ou des pièces à provenance, comme le fauteuil Costes du Café du même nom ou les paires de tabourets du Royalton à New York ou du Starck Club à Dallas (de 3 000 à 70 000 euros). « Cela fait six ans que je travaille à réunir ces pièces », explique le galeriste, qui lui a déjà consacré un one-man-show en 2020. « J’ai été marqué par ses boutiques-hôtels, le lobby du Royalton, et ses palaces de luxe comme le Delano à Miami, avec ses grands rideaux blancs, ouvrant sur l’immense hall débouchant sur la piscine », ajoute sa contemporaine Aurélie Julien, spécialiste du design, qui conseille Starck à ses clients depuis plusieurs années. « C’est ce don unique de la théâtralité, son sens de l’espace et son inventivité du design qui m’a incitée à me lancer dans le domaine en 2015, conclut cette fan aussi de Martin Szekely, l’autre génie de la branche pure et dure du design. « Il y a quelques années, quand on disait à nos collectionneurs qu’il faut acheter Starck, aucun n’y croyait. Mais, depuis trois ou quatre ans, devant les prix stratosphériques de Jean Prouvé et Charlotte Perriand, nombre d’entre eux ont revendu le 1950 pour acheter du 1980 », explique Paul Bourdet. Ce dernier a fait ses armes pendant six ans chez François Laffanour, l’un des premiers défenseurs de ce mobilier industriel qui a explosé aux enchères. Avant de se lancer dans l’aventure Starck, d’abord à l’ancien hôtel la Louisiane (la chambre S) en 2021, puis à Art Basel en 2022. Certains ont toutefois mis du temps à apprivoiser Starck, en dépassant le premier degré, et à aimer ses assises et meubles souvent trop raides et radicaux. « J’ai commencé en perfusion à petite dose et, à force, j’ai fini par être convaincu par le talent de cet anti-Corbusier », avoue l’homme d’affaires Daniel Lebard, qui a vendu sa collection 1950-1960 en 2021, chez Christie’s, pour assurer sa retraite. Son ami, l’architecte belge Olivier Dwek, s’y est mis aussi, doucement : « J’ai acheté 4 pièces, dont le néon Easy

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PARIS PORTE DE VERSAILLES VENTE AUX ENCHÈRES

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Light autour de 15 000 euros. C’est un bon début ! »« À l’opposé d’Élisabeth Garouste et Mattia Bonetti ou André Dubreuil, la tendance plutôt néobaroque, il y a deux noms qui resteront : Szekely et Starck, dans un genre radicalement différent, le premier ayant déjà pris de l’avance pour être défendu depuis plus longtemps, assure Paul Bourdet. Le même phénomène se produira pour Starck, une fois qu’il aura un solide second marché. » Qui furent les premiers amateurs de Starck ? « Essentiellement des gens cultivés, passionnés depuis toujours par le design, à savoir les grands directeurs artistiques de maisons de mode et du luxe, les publicitaires comme Thierry Ardisson pour son agence Business, des personnalités de la mode, telles qu’Élie Jacobson et son épouse, Jacqueline, pour la marque Dorothée Bis, observe l’architecte Philippe Gravier, amoureux de Starck des tout débuts. Maintenant, des plus jeunes ont pris le relais, ceux qui ont la nostalgie des années 1980, des fêtes au Palace ou aux Bains Douches, de la liberté perdue malgré la menace du sida, avec tout ce que cela réveille dans leur imaginaire. Et qui ont sans doute dans la tête, la conviction que les prix vont s’envoler », renchérit ce dernier. Dans sa mai-

De haut en bas : Philippe Starck (ici en 2020), le designer français le plus connu du grand public. Antoine et Valérie Bouvier, le duo du marché Paul Bert aux puces de Saint-Ouen, les premiers à avoir réhabilité Starck il y a huit ans. Philippe Gravier, dans sa maison de Ricciotti, assis sur un tabouret « Sarapis » de Starck (1986), devant une table Baccarat en cristal et marbre de Carrare, faite pour l’Hôtel Meurice, en 2000.

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De gauche à droite : chaise Pat Conley II, chaise Dr Sonderbar, chaise Miss Dorn, néon Easylight et chaise Wendy Wright.

Cinq pièces iconiques u Chez l’architecte Philippe Gravier, près de Mantes-la-Jolie, une table prototype en bois de Rudy Ricciotti, qui a construit la maison. Elle est entourée de 12 chaises Ed Archer de Philippe Starck datant de 1987 et éditées par Alec (Driade). Derrière, un paravent lumineux Staton Mick de 1978, édité en France par Electrorama.

1. Fauteuil Pat Conley II, vers 1983, édition XO France de 1983 à 1990

Jeux de pieds, jeux de malins. Faire tenir drôlement un fauteuil sur le sol a toujours été un challenge pour Starck. Il y a eu une première version du Pat Conley, le numéro un, lui aussi en structure laquée noire et assise en scoubidou. Mais il était tellement inconfortable, avec sa barre sciant le dos, que le designer lui a redessiné un petit dossier. Il est proposé à 8 000 euros, soit 2 000 euros de moins que la première version originale, plus rare (KetabiBourdet).

ou guéridon Mickville de 1985 édité par Driade) accrochées sur les murs mais bien au centre, dans le rond d’honneur, chez Ketabi-Bourdet. Pour les amateurs de la première heure comme l’architecte Phillippe Gravier, elle est un classique de Starck avec lequel il vit au quotidien dans sa propriété construite par Ricciotti, à une heure de Paris, près de Mantes-la-Jolie (3 500 euros).■ B. DE R.

Studio Shapiro

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Fauteuil D Sonderbar, u2.vers 1983, avec son logo r

de l’éditeur XO

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Starck a passé son enfance sous les tables à dessin de son père, concepteur en aéronautique, d’où son goût pour les matériaux à la pointe et les formes futu-



Se balancer sur un tripode, c’est plus dangereux, mais plus rigolo



Philippe Starck

ristes. En métal chromé inoxydable, ce fauteuil (peut-être édité à quelques milliers) répond à l’idée que « le quatrième pied est une redondance », selon le designer. Le tripode crée une tension intéressante qui demande à son utilisateur plus de vigilance en s’asseyant. Il amène à réfléchir, après l’étonnement. « Se balancer sur un tripode, c’est plus dangereux, mais plus rigolo », disait Starck. Il est à vendre autour de 4 000 euros (Ketabi-Bourdet).

Chaise Miss Dorn, vers 1982, u3.édition Disform

Couleur minimale noire et simplification de la forme par un savant jeu de triangles, la chaise qui tire son nom d’un personnage du roman de sciencefiction Ubik, de Philip K. Dick, a été produite, un an après sa conception, par l’éditeur espagnol Distform, à quelques milliers d’exemplaires. Elle avait été achetée par Paul Bourdet autour de 300 euros sur le site Leboncoin. Elle trône dans la vitrine, sous le portrait de Starck par Tom Vack qui a réalisé dans l’exposition de très beaux tirages noir et blanc d’objets du designer. La chaise fait partie d’un ensemble de six à vendre 22 000 euros, une belle plus-value (Ketabi-Bourdet).

Néon Easylight, vers 1979, u4.édition Electrorama, Paris, France

Produit à environ 400 exemplaires avec un système assez artisanal peu fiable qui les a souvent fait griller, il en reste peu. Easylight reprend les codes des néons de l’Américain Dan Flavin, dans les années 1970. C’est le coup de cœur du collectionneur belge Olivier Dwek, qui s’intéresse à Starck depuis peu et a cassé sa tirelire pour l’acheter 15 000 euros, chez Ketabi-Bourdet. « C’est élégant et intemporel, et, surtout, tellement minimal », souligne cet architecte qui n’a de cesse de magnifier la lumière dans tous ses intérieurs. Un exemplaire similaire est dans les collections du Cnap/Fnac.

Chaise Wendy Wright, u5.vers 1986, édition Distform

Avec ses quatre pieds bien stables, l’assise n’est pas comme d’autres (chaise

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son mausolée construite par Rudy Ricciotti, il a réuni une soixantaine de créations, certaines d’avant 1979, mais pas après 1990, avec lesquelles il se réjouit de vivre tous les jours. Même s’il avoue « détester le personnage trop égocentré, narcissique, hâbleur, arrogant et ne supportant pas la concurrence ». Posture ou nature ? Peu importe, il faut dépasser l’homme. « En termes de créativité, il est exceptionnel et magique. Son style est intemporel et peut se marier avec d’autres designers. Le consensus pour le faire entrer dans l’histoire est global. Qui d’autre que lui a réalisé trois des cinq plus gros yachts de milliardaires sur la planète ? Tous ses meubles sont dessinés, pas gadget, comme ses architectures en kit si intelligentes. Quand il crée, il a une vision globale des lieux, ce qui rend l’atmosphère chaleureuse. On s’y sent bien », conclut Philippe Gravier. Entre admiration et répulsion, les cœurs balancent. « Il est imbuvable, mais on l’adore », lâche d’une seule voix le duo du marché Paul Bert aux Puces, Antoine et Valérie Bouvier, premiers à avoir ressorti Starck il y a huit ans. Ils lui feront la part belle au prochain PAD, aux Tuileries, du 29 mars au 2 avril, dans une ambiance très 1980. « Les best-sellers de Starck sont moins importants à nos yeux. Nous préférons défendre ses échecs commerciaux, nettement plus inventifs. Quant aux créations en plastique pour Kartell, nous n’y touchons pas, ni celles pour Baccarat plus tardives. Elles se vendront sûrement sur le marché, un jour, quand celui-ci sera prêt », explique le couple, qui partage le même goût pour « le design intello, minimaliste, radical » que symbolise Starck. « Un jour, il est entré sur notre stand, tout étonné de voir que l’on pouvait lui faire un temple à son honneur. Il avait oublié l’existence de certaines de ses pièces. D’un air détaché, il nous a dit ne pas être intéressé financièrement par des rééditions de ses œuvres anciennes. Ce qui compte pour lui, c’est l’avenir. Créer encore et toujours », racontent Valérie et Antoine Bouvier. Philippe Starck semble avoir son chemin tout tracé vers la gloire. Constance Rubini, la directrice du Musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux qui a complété le corpus du designer par plusieurs acquisitions, est formelle : « Il est l’un des rares à avoir rendu le design visible en France, à avoir changé les codes, à offrir au grand public une approche peu commune de la discipline. Qui n’a pas en mémoire sa première monographie des années 1990, chez Taschen, avec son torse tatoué de ses meubles en couverture ? » Une image provocatrice et transgressive qui colle à la peau de Starck, encore et pour longtemps. ■

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Style

Performance musicale de Rosalia, scénographie de Michel Gondry et collaboration avec KidSuper… LE MALLETIER A assuré LE SPECTACLE. Sans Pourtant Montrer de ligne claire. Matthieu Morge zUCCONI [email protected]

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a devient une habitude. Vraisemblablement attirées par la présence du chanteur de Kpop J-Hope, du groupe BTS, des centaines de jeunes filles sont agglutinées face à l’entrée de la cour carrée du Louvre, théâtre du défilé Louis Vuitton. Alors que la manifestation contre la réforme des retraites bat son plein entre République et Bastille, la Fashion Week crée un autre embouteillage autour de la rue de Rivoli. Deux quartiers, deux ambiances. Le malletier a donc installé sa boîte géante dans l’enceinte du musée. À l’intérieur, les invités découvrent la scénographie signée du réalisateur oscarisé ­Michel Gondry, comme une enfilade de chambres de bébé, d’enfant, d’adolescent puis de jeune homme, représentant ainsi les différentes étapes de la vie. « Le thème était “grandir”, mais comme l’âge des mannequins est fixe, nous avons fait “grandir” à leur place les chambres dans lesquelles ils évoluent, confiait le cinéaste français quelques jours plus tôt. L’esprit de Virgil Abloh (le directeur artistique de l’homme Louis Vuitton, décédé en novembre 2021) était encore très présent dans nos têtes : nous avions commencé un projet de film avec lui, qui malheureusement ne s’est pas fait. Nous en avons gardé quelques éléments. » Dans le noir s’avance une silhouette parée de blanc, grande doudoune à capuche et pantalon ample. Dans sa main, une lampe torche qui diffuse le logo Louis Vuitton. Elle s’approche de la voiture, une américaine, située au centre de la scène. Les lumières s’allument : c’est la pop star espagnole Rosalia. Le public exulte alors qu’elle enlève sa capuche et commence à chanter. Derrière elle s’avancent des mannequins en pantalons larges et vestes asymétriques ou au boutonnage désaxé, en manteaux longs à motif prince-degalles transformé… Pas de doute : l’esprit de Virgil Abloh est toujours bien présent

LOUIS Vuitton POUR L’amour du Show dans le studio de création aujourd’hui aux manettes, dont la plupart des stylistes furent ses collaborateurs. Pendant que les caméras tournent, les mannequins fouillent dans les tiroirs des chambres, écrivent sur les murs, dansent

avec Rosalia. On ne sait où porter son regard et d’ailleurs, lorsque la chanteuse debout sur la voiture, fait le show avec son tube Saoko, les téléphones des invités la suivent. « Nous souhaitions collaborer avec Rosalia. Lorsqu’elle a accepté, tout a

pris son sens, poursuit Michel Gondry. Elle, au milieu de tous ces garçons, c’était parfaitement logique. Son univers et ses origines flamencos apportent de la chaleur au show. » Hélas, la collection, qui fourmille d’idées, pâtit de ce déficit d’attention du public, assailli d’informations de part et d’autre. Là, un manteau est imprimé de pommes comme floutées. Ici, un œil ultra-zoomé habille un blouson. On distingue de belles pièces tels ces pantalons en denim délavé noir, ces blousons de moto, ces vestes sans manches portés avec des gants d’opéra… Un œil aguerri aura également identifié les seize looks, parmi les soixante-neuf silhouettes du show, signés du jeune Américain Colm Dillane, créateur de la marque KidSuper. « C’est incroyable de le voir ici, glissent ses parents, manifestement fiers. Un garçon de Brooklyn qui défile à Paris avec sa propre marque, c’était déjà fou ! Mais, alors, pour une maison aussi prestigieuse… » On sait le malletier friand de ce genre d’histoires, résonnant avec celle de son fondateur, le jeune Louis Vuitton, qui, en son temps, avait rallié Paris de son Jura natal à pieds. « Je suis très fier, très excité, crie presque Colm Dillane en coulisses, avant le défilé. Il a fallu que je me demande quels étaient mes codes en tant que designer. Je n’ai eu que trois mois, mais j’étais très préparé ! C’est une chance inouïe. Si je peux faire ça, je peux tout faire ! J’ai hâte de voir quel sera mon avenir. » Reste que ses pièces ressemblent plus à du KidSuper qu’à du Louis Vuitton. Certes, un blouson en patchwork de cuirs monogrammés formant un visage (une de ses signatures stylistiques) associe parfaitement les deux univers, tout comme les Keepall peints - qui ne seront pas pour tous les goûts. Il fait également preuve de poésie avec un sublime costume (sans doute réservé aux tapis rouges), confectionné de feuilles de papier écrites à la main qui semblent flotter au vent. « J’étais obsédé par la dimension voyage de Louis Vuitton, décrypte-t-il. Dans le studio, les gens viennent du monde entier. Je leur ai demandé d’écrire une lettre d’amour pour leur pays d’origine, et voilà le résultat ! » Sur un autre manteau long, cette foisci signé du studio, les mots « Blurry Vision of a Bright Future » (« Une vision trouble d’un futur brillant », en VF) s’affichent en orange. À l’heure où la maison est bouleversée par des changements ­internes (dont le départ de son PDG, Michael Burke, auquel succède Pietro Beccari), ces mots ont une résonance particulière. Surtout face à ce défilé qui peine à transmettre une vision claire pour l’homme Vuitton. ■

Les mondes sensibles des créateurs étrangers Gino Delmas

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Mercredi soir, dans un salon d’un hôtel de la place Vendôme, alors que la météo offre ce qu’elle sait faire de pire, un crachin glacé, la griffe japonaise Auralee expose son idée du confort. Après plusieurs saisons discrètes en raison de la pandémie, le créateur Ryota Iwai, originaire de Kobe, signe son retour à Paris. Cet autodidacte ayant appris le métier en chinant des vêtements construit un vestiaire qui impressionne quand on a la chance de l’approcher, ou, mieux encore, de l’enfiler. Depuis 2015, la façon et les matières incroyables (alpaga, cachemire, mohair) sont au service d’un confort ultime, incarné cette saison par les couettes portées sur les épaules, des laines généreuses et des doudounes moelleuses. Ce menu alléchant de pastels est relevé par des pointes de couleur (vert pomme, violet, rouge) bienvenues. Jeudi matin, il est encore une fois question de confort et d’un créateur japonais, mais les ingrédients sont tout autres. L’Homme Plissé Issey Miyake prend ses quartiers dans une galerie du Palais de Tokyo. Le défilé s’ouvre dans un noir complet piqué de millions de points lumineux. Des voiles blancs tenus par plusieurs danseurs traversent le podium. Chez la maison japonaise, le défilé est rarement un simple enchaînement de silhouettes. Toute sa vie, Issey Miyake a ciselé un vestiaire taillé pour le mouvement et invité danseurs et performeurs sur son podium. Cette collection automne-hiver 2023-2024 tire le fil : les épaules sont tombantes, les échancrures des manches ouvertes, les coupes amples, les capuches généreuses… qu’il s’agisse d’un manteau ou d’un pull col cheminée. Évidemment, le plissé enfonce le clou avec cette élasticité naturelle. Ce

Auralee confort est moins hivernal et plus axé sur la mobilité que celui de son compatriote Auralee : il permet d’enchaîner les saltos, comme le montre la troupe qui joue les intermèdes. Qui peut le plus peut le moins, et ce vestiaire aux teintes délicates (lilas, bleu cobalt, rouille, vert pomme) et aux motifs géométriques sied particulièrement à une vie citadine, entre vélo, escaliers et marche active. L’expérience chromatique et sensorielle est totale, comme souvent, l’Homme Plissé Issey Miyake donne la couleur du mouvement. La semaine de la mode continue juste un étage en dessous, toujours dans l’antre brutaliste du Palais de Tokyo. À bonne distance du tumulte de la capitale, en ce

Homme Plissé Issey Miyake jeudi de mobilisation, se tient le défilé Rick Owens. L’installation impressionne d’emblée : des échafaudages métalliques constituent un dédale de podiums et de bancs, ponctué de grosses bombonnes de gaz. L’épaisse fumée qui s’échappe des tuyaux et avale les pieds du public donne l’impression que les mannequins prennent de la hauteur. Comme si cela ne suffisait pas, les bottes compensées aux talons translucides sur lesquelles sont perchées les premières silhouettes finissent de créer la distance symbolique voulue par le créateur américain. « Mélanger réalité et fantasme est une des choses que je préfère », prévenait ce dernier en préambule de la collection. Le fantasme prend ici la forme de capes (une ronde et courte, l’autre lon-

Sean Suen gue), clin d’œil à l’allure victorienne, et se mêle à l’histoire avec un grand H, quand Rick Owens évoque l’Égypte avec des bijoux aux facettes de bronze ornés de quartz noirs de Venise. La superposition chère au Californien mêle des nuances de cuir, un denim délavé et laminé, des patchworks, une série de pantalons baggys vertigineux ou encore des bombers en nylon recyclé. Régulièrement, de grands manteaux aux revers théâtraux engloutissent une partie de la silhouette. Lilas, pourpre, marron, vert irisé, noir évidemment, partout. Sur les lunettes-masques, jusqu’aux peintures sur les visages, les yeux et même les quartz des bijoux. Couplée à la mélodie lancinante du rock britannique de The Cult, l’ambiance ne tend

Rick Owens pas vers l’apocalypse, comme c’est parfois le cas avec le créateur, mais au moment juste après, où la vie reprend ses droits, avec une tribu hybride et mélancolique. Autre retour post-Covid, le Chinois Sean Suen défile, lui, sous les moulures du Musée des arts décoratifs. Le créateur s’est inspiré de l’ethnie Yi, qui vit dans les régions montagneuses du sud-ouest de son pays, et incorpore dans la collection de nombreux attributs traditionnels : tuniques carrées, gros boutons et ornements argentés, couvre-chefs noués sur la tête, franges en coton… Il y mêle un long manteau en shearling et des pièces en cuir sec ou en drap de laine épais aux épaules tombantes. Une belle (re)découverte. ■

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Le retour en grâce de l’hôtellerie 3 étoiles

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plus aujourd’hui comme on classait en 1937 (date de la création en France du classement par étoiles, NDLR) ou en 2009, assure Philippe Kaspi, secrétaire général d’Atout France. Depuis 2022, nous intégrons des exigences liées à la digitalisation et à l’écologie. Aujourd’hui, 87 % des hôtels, dans une démarche purement volontaire, décident s’ils veulent être classés ou non et définissent eux-mêmes le rang auquel ils aspirent. » Avec parfois pour conséquence quelques petits tours de passe-passe. « On préfère rester un très bon 3 étoiles que d’en briguer une quatrième et de voir notre clientèle devenir plus exigeante », assure Nina Berche. Même son de cloche chez Vanessa Moreau, propriétaire d’Un Hôtel en Ville, joli 2 étoiles à La Rochelle. Dans l’attente du renou-

vellement du classement de son hôtel, elle se demande si elle doit se positionner comme 3 étoiles ou choisir la labelli­sation « hôtel de charme ». « On est un ­2 étoiles, mais on se comporte déjà comme un 3 étoiles, raconte-t-elle. Pour changer de rang, il ne nous faudrait pas grand-chose, éventuellement rajouter une bouilloire en chambre ou un panier d’accueil. En réalité, on mise avant tout sur l’expérience que l’on va faire vivre à ceux qui nous rendent visite ! » Et réfléchir, à l’instar de nombre de ses confrères, à la notion d’hospitalité, inspirée par l’esprit des chambres d’hôtes et d’une hôtellerie plus hybride qui préfère garder contact avec son voyageur, et lui donner une liste de bonnes adresses plutôt que de briguer un panonceau plus étoilé. ■

La rigueur de la classification

« Accueillir quelqu’un qui vient dormir, ce n’est pas anodin » Philosophe de formation et urbaniste, Cyril Aouizerate, cofondateur des hôtels Mama Shelter, est à la tête du concept MOB (Saint-Ouen, Lyon, Bordeaux). Il vient de publier, avec Gabrielle Halpern, Penser l’hospitalité (Éd. de l’Aube). LE FIGARO. - Vos hôtels MOB sont classés 3 étoiles, sauf le MOB House, votre version 4 étoiles. Quelle importance accordez-vous aujourd’hui à cette classification ?

Qu’est-ce qui, selon vous, a fait bouger les lignes sur ces questions ? Je me souviens d’une époque où certains groupes hôteliers rêvaient de créer des hôtels sans personnel, avec comptoir pour prendre les clefs et un distributeur de sandwichs. Mais à ce moment-là, les voyageurs ont pu, avec l’arrivée d’acteurs comme Airbnb, trouver un petit appartement charmant pour 90 euros en plein Paris et éventuellement une liste des meilleures adresses du coin soufflées par le propriétaire. Ça a changé la donne.

Labelliser l’intangible Comment labelliser l’intangible ? Du côté de l’organisme, on défend une classification vivante, au fait des évolutions des habitudes de consommation, qui contribue à la compétitivité et à la modernisation du secteur hôtelier. « On ne classe

Cyril AOUIZERATE. - J’ai toujours eu un mépris pour cette classification. Non pas par arrogance, mais parce qu’il me semble être un fonctionnement d’une autre époque. Je crois qu’il vaut mieux aujourd’hui se battre pour avoir des quatre et cinq étoiles sur un moteur de recherche qu’un panonceau 4 étoiles. Je m’y conforme, car mes adresses font partie du parc hôtelier, mais j’y trouve trop d’incohérences. Par engagement, je ne veux pas de baignoire dans les salles de bains ou de télé dans les chambres et cela pourrait me pénaliser pour devenir un 4étoiles.

« Notre travail est dans les attentions », déclare Cyril Aouizerate, fondateur du concept MOB. Collection Personnelle

Hôtel Palmito

Comme une surf-house, à Biarritz, composée de 18 chambres dont deux dortoirs et un food market, dans une rue piétonne. À partir de 70 € la nuit. Palmito-biarritz.com

PiaPia

Entre Nation et Père-Lachaise, à Paris, une adresse créative avec terrasses végétalisées, salles de réunion, baby-foot et attentions pour les familles. À partir de 135 €. Piapiahotel.com

Les touristes d’aujourd’hui recherchent-ils, selon vous, plus les attentions que les étoiles ? Notre travail est dans les attentions. Nous ne faisons pas un métier comme les autres, accueillir quelqu’un pour dormir, ce n’est pas anodin. L’hospitalité est un métier de détails. Et si on ne le fait pas avec un sentiment intérieur de participer à l’apaisement du monde, je crois qu’il faut choisir de faire autre chose. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR R. E.

Hôtel So’Co Nice

À deux pas de la gare, à Nice, cet hôtel confortable et convivial propose, de 18 à 20 heures, un apéro autour de vins et d’apéritifs typiques. À partir de 70 €. Hotel-soco.com

HervÉ FABRE

Des adresses parfaitement calibrées pour répondre aux exigences d’une nouvelle génération de touristes, rompus aux comparatifs d’avis clients sur les sites de réservation et au tri de comptes Instagram. « Les considérations et les attentes autour de l’hôtellerie ont changé », explique Gaëlle Perrin, cofondatrice du site Allezhopa, qui répertorie 300 lieux « respectueux et incarnés ». Dans son panel : des chambres d’hôtes, des maisons à louer, mais aussi des hôtels dont importe peu le nombre d’étoiles. « On préférera porter notre attention sur un décor qui nous transporte plutôt qu’une salle de restaurant, sur une expérience proposée plutôt que sur la présence d’une machine à café. » En France, parmi les premières figures à avoir ostensiblement joué avec la rigueur de la classification hôtelière, on retrouve les hôtels Mama Shelter. Dans le sillage des « boutiques-hôtels », la marque s’amusait, dès 2008, à réinventer les codes de l’hospitalité. Des petites chambres, mais une literie haut de gamme que l’on peut désormais s’offrir chez soi. Pas de baignoire, ni de room-service, mais une vidéothèque gratuite et des produits de toilette bio solides, le tout à partir de 89 € la nuit. Une philosophie qui continue d’infuser ses nouvelles adresses, quinze ans après le début de l’aventure (un 3 étoiles à Toulouse, un futur 4 étoiles à Rennes), et dont le succès a certainement inspiré de nombreux groupes ou hôteliers indépendants. « Ce que l’on dit à nos clients, c’est qu’effectivement ils ne trouveront pas de spa ou de service en chambre dans nos hôtels 3 étoiles, mais qu’ils y dormiront bien, dans un joli point de chute d’où explorer facilement la ville », avance Gaëtan Le Pogam d’Honotels. « Je ne dénigre pas le classement Atout France, il est nécessaire pour encadrer l’offre hôtelière et la rendre plus lisible. Mais il ne tient pas compte du design, de l’ambiance, de la perception du client et de la réputation à construire. »

Hôtel Life Marseille

Sur le Vieux-Port de Marseille, un hôtel aux espaces modulables, comme les chambres transformables en bureau avec vidéoprojecteur et lit escamotable. À partir de 89 €. Lifehotels.fr

Hôtel les Cabanettes

En Arles, ce motel architectural propose des chambres avec terrasses privatives ouvertes sur un patio avec piscine. À partir de 95 €. Lescabanettes.com

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est l’un des effets magiques du big data: pouvoir faire une radiographie, à l’instant T ou sur le temps long, d’une tendance, d’une pratique de consommation. C’est l’exercice auquel se livre chaque année la société américaine Expedia, propriétaire des sites expedia.com et hotels.com, qui publiait fin 2022 ses grandes prédictions pour l’année à venir. Entre appétence pour les séjours bien-être et émergence d’un « tourisme Netflix », le spécialiste du voyage en ligne mise sur le boom de l’hôtellerie 3 étoiles. « 32 % des voyageurs français admettent en effet être plus soucieux que jamais du rapport qualité-prix », nous apprend l’étude. Un argument qui veut bien s’entendre. Dopés par une inflation qui flirte avec les 6 % mais aussi par l’explosion des coûts de l’énergie, les tarifs hôteliers ont connu en un an une hausse qui pourrait se poursuivre durant l’année à venir. De quoi contrarier les projets touristiques des Français ? Pas vraiment. Le taux d’occupation des chambres et le rebond connu dans le secteur montrent que ces derniers ne semblent pas enclins à voyager moins, mais plutôt à panacher différemment un budget vacances en cherchant à partir plusieurs fois, mais pour moins cher, dans une période où émerge un sentiment de « revenge travel », une frénésie de voyages comme un contrecoup aux restrictions de déplacements connues durant la pandémie. Un contexte qui pourrait être très porteur pour l’hôtellerie 3 étoiles, correspondant, en France, à une offre « moyenne gamme supérieure ». Un nombre d’étoiles qui, s’il a pu faire rêver sur un maillot de foot ou à une table gastronomique, n’inspirerait pas autant de faveurs dans l’hôtellerie. « Les hôtels 3 étoiles représentent une grande partie de l’offre hôtelière, pourtant ils ont une image moins glamour, moins attrayante que des hôtels classés 4 ou 5 étoiles », assure Gaëtan Le Pogam, directeur des ventes et du marketing du groupe hôtelier Honotel, un parc de 44 hôtels 3 et 4 étoiles. Une grande partie de l’offre ? Ils seraient 5 700, soit 48 % du parc hôtelier classé par Atout France, l’organisme chargé du classement des hébergements de tourisme. Ce classement semble avoir perdu de son autorité auprès de certains hôteliers, notamment de moyenne gamme supérieure, qui n’attendent plus de devoir remplir, tous les cinq ans, la liste des critères imposés par Atout France, pour se créer une identité désirable, à des

À l’hôtel 3 étoiles Palmito, à Biarritz (ci-dessus), tout a été repensé selon les codes de l’époque. Une décoration soignée et instagrammable, des produits d’accueil choisis avec soin, une réception ouverte 24 heures sur 24, un petit déjeuner composé de produits locaux. Palmito

CARNET DE ROUTE

Raphaëlle Elkrief

prix attractifs. C’est ce qu’expérimente Nina Berche, qui a repris avec son conjoint une affaire familiale non loin du Port Vieux à Biarritz. Au Palmito, hôtel 3 étoiles, tout a été repensé selon les codes de l’époque. Une décoration soignée et instagrammable, des produits d’accueil choisis avec soin, une réception ouverte 24 heures sur 24, un petit déjeuner composé de produits locaux, mais aussi des partenariats mis en place avec des boutiques ou des centres de surf et de yoga du coin, pour inscrire l’expérience du client dans la vie biarrote. Même attention aux détails au So’Co à Nice. L’établissement propose dans son lobby une sélection d’ouvrages, de jeux de société et, dans les chambres, un coin bureau parfaitement aménagé pour le télétravail…

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Abordable, instagrammable, durable, une nouvelle génération d’hébergements a le vent en poupe. Décontractée mais attentionnée, elle redéfinit les codes de l’hospitalité.

© Dean McQuade

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Alyette Debray-Mauduy [email protected]

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vouons-le, sous nos latitudes, il n’y a plus que trois saisons. Ce n’est pas une ­dizaine de jours de tempé­ratures négatives qui font un hiver. Il nous reste donc le printemps, l’été et l’automne. », remarque Bruno Imbert, le responsable de la pépinière éponyme, aujourd’hui propriété des Jardins de Gally. Un constat plus que d’actualité ces joursci. Le froid est certes revenu mais pendant plus d’un mois, les thermomètres ont tutoyé les 10 degrés, en plein mois de janvier. Au jardin, la floraison est précoce. Forsythias, amandiers, cerisiers, jasmins ont des bourgeons bien avancés, s’ils ne sont pas déjà en fleurs. Faut-il s’en inquiéter ? Y at-il de bons gestes, des précautions à adopter ? « Rien de dramatique à cela et rien de particulier à faire dans l’immédiat », estime Amélie Tura de la pépinière l’Atelier du Végétal, en Dordogne, spécialisée dans les plantes vivaces. « On s’affole pour rien, confirme Bruno Imbert. La nature est bien faite et a les capacités pour s’adapter. Même s’il fait un peu froid, elle peut rester en réserve durant plusieurs semaines et repartir de plus belle aux beaux jours. » Ce constat est valable pour les plantes ornementales, moins pour les arbres fruitiers qui ratent leur rendez-vous avec les insectes pollinisateurs, garants d’une belle production. Autre problématique : les épisodes de gel tardif, jusqu’en avril, qui impactent significativement la récolte. Pour limiter la casse, Bruno Imbert préconise de se pencher sur notre patrimoine végétal, sur des variétés anciennes qui, elles, savent s’adapter à ce changement climatique. « Nous les avions abandonnés car leur fruit n’était pas assez beau. Mais elles sont résistantes, à l’instar de la pomme d’api, cultivée au temps des Romains. » En revanche, il estime que notre vrai combat est celui de l’eau car elle est amenée à manquer dans les années à venir et c’est elle qui véhicule les éléments minéraux. « Oui, il pleut mais l’eau ne rentre pas forcément dans le sol, explique-t-il. Au jardinier de le travailler en bêchant, binant, en apportant de l’engrais et du paillage qui empêche l’évaporation. » Comme le dit l’adage des experts, un binage vaut deux arrosages. Malgré ces précautions, il faut veiller à adopter la bonne plante au bon endroit.

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Les trois saisons du jardin Quelles sont les conséquences du changement climatique sur nos plantes ? Face aux températures récentes anormalement élevées, surtout ne pas céder à la panique. Mais il s’agit d’anticiper le manque d’eau en privilégiant des végétaux plus résistants. Décryptage d’experts.

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« Réfléchissez bien où vous allez la mettre, quel sera son devenir et votre capacité à l’entretenir », poursuit-il.

Une démarche écoresponsable Il est clair, qu’aujourd’hui, le climat ­méditerranéen remonte vers le nord. « Quelle que soit la région où l’on habite, il faut s’intéresser à des essences provenant du sud de la France ou à des plantes alpines, précise Amélie Tura. Choisir des végétaux qui supportent des étés très chauds et une bonne dose de stress hydrique. » Dans sa pépinière, elle est spé­cialisée dans les acanthes : molles, épineuses, africaines… « Elles traversent les ­ omains avaient des civilisations. Les R sculptures de feuilles d’acanthes sur les piliers de leurs temples. Ces plantes vivaces se parent de fleurs blanches au début

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En hiver, la nature s’adapte aux aléas climatiques (1). En revanche, pour prévenir le manque d’eau, il faut plus que jamais bêcher (2), pailler avec un paillage à base de bois et de feuilles (3), privilégier les végétaux résistants à la chaleur et la sécheresse tels la sauge (4). MARIA_KOVALEVSKAYA/stock.adobe.com ; New Africa/stock.adobe.com ; hcast/ stock.adobe.com ; Juliane/stock.adobe.com

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de l’été et forment de grandes hampes qui peuvent monter jusqu’à 1,20 m. L’épineuse se sent bien au soleil et même au milieu de tas de cailloux. » Dans la catégorie des plantes alpines, elle apprécie aussi l’œillet qui supporte très bien la chaleur, les sols pauvres et le manque d’eau. « Il n’a pas besoin de beaucoup de lumière et donne de belles fleurs parfumées au printemps. » Autre suggestion : la saxifrage, « une petite plante rampante, à feuillage permanent, aux petites fleurs blanches ou roses », précise-t-elle. Du côté des essences du Sud, elle conseille la sauge qui, comme l’œillet, est très résistante. « Elle doit être plantée en dehors des périodes de gel et de chaleur, au soleil, et donne des fleurs de couleurs différentes en fonction des saisons, ce qui garantit une belle diversité au jardin. » Face au changement ­climatique, Amélie accompagne les jardiniers amateurs dans une démarche écoresponsable. Outre le fait de leur conseiller des plantes peu gourmandes en eau, elle insiste sur l’importance du pail­lage, de type BRF (bois raméal fragmenté), plus riche, que l’on peut également réaliser soi-même avec ses déchets de bois et de feuilles. « Celui-ci n’a que des avantages, ajoute-t-elle. En protégeant le sol, il permet de limiter les arrosages, il évite la repousse de plantes indésirables au pied des végétaux et favorise la vie du sol en y apportant de la matière organique. En revanche, sur moins de 5 centimètres d’épaisseur, il ne sert à rien. Le principe n’est pas nouveau mais aujourd’hui, il s’avère indispensable. » Le message de nos experts est donc loin d’être alarmiste, dans la mesure où l’on adopte les bons réflexes et où l’on mise sur la diversité végétale afin d’équilibrer les écosystèmes. « Il faut arrêter le catastrophisme, martèle Bruno Imbert. Mais, un jour, peut-être, il n’est pas exclu que nos climats continentaux ne soient plus rythmés que par deux saisons. » Affaire à suivre. ■

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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Télévision

retour au sommet Pour Gad Elmaleh vie privée, religion, principauté de Monaco… à la fois extrêmement drôle et émouvant, L’humoriste aborde, dans son dernier spectacle diffusé pour la première fois à la télévision, des sujets jusque-là tabous. Lena Lutaud £@LenaLutaud

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oute l’année 2022, Gad Elmaleh a fait un malheur en tournée avec son dernier spectacle baptisé D’ailleurs. Selon son producteur, Angelo Gopee, à la tête de Live Nation, un demi-million de spectateurs s’y sont rués. Précédé d’un excellent bouche-à-oreille, voici ce show diffusé pour la première fois à la télévision. D’une durée de soixantequinze minutes, il a été resserré au montage. Après la période sombre pré-Covid avec les accusations de plagiat, Huge en France, sa série navrante sur Netflix et le départ de fidèles collaborateurs, c’est un vrai plaisir de voir Gad Elmaleh à nouveau au sommet. Avec ces textes intimes cosignés avec sa sœur Judith et son complice Frédéric Hazan, il est à la fois touchant et extrêmement drôle. Sur scène, sa gestuelle est toujours aussi souple, sa démarche à grandes enjambées féline, son sens de l’observation aiguisé. Il évolue dans un cadre high-tech aux teintes bleu marine délimité, au plafond com○○○○ me au sol, par de fines bandes lumineuses, le tout adouci par de discrètes projections de nuages vaporeux. Le metteur en scène Serge Postigo (Kinky Boots, Mamma Mia!) a pensé à tout. Comme dans les shows ultra-perfectionnés de Mylène Farmer, le tabouret de Gad Elmaleh, sa gourde et sa serviette sont sombres pour mieux se fondre dans le décor. Filmé au

Dôme de Paris, l’humoriste se livre sur sa vie : la cinquantaine, ses fils, sa vie de célibataire, la religion, ses parents, ses petits pépins de santé, le groupe Whats­App avec les autres parents d’élèves… C’est quasi un bilan. Ses tacles sur les antivoitures, les bobos qui revisitent les prénoms et la volonté de mettre tous les mots au féminin en font presque un spectacle « de droite ». Lui qui s’affiche souvent avec des créatures bien plus jeunes que lui reconnaît finalement que ce n’est pas si simple. Venise seul ? « Le kiff » même si les gondoliers se sont bien moqués de lui.

De Ouarzazate à Monaco Cette fois, Gad Elmaleh ose ce qu’il ne s’était pas permis dans le spectacle Tout est possible avec Kev Adams : évoquer Monaco et sa « prince’ex », Charlotte Casiraghi, avec qui il a un petit garçon de 9 ans. Le long passage où il raconte son séjour au palais princier avec sa maman qui fait une révérence façon « Ouarzazate » et appelle le prince Albert « mon Ordonnance » est hilarant. Bien entendu, il protège comme il faut les Grimaldi. Lui qui a vécu au Maroc, au Canada et en France avant de partir trois ans aux États-Unis, a toujours su s’adapter. En Amérique, ce travailleur acharné s’est challengé professionnellement en décidant de faire rire avec des sketchs en anglais. Il rêvait aussi de rencontrer une femme qui ne le connaisse pas et l’aime pour lui-même. Il a été invité

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Gad Elmaleh, dans son dernier spectacle, D’ailleurs.

dans tous les “late night shows” et a terminé à l’affiche du Carnegie Hall avec son visage sur les flancs de tous les taxis jaunes new-yorkais. « Et alors ? Ben, je suis avec vous ici à la Porte de Versailles ! » Si de son propre aveu, « l’American Dream peut parfois être décevant », il est resté impressionnable. Quand il raconte sa soirée postOscars avec Tom Cruise, qui « galère comme un cousin de Sarcelles » avec son

Brieucphoto 2021/KS2 Cinéma

ticket au vestiaire, Brad Pitt au bar, « jamais vu un mec aussi beau », et George Clooney, qui fait des blagues « devine qui c’est ? », il avoue être au « summum du syndrome du Blédard ». Après Hollywood, il ose faire rire de la religion. Les curés, les imams, les rabbins et même les pasteurs « ces autoentrepreneurs du catholicisme »… tous y passent. Le final sur le curé arabe est tout bonnement grandiose. ■

Jean-Pascal Zadi à la conquête de l’Élysée

Dans sa série humoristique « En place », l’auteur, réalisateur et interprète accède à la tête de l’État. commencé à s’emparer de la chose politique. Via le thriller ou, en l’espèce, la comédie. Un choix évident pour l’artiste. « C’est mon langage. J’étais noir, pauvre, moche, grand avec des dents avancées. Le seul moyen pour moi de m’exprimer ou de tchatcher les meufs, c’était les blagues. Donc, quand j’ai besoin de dire quelque chose, ça passe encore par l’humour. C’est une question de pudeur aussi, afin de ne pas trop me dévoiler ». Stéphane Blé, représentant des cités et des plus démunis, se retrouve ainsi propulsé dans la campagne présidentielle par un concours de circonstances, secondé par un ex-directeur de campagne du PS (Éric Judor) qui sert les intérêts de la droite. Il va notam-

« J’essaie de susciter la discussion en y mettant de la légèreté », soutient Jean-Pascal Zadi. Gaël Turpo

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MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 6193

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1. Préparateur de pianos (prénom et nom). - 2. Queues de homards. - 3. Est dans une position de tout repos. Explorateur des Sandwich. - 4. Langue froide. - 5. Un bagage pour Cadichon. Zeus y fut élevé en cachette. - 6. C’est la fin du commencement. Pistolet électrique. - 7. Mettre du temps. Poilu lymphatique. - 8. Voleur de voleurs. Épouse parfois un gros bonnet. - 9. Exposition de toiles de maîtres. - 10. Point de côté. N’a pas un poil blanc. - 11. Porte conseil en gris. - 12. L’Yonne coule sous ses fenêtres.

Par Vincent Labbé 1

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HORIZONTALEMENT 1. Placenta. - 2. Risorius. - 3. Ibériens. - 4. Val. Crée. - 5. anlU. - 6. Tiers. pH. - 7. Is. Isaïe. - 8. Saines. - 9. Âtre. Thé. - 10. Bio. Brun. - 11. Longeant. - 12. Entelles. VERTICALEMENT 1. Privatisable. - 2. Libanisation. - 3. Aselle. Iront. - 4. Cor. Urine. Gê. - 5. Éric. SSE. Bel. - 6. Niera. Astral. - 7. Tune. Pi. Hune. - 8. Asséchements.

FICELLE

BAREFOOT

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TAPAGE

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CAFÉTÉRIA

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NARRER

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VERTICALEMENT 1. Familles à la noix. - 2. Attirait les peintres du sérail. - 3. 8 Bonne bouille. Un héros sinon rien. - 4. Un peu d’embonpoint. Position dominante. Fait des scènes à un Oriental 9 ou se refuse à un Occidental. - 5. Rouge ou blanche. Chargé du transfert en cellule. D’un calme à toute 10 épreuve. - 6. Corps beau. Sortit de façon fluide. - 7. Se trouve devant Trouvetou. Géant sur écran géant. 11 Fait revenir le berger. - 8. Du pays Basque.

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MOTS MÉLANGÉS Barrez dans la grille tous les mots proposés. Cherchez-les horizontalement, verticalement ou diagonalement. Il ne vous restera alors que les lettres formant le mot mystérieux.

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êvez grand, osez ! Telle a toujours été la ligne de conduite de Jean-Pascal Zadi, l’auteur-réalisateurinterprète de Tout simplement noir, pour lequel il a obtenu le César du meilleur espoir masculin en 2021. Telle est celle de Stéphane Blé, l’éducateur de banlieue qu’il incarne dans En place, une série de 6 × 30 minutes qu’il a créée pour Netflix. Avec François Uzan (Lupin, Family Business), son coscénariste, il va mener son personnage rien moins qu’à la présidence de la République ! Depuis Baron noir, les fictions françaises ont

de susciter la discussion en y mettant de la légèreté, confirme Zadi. L’engagement, les causes, je connais, je veux en parler sans les ridiculiser. En tant que scénariste, j’aime mettre de la nuance L’exercice du pouvoir dans l’humour. Je prends un personnage avec une cause noble à défendre, la diLa drôlerie passe par la nonchalance versité par exemple, et, à côté de lui, des de ce héros idéaliste et l’originalité des gens un peu plus limites. Même si quelportraits esquissés - le garde du corps qu’un a parfois une pensée raciste ou complotiste, la responsable stratégie sexiste, le plus important est d’en devemusulmane et énarque… Les vannes nir conscient. Il n’y a plus de place à aussi, percutantes, un rien distanciées, l’erreur aujourd’hui, on condamne trop qui rythment la fiction. Et les nomvite, alors que nous avons tous des breux sujets de société - le voile islafailles ! » Bonne nouvelle, une mique, #MeToo, le consentesaison 2 est en préparation, ment, les réseaux sociaux, la histoire de confronter Stéphafertilité, l’environnement… ne Blé à l’exercice du pouvoir à traités en filigrane avec déca○○○◐ l’Élysée… ■ lage et intelligence. « J’essaye ment affronter un candidat de la gauche moderne, et une écologiste féministe et lesbienne (Benoît Poelvoorde et Marina Foïs, hilarants).

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SOLUTION DU MOTS À MOT Les mots sont : PONDRE - VIPÈRE - CLICHÉ.

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télévision

météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE 21.10

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Une famille en or

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César Wagner

Divertissement

ÉPHÉMÉRIDE St-Sébastien Soleil : Lever 08h34 - Coucher 17h29 - Dernier croissant de Lune

MATIN

Football : Coupe de France

Série. Policière

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Sport

The Pale Blue Eye

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Prés. : Camille Combal. 2h30. Inédit. Nous sommes en 2023 après JésusChrist. Toute la télévision française est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Une émission peuplée d’irréductibles Gaulois résistera encore et toujours à l’envahisseur Romain. 23.40 L’agence : l’immobilier de luxe en famille. Documentaire.

Fra. 2021. Saison 1. Avec Gil Alma. Tout l’or du Rhin. Un jeune homme est retrouvé mort, affublé d’un uniforme SS. Cet étudiant effectuait des recherches sur «l’Or du Rhin», un trésor nazi mythique.

16e de finale : Marseille - Rennes. En direct. L’Olympique de Marseille, qui a éliminé le Hyères FC au tour précédent (2-0), retrouve sur sa route le Stade Rennais qui lui a disposé des Girondins de Bordeaux (1-2).

22.35 Caïn. Série. Policière. Dernier bal - Belle à crever 00.30 César Wagner Coup de théâtre.

23.15 Le tailleur de Panama. Film. Espionnage.Avec Pierce Brosnan. 00.55 Fanfan la tulipe. Film. Aventures.

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Gad Elmaleh : D’ailleurs

1h17. Première diffusion. Après « Sans tambour » et une tournée internationale avec « Oh My Gad ! », joué en anglais, dans plus de quinze pays, Gad Elmaleh est de retour avec un one-man show inédit, « D’ailleurs ». 22.23 Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Film. Fantastique.

20.25 TPMP week-end. Div.

21.19 Les Municipaux, ces héros

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Le contrat de trop

Spectacle

Épouse-moi mon pote

Téléfilm. Policier

Film. Comédie

All. 2021. Réal. : Lars Becker. Avec Fritz Karl. Tout juste sorti de prison, un ancien policier des stupéfiants condamné pour trafic de drogue est repris dans une affaire de meurtre crapuleux. 22.30 Annie Lennox : De Eurythmics à l’engagement, itinéraire d’une icône pop. Documentaire.

19.50 Le cross : les Marseillais vs le Reste du monde vs les Motivés.

Fra. 2017. Réal. : Tarek Boudali. 1h32. Avec Tarek Boudali. Afin de rester sur le territoire français, un étudiant marocain demande à son meilleur ami de l’épouser. Un inspecteur de l’immigration a des soupçons. 22.45 La bande à Fifi : les nouveaux rois de la comédie. Documentaire.

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.25 90’ Enquêtes

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Magazine. Fugues, drogue, agressions : tolérance zéro pour les ados hors-la-loi. En France, le nombre de mineurs mis en cause par les forces de l’ordre pour des actes délinquants a presque doublé entre 1992 et 2019 !

Mag. Prés. : Tatiana Silva. Accidents, alcool, interpellations musclées : le quotidien explosif des gendarmes des Ardennes Le département des Ardennes, à la frontière belge, est l’un des moins peuplés et des plus pauvres de France.

23.00 Enquête d’action. Magazine.

00.15 Programmes de la nuit

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

20.10 Direct Quinté. Magazine sportif.

20.15 Historiquement Show. Mag.

21.00 La Boum éternelle : Histoire d’un grand film sans prétention

21.10 J’irai dormir chez vous

20.50 L’ombre d’un doute

Doc. Fra. 2022. Réal. : Céline Chassé, Julie Peyrard. «La Boum», son slow culte et le visage de Sophie Marceau font partie de notre imaginaire collectif.

Documentaire. Fra. 2006. Réal. : Antoine de Maximy. 0h52. Chine. Antoine de Maximy ne parle pas chinois, mais la barrière de la langue ne l’empêche pas de se faire inviter dans un appartement de la capitale.

22.25 Amor Azul, de Gilberto Gil et Aldo Brizzi. Opéra-chanson.

22.10 J’irai dormir chez vous. Documentaire. Espagne.

Film. Comédie. Fra. 2018. Réal. : Eric Carrière, Francis Ginibre. 1h28. Avec Eric Carrière, Francis Ginibre. À Port-Vendres, les employés municipaux sement la pagaille. 23.05 Les Chevaliers du Fiel dynamitent 2022. Spectacle.

Magazine. Prés. : Franck Ferrand. 2h. Qui était vraiment François Ier ? François Ier représente le roi typique de la Renaissance : mécène, conquérant et bâtisseur. Cependant, des nuances sont à apporter sur son action politique.

« Les morts gouvernent les vivants » : cette citation d’Auguste Comte peut s’appliquer à ce thriller sombre, romantique, gothique et western de Scott Cooper, réalisateur du remarqué « Hostiles » en 2017. Dans cette adaptation d’un roman de Louis Bayard, en 1830, Augustus Landor ( Christian Bale, un des meilleurs acteurs en activité ), enquêteur de la police, tente de résoudre une série de crimes survenus à l’académie militaire de West Point. Il s’adjoint les services d’un cadet, un certain Edgar Allan Poe ( Harry Melling, habité par son rôle ), poète à ses heures et hanté par la mort. Un film intense, en particulier la première partie, semblable à une œuvre littéraire cinématographiée.

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➜ 17 heures : « Le Buzz TV » (avec TV Magazine). – Invité : Jacques Vendroux , journaliste sportif sur Europe 1 et chroniqueur dans « L’Heure des pros » sur CNews. Interviewé par Nicolas Vollaire et Sarah Lecoeuvre.

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IMMERGER LES TIGES DU LIN FIABLE

PRÉNOM DE ROIS EN SUÈDE VIA IL EST PROCHE DU SOC SUR LE DO

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UN DES CINQ CONTINENTS SON HUILE PURGE COURS D’ÉCOLE

CELUI DU MONDE EST L’HIMALAYA

MAJOR À PLUME SORTI DU VENTRE

CHIFFRES ROMAINS INTERJECTION DOULOUREUSE

EMBÊTERA

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IL SE GONFLE DÈS LA BRISE VENUE ASSISTE LA RÉDACTION LAC PYRÉNÉEN

FLEUVE D’ESPAGNE MONTECHARGE

REINE D’ANTAN

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EST UTILE DONNE DES COULEURS BUTIN D’ABEILLES

POÈME DE VIRGILE (L’) PORT BRETON

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PROFIT CAPACITÉ D’UN DROÏDE

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FILTRER

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TRACE LAISSÉE APRÈS EXPÉRIENCE

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POILS AUX YEUX

CHANGEAI D’AIR

ALLER EN JUSTICE

IMBRIQUÉ ACCORD À L’ANCIENNE

MATOISES D’UN ORGANE FILTRANT BRIDE

FANTÔME

CONGÉ DE FIDÈLES CHAISE DE REPOS

PAYS DE MAGICIEN RIVIÈRE D’ALSACE

ELLE ŒUVRE POUR LES SIENS

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PISTES DE GLISSE

vendredi 20 janvier 2023 le figaro

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à paris ...

Le CHOU FARCI vedette hivernale des tables de la capitale Incontournable à la carte des bistrots traditionnels, ce plat réconfortant est également retravaillé dans des recettes iodées ou végétales. Tour d’horizon

Le Florimond (7e).

Aux Bons Crus (11e).

Alice Bosio £@alicebosio et Hugo de Saint Phalle £@Hugo25Phalle

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es formes girondes, sa garniture aussi mystérieuse que généreuse, son jus sapide et sa couleur vert intense en font l’une des stars des tables hivernales… et des réseaux sociaux. Le chou farci, plat de bistrot par excellence, ­inspire les étoilés (Christian Le Squer, Frédéric Anton) comme les tables dans le vent, dans des recettes qui s’éloignent parfois de la tradition. Nous avons pisté ses différentes versions dans toute la capitale, afin de vous en livrer huit, garantis 100 % réconfort.

La bête de concours Le Café des Ministères

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CHOU FARCI : 26 €. CARTE : 35-70 €. 83, rue de l’Université (7e). Tél. : 01 45 33 73 34. Tlj sf sam. et dim. LE LIEU. Les - nombreux - habitués le savent : dans ce Café des Ministères, le premier mot est trompeur, voire réducteur. Le restaurant de Jean et Roxane Sévègnes est tout simplement l’un des meilleurs bistrots de la capitale. Lui en cuisine, elle en salle, le couple a fait de ce lieu un hit en quelques années d’un travail acharné. Indéboulonnable de la carte, le vol-au-vent est devenu une star des réseaux sociaux, que ce soit dans sa version classique (ris de veau, volaille, épinards), marine (ris d’agneau, homard, volaille, épinards) ou anoblie (les mêmes, avec de la truffe noire). Escargots sauce bordelaise, ­ragoût de poulpe et pois chiches aux merguez, tête de veau ravigote et autres saint-jacquespommes duchesses complètent une carte qui ne vous veut que du bien. LE CHOU. L’autre star du casting, avec son camarade feuilleté, cité ci-dessus. Mais n’allez pas croire qu’il se la raconte, tout champion de France qu’il est (élu en octobre dernier). Au contraire, il mise sur les accords classiques de la recette : le goût prononcé du chou, grâce notamment à ses feuilles bien confites, en parfaite osmose avec celui de la farce de porc, dans laquelle vient s’insérer, pour le côté coquin, une tranche épaisse de saucisse de Morteau. Le tout nappé évidemment d’un jus de viande corsé ! Effet waouh garanti quand il déboule fumant dans sa petite poêle en fonte. BRAVO. Les portions ultra généreuses, notamment pour notre ami le chou. DOMMAGE. Succès oblige, les réservations se font très en amont.

Le « sur la braise » Brutos

Le plus « grand-mère » Le Florimond

CHOU FARCI : 27 €. CARTE : 45-80 €. 5, rue du Général-Renault (11e). Tél. : 01 48 06 98 97. Du mer. au sam. (dîn.) et dim. (déj.).

CHOU FARCI : 28 €. CARTE : 45-75 €. 19, avenue de la Motte-Picquet (7e). Tél. : 01 45 55 40 38. Tlj sf WE.

LE LIEU. Lumière tamisée, bougies flambantes, murs bruts en pierre et en brique, cuisine ouverte, comptoir carrelé : le bistrot viandard du couple franco-brésilien Lucas Baur de Campos (en cuisine) et Ninon Lecomte (en salle) ne manque ni de charme ni de cachet. La faune branchée de l’Est parisien - et au-delà - s’y presse ­ d’ailleurs en nombre pour déguster une cuisine à la braise parfaitement maîtrisée (saint-jacques et beurre noisette, faux-filet maturé normand à partager, lieu jaune), précédées de fritures canailles (pasteis à la ricotta fumée, croquettes de cochon). LE CHOU. Il débarque, gracieux, sur son lit de purée chou-fleur onctueuse et de jus de viande délicieux, escorté de quelques morceaux de pomme de terre, navet et rutabaga, ainsi que de radicchio cru, cerfeuil et de chips de kale. À l’intérieur, surprise, une farce au canard de Barbarie haché cuit à la braise - ce qui lui confère une saveur fumée délicate -, bien assaisonné d’herbes et d’oignons. Si l’on aurait aimé un peu plus de chou, la belle cuisson rosée de la viande, grâce à la technique phare de la maison, et les accompagnements soignés remportent nos suffrages. BRAVO. La carte des vins nature pointue, l’ambiance cosmopolite, les démoniaques frites à l’ail. DOMMAGE. Le dessert (une poire que l’on aurait aimée plus juteuse, caramel, sablé breton, glace amande, verveine), un peu en dessous.

Brutos (11e).

LE LIEU. Trente ans cette année que le chef Pascal Guillaumin, secondé en salle par le fort sympathique Laurent Martin, fait figure de point de repère pour les fidèles du quartier Invalides comme pour les touristes de passage. S’il reste porté sur la cuisine de bistrot terroriste (boudin noir maison, confit de canard corrézien), il fait aussi l’effort de proposer une entrée et un plat végétarien (lentilles, œufs pochés et crème de topinambour au raifort), comme des recettes plus allégées d’inspirations voyageuses. Le tout en restant attentif aux saisons, au bio, et en citant scrupuleusement ses producteurs. LE CHOU. Fidèle au poste depuis l’ouverture, même par temps de canicule, sa recette nous vient de Franceline, la grand-mère du chef, montée alors exprès de Corrèze pour valider l’exécution du plat ! Servi dans sa cocotte vintage, baignant dans le (bon) jus de viande et les carottes, il renferme, sous de fines feuilles de chou bien grillées, une farce au cochon et mie de pain fondante et généreuse, assaisonnée comme il se doit ! BRAVO. Les desserts, spectaculaires, à l’image du soufflé Grand Marnier aux oranges ou du millefeuille. DOMMAGE. La déco, qui manque de charme.

Le marin Jamat CHOU FARCI : 24 €. CARTE : 35-55 €. 33, rue de Navarin (9e). Tél. : 01 48 74 02 90. Tlj sf dim. et lun. LE LIEU. Un an d’existence pour ce bistrot de poche. La concurrence est rude dans le quartier, notamment sur le registre saturé du bar à vin, mais la singularité de celui-ci mérite le coup de projecteur. En cuisine, Matthieu Sales fait preuve d’un tour de main remarquable, immédiatement perceptible au creux de l’assiette, avec, par exemple, récemment, la gourmandise folle de sa fricassée d’escargots et topinambours, rendue plus friande encore par quelques tranches de pancetta poêlée. LE CHOU. Clairement l’une des pièces maîtresses de cette sélection ! Déjà par-

ce qu’il faut saluer la recette marine, plus complexe à réaliser. Mais surtout parce que l’exécution se révèle parfaite : dressage harmonieux du petit dôme - trempant dans un beurre blanc délicieux et surmonté de ­oques qui apportent quelques c une note saline - et bel équilibre des chairs de mulet et haddock qui constituent la farce. BRAVO. Les excellents vins, d’obédience nature. DOMMAGE. Le lieu assez exigu, la table devant l’entrée pas très bien protégée de l’air ­extérieur.

Le tomaté Aux Bons Crus CHOU FARCI : 17 €. CARTE : 35-50 €. 54, rue Godefroy-Cavaignac (11e). Tél. : 01 45 67 21 13. LE LIEU. Dans la famille Dumant (Paris 16, Auberge Bressane…), les jumeaux Margot et Félix, fils de Jérôme, veillent sur la destinée de plusieurs « routiers » dont Aux Crus de Bourgogne et son décor d’atmosphère. Dans leur escarcelle figure, depuis 2018, cet autre bistrot fort fréquentable, au rapport qualité-prix tout aussi intéressant. Devanture en bois, nappes à carreaux et murs jaunis donnent le ton d’une cuisine au beurre qui s’assume et régale : frisée aux lardons, œufs pochés ; saucisson brioché ; andouillette à la ficelle ; quenelles de brochet sauce Nantua, millefeuille minute… LE CHOU. La première chose qui frappe, c’est son gabarit, vraiment généreux, puisqu’il débarque bien à son aise dans son grand plat à gratin. La belle pièce joue pourtant les timides, planquée sous une grosse louche de sauce crémée à la tomate qui lui apporte une vraie singularité, à la fois visuelle et gustative. Bonne cuisson des feuilles de chou qui dévoilent une farce savoureuse composée de viande de veau et de bœuf. BRAVO. Les portions copieuses, les ­excellentes frites. DOMMAGE. Pas de formule ni de menu.

Le douillet Brasserie Baroche CHOU FARCI : 24 €. CARTE : 30-50 €. 101, rue La Boétie (8e). Tlj sf dim. Tél. : 01 43 59 69 57. LE LIEU. On l’a maintes fois souligné dans ces pages, le quartier des ChampsÉlysées n’est pas, de loin, le plus avenant quand il s’agit de passer à table. Parmi les bonnes pioches qui font de la

Dalia (2e). résistance, cette brasserie possède l’avantage indéniable d’être ouverte en continu. Si bien que l’on peut s’y attabler presque à toute heure de la journée pour taper dans sa belle carte classique : saucisson lyonnais pistaché en brioche, pâté croûte maison, steak au poivre, riz au lait, crème brûlée à la vanille… LE CHOU. D’obédience classique lui aussi, il est servi dans une assiette creuse, baigné d’un jus légèrement moutardé et trônant sur un lit de légumes de saison rôtis (carottes, céleri et choux de Bruxelles). À la découpe, il dévoile un cœur réconfortant de paleron de bœuf longuement cuit et fondant à souhait, au bon goût de pot-au-feu. BRAVO. Pour les appétits plus pressés ou plus légers, de belles propositions à la carte de salades, croques et autres assiettes à déguster sur le pouce. Une quinzaine de vins servis au verre. DOMMAGE. Pas de formule, ici non plus.

Le végétarien Gargouille CHOU FARCI : 15 €. MENUS : 28 (déj.) et 40 €. CARTE : 30-40 €. 7, rue Jean-Baptiste-Pigalle (9e). Tél. : 01 48 74 62 27. Tlj sf dim. et lun. LE LIEU. Depuis plusieurs saisons, la Méditerranée n’en finit plus de déverser ses vagues gourmandes sur la capitale, de tables hellènes en bonnes pioches israéliennes ou libanaises. Gargouille trace ce sillon de cuisine ensoleillée dans un cadre de bistrot typiquement parisien (moulures blanches, mosaïque au sol). Et cela fonctionne, autour d’un menu bien troussé au déjeuner et de propositions

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LES nouveaux restos

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Haché menu Par Emmanuel Rubin

de nos chouchous.

Faurn, encore une part de Levant

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LE LIEU. Ouverte depuis l’été 2021 par Benjamin Cohen (qui s’apprête à lui donner une petite soeur, Jolia, rue du Chemin-Vert, 11e), cette adresse levantine a sans aucun doute trouvé son public, qui répond présent en nombre, midi comme soir, dans la vaste salle aux grandes baies vitrées, tuyaux apparents et camaïeu de terracotta du sol au plafond. Mezzé (falafels très coquins, houmous et effiloché de poulet), pitas et assiettes végétales (carpaccio de radis, patate douce et feta) s’y partagent dans un joyeux brouhaha. LE CHOU. Inspirée par le malfouf libanais et syrien (des rouleaux de chou farcis), la chef Or Bitan (ex-Miznon, Shouk) donne une version toute moyen-orientale du plat façon feuilles de vigne, baignant dans la sauce tahini et l’huile d’olive. Les deux petits cylindres de chou servis tièdes, bien équi­librés entre légume et farce (du riz maturé italien et du poireau émincé finement), sont réveillés par des herbes fraîches (persil, menthe, coriandre) et quelques grains de grenade. Une sauce aigre-douce à la mélasse de grenade vient adoucir le palais réchauffé par un piment bien présent ! Le tout à saucer sans vergogne avec les délicieuses pitas et hallah sourcées chez Babka Zana. BRAVO. Les cocktails aux saveurs levantines, l’ouverture tardive en fin de semaine, les plats à partager pour les groupes d’amis. DOMMAGE. Les chaises en rotin, un peu trop basses. La musique forte et le débit soutenu : si vous cherchez le calme ou l’intimité, passez votre chemin !

pas chercher beaucoup plus loin qu’une voracité aussi facile qu’antique, solaire dans ses parfums d’herbes brûlées, insatiable de moelleux lorsque la viande hachée tapisse la galette lahm bi ajin. S’y épancher dans l’énergie de ces snacks qui font le Liban des villes et des quotidiens ; tout le mérite du repaire étant d’ailleurs de ne pas jouer à la dînette mo-mode. Un comptoir vitrine pour ceux de passage, quelques tables à la va-vite pour les familles du samedi midi, le jus de citron et celui de datte dans les bouteilles en plastique, les serviettes en papier, les couverts dans leur pot et, pour l’aventure, dès 8 heures du matin, les mêmes galettes en guise de petit déjeuner avec les œufs au plat, le thé ou le café, et l’appétit remonté pour la journée.

212, rue Saint-Martin (3e). Tél. : 01 40 33 26 50. Tlj de 8 h à 22 h. Métro : entre Arts-et-Métiers et Rambuteau.

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ù l’on retrouve les Dumant, duo de frangins imparable à fourbir de ces tables qui remontent le temps. À eux que l’on doit Les Marches (16e) et les Bons Crus (11e) (lire ci-contre), fantasmes de Relais routiers en plein Paris. Eux encore derrière l’Auberge Bressane (7e), berline de resto laissant tourner son moteur calorique sur l’avenue de La Motte-Picquet comme à l’âge d’or de la nationale 7. Le Paris 16 également, la Pizzeria d’Auteuil aussi. À chaque fois, des décors et des assiettes comme surgis de ces trente fameuses années 1950, 1960, 1970, avec les chefs en cuisine et le public pas du genre à coller les gommettes. Depuis quelques jours, à Montorgueil et en voisins de leurs Crus de Bourgogne (là encore, un armagnac de bistrot bourgeois), ils lâchent

LE CHARDONNAY

franchement des moitiés d’estomac, le joyeux carburant de quelques sauces en plat (Nantua sur la quenelle, crème morille sur la galantine, bourguignon sur le bourguignon). Bref, vous connaissez la chanson : c’est parfois dans les vieux pots… Avec qui ? Michel, Jean, Claude, Bernard, Alain, Lino, Jean-Paul… Une, deux, trois assiettes… Tartine de pieds de cochon au raifort : moelleux canaille avec léger picotement. Galantine de poulet, crème aux morilles : retour d’un joli mets à saucer. Nougat glacé : pas tout à fait assez pris mais plaisant. Dans le verre ? Clos Sauvage, un beaujolais qui fait le boulot. Également, des cocktails à la française (calva sour, armagnac old fashioned…), du cidre, deux bières pression, des vins doux… Service : charmante cavale. L’attention : pour qui trouverait la carte des vins un peu courte, il est possible de dépêcher quelques sérieuses quilles de la cave des Crus voisins. Zut ! Des broutilles et l’impatience à ce qu’aux murs la patine s’en mêle rapidement. L’addition : à ne pas trop regarder le compteur, celle-ci balance entre 30 € et 50 €. Sinon, saluer toute une salve d’entrées à moins de 8 € qui peuvent assurer un repas tout entier. Quelle table ? En solitaire, le comptoir face aux petits pavés du quartier. En compagnie, toutes celles de la salle du fond.

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Emmanuel Rubin

MAIS ENCORE…

Le public. Parfois chahuté par le succès. Le service. La communauté libanaise en VO et dans son élément. Suivez-la si vous êtes perdu. Est-ce cher ? Plutôt le contraire ! Man’ouché de 4,50 € à 14 €, galettes Sâj de 7,90 € à 12,50 €, formules à 9 € et 14,50 €. Un peu plus pour le petit déjeuner à la libanaise, à 19,50 €. Faut-il y aller ? Du moins, y passer !

ce Chardonnay dans l’ambition de renouer avec un genre que Paris a perdu de vue en en perdant le goût. Retour au buffet et même droit dedans ! Le buffet que l’on croisait souvent dans les gares, parfois aux midis des quartiers et qui valait comme un troquet rapide, prodigue à trousser du hors-d’œuvre, quelques plats du jour, deux, trois desserts maison, une demi-bouteille, un café, l’addition. À l’heure du buffet, le vocabulaire était plutôt fleuri, on venait casser la graine et se faire tout un repas en avalant fissa quelques LE CHARDONNAY petites bricoles. 3, rue Bachaumont Ce Chardonnay (2e). tout frais, tout neuf Tél. : d’en reprendre 01 40 20 08 74. le motif complet ! Horaires : Les horaires Tlj sf dim. et lun. en quasi continu, De 12 h à 23 h 30 les tables assises, en non-stop. Métro : les perchées, Sentier. la banquette planquée dans la salle du fond, les miroirs blasonnés des cartes de vignobles, les serveuses hardies à faire tourner l’ardoise, la typo des menus et, buffet froid, buffet chaud, tout ce qui fait le bon train du bistro casse-croûte. Vite et bon, les concombres à la crème, les endives aux noix et au comté, les harengs marinés, le rosbif mayo sur toast. À suivre, croque-monsieurmadame, coquillettes jambon à la truffe et parce que ceux d’ici ne sont pas

Julien Valle

CHOU FARCI : 13 € (dîn.). CARTE : 30-40 €. 93, rue Montmartre (2e). Rés. sur dalia-paris.com. Tlj.

Breakfast beyrouthin. Surtout ne

Du côté de Montorgueil, en voisins de leurs Crus de Bourgogne, les frères Dumant renouent avec le bistrot casse-croûte comme on le trouvait jadis dans les gares.

$ $ Grains

$ Citrons et Huîtres

$ Claudia

Genre : dans son confort de casier à bouteilles tout ce qu’il y a de plus classique, une cave à manger qui l’est nettement moins et carrément remontée comme un coucou par un jeune duo de chef et sommelier. Le premier plein de ressort à sortir des alliances pétillantes aux recettes de comptoir, le second plein de ressources à sortir de neufs flacons biodynamiques et un sacré petit lot de sakés. Prix : entre 25 € et 50 €, hors boissons. Œuf mollet, olives de Kalamata, mousse d’anchois : coulant, fondant, tonique. Ris de veau rôti au beurre, sauce BBQ, condiment piment : beau ténébreux. Citron givré (pâtissière, crémeux, granité) : incisif. Avec qui ? Dans le quartier étudiant, un Science Pinot plutôt qu’un Sciences Po. Bonne table : le coin banquette. Service guilleret. 6, rue Mabillon (6e). Tél. : 07 64 44 30 75. Tlj sf dim. et lun. Métro : Mabillon.

Genre : c’est parfois tout ce que l’on demande aux fruits de mer. S’offrir dans leur plus simple appareil, dans la fraîcheur et l’éclat iodé, et soudain nous lâcher comme un joli baiser breton. Bravo à cette cambuse de simplement nous le rappeler ! Prix : de 14 € (les six fine n° 2 Îleaux-Moines) à 36 € (les douze Belons de Bretagne). Plateaux de 27 € à 51 €. Également, à la bonne pioche aux coquillages, palourdes morbihannaises et boquerones (anchois frais). Le tout à déguster sur place ou à emporter. Avec qui ? Un moussaillon de boulevard. Bonne table : comptoir-tabouret ! Service plein de vivacité. 57, boulevard de Rochechouart (9e). Tél. : 07 64 29 26 66. Du mer. au sam. (dîn.), sam. et dim. (déj.). Métro : Anvers, Pigalle.

Genre : même si la devanture alerte d’une « cantine italienne », on ne s’attendait pas à pareil traitement tant la cata le dispute, ici, au rata. Quatre plats commandés, quatre parfaits loupés ! Du grand n’importe quoi méchamment prolongé d’une addition qui, visiblement, ne se prend pas pour n’importe qui. Prix : déconnectés, voire sournois ! Environ 50 € à la carte, pizzas de 12 € à 22 €. Vitello tonnato : une espèce de rôti mayonnaise très loin de la recette attendue. Risotto aux gambas : on cherche encore les gambas. Osso buco, polenta : plombant ! Avec qui ? Basta cosi ! Bonne table : la 4, sans conviction. Service au bord de la rupture, mais tenant le sourire. 51, avenue de La Motte-Picquet (15e). Tél. : 09 81 15 18 65. Tlj jusqu’à 1 h. Métro : La Motte-Picquet - Grenelle.

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Le levantin Dalia

de mot sésame pour avertir d’une cousine de genre, pâte cuite au four, bien garnie et prête à se laisser engloutir avec les mains en toutes occasions et dans toutes les positions. Ici, deux versions à l’appel ! D’abord la Sâj, galette taille fine cuite sur une tôle bombée chauffante qui lui donne son nom. Plus épaisse, la Man’ouché, traditionnellement arrosée d’huile d’olive et largement saupoudrée des herbes aromatiques du zaatar. Chacun de ces disques à composer comme il vous plaît de labneh (fromage frais de chèvre), d’halloumi (fromage demi-ferme), de falafels, de kefta d’agneau, avant de s’y engouffrer avec la même célérité que le cuistot du fond s’applique à les enfourner dans son monstre de dôme.

Le Chardonnay droit dans le buffet !

Thomas Tissandier

de tapas à partager le soir. À tester notamment, le carpaccio de saintjacques aromatisées à l’épine-vinette, l’excellent labneh aux olives de Kalamata ou les sardines frites à tremper dans une crème à l’ail noir. LE CHOU. Encore un qui fait le malin, dans le bon sens du terme, avec une forme tout sauf classique et des airs de futomaki japonais. Coupées et servies en deux tranches épaisses, donc très faciles à partager, les feuilles de chou renferment une farce entièrement végétarienne de blé freekeh fumé, champignons et carottes. L’ensemble se nappe d’un jus d’oignons et raisins de Corinthe et trône sur une crème de pecorino. Sain et gourmand ! BRAVO. Le service énergique. DOMMAGE. La salle bruyante ; les tables petites et donc pas forcément commodes pour une dégustation d’assiettes tapas.

Tournez galettes ! Pizzeria en guise

Le Chardonnay (2e).

Grains/Leo Kharfan

Le Café des Ministères (7e).

THE TRAVEL BUDS STUDIO, Chloé Avice/Le Florimond, CAFé DES MINISTèRES, Dalia, BRUTOS

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amuel Beckett écrivit un jour : « Nous ne voyageons pas pour le plaisir de voyager, que je sache ; nous sommes cons, mais pas à ce point. » Sans vraiment comprendre la tempête qui passait alors sous le crâne du Nobel irlandais, se dire, avec un brin de provocation, que nos estomacs ne seront bientôt pas loin de partager ce sentiment. Du moins lorsque à Paris ils croisent au goût du Levant. Encore quelques efforts, quelques adresses, quelques recettes, et on se demandera franchement pourquoi courir au Proche-Orient découvrir ce qu’on y mange tant la capitale en fournit aujourd’hui un plein garde-manger. Parmi les activistes de cette géo-gastronomie, Alan Geaam, qui, sur trois numéros de la rue Saint-Martin, assure désormais toutes les heures de repas d’un Little Beyrouth. Dernier en date, au numéro 212 et du matin au soir, Faurn, chaud spot de pizzeria ­libanaise.

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votre week-end à ...

Musée-hôtel Le Vergeur.

« The Bonimenteur » au Frac Champagne-Ardenne.

Reims coince dans sa bulle des trésors d’art actuel et d’ar

La cité des rois est une destination à multiples facettes. la richesse de ses vieilles pierres et son art de vivre invitent à la flânerie, des caves aux musées.

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Au cœur de l’ancienne abbaye de Reims, une exposition destinée aux enfants reprend la narration du best-seller devenu bande dessinée, ­ Sapiens. À partir de planches originales réalisées par les dessinateurs, le Rémois Daniel Casanave et le Bruxellois David Vandermeulen, on retrace les premiers pas de l’homme. Au cœur de ce lieu rémois historique, l’exposition résonne tout particulièrement avec l’accrochage permanent du ­musée consacré à la préhistoire. À voir jusqu’au 2 février. ■ 53, rue Simon. musees-reims.fr

visiter 3. La Cathédrale de reims Elle est monumentale. Chef-d’œuvre gothique, la cathédrale Notre-Dame de Reims a traversé le temps. Théâtre du baptême de Clovis, elle aura vu depuis défiler tous les rois. Achevée au XIVe siècle, elle fut détruite pendant la Première Guerre mondiale. Les images sont impressionnantes. La façade et ses deux tours auront en partie ré-

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où boire un verre ? 5. L’apostrophe Accoudé au comptoir un trio se rappelle le bon vieux temps. Ces habitués venaient là quand ils étaient jeunes, mais, depuis, le lieu a bien changé.

2. « Sapiens » au Musée Saint-Rémi

Amélie Com/Le Figaro, le clos, Matthew Shaw

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XXe siècle. Au rez-de-chaussée, le musée organise des expositions. Celle du moment dure jusqu’au 3 mars et est consacrée au sculpteur Karl-Jean Longuet, qui n’est autre que le petitfils de Karl Marx. ■ 36, place du Forum. musees-reims.fr

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Dès l’entrée, le Bonimenteur nous accueille, affiché en grand sur un rideau. Derrière lui commence ce petit parcours à l’allure de quête métaphysique. La genèse de cette exposition signée Saâdane Afif remonte à une pièce

Ce petit musée est un lieu bien connu des Rémois. Classé depuis 1990 au titre des monuments historiques, il est situé dans la maison des comtes de Champagne. Nicolas Le Vergeur donna son nom au bâtiment. Sa partie la plus ancienne date du XIIIe siècle. Dans les étages de la bâtisse, on peut admirer des collections allant de l’Antiquité au XXe siècle. Des gravures d’Albrecht Dürer dialoguent avec du mobilier Renaissance et des œuvres d’Asie et d’Orient, rapportées de voyage par Hugues Krafft, propriétaire de la demeure au début du

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1. « The Bonimenteur » au Frac

4. Musée-Hôtel Le Vergeur

Halles du Boulingrin Gare

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Expositions à voir

sisté aux flammes, mais, de la toiture, il ne restait plus rien. Bien des restaurations plus tard, celle que l’on appellera la « cathédrale martyre » a retrouvé ses lettres de noblesse. À l’intérieur, la hauteur des voûtes impressionne. Ses vitraux sont des chefs-d’œuvre : les anciens côtoient les contemporains. Ceux de la chapelle axiale sont signés Chagall. ■ Place du Cardinal-Luçon. cathedrale-reims.fr Tél. : 03 26 47 55 34.

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i dans la petite ville située entre Paris et Strasbourg, il y a une tradition, c’est bien sûr le champagne. Mais pas seulement. L’art contemporain occupe une place de choix dans la capitale champenoise. Du Frac aux caves renommées (de Roederer à Pommery), la création croise la route de la prestigieuse industrie. Difficile de passer à côté : chaque café, des plus chics aux PMU, expose ce breuvage de luxe en vitrine. Les passionnés se pressent dans les caves pour se procurer l’élixir pétillant. Celles-ci font partie intégrante du patrimoine et dateraient pour certaines de l’Antiquité. Elles peuvent faire jusqu’à 30 mètres de profondeur. Des puits impressionnants où les maisons de champagne stockent leurs bouteilles et exposent des installations artistiques. Et si toute l’histoire de France se trouvait dans les rues de Reims, ou presque ? La bien nommée Cité des sacres jouit d’un patrimoine culturel et artistique impressionnant. Des bâtiments du pur style Art déco des années 1920 avaient remplacé les ruines au sortir de la der des ders. Les halles Boulingrin accueillent un marché trois fois par semaine. À l’intérieur, ses vitres jaunes diffusent une lumière dorée, rendant les lieux constamment ensoleillés. Mais il suffit de faire quelques mètres pour tomber sur la porte de Mars, trace de l’ancienne cité gallo-romaine. Un peu plus loin, d’autres ruines témoignent de ce passé antique. Plus au centre, la cathédrale est un emblème incontournable. Elle fut martyre après les bombardements allemands de la Première Guerre mondiale et inspira à Albert Londres son premier reportage, dans lequel il écrivait : « Elle n’est plus qu’une plaie maintenant, la toiture est détruite, par la bouche des gargouilles, coule du plomb fondu.» Reims est une curiosité architecturale en soi. Les ­traces du passé dialoguent en harmonie avec un mode de vie moderne. Labellisée d’Art et d’histoire, elle regorge de petits musées et ceux-ci sont tous accessibles gratuitement. Depuis la capitale, 45 minutes de TGV suffisent pour s’y rendre et profiter de sa douceur de vivre.

de théâtre non publiée, écrite par Thomas Clerc. Une véritable odyssée sépare cette œuvre inconnue de l’exposition au Frac Champagne-Ardenne. Elle débute au Maroc, un soir d’hiver 2014 sur la place Jemaa el-Fna de Marrakech. Et emmènera Saâdane Afif jusqu’à Bergen en Norvège. Dès l’entrée du musée, un mystère ! Le rideau portant le visage du Bonimenteur se déroulerait-il tout seul ? Dans cette exposition, on va de surprise en surprise. La première salle nous plonge dans une lumière rouge vacillante. Un tas d’allumettes géantes, imaginé par Grau, un studio de design allemand, trône au centre de la pièce. Sa lumière, semblable à un feu de bois, hypnotise. « Un visiteur s’est déjà endormi en le regardant », confie Jean Bigot, le médiateur. Dans les escaliers, une flèche nous montre le chemin. Elle mène les ­visiteurs aux œuvres du Berlinois Bernhard Martin. Pas une série de ses tableaux n’est semblable. Les inspirations sont évidentes. L’artiste puise allègrement dans le répertoire de Dali, Pieter Brueghel l’Ancien, mais aussi l’univers des bars glauques de Berlin la nuit. Lui aussi est un bonimenteur. Il se joue de la réalité pour en construire une autre, fantasmée, irréelle. L’exposition est une histoire du mensonge ou d’une réalité rendue plus belle par ce personnage. À voir jusqu’au 30 avril. ■ 1, place Museux. frac-champagneardenne.org

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Envoyée Spéciale à Reims

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Amélie Com [email protected]

La cave Pommery (à gauche), le Clos (ci-dessus) et la caserne Chanzy (ci-contre).

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les bonnes tables de ...

vendredi 20 janvier 2023

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Nos cinq adresses rémoises coups de cœur

Canaille, bistronomique, Festive… À 45 minutes de Paris en TGV, la cité des Sacres offre une parenthèse culinaire pour le moins attachante. Roberto Alvarez Reims

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« Il y avait une cheminée, et, ici, c’était notre table », se souviennentils. Aujourd’hui, l’âtre a disparu. L’immense bar-restaurant est situé en plein centre-ville à quelques minutes à pieds de la gare. Plusieurs ambiances s’y mélangent. Les alcôves, plus intimes, doivent être idéales pour un rendez-vous, pourquoi pas galant. Plus loin, une grande table réunit une dizaine d’amis. À l’étage, une mezzanine sous verrière surplombe l’ensemble. Le service y est, comme l’ambiance, sympathique et bon enfant. À la carte, un peu de tout : cocktails classiques, sans alcool, quelques variantes du sempiternel mojito, mais aussi des créations. L’une d’elles porte le nom du bar L’Apostrophe, à base d’abricot, prosecco, romarin et miel (8 €) : c’est un délice. ■ 59, place Drouet-d’Erlon. Tél. : 03 26 79 19 89.

6. Le Clos

Sous un plafond à motifs Art déco bleus, les canapés rouges, les chaises de bistrot en bois, d’autres en métal, s’assemblent dans un esprit brocante. Dans ce bar à vin, aucun meuble ne se ressemble. « Tout est chiné », confie la serveuse derrière le bar. Au fond, dans la bibliothèque, les bouteilles de vin et de champagne ont remplacé les livres. Le tutoiement est évidemment de mise. À l’extérieur, à l’abri du vent, les clients se pressent malgré le froid dans l’espace guinguette. On y boit une bonne bière et, pourquoi pas, quelques tapas ou une planche de charcuteriefromages (de 6 € à 16 €). Ici aussi le mobilier a été chiné. Les tonneaux de champagne, région oblige - font office de tables, le bar a été customisé avec des palettes bleu et rouge. « Ici, c’est trois salles, trois ambiances », explique la jeune femme derrière le comptoir. Elle ajoute que, certains jeudis, à l’étage, de jeunes humoristes viennent faire leurs premiers pas sur scène. ■ 25, rue du Temple. Tél. : 03 26 07 74 69.

où dormir ? 7. La Caserne Chanzy

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En face de la cathédrale, cet hôtel 5 étoiles a été imaginé dans l’ancienne caserne de pompiers. Les lieux sont emblématiques de la période 1920, pendant laquelle Reims a été reconstruite. La façade a été conservée telle quelle. Chambre double à partir de 225 € la nuit. ■ 18, rue Tronsson-Ducoudray. lacasernechanzy.com Tél. : 03 26 83 18 18.

8. Hôtel L’univers Reims

Tout proche de la gare, cet hôtel 4 étoiles de 42 chambres est lui aussi de style Art déco. Si le temps le permet, le lieu possède un rooftop avec vue sur la cathédrale. Chambre double à partir de 80 € la nuit. ■ 41, boulevard Foch. lunivers-reims.fr Tél. : 03 26 88 68 08.

la spécialité sucrée 9. Les biscuits roses de Reims Très sucrés, ces biscuits se dégustent trempés dans du champagne. Les plus connus sont ceux de la maison Fossier. Le marchand de gâteaux possède plusieurs boutiques en ville. Et, à l’image de ses biscuits, la boutique est toute rose. La boîte en métal de 150 g est à 7,95 €. ■ 25, cours Jean-Baptiste-Langlet. fossier.fr Tél. : 03 26 47 59 84.

l’excursion 10. à Vélo dans reims Au départ du point névralgique de la cité rémoise qu’est la cathédrale, l’office de tourisme a eu la bonne idée de concevoir un circuit en biclou. Une balade de 9 kilomètres à travers la ville, du centre au quartier Saint-Rémi en passant par les halles Boulingrin, le marché couvert emblématique aux verrières Art déco jaunes. Les vélos en libre-service sont à disposition un peu partout. ■ reims-tourisme.com Tél. : 03 26 77 45 00.

l’atelier 11. La Cave Pommery Difficile de choisir entre toutes les caves. Mais certaines offrent, en plus de la dégustation, un parcours artistique. Comme Pommery. On a connu meilleur champagne, mais le sous-terrain qui court sous le domaine vaut le détour. Ces anciennes crayères ont été réhabilitées par Mme Pommery au XIXe siècle pour y stocker son champagne. Passionnée d’art, elle y a installé des sculptures. Dans le dédale des caves, on croise des photographies expressionnistes, des installations lumineuses monumentales. À la fin de la visite (30 € avec 2 coupes), on goûte une sélection de champagnes de la maison. ■ 5, place du Général-Gouraud. vrankenpommery.com Tél. : 03 26 61 62 56.

MENUS : 31 € et 72 €. 17, rue de Mars. Tél. : 03 26 40 58 58. Tlj sf dim. LE LIEU. Le chef Thierry Sidan a le verbe d’Escoffier dont il est un disciple. Cet épicurieux a notamment été formé par Christian Constant à la grande époque du Crillon. Au cœur du très prisé quartier du Boulingrin, ce restaurant gastronomique ouvert en 1987 par Gérard Boyer (ex 3-étoiles aux Crayères) a traversé les modes et les âges dans un style intemporel confortable et propice à la convivialité. L’ASSIETTE. Une cuisine saisonnière, de proximité, sapide et graphique. Au cordeau ! Comme ce tartare terre et mer (filet de bœuf, huître cuite dans sa coquille et speck) ou ce foie gras aux algues nori, très original. La blanquette de lotte au curcuma et le chou farci à la volaille et légumes oubliés affichent une cuisson parfaite. La mayonnaise de betterave rouge qui escorte le saumon cuit basse température est bluffante. Et que dire de l’émulsion de champagne, un nuage d’effervescence d’une fraîcheur inouïe ? Pour les amateurs de viande, les mille et une saveurs de la côte de porc noir de Bigorre et ses lentilles de Champagne sont un must. BRAVO. La quête du goût, la perfection des cuissons, la singularité de certains plats. DOMMAGE. Durant ces dix dernières années, aucun guide réputé n’a poussé la porte du restaurant.

DOMMAGE. Le chalet de montagne privatisable installé dans la cour sera démonté fin mars.

La plus « dans le vent » LA LOGE (15) MENU : 65 €. 35, rue Buirette. Tél. : 06 62 96 00 18. Tlj à partir de 18 h 30, sf dim., lun. et mar.

La plus bistronomique CONTINENTAL (13) MENUS : 45 € et 72 €. 95, place Drouet-d’Erlon. Tél. : 03 26 40 63 83. Tlj. LE LIEU. Face à la gare, à l’entrée de la rue piétonne place d’Erlon, impossible de manquer cette demeure du XIXe siècle, institution rémoise dirigée par Olivier Roger. Esprit bistrot, vue panoramique sur les promenades, déco chic et épurée au programme. À noter, au plafond, des abat-jours empilés à l’envers qui apportent une touche d’excentricité. Autre clin d’œil, Thomas, le barman mixologiste, est un ancien archéologue. L’ASSIETTE. Élaborée, réconfortante et canaille, elle est signée Gilles Landragin. En entrée, coup de cœur pour les nems d’andouillettes de Troyes AAAAA, un bonbon salé ! Les six huîtres chaudes n° 2 de Vendée maison Raimbaud et leur sabayon au cham­pagne fondent en bouche. Le filet de bœuf façon tataki, écrasé de Nazca au wasabi, est tendre et savoureux. ­Essayez aussi le lobster roll et ses frites de patates douces, dans l’air du temps. Pour clore l’expérience, un entremets litchi et pistache, tout en légèreté et fraîcheur. BRAVO. Le mixte intelligent entre plats bistrotiers et compositions plus gastronomiques : le goût est au rendez-vous. DOMMAGE. Le meuble de bar en métal doré au milieu, ne s’intégrant pas à la déco et à l’esprit des lieux.

La plus tendance LA GRANDE GEORGETTE (14) MENUS : 34 €, 55 € et 75 €. 18, rue Tronsson-Ducoudray. Tél. : 03 26 83 18 18. Tlj. LE LIEU. Cette brasserie avec vue imprenable sur le parvis de la cathédrale,

installée au sein de l’hôtel La Caserne Chanzy (lire ci-contre), est l’une des coqueluches du Tout-Reims, pour le plus grand plaisir d’Hervé Fort, son fringant DG. Décor industriel du début du XXe siècle, esprit décontracté chic. Clin d’œil aussi à l’univers des pompiers (c’était leur caserne), le lieu tire son nom d’une tradition des années 1920, celle de donner à la grande échelle le prénom de l’épouse du capitaine de la caserne. L’ASSIETTE. L’audacieux chef Julien Raphanel propose une belle partition de cuisine contemporaine. Pêle-mêle, le veau et anguille fumée taillés au couteau, d’une précision irréprochable. Les navets en aigre-doux et consommé froid parfumé à la bergamote, joli complément de saveurs. Les saint-jacques caramélisées de nos côtes, choux farcis au corail, « kombucha » de chou, subtil mariage de l’iode et du végétal. La clémentine corse confite et gâteau de crêpe Suzette, au parfum de vacances. BRAVO. L’ancien pensionnaire de l’Hôtel du Palais à Biarritz tire le meilleur du ris de veau en deux services, braisé au jus et mariné façon yakitori.

LE LIEU. Une poupée gigogne : un bar, un resto trendy, un dancefloor et dorénavant une table privée, le salon des maîtres. Philippe Dermidjian, le dandy des nuits rémoises, et Julie Bruschi, sa complice à l’inspiration fertile, ont imaginé le graal épicurien : une table ovale accueillant jusqu’à 15 privilégiés dans un décor intimiste et envoûtant, baroque et rock, avec vaisselle à la Christian Lacroix, service à l’anglaise et cloches couvre-assiettes. Comme un dîner classieux à la maison. L’ASSIETTE. Hanae et Chaimae, chefs jumelles marocaines, proposent saumon gravlax mariné à la vodka et cromesquis de ris de veau à picorer. Pour suivre, selon votre humeur, blanquette de veau, bœuf bourguignon ou côte de bœuf de chez Alexandre Polmard. Le dessert se veut ultrashow et festif : barba surprise à partager, un cheesecake géant aux fruits rouges surplombé d’une immense barbe à papa, flambée à la liqueur de framboise devant vous. BRAVO. Le show des jumelles qui n’hésitent pas à quitter leurs fourneaux pour préparer les savoureux poissons et couper les viandes à table. DOMMAGE. Un deuxième service serait le bienvenu : quand minuit sonne, la Loge se métamorphose pour succomber aux premières pulsations de musique.

La plus transalpine GIULIA (16) CARTE : 15 € -30 €. 2, rue de Mars. Tél. : 03 26 88 17 17. Tlj. LE LIEU. Serge Lacombe et Richard Liogier, deux experts amis-amis déjà aux commandes, à Paris 14e, de Giulia et du bar à vin Les Rouquins, ont posé leurs valises à Reims. Ils connaissent l’Italie comme leur poche et l’arpentent pour y dénicher des trésors : pâtes, charcuterie, huiles d’olives, parmesan… Parmi leurs trouvailles, le lardo arrotolato (un lard roulé assaisonné d’épices). Stéphanie Gournoff apporte son œil d’esthète avertie. Un resto cosy tel qu’on les aime, joyeux et bavard, à l’esprit newyorkais près de… la mairie. L’ASSIETTE. C’est le Giro des papilles. Des montées et des sprints de plaisir. Naples, Rome, Padoue flirtent en bouche. La parmigiana est parfumée et onctueuse. La pizza otto, une ode à la tentation (mozzarella, fenouil, romarin et lardo arrotolato). Les pâtes bottarga (poutargue, citron, tomate Datterino, ail et persil), épatantes, iodées et salivantes. Pour l’épilogue, le Limon Jack (crème citron, basilic, jaune d’œuf, crème fouettée), soyeux à souhait. BRAVO. Les petits morceaux de pâte à pizza encore tièdes dans la corbeille à pain, délicieux avec quelques gouttes d’huile d’olive. DOMMAGE. Avec une telle maîtrise, on aimerait les voir interpréter d’autres classiques italiens à leur sauce.

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chitecture art déco

La plus épicurienne AU PETIT COMPTOIR (12)

Au Petit Comptoir ; Matthew Shaw ; Giulia ; Giulia ; LA LOGE

Cyrille Beudot, Martin Argyroglo

ophistiquée ou réconfortante, quels que soient les ingrédients, on découvre à Reims une cuisine hétérogène de belle facture, portée par des chefs qui en ont sous la semelle. Voici cinq pépites à explorer au cœur de la ville. ■

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