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vendredi 17 mars 2023 le figaro - N° 24 438 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr

olivier rey ● Paris : les pâtisseries incontournables de la capitale ● Montpellier : un parcours créatif et gourmand Pages 36 à 39

impuissant face aux crises, le progressisme se réfugie dans Les lois sociétales Page 18

Après le recours au 49.3, l’exécutif affaibli et isolé

drone

EU - Russie : l’incident en mer Noire et ses conséquences potentielles PAGE 8

afrique centrale

Le Soudan en proie aux rivalités militaires PAGE 9

bioéthique

Aide active à mourir : le grand âge divisé PAGE 12

politique monétaire

La BCE frappe fort malgré la tempête financière PAGE 24

photographie

La mode aux portes des musées

champs libres

PAGE 30

Au Bénin, la fête du vodoun devient un festival mondial Un grand entretien avec Zbigniew Rau Le bloc-notes de Laurence de Charette n

n

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FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de jeudi : Grève des éboueurs : faut-il réquisitionner du personnel dans les villes concernées ?

OUI 84 %

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TOTAL DE VOTANTS : 246 885

Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Réforme des retraites : approuvez-vous l’utilisation de l’article 49.3 par le gouvernement ?

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Le plan de l’Europe pour défendre son industrie face aux États-Unis

Nicolas Sarkozy accable François Hollande sur le nucléaire à l’Assemblée

La Commission de Bruxelles a dévoilé une batterie de mesures destinées à faciliter la transition énergétique de l’industrie européenne. L’ambition est notamment de développer

Interrogé par la commission d’enquête parlementaire sur la souveraineté énergétique, l’exprésident a dénoncé les choix de son successeur sur l’énergie nucléaire, jugeant qu’il avait

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PAGES 16, 17 et 19

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En optant pour le passage en force sur les retraites, faute d’avoir pu réunir une majorité, Élisabeth Borne relance la contestation syndicale et s’expose à une motion de censure. PAGES 2, 4 ET L’ÉDITORIAL

Philippe Vaurès - illustration : fabien clairefond - Raphael Lafargue/ABACA

les technologies de décarbonation sur le sol européen et de réduire la dépendance à la Chine pour l’approvisionnement en matières premières critiques. PAGES 22 et 23

pris des décisions « sans raison valable ». Entendu lui aussi par les députés, François Hollande a assuré avoir voulu « favoriser le renouvelable en plus du nucléaire ». PAGE 6

éditorial par Yves Thréard [email protected]

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Le goût de l’échec

usqu’au bout, Emmanuel Macron n’aura pas su conduire cette réforme des retraites. Après tous les changements de pied effectués depuis six ans qu’il est aux affaires sur le contenu et la nécessité de celle-ci, le vrai faux suspense entretenu autour du recours au 49.3 a inutilement envenimé les choses. Cela n’a fait que dramatiser l’usage de cet article, pourtant constitutionnel et cent fois employé par le passé. Il n’en fallait pas plus pour galvaniser les oppositions et les syndicats, déjà très remontés. Face à un front du refus massif dans la rue, les sondages et à l’Assemblée nationale, l’exécutif est plus que jamais affaibli. La fin n’est pas encore écrite, mais ce feuilleton des retraites en dit long sur l’état du débat politique dans notre pays. L’affligeant spectacle mis en scène par La France insoumise et une partie de la Nupes au Palais Bourbon ne grandit pas l’action parlementaire. Le ridicule le dispute à la vulgarité. Avec l’apparition inattendue d’une « branche CGT » en son sein, la droite semble, quant à elle, complètement déboussolée, en voie de dislocation. L’autre constat porte sur les limites du macronisme : sans une majorité absolue à l’Assemblée, « l’en même temps

et de droite et de gauche » ne résiste à aucun affront, tremble sur ses bases. La preuve en a été apportée hier. Reste le Rassemblement national. Tapi dans l’ombre et mutique, il sait qu’il serait sans doute le seul à profiter d’une dissolution si elle intervenait prochainement. Dans ce paysage éclaté, fracturé, explosé, l’avenir de notre pays laisse songeur. Est-il encore réformable ? Est-il voué à l’immobilisme dans un monde en perpétuel mouvement ? Cette réforme des retraites, rendue indispensable par l’évolution démographique, n’est pas la mer à boire ! Comparée à toutes celles que nos voisins ont mises en œuvre, elle est même très modérée. N’empêche, elle met la société sens dessus dessous, aiguillonnée par des syndicats dont certains ne rêvent que de « mettre l’économie à genoux ». Jeudi, l’exécutif a employé la manière forte pour l’adoption de sa réforme, mais celle-ci a quand même le goût de l’échec. ■

Le feuilleton des retraites en dit long sur l’état de notre pays

AND : 4,10 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852

* Sur modèles spécialement signalés.

Liste des magasins Roche Bobois participant à l’opération sur www.roche-bobois.com

OUVERTURE EXCEPTIONNELLE LE DIMANCHE 19 MARS (selon autorisation)

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Photo : Flavien Carlod, non contractuelle.

L’endurance, une discipline en plein renouveau

ALAIN JOCARD/AFP

automobile

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l'événement

Thomas Padilla/AP

Retraites : Macron sort le 49.3, l’Assemblée s’embrase

Tension à l’Élysée, coups d’éclat à l’Assemblée… Récit d’une folle journée politique. Wally Bordas £@wallybordas et François-Xavier Bourmaud £@fxbourmaud

On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis bâti par les deux Assemblées écarté. On ne peut pas faire de pari sur l’avenir de nos retraites

»

Élisabeth borne lors de l’activation du 49.3, à l’Assemblée nationale

e 100 fois

que le 49.3 est activé depuis 1958

Assemblée nationale Jean-Luc Mélenchon fait les cent pas dans les coulisses de l’Hémicycle. Les yeux rivés sur son téléphone portable, il visionne les photos et vidéos envoyées par ses camarades en direct de l’Assemblée nationale. Large sourire, mine ravie, l’ancien candidat à la présidentielle, agitateur en chef et à distance des troupes insoumises tout au long de l’examen de la réforme des retraites, vient de sortir de la tribune visiteurs où, confortablement installé, il a assisté au spectaculaire charivari de ses troupes. Quelques secondes plus tôt, alors que la première ministre monte à la tribune pour enclencher l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote sa réforme des retraites, les députés Insoumis, se lèvent. Pancartes à la main – « 64 ans, c’est non », « Démocratie » -, ils entonnent une première Marseillaise, suivis par l’ensemble des députés de la Nupes, du Rassemblement national, et même près d’une quinzaine d’élus Les Républicains. Élisabeth Borne ne peut pas parler. La séance est suspendue. Puis reprend dans les mêmes conditions dantesques. Cette fois, la première ministre se lance. « On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis bâti par les deux Assemblées écarté. On ne peut pas faire de pari sur l’avenir de nos retraites, cette réforme est nécessaire », clame-t-elle dans une atmosphère survoltée. Dans l’Hémicycle, le son de sa voix est inaudible, couvert par les cris incessants et les chants Insoumis. « Dehors », « démission », scandent quant à eux les élus du Rassemblement national, sous l’impulsion de Marine Le Pen. Debout, une vingtaine de députés Renaissance, le noyau dur autour d’Aurore Bergé, la présidente de groupe, applaudit la première ministre. Les autres sont avachis dans leur fauteuil, tête baissée. Beaucoup d’entre eux auraient préféré aller au

vote. Certains étaient d’ailleurs sûrs de pouvoir l’emporter, à quelques petites voix. Ils pensaient que le président de la République allait « prendre son risque ». Mais il a reculé devant l’obstacle. Trop d’incertitudes sur le vote.

Il va falloir trancher Depuis janvier, Emmanuel Macron compte et recompte les voix. Et quand il a fini, il recommence. Comme mercredi soir lors d’une réunion restreinte à l’Élysée avec Élisabeth Borne, Olivier Dussopt et Franck Riester. « À ce stade, la question du 49.3 ne se pose pas », confie alors l’un de ses proches. La marge d’avance demeure toutefois incertaine. Il faut encore travailler les parlementaires pour les convaincre, ce dont se chargent certains ministres et membres de la majorité dans la nuit. Nouvelle réunion jeudi matin à 8 h 15 à l’Élysée. Cette fois, le cercle s’est élargi. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, le pa-

CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

Une affligeante déroute collective

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ui se souvient que la dissuasion nucléaire ou la CSG ont été adoptées grâce au 49.3 ? Qui a jamais imaginé ensuite les remettre en cause ? Plus tard, on retiendra peut-être juste qu’en 2023, l’âge légal de départ en retraite a été reporté à 64 ans. Pour ceux dont le souci est d’éviter la faillite financière du régime par répartition, là restera l’essentiel. Mais au-delà de l’enjeu de fond de cette réforme, quel fiasco politique ! Avec cette victoire à la Pyrrhus, Emmanuel Macron et son gouvernement paient de lourdes fautes d’analyse. L’exécutif savait d’avance qu’il n’y a pas de réforme des retraites heureuse. Pourquoi alors avoir plaidé sa « justice » avant d’en assumer sa nécessité ? Pourquoi n’avoir pas agi dès l’automne puis s’être offert un délai pour rien alors que le veto des syndicats à toute mesure d’âge était irréfragable ? Pourquoi avoir lâché autant et si tôt à une droite sans certitude de pouvoir monnayer ces concessions en votes le jour décisif ? Pourquoi n’avoir pas mieux veillé à l’unanimité et à la combativité de la majorité tout entière ? Pourquoi n’avoir pas mieux organisé la communication ministérielle, laquelle s’est transformée en concours

d’approximations et de gaffes. Si l’exécutif a eu le courage de tenir bon sur le cœur de sa réforme, il a péché par naïveté, par présomption et par maladresse. Mais aux erreurs tactiques du gouvernement répond la faute politique des Républicains. Faut-il rappeler que tout ce que LR compte de présidentiables avait défendu la retraite à 65 ans, reproché cinq ans durant à Emmanuel Macron de ne pas avoir le courage des réformes difficiles et de laisser filer les déficits ? Il fut stupéfiant de voir des élus de droite, tel des frondeurs socialistes, n’avoir de cesse que de raboter la réforme Dussopt, la rendant toujours plus coûteuse et moins courageuse. Il a été ensuite humiliant pour lui de voir l’ex-parti bonapartiste jouer les avatars du PSU d’avant-hier ou les Verts d’hier, c’est-à-dire faire fi de toute unité et toute autorité interne. Comment rester un parti de gouvernement quand on renonce à son ADN gestionnaire et qu’on n’a pas les moyens de faire respecter des décisions communes ? Après l’échec de Valérie Pécresse à la présidentielle, on annonçait une nouvelle guerre entre Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand. Leurs relais à l’Assemblée se sont pourtant retrouvés du même côté pour priver la droite de la paternité d’une

réforme qu’elle réclamait. Et l’on va même voir maintenant des députés LR habitués à se draper dans la posture noble et facile de l’antiextrémisme voter de bon cœur une motion de censure avec les amis de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. Dans ce spectacle affligeant, on n’oubliera pas la Nupes dont plus d’un élu a dépassé les bornes de l’indignité, et qui s’offusque de l’usage d’un outil institutionnel, le 49.3, après avoir abusé de l’obstruction, offert une image peu glorieuse de la vie parlementaire et démocratique, et qui joue dangereusement avec la rue. Il est encore trop tôt pour deviner toutes les suites de cette séquence : quelle longévité pour Élisabeth Borne, aussi solide personnellement que fragilisée politiquement ? quel avenir pour LR, entre fracturation ou implosion ? Dissolution ou non ? Personne, en tout cas, ne sort indemne. Sauf peut-être, paradoxalement, la retraite à 64 ans.

Les députés de la Nupes brandissent des pancartes : « 64 ans, c’est non », ou « Démocratie » pendant le discours d’Élisabeth Borne, jeudi, à la tribune de l’Assemblée nationale. ALAIN JOCARD/AFP

« etMonmaintérêt

volonté politique étaient d’aller au vote. Parmi vous tous, je ne suis pas celui qui risque sa place ou son siège. Mais je considère qu’en l’état des risques financiers et économiques sont trop grands

»

Emmanuel Macron

tron de Modem, François Bayrou, celui de Renaissance, Stéphane Séjourné, et les présidents de groupe ont rejoint l’équipe de la veille. Il y a aussi le patron d’Horizons, Édouard Philippe, en visio, et le fidèle d’entre les fidèles Richard Ferrand. L’ancien président de l’Assemblée nationale a pris le petit-déjeuner avec Éric Ciotti et a beaucoup échangé avec Élisabeth Borne. Chacun se positionne sur l’attitude à adopter à l’Assemblée et rend compte du travail de la nuit. Ça reste juste mais jouable, à condition de continuer à aller chercher les parlementaires un à un. À l’issue de la réunion, Olivier Marleix appelle la première ministre. Le patron des députés LR a fait ses comptes, ça ne passe pas. Il devait apporter 40 députés pour soutenir la réforme, il n’en a qu’une petite trentaine dans la poche. Si bien qu’à midi, lors d’une nouvelle réunion à l’Élysée avec les mêmes participants que le matin, Emmanuel Macron doit bien se rendre à l’évidence, les lignes n’ont pas bougé, le vote est plus incertain que jamais. « Au fur et à mesure que les 15 heures approchent, la certitude d’aller au vote avec un filet de sécurité s’estompe », raconte un participant. Mais Emmanuel Macron y croit encore. Et continue à plaider pour un vote. Il va falloir trancher. Ça sera l’objet de la dernière réunion de la journée à l’Élysée avant la séance.

« Je suis en colère, déçu » À 14 h 10, la première ministre fait le constat devant le président et lui explique en substance que l’exécutif est « trop peu au-dessus de la ligne de flottaison pour jouer la réforme sur un coup de dé ». Elle demande de pouvoir recourir à l’article 49.3. C’est le moment de décider. « Mon intérêt et ma volonté politique étaient d’aller au vote, explique alors le président de la République. Parmi vous tous, je ne suis pas celui qui risque sa place ou son siège. Mais je considère qu’en l’état, les risques financiers et économiques sont trop grands. C’est la raison pour laquelle j’accepte votre demande d’engager votre responsabilité sur ce texte. » C’est fini. Emmanuel Macron renonce à l’idée d’un vote sur son texte, du moins dans l’immédiat. « Même avec le 49.3, il y aura un vote puisque des motions de censure seront déposées », observe-t-on dans l’entourage du président. Dans les travées de l’Assemblée nationale, quelques dizaines de minutes avant le moment fatidique, l’heure est encore aux pronostics. Et l’incertitude demeure. « Tout est encore possible, honnêtement, je n’en sais rien », avoue le patron du groupe socialiste, Boris Vallaud, dans la cour ensoleillée du Palais Bourbon. « Que ceux qui prétendent savoir se taisent », lâche quant à elle, tendue,

une cadre du camp présidentiel. Derrière elle, le chant des manifestants gronde déjà. « On est là, on est là, même si le gouvernement ne veut pas, nous, on est là », entend-on au loin. La tension monte petit à petit. Depuis le début de l’examen du projet de loi, la contestation sociale n’a jamais vraiment faibli. Et elle s’invite aujourd’hui aux abords de l’Assemblée nationale. Tout autour du bâtiment, les forces de sécurité sont d’ailleurs largement déployées. Personne ne s’approche sans laissez-passer. À l’issue de l’intervention d’Élisabeth Borne, place de la Concorde, une manifestation sauvage s’organise même, pour dénoncer le recours au 49.3. Dans les jardins du Palais Bourbon, à quelques mètres de là, les parlementaires commentent la décision de l’exécutif. « Putain, je suis écœurée », peste une députée LR auprès de l’un de ses camarades, avant de rentrer en réunion de groupe exceptionnelle. « Ils nous font chier avec leur 49.3 », lâche quelques mètres plus loin une Insoumise, qui espérait pouvoir défaire le gouvernement à l’occasion d’un vote. « Je suis en colère, déçu », s’agace de son côté l’élu LR Fabien Di Filippo, qui souhaitait mêler sa voix aux opposants à cette réforme. Aurore Bergé et Sylvain Maillard, la mine des mauvais jours, sortent quant à eux du Palais Bourbon sans un mot, le regard fermé. Pendant ce temps, les opposants à la réforme se frottent les mains. « On les a soulevés, ils sont dans la mouise jusqu’au cou. Et on peut encore les faire tomber », se réjouit un écologiste, sourire jusqu’aux oreilles. Car l’histoire n’est pas encore finie. Après une adoption facile au Sénat dans la matinée et ce recours au 49.3 à l’Assemblée nationale, les motions de censure déposées seront prochainement débattues dans l’enceinte du Palais Bourbon. Si celles de La France insoumise comme du Rassemblement national n’ont que peu de chances d’être adoptées, celle que souhaite déposer le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot) avec l’aide d’autres formations politiques pourrait bien donner des sueurs froides à l’exécutif. En réunion de groupe LR, le député du Lot, Aurélien Pradié, a plaidé pour le dépôt d’une motion de censure de la droite. Idée rejetée par la majorité du groupe. Mais certains de ses collègues n’excluent pas de signer et de voter celle du groupe Liot. L’affaire est toutefois loin d’être gagnée, le patron du groupe LR, Éric Ciotti, ayant expressément demandé qu’aucune motion de censure ne soit soutenue par ses députés. Pour faire tomber le gouvernement, les oppositions devront réunir 287 voix, une majorité absolue. ■

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Le pari manqué d’Élisabeth Borne La première ministre, qui n’a pas ménagé ses efforts pour tenter de dégager une majorité, a dû se résigner au 49.3. Elle sort de la séquence affaiblie. TRISTAN QUINAULT-MAUPOIL £@TristanQM

SA RÉFORME des retraites est en passe d’être entérinée… mais avec un goût d’amertume. Dix mois jour pour jour après sa nomination à Matignon, Élisabeth Borne a été contrainte, jeudi, d’abattre la carte du 49.3 pour se sortir du guêpier du Palais Bourbon. À contrecœur. Depuis la présentation de son texte, le 10 janvier dernier, la première ministre répétait son espoir de trouver une majorité pour le voter. Abîmée politiquement par les dix recours successifs au 49.3 lors de l’examen du budget 2023 cet automne, la chef du gouvernement espérait enfin imprimer sa marque, celle du dialogue et du compromis. Qui plus est autour d’un texte majeur, le plus irritant du programme défini par Emmanuel Macron pour son second quinquennat. Et ce malgré une majorité relative qui handicape son action. Pari raté. Les atermoiements de la droite l’ont convaincue de protéger ses arrières en se réfugiant derrière cet article constitutionnel qui lui permet d’enjamber l’étape du vote du Parlement. Quitte à braquer l’opinion, qui tolère de moins en moins cette arme législative. « Si chacun votait selon sa conscience et en cohérence avec ses prises de position passées, nous n’en serions pas là cet après-midi », a-t-elle lâché, en haussant la voix face à un Hémicycle survolté. Le soir au 20 heures de TF1, elle s’est dite «très choquée» par les huées et s’est livrée à une nouvelle charge contre les oppositions. «Jusqu’à la dernière minute, nous avons tout fait pour aller au vote. Mais certains, au

217 interpellations

sein des LR, ont joué leur carte personnelle et même, se sont contredits, a déploré Elisabeth Borne. Le compte n’y était pas ». Quant aux députés du RN et de la Nupes, « un certain nombre de groupe d’opposition ne respecte pas nos institutions. Certains l’ont dit, ils veulent le chaos, le désordre ». Après une adoption en bonne et due forme au Sénat, jeudi matin, l’examen de la réforme par les députés s’annonçait bien plus périlleux. Un rejet aurait hypothéqué l’avenir d’Élisabeth Borne à Matignon, pour ne pas dire la fin de son bail. « On ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débat parlementaire s’effondrer », s’est-elle pudiquement justifiée après avoir longuement échangé avec le chef de l’État, qui était d’abord prêt à aller au vote. Avec ce 49.3, la première ministre s’assure de conserver son fauteuil… pour l’instant. Elle devra essuyer une motion de censure (si ce n’est plus) dans les prochains jours. Si plusieurs députés LR ont annoncé leur intention de la voter, Élisabeth Borne devrait pouvoir y résister et la réforme sera formellement adoptée. Sans en sortir totalement indemne. Sa capacité à mener les réformes promises par le chef de l’État est ainsi questionnée. Alors que se profile le projet de loi immigration, dont l’examen doit débuter à la fin du mois, le chemin de la première ministre apparaît plus que jamais comme semé d’embûches.

La première ministre, Élisabeth Borne, lors de son discours, jeudi, à l’Assemblée nationale. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS

Des « échappées personnelles »

Elle n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour tenter de transformer la réforme des retraites - qualifiée de « réforme Borne » par les manifes-

tants - en succès personnel. Se sachant attendue au tournant par les oppositions comme par la rue, elle s’est toujours montrée prudente. En poussant pour un report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans plutôt qu’à 65 ans (la promesse initiale d’Emmanuel Macron) ; en écartant l’adoption de la réforme à travers un amendement expéditif en marge de la discussion budgétaire de l’automne dernier (comme certains l’imaginaient au sein de la majorité) ; en plaidant auprès du président avant Noël pour un décalage d’un mois de la présentation du texte… Le temps, pour l’ancienne conseillère de Lionel Jospin, d’instaurer un dialogue nourri avec Éric Ciotti, le nouveau président de LR. Quand la réforme est présentée, en début d’année, Élisa-

beth Borne pense alors qu’un accord avec la droite est possible. C’était sans compter l’émergence d’une frange sociale au sein du parti, emmenée par le député du Lot Aurélien Pradié. Le groupe LR à l’Assemblée nationale réclame de nouveaux aménagements coûteux, en particulier pour les carrières longues. Sans garantir in fine un soutien sans faille à l’exécutif. Des « échappées personnelles » fustigées par Élisabeth Borne, bousculée dans le même temps par l’obstruction organisée par la Nupes. À n’en pas douter, le répit que lui offre ce 49.3 ne sera que très bref. La première ministre est maintenant avisée que les oppositions ne sont pas prêtes à renoncer si facilement à leur capacité de nuisance. ■

Au moins 217 personnes ont été interpelllées dans tout Paris ce jeudi soir, après une manifestation ayant réuni quelques milliers de contestataires de la réforme des retraites, place de la Concorde. Les casseurs, qui ont essaimé le centre de la capitale, ont détruit du matériel public et endommagé plusieurs vitrines. Des touristes ont été vus en train de fuir les lieux en courant. Des véhicules et des tas de détritus ont aussi été incendiés, en pleine grève des éboueurs. À Marseille, des agences bancaires et des commerces ont été saccagés et peinturlurés. À Lyon et Rennes, des mairies ont été dégradées et des mortiers d’artifice tirés en direction des forces de l’ordre. Enfin, trois Intercités ont été bloqués en soirée entre Clermont-Ferrand et Paris en raison de manifestants sur les voies.

Un passage en force qui redonne de la vigueur à l’intersyndicale Thomas Engrand £@EngrandThomas

LE CHOIX du gouvernement de ne pas risquer un vote à l’Assemblée nationale vient de redonner un coup de fouet aussi fort qu’inattendu à l’intersyndicale. Au cours des vingt-quatre heures précédant l’annonce du 49.3, un certain attentisme prédominait parmi les treize syndicats opposés à la réforme des retraites. Le communiqué de mercredi qui faisait suite à la journée de mobilisation n’avait ainsi débouché sur aucune annonce. Les centrales s’étaient contentées de redemander au gouvernement de reculer sur son projet et de rappeler le nombre de manifestants dans les rues ce jour-là. Seule action prévue, le rassemblement le lendemain

de tous les numéros un devant l’Assemblée nationale. Un petit comité qui a vite grossi pour se transformer en manifestation surprise place de la Concorde, au fil de l’après-midi.

Trouver une faille sur le plan légal

Des manifestants se sont rassemblés, jeudi, place de la Concorde, à Paris, après le recours au 49.3 par Élisabeth Borne. PASCAL ROSSIGNOL/REUTERS

les, et notamment les plus radicales, craignaient que ce choix du vote, s’il était concluant, ne provoque la fin de l’unité intersyndicale. CFTC et CFDT avaient en effet laissé entendre qu’en cas de vote favorable, les appels à

Alors que le gouvernement n’avait pas encore arrêté la méthode utilisée pour faire passer son projet de réforme, beaucoup, au sein des syndicats, s’imaginaient encore que l’exécutif tenterait par tous les moyens de trouver une majorité à l’Assemblée et ainsi éviter de recourir au 49.3. Le but du rassemblement était donc de faire une dernière fois pression sur les députés pour les appeler « à voter en leur âme et conscience » et non en fonction des consignes de leur groupe. À ce moment-là, certaines centra-

manifester perdraient de leur légitimité. Par conviction ou par défi, d’autres centrales, CGT en tête, avaient prévenu qu’« évidemment la mobilisation continuera », « pas question de laisser tomber à l’issue d’un vote favorable ou d’un 49.3 », avertissait Philippe Martinez. Finalement, l’option prise par le gouvernement a balayé d’un revers de main toutes les inquiétudes des leaders syndicaux. Quelques heures après le choix du 49.3, l’intersyndicale annonçait une réunion surprise jeudi soir. À l’issue de l’entrevue entre responsables syndicaux, ces derniers ont appelé à « des rassemblements locaux de proximité » ce week-end et à une neuvième journée de grèves et de manifestations jeudi 23 mars. « En cas de vote, je m’y serais opposé, mais là, je ne dirai rien »,

confirmait alors un leader réformiste. Si la procédure va incontestablement redonner de la vigueur à la contestation, l’intersyndicale va malgré tout devoir compter avec la lassitude grandissante des Français. « La mobilisation ne durera pas la vie des rats », reconnaissait le président du syndicat des cadres. Les centrales ont donc déjà commencé à préparer l’étape d’après. Le but : empêcher la mise en application de la loi. Deux solutions sont déjà avancées. La première consiste à trouver une faille sur le plan légal. L’autre, pousser à l’organisation d’un référendum d’initiative partagé (RIP). Une option très incertaine. À l’heure actuelle, une seule tentative a eu lieu, contre la privatisation des aéroports de Paris (ADP). L’opération s’était soldée par un échec. ■

Les Républicains accueillent la décision du 49.3 comme un « échec » recours « auLe49.3 est

forcément une erreur. Je veux pointer l’erreur sur la méthode depuis de longs mois et l’inaction depuis des années

»

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Éric Ciotti, président des républicains

emmanuel galiero [email protected]

LA DROITE parlementaire s’était posée en force décisive pour l’adoption de la réforme des retraites. Mais au terme d’une discussion parlementaire chaotique, Les Républicains ont été contraints de commenter le déclenchement du 49.3. Et certains députés au sein du groupe LR se sont même dits prêts à sanctionner la méthode du gouvernement. «Si ça doit passer par une motion de censure, ça passera par une motion de censure », a déclaré Pierre-Henri Dumont, le député du Pas-de-Calais, à l’image des propos tenus par Aurélien Pradié.

Tout en regrettant une absence de vote, le député du Lot a dénoncé un « risque de rupture démocratique », sans écarter l’hypothèse de voter, lui aussi, une motion de censure, creusant un peu plus le fossé entre lui et la ligne officielle des Républicains.

Un problème de méthode

Dans son communiqué, Éric Ciotti a pointé, lui aussi, la responsabilité de l’exécutif dans l’aboutissement au 49.3 mais en se démarquant de la position des frondeurs LR. « Le recours au 49.3 est forcément une erreur. Je veux pointer l’erreur sur la méthode depuis de longs mois et l’inaction depuis des années », a dénoncé le chef des LR, avant

d’expliquer que Les Républicains avaient « essayé d’apporter des modifications importantes » à une réforme qu’il juge « indispensable ». Dans son constat, Éric Ciotti se félicite de voir les « points positifs » apportés dans le texte par la droite (sauvegarde du système, revalorisation des petites retraites, carrières longues, CDI senior, mères de famille…). Mais tout en saluant les contributions LR, il a fixé le cap du parti comme un rappel lancé à certains députés de son camp. « C’est avec un profond malaise que j’ai vécu la transformation de l’Assemblée en ZAD. Notre responsabilité est désormais de ne pas ajouter le chaos au chaos. C’est pour cela que les Républicains, ne s’associeront à aucune

motion de censure. » Un appel auquel, à l’évidence, tous les élus LR n’ont pas l’intention de se soumettre. Pour sa part, Olivier Marleix, chef de file des députés LR a estimé que l’option du 49.3 était gravée dans le texte dès le départ. « Ce n’est pas une vraie surprise. Cette option était prévue puisque le gouvernement avait fait le choix d’inscrire ce texte dans le cadre du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale (PLFSS) ». Pointant à son tour un problème de méthode et une incapacité du gouvernement à trouver une majorité, le député d’Eure-etLoir a ajouté: «On déplore que ça se termine comme ça. Nous étions une majorité au sein des Républi-

cains à reconnaître que cette réforme était nécessaire. » Enfin, au Sénat, Bruno Retailleau a estimé qu’une adoption via un 49.3 « valait mieux qu’un rejet » et que ce « pis-aller » permettait de « sauver l’essentiel ». Renvoyant à son tour la responsabilité de la situation dans le jardin de l’exécutif, il a fait un état des lieux assassin de la situation politique du pays. « Cette séquence montre aussi que le paysage politique engendré par le macronisme est un champ de ruines. La refondation démocratique est une urgence absolue », a alerté le sénateur de la Vendée, alors que la première ministre peinait à se faire entendre dans un hémicycle de l’Assemblée nationale éruptif. ■

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Politique

Nucléaire : duel à distance entre Nicolas Sarkozy et François Hollande Entendus par la commission d’enquête sur la souveraineté énergétique, les deux présidents sont revenus sur leurs choix politiques.

complétée par une montée des énergies renouvelables. Il ne s’agissait pas de réduire la capacité de production du nucléaire, mais de favoriser le renouvelable en plus du nucléaire. »

« Une addition d’incidents »

Marion Mourgue £@MarionMourgue

NUCLéAIRE Onze ans après le débat de l’entre-deux-tours pour l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont poursuivi à distance leurs échanges sur la question du nucléaire. Interrogés l’un après l’autre par la commission d’enquête parlementaire sous la souveraineté énergétique française, les deux présidents se sont renvoyé la balle. « Le nucléaire n’est ni de droite ni de gauche, il est l’intérêt supérieur de la France », entame Nicolas Sarkozy, qui rappelle avoir toujours « pris des décisions en faveur du nucléaire, quel que soit le prix (politique) à payer ». «Aujourd’hui, c’est facile d’être pour le nucléaire, j’en vois qui font des doubles et triples saltos arrière (…). Le nucléaire a fait l’objet d’une campagne de dénigrement digne des chasses aux sorcières du Moyen Âge », déplore-t-il d’emblée. Si Nicolas Sarkozy « ne remet pas en cause » Emmanuel Macron dans la situation actuelle de la politique énergétique française, l’ancien président s’en prend à son successeur et dénonce les choix politiques de François Hollande. « Le projet de Penly (réacteur de 3 génération en Seine-Maritime, NDLR) a été arrêté par François Hollande. Pourquoi ? Personne n’en sait rien », interroge Nicolas Sarkozy. Et de juger que la décision a été prise « sans aucune raison valable ». « En mai 2011, le doute s’installe (…) EDF annonce que l’enquête est reportée à une date indéterminée. Je n’arrête pas le projet, mais heureusement qu’on ne l’a pas réalisé à ce moment-là. On l’aurait réalisé avec l’EPR tel que nous le construisions avec difficulté à Flamanville », rétorque François Hollande. « Vouloir détruire la filière nucléaire française, c’est trahir l’intérêt français », accuse Nicolas Sarkozy. S’il prend soin de préciser que François Mitterrand n’était jamais revenu sur le choix du nucléaire en France, il dénonce le choix de François Hollande. « Le revirement du corpus idéologique des socialistes, c’est le moment où

Les anciens présidents, Nicolas Sarkozy et François Hollande, lors de leur audition, jeudi, à l’Assemblée nationale. ils se sont dit que pour gagner il fallait une alliance avec les écologistes. Mais c’est vraiment de l’opportunisme ! », détaille Nicolas Sarkozy, en revenant sur l’accord signé entre le PS et EELV juste avant la présidentielle de 2012. Ce texte prévoyait – notamment - la fermeture de 24 réacteurs sur 58 pour réduire de 74 % à 50 % la part du nu-

cléaire. « Un objectif politique », rebondit François Hollande, « c’était les 24 réacteurs les plus vieux ». « On voulait tuer la filière ! », s’insurge Nicolas Sarkozy. « Mais si le nucléaire est dangereux, ferme tout ! », explique-t-il, comme s’il s’adressait à François Hollande qui a pris il y a dix ans la décision de fermer Fessenheim. « Pourquoi ? Il

R. Lafargue/ABACA

ne fallait sauver que les Alsaciens ? » Et Nicolas Sarkozy d’insister sur le « contresens historique terrible » de ses « contradicteurs de l’époque ». Des attaques que François Hollande n’entend pas laisser passer : « Tout au long de mon mandat, j’ai défendu la filière nucléaire tout en travaillant pour qu’elle puisse être

Revenant sur le débat de l’entredeux-tours de l’élection présidentielle de 2012, il rappelle avoir dit à Nicolas Sarkozy qu’il n’était « pas engagé (par cet accord) ». Et le président socialiste de récuser l’expression d’un « accord de coin de table », utilisé il y a quelques semaines par son ancien ministre Arnaud Montebourg devant la commission d’enquête. « Ses propos ne sont pas toujours les miens », précise François Hollande. Selon l’ancien président socialiste, « la baisse de production d’électricité nucléaire en 2021 et 2022 n’est en aucune manière la conséquence d’une décision politique ou d’un arrangement électoral remontant à plus de dix ans ». Elle est liée, estime-t-il, à une « une addition d’incidents », de problèmes techniques « inquiétants » et au retard du lancement de l’EPR de Flamanville. S’il reconnaît avoir fermé la centrale de Fessenheim, il en relativise la portée, ajoutant qu’elle ne représentait « qu’un dixième » des capacités nucléaires françaises dans la production d’électricité. Pour François Hollande, la baisse du nucléaire dans le mix énergétique français « n’a jamais été pour EDF une gêne ou une limite ». Faux pour Nicolas Sarkozy. Et de conclure : « On ne peut pas dire que je n’avais pas mis en garde. » ■

Raphaël Schellenberger, le tenace enquêteur LR DEPUIS des mois, il a tout entendu. À la tête de la commission d’enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France », le député LR du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger a été aux premières loges. De Nicolas Sarkozy à François Hollande, en passant par Ségolène Royal, Manuel Valls, Arnaud Montebourg ou Élisabeth Borne et Nicolas Hulot, le député LR spécialiste des collectivités territoriales et des questions énergétiques a eu le droit à tout, des réponses lunaires aux pires aveux d’amateurisme. Avec les élus de la commission à ses côtés, Raphaël Schellenberger a auditionné près de 90 personnes. Avec un objectif : comprendre comment la France avait démantelé en quelques années sa capacité de production nucléaire, la privant d’un approvisionnement en énergie décarbonée et bon marché. « Le travail de notre commission d’enquête n’est pas de se substituer aux juges, c’est de comprendre comment nous en sommes arrivés à la si-

tuation énergétique qui est la nôtre, comme cet hiver, et comment nous avons pris la décision de faire passer le nucléaire à 50 % dans le mix énergétique », énonce Raphaël Schellenberger. « Ce choix politique n’a jamais été évalué. Les dirigeants qui ont pris cette décision ont la fâcheuse tendance de ne pas assumer et se défaussent devant les responsabilités », s’agace-t-il. Pendant les auditions, ses questions sont précises, courtes, sans ambages. L’élu se montre courtois. Mais ferme. « Je rappelle que nous sommes dans le cadre d’une commission d’enquête parlementaire et que nous tâchons de procéder à des auditions sérieuses, sous serment », lance-t-il à l’attention de Ségolène Royal, quand ils en viennent à parler de la fermeture de Fessenheim, contre laquelle il s’était opposé comme élu local. Il a vu les répercussions économiques qu’une telle décision avait engendrées localement ; il a perçu les dégâts collatéraux qu’elle avait causés pour l’ensemble de la filière. « La commission a mis au grand jour l’énorme duplicité

d’élus et ministres qui savaient bien que baisser à 50 % la part du nucléaire en France n’était qu’une promesse faite en l’air, explique Raphaël Schellenberger, ça a eu pour conséquence d’envoyer des signaux très négatifs qui ont désorganisé et détruit la filière nucléaire. » Il rendra les conclusions de la commission d’enquête début avril. Mais d’ores et déjà, il « souhaite que cette commission serve d’électrochoc sur des sujets stratégiques » pour éviter de reproduire les mêmes erreurs.

Compétences techniques À seulement 33 ans, Raphaël Schellenberger a déjà une longue vie politique à son actif. Profondément attaché à ses racines – lui qui parlait chez lui alsacien n’a appris à parler français qu’en entrant à l’école à l’âge de 3 ans -, il grimpe très vite les échelons. Maire à 24 ans, député à 27 ans, l’élu faisait partie des deux députés LR choisis pour siéger sur le texte de l’état urgence sanitaire en 2020, alors que la France était en plein confinement.

Reconnu pour ses compétences techniques, Raphaël Schellenberger agace pourtant une partie des Républicains par ses choix politiques. Proche d’Aurélien Pradié, le député du Haut-Rhin s’est opposé très tôt à la réforme des retraites, qu’il refuse de voter. « C’est du foutage de gueule, LR a défendu en commission mixte paritaire le même amendement que celui qui a servi de prétexte pour virer Aurélien Pradié. » Avec ses amis députés, « la bande à Pradié », il est toujours déterminé à faire « bouger les lignes » et secouer le parti. Beaucoup à LR lui reprochent pourtant de jouer très perso. « On est profondément attaché à ce parti politique, on va tout faire pour le faire changer malgré la résistance. » Un message adressé notamment aux sénateurs LR à l’attention desquels il multiplie les piques. « La ligne du Sénat ce n’est plus la ligne qui parle aux travailleurs engagés, sérieux et de droite », égratigne-t-il. « On a fait 4,78 % à la présidentielle, quand est-ce qu’on se réveille ? » ■ M. M.

PROPOS RECUEILLIS PAR

emmanuel galiero [email protected]

BERNARD ACCOYER préside l’association Patrimoine nucléaire et climat.

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©CAPA Pictures / Europe 1

LE FIGARO. - Que retenez-vous des auditions de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ? Bernard ACCOYER. - Elles conduisent aux causes de notre calamiteux naufrage énergétique. Les fautes sont très graves et compromettent durablement notre économie, notre industrie et le niveau de vie des Français. Des res-

ponsables politiques ont méconnu les intérêts supérieurs de l’État pour accéder au pouvoir. Ces dépositions de deux anciens présidents de la République éclairent crûment deux visions opposées. Nicolas Sarkozy s’est inscrit dans une logique de continuité d’une politique qui avait fait ses preuves et disposait de marges capacitaires permettant de ne pas dépendre des importations, donc du gaz et de son prix. François Hollande a décidé, sans étude d’impact, de fermer 14 réacteurs avant 2025 et de réduire de 75 à 50 % la part de nucléaire dans notre mix électrique déjà décarboné.

7 H -9 H EUROPE 1 MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

Le texte sur la relance du nucléaire est-il à la hauteur des enjeux ? Non. Ce texte va dans le bon sens, mais il ne peut, en l’état, prétendre renouer avec la grande réussite industrielle qu’a été notre filière nucléaire. La France a changé imprudemment de politique sous la pression de l’écologie politique, méconnaissant les réalités scientifiques industrielles et sociales. Elle a affaibli la filière en décidant de ne plus développer son parc, de le réduire et finalement de sortir du nucléaire en ne prévoyant pas le renouvellement des réacteurs. Elle a abandonné l’objectif du nucléaire durable, qui résout la question du combustible et des déchets. Que pensez-vous de la suppression de la réduction de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique d’ici à 2035 ? Comme la décision de fermer 14 réacteurs, la réduction et le plafonnement du nucléaire ont été décrétés sans aucune étude d’impact. Cela conduisait la France inexorablement au black-out.

« La réduction et le plafonnement du nucléaire ont été décrétés sans aucune étude d’impact », déclare Bernard Accoyer. L’ancienne ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a critiqué cette suppression de la réduction… Mme Pompili critique la suppression d’une réduction de la part du nucléaire parce qu’elle a toujours été antinucléaire. Elle a, avec ses amis, une responsabilité dans ce naufrage. Ses déclarations s’inscrivent dans son parcours militant et carriériste. Quelle efficacité attendez-vous des simplifications annoncées ? Ces dispositions sont insuffisantes. Elles sont limitées aux sites nucléaires existants et dans le temps, sans permettre

d’assurer l’avenir électrique de la France. Pourquoi la construction de 25 centrales à gaz en Allemagne doit nous alerter ? L’Allemagne, sous la pression des Verts, a décidé d’arrêter ses centrales nucléaires. Elle a installé pour 600 milliards d’énergies renouvelables dont l’intermittence nécessite de disposer de centrales à gaz. Pour sa part, la France a fermé imprudemment 12 GW de centrales fossiles et nucléaires et ne peut plus répondre à ses propres besoins. En dépit de nos objectifs climatiques, nous devons aussi construire des centrales à gaz. ■

élodie Gregoire/ABACA

Bernard Accoyer : « Le texte sur la relance du nucléaire n’est pas à la hauteur »

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Russie-États-Unis : l’incident en mer Noire et ses conséquences potentielles Le Pentagone pourrait être contraint d’escorter ses drones Reaper avec des avions de combat.

Images montrant l’interception, mardi, au-dessus de la mer Noire, d’un drone MQ-9 Reaper de l’US Air Force par deux chasseurs russes Sukhoï SU-27. On y voit, notamment, ces derniers larguer du carburant. Maurin PIcard £@MaurinPicard New York

Guerre en Ukraine Le drone MQ-9 Reaper démoli mardi matin par deux chasseurs Sukhoï Su-27 au-dessus de la mer Noire, à l’ouest de la Crimée, n’est pas le premier, et ne sera pas le dernier avion sans pilote à pâtir du bras de fer de Moscou avec l’Occident. Depuis l’avènement de la première guerre froide, en 1946, nombre d’avions ont été abattus et de sous-marins sont allés par le fond, par pure provocation ou simple bavure, sans provoquer de confrontation généralisée. L’incident survenu mardi matin en mer Noire, pourtant, est très sérieux. Tout d’abord parce qu’il survient sur le flanc méridional d’une guerre, très réelle celle-là, en Ukraine. Ensuite, parce que le Reaper détruit alimentait les services de renseignements américains, et très certainement leurs partenaires ukrainiens, en images précieuses sur le dispositif militaire russe en Crimée, objectif de reconquête désigné par Kiev. Des sources anonymes au sein de l’USAF

laissent à penser que le pilote russe concerné aurait abordé « accidentellement » le Reaper, en maîtrisant mal son imposant Sukhoï après 40 minutes de « shadowing » (filature en plein ciel) rapproché. L’explication ne convainc guère les connaisseurs. « Il y a une grande colère à Moscou, opine Samuel Bendett, spécialiste des systèmes militaires russes au Center for Naval Analyses d’Arlington (Virginie). Les vols de drones de l’US Air Force étaient connus depuis des années. Les comptes Telegram russes publiaient ces plans de vol. Il y a donc toujours eu cette inquiétude des Russes sur la surveillance opérée par les drones américains. Il y avait donc depuis longtemps un ressentiment. Quoi qu’il se soit réellement passé, ça a l’air teinté de vengeance. Les Russes étaient furieux, et frustrés, face à ces moyens aériens américains contre lesquels ils ne pouvaient rien. Jusqu’à mardi. Et même si le pilote russe de Sukhoï a agi de sa propre initiative, même s’il a outrepassé ses instructions, il est tout à fait certain qu’il est traité en héros désormais par beaucoup de monde en Russie, en tout cas par les commentateurs militaires. »

Durant un appel téléphonique mercredi entre le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, et son homologue russe, Sergueï Choïgou, la partie américaine martelait que le drone évoluait dans l’espace aérien international



Quoi qu’il se soit réellement passé, ça a l’air teinté de vengeance. Les Russes étaient furieux, et frustrés, face à ces moyens aériens américains contre lesquels ils ne pouvaient rien. Jusqu’à mardi



Samuel Bendett, Center for Naval Analyses d’Arlington (Virginie)

et que de tels vols, routiniers et légitimes, se reproduiraient. Le même soir, Sergueï Choïgou estimait que l’une des causes de l’incident était le « renforcement » des opérations d’espionnage

américaines. « Les causes de l’incident sont la non-observation par les ÉtatsUnis de la zone de limitation des vols annoncée par la Russie et établie du fait de la conduite de l’opération militaire spéciale (en Ukraine, NDLR), ainsi que le renforcement des activités de renseignement contre les intérêts de la Russie (qui) ne souhaite pas une telle évolution des événements mais réagira désormais proportionnellement à toute provocation ». Pour parer à l’agressivité russe, les États-Unis disposent d’un éventail d’options : ils peuvent choisir de modifier le plan de vol de leurs drones, afin d’apaiser discrètement les susceptibilités russes. Ou de camper sur leur position de principe, et opter pour une escorte armée des Reaper. « C’est ce à quoi je m’attends pour les prochaines missions de MQ-9 au-dessus de la mer Noire à brève échéance, opine Tyler Rogoway, spécialiste ès défense pour The Drive. Nous avions eu le même genre de situation avec l’Iran (en 2019, NDLR), et, surprise, les F-22 protégeant les Reaper des agressions extérieures avaient mis fin à ces pratiques. »

Région de Soumy

L’AIR FRAIS balaye les visages rougis par le froid d’Artem et Serhiy, gardesfrontières ukrainiens de 25 ans. Postés dans leurs tranchées au milieu de la forêt, ils scrutent nerveusement le ciel alors que retentissent des explosions lointaines. « C’est bon, ce n’est pas ici, ça vient du côté de Kharkiv », tranche Artem, le visage, juvénile, crispé par l’inquiétude. Un lourd silence se réinstalle progressivement. La veille, un drone russe chargé de grenades les a surpris, à quelques mètres de leur position. Le jeune soldat originaire de la région de Soumy était à son poste de gardefrontière le 24 février 2022 lorsqu’il a entendu les premiers tirs d’artillerie et de kalachnikovs. Puis, stupéfait, il a vu des chars russes entrer sur le territoire de l’Ukraine. « Je n’y croyais pas et je ne m’y attendais pas. Notre job, c’était surtout d’arrêter les trafiquants qui faisaient passer de la vodka de contrebande ou des pièces de machines agricoles », raconte Artem. Depuis, la vingtaine de points de passage entre la Russie et l’Ukraine dans la région a été fermée. Et les missions des

anciens gardes-frontières ont bien changé. Dans les tranchées creusées au cours des derniers mois, à un kilomètre de la Russie, Artem, Serhiy et leurs collègues (dont le nombre ne peut être spécifié pour des raisons de sécurité) doivent abattre des drones et surveiller les mouvements des Russes, tout en essuyant des tirs de mortier et d’artillerie. Pour éviter d’être repérés, ils ne quittent leurs tranchées que très rarement, en véhicule blindé. Près d’une cuisine improvisée, des chats et un coq surnommé Petro ont élu domicile. Entre leur position et la frontière, un no man’s land est complètement miné. Ce qui n’empêche pas des groupes de saboteurs russes de parfois s’approcher. « Je pointe mon arme vers le drone pour perturber son signal, épuiser sa batterie et le faire tomber », explique Serhiy, en montrant son arme antidrones fabriquée en Ukraine. Les gardesfrontières devenus de véritables soldats ne se déplacent pas sans leur kalachnikov, et ont placé des bouteilles d’eau vides dans les tranchées, une alarme artisanale pour les réveiller en cas d’intrusion. « J’avais très peur il y a un an, mais, maintenant, nous sommes beaucoup plus préparés pour une potentielle nouvelle in-

ÉRIC ZEMMOUR Président de Reconquête !

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En direct du Grand Studio de RTL

DIMANCHE 12H-13H

Astrig AGOPIAN/ Hans Lucas

Soumy, symbole de la résistance ukrainienne, retient son souffle Astrig Agopian £@astrigag

Le garde-frontières Serhiy, dans une tranchée, à un kilomètre de la Russie. Il est équipé d’une arme qui brouille le signal des drones, épuise leur batterie et conduit à leur chute. vasion », affirme Serhiy. « On a remarqué que les Russes construisent des tranchées de leur côté aussi. Donc, a priori, ils ne reviendront pas avec des chars, je ne crois pas qu’ils tenteront d’envahir comme il y a un an », ajoute le jeune soldat. « Mais il y a des drones et tout le reste, et, bien sûr, je reste inquiet, la guerre n’est pas finie… »

Une « capitale de l’invincibilité » Pendant la première semaine de mars, plusieurs centaines d’attaques ont visé Soumy et sa région. L’armée ukrainienne ne donne aucun chiffre sur ses pertes, mais plusieurs gardes-frontières ont été tués. Selon le maire de Soumy, Oleksandr Lysenko, ces dernières semaines la région a connu les attaques les

Olivier BOST Marion MOURGUE Bastien AUGEY Marie-Pierre HADDAD Questions et réactions #LeGrandJury

plus intenses depuis le début de l’invasion de février 2022. Dans son bureau, un drapeau français - cadeau d’un soldat rentré au pays après avoir été dans la Légion étrangère en France - trône au milieu de deux drapeaux ukrainiens. « Ils bombardent les villages entre notre ville et la frontière quasiment tous les jours maintenant. Mais nous n’avons pas peur », affirme le maire. « Soumy est l’une des seules villes ukrainiennes à avoir été encerclée mais pas occupée. Les troupes russes ont tenté de prendre la ville d’assaut trois fois, sans succès. Nous avons ralenti leur avancée vers la capitale », ajoute-t-il avec une lueur de fierté dans les yeux. C’est effectivement après avoir tenu plus d’un mois et dix jours que Soumy, 260 000 habitants avant la guerre, est devenue une ville symbole de la résistance ukrainienne. Des vidéos montrant ses habitants préparer des cocktails Molotov étaient rapidement devenues virales. Le président Zelensky a rendu hommage à la ville dans son discours du Nouvel An, affirmant : « Vous avez été parmi les premiers à subir l’invasion à grande échelle des envahisseurs. La région de Soumy est devenue pour eux un os en travers de la gorge. Des gens ordinaires ont fabriqué des

U.S. Air Force video

Là où le bât blesse, c’est que ce genre d’opération, rendu plus complexe, est beaucoup plus onéreux, et insoutenable à long terme. Un drone restant en l’air durant 12 heures d’affilée nécessite des relèves de chasse, des avions ravitailleurs pour maintenir le dispositif en l’air depuis une base italienne ou un porte-avions en Méditerranée. « Et les MQ-9 font beaucoup de sorties », renchérit Tyler Rogoway. « Escorter des engins non pilotés avec des avions de chasse pilotés, c’est un peu le monde à l’envers », renchérit Samuel Bendett, rappelant que ces missions de surveillance servent à économiser les moyens de l’USAF. « Quels que soient le coût et la sophistication d’un drone tel que le Reaper, il est potentiellement sacrifiable. Un MQ-9 est certes très cher (32 millions de dollars), mais ce n’est pas un avion de chasse, nous n’avons pas perdu de jet ni d’équipage, avec toute l’expérience accumulée ». Sans perte de vie humaine, l’engrenage est maîtrisé. Une ligne ténue pour les aviateurs en première ligne, comme au temps de la guerre froide. ■ cocktails Molotov et brûlé des colonnes de chars ennemis ». La ville est devenue l’une des six « capitales de l’invincibilité » ukrainienne. « Et dire qu’avant l’invasion la plupart des Ukrainiens ne savaient pas épeler correctement le nom de notre ville », plaisante Volodymyr Nyankin, natif de Soumy. Le directeur d’un théâtre pour enfants et réalisateur prépare actuellement un film documentaire sur la résistance de la ville. Pendant longtemps la région, majoritairement russophone, n’était pas particulièrement populaire dans le pays. « Pour la plupart des Ukrainiens, Soumy n’était pas une ville très intéressante. La chose la plus extraordinaire, c’était que Tchaïkovski a écrit ici l’été 1889 », explique Volodymyr. La grande majorité des habitants ont de la famille et des liens avec la Russie, même si depuis 2014 et l’annexion de la Crimée les échanges avaient déjà considérablement diminué. Volodymyr a étudié à l’Université d’État de Moscou, son père et son oncle y habitent, sa grand-mère vit également en Russie. Aujourd’hui, il ne leur parle plus. « Ils sont complètement débiles. J’ai accepté l’idée que je ne les reverrai jamais », lâche-t-il en soupirant. Dans un couloir gris à côté des coulisses du théâtre, le réalisateur montre fièrement les images de son film. « Les gens oublient que c’est une ville construite par les cosaques. On a toujours eu un esprit de résistance. Depuis 2004, toutes les révolutions ont aussi commencé par ici. Certains sont surpris par la manière dont nous avons résisté aux Russes, mais pas moi », dit-il. « Les Russes pensaient juste foncer sur Kiev, mais ils ont sousestimé les habitants de Soumy. Qu’ils essaient de revenir, ils ne réussiront pas », affirme Volodymyr, fier du nouveau prestige de sa ville. De leur côté les gardes-frontières, en première ligne, jonglent entre différents sentiments : « On se prépare au pire, tout peut arriver. Mais j’essaie de relativiser en me disant qu’ici ce n’est pas des combats comme à Bakhmout. Je ferai ce qu’il faudra. J’espère que ça va se calmer pour que mes proches reviennent dans le pays », conclut Artem. ■

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Le Soudan en proie aux rivalités militaires

La junte au pouvoir est divisée alors que le processus de transition politique avance mais reste fragile. Khartoum

Afrique Centrale Derrière un calme apparent, une atmosphère tendue règne dans la capitale soudanaise. « C’est la première fois que je prépare un plan d’évacuation de mes équipes », confie inquiet un analyste politique souhaitant garder l’anonymat. Une inquiétude partagée avec certaines Chancelleries occidentales installées à Khartoum. En cause, les tensions entre le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des armées et président du Conseil de souveraineté, et son vice-président, Mohammed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti », chef de la puissante milice des Forces de soutien rapide (FSR). Si le premier est le pur produit de l’institution militaire et appartient à l’élite du centre du pays, Hemedti est, lui, originaire d’une famille de nomades du Darfour. Les deux hommes, qui se partagent le pouvoir depuis le coup d’État du 25 octobre 2021, ont fait monter la pression d’un cran la semaine dernière en rappelant des troupes à Khartoum. Dans la nuit de mercredi à jeudi, près de 700 miliciens des FSR ont été ache-

minés depuis l’ouest du pays vers la capitale soudanaise pour y être formés, un chiffre jugé bien en deçà de la réalité. En réponse, al-Burhan a immédiatement rappelé un bataillon de l’armée soudanaise depuis la base militaire de Shendy. « En plus d’une militarisation excessive, c’est une ethnicisation inquiétante du conflit entre Darfouris et Kordofanis d’un côté, et les populations du centre du pays de l’autre », observe Kholood Khair fondatrice du thinktank Confluence Advisory. Cette rivalité entre les deux hommes et plus largement entre les deux institutions ne date pas d’hier. C’est pourtant le général-dictateur déchu Omar el-Béchir qui transforme courant 2013, les milices janjawid qui sévissent au Darfour, en force régulière pour mater les différentes rébellions du pays. Mais le groupe paramilitaire dirigé par Hemedti devient rapidement l’un des groupes armés les plus puissants du pays, au point de pouvoir rivaliser avec l’armée soudanaise. Malgré ce mariage forcé à la tête de l’État, les deux hommes font front commun face aux civils à la suite du coup d’État du 25 octobre 2021. Mais la pres-

La carte russe reste un atout majeur pour le régime de Khartoum

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À KHARTOUM, alors que civils et militaires négocient une transition politique, les délégations étrangères se succèdent dans la capitale. La visite, début février de six envoyés occidentaux, au moment où le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, est de passage dans la capitale soudanaise, ne laisse que peu de place quant à l’hypothèse d’un hasard de calendrier. Une volonté affichée pour l’Union européenne et les États-Unis de ne pas laisser la Russie étendre son influence dans ce pays stratégique pour Moscou. Isolée sur la scène internationale, la Russie peut compter au Soudan sur un allié de longue date. Des liens hérités de l’époque du dictateur Omar el-Béchir où Moscou était le principal fournisseur d’armes du Soudan et son troisième partenaire économique en Afrique subsaharienne. En échange d’un soutien politique et militaire, le gouvernement octroyait aux entreprises russes un accès privilégié aux réserves d’or du pays. Un système qui a perduré malgré la révolution, poussant le Kremlin à refuser la qualification de coup d’État au lendemain du putsch du 25 octobre 2021. Si les relations entre l’armée soudanaise et la Russie sont aujourd’hui moins visibles, Hemedti, numéro deux du régime, est, lui, ouvertement perçu comme l’homme de Moscou. Le leader des Forces de soutien rapide, propriétaire de certaines des plus grandes ­mines d’or du pays, s’est associé à la compagnie militaire privée Wagner, ­organisant l’extraction et l’exportation vers la Russie. Un business qui permet à la Russie d’atténuer le poids des sanctions occidentales. Le 23 février 2022, à la veille de l’offensive russe en Ukraine, Hemedti, atterrissait à Moscou avec une délégation ministérielle pour une visite de huit jours. Parmi les sujets abordés par Lavrov lors de son entrevue avec le général Abdel Fattah al-Burhan, figurait le projet de base navale russe en mer Rouge. Cette base sur les côtes soudanaises deviendrait la deuxième hors de Russie après celle de Tartous en Syrie. Elle

afp

sion de la rue et le refus de la communauté internationale de reconnaître la junte militaire contraignent les ­putschistes à accepter une transition politique. L’accord, signé le 5 décembre dernier, prévoit la formation d’un gouvernement civil, le retour des militaires dans leurs casernes et l’intégration des FSR au sein de l’armée, une opportunité pour l’armée de se débarrasser de cette milice devenue trop encombrante.

Amorce de rapprochement Depuis, le chef des FSR multiplie les appels du pied aux milieux révolutionnaires tout en prenant ses distances avec alBurhan. Dans un tacle à son rival, Hemedti a récemment qualifié « d’erreur » le coup d’État, ajoutant qu’il « ne laisserait pas d’autres manifestants se faire tuer, ni d’autres politiciens se faire arrêter ». Hemedti, qui a confié la gestion de son image à la firme canadienne Dickens & Madson depuis 2019, cherche à se présenter aux yeux des Soudanais et de la communauté internationale comme un leader politique acceptable. Dernière tentative de blanchiment en date, la commission nationale soudanaise des droits humains a récemment désigné Hemedti « personnalité de l’année ». L’homme de 48 ans, originaire du Darfour, utilise son influence dans la région

et son contrôle des principaux gisements aurifères du pays en vue des élections prévues à la fin de la période de transition. « Hemedti dépense beaucoup d’argent pour se créer un électorat et s’assurer le soutien des confréries soufies et des milieux affairistes », explique Bushra elSaim, un opposant politique de longue date. En quête lui aussi d’une assise populaire, al-Burhan s’est tourné vers les islamistes. Le président du Conseil de souveraineté a profité du putsch pour réintégrer les partisans de l’ancien régime dans l’appareil d’État, à commencer par le ministère de la Justice redevenu aujourd’hui un bastion des islamistes. Une manière pour al-Burhan de contrer l’emprise croissante de Hemedti sur l’administration civile. Mais ce soutien n’est évidemment pas gratuit. En retour les islamistes veulent se débarrasser de Hemedti, qui a plus d’une fois fait preuve de son hostilité à leur égard. Ce sont eux qui mettent la pression sur le chef de l’armée. « Les islamistes soutiennent al-Burhan, car c’est un instrument de la reconquête du pouvoir, mais s’il ne sert plus leurs intérêts ils le remplaceront », explique Roland Marchal chercheur au Ceri Sciences Po. Du côté de l’opposition civile regroupée au sein des Forces de la liberté et du changement (FFC), on tente de minimi-

ser ces dissensions. « Ce sont des manœuvres politiciennes, mais ni al-Burhan ni Hemedti ne sont prêts à payer le prix d’une guerre civile menant à la destruction du pays », relativise Yasser Arman, chargé des négociations pour les FFC. « Ces tensions ne peuvent être résolues que par l’accord politique qu’ils ont tous les deux signé, poursuit l’homme politique arrêté au moment du coup d’État. Mais l’emballement sécuritaire et la crainte d’un embrasement pourraient pousser les civils à accepter des compromis. » Les questions du démantèlement de l’ancien régime et de la prise de contrôle par les civils des entreprises militaires non stratégiques s’avèrent épineuses. Autre dossier délicat, la justice transitionnelle et la responsabilité pénale d’al-Burhan et de Hemedti dans le démantèlement du sit-in en juin 2019 et dans la mort de 125 manifestants depuis le coup d’État. À Kassala, dans l’est du pays, un atelier autour de ces questions, prévu par l’accord, a été interdit. C’est finalement lors d’un mariage organisé ce week-end par un médecin réputé de Khartoum que les deux rivaux ont amorcé un rapprochement. Un répit pour les Soudanais et le fragile processus de transition qui ne résout en rien les conflits d’intérêts des deux armées du pays. ■

permettrait surtout aux Russes de s’implanter durablement au Soudan et de bénéficier d’un relais pour étendre leur influence en Afrique. Malgré l’empressement du Kremlin pour confirmer le projet de base navale, côté soudanais, on préfère temporiser : « Il faut attendre une Assemblée élue pour ratifier le projet », a déclaré al-Burhan. Ce fléchissement dans la position soudanaise souligne les réticences à foncer tête baissée dans les bras de Moscou et se couper des Occidentaux à l’heure où la Russie est affaiblie par la guerre en Ukraine.

Pas d’amitiés permanentes « La promesse d’un retour de l’aide financière et la menace de sanctions individuelles contre les dirigeants jouent en faveur des Occidentaux », explique Patrick Smith, rédacteur pour Africa Confidential. Depuis le coup d’État, le processus d’allégement de la dette entamé à Paris en mai 2021 est à l’arrêt, tandis que 700 millions de dollars d’aide américaine sont toujours bloqués, plongeant le pays dans une crise économique sévère. Une aide conditionnée par les Occidentaux au retour d’un gouvernement civil. Que ce soit la politique migratoire européenne ou la normalisation des relations avec Israël, le constat est le même. Pour les militaires, il n’y a pas d’amitiés permanentes. « Les dirigeants soudanais utilisent la carte russe comme moyen de pression sur des Occidentaux obsédés par son implantation sur le continent africain », confie un diplomate occidental en poste dans la capitale soudanaise. Pour al-Burhan et Hemedti, le rapprochement stratégique avec les Occidentaux leur permet de retrouver une certaine légitimité sur la scène internationale. Si le soutien au chef de l’armée régulière est plus avouable pour les Occidentaux, Hemedti est lui aussi en quête de légitimité politique. Les deux hommes ont d’ores et déjà laissé transparaître leurs ambitions politiques pour les élections à la fin de la période de transition. ■ K. O. (à Khartoum)

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Mardi, à Khartoum, lors d’une manifestation.

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Société

Selon une enquête, deux tiers ne connaissent pas la loi actuelle, et seuls 28 % sont favorables à l’euthanasie ou au suicide assisté. Agnès Leclair £@AgnesLeclair

Bioéthique Quel regard portent les « vieux » sur la fin de vie ? Alors que les opposants à une aide active à mourir mettent en garde contre l’« injonction de mort » que ferait peser l’euthanasie sur les personnes âgées et vulnérables, Les Petits Frères des pauvres donnent la parole aux principaux intéressés. À l’heure où la convention citoyenne entre dans sa dernière ligne droite, l’association a mené une enquête qualitative sur cette question existentielle auprès de 122 aînés et quelques personnes précaires de plus de 50 ans (1). Premier constat, arrivés à un âge où la question de la mort devient de moins en moins abstraite, ils sont interpellés par ce débat. Qu’ils soient hostiles ou partisans d’une évolution de la loi. Les deux tiers ignorent cependant l’existence de la convention citoyenne sur la fin de vie. 65 % ne connaissent pas non plus la loi actuelle sur la fin de vie et

Les personnes âgées affirment avant tout ne pas vouloir souffrir. 33 % de manière seulement parcellaire. Il faut dire que dans leur entourage, la question de la mort reste taboue. « Mes enfants ne veulent pas entendre parler de ça », lâche ainsi Michèle, 75 ans. « C’est la première fois que je peux en parler », regrette Raymonde, 80 ans.

« Le problème à l’envers » Au sein de ce panel de personnes âgées, 53 % sont favorables à une évolution de la loi mais seulement 28 % des répondants tranchent clairement en faveur d’une aide active à mourir, contre 78 %

en population générale (sondage Ifop pour l’ADMD, octobre 2022). « Aller en Suisse pour recourir au suicide assisté, ce n’est pas donné à tout le monde. Chacun devrait être libre de choisir », affirme Émeline, 92 ans. « Pour moi, une personne qui se sent en fin de vie, doit avoir le droit de décider de son départ », juge également Raoul, 97 ans. La loi doit évoluer pour améliorer « le traitement de la souffrance » mais non « autoriser l’euthanasie », juge par sa part Joachim, un septuagénaire installé dans une résidence autonomie.

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Aide active à mourir : le grand âge divisé

23 % des répondants sont clairement opposés à l’euthanasie et au suicide assisté. Et près d’un quart ne tranche pas ou ne se prononce pas. « Tant qu’on est en vie, il faut une aide active à vivre et non une aide à mourir, s’indigne Georges, 98 ans. Pour moi, l’important c’est d’éviter la souffrance mais on peut le faire sans avancer la mort. Pourquoi ne met-on pas les moyens pour aller dans le sens de la vie ? » Le débat actuel « prend le problème à l’envers », précise-t-il au Figaro. Cet ancien fonctionnaire, qui vit à domicile dans la banlieue de Nantes, s’inquiète de la perspective

d’une loi qui permettrait « d’envoyer plus facilement les gens ad patres », entre autres pour « des intérêts financiers ». « Je sais bien qu’il y aurait des garde-fous dans la loi mais ils pourraient être contournés, pour récupérer « le paquet » de mémé par exemple. Les lois doivent servir à permettre une vie digne à tous les citoyens, à protéger les plus faibles, à entourer les plus anciens », interpelle ce quasi-centenaire. Les personnes âgées disent avant tout ne pas vouloir souffrir. « Je souhaite que ma fin de vie soit paisible, m’éteindre comme une bougie ou en dormant », imagine Sophie, 72 ans. Certains partagent leur crainte de ne pas pouvoir bénéficier de ces conditions. « Ça me préoccupe, je suis toute seule et j’ai peur de la mort », lâche Marie-Thérèse, 87 ans. « La loi Leonetti-Claeys dit qu’il faut soulager la douleur quoi qu’il en coûte mais beaucoup ne la connaissent pas, note Magali Assor, chef de projet chez Les Petits Frères des pauvres. Quand les personnes âgées émettent des souhaits pour leur fin de vie, ils soulignent l’importance de ne pas mourir seuls et de mourir chez eux. » La volonté de certains d’avoir un libre choix « doit être entendue » mais aussi « interrogée » alors qu’un demi-million de personnes âgées sont en situation de « mort sociale », rappelle l’association. « Les personnes que nous accompagnons ont parfois fortement intériorisé les discours dévalorisants sur la vieillesse et se sentent comme un poids pour leur entourage et pour la société », met en garde Magali Assor. Sans se positionner frontalement contre l’euthanasie, Les Petits frères des pauvres appellent en priorité à mieux faire connaître la loi actuelle, à aider la prise de parole sur la fin de vie et à lutter contre l’isolement des personnes âgées. ■ (1) « Paroles de vieux citoyens sur la fin de vie – Petits Frères des Pauvres ».

Ces parents prescripteurs d’anxiolytiques à leurs enfants Jeanne Sénéchal [email protected]

Médicaments Margaux*, 24 ans, est aujourd’hui une femme de caractère, très indépendante. Mais à 16 ans, elle était fragile, anxieuse, prisonnière de nombreux troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Le divorce de ses parents, la dépression de sa mère… Le climat familial mine son adolescence. Sa psychiatre la met alors sous Atarax,

un antihistaminique sédatif qui présente des propriétés anxiolytiques modérées. Les symptômes diminuent, mais pour laisser place à d’autres troubles. « Lorsque je rentrais de l’école, je ne savais plus de quel côté il fallait que je me dirige… », se souvient-elle. Sa mère décide d’arrêter le traitement. À la place, elle lui donne du Lysanxia, un anxiolytique. Elle en a à portée de main puisque son médecin lui en prescrit pour sa dépression. Margaux

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prend l’habitude d’avaler un comprimé pour tout, pour rien, avant de passer à plusieurs par jour. Mais un été, tout dérape. Elle n’arrive plus à se maîtriser, même avec ces « béquilles ». Margaux est loin d’être un cas isolé. Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge vient de publier un rapport faisant état d’une augmentation inquiétante de la consommation et de la prescription de médicaments psychotropes chez les plus jeunes, de 6 à 17 ans. La consommation d’hypnotiques et d’anxiolytiques s’est accrue de 35 % entre 2010 et 2021. Or, dans ce boom, tout un pan échappe à la statistique : les parents qui donnent leurs propres médicaments, sans prescription, à leur enfant. Du Lexomil ou de l’Atarax pour calmer les angoisses, des somnifères… « Comme si l’être humain avait constamment besoin de réguler le fonctionnement de son système nerveux central, soit en l’excitant, soit en l’endormant, soit en l’apaisant soit en l’enfermant, explique le professeur Daniel Marcelli, pédopsychiatre et professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Si ce phénomène n’est ni récent ni quantifiable, il n’en reste pas moins dangereux pour l’enfant. » Pour lui, que ce soit un recours systématique ou occasionnel, donner un anxiolytique à un enfant, sans une réelle nécessité ou un encadrement, lui donne un mauvais signal : « On lui fait comprendre qu’il n’est pas capable de s’en sortir avec ses propres moyens, qu’il n’a pas les ressources pour surmonter son mal-être et qu’il trouvera les solutions d’une manière extérieure à lui-même, avec un produit. » Clémentine*, 28 ans, y a eu recours de la même façon que Margaux. Elle a pris son premier Lexomil à 14 ans. Sa mère, qui en prenait également, avait voulu l’aider à gérer ses angoisses. Depuis, une plaquette se trouve toujours dans son porte-monnaie. « Au cas où je fais une crise », explique-t-elle, alors qu’elle en est souvent victime. Pris sur le long terme, ces médicaments peuvent provoquer une accoutumance, voire une dépendance, mais aussi créer des problèmes neurophysiolo­ giques : « somnolence dans la journée et diminution de la perte d’attention peuvent entraver le développement neuro-

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Cette automédication présente de réels dangers. Hors statistiques, elle vient s’ajouter à la consommation par prescription, qui a bondi de 35 % en onze ans.

Pris sur le long terme, ces médicaments peuvent provoquer une accoutumance, voire une dépendance, mais aussi créer des problèmes neurophysiolo­giques. cérébral extrêmement important de l’enfant et de l’adolescent », souligne Daniel Marcelli. Des conséquences qu’a connues Gabrielle*, 27 ans. L’Atarax, prescrit après des crises d’angoisse causées par une rupture amoureuse en première année de l­ycée, lui avait créé une forte diminution de l’attention. Je n’arrivais même plus à me repérer dans la rue lorsque je promenais mon chien, se souvient-elle. Ma mère avait dû m’emmener en voiture à l’école pour passer mon bac de français. » Les parents, eux, souvent désarmés par le mal-être de leurs enfants, cherchent à les aider sans toujours avoir conscience du danger. « Je pense que c’est un excès de prescription chez eux et une perception complètement déformée de ce genre de produit », analyse le



Je me souviens que ma fille souffrait. Je voulais l’aider. Je prenais moi-même le médicament et il me faisait du bien

Sophie, la mère de Margaux



Pr Daniel Marcelli. C’est le cas de ­Sophie*, la mère de Margaux. « Je me souviens que ma fille souffrait. Je voulais l’aider. Je prenais moi-même le médicament et il me faisait du bien », explique-t-elle. Elle-même, plus jeune, était familière de ce genre de pratique puisque sa propre mère lui donnait des médicaments. « À base d’opium, c’était beaucoup plus fort. Mais, à l’époque, ça ne posait pas problème », dit-elle. Quant aux quantités ingérées par sa fille, elle « ne pensai(t) pas qu’elle en prenait autant. Je regrette de ne pas m’en être rendue compte. » Si c’était à refaire, assure-t-elle, elle non plus ne le referait pas.

Des cas médicaux bien identifiés justifient la prise de traitements : « des adolescents manifestant des troubles de schizophrénie ou bien une dépression mélancolique gravissime, cet état de panique généralisé qui empêche de sortir de chez soi, explique le Pr Marcelli. Mais d’une angoisse légère à la dépression mélancolique, il y a un monde de malaises qui ne nécessitent pas forcément de médicament. » Selon le spécialiste, communication et patience sont la clef. « En famille, on parle généralement très rarement de ses états mentaux personnels, essentiellement du comportement : on va travailler, on va faire du sport… On parle de ce que font les gens, mais jamais de ce qu’ils pensent », décrit-il. En ce qui concerne les somnifères, il faut que l’enfant apprenne à s’endormir sans recours à un médicament. Que, lorsqu’il se couche, il soit face à lui-même, qu’il puisse investir cet espace de rêverie qui précède l’endormissement. Mais il faut accepter que sa pensée galope dans tous les endroits sans qu’on ne la maîtrise. » C’est en découvrant qu’elle attendait un bébé que Clémentine s’est ­rendu compte de sa dépendance aux anxiolytiques. Son médecin lui a demandé d’arrêter le Lexomil. « En voyant que ce n’était pas bon pour mon bébé, j’ai réalisé que ce médicament n’était pas bon pour moi non plus. » Mais, après l’avoir arrêté, ses angoisses sont revenues. Le médecin lui a donc prescrit de l’Atarax, moins puissant. Gabrielle, elle, s’en est sortie par elle-même. « Après avoir passé mon bac, je me suis dit que cette vie n’était pas possible. J’ai décidé de tout arrêter et, l’été, je suis allée passer un mois à la mer ! », raconte-t-elle. Depuis ce jour, elle affronte ses rares crises d’angoisse à mains nues, sans « béquilles ». ■ * Le prénom a été modifié.

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Sciences

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Bataille d’IA sur la géométrie des protéines Une filiale de Facebook a publié les structures 3D de plus de 600 millions de protéines. Une tentative pour s’approcher des performances atteintes par une équipe de Google.

biologie En novembre 2020, DeepMind, filiale de Google, avait frappé un grand coup dans le monde de la biologie, en remportant haut la main le concours international de prédiction de conformation de protéines avec son logiciel d’intelligence artificielle, AlphaFold 2. Un succès spectaculaire qui mettait un terme à des décennies de recherches par des dizaines d’équipes concurrentes dans le monde entier. Concrètement, la puissance d’AlphaFold 2 s’était traduite quelques mois plus tard par la publication en juillet 2021 d’un registre contenant les structures des 20 000 protéines du corps humain, puis, un an plus tard, par un catalogue de 200 millions de protéines produites par une multitude d’organismes vivants, de la bactérie jusqu’à l’homme. « C’est vraiment une révolution, résume Alexis Verger, chercheur CNRS dans l’équipe biologie structurale intégrative à Lille. Il n’est plus possible d’être compétitif dans mon domaine sans utiliser AlphaFold 2. » Cette semaine, Meta AI, branche d’intelligence artificielle du groupe Meta (exFacebook), entre dans la course et décrit dans la revue Science la publication d’une

base de données de 800 millions de protéines. Plus que le nombre de structures, les chercheurs de Facebook insistent sur l’originalité et la rapidité de leur méthode, qui a permis de calculer très rapidement, en moins de trois semaines, l’ensemble de la nouvelle base de données, contre des mois de calculs chez Google. Pourquoi les deux géants d'internet s’affrontent-ils dans cette arène de la biologie moléculaire, apparemment très éloignée de leur cœur de métier ? « Pour Meta, la biologie des protéines est un moyen assez facile de mettre en application les architectures d’intelligence artificielle et les modèles d’apprentissage profond (“deep learning”, en anglais) qu’ils ont déjà développés », estime Sergei Grudinin, chercheur CNRS lié au laboratoire LJK à Grenoble, responsable d’une équipe de bio-informatique. Et le sujet auquel ils s’attaquent est d’une importance énorme pour la biologie contemporaine. « Les protéines sont comme des nanomachines qui font tout dans les cellules vivantes, résume Sophie SacquinMora, directrice de recherche au CNRS, au Laboratoire de biochimie théorique à Paris. Et leurs fonctions sont reliées à leurs formes. Pour comprendre comment elles agissent dans une cellule, il faut connaître leur géométrie en trois dimensions. » Certaines maladies sont ainsi provoquées par des mutations génétiques malen-

La future combinaison lunaire de la Nasa dévoilée tristan vey £@veytristan

David J. Phillip/AP/AP, NASA

espace L’entreprise texane Axiom a dévoilé mercredi un premier prototype de la nouvelle combinaison spatiale des prochains Américains qui poseront le pied sur la Lune dans le cadre du programme Artemis. Après avoir dépensé plus de 400 millions de dollars pour un développement en interne, la Nasa avait finalement décidé l’année dernière de confier la conception et la réalisation au secteur privé. Un contrat de 200 millions de dollars avait ainsi été passé avec Axiom il y a six mois. Le résultat est donc ce nouveau scaphandre extra-véhiculaire (à gauche).

Parmi les nouveautés, le recours massif à l’impression 3D, un encombrement réduit et une plus grande flexibilité au niveau des articulations par rapport à celui des missions Apollo. La nouvelle combinaison sera notamment mieux adaptée aux femmes, un point important puisque c’est une femme qui sera la première à fouler à nouveau le sol lunaire. Autre innovation, l’intégration d’un éclairage et de caméras haute définition pour vivre cette future aventure au plus près. À noter que le modèle final devrait bien être blanc, pour réfléchir au maximum le rayonnement solaire et éviter une montée en température ­dangereuse. ■

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Axiom a dévoilé, mercredi, le prototype de la nouvelle combinaison spatiale lunaire (à gauche), bien loin de celle portée par Buzz Aldrin lors de la mission Apollo en 1969.

Meta Platforms, Inc

contreuses qui viennent modifier la géométrie d’une partie précise d’une protéine, perturbant son fonctionnement dans un organisme. L’importance de la forme des protéines a par exemple été mise en lumière pendant la crise du Covid, quand les virologues se demandaient si les mutations portées par de nouveaux variants du Sars-Cov-2 risquaient de provoquer des changements à la surface des protéines



Les protéines sont comme des nanomachines qui font tout dans les cellules vivantes



Sophie Sacquin-Mora, directrice de recherche au Laboratoire de biochimie théorique à Paris (CNRS)

spike, la partie clé du virus pour infecter les cellules humaines. Avec AlphaFold 2, les chercheurs peuvent enfin partir de la « recette » de la protéine, la chaîne de briques de base, les acides aminés, qui la composent, pour obtenir une prédiction de la manière dont cette longue chaîne va se replier sur elle-même, et quelle sera la géométrie finale. Sur ce point précis, même les chercheurs de Facebook reconnaissent que leur technique, appelée ESMFold, est moins précise que

la référence dans le domaine, qui reste AlphaFold 2. L’originalité de leur approche vient du fait que l’IA de Facebook utilise « un modèle de langage », une technique conçue pour générer des mots ou des fragments de phrases. Ce type d’approche est aussi au cœur des agents conversationnels, dont le plus connu est le spectaculaire ChatGPT développé par OpenAI (partenaire de Microsoft) et qui fait beaucoup parler de lui en ce moment. Ces systèmes sont alimentées par un très grand nombre de textes, à partir desquels l’IA « apprend » en quelque sorte la structure et la grammaire d’un langage. Pour ESMFold, il ne s’agit pas de textes en français ou en anglais, mais de séquences décrivant des protéines connues, ou chacun des 20 acides aminés est représenté par une lettre. « L’idée des chercheurs de Meta est de traiter toutes les séquences qu’on lui soumet comme une sorte de langage protéique », résume Sergei Grudinin. « Il y a vraiment une convergence entre la biologie computationnelle et le traitement des langues », commente François Yvon, spécialiste du traitement automatique des langues au laboratoire interdisciplinaire des sciences du numérique à Orsay. « Dans un langage, l’alphabet est assez grand, avec entre 40 à 60 caractères en comptant les accents, et les phrases sont courtes, alors qu’en biologie

les alphabets sont petits et les phrases sont très longues, mais il s’agit dans les deux cas des séquences de symboles au sein desquelles on peut extraire des régularités, des motifs qui se répètent. » Mais malgré les similarités entre les langues et la biologie, l’approche des chercheurs de Google reste plus efficace. « AlphaFold 2, qui a déjà trois ans, est toujours bien meilleur qu’ESMFold », juge Sergei Grudinin. « Pour AlphaFold 2, il y a eu un énorme travail d’adaptation de l’intelligence artificielle aux spécificités de la biologie, ce qui s’est traduit par 80 pages de description d’algorithmes nouveaux dans la publication initiale de 2021. » « Je ne compte pas utiliser ESMFold à la place d’AlphaFold 2 qui va rester plus précis dans mon travail quotidien de modélisation des protéines, reconnaît aussi Sophie Sacquin-Mora. En revanche, la rapidité de leur approche, moins intensive en temps de calcul, va peut-être intéresser des chercheurs qui font de la métagénomique, qui s’intéressent à l’évolution et aux protéines produites par une diversité d’organismes très différents dans un environnement donné. » La base de données de 800 millions de protéines annoncée par Facebook est d’ailleurs issue de ce genre de collection, puisqu’elle provient de pas moins d’un million d’organismes différents. ■

Les soins palliatifs ajoutent de la vie aux jours !

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Cyrille Vanlerberghe [email protected]

Vue d’ensemble de l’ESM Metagenomic Atlas développé par Meta.

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Sport

L’endurance ouvre un nouvel âge d’or Les constructeurs comme Peugeot, Ferrari ou Porsche ont rejoint une discipline en plein renouveau, moins chère et plus écologique que la Formule 1. Les perspectives sont prometteuses. gilles festor [email protected]

Système d’équivalence Le centenaire des 24 Heures du Mans (10-11 juin), fleuron d’un championnat qui comptera sept rendez-vous jusqu’à fin novembre, est pour beaucoup dans ce regain d’intérêt des marques. Mais il n’explique pas tout. Après l’envolée des budgets (on évo-

calendrier 17 mars 1 000 miles de Sebring (États-Unis)

16 avril 6 Heures de Portimao (Portugal)

29 avril 6 Heures de SpaFrancorchamps (Bel.)

JULIEN DELFOSSE/DPPI via AFP

sport automobile Le béton et l’asphalte bosselé du circuit de Sebring (Floride) vont chauffer ce vendredi à partir de 17 heures. Le tracé floridien, et ses 1 000 miles au programme (en direct sur Eurosport et La Chaîne l’Équipe), donnera le coup d’envoi d’une saison d’endurance qui fait (enfin) saliver les amateurs de ces marathons, entre 6 heures et 24 heures (comme au Mans), au cours desquels les voitures avalent autant de kilomètres qu’une Formule 1 sur une saison complète ! Le soleil rayonne enfin pour le championnat du monde d’endurance après des années d’attente et un plateau parfois réduit à la portion congrue. Six voitures se battaient en duel en 2022. La meute a plus que doublé cette année, Peugeot et ses deux 9×8, Porsche, Ferrari, de retour après cinquante ans d’absence, et Cadillac ainsi que les écuries Glickenhaus (États-Unis) et Vanwall (Autriche), défieront Toyota qui règne en maître depuis cinq ans. Au total, treize bolides sont engagés dans la catégorie reine, l’Hypercar. Et le meilleur est encore à venir puisque, dans douze mois, Lamborghini, BMW, Alpine viendront se mêler à la bagarre avec leur écurie officielle. « En 2024, nous aurons dix constructeurs, ce qui n’est encore jamais arrivé dans l’histoire du sport automobile. On entre dans une nouvelle dimension. Ce championnat mérite de passer un nouveau cap », se réjouit Frédéric Lequin, le patron français du WEC.

10 et 11 juin 24 Heures du Mans (France)

9 juillet La magnifique Peugeot et ses phares en forme de griffes lors des essais des 1000 Miles de Sebring, mercredi. quait 200 millions d’euros pour Porsche avant son retrait en 2017, une enveloppe comparable à celle des écuries de F1), une réduction drastique des coûts a été imposée faisant chuter la facture à environ 25 M€ par marque pour engager deux voitures. Un pas de géant a aussi été franchi avec l’élaboration d’un règlement convergeant permettant de faire courir les mêmes voitures au WEC mais aussi lors des courses de son cousin nord-américain (IMSA) après des années de concurrence. Côté spectacle, les organisateurs ont aussi tout fait pour rendre la discipline plus sexy en piste. Les Hypercars afficheront enfin une vraie identité visuelle propre à chaque marque. On reconnaît d’un coup d’œil la Ferrari, la calandre de la Porsche ou la

magnifique Peugeot et ses phares en forme de griffes. La page des prototypes d’ancienne génération, donnant parfois l’impression de n’être que des clones sans âme au design uniquement dicté par les bureaux des aérodynamiciens, est tournée. Et surtout, espérons-le, même si Toyota est favori, la bagarre devrait au rendez-vous grâce à la mise en place d’une « balance de performance ». Afin de limiter les trop gros écarts entre des voitures ne présentant pas des technologies en tous points identiques, un système d’équivalence (avec lestage des voitures et ajustement de puissance) permet de regrouper les bolides dans une fenêtre de performance. « Sacrilège ! » hurlent certains puristes dénonçant une compétition tronquée. « C’est

faux. La balance des performances enferme l’ensemble des constructeurs dans une fenêtre de performances dans laquelle il y aura toujours les meilleurs en haut et les moins bons derrière. Mais cela permet surtout aux constructeurs de ne pas dépenser des sommes complètement folles pour aller chercher des millièmes de seconde », justifie Frédéric Lequin, conscient que la libération des dépenses en sport auto est, à moyen terme, suicidaire pour n’importe quel championnat. « Voir une voiture à 330 km/h plutôt qu’à 325 km/h, finalement, le public s’en fiche un peu, non ?, s’interroge Loïc Duval, vainqueur des 24 Heures du Mans 2013 avec Audi et l’un des deux Français, avec Jean-Éric Vergne, sur lesquels Peugeot a misé. Ce qu’il veut, c’est voir du

6 Heures de Monza (Italie)

10 septembre 6 Heures de Fuji (Japon)

4 novembre 8 Heures de Bahreïn (Bahreïn)

Simon Delestre ambitieux pour le Saut Hermès et les Jeux olympiques de Paris L’ancien numéro un mondial participe ce week-end à la 13e édition du prestigieux concours de saut d’obstacles au pied de la tour Eiffel. L’occasion de marquer les esprits à moins de 500 jours des JO.

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martin couturié £@martincouturie

équitation Cela ressemble à s’y méprendre à une belle histoire d’amour. Le Saut Hermès et Simon Delestre ont tout connu ensemble depuis la création de l’épreuve par la célèbre maison en 2010, et notamment la joie de la victoire. « Je n’ai pas raté une édition et j’ai gagné en 2018 et 2019, donc oui, on peut dire que le Saut Hermès me réussit bien, glisse au Figaro le cavalier lorrain de nouveau au départ de l’édition 2023, ce vendredi au Grand Palais éphémère à Paris. C’est toujours beaucoup de plaisir de monter en France. Être poussé par le public nous galvanise. Et j’adore les concours indoor, on a une proximité avec les spectateurs qu’on a moins en extérieur. C’est fantastique de vivre cela. » Cavalier partenaire de la maison de luxe, l’ancien numéro un mondial (2016) rêve de signer un troisième succès lors du Grand Prix final de ce concours réputé, mais pas question de s’enflammer. « Vu le niveau, on sait qu’avec une seule faute, on peut remballer directement, détaille-t-il. Le week-end dernier, sur un tracé difficile, il y a eu 16 sans-faute… À Paris, entre 25 et 30 cavaliers peuvent prétendre gagner lors du Grand Prix. Donc je ne vais pas faire de pronostics. » Son atout, il le connaît et le bichonne depuis un an et demi. Un cheval sensible et talentueux dénom-

mé Cayman. Le digne successeur de son légendaire Ryan, 18 ans d’âge dont 12 passés à sauter des barres d’obstacles avec Simon Delestre. Mis au repos définitif après une dernière victoire de prestige en juin dernier à Monaco, Ryan recevra ce samedi après-midi un bel hommage d’adieu sur la piste parisienne. « Cela va être beaucoup d’émotion et va remémorer énormément de souvenirs. Ryan a eu une carrière phénoménale, a été sur les podiums de tous les grands prix importants du monde et a été l’acteur principal de ma place de numéro un mondial. C’était mes jambes et à peine je pensais qu’il fallait aller là et il y ­allait », se souvient son cavalier.

Marquer les esprits Même s’il se réjouit de voir que la suite est assurée (« mon principal atout, c’est d’avoir réussi ce renouvellement de chevaux à ce niveau »), sa relation avec Cayman reste évidemment en construction constante et perfectible. « Avec lui, je n’ai pas encore toutes les données lors d’un barrage (pour départager les duos sans faute). Cela prend du temps. On est un couple qui doit apprendre à se faire confiance mutuellement. Mais Cayman est en grande forme. Depuis les championnats du monde l’an dernier, il n’a fait qu’une seule faute… » Âgé de 41 ans, le Messin a vécu sa première année professionnelle il y a déjà 23 ans, autant dire une éternité. Et pourtant, la lassitude ne l’accom-

Simon Delestre sur son cheval Cayman lors de l’édition 2022 du Saut Hermès. christophe Tanière pour Hermès

pagne pas sur les pistes de jumping. « En fait, chaque nouveau cheval est une nouvelle histoire, un nouveau puzzle à mettre en place, une nouvelle réflexion, une nouvelle ambition. C’est passionnant. » Et cette remise en cause permanente le maintient en éveil. Et au plus haut niveau. Avec un élément dont il s’accommode, à défaut de pouvoir s’en séparer. « La pression, c’est mon quotidien. Je vis H 24 avec elle. J’ai toujours peur qu’un de mes chevaux se fasse mal. Et chaque jour, je travaille pour maintenir ce niveau et conserver un bon classement mondial. Je ne suis pas sorti des trente premiers mondiaux depuis treize ou quatorze ans. Si tu descends du train qui avance, c’est très compliqué d’y remonter. » Même si ce 13e Saut Hermès ne se déroule pas au « vrai » Grand Palais,

actuellement en travaux, Simon Delestre sait bien qu’un bon résultat au pied de la tour Eiffel lui permettrait de marquer les esprits à moins de 500 jours des Jeux olympiques de Paris. Selon lui, huit à dix couples peuvent prétendre aux trois places disponibles pour ce rendez-vous de légende. « Participer à ces Jeux à Paris serait une apothéose, mais la consécration, ce serait remporter une médaille », glisse le cavalier récompensé de podiums européens et mondiaux mais pas olympique. En 2016, à Rio, son Ryan s’était retrouvé la patte en l’air et donc forfait, sans explication, la veille de l’épreuve individuelle, avant que l’équipe de France décroche l’or olympique par équipe, sans lui. Simon Delestre n’a rien oublié et compte bien décrocher le Graal lors de ses quatrièmes Jeux. « Pour sa toute première saison au plus haut niveau, Cayman a réussi quelque chose d’exceptionnel (7e notamment aux Mondiaux). Maintenant, il faut garder le cap, réussir à s’inscrire dans la régularité semaine après semaine et arriver à son pic de forme à Paris. » Plus simple à dire qu’à planifier. « Les chevaux, c’est plus compliqué que les athlètes. Un plan est prévu mais c’est sûr qu’on va être obligé de s’adapter. Le plan, ce sont les chevaux qui le dictent », conclut Simon Delestre, toujours à l’écoute de ses compagnons de gloire sans qui il n’est rien au pied d’un obstacle. ■

spectacle et de belles voitures avec des performances proches les unes des autres. Le championnat s’annonce super-excitant. Comptez sur Peugeot pour aller prendre sa part du gâteau. » L’endurance fait peau neuve mais ne veut surtout pas perdre l’ADN qui a aussi contribué à son succès par le passé (phares à LED, direction assistée, feux antibrouillard, ABS…). Le championnat, qui réfléchit à la mise en place de nouveaux formats de course, plus courts, comme a pu le faire la Formule 1, en complément des épreuves marathons, doit rester le laboratoire numéro un du sport automobile. « On ne s’interdit rien en termes de réflexion tout en intégrant les constructeurs dans la boucle », confirme Frédéric Lequin soucieux d’attirer un nouveau public, plus jeune.

La promesse de l’hydrogène

Depuis l’an dernier, les Hypercars roulent avec un carburant à base de résidus de grappes de raisin, conçu par TotalEnergies. Une prouesse technologique. Le niveau de performance est quasiment identique à celui des carburants fossiles (1 % de puissance en moins avec une consommation légèrement supérieure de 1 %). La discipline voit plus loin encore avec la promesse de l’hydrogène et la perspective d’une catégorie dédiée. L’Automobile Club de l’Ouest (l’organisateur des 24 Heures du Mans) s’est associée au laboratoire d’ingénierie suisse Green GT depuis plusieurs années pour mettre au point un prototype nouvelle génération de ce type. « On n’est pas dans la science-fiction même si le procédé est complexe. C’est la technologie du futur pour l’endurance et nous sommes déjà en discussion avec des constructeurs », souffle Frédéric Lequin. Le futur du sport automobile avec un moteur fonctionnant à l’eau en compétition pourrait même s’écrire dès 2027. ■

En bref Football : Deschamps convoque trois néophytes

La rentrée des classes approche pour les finalistes malheureux de la dernière Coupe du monde. Ce jeudi au siège de la FFF, Didier Deschamps a dévoilé le nom des 23 joueurs attendus à Clairefontaine lundi prochain en vue des deux premiers rendez-vous qualificatifs pour l’Euro 2024, contre les Pays-Bas (24 mars) et l’Irlande (27 mars). Trois petits nouveaux font leur apparition : le gardien de but Brice Samba (28 ans, RC Lens), le défenseur Wesley Fofana (22 ans, Chelsea) et le milieu de terrain Khephren Thuram (21 ans, OGC Nice). Ce dernier, fils de Lilian et frère de Marcus – également convoqué -, découvrira un groupe France composé de 18 mondialistes présents au Qatar. En dehors des retraités (Lloris, Mandanda, Varane, Benzema), le sélectionneur a fait confiance à son noyau dur (Mbappé, Griezmann, Giroud, Coman, Rabiot, Tchouaméni, Upamecano, T. Hernandez, Koundé, Pavard…) pour les deux premières sorties de 2023. Interrogé sur les sous-entendus de Karim Benzema, qui l’a qualifié de « menteur » après ses explications dans nos colonnes, quant à la gestion du départ du Madrilène lors du Mondial, « DD » a fait court : « C’est un sujet clos », a-t-il lancé.

Rugby : du lourd pour terminer le Tournoi Fabien Galthié a retenu Uini Atonio et Romain Toafifenua pour débuter le dernier match du Tournoi, contre le pays de Galles, ce samedi au Stade de France.

le figaro

LE CARNET DU JOUR

Vendredi 17 Mars 2023

15 Vente en préparation

Instruments & archets

Expertises gracieuses sur rendez-vous Hector Chemelle +33 7 69 02 70 85 • [email protected]

Les annonces sont reçues avec justification d’identité du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches de 9h à 13h. Elles doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions

conférences La paroisse Saint-Thomas-d'Aquin dans le cadre de ses Rencontres vous invite le jeudi 23 mars 2023, à 19 h 30, à une conférence sur

La France et l'Europe face au chaos du monde par Sylvie Bermann, ambassadrice de France, 3, place Saint-Thomas-d'Aquin, Paris (7e).

du lendemain, avant 13 h les dimanches.

Courriel

carnetdujour@media.figaro.fr Téléphone

01 56 52 27 27 naissances M. Thomas PELLAN et Mme, née Astrid Parte, sont heureux de faire part de la naissance de

Lucie Gunilla Jocelyne PELLAN le 23 février 2023, à Neuilly-sur-Seine.

communications L'association Castel Nazareth organise une vente de charité le samedi 25 mars 2023 de 10 heures à 18 heures dont les bénéfices iront aux orphelinats de Madagascar. Gymnase, rue des Vignes, 77310 Boissise-le-Roi.

Le général (2S) Louis d'Astorg, président de l'Œuvre, Anne Darcy, présidente de la vente, vous invitent à la journée d'entraide et d'amitié de

l'Œuvre des Campagnes (aide au clergé rural),

le jeudi 23 mars 2023 de 10 h 30 à 19 h 30, en la crypte de l'église Saint-Honoré-d'Eylau, 66 bis, avenue Raymond-Poincaré, Paris (16e).

Les prochaines

Rencontres des Ternes 2023 auront lieu le mercredi 22 mars, à 20 h 30 et auront pour thème

L'impact écologique du numérique avec Guillaume Pitron, journaliste français, spécialiste de la géopolitique des matières premières, chercheur associé à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) et auteur du livre « L'enfer numérique ». Église Saint-Ferdinand-des-Ternes, 23, rue d'Armaillé, Paris (17e).

deuils

Soissons. Marie-Claude Binart, Hubert de Besombes, Philippe et Sophie Binart, ses enfants, Blandine de Besombes, Jacky Baes, Alice et Julien Roumiguier, Hortense et Jean-François Ecale, Victoire et Tanguy Lahaye, Sixtine et Vincent Thirion, ses petits-enfants, Céline et Vianney Baes, Pierre et Éloi Roumiguier, Garance et Isaure Ecale, Mahaut Lahaye, Eleonore, Alice et Manon Thirion, ses arrière-petits-enfants, vous font part du rappel à Dieu de

Françoise Benoit-Cattin, son épouse, Aude et Laure, ses filles, sa famille ont la douleur de faire part du décès de

Bruno BENOIT-CATTIN survenu le 12 mars 2023, à l'âge de 84 ans, à Vétheuil. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Sulpice, à Paris (6e), le mardi 21 mars 2023, à 14 h 30, suivie de l'inhumation au cimetière du Montparnasse. 6, rue des Fraîches-Femmes, 95510 Vétheuil. Mme Muriel Calmette-Imowicz, son épouse, Guillaume Calmette et Anne Hecquet, Domino Calmette, Emilie Calmette et Melik Jouini, ses enfants, Corinne Biard, leur maman, Jacques Imowicz, son beau-père, Pierre et Sophie Valade, Edouard Valade, ses beaux-enfants, Logan, son petit-fils, Peter et Hélène Graham, Laurent et France Monne, ses sœurs et beaux-frères, Philippe Imowicz et Véronique Boivin, son beau-frère et sa belle-sœur, sa fidèle Rescue ont la tristesse de faire part du décès du

docteur Thierry CALMETTE le 12 mars 2023, à l'âge de 69 ans. La cérémonie aura lieu ce vendredi 17 mars, à 10 h 30, en l'église Saint-Pierre, 90, avenue du Roule, à Neuilly-sur-Seine, suivie de l'inhumation au cimetière du Montparnasse, Paris (14e). Ni fleurs ni couronnes, des dons sont possibles à la Maison Jeanne Garnier, à Paris (15e) et à l'Institut Pasteur. La famille tient à remercier le personnel de la Maison Jeanne Garnier, pour leur professionnalisme et leur dévouement ainsi que l'Institut Pasteur, en hommage à son arrière-grand-père, le professeur Albert Calmette. Cet avis tient lieu de faire-part.

Geneviève BINART née Renard, veuve de

Guy Binart

La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 21 mars, à 14 h 30, en l'église de la Résurrection, à Soissons. Cet avis tient lieu de faire-part.

Paris. Dans l'espérance de la Résurrection,

Mme Xavier CHODRON de COURCEL née Joëlle Monbaron,

nous a quittés le mercredi 15 mars 2023, à l'âge de 102 ans. Elle a rejoint son cher époux,

Xavier

(1910-1986). De la part de Dominique et Dominique Chodron de Courcel, Alix (†) et Hugues Catrice, Sabine et Hubert (†) de Canecaude, Martin et Marie-Jo Chodron de Courcel, Gilles et Sandra Chodron de Courcel, Isabelle et Robert des Dorides, Marie-Bénédicte et Wilhelm Luxem, Benjamin et Christelle Chodron de Courcel, ses enfants et beaux-enfants, sœur Charlotte-Marie de la Croix Glorieuse, o.c.d., Nathalie, Marie-Cécile, Paul, Hélène, Geoffroy, Amaury, Florence, Philippe, Olivier, Marguerite, Véronique, Xavier, Marine, Camille, Clément, Marc, Emmanuelle, Antonin, Pierre, Luc, Lara, Antoine, Claire, Bénédicte, Marie-Laure, Guillaume, Victoria, Alicia, Hortensia, Antonia, Frederik, Léonore, ses petits-enfants, leurs conjoints, ses 63 arrière-petits-enfants, Mlle Danièle Monbaron, sa sœur, et toute la famille. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 20 mars, à 11 heures, en l'église Saint-Etienne de Briare (Loiret), suivie de l'inhumation dans la stricte intimité familiale, dans la crypte de l'hôpital Saint-Jean de Briare.

Christiane (†) et Claude Lepintre, sa mère et son beau-père, Jean Czaja, son père, Jérôme, Charlotte et Olivier, ses frères et sœur, Delphine et Sylvain Gioanni et leurs enfants, Aline Meunier et ses enfants, Franck Meunier, ses cousins et petits-cousins, ont l'immense tristesse de vous faire part du décès de

Caroline CZAJA survenu brutalement le 10 mars 2023, à l'âge de 46 ans.

2023-04-04T17:00:35+02:00

2023-03-17T03:09:06c:Figaro;u:msantos;

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Demain

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Christine et Christophe, Bénédicte et Jean-François, Arnaud et Marie-Annick, ses enfants et leurs conjoints, Nicolas, Martin, Timothée, Sidonie, Annabelle, Pierre, ses petits-enfants, Raphaël et Elyanna, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

René-Frédéric DUVAL le 14 mars 2023, dans sa 95e année. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 22 mars, à 10 h 30, en l'église Saint-Léon, Paris (15e).

dans sa 90e année, le 13 mars 2023.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Vêtements femmes aux mesures, prêt-à-porter sans limite de taille et tenues de cérémonies

Mme René-Frédéric Duval, née Catherine Trebbia, son épouse,

La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Lambert, Paris (15e), le lundi 20 mars, à 10 h 30. L'inhumation aura lieu dans la sépulture familiale, au cimetière du Montparnasse.

Claude et Mireille (†) Gayet et leurs enfants, Philippe (†) et Chantal Gayet et leurs enfants, les docteurs Alain et Véronique Gayet et leur fille, Bertrand et Margarita Gayet et leurs enfants, Edith Granoux et ses enfants, le docteur François-Xavier Gayet et Mme Sabine Gayet et leurs enfants, Jean-Yves et Catherine Gayet et leurs enfants, Marie-Laure et Xavier Guillard et leurs enfants, ses frères, sœurs, belles-sœurs, beau-frère, neveux et nièces, ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de

Christine GAYET dans sa 75e année, le 10 mars 2023, à Vannes. La cérémonie religieuse sera célébrée le samedi 18 mars, à 14 h 30, en l'église de Saint-Armel (Morbihan). [email protected] [email protected] [email protected] [email protected]

La comtesse Hervé Milliet de Faverges et de Challes, le vicomte et la vicomtesse Jean-Luc de Geoffre de Chabrignac, Mme Isabelle de Geoffre de Chabrignac, ses enfants, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès du

vicomte François de GEOFFRE de CHABRIGNAC La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 20 mars 2023, à 14 h 30, en l'église de Neung-sur-Beuvron (Loir-et-Cher).

Chantal Hébrard, née Cuvelier, son épouse, Emilie et Hélène Hébrard, ses filles, Paul et Emmanuel, Félix, Bianca et Victor, ses petits-enfants,

Philippe et Marie-Laure Payen, Gilles et Danielle Payen, Eric et Christine Payen, Véronique et Francis Meston, ses enfants,

Dominique et Gérard Hébrard, ses frères, et leurs épouses, Béatrice Hébrard, sa belle-sœur, ses neveux et nièces,

Jérémy, Soline, Florent, Alexis, Laurianne, Cédric, Caroline, Sophie, Pierre, Thibauld, Audrey, ses petits-enfants,

Jean-Guy et Martine Cuvelier, son beau-frère et sa belle-sœur, Bonie Cuvelier, sa belle-sœur, ses neveux et nièces

Noé, César, Raphaël, Rose, ses arrière-petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Antoine HÉBRARD éditeur du Who's Who in France et du Bottin Mondain, officier de la Légion d'honneur, chevalier de l'ordre national du Mérite, chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres, chevalier du Mérite de l'ordre souverain de Malte, survenu le 13 mars 2023, à l'âge de 77 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 20 mars, à 10 h 30, en l'église de la Madeleine, place de la Madeleine, à Paris (8e).

Philippe et Véronique Gilles, Alain Gilles et Isabelle Brandin-Barbier, Marie-Odile et Johann Simon, ses enfants et leurs conjoints, Caroline, Sophie, David, Aurore, Aurélie, Benjamin, Camille et Nathalie, ses petits-enfants, Paolo, Elena et Livia, ses arrière-petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

M. André GILLES

ingénieur des Mines Saint-Étienne, survenu le 9 mars 2023, à l'âge de 93 ans, à Villeurbanne (Rhône). La cérémonie religieuse a été célébrée en l'église de la Rédemption, à Lyon, le jeudi 16 mars 2023. Il repose en paix aux côtés de son épouse Bérengère, décédée en 1999. Famille Gilles, 16, impasse Gouberville, 50100 Cherbourg-en-Cotentin.

les familles Payen, Bertrand, Martel, Niogret, Dugnolle, Rozier, Chaigne

La direction et tous les collaborateurs du

Who's Who in France et du

Bottin Mondain ont la tristesse de faire part du décès de

Antoine HÉBRARD survenu le 13 mars 2023. Il aura consacré sa vie à créer et resserrer des liens unissant des hommes et des femmes venus de tous les horizons. Toutes leurs pensées vont vers son épouse Chantal, ses filles, Emilie et Hélène, et sa famille. Ils leur adressent leurs plus sincères condoléances.

Philippe Huguet, son époux, Claire et Emmanuel Chaffin et leurs enfants, Aurélie, Matthieu, Nicolas, Christine et Jean-Philippe Foucault et leurs filles, Emilie, Amandine, Mathilde, Pascal Huguet et ses enfants, Anastasia, Alexia, Xénia, Anthelme, Virginie et François Michel et leurs enfants, Pierre, Tristan, Alma, ses enfants et petits-enfants, ont la douleur de vous faire part du décès de

Catherine HUGUET

survenu le 13 mars 2023, à l'âge de 78 ans, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 24 mars, à 14 h 30, en l'église Notre-Dame de Boulogne-Billancourt.

Centre Israélite de Montmartre (CIM) ainsi que le conseil d'administration et son personnel

ont le regret de vous faire part du décès de

Mme Suzette KAATZ-FRUCHT le 16 mars 2023. Elle fut directrice générale de l'association pendant presque 50 ans puis lors de son départ à la retraite membre du conseil. Elle laisse un très grand vide au sein du CIM. Nous présentons toutes nos condoléances aux membres de sa famille.

très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès de

Gérard PÉLISSON vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements.

M. Georges PAYEN survenu le 13 mars 2023, à l'âge de 92 ans. La messe de funérailles sera célébrée par son frère le père Emmanuel Payen, le lundi 20 mars, à 10 heures, en l'église Sainte-Bernadette de Caluire-et-Cuire (Rhône).

Catherine et Michel Déprez, Alain et Véronique Rosier, Henry et Brigitte Rosier, ses enfants, ses 10 petits-enfants, ses 18 arrière-petits-enfants, sa sœur, Lucienne Smith Robinson, et toute sa famille

Janet ROSIER née Smith,

le 14 mars 2023, dans sa 99e année. La cérémonie religieuse aura lieu le mardi 21 mars, à 15 heures, en l'église de Bougival (Yvelines). La famille remercie toute l'équipe de la Maison Les Lys, à Rocquencourt, qui a su si bien l'accompagner jusqu'à la fin.

Mme Béatrice Wolf, Mme Anne Lebreton-Wolf et son époux Edouard, Amandine et Honorée, Mme Edith Baas ont la douleur de vous faire part du décès de

M. Jean-Luc WOLF leur époux, père, beau-père, grand-père et frère, survenu le 14 mars 2023, à Truchtersheim (Bas-Rhin). Les fleurs et les couronnes seront remplacées par des dons à l'Armée du Salut.

En union avec Francine Ziegler (†), née Bocage, son épouse, Marianne et Christophe Cherière, Olivier et Laurence Ziegler Camard, ses enfants, Caroline, Anne-Sophie, Evan, Flavie, ses petits-enfants, Ginette Jean ont la tristesse de vous faire part du rappel à Dieu, dans sa 98e année, de

Pierre ZIEGLER

École centrale de Paris 48. La cérémonie religieuse aura lieu en l'église Sainte-Thérèse, à Rueil-Malmaison, le mardi 21 mars 2023, à 14 h 30. [email protected]

Mme Michèle Chouraqui, présidente du

Suzanne Pélisson, son épouse, Gilles et Sylvie Pélisson, Hervé Pélisson, ses neveux, Julien, Justine, Anaële, Sacha et Calixte, ses petits-neveux et petites-nièces, sa famille et ses proches,

vous font part du décès de

ont le chagrin de vous faire part du rappel à Dieu de

née Chapelard,

Lyon (Rhône).

Mme Georges Payen, née Germaine Niogret, son épouse,

remerciements Marie France et Claude Cardonna-Duréault, Sylvie et Maurice Winterholer, Antoine et Catherine Duréault-Durazzi, Ghislaine Duréault-Le Drogo, Afif El-Khechen, Marie-Christine Duréault, Isabelle Duréault et Gilles Roubault, Anne Duréault, Valérie et Éric Ollier-Duréault, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès de

Elisabeth DURÉAULT née Charignon, veuve de

Maurice Duréault vous prient d'accepter leurs sincères remerciements.

Ses enfants, Jean-Yves et Marie-Sophie Petit avec leurs enfants, Marie-Liesse et Matthieu, Ariane et Raphaël, Anaïs et Sébastien, Domitille et Pierre, Timothée et Héléna, Barthélémy, Bérénice et Arthur, Aziliz ; et leurs petits-enfants, Caroline et Joël Montane avec leurs enfants, Élie et Ève, Emmanuel et Blandine Petit avec leurs enfants, Grégoire et Minako, Augustin, Bertrand et Valérie Petit avec leurs enfants, Corentin, Ambroise, Églantine, Romane et Isaure, Christophe et Dominique Petit avec leurs enfants, Louise, Antoine, Clémence et Matthieu, Bénédicte et Laurent Magne avec leurs enfants, Léon, Lucien, Anouk et Thaïs, ses frères, ses sœurs et belles-sœurs, sa cousine, sa famille et ses amis, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès, le 3 mars 2023, de

Dominique PETIT vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements.

messes Sa famille et ses amis se rassembleront autour de la mémoire de

Hubert de CHEVIGNY décédé le 27 décembre 2022, lors de la messe paroissiale du lundi 27 mars 2023, à 19 heures, en l'église Saint-Germain-des-Prés, à Paris (6e), suivie d'un temps de rencontre avec la famille sur place.

messes et anniversaires L'Association Saumur-ANORABC vous prie de bien vouloir assister à sa messe annuelle, le dimanche 19 mars 2023, à 11 heures, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, à Paris (7e), à la mémoire des officiers de l'arme blindée cavalerie, des Cadets de Saumur et de leurs compagnons d'armes, de la « Légion des Mille » et de La Mesnie des Marenches.

souvenirs Boulogne-Billancourt. Sentein. Il y a cinq ans, le 15 mars 2018,

Jean BONZOM nous quittait. Le vrai tombeau des morts, c'est le cœur des vivants. Jean Cocteau.

Il y a trois ans, le 20 mars 2020,

Jacques Casimir CHEUVREUX nous quittait. Une messe sera célébrée en sa mémoire. Que ceux qui l'ont aimé et estimé aient une pensée pour lui.

vendredi 17 mars 2023 le figaro

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champs libres Reportage

Au Bénin, la fête du vodoun devient un festival mondial Paul Sugy

£@PaulSugy Envoyé spécial au Bénin

Le chef traditionnel du culte vodoun, Sa Majesté Daagbo Hounon Houna II (à gauche), salue la foule, pendant le festival, le 10 janvier, à Ouidah.

Chaque année plus nombreux, les adeptes du vodoun se réunissent le 10 janvier à Ouidah lors d’une fête consacrée à la renaissance de cette religion traditionnelle née au Bénin. Une attraction de plus en plus célèbre, alors que le tourisme est au cœur de la stratégie de développement du pays. 150 km NIGER

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Réarmement culturel

Comme les symboles vivants de cette intrication entre la religion et les anciennes royautés, les têtes couronnées des villages environnants prennent bientôt place au cœur d’une cérémonie rituelle dont l’apparent désordre est trompeur. Plusieurs délégations sont ici représentées, toutes venues d’un « couvent » alentour – une chapelle, si l’on veut, au sein de la religion vodoun : chaque couvent à son prêtre et ses adeptes, et vénère une divinité singulière. À tour de rôle, au son des djembés, l’assistance entre en scène comme par un mouvement de transe : la musique et la danse sont des exorcismes, elles expulsent les esprits qui s’emparent peu à peu des danseurs. C’est ici une fillette qui sautille sur ses pieds à un rythme athlétique, là un acrobate juché sur ses échasses qui impressionne la foule par ses trébuchements d’équilibriste, ou encore ce voltigeur qui tournoie sur ses jambes jusqu’à nous donner le tournis. Les colliers de cauris, ces petits coquillages en forme de perles que les haruspices emploient pour consulter la volonté des vodoun, s’envolent autour des torses. Ils avaient commencé à tour de rôle ; voilà que tous ensemble ils poursuivent et l’on croirait bien, à force de ne plus savoir où donner de la tête, que c’est toute l’Afrique qui danse sous nos yeux. On quitte le palais du roi pour gagner le jardin de la reine. Cette fois sous ses yeux la cérémonie

BURKINA FASO

BÉNIN NIGERIA GHANA

TOGO

Abomey

Ouidah

Porto Novo Cotonou

Golfe de Guinée

Infographie

prend un tour plus sévère. Surgissent des adolescents vêtus d’un pagne en feuilles de palmier, qui courent en cercle autour d’un bambou creux battu par les percussionnistes. Agitant chacun une tige de bois souple, tour à tour les garçons se flagellent qui les bras, qui les jambes : les plaies sont nettoyées avec du sel, les mines restent impassibles, ou riantes – la scène prend une allure de défi – et la farandole se poursuit, jusqu’au bon vouloir de la reine. Il semble n’y avoir que nous pour trouver la chose étrange. Le vodoun est ancré dans la chair de ses fidèles. Partout dans la ronde, les visages et les épaules scarifiés des danseurs rappellent que l’on porte la marque de ses divinités jusque sur son corps, chaque cicatrice tracée à l’âge de 10 ans avec la pointe d’un couteau ou d’un tesson de verre exprimant l’allégeance des adeptes à tel ou tel couvent vodoun.

Gradins neufs et sponsors

Au hasard de la route du retour, on pénètre l’intimité d’un petit couvent comme on en trouve dans tous les villages : lieux clos et sombres, où les dieux murmurent aux hommes sur le ton de la confidence. Ici la prêtresse qui officie passe pour être une grande fétichiste : elle a l’oreille de nombreux esprits. Cet éclectisme lui confère le pouvoir de connaître l’avenir, aidée de ses rapaces et de ses serpents, qui la nuit parcourent les maisons par les airs ou le long du sol pour épier les jeteurs de mauvais sorts. On est loin de l’attraction touristique offerte en spectacle aux voyageurs : ce vodoun-ci est celui du quotidien, celui des poules et des moutons que l’on immole à l’entrée du temple sur un autel en fer recouvert de restes d’animaux décharnés, que l’on a oints d’une huile sacrée pour s’assurer la faveur des esprits. C’est le vodoun que l’on ne montre pas aux étrangers. Le contraste n’en apparaît que plus saisissant lorsque le lendemain, sur la plage de Ouidah, ville sainte du vodoun où se tient le festival du 10 janvier, les touristes occidentaux se pressent à l’ombre des gradins dressés pour l’occasion. Ils se mêlent aux délégations venues cette fois de tout le pays, et même de la diaspora béninoise aux Antilles, où le vodoun s’est exporté avec l’esclavage. L’événement est promu et organisé avec le concours du ministère du Tourisme : aux chaises usées de la veille se sont substitués des gradins neufs, et c’est à grand renfort de sponsors et de banderoles que l’on est accueilli par le pontife Daagbo Hounon Hounan II, le chef suprême du culte. De nouveau les danseurs défilent

La colonisation puis les années de marxisme ont longtemps empêché les cérémonies vodoun, aujourd’hui nous travaillons à sa réhabilitation

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Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts du Bénin

sous les yeux de près de neuf mille curieux venus assister à la cérémonie. D’ici à 2025, le Bénin rêve d’accueillir encore deux fois plus de monde : non loin d’ici, les bétonneuses chinoises tournent à plein régime pour offrir à Ouidah les infrastructures nécessaires pour devenir l’une des capitales culturelles du pays. « La colonisation puis les années de marxisme ont longtemps empêché les cérémonies vodoun, aujourd’hui nous travaillons à sa réhabilitation », explique fièrement Jean-Michel Abimbola. Sous la poigne de fer du président Patrice Talon, le pays mène à un train d’enfer une politique résolument tournée vers le développement : le tourisme en est l’un des piliers, porté par des projets d’ampleur autour du vodoun et des royautés traditionnelles. Un musée leur sera consacré, à Abomey pour les rois, et à Porto-Novo pour la religion vodoun, en plus de deux autres projets consacrés à la mémoire de l’esclavage et à l’art contemporain africain. « Comme l’Europe a des racines chrétiennes, nos racines ici sont vodoun, que l’on soit adepte ou non de cette religion », poursuit le ­ministre de la Culture, lui-même issu d’une famille béninoise catholique.

Les Egun-gun, esprits des revenants

Cette cohabitation des religions, confinant parfois au syncrétisme, est l’une des particularités du ­Bénin où tour à tour Jean-Paul II et Benoît XVI se sont rendus. Ici même, à Ouidah, les deux papes ont chacun rencontré des délégations de prêtres vodoun, en hommage à la tolérance religieuse prêchée aux quatre coins du pays. Même si le curé de la basilique d’Ouidah se montre plus réservé. Le père Cosme est installé dans un face-à-face palpable avec les prêtres animistes : son imposante église consacrée à la Vierge Marie se dresse à quelques mètres seulement du temple des Pythons, le plus célèbre lieu saint du vodoun à Ouidah, où l’on consulte des serpents entassés au cœur d’une nef. Le prêtre catholique y voit un signe rappelant la Femme de l’Apocalypse, l’Ève nouvelle qui piétine le serpent dans le célèbre texte de saint Jean. Dans ses homélies, il enjoint à ses paroissiens de ne pas assister aux cérémonies vodoun. Las ! Combien lui ont désobéi, rassemblés le soir sur la place aux Enchères de Ouidah, où cette fois entrent en scène les Egun-gun, les esprits des revenants. Ce sont d’immenses silhouettes entièrement masquées, affublées d’une parure chamarrée, que les habitants harcèlent jusqu’à provoquer leur fureur : alors ces esprits revenus de l’au-delà se jettent en direction des villageois comme pour un rodéo, et l’on raconte que s’ils vous touchent, vous serez maudits pour toujours… Les touristes se sont dispersés entre les habitants ; et au coucher du soleil, quand l’étuve océane tempère enfin ses ardeurs et que le ciel d’Afrique retrouve un peu de clémence, s’engage dans la confusion générale une immense partie de loup à touche-touche où l’on ne sait plus très bien qui croit aux dieux ou qui n’y croit pas. C’est le mystère de Ouidah et de ses esprits colorés que le djembé fait trembler : est-ce encore une religion ou bien l’âme d’un pays tout entier qui s’épanche ainsi ? Le vodoun est d’abord une grande fête populaire à laquelle chacun est convié. ■

YANICK FOLLY/AFP

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e leur parlez plus de poupées vaudoues, ou ils vont vraiment finir par vous ensorceler. « C’est une invention de Hollywood, ça n’existe pas ! », s’entend-on répéter invariablement. D’ailleurs, le mot « vaudou » n’a pas cours ici : en langue fon, ce culte traditionnel des peuples de l’ancien royaume d’Abomey se dit « vodoun ». Et gare aux confusions avec le cinéma d’épouvante : ses adeptes se défendent de toute sorcellerie. En ce début de mois de janvier, le pays se prépare justement à célébrer la religion vodoun en un jour faste, et férié. L’église, le temps de quelques heures, sera au milieu du village : ce culte domestique reclus d’ordinaire dans l’antre cryptique des couvents et des temples sera demain livré à l’exhibition carnavalesque, et tandis que rois et prêtres paraderont dans leurs costumes de cérémonie en d’interminables cortèges, la musique et les danses se substitueront un moment aux consultations discrètes et aux sacrifices privés. Le vodoun se pare de ses habits de fête. La fête du vodoun commence même dès la veille du grand jour au royaume d’Allada, le temps d’une liturgie préliminaire. Parvenus aux portes du palais royal, déjà la fumée des sacrifices se mêle à l’air chaud des lieux, nous sommes attendus au seuil du palais. Notre hôte, le roi Kpodégbé Djigla (littéralement « le léopard a rugi, que les animaux se taisent ! ») fait verser de l’eau sur le sol, que l’on enjambe d’un pas résolu en signe de paix entre le roi et ses invités. On ôte ses chaussures, alors qu’une fanfare résonne dans l’antichambre, suivie aussitôt d’une mélopée reprise en chœur par les femmes de la cour prosternées au pied du trône : l’instant d’après, l’héritier de la plus vieille dynastie royale du Bénin est devant nous en majesté. Si les nombreux rois du pays n’ont plus qu’une fonction traditionnelle et religieuse dans un pays laïc où les adeptes du vodoun côtoient de nombreux chrétiens et musulmans, l’actuelle Constitution reconnaît toutefois leur souveraineté. Symbole d’une volonté de sanctuariser le respect de têtes couronnées, le gouvernement béninois travaille à définir plus précisément le rôle de médiation confié aux rois - tout en remettant quelque peu les pendules à l’heure : il ne suffit pas de brandir un sceptre pour être roi, et sous l’effet des querelles dynastiques et des rivalités entre tribus, nombre de prétendants actuels n’ont en réalité ni royaume, ni sujets, ni vraiment de légitimité historique. « Mettre un peu d’ordre dans ce bazar », c’est l’ambition ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, JeanMichel Abimbola. Justement, le roi d’Allada se présente comme « un passeur de traditions ». « Comme au bout de l’ancienne corde on tresse la nouvelle », ainsi s’escrime-t-il à ancrer résolument le vodoun dans une société béninoise contemporaine où cette religion ancestrale connaît un renouveau flamboyant. Non que la population soit majoritairement adepte du culte des divinités de ses pères, tant s’en faut ; mais au Bénin, le vodoun est aujourd’hui le terreau d’une identité nationale en pleine renaissance, en même temps qu’il s’inscrit dans une vision politique panafricaniste, qui fait du pays le cœur d’un réarmement culturel à l’échelle du continent.

vendredi 17 mars 2023

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Débats autour du monde

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« La Pologne a besoin de la France » LE FIGARO. - Qu’est-ce qui vous occupe en ce moment ? La guerre ? Zbigniew RAU. - Ce qui est dans mes pensées, c’est l’émergence d’une nouvelle constellation géopolitique en Europe, d’une grande importance pour la sécurité de l’Europe centrale et pour la paix en Europe, car elle ouvre la chance d’achever l’unification européenne. Je pense bien sûr à l’Ukraine et à la Biélorussie. Mais ce qui m’inquiète, c’est que certaines capitales en Europe sont toujours attachées à l’idée d’une approche coopérative, dans laquelle la Russie est un des piliers de la sécurité européenne. Ces capitales ne sont pas prêtes à faire face à la réalité : la Russie a détruit l’architecture de sécurité en Europe. Celle-ci doit être reconstruite non pas avec la Russie mais sans elle. Elle doit protéger l’Europe contre une nouvelle agression russe. Cela se fera, car c’est l’intérêt vital de la sécurité de tous les voisins de la Russie.

Zbigniew Rau

2023-04-04T17:00:35+02:00

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Fabien Clairefond

Lors d’un entretien exclusif à Varsovie, le ministre des Affaires étrangères polonais donne une perspective historique rarement développée sur les dynamiques actuelles en Europe, montrant les continuités de la volonté d’entente de l’Allemagne avec la Russie depuis Frédéric II, l’obsession ancienne du « gouvernement par consensus » de la Pologne et la permanence de la tradition impériale russe. Cinglant envers les choix passés de Berlin, le ministre se dit inquiet de voir les cercles politiques à Berlin et, dans une moindre mesure, à Paris, « penser que l’on puisse encore considérer la Russie comme un des piliers » futurs de l’architecture de sécurité en Europe, alors qu’elle « a détruit cette architecture ». Il avertit au contraire que « la Russie constituera dans l’avenir prévisible (…) une menace pour la paix » et qu’il faudra construire la sécurité « sans elle » « pour protéger l’Europe ». Il évoque la « constellation géopolitique qui émerge dans l’est de l’Europe », « chance » que la France doit saisir, en s’ancrant davantage en Pologne.

Ces capitales qui vous inquiètent sont Paris et Berlin ? Sans doute plus Berlin que Paris. Mais dans chaque capitale, il y a un fossé entre ceux qui restent accrochés à l’ancien mode de pensée, à l’idée que la Russie peut faire partie de l’architecture de sécurité tout en restant ce qu’elle est, et ceux qui comprennent que la Russie, qui commet des crimes contre la paix et l’humanité, ne peut rien construire en commun. J’ai une bonne idée de l’état d’esprit des Allemands, car mes ancêtres sont venus d’Allemagne en Pologne. J’en sais moins sur les traditions françaises, mais, intuitivement, je suppose que la France est attirée par la tradition russe en tant qu’empire équilibrant l’influence allemande en Europe, peut-être américaine aussi, dans la tradition gaullienne. Avec l’expérience des deux guerres mondiales, c’est compréhensible. Cependant, nos traditions de relations avec la Russie dans le domaine de la sécurité sont nettement plus riches et intenses. La Pologne a mené des guerres avec la Russie depuis le XVIe siècle. Quant à l’Allemagne, pour comprendre son approche il faut revenir à l’expérience du royaume de Prusse et de la guerre de Sept Ans au XVIIIe siècle : la Prusse est d’un côté, la Russie de l’autre. La Russie attaque la Prusse, la Prusse perd, et, soudainement, le tsar Pierre III inverse les alliances. Il devient le sauveur de la Prusse, et celle-ci passe du côté des gagnants, devenant une puissance régionale européenne parce qu’elle a été du même côté que la Russie. Sous Bismarck, le même mode de pensée prévaut. En revanche, pendant les deux guerres mondiales, l’Allemagne se bat contre la Russie et à cause de cela, elle est vaincue. Et, maintenant, après la guerre froide, l’Allemagne a fait le choix de la coopération économique avec Moscou. Elle a acquis une position privilégiée en Europe parce qu’elle s’est entendue avec la Russie. Si vous regardez qui a défendu historiquement cette approche vieille de 200 ans, initiée par Frédéric le Grand et

continuée par Bismarck, nous arrivons aux… sociaux-démocrates allemands ! Ma question est donc la suivante. Existe-t-il un mode de pensée alternatif pour les Allemands ? La position de l’Allemagne en Europe, même au XXIe siècle, doit-elle être de servir de levier pour la Russie ? La constellation géopolitique que vous évoquez est-elle une fenêtre d’opportunité pour la Pologne, qui voit resurgir sa zone d’influence ? C’est vrai, nous sommes tout proches. Sur la Russie et l’Europe de l’Est, nous avons des siècles d’expertise. L’ignorer est une recette pour l’échec. Il y a deux ans, quand le régime biélorusse a écrasé la révolution démocratique, nous étions très tristes. Mais nous n’avons pas douté de la victoire de la démocratie, car nous nous souvenions de l’écrasement de Solidarité par l’imposition de la loi martiale. Nous savons que les jeunes du printemps biélorusse n’accepteront pas de se soumettre pour toujours ! C’est donc une question de temps avant que n’émerge une nouvelle constellation géopolitique. Concernant l’Ukraine, c’est un changement fondamental de leur vision du monde. Les Ukrainiens veulent faire partie du monde libre et non d’un empire colonial. Ils se battent pour des valeurs, c’est un combat existentiel. Leur armée est la meilleure d’Europe. Ce sont les Spartiates du XXIe siècle ! Cela va changer toute la donne européenne ? L’Europe aura besoin de l’Ukraine pour défendre la paix contre une nouvelle querelle russe. Ma polémique avec l’Allemagne vient de ce que l’élite allemande semble penser le futur de l’Europe en termes de leadership allemand et s’imagine que les Polonais vont participer au « leadership » avec l’Allemagne et la France. Mais la réalité est que la Pologne n’a pas de tradition de leadership, elle a toujours gouverné par consensus ! Pendant trois cent ans, on a eu un État commun avec le grandduché de Lituanie basé sur un principe clair : le libre avec le libre, l’égal avec l’égal. C’était un Commonwealth avec un droit de veto, un Parlement, un roi. Mais on avait deux pouvoirs exécutifs ! L’Allemagne dit qu’elle est prête à assumer son rôle de leader en Europe mais sur quelles bases ? Nous souhaitons un consensus. Il faut comprendre qu’au cours des cinq cents dernières années, tous les pays d’Europe orientale ont perdu leur indépendance au moins deux fois. Toute idée visant à organiser l’Europe sur un plan fédéral nous trouve donc très réticents. Le mode de vote à la majorité qualifiée nous rebute, car il signifie que si vous êtes un État de taille moyenne ou un petit État, la chance que vous soyez en minorité systématique est grande. Et, si votre vote est contré sur tous les sujets, cela veut dire que vous avez une bonne chance de ne pas vous sentir libre. En Europe, Tocqueville est connu pour son travail sur la démocratie en Amérique, mais il avait beaucoup de choses à dire sur notre continent. Il voyait l’Europe divisée entre, d’un côté, les pays qui avaient accepté l’absolutisme aux XVIe et XVIIe siècles et, de l’autre, ceux qui l’avaient ­refusé. Trois pays ont refusé l’absolutisme. L’Angleterre, la Pologne et la Hongrie. Sans vouloir exagérer la perspective historique, ce sont précisément ceux qui se sont rebellés contre Bruxelles. Cela dit, près de 90 % des Polonais sont très heureux de leur appartenance à l’UE, tandis que seulement 20 % ont confiance dans la Commission européenne. Ceux qui prédisent qu’il y a aura un « Polexit » disent n’importe quoi. L’Union est très positive pour l’Europe, mais il faut développer la confiance par de vrais consensus. Êtes-vous déçu par la Hongrie qui a rompu l’unité européenne sur l’Ukraine ? C’est très difficile à comprendre, car nous avons une histoire partagée de mille ans, très spéciale. Nos liens émotionnels sont forts, et la fascination mutuelle. Je suis allé à une cérémonie de célébration de la révolte de 1956 où étaient présents d’anciens insur-

gés nonagénaires. Certains sont venus me toucher, pour toucher un Polonais ! Pourquoi ? Eh bien parce que pendant leur combat en 1956, les habitants de la Pologne communiste allaient donner leur sang pour les Hongrois blessés. À propos de la position hongroise, il faut aussi rappeler qu’après la Première Guerre mondiale le président américain Woodrow Wilson avait écrit que la Pologne devait être ressuscitée et avoir un accès à la mer. Cela a forgé notre relation avec les États-Unis. Mais, après le traité de Trianon, la Hongrie, elle, a perdu 70 % de son territoire ! Un énorme traumatisme. La Hongrie a donc une vision de l’Ouest très différente de la nôtre, particulièrement des États-Unis.

Le prix de la cupidité allemande est payé aujourd’hui par l’Ukraine avec son sang

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Comment voyez-vous l’évolution en Russie ? C’est le point d’interrogation. La Russie n’est jamais aussi forte ni aussi faible que nous le pensons. Le régime pourrait tomber, mais je vois néanmoins la continuité de la tradition impériale russe, interrompue parfois par un « temps de troubles ». La défaite en Afghanistan, celle de Tsushima contre les Japonais… Ce type d’événement extérieur impose d’ordinaire en Russie des réformes intérieures. Mais, à chaque fois, la Russie revient à sa tradition impériale. Dans un avenir prévisible, elle constituera une menace pour la paix en Europe. Pour la limiter, nous avons besoin de l’Ukraine et de sa victoire. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons influencer la pensée russe et interdire la guerre en tant qu’instrument de la politique russe. L’annexion de la Crimée a donné à Poutine une légitimité pour de nouvelles conquêtes. Une erreur stratégique a alors été commise, car des sanctions dévastatrices auraient dû être imposées. L’Allemagne a au contraire choisi de tirer profit de la politique impériale russe en proposant la construction de Nord Stream 2. Le prix de la cupidité alle-

mande est payé aujourd’hui par l’Ukraine avec son sang. Peut-on espérer une Russie renonçant à l’empire si elle perd l’Ukraine ? On ne peut complètement exclure un changement radical. Car existe en effet une autre tradition russe, celle de Sakharov, Politkovskaïa, Memorial. Quand j’étais gouverneur, on a décommunisé la sphère publique. Et, dans ma ville de Lodz, j’ai réussi à changer les noms de 28 rues. L’une d’elles s’appelait Maxime-Gorki, et je l’ai fait rebaptiser rue Andreï-Sakharov, car je voulais défendre une Russie différente. Les Français sont amers depuis l’affaire des contrats Caracal… Ils disent que les Polonais veulent une relation stratégique mais achètent américain ou coréen… Où en est la relation ? Nous parlions français dans nos salons aristocratiques. Mais, concernant nos relations, sachez qu’aux XVIe et XVIIe siècles, la noblesse polonaise se moquait de la monarchie absolue française. La fascination est venue pendant les Lumières, même si Voltaire était euphorique à l’idée de la partition de la Pologne, car c’était un ami de Frédéric et de Catherine II. Ensuite, il y a eu Napoléon, et toute la Pologne est tombée amoureuse de lui, d’une manière qui ne peut être rationnellement expliquée. La France est devenue le point de référence, notamment après l’insurrection de 1863. Aujourd’hui, on a besoin de la présence de la France et d’une relation plus amicale, de confiance. Je ne comprends pas à quel point nous avons négligé ensemble tant de choses. Les Polonais comprennent qu’il n’est pas possible de mettre tous les œufs dans le même panier. On essaie de diversifier, Je n’en dirai pas plus… Mais il y a des opportunités pour la France, d’autant que ses relations se sont compliquées avec Berlin. Il faut solliciter les contrats polonais. Les Américains s’y efforcent, la Corée du Sud aussi. Je ne vois aucune raison que d’autres partenaires puissent croire qu’ils peuvent obtenir des contrats valant des milliards simplement parce qu’ils croient y avoir droit. Mon impression est qu’après 1989, la France a regardé vers le sud et n’a pas considéré que le futur était dans l’est de l’Europe. Mais on vient de signer un contrat pour des satellites français qui va nous rapprocher pour des décennies. On a besoin de plus de culture française. Quand j’étais gouverneur j’avais eu l’idée de créer un musée sur Napoléon et la Pologne. Pourquoi ne pas le faire ? Il y a un très bel hôtel ici qui appartenait à Maria Walewska. Ce serait un extraordinaire endroit pour un tel projet. ■

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PROPOS RECUEILLIS À VARSOVIE PAR

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Impuissant face aux crises, le progressisme se réfugie dans les lois sociétales

L Olivier Rey

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Lors de son discours d’hommage à l’avocate Gisèle Halimi, ce 8 mars, Emmanuel Macron a annoncé la présentation « dans les prochains mois » d’« un projet de loi » pour inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Alors que les sociétés occidentales traversent des crises profondes et chroniques, la multiplication des lois sociétales, l’institution de nouveaux droits ou la constitutionnalisation de droits existant déjà constituent un moyen pour les gouvernants de nier la réalité du déclin et de continuer à entretenir l’illusion d’une élévation générale et d’un progrès en marche, analyse le philosophe et mathématicien*.

es Anciens concevaient le monde comme essentiellement statique (les changements n’étaient guère plus que des vaguelettes à la surface de la mer), ou comme animé d’un mouvement cyclique (sur le modèle des cycles astronomiques), ou encore comme allant se dégradant (âges d’or, d’argent, de bronze, de fer). S’il y a bien une idée qui leur était étrangère, c’était celle d’un monde en progrès. L’image des nains juchés sur les épaules de géants, apparue au Moyen Âge, a amorcé une transition : tout en préservant une supériorité des Anciens (les géants), elle accordait aussi une supériorité à leurs successeurs qui, juchés sur leurs épaules, voyaient plus loin qu’eux. La modernité, elle, n’a plus ces ménagements. L’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, rédigé par Condorcet à la fin du XVIIIe siècle, est emblématique du cadre progressiste dans lequel se trouve désormais pensée l’histoire humaine. Un mouvement général d’élévation, depuis les peuplades primitives jusqu’à une espèce humaine s’affranchissant une à une de toutes ses chaînes, de toutes ses limites, « soustraite à l’empire du hasard, comme à celui des ennemis de ses progrès, et marchant d’un pas ferme et sûr dans la route de la vérité, de la vertu et du bonheur ». Condorcet était versé dans les sciences, particulièrement les mathématiques, et le progressisme comme cadre général de pensée ne se serait sans doute pas imposé comme il l’a fait, au cours des derniers siècles, sans le développement des sciences mathématiques de la nature. Ainsi que l’a écrit Leo Strauss, « la science moderne est la colonne vertébrale de la civilisation moderne ». Ce sont les avancées de la science, nourrissant les avancées technologiques, qui ont solidement accrédité l’idée d’un monde en progrès. Voici cependant que la dynamique, d’abord promesse d’un monde toujours meilleur, revêt des aspects inquiétants. Avec le progrès scientifique, il s’agissait d’éclairer le monde. Le progrès technologique que la science nourrit, en accroissant sans cesse les puissances d’intervention, ne se contente pas, cependant, de répandre la lumière. Il s’est mis à dérégler la terre, à l’épuiser, à menacer

sommets radieux et, une fois à 12, est aujourd’hui de 14 semaines démasqués, nous les poursuivons (soit la moitié de ce qui était censé être de notre haine. » déduit de la Constitution américaine). Comment rassurer la conscience Contrairement à ce qui s’est beaucoup progressiste, rudoyée par l’évolution dit, la Cour suprême, dans son arrêt du monde et des sociétés, quand, de 2022, n’a pas commis un coup de du fait de la « fin de l’abondance », force juridique : elle est revenue sur il n’est plus possible de la satisfaire un coup de force juridique antérieur ; par un déversement toujours plus elle n’a pas interdit l’avortement, elle intense, sur le marché, d’objets a dit qu’il appartenait aux instances de consommation ? En accordant politiques de chaque État de l’Union de nouveaux droits. Il ne me paraît pas de décider de leur législation possible de comprendre la frénésie en la matière (comme les instances avec laquelle on se met à élever politiques ont décidé en France). à la dignité de droits fondamentaux Néanmoins, ce qui devrait être reçu des actes dont, quelques décennies comme un retour à la normale, auparavant, on n’avait même pas idée, quand on se réclame de la démocratie, sans tenir compte de la position a engendré, chez les progressistes, délicate du progressisme. Depuis 1973, un terrible traumatisme. date du premier choc pétrolier, les Il faut les comprendre. Les crises « crises » se prolongent, s’enchaînent non seulement ne se résolvent pas, les unes aux autres, mais s’aggravent et se multiplient. sans discontinuer. L’école est en crise, l’hôpital est en Plus la crise s’aggrave, plus des droits Au point crise, la justice manque de moyens, qu’aujourd’hui la police manque de moyens, l’armée inédits doivent être inventés, le mot « crise », manque de moyens, les coupures afin de donner l’impression que l’on qui était censé d’électricité menacent, l’eau même se fait rare, la dette se creuse, le « vivre continue envers et contre tout d’avancer, désigner un passage transitoire ensemble » a du plomb dans l’aile, etc. d’« aller dans le bon sens » au cours Il faut bien, pour soutenir le moral d’une maladie, progressiste, qu’il y ait un endroit où, ce moment intense et limité dans le indubitablement, cela progresse ! fonction peu à peu m’amène à en perdre temps où se décide le cours ultérieur Dans Révolution, le livre programme l’organe. Plus l’ingéniosité de l’homme des événements, est complètement qu’Emmanuel Macron a publié sera grande, plus l’homme sera usé. Comment concilier une crise fin 2016, le candidat à l’élection démuni des outils physiologiques de devenue chronique avec le maintien présidentielle écrivait : « À l’origine de l’ingéniosité. Ses esclaves de fer et de fil de l’idéologie progressiste ? Réponse : cette aventure se trouvent des femmes atteindront une perfection que l’homme par de la créativité législative. Plus la et des hommes qui veulent avant tout de chair n’a jamais connue, tandis que crise s’aggrave, plus des droits inédits faire avancer le progrès. » Où le faire celui-ci progressivement retournera doivent être inventés, afin de donner avancer, ce satané progrès ? vers l’amibe. Il va s’oublier. » l’impression que l’on continue envers Au moins, jusqu’ici, un terrain Leo Strauss, quant à lui, ouvrait une et contre tout d’avancer, d’« aller demeurait préservé : celui des lois conférence de 1952 (pour lui, la fin dans le bon sens ». Récemment sociétales. Si même là, une de l’insouciance a été plus précoce que le mariage pour tous, la PMA pour rétrogradation est possible, c’est chez notre président) par ces mots : toutes, le libre choix de son genre. le monde qui s’écroule ! Terrible « Le progrès est devenu un problème – il Prochainement, le « droit à mourir blessure, donc, que celle infligée pourrait sembler que le progrès nous ait dans la dignité ». Lors de la dernière par la décision de la Cour suprême conduits au bord d’un abîme et qu’il soit élection présidentielle, Jean-Luc américaine, l’année dernière. Vite, il par conséquent nécessaire d’envisager Mélenchon proposait même faut cautériser la plaie. Ce que la Cour d’autres options. Par exemple, d’inscrire ces deux derniers droits américaine, dans son aveuglement s’arrêter là où nous nous trouvons ou, dans la Constitution. Il s’opposait rétrograde, ne trouve pas dans la si cela s’avérait impossible, revenir en pour sa part à la GPA, mais celle-ci Constitution des États-Unis, nous arrière. » Dans la suite, Strauss nuance n’en est pas moins en gestation allons le mettre dans la nôtre. Peu son propos, mais le constat est là. – et sans doute pléthore de nouveaux importe qu’un droit à avorter, dans Pour autant, rien n’y fait : droits qui restent à imaginer. une Constitution, soit aussi à sa place la structure progressiste, les modes qu’un parapluie de pensée progressistes, les réflexes ou une machine progressistes se sont si bien acclimatés Peu importe qu’un droit à avorter, à coudre sur une en nous, y ont poussé des racines si profondes (y compris chez les dits dans une Constitution, soit aussi à sa table de dissection. Peu importe qu’en réactionnaires) que, quand bien même place qu’un parapluie ou une machine France, ce droit ils nous conduiraient au naufrage, ne soit nullement nous ne sommes pas libres de nous à coudre sur une table de dissection. À défaut en débarrasser. Sans eux, nous avons Peu importe qu’en France ce droit ne soit menacé. d’instituer un désappris à vivre ; sans eux, c’est nullement menacé. À défaut d’instituer nouveau droit, comme si la terre se dérobait sous on peut encore, nos pieds. C’est pourquoi les démentis un nouveau droit, on peut encore, ultime ressource au progrès peuvent s’accumuler, ultime ressource pour se ravigoter, pour se ravigoter, ils apparaissent comme autant constitutionnaliser un droit déjà là constitutionnaliser d’anomalies ou de scandales dans un droit déjà là. un mouvement général vers le mieux. On prend la mesure, dans ce Quand le progressisme se trouve Régulièrement, on entend s’élever contexte, du traumatisme qu’a réduit à de tels expédients, on peut des protestations indignées comme : représenté l’arrêt rendu l’année dire qu’il n’est pas au mieux de « Comment est-il encore possible, dernière par la Cour suprême des sa forme. Je pense au maquillage en France, en 2023, que… » Imagine-tÉtats-Unis, revenant sur l’arrêt rendu de cocotte qui dissimule, tant bien on un ancien Grec dire : « Comment cinquante ans plus tôt, par la même que mal, le teint cadavérique est-il encore possible, à Athènes, durant cour, sur la question de l’avortement. d’Aschenbach, et à la teinture la cent troisième olympiade… », ou e En 1972, les juges avaient déduit du qui se met à couler sur son visage, un homme du XII siècle : « Comment XIVe amendement à la Constitution à la fin de Mort à Venise. est-il encore possible, dans le royaume de France, sous le règne de Louis américaine (ratifié, au lendemain *Polytechnicien, Olivier Rey a enseigné le septième… » : l’idée même est de la guerre de Sécession, pour les mathématiques à l’X et est chercheur grotesque. Mais, comme le relève protéger les droits des citoyens noirs à l’Institut d’histoire et de philosophie Rémi Brague, quoi qu’il arrive, que l’abolition de l’esclavage venait des sciences et des techniques. Il enseigne « nous autres modernes croyons de libérer) que la législation de chaque la philosophie à Paris-I Panthéonque les choses vont de mieux État de l’Union devait garantir Sorbonne. Auteur de nombreux essais en mieux. Y compris dans la liberté des femmes à avorter, salués par la critique, comme « Quand une période de crise, propice et cela jusqu’au seuil de viabilité le monde s’est fait nombre » (Stock, coll. à l’inquiétude, notre surprise du fœtus (soit de 24 à 28 semaines « Les Essais », 2016), « Leurre et malmême et notre indignation de gestation). Imagine-t-on notre heur du transhumanisme » (Desclée témoignent de notre croyance Conseil constitutionnel imposant de Brouwer, 2018), qui a obtenu le prix au progrès : nous pensons pareille chose ? La question Jacques-Ellul 2019, « Gloire et misère que la situation devrait de l’interruption volontaire de de l’image après Jésus-Christ » (Éditions s’améliorer. Par suite, grossesse, en France, a été débattue Conférence, 2020) et « Réparer l’eau » nous cherchons à identifier au Parlement – et le délai maximum (Stock, 2021), l’intellectuel a également des facteurs qui empêchent pour procéder à un avortement, fixé publié, sur le Covid, « L’Idolâtrie de la l’ascension vers les initialement à 10 semaines, puis porté vie » (Gallimard, coll. « Tracts », 2020). de la rendre invivable. Emmanuel Macron lui-même, progressiste en chef, a été obligé d’en convenir : fin de l’abondance, fin de l’insouciance. Les dommages causés au monde, notons-le, ne sont pas seuls en cause : les dommages infligés aux cultures humaines sont également patents, dont le « progrès », au point où nous en sommes, semble moins favoriser l’épanouissement et la fructification qu’accélérer le délitement. Aragon, au sein du Comité central du PC, était manifestement moins convaincu que ses camarades des vertus libératrices de la technique. À ses yeux, le déferlement des nouveaux dispositifs réputés accroître notre puissance d’agir avait pour principal effet de nous vider de notre substance. « Ce progrès qui me prive d’une

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vendredi 17 mars 2023

champs libres le figaro

Opinions Le bloc-noteS

Laurence de Charette [email protected]

En finir avec le règne du moche

L’

ethnologue américain Edward T. Hall, qui effectua des missions à travers la planète, raconte qu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale l’odeur de la baguette sortie du four du boulanger au petit matin dans les campagnes françaises pouvait faire stopper net une Jeep de soldats américains, dont les nez n’avaient jamais été soumis à de semblables effluves outreAtlantique (univers culturellement peu olfactif dans lequel le roquefort n’a pas droit de cité). On imagine sans peine la direction que prendraient aujourd’hui les mêmes Américains, confrontés aux émanations des tas d’immondices qui colonisent depuis des jours les rues de Paris et de plusieurs autres villes françaises… Sans doute reconnaîtraient-

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100 000 citations et proverbes sur evene.fr

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ENTRE GUILLEMETS 17 mars 180 : mort de Marc Aurèle, empereur romain de la dynastie des Antonins et philosophe stoïcien.

Marc Aurèle

La meilleure façon de se venger d’un ennemi, c’est de ne pas lui ressembler

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ils là aussi l’un de ces savoir-faire typiquement français, cet art de la grève érigé sur la proclamation d’un droit dont la spécificité est, chez nous, de prétendre devoir surplomber tous les autres pour exister. Nul besoin toutefois de venir d’Amérique pour s’émouvoir devant la désolation qui s’empare de nos rues. On observe, consterné mais démuni, les petites roues des poussettes tenter de progresser à travers les sacs d’ordures éventrés, en plaignant décidément ces petits passagers qui voyagent dans la ville à hauteur de trottoirs entre des amas de poubelles dégoulinantes de détritus ; et puis on reprend la marche en milieu hostile, sur ce qu’il reste de trottoir ou de rue disponible, en veillant à ne pas croiser la trajectoire d’un rat – fût-il un « surmulot ». Depuis longtemps déjà, les Parisiens, comme beaucoup de Français, s’inquiètent de l’enlaidissement de leur cadre de vie, de cette drôle de grisaille fangeuse, couleur du sale, qui s’étend, tout particulièrement, dans la capitale, gagnée par la médiocrité de la fonctionnalité et abîmée par une longue succession de caprices idéologiques. La Ville Lumière malmenée, négligée, crasseuse sous les ongles, dégage dans les coins des relents viciés. Dans ce contexte, les murs d’ordures qui se dressent depuis quelques jours apparaissent comme un point d’orgue et une allégorie de nos errements, l’aboutissement d’un mépris, voire, pire, d’une méprise. Car les rapports de l’homme et du monde ne se résument pas à la piètre récitation que nous rabâchent ­les soi-disant écologistes qui prétendent sauver la planète en manifestant contre tout, y compris une réforme visant tant bien que mal à préserver l’avenir. Il y a plus dans notre environnement que sa simple matérialité, plus dans nos villes que le tracé des rues et la forme des bâtiments ; et dans nos paysages plus que de la pierre et du vert : il y a ce trait unique qui nous raconte et nous rassure, cette trace du temps dans lequel nous avons part, et cette unicité, cette organicité que nous offre la nature et que nous ont laissée, aussi, les grands bâtisseurs.

Les chefs-d’œuvre que nous ont légués les anciens nous montrent combien l’harmonie qui a présidé à leur élévation est, en réalité, une nécessité pour l’âme et pour l’esprit, avec lesquels elle dialogue secrètement. Si les agents immobiliers ne se privent jamais de mettre en avant le fameux « charme de l’ancien », c’est que l’expression dit bien la séduction, la consolation, qu’exerce sur nous ce quelque chose d’indicible mais d’important - et de bien réel (si l’on se fie à son prix… ) - que l’on peine à retrouver dans nos aménagements présents. Or, la beauté s’adresse à cette part de nous sans laquelle nous ne sommes pas entiers. Le règne du moche nous atrophie, il nous diminue ; et il est même en réalité prouvé qu’il nous tape sur les nerfs. De nombreuses études ont déjà montré les « externalités négatives sur les liens sociaux » générées par un vilain cadre de vie. « Il y a dans le sentiment des arts, écrivait le Pr Lucien Israël, pionnier de la polythérapie dans le traitement des cancers et ancien président de l’Académie des sciences morales et politiques, auteur d’ouvrages passionnants sur l’articulation de nos cerveaux droit et gauche, un non-dit spirituel évident, un appel, une attente de quelque chose qui nous élève au-dessus de notre condition, nous rend plus fraternels, car capables de communier. » C’est ce phénomène, cette communion, estime-t-il, qui sans doute conduisit l’aviation américaine, au plus fort d’une guerre sans merci avec le Japon, à éviter de bombarder Kyoto et ses trésors artistiques, patrimoine de toute l’humanité depuis ses origines. À l’inverse, la laideur appelle la saleté et l’agressivité… Ce que l’on constate tristement aujourd’hui. L’arrangement du monde exerce sur nous des effets tangibles. Le besoin d’embellir notre espace n’est pas superficiel, il est essentiel. La quête de la beauté occupe une telle place dans toutes les civilisations qu’il serait bien vain de la croire facultative : elle semble bien au contraire constitutive. Elle est, elle, profondément

écologique, au sens où elle nous introduit dans un rapport au monde qui n’est plus de l’ordre de la prédation, ni de la destruction, mais de la glorification. Démocratie viciée Qualifier l’usage d’un article de la Constitution d’« antidémocratique », voilà un raisonnement bien spécieux. Comment s’inscrire dans le droit, si ce n’est, précisément, en suivant les textes ? L’utilisation du 49.3, qui permet au gouvernement de faire adopter un projet de loi en engageant sa responsabilité devant le Parlement – possibilité maintes fois utilisée dans la Ve République -, a été l’objet cette semaine d’une dramatisation aussi intense qu’inédite. Évidemment, elle sonne, pour Emmanuel Macron, comme un terrible aveu d’échec et souligne encore un peu plus l’impopularité de sa réforme des retraites. Elle ne relève pas pour autant du « caprice », comme le prétend Olivier Faure, mais du jeu des institutions. Si suivre la loi n’est pas « démocratique », faut-il en déduire que l’inverse - ne pas la suivre - le serait plus ? Voilà un pas que syndicats et Insoumis ne sont pas loin de franchir, annonçant depuis plusieurs jours que, de toute façon, le vote du texte ne freinerait nullement leur mobilisation contre lui… La démocratie « sociale » (la rue) ayant à leurs yeux plus de poids que la démocratie institutionnelle. Inquiétant effritement du politique. À vos passoires La traque aux derniers courants d’air a beau se révéler fort coûteuse et peu efficace, elle compte des adeptes toujours plus nombreux : la Commission européenne, peu soucieuse du droit de propriété, vient d’adopter un projet de directive imposant aux propriétaires de rénover leurs « logements énergivores » avant toute vente. Plusieurs études récentes montrent pourtant que les travaux d’isolation font grimper les prix mais ne poussent pas à la sobriété, au contraire ; et que le levier vert le plus important réside dans le mode de chauffage. L’écologie a tant besoin de discours qu’elle en oublie les résultats.

LA VIE DES IDÉES

Au Sénat, les amis de l’Arménie au secours du Haut-Karabakh

S

FAMA

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

décida son rattachement à l’Azerbaïdjan en 1920. « Ce qui nous rassemble tous est un cri de révolte et d’indignation, continue l’écrivain. Ce qui nous frappe, les méthodes iniques de l’Azerbaïdjan, et de la Turquie derrière. Le peuple arménien se sent abandonné ». Depuis trois mois, seuls quelques convois de la Croix-Rouge, chèrement négociés, ont pu braver le barrage. Les appels internationaux à rétablir la libre circulation restent lettre morte. « En droit international, cela s’appelle un déplacement déguisé de populations, ou, selon la convention de Genève, un déplacement de force », continue Olivier Weber devant la salle comble du pavillon de l’Orangerie. Au premier rang, l’ambassadrice d’Arménie, le représentant du HautKarabakh et le primat de l’Église apostolique arménienne de France. L’émotion est palpable. « Peut-être qu’on crie dans le désert, mais au moins, on aura crié ! », lance Sylvain Tesson quand son tour vient. À ses côtés les écrivains Erik Orsenna et Pascal Bruckner. Ensemble, ils avaient rencontré Emmanuel Macron à l’Élysée fin janvier pour plaider la cause arménienne. « On nous a alors expliqué que le moment n’était pas propice, qu’il y avait le temps diplomatique. On nous

a parlé de la raison d’État », récrimine l’écrivain voyageur avec sa verve coutumière. « La raison d‘État dans la politique, c’est la transposition de la migraine dans l’amour : pas ce soir, chéri ». L’assemblée se gausse. De vieux routiers du combat pro-arménien, mais pas que. Le géographe Emmanuel Ruben, notamment, parle pour la première fois au nom de l’Arménie. « Je ne suis pas ici pour défendre le plus vieux pays chrétien du monde, ni épancher ma turcophobie ou mon islamophobie, annonce tout de go ce spécialiste de l’Ukraine. Cela ne m’intéresse pas de savoir qui est chrétien ou musulman. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir qui est l’agresseur et l’agressé, le plus fort et le plus faible ». Tous appellent l’État français à se mobiliser, car les principes démocratiques de l’Arménie « sont des excroissances de nos valeurs à nous », insiste Olivier Weber. Que les autorités françaises « protègent les habitants de l’Artsakh », qu’elles « demandent une résolution de l’ONU pour mettre fin au blocus », et « que soit appliqué le droit à l’autodétermination des peuples, si cher à la France ». De son côté, que l’Union européenne ait « un message clair », qu’elle cesse son « double langage » envers son fournisseur de gaz azéri, enjoint Gilbert-Luc Devinaz,

président du groupe d’amitié France-Arménie du Sénat. De crainte que « le couloir de Latchine ne devienne le couloir de la mort ». « Il n’y a de solution que politique », tranche à son tour l’ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Son idée : envoyer deux convois humanitaires braver le blocus, au double pavillon français et européen. « Je pense que ce convoi ne serait pas rejeté. Ce serait un événement historique », veut-il croire. L’assemblée se fait particulièrement silencieuse lorsque Hovhannès Guevorkian, représentant en France de la région autonome, prononce les mots de conclusion. « Présenter ce conflit comme un simple différend territorial revient à occulter les droits des 120 000 Arméniens d’Artsakh. Le déni des droits, voilà ce que nous appelons le conflit du Haut-Karabakh », déclare-t-il devant l’assemblée muette, car la haine des Arméniens est constitutive de l’état azerbaïdjanais. « Nous les chasserons tels des chiens, déclarait le président Aliev en 2020. Or, notre résistance consiste à rester des hommes, achève-t-il sous les applaudissements de l’assemblée debout. Nous sommes prêtes à mourir pour garder ce que nous avons de plus humain : notre liberté ». Élisabeth Pierson

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 20 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 12 pages Sur certaines éditions : Figaro Magazine 148 pages Cahier TV 68 pages Madame 104 pages

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Une dizaine de personnalités, dont l’écrivain Sylvain Tesson, était réunies au Sénat ce jeudi 16 mars pour demander à la France d’intervenir dans le Haut-Karabakh.

auver les 120.000 Arméniens du Haut-Karabakh, « cette enclave qui se meurt ». Le cri de l’écrivain et grand reporter, Olivier Weber, ce jeudi matin, est repris à l’unisson par les intellectuels réunis au Sénat à l’invitation de Bruno Retailleau. Voilà 95 jours que le corridor de Latchin, unique route reliant la région arménienne au reste du monde, est bloqué par l’Azerbaïdjan. 20 000 personnes âgées, 30 000 enfants coupés du monde sur cette terre arménienne millénaire, au sort ballotté depuis que Staline

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vendredi 17 mars 2023 le figaro - N° 24 438 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> Focus

Voyages : les litiges ne baissent pas

lefigaro.fr/economie

Afep

Patricia Barbizet prend la tête de l’association patronale Page 25

Yves Rocher

Le groupe mise sur ses nouvelles marques pour se relancer Page 26

Bris Rocher

Industrie verte : l’Europe relève le défi américain

La volonté de la Commission de faciliter la vie des industriels engagés dans la transition énergétique est forte mais n’a pas la force de frappe du plan Biden. Cela fait six mois que l’Inflation Reduction Act (IRA), ce plan de l’Administration Biden de 370 milliards de dollars pour verdir l’industrie américaine, inquiè-

te et agite l’Europe. Après avoir assoupli le régime des aides d’État, la Commission européenne a présenté deux nouveaux volets de son dispositif pour accélérer la

transition énergétique en protégeant les industriels du Vieux Continent. Bruxelles veut notamment réduire la dépendance de l’Europe à l’égard de la Chine pour

les matières premières critiques, au cœur de la transition écologique. Les industriels, de leur côté, s’inquiètent d’une énergie toujours plus chère qu’en Amérique.

Coll. Particulière, SéBASTIEN SORIANO/Le Figaro, Boris Roessler/dpa/via Reuters Connect

èLes 2 volets d’une stratégie verte èDivisés, les Vingt-Sept peinent à se montrer à la hauteur du défi américain èLe prix de l’énergie reste un sujet d’inquiétude pour l’industrie èL’excès de réglementation et de taxes, l’ennemi déclaré des patrons européens Pages 22 et 23

La BCE frappe fort malgré la tempête financière En dépit de l’« incertitude élevée » sur les marchés touchant le secteur bancaire, Christine Lagarde annonce une hausse du taux de dépôt de la BCE à 3 %. page 24

Télétravail

Salariés et entrepreneurs quittent de plus en plus les grandes villes page 25

Swatch

Le groupe horloger suisse vise une année record page 26

LA SÉANCE DU JEUDI 16 MARS 2023

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DOW JONES 32246,55 +1,17% ONCE D’OR 1919,40 (1906,00) PÉTROLE (lond) 74,380 (74,270) EUROSTOXX 50 4124,07 +2,21% FOOTSIE 7410,03 +0,89% NASDAQ 12581,39 +2,69%

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l'histoire

Le ChatGPT chinois rate son entrée en scène

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hatGPT, toujours imité, jamais égalé ? Le géant chinois de l’internet Baidu a dévoilé hier à Pékin Ernie Bot, sa réponse au robot conversationnel américain ChatGPT développé par OpenAI. Une innovation qui n’a manifestement pas convaincu les marchés. Première entreprise technologique à vouloir développer un robot conversationnel dans son pays, le Google chinois déçoit sur plusieurs points. Il n’a présenté qu’une version bêta d’Ernie Bot. Aucune date de lancement n’a pour l’instant été annoncée. De plus, le tchabot ne fonctionne qu’en mandarin et ne vise que le marché chinois. L’interface comprend certains dialectes de Chine, mais elle n’est pas aussi bonne en anglais, a admis Robin Li, directeur général

du groupe, qui a présenté son Ernie Bot sans faire la démonstration de ses capacités. Décidé à enterrer le projet avant même sa sortie officielle, Robin Li a ajouté que son robot conversationnel était « inférieur » à ChatGPT. L’action de Baidu a payé les frais de l’honnêteté de son directeur et a immédiatement chuté de 10 % à la Bourse de Hongkong, où le groupe est coté. Dans un contexte de vive concurrence technologique avec les États-Unis, les prouesses de ChatGPT ont suscité un vif intérêt en Chine. Et ce, même si l’interface américaine est bloquée sans logiciel de contournement type VPN. À l’instar de Baidu, qui planche sur son tchabot depuis 2019, tous les géants de la tech, comme Tencent ou Alibaba, cherchent à mettre au point leur propre robot conversationnel. ■ Salomé Ferraris

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le PLUS du FIGARO éco

Les litiges liés aux voyages, qui avaient explosé en 2020 avec la pandémie de Covid et les nombreuses annulations, sont restés à un niveau très élevé en 2022, avec plus de 18 000 saisines, selon le rapport du médiateur du tourisme et du voyage présenté jeudi en marge du Salon du tourisme, à Paris. Le médiateur peut être saisi gratuitement par le consommateur si les professionnels contactés au préalable par écrit n’ont pas donné de réponse satisfaisante. « Il y a eu presque autant de demandes de médiation en 2022 que dans les deux années Covid précédentes », souligne le rapport. Les litiges avaient explosé (+ 111 %) en 2020, avec 18 332 demandes et avaient encore progressé en 2021, dépassant la barre des 20 000. En 2022, le transport aérien, qui a vu les annulations de vol se multiplier, représente presque deux tiers (65,45 %) des 18 335 litiges. Le médiateur, Jean-Pierre Teyssier, attire l’attention sur les plateformes de réservations en ligne où « les passagers subissent une information insuffisante, source de nombreux litiges, sur plusieurs points » comme « les procédures opaques de remboursement des annulations de vols » ou « l’information insuffisante des règles sanitaires fluctuantes imposées pour pouvoir embarquer ». Il estime que « renvoyer le client à des conditions générales de vente (CGV) trop générales, de plus en plus massives, et difficilement lisibles, est insuffisant ». Les autres litiges concernent les forfaits touristiques (18,21 %), les hébergements seuls (3,89 %) ou les croisières (2,68 %). Le médiateur se félicite que près de 98 % de ses propositions de solution aient été acceptées en 2022 par les parties en présence. FLORENT MAILLET

vendredi 17 mars 2023 le figaro

l'événement

VALERIA MONGELLI/Hans Lucas via AFP

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Les 2 volets d’une

Notre dépendance au gaz russe nous a donné des leçons. Ne remplaçons pas cette dépendance par une autre pour la production de panneaux solaires ou d’autres technologies

369

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milliards de dollars

Thierry Breton, commissaire à l’industrie, le 16 mars

de subventions à l’industrie verte sont prévus dans l’IRA (Inflation Reduction Act) américain.

Bruxelles déploie son arsenal pour bâtir une industrie verte souveraine

25 %

des batteries

pour véhicules électriques dans l’UE sont importées de Chine

40 %

La Commission veut assouplir les règles pour les entreprises engagées dans la transition écologique face à la concurrence exacerbée des États-Unis et de la Chine.

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Correspondante à Bruxelles

Europe La Commission européenne a tiré jeudi les conséquences des chocs sans précédent que l’industrie européenne a dû affronter ces trois dernières années, de la pandémie à la guerre en Ukraine, du protectionnisme croissant de Pékin dans les technologies d’avenir à l’IRA, le plan massif de subventions vertes mis en place récemment par Washington pour doper l’industrie américaine. À Bruxelles, les mots d’ordre sont désormais les suivants : renforcement de la base industrielle européenne, diversification des approvisionnements avec une sélection beaucoup plus attentive des partenaires dans les technologies clé… voire souveraineté de l’UE quand c’est possible. Sans réaction rapide, les Européens prennent le risque de rater les transitions vertes et numériques et de se retrouver piégés dans de nouvelles dépendances toxiques. « Nous voulons être les leaders des industries vertes du futur », souligne le viceprésident de la Commission, Valdis Dombrovskis. « Fini la naïveté ! Maintenant, c’est l’action ! », résume Thierry Breton, le commissaire européen à l’Industrie. C’est le sens des deux projets de législation dans les technologies vertes et dans les matières premières critiques. Le « Net-Zero Industry Act » (NZIA) vise à renforcer les technologies appelées à jouer un rôle clé dans la décarbonation. L’accent est plus particulièrement mis sur huit d’entre elles : panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques, éolien terrestre ou offshore, batteries et stockage, pompes à chaleur et géothermie, piles à combustible, captage et stockage du carbone, etc. Pour toutes ces technologies, Bruxelles se fixe un objectif ambitieux : « approcher ou atteindre, au total, au moins 40 % des besoins annuels de déploiement de technologies stratégiques nettes zéro fabriquées dans l’UE d’ici 2030 », date à laquelle les émissions de CO2 devront avoir baissé de 55 % par rapport à leur niveau de 1990. « Si nous voulons atteindre la neutralité climatique comme nous le prévoyons en 2050 et si nous voulons utiliser toutes les opportunités que cette révolution industrielle nous offre et en relever les défis, nous aurons besoin d’une intensification massive de la fabrication de technologies propres », a justifié le commissaire Frans Timmermans chargé du « Green Deal ». Il s’agit toutefois d’un objectif non contraignant et, à entendre Thierry Breton, le signal adressé au marché est suffisamment clair et fort pour voir se multiplier très vite les projets. D’autant que Bruxelles entend faciliter leur mise en œuvre. Il est

ainsi question d’accompagner l’innovation en multipliant les expérimentations, de renforcer les compétences et surtout de simplifier et de raccourcir les procédures d’autorisation de permis. Les États membres seront tenus de mettre en place un guichet unique. Et, souligne, la Commission, « les procédures d’autorisation seront entièrement en ligne ». Objectif : limiter la paperasse qui assomme les entreprises. Les permis seraient étudiés dans des délais variant de 12 à 9 mois selon les catégories de projets, soit deux fois plus vite qu’actuellement. Les financements publics seront aussi facilités via l’assouplissement du cadre des règles d’État, l’accès aux fonds européens disponibles ou encore via le futur fonds européen de souveraineté promis pour la mi2023. Les besoins de financements sont colossaux. Selon la Commission, les investissements ont représenté 1 000 milliards de dollars l’an dernier et tripleront d’ici à 2030.

Dépendance à la Chine Pour autant, certaines technologies – dont le nucléaire - ne bénéficieront pas des mêmes facilités que les premières. Une décision prise au terme d’un tunnel de réunions et de négociations au sein de l’exécutif européen, entre les collaborateurs des commissaires mercredi aprèsmidi puis entre les commissaires jeudi matin. Sans surprise, la décision finale ne passe pas parmi les États membres pro-nucléaire. « La Commission a fait une erreur. C’est même une faute. Elle professe la neutralité technologique mais elle ne l’applique pas. Elle est censée se fonder sur des considérations techniques et juridiques ! Nous allons récupérer tout cela au Conseil », prévient un diplomate européen. D’autres critiques portent sur la voie protectionniste dans laquelle l’UE semble s’engager. « Une plus grande résilience doit reposer sur une coopération plus étroite avec nos principaux fournisseurs. Les éléments protectionnistes doivent être évités. Le Net-Zero Industry Act doit maintenir les marchés ouverts », met ainsi en garde l’organisation patronale Business Europe.

Quoi qu’il en soit, cette stratégie en faveur des technologies vertes ne sera tenable que si l’UE est aussi capable de réduire ses dépendances dans le domaine des matières premières critiques, importées du bout du monde et souvent d’un seul et même pays : la Chine. « Pour notre niveau souhaité de production d’éoliennes, la demande de métaux de terres rares devrait être 5 à 6 fois plus élevée d’ici 2030 et 6 à 7 fois plus élevée d’ici 2050. Ou prenez les batteries des véhicules électriques : la demande de lithium devrait être 12 fois plus importante d’ici 2030 et 21 fois plus élevée d’ici 2050 », rappelle Valdis Dombrovskis. Si l’Europe ne peut pas faire de miracle dans ce domaine – ses soussols ne sont pas riches -, elle entend néanmoins prendre davantage sa place dans ces activités à très forte valeur ajoutée. Ainsi, la Commission fixe plusieurs objectifs. À ­l’horizon 2030, l’UE devrait être en mesure d’extraire au moins 10 % de sa consommation annuelle, d’en transformer au moins 40 % et d’en recycler au moins 15 %. Par ailleurs, elle ne pourrait pas être dépendante à plus de 65 % d’un seul pays tiers. À la clé donc, des partenariats avec des pays « partageant les mêmes valeurs » ou des accords de libreéchange prévoyant la fourniture de matières premières. Sans compter ce Club de matières premières critiques actuellement en discussion avec Washington. L’UE affirme qu’elle veillera à ne pas piller les pays en question, souvent fragiles. « Nous commencerons à raffiner sur place. Ce n’est pas la démarche des Chinois ou d’autres », souligne Thierry Breton, en promettant également des extractions aussi propres que possible. Cette législation pourrait toutefois faire des vagues parmi les défenseurs de l’environnement. En effet, la Commission propose de donner aux projets d’extraction ou de transformation de matières premières comme un statut de « projets stratégiques », bénéficiant de permis d’exploitation simplifiés. Le Parlement européen et le Conseil vont désormais se pencher sur ces textes. ■

déployées en Europe en 2030 devront être produites dans l’UE

Matériaux critiques

MARTIN BERNETTI/AFP

Anne Rovan £@AnneRovan

des technologies décarbonées

Avec son Critical Raw Material Act (CRMA), l’UE veut réduire sa dépendance aux importations pour l’ensemble des matières premières indispensables à la transition énergétique ou tout au moins diversifier ses approvisionnements. C’est le cas du lithium (en photo, la mine de Calama, dans le désert d’Atacama au Chili), dont environ la moitié des réserves mondiales seraient concentrées dans le triangle andin ChiliBolivie-Argentine.

Le prix de l’énergie reste un sujet d’inquié

Un soutien sous condition au nucléaire Ces derniers mois, chaque texte européen susceptible de contenir le mot « nucléaire » est l’objet d’un bras de fer entre la France et l’Allemagne, chefs de file respectifs des soutiens et des adversaires de l’atome. Dans la proposition de législation de la Commission du « Net Zero Industry Act » (NZIA) de 80 pages, « nucléaire » n’apparaît qu’une seule fois.

Dans un paragraphe définissant les « technologies nettes zéro » (c’est-à-dire décarbonées) susceptibles de bénéficier des aides prévues par le NZIA, sont mentionnées « les technologies avancées pour produire de l’énergie à partir de procédés nucléaires avec le minimum de déchets du cycle du combustible (et) les petits réacteurs modulaires ».

L’industrie nucléaire tricolore aura sans doute à cœur de plaider que les nouveaux EPR (et pas seulement les futurs mini-réacteurs) sont plus vertueux en termes de production de déchets tandis que les adversaires de l’atome entendent bien les exclure des soutiens européens réservés aux réacteurs de 4e génération. F. N.-L.

Elsa Bembaron £@elsabembaron et Emmanuel Egloff £@eegloff

Début février, le géant allemand de la chimie BASF a annoncé vouloir fermer des unités de production de son site historique de Ludwighafen, au bord du Rhin. La raison? « La compétitivité de la région ­Europe » souffre, selon le patron de BASF. L’américain Intel ne cesse, lui, de retarder le lancement de la construction de son usine géante de semi-conducteurs, près de ­Berlin. Les impacts négatifs de la crise que traverse l’Europe commencent à se concrétiser. Mais, pour l’instant, ils concernent surtout l’Allemagne, très dépendante du gaz, y compris pour sa production d’électricité. Pour autant, l’inquiétude persiste aussi parmi les industriels français. « Les prix du gaz et de l’électricité ont baissé mais ils restent encore bien plus élevés qu’ailleurs, notamment aux États-Unis, explique ­Nicolas de Warren, président de l’Uniden, qui rassemble les industriels énergo-intensifs. L’écart de compétitivité à long terme est donc toujours là. » Et risque donc de le rester encore. Les Américains bénéficient d’avantages compétitifs à deux titres. « Ils sont producteurs de gaz naturel. Ils vont s’appuyer

sur cette ressource pour atteindre leurs objectifs de décarbonation en remplaçant pétrole et charbon par du gaz », rappelle Jérémie Haddad, associé EY. Le gaz émet environ deux fois moins de CO2 que le charbon, pour une même production d’électricité. D’autre part, l’Inflation Reduction Act (IRA) de Joe Biden offre un accès à des subventions en cascade pour développer sur le territoire américain des énergies renouvelables. Or du coût de développement des installations éoliennes et photovoltaïques découle directement le prix de l’électricité produite. À ce petit jeu, l’écart de compétitivité entre les États-Unis et l’Europe risque donc de se creuser rapidement, avec un net avantage pour les Américains. Les annonces de Bruxelles en début de semaine sur les évolutions à venir du marché de l’électricité ont un peu rassuré. L’Europe s’oriente vers la mise en place de contrat de différence (CFD), liant les autorités publiques et les producteurs d’électricité et visant à lisser sur le long terme les prix des énergies renouvelables. « La possibilité d’utiliser de l’électricité bas-carbone existante, donc le nucléaire, pour mettre en place les CFD représente une bonne nouvelle », se réjouit Nicolas de Warren.

vendredi 17 mars 2023

l'événement stratégie verte

Le « Net-Zero Industry Act » va créer les meilleures conditions pour atteindre la neutralité carbone en 2050 pour ces secteurs cruciaux : les éoliennes, les pompes à chaleur, les panneaux solaires, l’hydrogène renouvelable ou le stockage de carbone

INDUSTRIE VERTE

100 %

des terres rares

utilisées dans le monde par les aimants permanents sont raffinées en Chine

63 % du cobalt

tude pour l’industrie Un autre levier pourrait être activé par les Européens: les contrats de long terme (PPA), noués cette fois entre les producteurs d’électricité et les grandes entreprises. « Les industriels ne veulent pas revivre le cauchemar de ces derniers mois avec des prix extrêmement ­volatils. Des PPA à 10 ou 15 ans auraient au moins l’avantage de leur apporter de la visibilité, à défaut de prix bas», ajoute Jérémie Haddad. Mais pour cela, encore faudrait-il que l’antitrust européen l’accepte.

Décorréler gaz et électricité

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Les industriels européens appellent aussi à une décorrélation rapide du prix de l’électricité de celui du gaz. Réclamée notamment par la France, cette séparation n’est pas explicitement prévue dans le plan présenté par la Commission. Les électricités renouvelables fonctionnent à coût marginal nul, celui du nucléaire est très faible. Les Français ont très mal perçu le fait de payer leur électricité à un prix corrélé à celui du gaz alors que la production nationale y est peu exposée. D’où l’appel à passer, le plus rapidement possible, à la mise en place effective d’un dispositif permettant d’avoir un prix décorrélé de celui du marché spot (marché de gros où sont

utilisé dans les batteries sont extraits en République démocratique du Congo et 60 % sont raffinés en Chine

négociées des livraisons au jour le jour et où le prix s’aligne sur la dernière centrale appelée sur le réseau, le plus souvent à gaz). Les industriels français, surtout les énergo-intensifs, sont aussi pressés de trouver un successeur à l’Arenh (l’obligation pour EDF de vendre une partie de son électricité aux fournisseurs alternatifs, à un prix bas). Ce dispositif, qui est l’une des raisons de la résilience de l’industrie française comparée à l’Allemagne aujourd’hui, prendra fin en décembre 2025. Compte tenu de l’ampleur des changements à mettre en œuvre, il faut absolument que la loi présentant le nouveau dispositif soit votée avant la fin de l’année. Il faut aller vite, car l’activité industrielle reste difficile, avec des taux d’utilisation des usines pas assez élevée pour rassurer. Et « des carnets de commandes pas excellents, même s’ils ne sont pas catastrophiques non plus », selon Nicolas de Warren. Il n’y aura pas de vague de fermetures d’usines. Mais « il faut regarder la dynamique des investissements industriels ». C’est un ensemble de signaux faibles qu’il faudra observer avec attention. Si on attend une baisse de l’activité industrielle, il sera trop tard, car les usines seront parties ailleurs. Aux États-Unis, par exemple. ■

Décryptage Florentin Collomp [email protected]

Voilà six mois que la promulgation de l’Inflation Reduction Act (IRA) a déclenché un signal d’alarme chez les Européens sur l’avenir de leur industrie. Les subventions massives de Joe ­Biden au verdissement de l’économie américaine (369 milliards de dollars), visant à attirer les ­relocalisations dans l’énergie ou l’automobile, pourraient siphonner 25 milliards d’euros d’investissements du Vieux Continent, selon des estimations préliminaires de la Commission de Bruxelles. Depuis, les décisions ­ d’implantations de sites outre­ Atlantique se multiplient, de Volkswagen à Northvolt ou Tesla, dans l’automobile, les batteries ou les panneaux solaires. Après avoir réagi comme des lapins pris dans les phares d’une voiture, les Européens ont, dans un premier temps, tenté d’amadouer Joe Biden, avant de préparer leur riposte, annoncée ce jeudi à Bruxelles. Emmanuel ­ ­Macron, puis Bruno Le Maire en tandem avec son homologue allemand Robert Habeck, avant ­ Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, ont

­ éfilé à Washington pour plaider d la clémence vis-à-vis de leurs ­industriels. Ils n’auront pu gratter que quelques amendements techniques à la marge. « J’ai dit à mes collègues qu’il était totalement illusoire d’aller négocier avec les Américains », cingle le commissaire à l’Industrie, Thierry Breton. Au lieu de cela, il a appelé au déploiement d’un « fonds de souveraineté » européen pour subventionner les investissements, soutenu par Paris.

Un manque de moyens et d’ambition

Mais l’idée d’une force de frappe financière de l’UE à la hauteur des moyens dégainés en face a été enterrée par la réticence des Allemands, Néerlandais et autres nordiques à lever de nouvelles dettes. Ces « frugaux » ont préféré racler les fonds de tiroirs du plan de relance post-Covid à 750 milliards d’euros, pas encore attribué en totalité. Il est vrai qu’il reste de l’argent, dont les comptables de l’UE en sont encore à vérifier la bonne utilisation. Faute de bazooka financier, les Européens se sont repliés sur l’assouplissement des règles encadrant les subventions des États aux entreprises. Le soutien se fera donc au niveau national. Mais cela profite essentiellement aux plus riches, l’Allemagne et la

France, qui déploient à elles seules 80 % du total des aides d’État dans l’UE. Pour tenter de corriger le tir, la Commission exige que ces subsides soient dirigés en priorité vers les régions les plus pauvres d’Europe. En mêlant la cohésion régionale à la politique industrielle, elle complique les critères pour les industriels, face à la simplicité des aides fédérales pour investir dans n’importe lequel des 52 États américains. Faute d’une politique fiscale propre, l’Europe ne peut pas non plus déployer l’une des incitations les plus efficaces des ÉtatsUnis : les crédits d’impôts. L’Union européenne se rabat donc sur l’amélioration des procédures d’autorisation de sites industriels, qui peuvent nécessiter des années. Thierry Breton promet un « choc d’accélération ». Mais son Net Zero Industry Act prend des allures de nouvelle planification industrielle fixant des seuils de production pour les technologies vertes. L’Europe répond donc au ­protectionnisme décomplexé américain par des mesures de ­dirigisme teinté de bureaucratie qui soulignent son manque de moyens et d’ambition. Sans même parler du handicap majeur du Vieux Continent : un coût de l’énergie trois à quatre fois supérieur qu’outre-Atlantique. ■

L’excès de réglementation et de taxes, l’ennemi déclaré des patrons européens Fabrice Nodé-Langlois £@Fnodelanglois

« Lorsque nous avons tiré le signal d’alarme cet automne, sur l’IRA (le plan de soutien américain à l’industrie verte), on nous a reproché d’être trop alarmistes », rappelle le patron des patrons européens, Fredrik Persson, président de Business Europe. Aussi cet ex-président du patronat suédois ne peut-il que se réjouir de la riposte de l’Union européenne au plan de l’Administration Biden. Le président de Business Europe était à Paris en début de semaine où il a assisté au conseil exécutif du Medef présidé par Geoffroy Roux de Bézieux. Avant les mesures présentées jeudi, Bruxelles avait déjà annoncé un assouplissement des aides d’État. Une course aux subventions n’est pas une bonne réponse, mais nous n’avons pas le choix, l’Europe doit s’aligner sur le niveau de subventions américaines », tranche Roux de Bézieux. « Si l’on est plus vert que les autres, on sera plus cher, au moins au départ. D’où le besoin de protection », résume le président du Medef.



La bureaucratie pèse assurément sur la compétitivité européenne



Fredrik Persson, président de Business Europe

Business Europe a salué jeudi le plan de la Commission sur les matériaux critiques comme « un bon départ ». « Le Covid et la crise énergétique nous ont infligé une leçon : il faut diversifier ses sources d’approvisionnement. S’agissant des matières premières critiques, il faudrait en exploiter chez nous, en Europe, com-

François Bouchon/Le Figaro

La consommation de ce métal dans l’UE sera multipliée par douze d’ici 2030

Divisés, les Vingt-Sept peinent à se montrer à la hauteur du défi américain

Fredrik Persson, président de Business Europe (à gauche), et Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, le 13 mars, à Paris. me dans mon pays, la Suède », appuie Fredrik Persson. C’est bien ce que Bruxelles entend faciliter. Pour autant, les représentants des entrepreneurs jugent que le compte n’y est pas pour aligner la compétitivité de l’industrie du Vieux Continent sur celle de l’Amérique. Le Suédois et le Français pointent la surréglementation comme l’un des ennemis à abattre. « La bureaucratie pèse assurément sur la compétitivité européenne. Par exemple, il faut environ deux ans aux États-Unis pour donner l’autorisation à une nouvelle medtech. En ­Europe, ce sera sept ou huit ans », indique Persson. Et Roux de Bézieux de compléter : « Il y a 116 législations en préparation cette année. C’est de la folie ! Nous ne pouvons pas y faire face. Et pensez aux PME qui sont la colonne vertébrale de l’économie européenne. J’ai plaidé auprès d’Ursula von der Leyen avec mon homologue allemand du BDI pour tester l’impact de chaque législation pour les PME. La plupart de ces textes réglementaires partent

d’une bonne intention, mais cet empilement a un effet cumulatif. » Autre facteur de compétitivité des entreprises, pour l’heure laissé de côté dans la réponse européenne à l’IRA: la fiscalité. « En moyenne, l’Europe a des taxes plus élevées que les États-Unis sur l’énergie et le travail », déplore le dirigeant suédois. « Or, poursuit-il, avec la transition énergétique, numérique et à présent géopolitique, laquelle implique plus d’argent pour la défense, les hommes politiques peuvent être tentés de taxer davantage. » Reste que la fiscalité relève des politiques nationales et que, d’un État membre à l’autre, les taux et les assiettes diffèrent. Tout comme l’énergie, où chaque pays a développé un bouquet différent, avec ou sans nucléaire, avec plus ou moins de charbon. « Chez Business Europe, nous pouvons avoir des opinions différentes, des points de départ différents, résume son président, mais nous avons le même objectif : la compétitivité de l’entreprise et de l’industrie européennes » qui a des marges de progression, face à l’Amérique. ■

A

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pour le lithium

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ursula von der Leyen, présidente de la commission, le 16 mars

Stratenschulte/dpa/via Reuters Connect

Le NZIA (Net-Zero Industry Act) est l’une des réponses de la Commission européenne à l’IRA américain qui subventionne massivement l’industrie verte aux États-Unis. Il entend simplifier la vie des industriels lancés dans la décarbonation à l’instar des producteurs de batteries électriques (ci-contre, l’usine de recyclage de batteries de Volkswagen à Salzgitter, en Allemagne). VW a annoncé récemment la construction d’une usine de batteries au Canada qui bénéficiera des subventions de l’IRA de l’Administration Biden.

23 STACHE/dpa Picture-Alliance via AFP

le figaro

vendredi 17 mars 2023 le figaro

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économie

La BCE ferme dans la tempête financière Malgré les « tensions » sur les marchés qu’elle « surveille de près », l’institution relève son taux de dépôt à 3 %. qui il s’agissait là d’un choix entre « le pire et le moindre mal ». « C’est une sorte de soulagement cet après-midi pour les marchés, commentait, pour sa part, à l’issue de la réunion, Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN AMRO Investment Solutions. La BCE se montre à la fois rassurante, vigilante et prudente. »

Florentin Collomp £@fcollomp

Politique monétaire Crise financière, quelle crise financière ? « Le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidité solides », a tenu à rassurer la Banque centrale européenne (BCE), superviseur des banques européennes, à l’issue d’un Conseil des gouverneurs, jeudi, à Francfort. La BCE entend peser de tout son poids pour dissiper la nervosité sur les marchés depuis l’implosion de la Silicon Valley Bank, outre-Atlantique, la semaine dernière, et l’effondrement de Credit Suisse en Bourse, mercredi. Elle assure « surveiller attentivement les tensions actuelles sur les marchés et se tient prête à prendre les mesures nécessaires » qui s’imposeraient pour maintenir la stabilité financière. Les grands argentiers européens n’ont pas eu la main qui tremble pour confirmer la hausse de 0,50 point, attendue depuis des semaines, de leurs principaux taux directeurs, portant à 3 % le taux de dépôt de la BCE. « Nous ne faiblissons pas dans notre engagement à lutter contre l’inflation et à la ramener à l’objectif de 2 % - qu’il n’y ait pas de doute », a martelé Christine Lagarde. Selon les nouvelles prévisions de la BCE, la hausse des prix dans la zone euro devrait s’établir en moyenne à 5,3 % cette année, avant de diminuer à 2,9 % en 2024 et 2,1 % en 2025. La présidente de l’institution de Francfort a tenu à afficher la sérénité d’une chouette, animal à l’effigie duquel elle arborait une broche au revers de sa veste, déjà vue lors de son premier Conseil des gouverneurs en 2019. Un plaidoyer pour le pragmatisme et la prudence, à michemin entre les « faucons » et les « colombes » qui peuplent le Conseil des gouverneurs. « Trois ou quatre » membres de ce dernier camp sur vingt-cinq ont certes plaidé pour faire une pause dans la hausse des taux menée tambour battant depuis l’été dernier, de peur



Le secteur bancaire est en position bien plus forte qu’il n’était en 2008

Christine Lagarde

d’ajouter à l’instabilité ambiante. Ils ont dû se rallier à la majorité en faveur d’un nouveau tour de vis, malgré le « niveau élevé d’incertitude ». Une décision prise seulement après l’annonce de la recapitalisation de Credit Suisse par la Banque nationale suisse mercredi soir. Pas de panique incontrôlée, comme lors de la faillite de Lehman Brothers en septembre 2008. « J’étais là en 2008 », rappelle Christine Lagarde, qui était alors ministre des Finances de Nicolas Sarkozy. Si « les crises ne sont jamais les mêmes », elle insiste que « le secteur bancaire est en position bien plus forte qu’il n’était en 2008 », en termes de ratios de capital et de règles prudentielles. « Ce n’est pas une crise de liquidité », insiste-t-elle.

« Nous ne faiblissons pas dans notre engagement à lutter contre l’inflation et à la ramener à l’objectif de 2%, qu’il n’y ait pas de doute », a assuré jeudi à Francfort la présidente de la BCE, Christine Lagarde. HEIKO BECKER/REUTERS

C’est pourquoi elle ne juge pas nécessaire « d’arbitrer entre la stabilité des prix et la stabilité financière », son mandat officiel et sa mission implicite. Elle promet à la fois de poursuivre la lutte contre l’inflation par les taux, tout en assurant la liquidité du système financier grâce à « une panoplie complète d’instruments de politique monétaire » et « plus si nécessaire ». Selon Michala Marcussen, chef économiste de Société générale, il n’y aurait d’ailleurs pas lieu d’opposer, dans un dilemme pour la BCE, la stabilité des prix et la stabilité financière. « Si l’on avait une vraie crise financière, on ne serait plus dans une économie dynamique à tendance inflationniste, note-telle. Le resserrement des conditions

financières, et c’est le but recherché, contribue en lui-même à réduire l’inflation. » Pour Franck Dixmier, directeur de la gestion obligataire chez Allianz Global Investors, « la BCE n’avait pas le choix » dans sa décision. « Justifier une pause dans la hausse des taux par les tensions sur le secteur bancaire américain ou suisse équivaudrait à reconnaître que la zone euro rentre dans une crise bancaire », explique-t-il. Même si d’aucuns ont à l’esprit le risque d’erreur monétaire du passé. « Christine Lagarde a porté le taux de dépôt à 3 %, soit son plus haut niveau depuis 2008, année où l’on se souvient que les hausses de la BCE étaient apparues comme contre-productives », prévient Nicolas Forest, de Candriam, pour

Credit Suisse : le soutien des autorités fait éviter le pire

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Danièle Guinot £@danieleguinot

Les autorités financières suisses ont su trouver les mots mercredi soir pour stopper l’hémorragie sur le titre Credit Suisse. Quelques heures après la clôture des marchés, la banque centrale s’est dite prête à soutenir l’établissement en le laissant accéder à des liquidités « en cas de besoin ». Dans la nuit de mercredi à jeudi, la deuxième banque helvétique a annoncé qu’elle allait emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) afin de « renforcer de manière préventive » ses liquidités. Cette bouée de sauvetage était très attendue. Le géant bancaire est systémique : il fait partie du club très restreint des 30 banques dont on juge qu’elles jouent un rôle tellement important qu’on ne peut pas les laisser faire faillite. Le soutien de la banque centrale a permis à Credit Suisse de rebondir en Bourse jeudi. Après s’être envolée de 40 % à l’ouverture, l’action a clôturé en hausse de 19,15 % (2,02 francs). La veille, son premier actionnaire (9,98 %), la Banque nationale saoudienne, avait provoqué un mouvement de panique sur l’action (-24 %) et l’ensemble du secteur bancaire européen en déclarant qu’il ne comptait « absolument pas » investir davantage dans Credit Suisse. « L’emprunt auprès de la banque centrale est destiné à rassurer les investisseurs sur la capacité de Credit Suisse à faire face à des retraits massifs de clients, décrypte Jérôme Legras, responsable de la recherche chez Axiom AI. Son ratio de liquidités est désormais de 200 %, ce qui est

très élevé. » En octobre dernier, le géant bancaire avait perdu beaucoup de clients, effrayés par les rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux sur son état de santé. Or, aux États-Unis, la semaine dernière, la banque régionale Silicon Valley Bank (SVB) est tombée à cause des retraits massifs effectués en quelques jours par ses clients, des start-up de la Silicon Valley. « Tout le monde a cela en tête », pointe Jérôme Legras. Credit Suisse est loin d’être sorti de l’ornière. Ses problèmes restent entiers : absence de rentabilité (il a perdu 7,3 milliards de francs suisses en 2022), problème de gouvernance, de gestion des risques, de réputation… L’ancien fleuron de la finance helvétique accumule les déboires depuis 2019 et un rocambolesque scandale d’espionnage d’anciens cadres. Depuis, quatre dirigeants se sont succédé. La banque vieille de 167 ans a surtout été fragilisée par une nouvelle série de scandales financiers qui lui ont coûté très cher : la faillite de la société financière britannique Greensill en 2021, dans laquelle 10 milliards de dollars avaient été engagés. Et l’implosion du fonds américain Archegos, qui lui a coûté 5 milliards de dollars. « Credit Suisse peine à convaincre les investisseurs de la possibilité de succès du plan de réorganisation et de repositionnement de son modèle d’activité annoncé en novembre 2022 », souligne Xavier Got, analyste chez Generali Investments. Certains estiment que Credit Suisse ne peut pas rester seul. Les analystes de JP Morgan envisagent notamment une reprise par une autre banque, dont son grand rival UBS.

Credit Suisse : l’action rebondit après l’aide de la Banque centrale Cours de l'action Credit Suisse en francs suisses 2,4

2,2

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le 16 mars, après le soutien apporté par la Banque centrale helvétique à hauteur de 50 milliards de francs suisses sous forme d'emprunt

2,02

- 24 %

2,0

le 15 mars

1,8

1,6

- 30 %

dans la matinée du 15 mars suite aux déclarations de la Saudi National Bank

1,4

14 mars 2023

15 mars 2023

Infographie

Source : Bloomberg

Europe, « lesEn banques

sont couvertes contre la remontée des taux d’intérêt, ce qui n’était pas le cas de la Silicon Valey Bank

Jérôme Legras, Axiom AI

16 mars 2023

»

Le retour à meilleure fortune pour l’action Credit Suisse est donc fragile. D’autant que les marchés restent nerveux (le CAC 40 a bondi en fin de séance de 2,03 %). Surtout, les tensions sur le secteur bancaire restent très vives. Sur le Vieux Continent, certaines banques sont restées dans le rouge en Bourse jeudi, après le coup de tabac de la veille : le titre Société générale a par exemple abandonné 1,21 %. Mais, c’est aux États-Unis que la tempête financière a repris. L’action de la banque américaine régionale First Republic, spécialisée dans la gestion de fortune, plongeait jeudi à miséance de 20 %. Certains craignent qu’elle soit le prochain domino à

tomber après les fermetures de trois établissements aux États-Unis (Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate). « Le risque de fuites de dépôts est élevé », pointent les analystes de S&P. Des rumeurs circulaient jeudi sur une possible reprise de First Republic par des grandes banques américaines.

Craintes de contagion Depuis la fin de la semaine dernière, les marchés craignent une contagion des faillites bancaires américaines au reste du secteur financier. « Il y a comme une bombe à retardement sur les marchés, une forme de fragilité psychologique », note Jérôme Legras. Les problèmes rencontrés par la Silicon Valley Bank ou les autres établissements américains sont pourtant spécifiques et sans lien avec les banques européennes. « En Europe, les banques sont couvertes contre la remontée des taux d’intérêt, ce qui n’était pas le cas de la Silicon Valey Bank », ajoute l’expert. Dans ce contexte extrêmement fragile, des deux côtés de l’Atlantique, la classe politique et économique a tenté jeudi de rassurer les investisseurs. En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a déclaré rappelé qu’« il ne voyait pas de menace de nouvelle crise financière ». La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a souligné que le capital des établissements européens « est beaucoup plus élevé qu’il ne l’était il y a 10 ou 15 ans. » La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a, elle, indiqué jeudi qu’en garantissant les fonds déposés par les clients de Signature Bank et Silicon Valley Bank (SVB), les autorités ont permis d’éviter une contagion (avec des retraits massifs) au reste du secteur bancaire américain.



Prudente, en effet, car elle se garde bien, dans ce nouveau climat plus incertain, de donner des indications claires sur la suite des opérations. Alors qu’ils attendaient la semaine dernière encore plusieurs autres hausses de taux, les marchés se plaisent à miser sur la fin du cycle haussier - certains rêvant même que l’augmentation de jeudi serait la dernière. « Dans un environnement extrêmement volatil, le marché ne veut pas comprendre que la persistance de l’inflation va nécessiter de nouvelles hausses », douche Franck Dixmier. Outre-Altantique, où l’on s’attend à ce que la Réserve fédérale ralentisse son durcissement dès la semaine prochaine, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, rappelait jeudi que l’inflation restait « le problème économique numéro un », avant les soubresauts de la finance. Christine Lagarde ne s’en est pas cachée non plus. « Nous avons encore du chemin à parcourir » pour relever les taux face à l’inflation, à condition que la panique financière se calme. Rendez-vous au prochain conseil de politique monétaire le 4 mai. Par ailleurs, les économistes de la BCE ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance dans la zone euro pour cette année à 1 %, mais les réduisent à 1,6 % les deux années suivantes. ■

en bref Toyota sur le point de céder son usine russe £ Le géant japonais, qui avait stoppé il y a un an la production de son usine située près de Saint-Pétersbourg, s’apprêterait à « transférer » ses actifs à l’organisme public russe Nami, selon l’agence Tass. Le même repreneur que celui des activités d’Avtovaz, la filiale de Renault. L’usine de Toyota a une capacité de 100 000 unités par an. Elle produisait des Camry et des RAV4 pour le marché russe et les pays voisins.

électricité : la france a évité les coupures cet hiver £ La France a évité cet hiver douze signaux Ecowatt rouges, synonymes de possible coupure, a indiqué jeudi RTE, gestionnaire du réseau haute tension. L’Hexagone y est parvenu grâce à une consommation d’électricité réduite d’environ 9 % et à des importations de courant à l’étranger. À l’automne, RTE avait averti d’un risque de coupures en raison de la moindre production d’électricité nucléaire, entravée par des problèmes de réacteurs en maintenance ou en réparation.

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le figaro

Entreprises

vendredi 17 mars 2023

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Patricia Barbizet choisie pour prendre la tête de l’Afep Celle qui est une des premières femmes à s’être imposée dans de grands groupes va succéder à Laurent Burelle à la tête de l’association patronale. cécile crouzel £@ccrouzel

patronat Passage de relais à l’Afep, l’association patronale qui regroupe 117 parmi les plus grandes entreprises françaises. Jeudi matin, son conseil d’administration a désigné à l’unanimité Patricia Barbizet pour succéder à Laurent Burelle à sa présidence à compter du 1er juillet 2023. Pour la première fois, une femme va donc prendre la tête de cette puissante organisation, fondée en 1982 par un patron emblématique, Ambroise Roux (il a dirigé la CGE), et pilotée depuis lors par des figures du capitalisme français. « Cela atteste de l’évolution des entreprises françaises, qui sont plutôt en avance sur ces questions par rapport à leurs homologues européennes », note Patricia Barbizet. « Personne n’a utilisé cet argument, et c’est une très bonne chose », souligne Laurent Burelle, le président de l’Afep et de l’équipementier automobile Plastic Omnium.

Estelle Brachlianoff chez Veolia, Sabrina Soussan chez Suez, Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange : ces trois dernières années, de plus en plus de femmes ont pris la direction de grands groupes français. Patricia Barbizet fut leur devancière. Après une entame de carrière chez Renault, elle a été pendant vingt-neuf ans, de 1989 à 2018, le bras droit de François Pinault. Elle a ainsi participé à l’aventure de la construction et du développement de ce groupe, devenu Kering, et a longtemps piloté la holding de la famille, Artemis. Cette diplômée de l’ESCP Europe a siégé et siège encore au conseil d’administration de nombreux fleurons français (Pernod Ricard, CMA-CGM et Arcelor Mittal au 1er juillet 2023). Aujourd’hui, elle est également présidente de la société d’investissement Temaris et Associés, et dans un tout autre domaine, de la Philharmonie de Paris. Avant de prendre la tête de l’Afep, elle lâchera la présidence

Depuis cinq ans, Patricia Barbizet est présidente du Haut Comité de gouvernement d’entreprise (HCGE), qui est chargé de veiller à la bonne application du code Afep-Medef.

Ma mission « sera de me

battre pour la compétitivité de nos entreprises, et pour le développement économique de notre pays. Avec deux grands enjeux : être dans la course en matière d’innovations, et réussir la transition écologique

»

Patricia Barbizet

Collection Particulière

du comité de surveillance des investissements d’avenir, ce programme public de soutien à l’innovation. « Pour la présidence de notre association, il faut quelqu’un de grande expérience, qui ait exercé des fonctions de direction et de mandataire social, qui soit indépendant de l’État et sache travailler avec des secteurs variés. Et qui ait de l’envie et de l’enthousiasme. Patricia Barbizet répond à toutes ces exigences », souligne Laurent Burelle.

Connaissance de la maison Celle qui dirigera l’Afep à compter de juillet prochain connaît bien la maison. Elle a siégé au conseil de l’association de 2014 à 2018. Depuis cinq ans, elle est présidente du Haut Comité de gouvernement d’entreprise (HCGE), qui est char-

gé de veiller à la bonne application du fameux code Afep-Medef fixant des recommandations aux entreprises en matière de rémunération et de gouvernance. Un poste sensible, où le succès d’une année se mesure à l’absence de polémiques publiques. À l’Afep, en général, la discrétion est une vertu. « Je présidais l’Afep depuis mai 2017. Il était nécessaire de passer à une autre étape », estime Laurent Burelle. L’ADN de l’Afep ne changera pas. « Ma mission sera de me battre pour la compétitivité de nos entreprises, et pour le développement économique de notre pays. Avec deux grands enjeux : être dans la course en matière d’innovations, et réussir la transition écologique », précise Patricia Barbizet. L’Afep continuera par exemple à

militer pour la baisse des impôts de production. Mais les batailles les plus cruciales se jouent de plus en plus à Bruxelles, où l’organisation a d’ailleurs un bureau. « La réussite de la transition verte est une question majeure. Il y va de l’avenir de notre industrie. Alors que les États-Unis, avec l’IRA, ont mis en place un système simple de réductions d’impôt, l’Europe impose des normes et accorde des subventions à un rythme très lent. Si on continue comme ça, cela ne marchera pas », alerte Laurent Burelle. Autre sujet d’inquiétude : la directive en préparation sur le devoir de vigilance des multinationales, nettement plus dure que la loi française. Sur tous ces sujets, l’Afep travaille avec ses homologues européens. Le mandat de Patricia Bar­bizet s’annonce dense. ■

Télétravail : les Français quittent de plus en plus les grandes villes Selon l’Insee, le travail à distance a modifié le rapport des ménages français à leurs lieux de résidence. Louise Darbon £@louise_dbn

Emploi Avec l’arrivée du Covid et des restrictions sanitaires, bien des Français ont été contraints de travailler depuis chez eux. Et certains ont pris goût au télétravail. Se disant au passage qu’ils ne seraient pas plus mal au vert et ne verraient pas d’inconvénient à déménager. Trois ans après, la tendance consistant à quitter les grands centres urbains pour aller s’installer dans les plus petites villes semble se confirmer et même s’accélérer, indique une étude de l’Insee publiée ce jeudi. Selon ses auteurs, la dynamique enclenchée en 2020 par l’arrivée simultanée (et corrélée) des mesures pour limiter la propagation du virus et de la généralisation du télétravail « a pu contribuer à modifier les choix du lieu de résidence, et notamment conférer plus d’attractivité à des lieux d’habitat plus éloignés du lieu de travail ». Pour mesurer l’ampleur du phé-

nomène, « nous avons comparé les données de déclarations sociales nominatives faites par les entreprises, aux lieux d’habitation des employés. On y voit que la distance minimale domicile-travail que parcourent les 10 % des Français les plus éloignés de leur lieu de travail a augmenté, surtout à Paris et dans les villes de plus de 700 000 habitants », explique Isabelle Kabla-Langlois, directrice régionale Île-de-France de l’Institut. Une hausse surtout significative pour les emplois « télétravaillables », précise-t-elle. Si de nombreux salariés ont sauté le pas, c’est aussi le cas des entrepreneurs. Marie, autoentrepreneuse dans le domaine de la création digitale, a déménagé dans un village du Nord, quittant l’agglomération lilloise : « J’habite désormais une maison à la campagne, avec mon propre bureau, ce qui a considérablement amélioré ma qualité de vie et de travail », explique celle qui, de temps à autre, continue à fréquenter des espaces de coworking.

Nathanaël Mathieu, lui, n’avait bien sûr pas anticipé le Covid, mais s’est d’autant plus félicité de son choix d’avoir déjà fait ses cartons quelques années auparavant. Ce chef d’entreprise, président et cofondateur de la plateforme digitale Neo-nomade, qui permet d’identifier des espaces de coworking, a quitté Paris pour

Cette tendance, motivée par une quête d’amélioration de la qualité de vie, concerne naturellement les emplois « télétravaillables ». Halfpoint stock.adobe.com

s’installer à Nantes il y a une décennie. Paris « n’était plus adapté à la vie de famille », dit-il. Une décision qui a aussi permis à ses salariés de lui embrayer le pas, et d’autant plus dans la foulée de la pandémie : « Notre équipe est présente géographiquement partout à travers la France, alors que nos bureaux sont à Paris, grâce au télétravail », explique-t-il.



Paris n’était plus adapté à la vie de famille



Nathanaël Mathieu

L’étude de l’Insee montre clairement que les régions déjà connues pour leur attractivité ont encore renforcé leur image et attiré une bonne part des mouvements de population depuis la crise, à l’instar de l’Arc atlantique et du sud de la France. Alors qu’inversement, les Français ont plutôt tendance à quitter la région parisienne, le Grand Est et

les Hauts-de-France. Ainsi, pour 35 nouveaux ménages arrivés en Île-de-France en 2022, on en compte 100 qui quittent la région. Un ratio légèrement audessus de celui de 2021 mais toujours très en deçà du niveau d’avant-crise, et surtout bien inférieur à celui des autres régions de l’Hexagone. Ces nombreux départs de la région parisienne (dont notamment de nombreuses familles avec jeunes enfants) bénéficient à tous les autres territoires de la France métropolitaine, notamment aux petites et moyennes villes, note l’Insee. Ainsi dans les petites aires urbaines, le ratio entre arrivants et sortants dans les villes de moins de 50 000 habitants atteint 1,28 en 2022, alors qu’il était de 1,19 en 2019. « Via ma plateforme d’identification des espaces de coworking, on constate bien cette tendance à la hausse de la fréquentation des entrepreneurs dans des zones moins denses et moins peuplées », conclut Nathanaël Mathieu. ■

Laurent Mignon redouble d’ambitions pour Wendel

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milliards d’euros

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Montant des investissements prévus dans les deux prochaines années

Danièle Guinot £@danieleguinot

Investissement « Ma mission est de définir et de mettre en œuvre une stratégie ambitieuse pour Wendel », résume Laurent Mignon, le nouveau président du directoire de Wendel. Trois mois seulement après son arrivée à la tête du holding d’investissement attaché à la dynastie des maîtres de forge de Lorraine, l’ancien patron de la banque BPCE a fixé les grands axes stratégiques pour développer Wendel. Ils passent notamment par la diversification dans le private equity. Afin de prendre des

parts dans des sociétés non cotées, le groupe va créer un fonds d’investissement pour compte de tiers. Ce virage dans la gestion de capitaux n’appartenant pas à la famille permettra au holding tricentenaire coté en Bourse à la fois de partager les risques et de générer des commissions de gestion. Laurent Mignon, qui a passé quatorze ans à la tête de la banque Natixis, puis de sa maison mère, BPCE, a de l’expérience en la matière. « C’est le bon moment pour se lancer dans ce métier en pleine transition », estime le dirigeant, qui refuse de livrer ses ambitions en matière de levée de fonds. Pour accélérer dans ce nouveau métier, il

n’exclut pas de réaliser des acquisitions de sociétés de capital-investissement. Laurent Mignon compte, par ailleurs, « fortement accélérer le rythme d’investissement » de Wendel dans les entreprises. Il s’est fixé pour objectif d’investir 2 milliards d’euros au cours des deux prochaines années. Depuis 2018, Wendel a divisé par deux le nombre de ses participations. Il ne détient plus aujourd’hui que sept sociétés en portefeuille : Bureau Veritas (certifications…), la société de finitions pour le cuir Stahl, Crisis Prevention Institute (formation), ACAMS (certification…), IHS (infrastructures télécoms), Tarkett (revêtements de

sol) et Constantia Flexibles (emballages). Une frilosité qui a été reprochée par la famille actionnaire à André François-Poncet, l’ex-président du directoire, parti fin 2022. La valeur des actifs en portefeuille (ANR) atteignait l’an passé 7,45 milliards d’euros, en baisse de 9,2 % sur un an, en raison notamment du recul des marchés actions. Le résultat net a lui chuté de 40 % (656,3 millions d’euros).

Dix sociétés en portefeuille « Dans deux ans, Wendel devrait avoir une dizaine de sociétés en portefeuille », assure Laurent Mignon. Les entreprises visées seront implantées en Europe de l’Ouest et en

Amérique du Nord et positionnées dans trois secteurs : les services aux entreprises, les télécoms et technologie (TMT) et la santé. «Ces secteurs seront affinés dans les mois à venir », précise Laurent Mignon. Le montant moyen de chaque acquisition avoisinera 500 millions d’euros. Wendel sera principalement un actionnaire majoritaire « influent et actif, capable d’identifier les gisements de croissance ». L’ensemble de ces nouvelles orientations stratégiques doivent permettre de générer un rendement supérieur à 10 % sur le long terme. « Nous avons tous les outils pour y parvenir », assure Laurent Mignon. ■

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Le holding familial va créer un fonds d’investissement pour se diversifier dans le private equity.

vendredi 17 mars 2023 le figaro

26 Entreprises

Yves Rocher contraint à une cure de jouvence Le pionnier de la cosmétique naturelle mise sur deux autres marques pour grandir aux États-Unis et en Asie. Le groupe mise égalent sur l’Asie du Sud-Est (Vietnam, Thaïlande, Malaisie, Indonésie). Autre inflexion notable, Bris Rocher ne semble plus si attaché à ce que les produits soient vendus seulement dans ses propres boutiques à l’étranger : « Dans certains pays, on pourrait imaginer que les produits Yves Rocher soient vendus dans des parfumeries. » L’expérience du Covid n’est pas étrangère à ce changement de doctrine. La guerre en Ukraine, peut-être aussi. En choisissant de maintenir ses activités en Russie, le groupe Rocher n’a pas manqué d’écorner l’image que lui offre son statut d’entreprise à mission. « Je condamne fermement l’agression russe et mes pensées vont évidemment aux victimes, martèle le dirigeant. Si j’ai choisi de rester en

Ivan Letessier £@IvanLetessier et AMÉLIE RUHLMANN £@amelie_ruhlmann

cosmétiques Toujours pas remis des conséquences de la pandémie de Covid-19, Groupe Rocher est contraint de réviser sa stratégie. Le groupe breton, créé en 1959 par Yves Rocher, doit « transformer rapidement ses modèles d’affaires, réduire ses coûts et accélérer ses synergies afin de gagner en agilité et de délivrer des économies pour financer la croissance de ses marques et repartir en conquête le plus rapidement possible », résume Bris Rocher, son PDG. En février, le groupe, aussi propriétaire de Stanhome, Pierre Ricaud et Petit Bateau, avait annoncé la suppression de 300 postes en France et la fermeture possible de l’usine de Ploërmel. Le petit-fils du fondateur prévient que « les dix-huit prochains mois seront importants, avec des décisions parfois difficiles, mais nécessaires ». Quand d’autres acteurs de la beauté, le leader mondial L’Oréal en tête, ont largement dépassé leurs performances d’avant crise, Groupe Rocher en est encore loin. L’an passé, son chiffre d’affaires était en recul de 13 % par rapport à 2019, à 2,3 milliards d’euros. Sa rentabilité nette (5 % en 2019, 3 % en 2021) s’est affaissée l’an passé, à un niveau que le groupe ne peut encore communiquer pour le moment. « Le groupe reste rentable et va bien, mais il a été affecté par ce qu’il a subi depuis trois ans, assure Bris Rocher. Urgence écologique, transformation des modes de consommation, conséquence de la pandémie… Nos boutiques sont restées fermées pendant sept mois. Cela fait quinze ans que je dirige le groupe, et je n’avais jamais vu un truc aussi violent. » Cette contreperformance semble paradoxale pour le pionnier de la cosmétique naturelle, même si son positionnement est désormais repris par la totalité des acteurs du secteur. « Durant la crise sanitaire, nos clients se sont repliés sur les points de ventes ouverts, tels les pharmacies et les supermarchés, explique Bris Rocher. Mais ce transfert n’est que conjoncturel. » Le dirigeant en veut pour preuve



Remembrement des terres agricoles, tests sur les animaux, sacs plastiques : sur tous ces sujets, mon grand-père a eu une longueur d’avance



Bris Rocher, pdg du groupe rocher

la performance d’Yves Rocher en décembre 2022, où les ventes ont retrouvé leur niveau de fin 2019. Bris Rocher veut continuer de capitaliser sur l’histoire du groupe, son statut d’entreprise à mission et son engagement de plusieurs décennies en faveur de la préservation de la nature. « Remembrement des terres agricoles, tests sur les animaux, sacs plastiques : sur tous ces sujets, mon grand-père a eu une longueur d’avance », rappelle-t-il, non sans fierté. Fort de cet héritage, le dirigeant veut rétablir le leadership de la marque sur le segment de la « green beauty ». « Nous avons en interne de véritables experts botaniques, capables de déchiffrer le génie des plantes, s’enthousiasme-til. Mais peut-être que cela ne se sait pas assez. » C’est justement pour communiquer mieux et davantage que le groupe veut réaliser des économies. Alors que certaines entités du groupe peinent encore à être

« Nous avons en interne de véritables experts botaniques, capables de déchiffrer le génie des plantes », explique Bris Rocher, PDG du groupe Rocher. S. SORIANO/Le Figaro

identifiées par la clientèle française, Bris Rocher souhaite aussi « accentuer la singularité de chaque marque », trop longtemps occultée par le navire amiral breton. L’américain Arbonne, racheté en 2018, sera le fer de lance de Rocher sur le marché américain de la « clean beauty ». La pépite israélienne Sabon, reconnue pour son exfoliant aux cristaux de la mer Morte, est, elle, promise à devenir la vitrine « premium » du groupe, notamment en Asie. Pas question, en revanche, de chambouler le positionnement d’Yves Rocher, qui « a vocation à rester accessible au plus grand nombre ». Pas de remise en question non plus du réseau, très dense, de boutiques Yves Rocher en France. Mais la marque historique devra faire de la place aux nouveaux venus. Bris Rocher ne cache pas sa volonté de « rééquilibrage ». « Yves Rocher représente aujourd’hui la moitié du chiffre d’affaires du groupe. Auparavant,

c’était deux tiers », note le PDG, qui a appris qu’il n’est « jamais très sain pour un groupe de dépendre d’une seule entité ». Pragmatique, le dirigeant l’est aussi sur ses envies d’ailleurs. Si l’internationalisation est toujours au cœur de la stratégie 2030, Bris Rocher garde la tête froide. Fini l’« expansion à marche forcée » de la dernière décennie, qui avait vu des centaines de magasins Yves Rocher ouvrir leurs portes en Turquie, en Russie, en Espagne. Comme il le reconnaissait déjà avant la pandémie, Brice Rocher a les yeux rivés sur l’Amérique et l’Asie, « deux continents au potentiel énorme », qui lui échappent encore partiellement. Pour conquérir le marché asiatique, friand de beauté haut de gamme, Bris Rocher peut tabler sur son atout « luxe » : Sabon. En Chine, les produits de la griffe sont d’ailleurs déjà commercialisés par un partenaire local, avec qui Rocher veut créer une coentreprise.

Russie, c’était pour soutenir mes équipes présentes dans le pays. Je ne voulais pas rajouter du malheur. C’était ma responsabilité d’employeur. » Et le dirigeant d’ajouter : « Stopper l’activité aurait eu une conséquence sur les volumes. Or, impacter les volumes, c’est mettre en danger les employés qui travaillent en Bretagne. » Si le groupe s’apprête à faire ses arbitrages en matière de présence géographique, voire de marques, son patron est optimiste dans sa capacité de rebond. Mieux, il n’exclut pas, le moment venu, des acquisitions pour se renforcer dans les cosmétiques haut de gamme. Surtout, son patron ne renonce à aucun de ses engagements sociétaux et assure que ces derniers ne sont pas incompatibles avec les mesures douloureuses qu’il a prises. « En tant qu’entreprise à mission, nous avons à cœur de concilier profit et durabilité. Mais les réorganisations dans un groupe sont indispensables, pour se transformer, c’est-à-dire pour survivre. » ■

Swatch Group s’estime capable de réaliser une année record L’horloger mise sur le rebond de la Chine pour atteindre une hausse de ses ventes comprise entre 10 % et 15 %. olivia détroyat £@oliviader

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bienne (suisse)

horlogerie « Tout semble aligné pour que 2023 soit une bonne cuvée, et nous pensons avoir les armes pour réaliser une année record. » S’ils restent optimistes pour l’année en cours, peu d’acteurs du luxe se sont hasardés à des prévisions. C’est pourtant le cas de Nick Hayek, le directeur général de Swatch Group (Swatch, Tissot, Omega, Longines…). Après une année pénalisée par le Covid en Chine, celui-ci défie le manque de visibilité ­ ambiante. En 2022, l’horloger ­ suisse a souffert d’un manque à gagner de 700 millions, lié aux restrictions sanitaires et à la vague pandémique cet automne en Chine (40 % de son activité, selon les analystes). Cela a limité sa croissance à 2,5 % en 2022, à 7,45 milliards de francs suisses. Mais, après ce trou d’air, le fils du fondateur estime atteignables les 10 % à 15 % de croissance pour son groupe. Cela porterait son chiffre d’affaires entre 8,5 et 9 milliards. Très exposé à l’Asie, Swatch Group compte évidemment sur le réveil de l’empire du Milieu, où l’envie de consommer perçue dès la fin de la politique

« zéro Covid » se confirme. « Le pays n’est pas encore à plein régime, mais, comme dans tous les endroits qui ont été très contraints avec la pandémie, les ventes repartent vite. C’est particulièrement vrai dans nos magasins, plus que chez les détaillants, plus prudents à l’heure de relancer les commandes », explique le directeur général. Ses griffes d’entrée et milieu de gamme (Swatch, Tissot) profitent déjà de la reprise de la fréquentation en magasin. « Sur le haut de gamme, ce n’est pas encore l’explosion, car les gens sont encore dans l’attente, impatiente, de revoyager, détaille Nick Hayek. Mais cela se sent à Macao ou Hong­kong, où la consommation est déjà repartie. »

Stocks d’or et de produits semi-finis en hausse

Cette reprise des voyages dans la zone est de bon augure pour Swatch Group, par ailleurs fortement exposé au travel retail. Selon Bernstein, ses ventes en gare et en aéroport étaient tombées de 1 milliard à 350 millions de francs suisses entre 2019 et 2022. Pour le groupe biennois, la Chine n’est pas l’unique raison d’espérer. Aux États-Unis, « et sauf gros choc boursier », selon

Peter Steiger, à la tête du contrôle de gestion du groupe, la dynamique de croissance devrait se poursuivre. Depuis 2019, Swatch Group, longtemps en retard au pays de l’Oncle Sam, a doublé sa part de marché, pour la porter à 15 % en 2022. Il continuera d’étof-

L’an dernier, Swatch a vécu une renaissance, avec la MoonSwatch, fruit de sa collaboration avec Omega, qui s’est écoulée à plus d’un million d’exemplaires en neuf mois. Swatch

fer son réseau de distribution, à la fois via des magasins en propre, comme à Los Angeles, et chez les détaillants. Chez ces derniers, il compte sur l’attractivité retrouvée de sa marque d’origine. En 2022, Swatch a ainsi vécu une vraie renaissance avec l’immense carton de la MoonSwatch. Lancée il y a un an, cette collaboration avec sa consœur de luxe Omega s’est arrachée : plus de 1 million d’exemplaires ont été écoulés en neuf mois. À titre de comparaison, l’ensemble des marques suisses de sa catégorie (moins de 400 francs suisses) s’écoulaient à 8 millions d’unités en 2021. Le groupe a augmenté de 110 à 180 le nombre de points de vente de sa montre star. Pour préserver cette désirabilité, il limite désormais à une le nombre de MoonSwatch par personne et par visite. Et il ne la vend pas en ligne. « Ce succès a bénéficié à Swatch, mais rejaillit aussi sur d’autres marques de la maison », estiment les analystes de Bernstein. Avec un chiffre d’affaires gonflé jusqu’à 50 % pour les magasins qui vendent cette édition phénomène, la recette fonctionne. Plus largement, le géant suisse mise sur ses marques d’entrée et de moyenne gamme (Tissot, Rado, Longines, Hamilton…). Sur

ce créneau, « nous sommes tous seuls, tous les autres ont abandonné, se félicite Nick Hayek. Oui, le luxe, c’est bien, mais nous voyons aujourd’hui que ce sont ces segments accessibles qui ont les plus forts taux de croissance. » Ce niveau de demande, que Swatch Group voit partout au beau fixe, n’est pas sans poser de défis à l’horloger, qui compte trois de ses marques dans le top 10 mondial. Notamment sur ses approvisionnements. Signe de sa confiance, et pour éviter les goulets d’étranglement, le groupe est en train d’augmenter ses stocks de 8 %. Non pas sur les montres en elles-mêmes, qui peuvent passer de mode, mais plutôt sur les matières premières (or, diamants…) et les produits et mécanismes semi-finis. Enfin, alors qu’il a plutôt bien absorbé l’inflation l’an dernier, « la donne devrait changer en 2023, notamment avec la hausse des ­salaires et des loyers », reconnaît Peter Steiger, qui s’attend à une hausse annuelle des coûts autour de 3 % à 4 %. Rarement le premier à monter ses tarifs, le groupe suisse vient de redorer de 4 % ses prix moyens pour absorber ces surcoûts, « sans que cela pèse sur la consommation de nos marques », conclut Nick Hayek. ■

le figaro

vendredi 17 mars 2023

Entreprises

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Sébastien SORIANO/Le Figaro

TotalEnergies cède 1 600 stations-service à Couche-tard

« Nous sommes l’opérateur européen avec la plus forte croissance, et de loin », revendique Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad.

Télécoms : en grande forme, Iliad vise le top 3 européen Après une année de croissance « record », le patron de la maison mère de Free, Thomas Reynaud, redouble d’ambition pour son groupe.

Relais de croissance Nouveau statut, donc, même si les recettes du passé ont toujours la cote. Alors que les concurrents augmentent leurs tarifs, Iliad se positionne en France en champion du pouvoir d’achat, fidèle à son ADN, avec des tarifs « qui n’augmenteront pas jusqu’à 2027 pour les forfaits à 2 et 19,99 euros », promet le dirigeant. Avec la normalisation des investissements liés à la fibre ou sur la 5G, le groupe dégage aussi plus de cash. Ayant renforcé son bilan avec plusieurs cessions dans les infrastructures et opérations de crédit en 2022, le groupe revendique une « structure financière très solide ». De quoi attaquer frontalement le marché des entreprises ? Pour 2024, le groupe vise un chiffre d’affaires de 400 à 500 millions sur le « B2B ». Ce, même s’il n’est aujourd’hui qu’à la moitié du chemin, à deux ans de l’échéance. « Nous nous sommes pris le Covid

Nous « comptons

désormais 46 millions d’abonnés sur le continent. C’est un Européen sur dix qui utilise chaque jour nos réseaux

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 149,82 AIRBUS .............................................. 119,28 ALSTOM ..............................................23,67 ARCELORMITTAL SA ........................... 25,445 AXA .............................................. 26,85 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 52,71 BOUYGUES .............................................. 31,64 CAPGEMINI .............................................. 169,85 CARREFOUR .............................................. 17,725 CREDIT AGRICOLE ...........................10,224 DANONE ..............................................55,03 DASSAULT SYSTEMES ........................... 38,085 ENGIE .............................................. 13,776 ESSILORLUXOTTICA ........................... 161 EUROFINS SCIENT. ...........................61,68 HERMES INTL ........................... 1765 KERING ..............................................552,9 L'OREAL .............................................. 383,7 LEGRAND ..............................................85,3 LVMH .............................................. 801,7

%VAR.

+1,86 +2,56 +1,89 +1,56 +2,13 +1,31 +1,22 +2,47 +0,2 +0,02 +1,29 +4,2 +1,59 +2,25 +2,49 +4,69 +2,52 +3,38 +1,64 +3,49

LES DEVISES

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

150,18 119,78 24,06 25,7 27,21 55 31,78 170,75 18,065 10,612 55,45 38,275 13,862 162,15 61,88 1772 559,2 386,9 85,62 809,3

146,3 116,7 22,86 24,76 26,185 51,31 31,08 165,5 17,69 10,016 54,43 36,26 13,636 157,4 60,28 1691,5 537,8 372,4 83,12 776,7

MONNAIE

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

+13,16 +7,44 +3,72 +3,54 +3,05 -1,01 +12,84 +8,91 +13,33 +3,1 +11,78 +13,7 +2,9 -4,85 -8,02 +22,15 +16,28 +15,02 +14,01 +17,91

1 EURO=

1,5932 1,4565 0,8782 8,3165 140,18 0,982 1,0595 3,325 11,103 20,1194 33,12 7,3045 87,7298 145,82

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

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VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT.

Cybèle Asset Management 37 av. des Champs-Elysées

« Ces évolutions majeures incitent TotalEnergies à prendre des décisions quant au devenir de ses réseaux en Europe qui seront confrontés à une perte de leurs revenus liés aux carburants, alors que les véhicules électriques se rechargeront surtout au domicile ou au travail et moins en stations », explique le groupe. Un de ses objectifs est de réduire de 30 % ses ventes de produits pétroliers d’ici à 2030. Dans cette optique, il a déjà cédé ses réseaux de stationsservice en Italie, en Suisse et au Royaume-Uni. Parallèlement TotalEnergies cherche à se développer dans les nouvelles mobilités. Dans l’électrique, avec le déploiement de bornes de recharge sur les grands axes et dans les grandes villes européennes, et dans l’hydrogène, avec la mise en place d’un réseau européen de stations pour les poids lourds, en partenariat avec Air liquide. TotalEnergies vise la neutralité carbone en 2050 et mise sur une stratégie multi-énergies. Les objectifs de son PDG, Patrick Pouyanné, sont clairs : à la fin de la décennie, 15 % à 20 % des revenus de la compagnie devraient provenir des énergies renouvelables (éolien et solaire), 50 %, du gaz naturel et 30 %, du pétrole. Contre 44 %pour le pétrole actuellement, 48 % pour le gaz et moins de 9 % pour les renouvelables. ■

»

TotalEnergies cède l’intégralité de ses stations-service en Allemagne et aux Pays-Bas (notre photo) pour 3,1 milliards d’euros, en numéraire.

La valeur du jour £@vguillermard

+HAUTJOUR

0,244 0,202 0,645 0,594 0,458 0,7 0,344 0,254 0,422 0,5 0,376 0,135 0,432 0,159 0,253 0,099 0,224 0,107 0,214 0,12

Nouvelles mobilités

Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad

la séance du jeudi 16 mars

LE CAC

Carburants TotalEnergies réduit peu à peu son exposition aux carburants fossiles. Le groupe vint d’annoncer la cession de l’intégralité de ses 1 590 stations-service en Allemagne et aux Pays-Bas au canadien Couche-Tard. En Belgique et au Luxembourg, les deux groupes créent une coentreprise (détenue à 40 % par le français et 60 % par le canadien). Le montant de cette transaction, encore soumise à l’approbation des autorités concernées, est estimé à 3,1 milliards d’euros, en numéraire. L’intérêt du spécialiste canadien des magasins de proximité pour l’Europe n’est pas récent. En 2021, il avait défrayé la chronique en proposant de racheter Carrefour pour 16 milliards d’euros, avant de se heurter au veto du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Pas de quoi freiner les ambitions européennes du canadien, déjà présent en Scandinavie, en Pologne et aux Pays-Bas. L’opération lui permet de continuer à se renforcer sur le Vieux Continent. Dans ces quatre nouveaux pays, les stations-service resteront à la marque TotalEnergies, tant qu’il en assurera l’approvisionnement en carburant, soit au moins pendant cinq ans. Pour TotalEnergies, cette transaction est une nouvelle opportunité pour réduire son exposition à une activité que le groupe estime vouée à décliner. « Avec le Green Deal et son paquet législatif Fit for 55, l’Union européenne concrétise son ambition d’être le premier continent neutre en carbone », rappelle TotalEnergies. Dans ce cadre, les ventes de véhicules thermiques neufs pourraient être

interdites en Europe dès 2035 même si les Allemands y sont actuellement opposés. Sans attendre une éventuelle interdiction, les ventes de voitures électriques sont en progression constante, représentant 12,1 % du marché du neuf en 2022, selon l’Association des constructeurs européens (Acea).

JOUR

MICHELIN .............................................. 27,46 ORANGE ..............................................10,72 PERNOD RICARD ........................... 203,2 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 72,24 RENAULT .............................................. 37,215 SAFRAN .............................................. 130,92 SAINT GOBAIN ........................... 52,28 SANOFI ..............................................90,23 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 148,88 SOCIETE GENERALE ........................... 21,235 STELLANTIS NV ........................... 15,904 STMICROELECTRONICS ..................... 45,265 TELEPERFORMANCE ........................... 222,1 THALES .............................................. 129,15 TOTALENERGIES ...........................53,31 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 52,58 VEOLIA ENVIRON. ...........................27,09 VINCI .............................................. 104,68 VIVENDI SE ........................... 8,936 WORLDLINE .............................................. 38,37

LʼOR

%VAR.

+1,35 -0,2 +2,34 +1,57 +1,53 +2,97 +1,97 +0,51 +3,03 -1,21 +0,77 +2,58 -0,49 +1,1 +0,08 -1,18 +1,27 +2,23 -0,6 +1,72

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

27,73 10,838 203,8 72,74 37,55 131,72 52,54 90,64 149,98 22,65 16,09 45,365 225,9 129,25 54,63 54,6 27,21 105,28 9,176 38,57

26,865 10,708 198,5 70,58 35,15 127,26 51,2 89,4 144,76 20,875 15,454 43,65 217,8 126,45 51,92 51,08 26,42 102,12 8,878 37,17

31/12

Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 58 159,71€ Lingot 100g ................................. 5 827,87€ Lingot 50g ................................. 2 919,44€ 1 820,04€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 592,79€ 155,12€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................362,04€ 20Fr SUISSE ................................. 358,99€ SOUVERAIN ................................. 453,88€ KRUGGERAND ................................. 1 934,35€ 50 PESOS ................................. 2 311,62€ 10 DOLLARS ................................. 945,82€ 20 DOLLARS ................................. 1 890,65€

+6,09 % +0,62 % -0,5 % -0,54 % -0,87 % -3,65 % +5,86 % +5,91 % +6,56 % +3,61 % +5,94 % +5,57 % +5,69 %

%CAP.ECH

0,366 0,311 0,262 0,386 0,941 0,235 0,317 0,198 0,271 1,705 0,16 0,244 0,567 0,154 0,419 0,612 0,313 0,279 0,404 0,233

31/12

+5,68 +15,5 +10,59 +21,58 +18,99 +11,97 +14,52 +0,43 +13,89 -9,56 +19,85 +37,19 -0,27 +8,26 -9,1 +8,12 +12,87 +12,21 +0,25 +5,04

Virgin Orbit en chute libre après avoir suspendu son activité

CLÔTURE DU CAC 40

+ 2,03 % à 7 025,72 points

L’atterrissage est brutal. L’action Virgin Orbit, filiale de lancement de petits satellites du milliardaire Richard Branson, chutait jeudi de 27 % à Wall Street. Le titre ne vaut plus que 74 cents, contre plus de 9 dollars lors de son introduction en Bourse fin 2021. Créée en 2017, Virgin Orbit n’a pas apporté la preuve que son système original de lancement, associant un avion et une petite fusée, est fiable. L’échec retentissant de sa dernière mission, en janvier 2023, a obscurci son avenir. La société a en effet annoncé la suspension de ses activités. Cette « pause prend effet à partir de ce jeudi. Nous fournirons une mise à jour sur les opérations dans les semaines à venir », précise un porteparole. Virgin Orbit cherche de nouveaux financements « afin de survivre », affirme la chaîne CNBC. La société achève la construction d’une nouvelle version de sa petite fusée, Launcher One, qui intègre des modifications suite à « l’anomalie » détectée

lors du dernier vol. Le 9 janvier dernier, la mission « Start Me Up », référence à une chanson des Rolling Stones, devait placer neuf petits satellites en orbite basse, pour le compte de sept clients privés et gouvernementaux. Il aurait dû s’agir du premier lancement de satellites depuis l’Europe occidentale et du baptême du feu pour le site de Newquay, qui ambitionne de devenir le premier port spatial basé en Europe (la base spatiale européenne de Kourou est située en Guyane, en Amérique du Sud). La mission avait été organisée en partenariat avec l’Agence spatiale britannique et la Royal Air Force. Il s’agissait aussi de démontrer la fiabilité du système de lancement, après un premier vol réussi aux États-Unis en 2017. En janvier, le Boeing 747 modifié, baptisé « Cosmic Girl », a décollé avec la fusée, fixée sous une de ses ailes. Une fois atteint 10,5 km d’altitude, l’avion a largué Launcher One, qui aurait dû allumer ses moteurs pour rallier l’orbite. Mais elle a échoué.■ V. GD

A

TéLéCOMS Pour Iliad, les années de plomb sont dans le rétroviseur. En pleine crise de croissance il y a encore quatre ans, accusant une hémorragie d’abonnés après des années fastes, l’opérateur télécoms repart de l’avant et regarde l’avenir avec gourmandise. Malgré le contexte géopolitique et la crise de l’énergie, la maison mère de Free a publié jeudi des résultats et une croissance « record », avec une hausse organique de son chiffre d’affaires de 6,9 % sur l’année écoulée, à 8,4 milliards d’euros. Fixe, mobile : le groupe dit également réaliser l’une de ses plus belles années commerciales depuis dix ans en France, recrutant 255 000 abonnés sur l’un, et 607 000 abonnés nets sur l’autre. « Nous sommes l’opérateur européen avec la plus forte croissance, et de loin. Le numéro deux fait trois fois moins bien que nous. Cette dynamique depuis deux à trois ans nous permet de changer de dimension », explique Thomas Reynaud, le directeur général d’Iliad. La recette du succès ? « L’exécution méthodique du plan Odyssée adopté en 2019 dans une période de doute pour nous et dans un contexte d’inertie pour les télécoms », selon les mots du dirigeant. « En France, nous tirons les fruits des énormes investissements dans l’amélioration de nos réseaux notamment sur la fibre, le renforcement des canaux de distribution ainsi que notre politique d’innovation avec les services de proximité

de plein fouet. Nous avons lancé notre activité en mars 2021 au lieu de juin 2020 », justifie Thomas Reynaud. Iliad ne compte pas lâcher le morceau. La 5G industrielle ou le cloud (avec Scaleway) sont des relais de croissance identifiés. Le groupe veut aussi se positionner sur la cybersécurité, des annonces étant attendues dans l’année pour les PME et ETI. Les reins solides, Iliad, va-t-il également jouer les consolidateurs au niveau européen ? Le directeur général en est convaincu : « L’Europe a besoin d’opérateurs télécoms alternatifs forts, puissants, qui ne soient pas simplement la continuation des anciens monopoles. » Aussi, Iliad est évidemment à l’affût d’opportunités sur le Vieux Continent. « Nous voulons devenir un des trois grands opérateurs télécoms européens », note encore Thomas Reynaud. En février 2022, le groupe avait offert 11 milliards à Vodafone - dont Xavier Niel est actionnaire à hauteur de 2,5 % - pour ses activités italiennes. Le groupe britannique lui avait fermé la porte. Mais avec les difficultés de ce dernier et la démission surprise du PDG, Iliad vat-il revenir par la fenêtre ? « Si jamais des occasions se présentent et que cela a un sens industriel pour notre groupe, nous irons. Mais il faut savoir être patient. Nous avons mis quinze ans avant d’investir en dehors de France. Nous continuerons mais étape par étape », sourit Thomas Reynaud. Devenu 6e opérateur du continent, le groupe de Xavier Niel ne peut guère plus se cacher derrière son petit doigt. ■

Elsa Bembaron £@elsabembaron

Jan van der Wolf - stock.adobe.com

ou de flexibilité dans l’achat des smartphones. » À deux ans de l’échéance, Iliad revendique ainsi avoir atteint ou dépassé la plupart de ses objectifs à 2024. La croissance du marché italien (+ 15,5 % sur un an), véritable succès pour le groupe notamment sur le mobile, et polonais (+ 3,7 %), où Iliad a débarqué en 2020, tire également le développement de l’entreprise. « Nous comptons désormais 46 millions d’abonnés sur le continent. C’est un Européen sur dix qui utilise chaque jour nos réseaux », chiffre Thomas Reynaud.

Lucas Mediavilla £@Lucas_Medv

Le groupe français se prépare à l’après-pétrole.

vendredi 17 mars 2023 le figaro

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médias et tech

Le ton monte entre Washington et Pékin sur l’avenir de l’application TikTok L’Administration Biden agite la menace d’une interdiction si le réseau continue d’avoir des actionnaires chinois. Chloé woitier £@W_Chloe

régulation ByteDance va-t-il devoir se séparer de son application TikTok ? Ce scénario, qui avait failli devenir réalité durant l’été 2020 sous la pression de Donald Trump, revient sur le devant de la scène. Le Comité sur les investissements étrangers (Cfius) a mis TikTok face à un ultimatum : soit l’application n’a plus un seul actionnaire chinois à son capital, soit elle va devoir faire face à une procédure d’interdiction sur le sol américain. Pékin est immédiatement monté au créneau pour défendre l’application vidéo. Les États-Unis, « qui n’ont pas ­fourni de preuves que TikTok menace la sécurité nationale » du pays, « devraient cesser de diffuser de fausses informations, cesser leurs attaques injustifiées contre TikTok, et fournir un environnement commercial équitable et juste » aux entreprises étrangères, a déclaré la diplomatie chinoise. L’audition, le 23 mars, du directeur général de TikTok, Shou Zi Chew, face au Congrès américain s’annonce brûlante. TikTok appartient à ByteDance Ldt, une entreprise enregistrée aux îles Caïmans. 60 % de son capital appartient à des fonds d’investis­sement américains comme KKR, Sequoia, General Atlantic et Coatue. Le reste est réparti entre les salariés (20 %) et les dirigeants chinois de ByteDance (20 %), qui ont la majorité des droits de vote. Couper tous les liens de TikTok avec la Chine se traduirait soit par une vente de l’application, soit par une entrée en Bourse. Mais Pékin risque de peser de tout son poids pour compliquer une telle opération. En août 2020, alors que ByteDance négociait la vente de TikTok à Microsoft, le pouvoir chinois avait ajouté les algorithmes d’intelligence artificielle aux technologies de pointe faisant l’objet de restriction à l’exportation. Depuis, les tensions entre les deux pays sur

le front des technologies sont montées de plusieurs crans. Au nom de la sécurité nationale, les États-Unis ont banni plusieurs équipementiers télécoms chinois de son territoire et ont interdit le commerce avec des fabricants chinois de semi-conducteurs de pointe tels que YMTC. TikTok a, lui, été banni des appareils de fonction des salariés de l’État fédéral et des fonctionnaires d’une vingtaine d’États américains. Washington est en parallèle en train de se doter des armes juridiques pour pouvoir prononcer légalement une interdiction totale de TikTok. Une proposition de loi bipartisane, soutenue par la MaisonBlanche, vise à donner à l’exécutif des pouvoirs de sanctions contre des technologies provenant de régimes considérés comme hostiles. Néanmoins, des voix commencent à s’élever pour s’opposer à un ­bannissement complet du service : au vu du poids de TikTok dans la vie quotidienne des Américains (100 millions d’utilisateurs), une interdiction serait une atteinte à la liberté d’expression.

Londres agit à son tour Selon Bloomberg, la vente de TikTok est perçue par ByteDance ­comme la solution de la dernière chance. Avant d’en arriver à cette extrémité, le groupe continue de pousser son autre option : le projet Texas. Fruit de deux ans de travail et de 1,5 milliard de dollars d’investissement, il vise à transférer les données des utilisateurs américains sur des serveurs opérés par la so­ciété américaine Oracle, qui en assurera la sécurité et pourra mener des audits sur les dessous techniques du service. « Les données de TikTok seront soumises à des normes de sécurité nettement plus strictes que celles de toute autre entreprise améri­ caine », explique un porte-parole. Ce plan a été présenté en août au Cfius, sans retour de ce dernier. TikTok travaille aussi à l’alter ego européen du projet Texas, nommé

projet Clover. Mais la présentation de ce dernier n’a pas suffi à rassurer le gouvernement britannique. Au nom du principe de précaution, le Royaume-Uni a annoncé mercredi l’interdiction avec effet immédiat de l’application sur les appareils gouvernementaux au vu des informations sensibles qu’ils renferment. « Ces interdictions reposent sur des idées fausses et sont motivées par des considérations géopolitiques plus larges, dans lesquelles TikTok et ses millions d’utilisateurs au Royaume-Uni ne jouent aucun rôle », a commenté l’entreprise. L’ambassade de Chine au Ro­ yaume-Uni a également dénoncé une décision purement politique. Londres prend la suite des ins­titutions européennes et de l’État

fédéral belge, qui ont interdit TikTok sur les appareils de fonction des agents publics. En France, les téléphones de fonction des ministères régaliens bloquent déjà l’instal­ lation de tous les réseaux sociaux. La pertinence d’interdire TikTok dans les autres ministères est actuellement étudiée par Matignon. Le ministre du Numérique, JeanNoël Barrot, a reçu vendredi le

TikTok a déjà été banni des appareils de fonction des salariés de l’État fédéral et des fonctionnaires d’une vingtaine d’États américains. JAKUB PORZYCKI/ NurPhoto via AFP

­ irecteur juridique de ByteDance, d qui a également rencontré la Cnil et l’Arcom. Erich Andersen mul­tiplie depuis dix jours les rendezvous dans les capitales européennes pour tenter d’apaiser les inquié­ tudes et éteindre l’incendie. Selon Politico, les demandes de rendezvous de TikTok auprès des institutions bruxelloises sont restées sans réponse. ■

Banijay et Betclic affichent une forte croissance en 2022 Le groupe FL Entertainment, qui regroupe les deux actifs de Stéphane Courbit, a aussi réduit sa dette. Caroline Sallé £@carolinesalle

SAMEDI 25 MARS

Le chiffre « d’affaires

9h – 18h SALONS DE L’AVEYRON À PARIS 12ème

généré avec les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon a bondi de 60 %. Il représente désormais 18 % des revenus de Banijay, contre 13 % auparavant

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Programmes et invitations gratuites

etudiant.lefigaro.fr

François Riahi, directeur général de FL Entertainment

audiovisuel Les clignotants sont au vert. En 2022, FL Entertainment a affiché une croissance à deux chiffres de ses revenus, grâce aux bonnes performances de Banijay et de ­Betclic. Le groupe contrôlé par Stéphane Courbit, qui dévoilait jeudi ses premiers résultats annuels depuis son entrée en Bourse en juillet dernier, a fait état d’un chiffre d’affaires en hausse de près de 16 %, à 4 milliards d’euros. En progression de 10 %, son ré­sultat opérationnel courant a atteint 670 millions d’euros, au-dessus de l’objectif à 645 millions d’euros que s’était fixé le groupe. Quant à l’endettement, qui a pu nourrir les craintes de certains analystes, « il ­ s’est considérablement réduit en un an, grâce à de solides résultats financiers ainsi qu’aux 400 millions d’euros levés lors de l’introduction en Bourse », indique le directeur général de FL Entertainment, François Riahi. La dette nette de l’entreprise s’élève à présent à 2 milliards d’euros, soit 3,1 fois le résultat opérationnel, contre 3,7 fois fin 2021. Et le groupe espère encore réduire son poids à l’avenir. Locomotive du groupe, Banijay, qui produit et distribue des contenus audiovisuels, a vu ses revenus grimper de 16,5 %, à 3,2 milliards d’euros. « Le chiffre d’affaires généré avec les plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon a bondi de 60 %. Il représente désormais 18 % des revenus de Banijay, contre 13 % auparavant », relève François Riahi. L’an dernier, le groupe a poursuivi sa consolidation, avec l’acquisition de 15 sociétés de production aussi bien dans la fiction que le divertissement, dans une di-

zaine de territoires. À présent, Banijay dispose d’un catalogue de contenus dont le volume a augmenté de 30 %, avec 160 000 heures de programmes. Si la croissance de la demande en contenus devrait ralentir, FL Entertainment estime qu’il y a encore des opportunités à saisir. D’abord parce que les efforts de rationalisation des diffuseurs comme des services de streaming pourraient les pousser à investir davantage dans les programmes de flux, moins coûteux que la fiction. Un segment de marché sur lequel Banijay est bien positionné, avec des franchises comme « MasterChef », « Star Academy », « Lego Masters», « Koh-Lanta »… Ensuite, parce que ce ralentissement devrait conduire à des valorisations plus raisonnables des sociétés de production, et donc favoriser Banijay dans sa capacité d’acquisitions. « Banijay est le numéro 1 mondial de la production indépendante et le premier producteur européen de fictions. Mais il pèse un peu plus de 3 % du marché des contenus, estimé à 100 milliards de dollars », rappelle François Riahi. Pour sa part, l’activité de paris sportifs et jeux en ligne, avec Betclic, en hausse de 13 % à 835 millions, a été portée par une hausse de 25 % du nombre de joueurs actifs uniques, en partie recrutés durant le Mondial de football. « Betclic a été l’application de paris sportifs la plus téléchargée sur nos principaux marchés comme la France, et la deuxième la plus téléchargée en Europe », rappelle le dirigeant. En 2023, la croissance devrait se poursuivre. FL Entertainment vise une hausse d’environ 5 % du chiffre d’affaires organique de Banijay et une croissance à deux chiffres des revenus de Betclic. ■

vendredi 17 mars 2023 le figaro - N° 24 438 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

jardin

high-tech ou design, les plantes s’exposent sans complexes dans la maison Page 31

séries

En plein renouveau, les génériques sont à l’honneur du festival Séries Mania 2023 Page 32

Elle est partout, et pourtant elle n’a pas souvent les honneurs des grandes institutions culturelles. L’éternel dilemme de l’art et du commerce...

Arthur Elgort et Grethe Holby Elgort, New York (1987), actuellement à la Fondation Azzedine Alaïa, à Paris.

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biOrb ; S. Fuller/M. Gardnet/J. Cox ; Arthur Elgort

La photo de mode aux portes du musée

À l’heure du dernier empereur de chine horlogerie la montre oubliée du souverain puyi vient de réapparaître aux enchères. ●

judikaël hirel £@jhirel

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ertaines montres sont bien plus que de simples objets. Ce sont de véritables capsules temporelles. C’est ce type de garde-temps chargés d’histoire qu’aime à faire émerger de l’oubli Aurel Bacs, Indiana Jones de l’horlogerie, l’un des plus fameux commissaires-priseurs de son secteur. Avec elles resurgit la vie de ceux qui les ont jadis portées dans les meilleurs et les pires moments de leur existence. C’est le cas de la Patek Philippe du dernier empereur de Chine, Puyi (1906-1967), dont l’histoire a été immortalisée sur grand écran en 1987 par Bernardo Bertolucci. La montre du souverain qui resta prisonnier de la Cité interdite, au cœur de Pékin, va être présentée par la maison de ventes Phillips, associée à Bacs & Russo, à travers le monde avant d’être mise aux enchères (à une date qui n’est pas encore arrêtée). Cette pièce rare est estimée à plus de 1 million d’euros. Il faut dire qu’au-delà de sa provenance unique, cette Référence 96 Quantième Lune de 1937 en platine est aussi une pièce horlogère légendaire. « On ne connaît pas toutes les montres qui dorment dans des tiroirs, ­raconte Aurel Bacs. Ici, comme ce fut le cas pour la Rolex Daytona de Paul Newman, c’est la montre qui nous a trouvés. On ne savait même pas qu’elle existait. Vérifier une histoire aussi ­exceptionnelle nous aura pris trois ans. Grâce à l’aide de Patek Philippe, il a été établi qu’elle était d’origine. Deux

exemplaires identiques, dont un au Musée de la marque, étaient connus. Mais personne n’imaginait qu’il en existait une troisième ! En 1937, cet homme régnant sur plus de 400 millions d’habitants depuis la Cité interdite d ­ emandait une montre à la célèbre ­manufacture genevoise. On lui a probablement proposé la plus chère de l’époque ! »

Une amitié immortelle Une montre, un éventail en papier, un cahier manuscrit, des aquarelles, une édition reliée des Analectes de Confucius… Autant de souvenirs retrouvés de la vie d’un empereur déchu, monté sur le trône à l’âge de 2 ans et demi, en 1908, et rapidement assigné à résidence, grandissant dans l’ignorance totale du monde extérieur. En 1945, une autre captivité commence pour lui, une fois capturé par l’Armée rouge, après la reddition des forces japonaises. Le dernier empereur de la dynastie Qing restera prisonnier cinq années en URSS. Cinq années pendant lesquelles un fonctionnaire soviétique qui parlait couramment le mandarin, Georgy Permyakov, lui servira d’interprète et de tuteur, jusqu’à devenir son ami. « Jusqu’à son décès, en 2005, tous les objets personnels que Puyi lui avait ­offerts étaient restés chez lui, pendant cinquante ans. Après son décès, ses héritiers ont vendu la montre à un ­ ­amateur européen qui nous a contactés. Que Puyi et son traducteur russe soient devenus amis, malgré leurs différences d’âge, de culture, d’origine, c’est une histoire aussi touchante qu’inimaginable. »

Rudolf Stingel Vernissage aujourd’hui 17 mars 4 rue de Ponthieu, Paris

GAGOSIAN A



vendredi 17 mars 2023 le figaro

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l'événement

Photo de mode un monde à part ? Sa production n’a jamais été aussi importante, ni autant vue par le grand public. pourtant, elle reste trop rare dans les musées.

Valérie Duponchelle £@VDuponchelle ET Hélène Guillaume [email protected]

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Un champ artistique ultradynamique

Pour Jean-Pierre Blanc, directeur de la Villa Noailles, ce dédain ne touche pas seulement la photo de mode… « Mais la photo en général. Il n’y a pas de vrai musée doté de collections permanentes qui lui soit consacré en France. Si les arts plastiques ont pléthore de musées, les ­ autres sujets sont fort peu abordés sé­ rieusement dans notre pays. Et c’est pour cette raison que nous avons créé le festival d’Hyères, en 1997 pour la partie photo, car cela n’intéressait personne, encore moins les jeunes créateurs. » Du 12 au 15 octobre, le 38e Festival international de mode et de photographie fêtera les 100 ans de la Villa Noailles, avec notamment un prix décerné par la librairie 7L,

2 fondée par Karl ­ Lagerfeld, lui-même couturier photographe. Depuis Richard Avedon en 2008 au Jeu de Paume, Helmut Newton en 2012 et ­Irving Penn en 2017 au Grand Palais, Sarah Moon au Musée d’art moderne de Paris en 2020, rares sont les élus au panthéon des rétrospectives qui ont ambition, envergure et appareil critique, au même titre que les grands peintres. Est-ce grave, docteur ? « La photographie de mode est un des champs artistiques les plus dynamiques et les plus intenses, répond Olivier Gabet, ancien directeur des Arts déco. Et même si elle n’a pas de musée à proprement parler, elle est partout. En particulier dans les deux musées de mode parisiens, Galliera et le MAD, qui en conserve des milliers. Mais aussi dans les musées d’art

3 moderne et contemporain : si Man Ray eut un peu honte de cette partie de son travail, qu’il considérait sans doute trop commerciale, on a vu dans l’incroyable exposition “Man Ray et la mode”, organisée par les musées de Marseille et le Musée du Luxembourg, qu’il y a créé une quantité de chefsd’œuvre. Et puis, à l’heure d’Instagram, dès qu’un designer nous quitte, tels Paco Rabanne et Vivienne Westwood récemment, jaillit un flot quasi continu d’images de mode, leurs créations ou leurs propres portraits, par les plus grands. » Malgré la nostalgie pour les légendes du XXe siècle, portées par les directeurs artistiques et les stylistes des magazines les plus influents, la production de photo de mode n’a jamais été aussi considérable qu’aujourd’hui, ni autant vue dans le

monde entier. Les créateurs à la tête des marques de luxe, souvent férus de photo, commandent personnellement les projets aux artistes. « Maria Grazia Chiuri aime faire travailler Brigitte Lacombe et Brigitte Niedermair pour Dior, Jonathan Anderson collabore régulièrement avec Steven Meisel pour Loewe, Anthony Vaccarello a choisi David Sims et ses portraits d’Abel Ferrara et d’Almodovar pour Saint Laurent. Sans oublier l’œuvre iconoclaste de Juergen ­ eller, exposée chez la regrettée Suzanne T ­Tarasiève ! » Seulement, avant que ces images n’entrent au musée… « Il est vrai que l’activité culturelle et artistique des maisons de luxe peut susciter suspicion ou jalousie, reconnaît Olivier Gabet. Mais il y a aussi une très grande créativité et exigence. Et ne pas l’admettre serait ridicule… » ■

1. Invite for Mafia Ad Agency (1972), extrait de l’exposition « Guy Bourdin Storyteller », jusqu’au 31 août à l’espace Armani/SIlos, à Milan. 2. Heidi Mount Paris (2008), visible à « Peter Lindbergh Untold Stories », jusqu’au 24 mai à l’Espace Vanderborght, à Bruxelles. 3. Veronica Webb et Azzedine Alaïa, Paris (1986), à l’exposition « Azzedine Alaïa, Arthur Elgort. En liberté », jusqu’au 20 août à la Fondation Azzedine Alaïa (Paris 4e).

Arthur Elgort : « On n’a jamais parlé la même langue » Le béret sur le crâne comme l’artiste type vu d’Amérique, Arthur Elgort est à 82 ans à l’honneur et « En liberté », jusqu’au 20 août, à la Fondation Alaïa, à Paris. Il voulait devenir peintre, Azzedine Alaïa voulait être sculpteur. Par un pas de côté, ils se sont déplacés respectivement vers la photographie et la couture. Sous le commissariat et la direction de Carla Sozzani et Olivier Saillard, le fruit de leurs échanges devient une suite d’alcôves magiques où chaque tenue a son image volée en coulisses, (em)portée par les tout jeunes mannequins - Christy Turlington, Naomi Campbell, Linda Spierings - pas encore reines des podiums des années 1990. Sourire doux et mémoire bienveillante, ce New-Yorkais résolument optimiste se raconte au Figaro. LE FIGARO. - Comment êtes-vous arrivé dans l’univers d’Alaïa ? Arthur ELGORT. - Je l’ai connu lorsqu’il avait un vraiment tout petit studio. Ses modèles n’étaient pas encore célèbres, hormis Grace Jones. Je connaissais déjà Naomi (Campbell, NDLR), c’est arrivé par elle. Azzedine manquait d’un bon photographe pour suivre son travail. J’avais la chance d’être bon. Il s’en est rendu compte, il a trouvé que je travaillais vite. On n’a jamais parlé la même langue. Je ne parlais qu’anglais. Je suis né à Brooklyn en juin

voyais bien qu’il savait exactement ce qu’il faisait. Je n’ai pas voulu être payé, je lui ai juste demandé des vêtements pour ma femme. J’ai aimé Alaïa à l’instant où je l’ai rencontré, l’homme et le créateur. J’ai aussitôt su que c’était un génie, alors qu’il n’était pas encore la star qu’il est devenu ensuite. Qui a eu l’idée de lui faire traverser les photos, lui, le petit homme au pied des mannequins immenses ? Je ne sais pas. Je dirais qu’on l’a eue ensemble. Parfois, Alaïa entrait par mégarde dans le champ de la photo, mais le résultat était bon ! Je l’ai gardé. Lors du vernissage fin janvier, j’ai retrouvé les jeunes modèles d’antan. Elles ont ri en se voyant dans les photos. Tout allait si vite ! Pure magie. Je suis plutôt un photographe heureux qu’un triste sire.

1940. Mon père était juif russe mais ne nous a pas appris le yiddish, il ne pensait qu’à gagner sa vie. Ma mère était d’origine catholique et polonaise, mais elle a grandi en Amérique. Donc : anglais à la maison. Alaïa parlait le tunisien et un peu de français. Et pourtant, ce fut magique !

Aviez-vous l’intention de magnifier leur innocence ou était-ce l’air du temps ? C’est une histoire imprévue qui s’est déroulée de fil en aiguille. Je connaissais par exemple Linda (Evangelista), et ainsi je me suis retrouvé à la prendre en photo pour Alaïa, sans que l’on sache vraiment quand ou pourquoi c’était arrivé.

Aimiez-vous ses créations ? Oui, je trouvais qu’elles étaient sexy, je

Comment était le Vogue de ces années-là ? C’était le magazine de référence. J’ai fait

ainsi dans les années 1970 des photos avec Patti Hansen (épouse de Keith Richards). Je la vois encore de temps à autre. J’ai toujours eu de la chance. Quels sont vos maîtres en photographie ? J’ai grandi avec le modèle d’Irving Penn et de Richard Avedon. Deux photographes très différents et différents de moi, mais qui m’ont accepté. J’ai été dans le studio de Penn, il ne fallait pas dire un mot. Silence ! Mais, au final, cela ne m’a pas gêné parce que c’était un maître avec son Rolleiflex, à l’évidence. Moi, à l’époque, je me servais beaucoup de mon Nikon et un peu de mon Leica. Nous n’avons pas échangé de photos. J’en ai acheté plus tard, notamment d’Irving Penn sur la troupe de Balanchine grâce à un de ses danseurs qu’un accident avait éloigné de la scène. Je fréquentais beaucoup le milieu de la danse, qui m’a clairement inspiré. J’ai réussi à approcher Balanchine, à travailler pour lui, gratuitement, pour le plaisir, à photographier tous les danseurs de sa compagnie. Vous préférez la danse ou la mode ? J’aime la mode parce qu’elle m’a permis de voyager partout, Paris, la Russie, l’Italie. La danse, c’était mon hobby. Je ne le faisais pas pour gagner de l’argent. PROPOS RECUEILLIS PAR V. D.

2023, The Guy Bourdin Estate ; Peter_Lindbergh_courtesy-Peter-Lindbergh-Foundation-Paris ; Arthur Elgort

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Stephane Ait Ouarab

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lle est partout, sur les Abribus, dans les magazines et carrément sur Instagram. Et pourtant, la photographie de mode tient rarement le haut de l’affiche au sein des grands musées. À cheval entre deux mondes, l’art et la mode, cet hybride navigue entre high culture et low culture (dans l’esprit des institutions), gagnant rarement la position de prestige qu’occupent par nature les maîtres de la photographie. « Il n’existe pas d’espace à Paris spécialisé dans la photo de mode », constate Olivier Saillard, directeur de la Fondation Azzedine Alaïa, où se tient, jusqu’au 20 août, une exposition consacrée à l’Américain Arthur Elgort plongé dans les coulisses d’Alaïa (lire ci-dessous). « Si l’on peut occuper ce terrain-là, c’est tout naturel, poursuit-il. Azzedine aimait et collectionnait la photographie. Les rencontres artistiques avec de grands photographes parcourent son travail. Nous avons déjà présenté sa collaboration avec Peter Lindbergh en 2021, nous aimerions aussi, un jour, faire Jean-Paul Goude. » Curieusement, Giorgio Armani a eu la même idée avec son espace Armani/Silos à Milan, qu’il dédie désormais à la culture photographique contemporaine, à commencer par « Guy Bourdin Storyteller » (jusqu’au 31 août), 100 clichés pour goûter l’art du Français à l’œil surréaliste qui transforma le travail de commande en pur joyau. À Bruxelles, c’est l’Espace Vanderborght, appartenant à la ville, qui ouvre ses portes jusqu’au 14 mai à « Peter Lindbergh, Untold Stories », un accrochage conçu par l’Allemand avant son décès en 2019. À Paris, en juin, au Jeu de Paume, « Frank Horvat, Paris, le monde, la mode » retracera les quinze premières années de la carrière et « le caractère hors norme d’auteur-reporter et de photographe de mode » de cet artiste marqué par la peinture, disparu en 2020 à 92 ans. Des cas trop isolés ? « Il y a, peut-être, un peu de snobisme dans les musées d’art conventionnels à l’encontre des photographes de mode dans leur acception la plus grand public, analyse le Britannique ­Simon Baker, directeur de la MEP (Maison européenne de la photographie). Ces institutions ont dessiné des frontières entre les beaux-arts et les pratiques commerciales ou éditoriales. Mais ces frontières ont de moins en moins de sens. Les figures historiques majeures comme Man Ray, Helmut Newton et Irving Penn sont célébrées pareillement pour leurs œuvres portant ou non sur la mode. » En la matière, la MEP est fière d’avoir déjà exposé la jeune Coco Capitan en 2019. Cet automne, elle organisera une rétrospective autour de Viviane Sassen, « dont les œuvres photographiques et graphiques sont aussi puissantes sur les cimaises des musées que dans les pages des magazines, et dont la vision unique parle à tous les publics et dans tous les contextes ».

le figaro

jardin

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la plante objet investit nos intérieurs

Des végétaux présentés comme des pièces de design, un bocal connecté pour son terrarium, un crayon à planter pour faire pousser son basilic, toutes les idées sont bonnes pour reconnecter le citadin à la nature.

MADS STAHLSCHMIDT/Sproutworld 2023-04-04T17:00:35+02:00

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Chez By Charlot (à gauche), chaque plante porte un nom et est vendue dans des contenants séduisants. Pour faire pousser ses terrariums, BiOrb a imaginé des bulles en acrylique soufflé design et intelligentes (ci-dessus).

lumière notamment, pour faire pousser des végétaux », précise Nicolas Bisto. Côté facture d’électricité, ces condensés de technologie ne consomment que 3 à 4 watts par heure. Le prix à payer pour, selon Nicolas Bisto, « un effet décoratif garanti » (existe en deux tailles, 30 litres et 60 litres, de 300 € à 400 €, biorb.com).

Mylene Comte/By Charlot ; biOrb

Un crayon vertueux de A à Z Plus artisanal en revanche, le crayon à planter, lancé il y a dix ans par Sprout­World permet quant à lui de faire pousser ses herbes aromatiques ou ses fleurs sans aucunes difficultés. Si celuici a longtemps pu paraître anecdotique, ce produit écologique et durable n’a jamais été autant dans l’air du temps qu’aujourd’hui. Inventé par trois étudiants du MIT, il est commercialisé en 2013 par Michael Stausholm, un industriel danois particulièrement sensible aux problématiques environnementales, qui récupère le brevet sur une plateforme participative. Le principe est simplissime : lorsque ce crayon en bois, dont la mine est en graphite, devient trop petit pour être

Trois climats différents Dans le même esprit, le fabricant d’aquarium et de fontaines aquatiques biOrb a réinventé les bocaux en verre des terrariums, ces minijardins destinés à végétaliser nos intérieurs. Il a imaginé une bulle en acrylique soufflé à la fois design et intelligente. « Ces sphères de vie se gèrent de manière autonome à partir d’une simple télécommande. On choisit son programme, et le biOrb s’occupe de tout. Il contrôle la lumière par un éclairage LED qui s’intensifie durant la journée et diminue le soir, l’arrosage à partir d’une réserve d’eau à recharger une ou deux fois par mois et l’hydrométrie grâce à une brume qui se diffuse plus ou moins intensément », explique Nicolas Bisto, le directeur général de l’entreprise. Le biOrb peut ainsi reproduire trois climats différents : tropical, pour les plantes ayant besoin d’une humidité élevée, comme les orchidées ; semiaride, pour les cactus ou les succulentes appréciant un taux d’humidité variant de 40 % et 60 % ; tempéré, pour les mousses, les fougères ou encore les bonsaïs. Pour créer son décor, biOrb propose sur son site internet des inspirations sous forme de tutoriels et de fiches recettes expliquant la marche à suivre. Celles-ci ont été élaborées avec des spécialistes de l’« aquascaping » tels Oliver Knott ou Adrie Baumann, influenceurs sur les réseaux sociaux et habitués des concours de décors végétaux aquatiques, une discipline très répandue au Japon. Même si certains pourraient penser que ces bulles « artificielles » dénaturent la nature, force est de constater qu’elles sont très utiles à ceux « qui ne réunissent pas chez eux de bonnes conditions, de

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Palais Brongniart SproutWorld offre une seconde vie à ses crayons, qui, une fois plantés, deviennent des fleurs, des plantes aromatiques...

utilisé, il suffit de planter le bout de celui-ci dans la terre, légèrement incliné. La capsule en cellulose libère alors la dizaine de graines qu’elle contient. Deux semaines plus tard, les premières pousses apparaissent. À ce jour, World propose une sélection Sprout­ d’herbes aromatiques (basilic, thym, sauge, coriandre), des fleurs (marguerite, myosotis, œillet), des tomates cerises et fera bientôt entrer à son catalogue des carottes, des concombres, des melons… Le produit est vertueux de A à Z. « Il permet de donner une seconde vie à un crayon qui, sans cela, serait parti à la poubelle. Nous récoltons le bois dans une forêt domaniale en Pologne. Pour réduire notre empreinte carbone, à chaque fois qu’un arbre - permettant à lui seul de réaliser 175 000 crayons - est coupé, un autre est planté », remarque Stine Mynster, directrice monde de la communication de SproutWorld. Avec plus de 55 millions de crayons vendus en dix ans, dans 80 pays, le succès est tel que l’entreprise a également lancé une version dédiée au maquillage… à planter, cela va de soi (9,95 € le lot de 5 crayons, sprout­world.com). ■

salondudessin.com

Place de la Bourse e Paris 2 Invités d’honneur :

Le Musée de l’Armée — Invalides

et La Fondation Custodia : Hommage à Ger Luijten

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a folie du végétal ne se dément pas. Une touche de verdure dans son salon serait synonyme de jours meilleurs, d’un bien-être accru et d’un moral au beau fixe. Depuis la crise sanitaire, cette tendance a pris une telle ampleur que tout le monde veut faire entrer le moindre bout de verdure dans sa maison. La nature, et tout ce qui s’y apparente, est devenue plus que jamais un objet de décoration à part entière… Mais à quel prix ? Utiliser la technologie pour récréer le climat de prédilection d’une plantation, mettre ses crayons à papier dans la terre pour obtenir des fleurs et des légumes ou encore pousser à l’extrême le marketing de la plante verte pour en faire un must have pour bobos parisiens… Tout cela est-il bien raisonnable ? Dès 2017, Charles Senaux et Charles Fossey, les cofondateurs de By Charlot, ont fait, à juste titre, le constat que les végétaux avaient un fort pouvoir décoratif, mais que celui-ci était malheureusement mal exploité. « Il y a quelques années, il était vraiment difficile de trouver de jolis cache-pots pour les mettre en valeur. Rarement sourcés et importés depuis l’autre bout du monde, ils étaient également vendus dans des boutiques peu accueillantes, explique Charles Senaux. Il faut savoir qu’aujourd’hui Ikea est le premier vendeur de plantes vertes. » Les deux trentenaires ont donc l’idée de rendre ce produit plus désirable, en proposant notamment des contenants ­design et séduisants. Aujourd’hui, By Charlot - qui vient de lever 3,5 millions d’euros et qui possède dix points de vente dans la capitale, dont cinq en nom propre - s’est imposé comme une marque incontournable chez les urbains. Ces derniers s’arrachent les créations de ce « Diptyque » de la plante et y voient là le cadeau idéal joli et moins périssable que les fleurs pour la maîtresse de maison qui les reçoit à dîner. « Nous avons misé sur des végétaux robustes et faciles à entretenir, car nous nous adressons principalement à une clientèle citadine qui n’a pas forcément la main verte : des petits palmiers du Japon qui poussent dans le sud de la France, des cactus euphorbes, des Ficus elastica “Abidjan” (notre best-seller)… , précise le jeune patron. Privilégiant les circuits courts, cette entreprise labellisée B Corp (certification accordée aux sociétés à impact positif) possède sa propre pépinière au nord de Paris pour la production de certaines espèces et impose une charte rigoureuse aux fournisseurs chez qui elle s’approvi-

sionne pour le reste, français pour la plupart. Chez By Charlot, chaque plante porte un nom : la Délicate pour la Crassula ovata, le Généreux pour le Peperomia obtusifolia, l’Elégante pour le Ficus elastica « Abidjan »… Celles-ci sont vendues avec une notice explicative d’entretien et un QR Code permettant de rejoindre le groupe By Charlot Care animé par des experts végétaux prodiguant toutes sortes de conseils. Quant aux cache-pots (en laiton ou en céramique), que l’on associe à la variété de son choix, ils ont la petite touche déco pour trouver leur place au salon. « Nous faisons régulièrement des collaborations avec des artistes en vue comme Garance Vallée ou Frédéric Pellenq, réputé pour son travail du bois, précise Charles Senaux. Ils imaginent des collections capsules, vendues sur une période déterminée en édition limitée » (de 19 € à 380 € la plante de 15 cm à 1,80 m environ, bycharlot.com).

Nicolas Robert (1614-1685), Papaver somnifer um (Linné). Muséum national d’Histoire naturelle, Collection des vélins, portefeuille 41, folio 49. Cliché Tony Querrec (RMN) ©. Design : Olivier Andreotti (Toluca Studio)

Alyette Debray-Mauduy [email protected]

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Culture

séries : Le générique contraint de se réinventer À Lille, l’exposition « Don’t skip ! » au festival Séries Mania rend hommage à ces ouvertures qui inspirent les grands graphistes et compositeurs depuis soixante-dix ans. Aujourd’hui, Même si elles sont menacées par la technologie, la créativité explose. Lena Lutaud£@LenaLutaud

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homme qui tombe de Mad Men, la carte de Game of Thrones, le canapé de Friends… À Lille pendant Séries Mania (1), une grande exposition revient sur les génériques qui ont marqué des générations. Ces quelques secondes où le cerveau lâche prise et immerge le spectateur dans un monde nouveau. Baptisée « Don’t skip ! », l’exposition est est un clin d’œil au bouton « skip intro » présent sur les plateformes qui permet de plonger directement dans l’action. Au fil du parcours chronologique, extraits et documents rares montrent à quel point le genre a évolué à chaque décennie. « Le générique, lieu de pouvoir où les noms se succèdent selon une hiérarchie bien ordonnée, a été inventé par le cinéma car des escrocs s’appropriaient des bobines perdues ou volées, raconte Olivier Joyard, directeur artistique de l’exposition et auteur du documentaire Les Génériques de série à voir sur myCanal. Dans les années 1950, à la naissance de la télévision et donc des séries, ils sont d’abord des spots publicitaires pour la marque qui “présente” chaque épisode. Les savons étaient nombreux d’où l’expression soap opera. » En 1955, le générique devient une œuvre grâce au « Maître du suspense » qui dynamite le système. Alfred Hitchcock pre-

sents, série américaine diffusée sur CBS, démarre au son de La Marche funèbre d’une marionnette, de Charles Gounod, avec son profil caricaturé. Hitchcock a compris qu’il devait accrocher les spectateurs différemment à la télévision. « Dans une salle obscure, le générique sort les gens de la réalité. À la télévision, il doit être identifiable », souligne le compositeur Loïk Dury, auteur de la musique de Dix pour cent.

Plusieurs tendances En Californie, toute une génération de graphistes et de compositeurs se lance. « Avec sa porte qui s’ouvre sur les étoiles et ses objets qui flottent au rythme du tic-tac d’une horloge, le générique paranormal de La Quatrième Dimension est digne d’une galerie d’art », estime Olivier Joyard. Dans les années 1960, la musique gagne en puissance. Les premières notes de Mission impossible entrent dans la mémoire collective. Dans les années 1980, la télécommande se démocratise, le zapping s’installe. Les génériques « pouvoir, sexe et argent », comme celui de Dallas, sont peu subtils mais suffisamment efficaces pour vider les salles de cinéma. Dix ans plus tard, HBO s’impose. Ses séries sont de grande qualité, ses génériques doivent afficher le même niveau. Dans Les Soprano, le trajet en voiture quotidien de Tony Soprano de New York au New Jersey est tout sauf spectaculaire mais bardé de symboles (lire sur

« La situation est paradoxale. Les génériques sont menacés de disparition mais les plus réussis sont analysés par des millions de fans sur les blogs et les réseaux sociaux », déclare Olivier Joyard, directeur artistique de l’exposition « Don’t skip ! ». En haut : le générique de Mad Men. Collection personnelle et S. Fuller/M. Gardner/J. Fox

DÉLICAT, SENSIBLE, BOULEVERSANT LE FIGARO ★ ★ ★ ★

www.lefigaro.fr/culture). Au même moment, les adolescents ont enfin leurs séries et donc leurs génériques. I’ll Be There for You et le fameux Clap clap clap de Friends deviennent la madeleine de nombreuses générations. Quand débarque Netflix en 2013, la créativité explose. De l’esthétique poisseuse du sud des États-Unis dans True Detective aux quatre symboles à l’intérieur de la lettre O d’Ozark, le genre connaît son âge d’or. 2013, c’est aussi cette année fatidique où « David Fincher réalise House of Cards et invente la fonction “skip intro” pour Netflix », révèle Brad Pitt sur la scène des César en février dernier. Désactivé, le générique perd immédiatement en visibilité. Les spectateurs prennent l’habitude de regarder plusieurs épisodes d’affilée. Pendant ce fameux « binge- watching », cette habitude à regarder tous les épisodes d’affilée, le spectateur zappe systématiquement le générique. « Dix ans plus tard, la situation est paradoxale, souligne Olivier Joyard. Les génériques sont menacés de disparition mais les plus réussis sont analysés par des millions de fans sur les blogs et les réseaux sociaux. » Pour Laurence Herszberg, directrice générale de Séries Mania, « c’est le moment ou jamais de s’intéresser à ces œuvres iconiques. Elles racontent l’histoire des séries et témoignent d’une époque. Dans Alerte à Malibu, tout le monde est en maillot en bain. En regardant attentivement, on voit tout de Pamela Anderson et beaucoup moins de David Hasselhoff caché par une bouée de sauvetage. C’est tout le sexisme des années 1990. »

Jeu de piste

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CAFTAN UN FILM DE

MARYAM TOUZANI

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LUBNA AZABAL

SALEH BAKRI

AYOUB MISSIOUI

LE 22 MARS AU CINÉMA

Alors que plus de 2 000 nouvelles séries vont déferler cette année, il n’y a plus de règles. Plusieurs tendances s’entrecroisent. Dans les séries d’espionnage d’Apple Tv comme Téhéran, Slow Horses et Liaison, l’« opening credit » surgit après une fracassante scène d’ouverture de six à neuf minutes. Ce décalage empêche de le zapper. Dans Lupin, succès mondial de Netflix avec Omar Sy, le générique a disparu. Salade grecque, présentée en avant-première à Séries Mania, a failli connaître le même sort. C’est la plateforme qui décide. « Il a fallu se battre. Cédric Klapisch a finalement obtenu trente secondes, raconte Loïk Dury. Dans un délai si court, l’impact doit être rapide. J’ai opté pour un son grec qui tabasse avec des grands rifs de bouzouki mélangé à de l’urbain. » Être producteur délégué aide. Sur Netflix, Tim Burton a imposé 96 secondes qui donnent le ton gothique de Mercredi, série dérivée de La Famille Addams. À l’inverse, La Fabuleuse Madame Maisel suit l’exemple de J. J. Abrams avec Lost : son générique dure une seconde. Toujours pour capter au maximum l’attention des abonnés, ceux des séries cultes remises en ligne, comme Magnum et Desperate Housewives, sont raccourcis à la hache. La tendance à la paresse se remarque aussi. Last of Us a beau séduire de

nombreux téléspectateurs, son générique standardisé résonne beaucoup comme celui de Game of Thrones. Copier des formules à succès rassure le diffuseur. En France, nos séries sont de haut vol. Pourtant, leurs génériques sont peu mémorables sauf pour de rares exceptions, tels Les Revenants, Engrenages et Fais pas si fais pas ça avec Jacques Dutronc au micro et le « À table ! » de Valérie Bonneton. La réputation des compositeurs français n’est pas en cause, mais comme nous sommes moins imprégnés qu’aux ÉtatsUnis par la culture de la musique sur l’image, il n’existe pas d’agences de graphistes spécialisées dans les génériques. Impossible donc pour les producteurs d’investir en ce sens quand une idée créative émerge, à l’image de ce que font Apple Tv et autres Disney+. « Conçu par les plus grands graphistes et compositeurs, le générique devient alors une œuvre en soi, parfois plus mémorable que la série ellemême », souligne Benoît Lagane, chroniqueur à « Télématin » qui organise un concert de reprises avec Alex Beaupain à Séries Mania. Les génériques les plus créatifs, comme ceux de Succession, Mad Men et The White Lotus, génèrent des millions de vues sur YouTube. Quand ils évoluent de saison en saison et même d’épisode en épisode, ils déchaînent les passions. ­Celui de Murders in the Building sur Disney+ dissimule un indice sur l’intrigue. Celui de Game of Thrones se décline en plus de 35 versions selon les mouvements des armées. Repérer ces « easter eggs », formule anglo-saxonne, est devenu un jeu. Trouver les noms des graphistes et des compositeurs qui les ont créés relève aussi du jeu de piste car leurs noms ne figurent nulle part. Paradoxalement, Netflix, premier à imposer le « skip intro », tente aujourd’hui de sauver les génériques. Il y a huit mois, la plateforme a créé et confié le poste de directeur de la création musicale pour l’Europe, l’Afrique et le MoyenOrient à Quentin Boniface, ancien agent artistique et directeur musique chez G ­ aumont. « Mon rôle est d’augmenter l’impact de la musique dans nos productions. L’ambition est de collaborer avec les meilleurs. » Pour Thibaud Fouet, président des sociétaires de la Sacem, « c’est un signal important envoyé aux compositeurs, musiciens et aux studios. Toute une génération va être mise en lumière. » Avec l’obligation des Américains d’investir dans la fiction française, tous croulent sous le travail. « Pour un ­compositeur, un film, c’est vingt minutes de musique. Une série, c’est six fois plus, explique Martin Delemazure, à la tête de l’agence artistique la Grande Ourse. Travailler sur une série qui remporte un énorme succès à l’international, comme le fait Yannis Dumoutiers sur HPI avec une musique aussi bouillonnante que l’héroïne jouée par Audrey Fleurot, c’est la garantie d’une exposition hors norme. « D’un coup, j’ai reçu une foule de propositions », raconte le compositeur qui travaille à la campagne, dans l’Yonne. C’est aussi l’occasion de vivre des moments formidables. Sur Trans­atlantique, nouvelle série phare de Netflix, « nous sommes partis enregistrer aux studios légendaires d’Abbey Road. Les trente musiciens avaient tous un Stradivarius ! », s’enthousiasment les compositeurs Mike Ladd et David Sztanke. Seule ombre au tableau : avec les plateformes, la rémunération est aléatoire. Les droits d’auteur dépendent du nombre d’heures visionnées donc du succès de la série et non pas de l’heure de diffusion comme sur TF1. ■ (1) Séries Mania, à Lille (Nord), du 17 au 24 mars. Programme complet sur seriesmania. com

+ @ sur le web

» Séries : les symboles cachés dans cinq génériques phares www.lefigaro.fr/culture

le figaro

vendredi 17 mars 2023

Capitale européenne de la culture cette année, la ville du nord-ouest de la Roumanie, jadis bastion de l’industrie soviétique, fait découvrir l’un de ses grands artistes. Avec la contribution des musées français.

Sur le motif (1937) de Victor Brauner.

Valérie Duponchelle £@VDuponchelle envoyée spéciale à Timisoara (Roumanie)

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« Nourri des arts populaires »

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« Le fait que la Roumanie soit dans l’Europe a permis de parler de Victor Brauner en son pays natal où chaque dictateur a réécrit l’histoire. Et donc de notre histoire. Son cas est exemplaire. Il était et est une personnalité très clivante, d’abord très marxiste, mais pas membre du Parti communiste clandestin, dans un pays alors extrêmement nationaliste et antisémite, signant avec l’Allemagne comme l’Italie avec l’Autriche. À partir du second procès de Moscou en 1937, il n’a plus de lien avec ce monde stalinien, même s’il reste antifasciste. D’où sa mise à l’écart sous Ceausescu », souligne un historien de l’art roumain. Les Juifs ne sont devenus roumains qu’à partir de 1919, dit-il. Et un décret de 1938 stipule que les Juifs roumains qui ont eu la citoyenneté doivent repasser devant le tribunal. « Mon plus grand ennemi, c’est la géographie, parce que les Juifs n’ont pas de territoire », disait Brauner. Faute d’avoir réussi à rejoindre la filière d’évasion du journaliste américain Varian Fry, il dut se cacher des nazis pendant l’Occupation, à partir de 1942, dans les Hautes-Alpes, où il vécut dans une extrême précarité, peignit avec les moyens du bord mais où, miraculeusement, il ne fut pas dénoncé. L’histoire de la Shoah en Roumanie est particulièrement atroce et la bourgeoisie prospère qui fit construire

« Timisoara 2023 » remet sur Le devant de la scène le peintre Victor Brauner hôtels particuliers, palais et synagogues à Timisoara s’est réduite comme peau de chagrin. C’est d’ailleurs dans l’une des trois grandes synagogues, la Sinagoga din Cetate, que l’artiste du son, le Libanais Tarek Atoui, a fait un concert quasi mystique le samedi 18 février pour marquer le lancement de «Timisoara 2023 ». L’idée vient de Tilla Rudel, juriste de formation, née à Toulouse, élevée à ­Jérusalem, Tel-Aviv et Paris, attachée culturelle à Timisoara après Tel-Aviv. «Je suis venue à Paris pour un week-end en septembre 2020. Tout était fermé. J’ai vu l’exposition Victor Brauner au Musée d’art moderne de Paris. J’ai pensé : “Pourquoi Brancusi et pas ­ ­Brauner ?” », raconte-t-elle. « Cet artiste surréaliste est nourri des arts populaires roumains, de l’art pariétal, comme des contes et légendes fantastiques», souligne l’artiste Mircea ­Cantor, prix Marcel-Duchamp 2011.

bien le chemin de Bruxelles. « Timisoara était l’une des plus grandes villes industrielles roumaines à l’époque communiste, connue notamment pour son industrie automobile. Après “Victor Brauner” et “Constantin Brancusi”, nous voulons attirer les artistes majeurs de la scène mondiale. Nous montrons

nos grands artistes, comme le sculpteur Paul Neagu, qui fut le professeur à Londres d’Antony Gormley. Plus connue à l’étranger, l’École de Cluj est fameuse pour ses peintres dont Adrian Ghenie. Ici, nous avons un festival de cinéma, une biennale d’arts et l’héritage du mouvement Sigma, très important dans les années 1960. Avec “Timisoara 2023”, nous attendons 400 000 visiteurs, soit 50 % de plus que l’an dernier, dont beaucoup de Serbes, car Novi Sad, deuxième ville de Serbie résolument tournée vers les arts, a été la capitale européenne de la culture 2022. De nouveaux hôtels sont déjà nés à Timisoara, malgré le ralentissement du Covid. »

Terre multiculturelle La presse locale et nationale suit cette première avec passion. L’histoire du XXe siècle est en filigrane des discours, nombreux et hiérarchisés, où la guerre en Ukraine n’est pas, ou peu, évoquée : la confiscation des territoires roumains, dont les îles de Coasta-Dracului, par l’URSS à la fin de la guerre, puis leur rétrocession à l’Ukraine qui les a gardés après l’effondrement du bloc soviétique, est encore un sujet ardent. L’ardeur est d’ailleurs souveraine en cette terre multiculturelle de par son histoire. Que ce soit ironique, dans la dérision et l’esprit de fête, comme le Communist Consumer Museum, bar « arty » de Timisoara où s’accumulent les gadgets du quotidien soviétique… et les portraits détournés de Ceausescu ! Que ce soit méthodique, comme la collection muséale du promoteur et ingénieur informatique Ovidiu Sandor, 52 ans, où toute l’histoire de l’art roumain des XXe et XXIe siècles est étudiée, rangée au millimètre près. Que ce soit radical à l’extrême, comme le triptyque vidéo d’Adina Pintilie à la ­ Kunsthalle Bega, réflexion sur l’intimité qui a choqué plus d’un visiteur du pavillon roumain à la dernière Biennale de Venise. Patrice Chéreau a trouvé là une plus radicale que lui. ■ « Victor Brauner, Inventions and Magic », au Musée national de Timisoara (Roumanie), jusqu’au 28 mai. Catalogue bilingue, roumain et anglais, sous la direction de la commissaire Camille Morando, publié par Arta Grafica & Arts Encounters Foundation, avec le Centre Pompidou et l’Institut français.

« Un vrai challenge » La France prend l’enjeu au sérieux. Outre le Centre Pompidou, les Musées de Marseille et Saint-Étienne ont prêté leurs œuvres de Brauner. «Victor Brauner, c’est le retour d’un trésor qui n’a pas été chéri, résume en politique Alin Nica, président du conseil du judet (équivalent du département) de Timiş, dont Timisoara est le chef-lieu. «Quand Brauner, patronyme de sonorité allemande qui évoque l’empire austro-hongrois, a quitté définitivement la Roumanie en 1938, nous sommes passés d’un régime d’extrême droite à un autre tyran, à son exact opposé. Il y eut une tentative de récupération de ces héros de l’art, Brauner et Brancusi, mais ils avaient goûté à la liberté et cette tentative était peu crédible», explique cet homme clef dans la candidature de ­ Timisoara au titre de capitale culturelle. « Avec le directeur du musée, Filip Petcu, cela a été un vrai challenge de transformer et de remeubler le palais baroque du Musée national de Timisoara en musée capable d’accueillir aujourd’hui Victor Brauner et, à l’automne, la rétrospective Brancusi. Ces palais étaient des propriétés privées avant le communisme. Nombre d’entre eux appartenaient à des familles juives. L’incertitude sur l’identité de leurs propriétaires a abouti à leur abandon. ­ Très peu sont revenus des camps de la mort et ont repris leurs biens. » Toute la ville, « au charme austro-hongrois », de Timisoara cache ses multiples palais délabrés sous des bâches de restauration et des filets de sécurité. Objectif ? « La culture peut être un moteur économique, dynamiser les restaurants, les hôtels, le tourisme, c’est un écosystème, déclare Alin Nica, qui est membre du Comité des capitales culturelles depuis trois ans et connaît

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ictor Brauner, né en 1930 à Piatra Neamt en Moldavie, mort en 1966 à Paris, aussi parisien qu’André Breton et le club fermé des surréalistes, n’est-il pas le parfait chaînon manquant entre la France et la Roumanie pour célébrer « Timisoara 2023 », capitale culturelle européenne ? Portée par le Centre Pompidou, qui a prêté une quarantaine d’œuvres sur les 67 exposées, cette première rétrospective du grand peintre roumain méconnu dans son pays est un avènement historique à rebours. Le retour d’un exilé qui a fui le fascisme montant et l’antisémitisme de plus en plus déclaré, en Roumanie comme en Ukraine, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Une réhabilitation qui ne dit pas son nom dans ce pays à l’histoire tourmentée qui veut oublier les années ­Ceausescu (élu président en mars 1974, réélu en 1980 et 1985, jusqu’à sa mort, en décembre 1989). Montée contre vents et marées, cette rétrospective fut un « défi » : trois ans de dialogue entre Paris et Timisoara et un an de « travail intensif », entre Covid et difficultés tant politiques que matérielles et financières. Au point de précipiter les travaux de restauration et de modernisation du Musée national de Timisoara pour le remettre en beauté et surtout aux ­normes muséales. « Victor Brauner reste méconnu ici, il n’est plus jamais revenu après la guerre», souligne Camille Morando, émissaire du Centre Pompidou et fer de lance de « Timisoara 2023 » qui a aussitôt attiré des foules de visiteurs (jeunes, curieux et patients). «Il y a très peu de ses œuvres sur le territoire roumain, environ une trentaine, principalement des années 1920 et 1930, qui datent d’avant son installation définitive en France en 1938 et qui sont dans les collections des musées roumains. Depuis une dizaine d’années, des collectionneurs privés rachètent ses œuvres en salles de ventes.» Cinq de ces tableaux des débuts, restés en Roumanie, inconnus des Français qui n’ont pas pu les voir lors de la superbe rétrospective «Victor Brauner. Je suis le rêve. Je suis l’inspiration » au Musée d’art moderne de Paris en septembre 2020, ouvrent la rétrospective de Timisoara à la scénographie théâtrale et sombre, à l’image du destin. «Comme Malevitch, précise Camille Morando, Victor Brauner traverse les avant-gardes, d’où les influences du ­cubisme sur ses scènes bibliques, Adam et Eve, Lot et ses filles (1923). »

Centre Pompidou, MNAM-CCI/Service de la documentation photographique du MNAM/Dist. RMN-GP/Adagp

Culture 33

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Télévision

« Extrapolations » : l’enjeu climatique en fiction Dix ans après « Contagion », anticipant la crise du Covid, le scénariste Scott Z. Burns dépeint les conséquences d’une montée des températures. Un scénario du pire avec Meryl Streep, Marion Cotillard et Tahar Rahim. Constance Jamet £@constancejamet

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Ces huit épisodes courent sur quatre décennies, de 2037 à 2070. Assez proche de nous pour que son monde reste reconnaissable. Assez étalé dans le temps pour que se déploient les conséquences écologiques et sociales du dérèglement climatique. Les baleines ou les orangs-outans ne survivent dans la mémoire collective qu’à travers des hologrammes ou un ADN séquencé et congelé. Les malformations congénitales et cardiaques explosent. Les métropoles côtières, comme Miami, se couvrent de murs antisubmersion. La numérisation des souvenirs et de la conscience est acquise. L’ingénierie du climat se développe.

Pierre Mouton / Kiosco.tv/Elephant Adventures/Universal Music France

l y a une décennie, le scénariste Scott Z. Burns signait pour Steven Soderbergh Contagion, un film qui imaginait la progression d’un virus pulmonaire mortel transmis par la chauve-souris et l’effondrement de la société à la suite de cette pandémie. L’intrigue, visionnaire, préfigurait nos démêlés avec le coronavirus. Pour Apple TV+, Scott Z. Burns met ses dons de « divination » au service d’Extrapolations. Une terrifiante dystopie sur le réchauffement climatique qui offre le même choc que la minisérie britannique Years and Years, Un puzzle inégal dans laquelle le Royaume-Uni et l’Europe sombraient dans une crise politique et « Dans nos bureaux, nous avions une frise énergétique sans précédent. Extrapolaqui chroniquait chaque détail : la fonte des tions propose une vision encore plus glaciers, le dernier vignoble au monde casombre des capacités de l’humanité à pable de produire du pinot noir », souligne s’autodétruire. Scott Z. Burns, qui s’est entretenu avec de « Je ne suis pas Nostradamus. nombreux experts. Un même Mes scénarios partent des travaux travail a été fait avec les progrès scientifiques existants », précise technologiques possibles. Un Scott Z. Burns. Avant d’ajouter : versant plus périlleux qui verse ○○◐¡ « Le réchauffement climatique a parfois trop dans la SF à la Black été l’objet de nombreux documenMirror. taires. Mais pas de séries. Or, la fiction peut Extrapolations tend un canevas mondonner une image concrète de l’impact de la dial qui ose des décrochages comiques montée des océans et des températures. voire des incursions dans la comédie roPuisse cette vision donner envie aux specmantique. Le puzzle est parfois inégal, du tateurs, surtout ceux qui ne se sentent pas moins déroutant. À travers des ados réconcernés, d’œuvrer pour d’autres futurs voltés contre la passivité des adultes, un où les intérêts de la planète sont mieux pris rabbin ou un ersatz d’Elon Musk, le créaen compte. Ce n’est plus une question de si, teur de cette série relie les thèmes de la mais plutôt de comment. Quelles espèces foi, de l’activisme, de l’entrepreneuriat animales sauver ? Comment limiter les déou de la justice. Comme dans une anthoplacements de population ? » logie, certains personnages font une ap-

Révélé dans Games of Thrones, l’acteur britannique Kit Harington (Nick Bilton) incarne un erzatz d’Elon Musk du futur, principal protagoniste de la série. Apple TV

La chanteuse se produit à l’accor arena de bercy le temps d’un concert retransmis en direct sur Canal+.

e suis extrêmement heu­reuse de pouvoir atteindre ce rêvelà. J’y suis allée plein de fois en tant que spectatrice, j’ai pu assister à des concerts mythiques de Prince ou plus récemment de Christine and the Queens », expliquait récemment Juliette Armanet. Après une triomphale tournée des Zénith de France, la jeune femme se produira pour la première fois de sa carrière à l’Accor Arena. Une jolie consécration pour cette chanteuse populaire parvenue à recueillir un immense succès public sans sicale. compromettre son ambition mu­ Sans doute parce que la jeune femme n’a

HORIZONTALEMENT

VERTICALEMENT

1. Données en remède. - 2. S’exprime suffisamment. - 3. Roborative au Québec, belliqueux en Russie. Lac d’Asie centrale. - 4. Éloigne certains buveurs de rouge. A porté plainte. - 5. Mise en boucles. Espèces d’origine anglaise. - 6. Va exploser. Paternels, en un sens. Scelle l’union. - 7. Grand prophète du messianisme. Arbrisseau d’ornement. - 8. État sous tension et anagramme du 1 vertical.

Une grande exigence Avant de fouler les scènes, Juliette Armanet a été journaliste et réalisatrice de documentaires pour la télévision. Mais la musique devait la rattraper d’une manière ou d’une autre. Fille de musicien, elle a commencé à composer sur le piano familial à l’adolescence, nourrie par les chansons de Barbara, Bashung ou Souchon. Lequel ne tarit pas d’éloges à son sujet « Elle plaît forcément, car elle est émouvante, pleine d’audace, de moder­nité. » À 30 ans, après une première vie

Par Vincent Labbé 1

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VERTICALEMENT 1. Téhéranaises. - 2. Anesthésiera. - 3. Triplant. CDV. - 4. Iode. Nervure. - 5. Luire. Saï. Et. - 6. Lé. Orb. Lac. - 7. Oranger. Névé. - 8. Naissant. Pur.

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SOLUTION DU PROBLÈME N° 6240

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MOTS MÉLANGÉS Barrez dans la grille tous les mots proposés. Cherchez-les horizontalement, verticalement ou diagonalement. Il ne vous restera alors que les lettres formant le mot mystérieux.

AÉROBIC

HORIZONTALEMENT 1. Tatillon. - 2. Enrouera. - 3. Heidi. Aï. - 4. Espérons. - 5. RTL. Ergs. - 6. Ahan. Béa. - 7. Nénés. RN. - 8. Astral. - 9. II. Vian. - 10. Sécu. Cep. - 11. Erdre. Vu. - 12. Savetier.

Autre

nitivement. Porté par Le Dernier Jour du disco, une très belle composition inspirée autant par la fin du confinement que l’issue malheureuse d’une histoire d’amour. Quand d’autres utilisent le disco comme simple décor, Juliette Armanet se fond dedans avec autant de virtuosité que d’élégance. Son show ambitieux et volontiers extravagant, qui la voit monter sur le piano en tenue pailletée, l’a consacrée. Elle s’y révélait profondément ­musicienne et pas seulement chanteuse de variété, remarquablement entourée par des artistes français de haute volée. Une formation au sein de laquelle on retrouve l’excellent Adrien Soleiman, saxophoniste et arrangeur ultra-compétent.

21.00

Vendredi 17 mars

MOTS CROISÉS

1. Réunir en couple. - 2. Pencha vers un côté de l’échiquier politique. - 3. Vais passer un disque qui gratte. - 4. Partiellement acquitté. Action directe. - 5. Créatrice de manteaux. Le sein du sein. - 6. En soi naturelles. - 7. Spécialité de la montagne dans ce sens, de la table dans l’autre. Effets de jambes. - 8. Symbole. Sa tentative de vol a échoué. - 9. Service hospitalier. Première personne. - 10. Ne valent pas plus qu’un dollar. Se colle au mur. - 11. Ne doit pas perdre le fil d’Ariane. Pardon sans correction. - 12. Alsacienne au bord de l’Ill.

professionnelle donc, Juliette Armanet se lance dans la musique. Il lui faudra trois longues années, ponctuées par sa grande exigence et beaucoup de tâtonnements, pour sortir un premier album qui mettra tout le monde d’accord, Petite amie. Une merveille d’équilibre entre classicisme et audace, à l’écriture solide. La chanteuse fait entendre sa différence, et entraîne dans son sillage toute une génération d’auteures-compositrices-interprètes modernes et inspirées. Une tournée plus tard, avec des passages remarqués dans les plus grands festivals, et la voici saluée par les Victoires de la musique. Mais c’est avec son deuxième disque, Brûler le feu, ○○○○ qu’elle s’impose défi-

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rien d’une starlette. Elle i­ ncarne d’ailleurs idéalement comment les chanteuses ont réussi, ces dernières années, à imposer leur vision avec force et indépendance.

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Olivier Nuc £ @oliviernuc

PROBLÈME N° 6241

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monde fort différent. Chaque geste individuel et collectif compte. » Cette crainte a gouverné cette production : plastique interdit, emballages biodégradables, repas sans viande rouge, menus véganes. Les matériaux nécessaires aux décors ont été sourcés au plus près. Les lieux de tournage ont été restreints à New York et ses environs pour limiter les déplacements des talents et permettre des transports groupés.■

Juliette Armanet, la consécration scénique

Quand d’autres utilisent le disco comme simple décor, Juliette Armanet se fond dedans avec virtuosité et élégance.

Demain

parition unique. D’autres, au contraire, reviennent des décennies plus tard, pour constater les dégâts. Cela donne une distribution cinq étoiles : Marion Cotillard, Tahar Rahim, Kit Harington, Meryl Streep, qui prête sa voix à un cétacé. Scott Z. Burns le martèle : « Extrapolations est une mise en garde, pas une fata­lité. Le réchauffement est certes inévitable. Cependant, une hausse des températures de 1,5 degré ou de 2,5 degrés dessine un

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SOLUTION DU MOTS À MOT Les mots sont : RECOIN - GIFLER - PSAUME.

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télévision

météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE 21.10

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Ce soir c’est Palmashow

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Capitaine Marleau

Divertissement

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par

ÉPHÉMÉRIDE St-Patrick Soleil : Lever 06h59 - Coucher 18h58 - Dernier croissant de Lune

MATIN The Endless

La planète des singes : suprématie

Série. Policière

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23.05 Ce soir, c’est Palmashow. Divertissement.

Fra. 2022. Avec Corinne Masiero. La der des der. Inédit. Un homme s’écroule au cours de la reconstitution en costumes d’un duel sous l’Empire, où les armes étaient chargées à blanc. 22.50 Eddy de Pretto : Love Factory. Concert, 2023. Inédit. 00.10 Basique, le concert. Marc Lavoine, Souad Massi, Cerrone...

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23.25 Hacker. Film. Thriller. Avec Chris Hemsworth, Viola Davis.

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Juliette Armanet : Brûler le feu

Concert

Film. Science-fiction

EU/Can/NZ. 2017. Réal. : Matt Reeves. 2h20. Avec Andy Serkis. Un colonel humain lance ses troupes contre les singes pour les éradiquer : César tente de sauver les siens et traque le militaire dans les montagnes.

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Jack

Recherche appartement ou maison

Film. Drame

1h46. Concert retransmis depuis l’Accor Arena de Paris, dans le cadre de la tournée «Brûler le feu Tour». Auteure, compositrice et interprète française, Juliette Armanet est la révélation de la scène musicale française en 2017.

All. 2014. Réal. : Edward Berger. 1h32. Avec Ivo Pietzcker. À 10 ans à peine, Jack fait preuve d’une étonnante maturité. Il prend soin de son petit frère Manuel, 6 ans. Sa mère est aimante mais complètement dépassée et irresponsable.

22.46 Gad Elmaleh : D’ailleurs.

22.30 Les noces de Figaro. Opéra.

Téléréalité

1h40. Que sont-ils devenus ? À Paris, Isabelle cherchait un appartement pour être près de sa fille. Stéphane Plaza et Antoine Blandin leur avaient trouvé un bien idéalement situé. 22.50 Recherche appartement ou maison. Téléréalité. Spéciale 1er achat.

20.31 TPMP week-end. Div.

19.50 Les apprentis aventuriers.

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.20 Y’a que la vérité qui compte

21.05 Enquête d’action

Mag. Détention d’armes, drogue, rébellion : traques avec le PSIG de Valence. Surnommée «la Porte du Midi», Valence est la préfecture de la Drôme. Parmi les 740 gendarmes que compte la ville, une vingtaine d’hommes sont formés pour les interventions à risques.

21.25 90’ Enquêtes

Magazine. Prés. : Pascal Bataille et Laurent Fontaine. 1h40. Inédit. Première diffusion. Y’a que la vérité qui compte est une émission télévisée présentée par Pascal Bataille et Laurent Fontaine. 23.00 Y’a que la vérité qui compte.

23.00 Enquête d’action. Magazine.

22.45 90’ Enquêtes. Magazine.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

20.58 Direct Quinté. Magazine

20.15 Historiquement Show. Mag.

21.00 Chauves, la revanche

21.10 J’irai dormir chez vous

20.50 L’ombre d’un doute

Mag. Prés. : Tatiana Silva. Fous du volant, disparition, accidents : immersion totale avec les gendarmes du Sud Inédit. Durant six mois, les équipes de l’émission ont partagé les missions sensibles de plusieurs unités de gendarmes du Sud de la France.

Il y a dix ans, Aaron et Justin ont fui une secte qui vouait un culte aux extraterrestres. Devenus adultes, ils mènent une vie normale, jusqu’à ce qu’ils reçoivent une cassette vidéo en provenance de la communauté. Son contenu les intrigue tant qu’ils retournent sur les lieux. Sur place, ils s’étonnent de découvrir que leurs anciens coreligionnaires n’ont pas vieilli. Mais bien vite, ce détail passe au second plan quand ils sont les témoins de phénomènes célestes inexplicables. Et si les croyances de la secte étaient fondées ? Réalisé et joué par Justin Benson et Aaron Moorhead, qui ont depuis récidivé avec « Synchronic », ce thriller paranormal s’inscrit dans la lignée des meilleurs films du genre, de «Get out» à «It Follows».

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22.25 Jacques Tati, tombé de la Lune. Doc.Réal. : Jean-Baptiste Péretié.

Documentaire. Fra. 2006. Réal. : Antoine de Maximy. 0h52. RoyaumeUni. Londres, le pays de Galles, Liverpool et le nord de l’Écosse sont les destinations de l’aventurier Antoine de Maximy dans les îles britanniques. 22.15 J’irai dormir chez vous. Doc. Réal. : Antoine de Maximy. Éthiopie.

Magazine. Prés. : Franck Ferrand. Léonard de Vinci, l’homme du mystère. Nous ne savons que peu de choses sur les œuvres de Léonard de Vinci, en revanche sa vie personnelle est beaucoup plus documentée.

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➜ 17 heures : « Le BuzzTV » (avec TV Magazine) – Invité : Sonia Mabrouk, auteur du livre Reconquérir le sacré (Éditions de L’Observatoire), journaliste sur CNews et Europe 1. Interviewée par Nicolas Vollaire et Sarah Lecœuvre.

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Doc. Fra. 2022. Réal. : Valentin Mollette, Paul Sanfourche. Longtemps moqués par la culture populaire, les chauves ont non seulement pris leur revanche, ils sont parfois devenus des icônes, comme Bruce Willis ou The Rock.

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Aujourd’hui, vendredi 17 mars sur lefigaro.fr

➜ 18 heures : « Points de vue ». Présentation : Vincent Roux. Avec Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro Magazine à propos du 49.3 déclenché par Élisabeth Borne; et Étienne de Montety, directeur du Figaro Littéraire, pour son roman, La Douceur (Stock).

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10 Prés. : Grégoire Ludig et David Marsais. 1h55. Pour cette soirée exceptionnelle, David Marsais et Grégoire Ludig ont écrit et réalisé un prime inédit avec des sketches, des parodies, des clips et des fausses publicités.

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lachainemeteo.com

Par téléphone :

23.30 David Suchet dans les pas de saint Pierre. Documentaire.

Sur L’APPLI

LIVE 24/24

GRATUITE La Chaîne Météo

2,99 €/appel

MOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3472 TROP BAVARDE TUBE DE ROUGE

D’OCÉANIE CLOUER SUR PLACE

INTERVERTIE ESTRADE DE BOXE

CONGÉ D’OFFICE DU BOIS BRÛLÉ

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AMPOULE FROIDE GRANDE LECTRICE

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POISSON D’EAU DOUCE

HECTOLITRE À BOUT DE NERFS

AFFECTION DU CORPS IL COUVRE LE MUR

COUVERT DE FLEURS COUCOU OU ZIZI

FAITE POUR DIRE BONJOUR

VAET-VIENT CENTRE DE BEAUTÉ ÂCRETÉ

MORCEAUX DE BŒUF LABEL DE VINS APÉRITIF ESPAGNOL PROBLÈME CUTANÉ

CHIFFRE DU LOTO A MONTRÉ LES DENTS CHEFS DE TÊTUS NOIRS DE CHEVEUX

ÉLÉMENT DE SÉRIE PRINCE ARABE

PAS NATURELS ANNEAU

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AUSSI DONNE LA RÉPLIQUE PRÉFIXE NOVATEUR

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PASSE DES EFFETS SOUTIEN DE TÊTE

ESSENCE D’UN INDIVIDU IRIDIUM

UN RIVAL QUI NOUS VEUT DU MAL

ADJECTIF DÉMONSTRATIF À LUI MONNAIE DES ITALIENS

LANGAGE DE SPÉCIALISTES

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INDICATION ORIGINELLE CAUSAS DU CHAGRIN

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DIFFÉRENT DE L’ÉCOSSAIS NÉGATION SOCLES DE BALLES ENCERCLERAIS

C’EST AINSI POIDS À JETER DU BALLON CALIBRÉ ESPÈCES DE LÉZARDS

MIJOTÉE S’EXPRIMA SANS UN MOT

ATTENTE DE RÉGATIER ESPÉRER

ARTICLE À MADRID ANCIEN SERVICE

TEL UN NEZ COURT ET LARGE

HÂLÉ, BRONZÉ

CE N’EST PAS UNE LUMIÈRE CE SONT DES PARESSEUX

L’EUROPE DE MAINTENANT

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Les dix pâtisseries vedettes de la capitale

Paris-brest, saint-honoré, tarte Bourdaloue… Pleins feux sur ces douceurs inventées - ou popularisées - à Paris, assorties de la bonne adresse pour les

Claire Heitzler & Producteurs (Levallois-Perret).

Alice Bosio £@alicebosio et Hugo de Saint Phalle £@Hugo25Phalle

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e nombreuses recettes emblématiques de la pâtisserie française ont vu le jour - ou connu la célébrité - à Paris. L’occasion de revenir sur leur origine et de vous dévoiler nos artisans favoris pour les goûter.

Le paris-brest CLAIRE Heitzler & Producteurs L’HISTOIRE. La plus célèbre des pâtisseries parisienne n’est pas née dans la capitale, mais à une vingtaine de kilomètres, très exactement à Maisons-Laffitte (Yvelines). Là, un certain Louis Durand aurait créé, en 1910, ce gâteau fait de pâte à choux coupée en deux horizontalement, fourrée de crème pâtissière pralinée et garnie d’amandes effilées. Sa forme ronde rappelait celle d’une roue de vélo, hommage à la course cycliste qui reliait Paris à Brest depuis 1891. L’ADRESSE. Dans son laboratoire ­boutique inauguré fin 2021 à Levallois, Claire Heitzler, qui fut chef pâtissière de Lasserre, puis directrice de création chez Ladurée, privilégie les créations fruitées (et engagées). L’Alsacienne livre aussi sa version du paris-brest : un petit monument de gourmandise qui respecte la tradition tout en la remettant au goût du jour. Dégusté dans sa version individuelle, il se compose d’un chou rondelet enrobé de craquelin, recouvert d’une crème mousseline légère, réalisée à partir d’un mélange de purées de noisette et d’amande. On retrouve cette mousseline à l’intérieur du chou, enrichie par un insert de praliné maison coulant. De gros morceaux de noisettes caramélisées déposés sur le dessus viennent apporter du croquant. PRIX : 7 € (la pièce) ; 40 € (6 pers.). 9, rue du Parc (Levallois-Perret). Tél. : 01 47 39 94 74. patisserie-claire.com

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Le flan pâtissier Tapisserie L’HISTOIRE. Celui s’appelait « flaon » au Moyen Âge aurait été inventé outreManche et servi notamment lors des célébrations suivant le couronnement de Henry IV à Westminster, en 1399. Il est pourtant devenu aujourd’hui l’une des figures incontournables de la boulange parisienne. Lui qui ne supporte pas la médiocrité est, hélas, régulièrement maltraité. Ce qui n’empêche pas les bambins de le gober en deux, trois

Tapisserie (7e et 11e).

bouchées en rentrant de l’école. L’ADRESSE. Deux visions s’affrontent pour la pâte qui entoure la crème cuite du flan pâtissier : brisée ou feuilletée. C’est cette seconde option qui est travaillée par les toques sucrées de l’étoilé Septime. Le feuilletage apporte un contraste fantastique à la crème divinement vanillée, à la consistance absolument parfaite : d’aspect tremblotant mais ultra-crémeuse en bouche. PRIX : 4 € (la pièce) ; 18 € (4 pers.) et 32 € (6-8 pers.). 65, rue de Charonne (11e). Tél. : 01 55 28 79 43. 16, av. de la MottePicquet (7e). Tél. : 01 45 50 14 27. tapisserie-patisserie.fr

Le millefeuille Ritz Paris Le Comptoir L’HISTOIRE. Sa paternité est attribuée à François Pierre de La Varenne, au mitan du XVIIe siècle, avant d’être revu et corrigé par Antonin Carême. Mais cette pâtisserie dans sa version actuelle, faite de trois étages de pâte feuilletée réunis par deux couches de crème à la vanille, aurait été imaginée en 1867 par Adolphe Seugnot, qui tenait boutique rue du Bac (7e). Son nom tire son origine de son montage, même s’il ne nécessitait pas 1 000 feuilles de pâte mais 729 ! L’ADRESSE. Dans la version créée (et améliorée depuis) pour l’ouverture de sa boutique Ritz Paris Le Comptoir à l’été 2021, François Perret s’est éloigné de l’aspect classique pour proposer une version « to go » pratique à déguster dans la rue, convoquant la même forme allongée en U que celle de ses sandwichs. Suffisamment copieux pour régaler deux becs sucrés, son millefeuille se compose d’un feuilletage caramélisé à la cassonade ultra-croustillant qui abrite une crème vanillée très onctueuse, recouverte d’un caramel poussé (pour éviter l’excès de sucre) et parsemé de noix de pécan caramélisées croquantes. L’équilibre parfait entre légèreté et gourmandise, combiné à une forme créative. Comment résister ? PRIX : 17 €. 38, rue Cambon (1er). Tél. : 01 43 16 30 26. ritzparislecomptoir.com

La tarte Bourdaloue Sébastien Gaudard L’HISTOIRE. La rue Bourdaloue (9e), voisine de l’église Notre-Dame-de-Lorette, a vu naître cette tarte aux amandes et à la poire. C’est là que, en 1860, un dénommé Fasquelle l’aurait inventée - certains l’attribuent toutefois à son prédécesseur, Nicolas Bourgoin, de la

maison Lesserteur, mais la recette ne convoquait alors pas de fruits. L’ADRESSE. À deux pas de ses origines, rue des Martyrs, le pâtissier lorrain rend naturellement hommage à la cousine de la tarte amandine. Sa pâte brisée rustique à la cuisson poussée est garnie de crème frangipane aux amandes espagnoles, sur laquelle trônent de belles et fines tranches de poires pochées au sirop, ponctuées d’amandes effilées et torréfiées. Un dessert frais au look rétro, comme Gaudard les affectionne, et à l’exécution sans reproche. PRIX : 5,90 € (la pièce) ; 19,30 € (3-4 pers.) et 28 € (5-6 pers.). 22, rue des Martyrs (9e). 3, rue des Pyramides (1er). Tél. : 01 71 18 24 70. sebastiengaudard.com

Le financier Hugo & Victor L’HISTOIRE. Ce gâteau à la connotation désuète serait né du côté de Nancy au XVIIe siècle, chez les sœurs du couvent de la Visitation. Mais c’est bien à Paris, dans le quartier de la Bourse, que les visitandines à l’amande ont connu leur essor. En 1890, pour plaire à ses clients boursiers du Palais Brongniart, un pâtissier nommé Lasnes les aurait façon-

Ritz Paris Le Comptoir (1er), en bas : Sébastien Gaudard (1er et 9e) et à droite : Cédric Grolet Opéra (2e).

nées en forme de lingots d’or et baptisées… financiers ! L’ADRESSE. Hugues Pouget, ancien chef pâtissier de Guy Savoy et champion du monde des desserts, reste un expert en matière de financier - nous l’avions déjà consacré meilleur de Paris dans ces pages en 2011. Il le décline d’ailleurs, en forme de barquette, dans des versions parfumées au citron jaune, au pamplemousse et au praliné. Le nature, d’une grande fraîcheur, affiche sa forme rectangulaire et une texture exemplaire : ultra-croustillante à l’extérieur et moelleuse à l’intérieur. Quant à la saveur, la poudre d’amande est bel et bien présente, tandis que l’on devine la présence d’un miel d’acacia qui remplace une partie du sucre. PRIX : 2 € (la pièce). 40, boulevard Raspail (7e). Tél. : 01 44 39 97 73. hugovictor.com

Le macaron Pierre Hermé L’HISTOIRE. Dans le biopic pop signé Sofia Coppola, Marie-Antoinette croque avec délice dans des macarons bariolés. Tromperie ! La reine n’a pu satisfaire cette passion dans la réalité, car, si l’origine du petit biscuit remonterait au XVIIe siècle, sa forme actuelle a mis des décennies à germer, au fil des usages pâtissiers. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1930 qu’un certain Pierre Desfontaines, ­petit-cousin du créateur de la Maison Ladurée, a l’idée de placer une couche de ganache entre deux coques de macarons et imagine le visuel tel qu’on le connaît aujourd’hui. L’ADRESSE. Aucun débat, le monstre sacré de la pâtisserie française, passé par Fauchon et Ladurée, est aussi le pape ultime du macaron, celui qui en a fait une friandise mondialement prestigieuse. La collection Infiniment joue les saveurs classiques (vanille de Madagascar, praliné pistache…) tandis que la ­Signature convoque les créations emblématiques. Parmi elles, deux incontournables : l’Ispahan (rose, litchi, framboise) et le Mogador (chocolat au lait, fruit de la passion). PRIX : 2,80 € (la pièce) ; coffrets de 23,50 € (8 macarons) à 122 € (40 macarons). 133, av. des Champs-Élysées (8e). Tél. : 01 45 12 24 02. Et une vingtaine de boutiques à Paris. pierreherme.com

Le saint-honoré Cédric Grolet Opéra L’HISTOIRE. Sans doute la plus douillette des pièces de cette sélection. On aimerait tant pouvoir s’allonger sur son

épaisse couche de crème chantilly, élégamment pochée ! C’est à feu la pâtisserie parisienne Chiboust qu’en reviendrait la paternité, commerce qui était situé… rue Saint-Honoré. Là, Auguste Jullien aurait créé ce gâteau en 1846, baptisé ainsi également en hommage au saint patron des boulangers et pâtissiers. La recette a beaucoup évolué au fil du temps puisqu’elle était composée à l’origine… de brioche. L’ADRESSE. Un modèle de technique (visuel ­sublime, pochage minute en boutique devant le client) et de gourmandise. Feuilletage ultra-croustillant, adorables petits choux caramélisés, fourrés de crème pâtissière à la vanille, et généreuse couche de chantilly, vanillée elle aussi, disposée comme les pétales d’une fleur. Une pâtisserie harmonieuse et immédiatement addictive. PRIX : 35 € (2-3 pers.), 65 € (4-6 pers.) et 95 € (8-10 pers.). 35, av. de l’Opéra (2e). Tél. : 01 83 95 21 02. cedric-grolet.com

Le baba au rhum Jeffrey Cagnes L’HISTOIRE. C’est grâce à Stanislas Leszczynski (1677-1766), ex-roi de Pologne, exilé en Lorraine, que les gourmands se délectent aujourd’hui de ce qui serait né comme un kouglof jugé trop sec arrosé par son pâtissier, Nicolas Stohrer, de vin liquoreux. Ce dernier suivit à Versailles la fille du Polonais, future épouse de Louis XV, et ouvrit en 1730 une boutique rue Montorgueil (2e), où le baba, imbibé de rhum, fit carrière. L’ADRESSE. Si la boutique existe toujours, c’est chez un de ses anciens chefs pâtissiers, désormais à son compte, que l’on va chercher son (gros) baba moelleux, conservé en magasin dans une grande marmite en cuivre, baignant dans le sirop au rhum martiniquais, oranges et gousses de vanille. Un petit pot de crème Chantilly vanillée très peu sucrée (pour équilibrer la sucrosité du sirop), réalisée avec 10 % de mascarpone, est délivré à part. PRIX : 7,20 €. 24, rue des Moines (17e). Tél. : 01 46 06 94 62. 73, rue Montorgueil (2e). Tél. : 01 42 36 70 48. jeffreycagnes.fr

scope

LES nouveaux restos

le figaro

vendredi 17 mars 2023

Scope

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Haché menu Par Emmanuel Rubin

déguster.

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L’HISTOIRE. Lenôtre et Dalloyau se sont longtemps disputé la paternité de cet entremets rectangulaire. Il faut vraisemblablement la reconnaître à la seconde maison, plus précisément à ­ Cyriaque Gavillon, chef pâtissier qui l’avait rachetée en 1949 et créa le gâteau six ans plus tard. Sa femme, ­Andrée, étonnée par sa surface parfaitement lisse, la comparait à la scène de l’Opéra Garnier… D’où son nom. L’ADRESSE. Chez Dalloyau, évidemment ! Si plusieurs pâtisseries se prêtent à l’exercice, la pièce de Dalloyau est la plus minutieuse et savoureuse. Crème au beurre au café, ganache au chocolat 70 % et biscuit joconde (sorte de génoise à la poudre d’amandes) imbibé de ­sirop de café s’y succèdent en un savant montage de plusieurs étages, terminé par un glaçage au chocolat noir subtilement craquant. Malgré la richesse ­aromatique, chaque parfum reste bien identifiable. PRIX : 6,90 € (la pièce), 45 € (6-8 pers.). 101, rue du Faubourg-Saint-Honoré (8e). Tél. : 01 42 99 90 08. Et 4 autres points de vente dans Paris. dalloyau.fr

FRéDéRIQUE TOULET

Première révélation de printemps avec la table bistronomique fraîchement lancée, à Montmartre, par deux anciens du comptoir du relais époque Camdeborde. Emmanuel Rubin

I

l y a des coulisses qu’on a plaisir à révéler et des bonheurs simples comme un texto. L’un d’eux vous tombe ainsi, un soir, sur le coin de l’écran. Laconique ! « Ça vient d’ouvrir avec deux jeunes anciens du Relais. Fonce, ils méritent… » Signé Yves Camdeborde. Puisqu’on assure aussi la belle nature des grands chefs dans leur talent à transmettre, reconnaissons-les encore plus sports lorsqu’ils accompagnent les premiers trots affranchis de leur poulain, sans autre contrepartie que celle de la sincérité. Et donc, dans une de ces rues qui font encore les zébrures de Montmartre, vient d’ouvrir ce Matré, un de ces une pièce-cuisine qui s’essaie toujours à tenir les murs d’une bistronomie désormais trop souvent dans sa caricature. Sur ce coup,

ne pas se lasser, ne pas bouder, ne pas mégoter à reprendre, dans l’ordre, les murs grattés dans le sensible, la courbe des chaises invitant un Bauhaus au bistrot, le chef (Lucas Tresse) appliqué à son comptoir de fourneaux, la carte inspirante et trois assiettes lumineuses à verser de l’air (autant dire du style) du côté de recettes en bon sens terre à terre. Étonnant artichaut sans feuille ni cœur mais en total esprit de mousse tiède à laquelle copeaux de Salers et champignons de Paris offrent un relief en même temps qu’un tempérament ; LE MATRÉ épatante 42, rue Véron (18e). convocation Tél. : en ragoût des 01 53 41 15 40. derniers légumes Horaires : d’hiver (carottes, Tlj sf mar. chou de Bruxelles, Métro : Abbesses oignon, courge) ou Blanche. pris dans la fièvre thaïe d’un bouillon tom yum ; écho d’un goûter soudain servi au déjeuner lorsque biscuit dacquoise, brunoise d’ananas et fruit de la passion s’excitent d’un crémeux citron vert. Tout y était : la bonne main, la bonne mise, la forte surprise. Celle qui vous illusionne d’un comme chez soi pourtant loin de chez vous. La preuve, ce samedi-là, les poulains de Camdeborde étaient seuls en scène,

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nous seuls en salle, et pourtant, l’espace comme l’instant d’un déjeuner, on avait ce sentiment d’un resto complet, vivant. À coup sûr, la première révélation de ce printemps. Avec qui ? Du monde (ils en ont encore besoin). Une, deux, trois assiettes… Couteaux à la plancha, cébettes, poivre vert, poireaux frits : de beaux calibres joliment jardinés. Épaule d’agneau confite, purée de patates douces, courges rôties, kale, jus persillé : le seul gras de l’agneau, caressant, rôti au cordeau, suffirait à saluer le plat. Crème glacée au caramel beurre salé, pomme confite au calvados, noix du Brésil, noisette : explosion du fondant. Dans le verre ? Sorti d’une carte restreinte mais pertinente, un rouge côtes-du-rhône, Combe au Mas, Rigaou, Ventoux 2021. Service : réglé en solo avec pudeur et présence par la jeune associée (Chloé Magel). L’attention : ouvert samedi ET dimanche. Zut ! Désolé mais ce fut un sans-faute jusqu’au parti pris d’un unique pain maïs souple, tiède, parfumé. L’addition : plutôt indulgente ! Entre 35 et 45 € à la carte, menus (déj., sem.) à 24 et 28 €. Quelle table ? La 5, sur la petite banquette.

MAIS ENCORE…

Le public. Pour l’heure, les aficionados de la première heure mais, n’en doutez pas, très vite, bientôt, les suiveurs et notables par l’étoile alléchée. Le service. Elle valse, elle valse la banlieue. Est-ce cher ? Visiblement, le lieu n’a pas attendu Bibendum pour marquer son chic territoire. Environ 90 € à la carte. Menus à 69 € (quatre temps) et 89 € (six temps). Carte des vins très champagne. Faut-il y aller ? Les yeux bandés car dans son grand n’importe quoi, voilà sûrement l’une des meilleures décisions du dernier palmarès Michelin. 71, rue Hoche, à Montreuil (93). Tél. : 01 48 58 17 37. Tlj sf lun et mar. Jusqu’à 23 h 30. Métro : à dix petites minutes de la station Croix-de-Chavaux.

Montijo

L’Opéra Dalloyau

Trois temps, quatre vents. Et, sans se faire prier, à la suite d’une salle courtoise à balancer entre le sourire et le soutenu, la carte délie ses trois temps aux quatre vents de recettes très composées. L’araignée comme dentelle iodée de Roscoff frisottant sur une courge paysanne de ­M. Rigault. Le pigeon cuit sur le coffre, perlant ses sucs et son jus dans un inédit de salsifis, whisky Islay et datte. Jusqu’à cette ultime poire passe-crassane, judicieusement entremetteuse à justement faire entremets entre coulis de vin jaune et confiserie de marron ardéchois. Au dernier coup de cuillère, Montreuil, Paris, ailleurs, peu importe, une étoile est née.

Le Matré, ça va cartonner !

$ Tommaso Café

$ Localino

$ Montijo

Genre : après le mexicain Flor (déjà fermé), un second café en moins de six mois pour le concept store Merci. Celui-ci à la romaine, terrible à lâcher ses petits pains garnis et franchement bien balancé à jouer de la crème et du perco (cappuccino, marocchino, freddo con panna…). Un spot facile comme Vespa, idéal pour sauter un repas. Prix : environ 8 €-15 €. Petit sandwich burrata, prosciutto, rughetta : vite becqueté. Maritozzo à la crème : affriolant ! Comme un nuage dans une brioche. Café zabaione : le dessert et le café en une tasse. Avec qui ? Une shoppeuse essoufflée. Bonne table : au comptoir. Service engageant. 111, boulevard Beaumarchais (3e). Tlj, de 10 h à 19 h. Métro : Filles du Calvaire.

Genre : vu la centaine de références de la carte des vins et la jolie science accordée aux charcuteries transalpines, reconnaissons d’abord les civilités d’une enoteca bon chic, bonne gueule. Pas mal non plus lorsque la cuisine interpose son doux appétit et de charmantes pastas. Prix : environ 40 € à la carte, formules déj. à 22 € et 28 €. Sopressa veneta : délicatesse faite saucisson. Sedanini au ragoût de veau : pasta juteuse. Tiramisu : tout bien à sa place. Avec qui ? Une amante del vino. Bonne table : celle côté cheminée (fermée). Service gentiment « frizzante ». 10, rue de l’Odéon (6e). Tél. : 01 43 54 97 17. Tlj sf dim. (dîn.), lun. et mar. Métro : Odéon.

Genre : le décor en fait trop, les assiettes de leur mieux mais, pour l’heure, le spleen l’emporte sur l’hispanique. Pas facile de s’inventer un destin de bodega dans ce quartier en page de polar dont on a toujours l’impression qu’il passe son temps à regarder les trains en gare. Prix : environ 25 €-35 € sans les vins, formule déj. à 16 €, brunch basque le dimanche à 30 €. Tortilla : bien en chair. Salade de pois chiche, oignons rouges, persil, huile d’olive : inoffensive. Tarta de queso (gâteau au fromage) : moelleuse. Avec qui ? Une certaine Eugénie (les lettrés comprendront). Bonne table : côté véranda. Service détendu. 167, rue de Rome (17e). Tél. : 01 44 29 06 07. Tlj sf dim. (dîn.). Jusqu’à minuit. Métro : Pont-Cardinet.

A

L’HISTOIRE. Son destin contrarié nous tirerait presque une petite larme… ­Pauvre religieuse, reléguée depuis une bonne décennie au second plan par son envahissant cousin, l’éclair ! Elle n’a pourtant rien à lui envier, bien au contraire, à la fois plus gracieuse et plus technique. À vous de sauver ce monument en péril, dont l’origine remonterait au ­milieu du XIXe siècle, inventé par un certain Fras­ aris et alors de cati à P forme carrée. L’ADRESSE. L’ancien chef pâtissier du Café de la Paix vient de souffler la quinzième ­ bougie de sa boutique du q ­ uartier Mouffetard. La religieuse y trône en bonne place, élancée et ­ ronde à la fois, un vrai p ­ etit ­bijou. Dans la version chocolatée (elle est aussi d ­ isponible au café et à la rose), les deux choux, bien croustillants, e ­ nfermant une fine crème au beurre, délivrent un délicieux cré­ hocolat noir 70 %. meux au c PRIX : 6,20 €. 51, rue Censier (5e). Tél. : 01 43 31 68 12. carlmarletti.com

« Qui sentait bon le bassin pari-

sien… » À s’approcher de la Villa, le fameux Petit Jardin cher à Dutronc vous ritournelle à l’esprit. Sans provoquer en qualifiant cette table comme l’arbre de quartier qui cache la forêt urbaine, avouer quand même le quasi incongru d’une bulle de charme résistant aux environnements de barres et de béton. Encore plus chavirant lorsque les premiers gazouillis s’échappent des branches des arbres, encore plus déroutant à percer le miroir d’un décor feutré comme dans les nouvelles auberges du Val de Loire.

Chloé Magel et le chef Lucas Tresse au Matré (18e).

Michele Andreoli

La religieuse Carl Marletti

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etour à Montreuil, sa petite fierté 9.3., son marché aux puces, son art de vivre de minisérie télé, ses bobos. Vu de l’assiette, des lustres qu’on nous promet, ici, une bistrote émergente, une gastronomie comme aux beaux quartiers et, à bien gratter, des lustres que rien n’a vraiment bougé. Rien hors cette curiosité de Villa9Trois où, vingt ans plus tôt, tout commençait dans la fanfare d’un certain Stéphane Reynaud, néoripailleur qui parvint à persuader le bourgeois de venir, ici, s’encanailler. Le jardin cultivait un flon-flon de guinguette, l’assiette claironnait le plat gaulois. Depuis, Reynaud est reparti au tweed du 7e arrondissement et ses successeurs n’ont pas vraiment vécu la fête à mieuxmieux. Jusqu’à Camille SaintM’Leux, l’an passé, jeune chef dans le brio et la bourlingue venu justement tenter de briller et de bourlinguer à Montreuil. Nous l’avions prédit, Michelin a suivi. Une étoile lui échoit au dernier guide. En ces temps où l’inclusif ne connaît plus de limite, courons voir si ce macaron tient de l’opportunisme ou d’un très gourmand réalisme.

Tommaso Café

Philippe Vaurès, Benjamin Schmuck, Bernhard Winkelmann, Sébastien Gaudard, Calvin Courjon

Villa9Trois, la fête À M’Leux-M’Leux

vendredi 17 mars 2023 le figaro

38 Scopescope

votre week-end à ...

Jiali Having a Tea in My Library de Frédéric Léglise, 2022, (à gauche). L’Odeur du Lys devant les murs de Jérusalem, 2020 (à droite) de Rayan Yasmineh, sont exposés au MO.CO.

La place de la Comédie, épicentre de la ville.

jeune, créative et festive MONTPELLIER cultive ses meilleurs

entre mer et vignes, la capitale de l’hérault offre une large palette de loisirs. de l’art contemporain à la découverte du patrimoine et de la gastronomie : 15

sophie de santis [email protected] envoyée spéciale

À

travers ses quartiers contrastés d’architectures anciennes et ultramodernes, ses églises et ses monuments majestueux, la cité de l’Hérault, ouverte sur la Méditerranée, embrasse 1 000 ans d’histoire. Et se projette toujours plus dans le futur. Des arguments qui lui valent d’être sélectionnée parmi les quatre dernières finalistes à la candidature de capitale européenne de la culture de 2028. Ponctuée de jardins et de cours secrètes, elle entretient le charme d’une ville urbanisée du sud de la France, qui n’aurait pas subi trop d’avanies dans son hypercentre. De l’Écusson, quadrillé de ruelles et d’églises médiévales, à sa « couronne » haussmannienne, englobant la fameuse place de la Comédie, Montpellier conserve une homogénéité visuelle. Même si ses détracteurs reprochent trop d’audace aux constructions contemporaines d’Antigone, conçues par Bofill, de l’hôtel de ville de Jean Nouvel, à l’est, ou encore de l’immeuble Nuage de Starck. Seul l’Arbre blanc, de Fujimoto, et ses balcons ouverts comme des écailles, est admiré pour son élégance. Un éclectisme urbain qui se découvre à pied, en tram ou à vélo, en prenant tout son temps. ■

les expositions à voir

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1. AU MO.CO, jeunes talents à découvrir Faire un état des lieux de la jeune peinture française d’aujourd’hui est un exercice périlleux. Comment être exhaustif sans lasser le regard ? Avec « Immortelle », présenté en deux volets au MO.CO (jusqu’au 4 juin) et à la Panacée (jusqu’au 7 mai, 14, rue de l’Écolede-Pharmacie), Numa Hambursin, joue gros. Le directeur général, 43 ans, qui a bataillé ces dernières années pour ce poste, fait le pari de déployer un panorama de la peinture figurative d’artistes nés à partir de 1970. Ceux qui ont lutté pour imposer l’huile et le dessin plutôt que la vidéo et l’installation, supports dominant dans les années 1990-2000. Hambursin réunit ainsi quelque 122 talents travaillant tous dans l’Hexagone, plus ou moins connus. D’Oda Jaune à Claire Tabouret ou Frédéric Léglise, pour les plus établis. De Rayan Yasmineh, Jean Claracq au duo Ida Tursic et Wilfried Mille pour ceux qui émergent. C’est l’occasion également de faire des découvertes parmi la génération née après 1982, comme Corentin Canesson ou Mireille Blanc. Même si la diversité des talents reflète bien la vitalité actuelle de la scène française, les commissaires ont péché par trop de générosité.

Jardin des Plantes

LES 5 ARCEAUX

LA POMPIGNANE

Cathédrale St-Pierre

Promenade du Peyrou

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FIGUEROLLES GAMBETTA

LES AUBES

3 Jardin du Champs de Mars ANTIGONE

MILLÉNAIRE

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Polygone

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Pl. de l’Europe

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GARES

PORT MARIANNE

Hôtel de Ville ST-MARTIN

Plus 350 œuvres exposées brouillent un peu la visibilité. ■ 13, rue de la République. Tél. : 04 99 58 28 00. moco.art

2. Le pavillon populaire

Il trône comme une folie au milieu d’un parc. Le petit édifice néoclassique accueille des expositions de photos toute l’année. À voir jusqu’au 16 avril : « La surface et la chair, Madame d’Ora, Vienne-Paris, 1907-1957. Dora Kallmus (1881-1963), une photographe viennoise, fixa sur la pellicule de nombreuses personnalités parisiennes, de Joséphine Baker à Jean Cocteau. Mais aussi des camps de réfugiés en Allemagne. ■ Esplanade Charles-de-Gaulle. Entrée libre. montpellier.fr

3. la fondation GGl

Le palais est majestueux avec ses hauteurs sous plafond vertigineuses et ses voûtes du XVIIe siècle. Le bâtiment classé abrite un hôtel 5 étoiles, le restaurant gastronomique étoilé Jardin des Sens et le bistronomique La Canourgue (lire ci-contre) ainsi que le Bar l’Élytre. Entre les décors et les fresques d’origine, la Fondation GGL (un promoteur immobilier local), a commandé cinq interventions artistiques in situ permanentes, du plafond de Jim Dine à celui de Jan Fabre. La dernière en date est la fresque murale, à l’étage, d’Olympe Racana-Weiler, qui a imaginé une forêt mystérieuse et haute en couleur très instagrammable ! On retrouve aussi le travail de la Franco-Argentine de 33 ans, dans une exposition temporaire au rez-de-chaussée. Ses gravures sur bois grand format se démarquant davantage que ses glacis à la résine sur toile (jusqu’au 9 septembre). ■ Hôtel Richer de Belleval, place de la Canourgue. Tél. : 04 99 66 18 21. [email protected]

4. LE MUSée fabre

À voir absolument les expositions de

Parc Georges Charpak

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AIGUERELLES

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09

500 m

Djamel Tatah (jusqu’au 16 avril) et de Pierre Soulages. Et bien sûr les riches collections permanentes. ■ 39, bd Bonne-Nouvelle. museefabre.montpellier3m.fr

Où DORmIR ? 5. Hôtel du Palais Une charmante pension de famille à deux pas de la place de la Canourgue, tenue par Nathalie Quentin depuis près de quarante ans. Seulement 24 chambres, simplement cosy et très calmes dans cette demeure 3-étoiles datant de 1870 qui offre tout le confort. Le petit déjeuner (frais et copieux, 14 €) se prend au salon ou en terrasse. Tout comme le tea-time. De 80 € à 150 € la chambre double. ■ 3, rue du Palais-des-Guilhem. Tél. : 04 67 60 47 38. hoteldupalais-montpellier.fr

6. Hôtel oceania

À deux pas de la place de la Comédie et à deux minutes à pied de la gare SaintRoch, la majestueuse bâtisse du XVIIIe offre de beaux volumes dans les salons comme dans les 96 chambres (à partir de 150 € la double) rénovées et confortables. Le 4-étoiles est doté d’un hammam et d’une piscine extérieure (dès le mois de mai). Un seul bémol : le petit déjeuner à 22 € ne tient pas vraiment ses promesses. ■ 3, rue du Clos-René. Tél. : 04 67 12 32 32. oceaniahotels.com

Où PRENDRE l’APéro ? 7. aperture Néons de couleurs suspendus, photographies stylisées de nus, le décor ultra-contemporain contraste avec les vieilles pierres du XIVe siècle. C’est tout

le génie d’Aperture, le bar de Julien Escot (ancien propriétaire aguerri de belles adresses du genre, à Paris et ailleurs). Ici, dans l’Écusson, le rendezvous élégant est prisé, depuis quatre ans, des amateurs de cocktails bien balancés, comme la musique électro-pop. On prend place autour du comptoir lisse et noir, de préférence, pour observer la dextérité du chef barman Rémi, qui détient le secret des élixirs. Malgré son nom provocateur, le Pornstar Punch est d’une douceur et d’une transparence virginales. Ce breuvage composé de vodka, de vanille, d’épices… et clarifié au lait, infuse une nuit entière avant d’être filtré et de révéler sa subtilité. Hurricane, à base de rhum, amaretto et cerise ravit aussi le palais (cocktails : 12 € et 13 €). Une petite carte de tapas à partager (houmous de chou-fleur, tempura de crevettes, montbriac crémeux…) de 8 € à 12 €, accompagne honorablement les verres. ■ 2, rue des Trésoriers-de-la-Bourse. Du mar. au sam. de 18 h à 1 h. aperturemontpellier.com

8. Café joseph

Ambiance et décor bohèmes dans cette

De haut en bas et de gauche à droite : La cathédrale de Saint-Pierre-et-SaintPaul de Maguelone, vue du ciel. Le Pavillon populaire, place Charles-de-Gaulle, consacré à la photographie. Une initiation à la peinture à la Petite Académie. L’Hôtel du Palais, une charmante pension de famille.

institution de la place Jean-Jaurès, qui compte une belle terrasse où se retrouvent des bandes d’amis. Ici tout le ­monde connaît Orlando, le serveur historique qui claque des bises aux habitués. Près du piano, on grimpe par l’escalier en colimaçon au Joséphine, écrin plus tranquille. On y sirote, notam-

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vendredi 17 mars 2023

les bonnes tables de ...Scope

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Cinq adresses montpelliéraines qui célèbrent le poisson

Notre sélection de bonnes tables iodées dans la cité héraultaise, pour profiter de sa proximité avec la Méditerranée et Les ports de pêche de Sète et du Grau-du-roi. Guillaume Mollaret £@Newsdusud Montpellier

L

MENUS : 42 € et 53 €. Hôtel Richer de Belleval. Place de la Canourgue. Tél. : 04 99 66 18 18. Tlj.

atouts

le bien-vivre est ici roi. ment, des cocktails sans alcool, Fidji et Jasmine (7 € et 8 €), bien qu’un peu trop sucrés. ■ 3, place Jean-Jaurès. Tél. : 04 67 66 31 95. joseph-montpellier.fr

GOURMANDISES 9. Clara Jung Dans son écrin bonbonnière chic, la chef pâtissière propose des gâteaux aussi photogéniques que savoureux. Sa sélection est courte et les produits sont sourcés : la maison Valrhona pour le chocolat, les gousses de vanille de Tahiti ou Madagascar et les œufs frais du pic Saint-Loup, voisin. On déguste les standards revisités sur place, en terrasse ou au salon de thé à l’étage : la pavlova, le gros chou craquelin, le banoffee… Tous généreux et allégés en sucre. Environ 6 € le gâteau. On la retrouve également aux Halles du Lez. ■ 21, rue du Palais-des-Guilhem. Tél. : 09 81 31 43 54. clarajung.fr

atelier 10. la Petite académie

2023-04-04T17:00:35+02:00

2023-03-17T03:09:09c:Figaro;u:msantos;

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Demain

Dans la bonne humeur et la fraîcheur d’un décor tout blanc, Laura Gonthier, tout juste 40 ans, gère ­cette antenne montpelliéraine de La Petite Académie (il y en a 24 en France). Depuis plus de dix ans, elle anime des ateliers pour petits et grands, enseignant les bases du ­dessin et des techniques de peinture à l’huile et des couleurs. Accom­ pagnée de Cécile Chiarilli, auto­ didacte également, Laura propose aux élèves de reproduire ­ des toiles de grands maîtres avant de se lancer dans la création. Chaque ­participant (une dizaine) repart bien sûr avec son « chef-d’œuvre ». Le

samedi de 10h à 12h, 30€ (matériel fourni). ■ 7, place Saint-Come.

Tél. : 04 34 43 09 60. lapetiteacademie.com

EXCURSIONs LA Cathédrale de maguelone Le lieu détient une magie ancestrale. Entre mer, étangs et vignes, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone impose la quiétude. Nous sommes ici à une trentaine de minutes à vélo électrique du sud de la ville (un petit train assure les rotations à partir du 15 avril). Au milieu des lagunes, l’édifice datant de l’époque romane, restauré au milieu du XIXe siècle, est d’une élégance hiératique. La construction fortifiée de l’ancien fief pontifical a également été un poste de défense, en témoignent les meurtrières. Malgré les embruns et le temps, la cathédrale a été préservée de l’érosion et enrichie de superbes vitraux dessinés en 2002 par Robert Morris. L’artiste américain minimaliste l’a dotée de 17 verrières avec un motif d’ondes concentriques, tantôt en bleu, tantôt en miel, lesquelles filtrent la lumière changeante au fil de la journée. On ne quitte pas le site sans faire une pause au Comptoir des Compagnons, géré par une association aidant les personnes en situation de handicap. À la carte : poisson du jour ou hamburger au poulet (de 14 € à 17 €). Bénéficiant d’un microclimat et de salinité, les 18 hectares de vignes donnent des cuvées bio atypiques que l’on déguste en salle ou en terrasse en admirant les paons. ■ 34750 Villeneuve-lès-Maguelone. La visite avec l’audioguide est complète. villeneuvelesmaguelone.fr

11. Les halles du lez

À vingt minutes du centre-ville, l’endroit est festif et rafraîchissant. On y vient en tram ou même à vélo, pour une balade en famille. Après avoir chiné dans les boutiques de brocante, place au déjeuner. La myriade de comptoirs donne le ­ tournis. Entre producteurs locaux et spécialités du monde, on se pose ­ pour un délicieux poulet rôti et frites maison à La Compagnie du Poulet Voyageur ou un poulpe grillé chez Manita (le comptoir mexicain des frères Pourcel). Beaucoup de Montpelliérains emportent et dé­ gustent à l’extérieur, aménagé en esprit guinguette. ■ 1348, av. de la Mer-RaymondDugrand. Du mar au dim de 10 h à 23 h. Restauration fermée entre 14 h 30 et 19 h 30. hallesdulez.com

La plus conviviale L’Écailler des Beaux-Arts (15)

LE LIEU. L’hôtel Richer de Belleval revit ! Sous l’impulsion des frères jumeaux Jacques et Laurent Pourcel, cet ancien hôtel particulier est désormais reconverti en hôtel (Relais & Châteaux), restaurant gastronomique (Le Jardin des Sens), bar à cocktails et bistrot chic (La Canourgue, donc). Il abrite aussi la Fondation GGL-Hélénis (lire cicontre). L’ASSIETTE. Très soigné, le dressage sait réserver quelques surprises. En entrée, c’est sous une tuile de riz qu’il faut aller chercher le sorbet d’avocat escortant un cocktail de crabe, concombre, radis et ananas - très savoureux. Côté plat, les tranches d’encornet farcies de risotto au chorizo sont grasses juste comme il faut pour souligner le filet de loup rôti. Original et goûteux. BRAVO. La précision de la cuisson du loup. DOMMAGE. Le prix du café (5 €) et du verre de vin, 10 €, quand la bouteille en vaut 15 chez le caviste voisin…

FORMULE : 17 € (déj.). CARTE : 20 €-30 €. 43, rue de la Cavalerie. Tél. : 04 67 04 17 60. Tlj sf dim. et lun. LE LIEU. À l’écart du tumulte du centreville - mais pas très loin non plus ! -, l’Écailler des Beaux-Arts, situé dans le quartier du même nom, est un établissement plein de vie. La décoration rappelle celle d’un restaurant de bord de mer. Et c’est heureux. Une adresse historique qui a le mérite de remettre chaque jour l’ouvrage sur le métier avec un service toujours souriant et un conseil avisé pour chaque mets proposé. La maison connaît ses fournisseurs. L’ASSIETTE. Les fruits de mer, c’est de la gourmandise. Les plateaux composés ici donnent envie de plonger en eau profonde, avec ou sans tuba. Ils font notamment la part belle aux coquillages de l’étang de Thau voisin. On n’en attendait pas moins. Côté plat, les assiettes de « poissons sauvages » (sole, thon, carrelet, loup, selon les saisons) sont remarquablement fournies, en chair comme en légumes. Sans oublier les desserts, qui valent aussi le détour (pav­lova, baba au rhum). BRAVO. La possibilité de composer son propre plateau de fruits de mer. DOMMAGE. L’isolement relatif du restaurant par rapport aux attractions touristiques de la ville.

La plus lumineuse L’Arbre (13) CARTE : 40 €. 10, parvis Oscar-Niemeyer. Tél. : 04 34 76 96 96. Tlj sf dim. et lun. LE LIEU. Dessiné par l’architecte japonais Sou Fujimoto, l’Arbre Blanc (17 étages) rayonne comme un phare à l’entrée est de Montpellier. Inauguré en 2019, ce bâtiment d’habitation comprend une galerie d’art, un restaurant au premier étage (L’Arbre) et un bar panoramique à son sommet. Lequel offre, après le dîner, une vue imprenable sur Montpellier et son centre-ville, dont cet ensemble immobilier se tient en léger retrait. L’ASSIETTE. Le gravlax de truite saumonée proposé en entrée accompagné de pomelo et d’avocat respecte parfaitement les équilibres de gras, d’amertume et d’onctuosité. La portion est généreuse, le moment agréable. À suivre, les quenelles de brochet avec leur gratin de blette au comté, présenté dans une petite casserole, ne déçoivent pas. C’est beau et bon à la fois. BRAVO. La lumière naturelle qui inonde la salle. DOMMAGE. La salle du restaurant un peu fraîche ; le filet de turbot aperçu sur une table voisine, au dressage limite cantine.

La plus voûtée Le Bourdon (14) MENUS : 26 €, 50 € et 37 €. CARTE : 35 €-50 €. 35, rue Saint-Guilhem. Tél. : 04 48 79 64 64. Tlj sf dim. (dîn.) et lun. LE LIEU. Discrètement installé au sein de l’une des rues les plus passantes de l’Écusson montpelliérain, Le Bourdon s’étale tout en long sur trois salles, dans un décor chaleureux fait de pierres apparentes et de magnifiques voûtes. Le cadre idéal pour une cuisine à la

La plus cosy Ébullition (16) MENUS : 57 € (déj.), 77 € et 98 €. CARTE : 65 €-80 €. 10, rue du Pila-Saint-Gély. Tél. : 09 86 10 84 84. Tlj sf sam., dim. et lun.

Les frères Jacques et Laurent Pourcel à la Canourgue. Le Bourdon. L’Écailler des Beaux-Arts. L’Arbre. Ébulition.

fois moderne et généreuse, le temps d’un déjeuner en amoureux ou d’un repas d’affaires. Facile d’accès à pied, le restaurant ravit d’ailleurs tant une clientèle professionnelle que de passage, pour ses assiettes marines comme viandardes (pâté en croûte, carré d’agneau). L’ASSIETTE. Les saint-jacques sont servies dans leurs coquilles, juste dorées au beurre, accompagnées d’une purée de butternut surlignée par une touche d’ail noir et une lame de carotte confite. Iode, sucre, amertume : combo gagnant. Également à la carte, une raie rôtie à l’arête façon meunière, dont le dressage s’avère particulièrement soigné. BRAVO. La garniture présentée tantôt avec élégance, tantôt avec gourmandise ; le service dynamique et souriant. DOMMAGE. Les saint-jacques ont un peu refroidi sur le passe-plat.

LE LIEU. Installé dans l’Écusson, à la lisière du quartier des Beaux-Arts, Ébullition ne dispose que de peu de tables - vingt couverts à peine. Avec trois personnes en salle, la promesse est celle d’un personnel présent… qui sait aussi rester discret. Le cadre est typique des rez-de-chaussée du centre-ville de Montpellier : murs en pierre apparente et plafond en bois soutenu par d’immenses poutres du même matériau donnent du volume à cet espace à la surface intimiste. L’ASSIETTE. Tout débute par un amusebouche à base d’œufs : à l’intérieur d’une coquille d’œuf (de poule) dominée par de croquants œufs (de truite), on trouve une onctueuse brouillade au fond de laquelle un coup de cuillère décidé permet d’aller chercher l’amertume de la poutargue (des œufs de mulet séchés). Un jeu d’équilibre parfaitement dosé et original. Arrive le rouget. La portion est généreuse. Lentement poêlés au beurre, les deux filets chapeautent une compotée de poireaux. Servi à part, le jus d’arêtes apporte une gourmandise supplémentaire à l’assiette. Silence, on sauce ! BRAVO. Les amuse-bouches de haute volée. DOMMAGE. L’attente entre les plats, ce midi-là.

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La plus arty La Canourgue (12)

Frédéric Leglise ; Courtesy de l’artiste & mor charpentier, Paris ; Vanessa C. ; Christophe RUIZ ; H. Rubio ; Petite Académie ; Hôtel du Palais ; La Carnougue/Hôtel Richier de Belleval ; Gregory Lockner ;Anne-Charlotte Castaillet ; Olivier Octobre ; Ebullition Restaurant

a septième ville de France se trouve à une quinzaine de kilomètres de la mer seulement. Elle est aussi toute proche de Sète et du Grau-du-Roi, qui sont les principaux ports de pêche de la Méditerranée française. Un voisinage qui invite à tester ces adresses urbaines où le poisson est mis à l’honneur. ■

vendredi 17 mars 2023 le figaro

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Jacques Weber l’ami des fées

François BOUCHON/Le Figaro

PORTRAIT Le comédien présente un nouveau spectacle et publie un livre dans lequel il dévoile les coulisses d’une vie théâtrale hors norme et parsemée de rencontres extraordinaires. Anthony Palou

[email protected]

À

73 ans, massif comme un roc et léger tel l’émeraude, Jacques Weber est plus actif que jamais. Regard saisissant, poignée de papatte sérieuse, l’homme est assis devant un café, en compagnie de sa femme, Christine, au restaurant du théâtre, sis au premier étage. Le couple doit sans doute s’entretenir du prochain spectacle : Weber à vif, une saga musicale et poétique avec maître Jacques aux mots, Greg Zlap à l’harmonica et Pascal Contet à l’accordéon (à la Scala, jusqu’au 30 avril.) Le comédien y lira du Claudel, du Courteline, du Duras, du Maïakovski, du Hugo, du Corneille, du Musset, de l’Edmond Rostand, etc. Dire qu’il y a du Cyrano chez Weber serait d’une indécente platitude, mais, que voulezvous, Weber sans Cyrano, ce serait un

peu comme Gérard Philipe sans le Cid. Le comédien vient de publier On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime (Éditions de L’Observatoire), un livre de souvenirs, et Dieu sait s’il en a des bouffées d’instantané ; elles se ramassent à la pelle. Tant de ses images étaient restées trop longtemps cachées dans sa mémoire d’éléphant qu’il a décidé un jour de les livrer au public. C’est que l’acteur surdoué a, mine de rien, foulé pendant un demi-siècle les plateaux de théâtre et de cinéma. Premier prix d’excellence du Conservatoire - en ces années où ses amis, un bon cru, avaient pour noms Francis Huster, Jean-Pierre Balmer, Nathalie Baye ou encore le regretté, le subtil et génial Jacques Villeret -, Jacques Weber se souvient de ce jour où une chanson de Louis Chedid lui est tombée dans l’oreille et il la trouva magnifique : « On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime. » Et cette

chanson fut une sorte de déclic : « C’était ce que j’avais envie de faire. Raconter les gens que j’aime, des histoires qui ont marqué ma vie. Dans n’importe quel ordre, sans préférence et en en oubliant forcément. En même temps, ces gens-là correspondaient à des époques traversées. » Si vous souhaitez pénétrer dans le tourbillon Weber, ouvrez ce livre. Exercice d’admiration dans lequel il ne s’épargne guère. Pas de fanfaronnade. Le théâtre s’est peutêtre à ce point infiltré dans les pores de Jacques Weber qu’il semble presque incapable de porter un regard bienveillant sur sa carrière. Dans On ne dit jamais assez aux gens qu’on les aime, on croise Jean-Louis Barrault (« personnage immense, mais très mauvais acteur », dit-il) et Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Jeanne Moreau, François Florent, le professeur du célèbre cours - « qui avait un sixième sens sur les acteurs » -, l’ami fidèle Maxime

présente

Le Forestier ou encore Robert Hossein, qui le dirigea dans Crime et châtiment, au Théâtre de Paris. C’était en 1975.

Une âme « impressionnable »

Ah, Robert Hossein ! Un phénomène. « Il était le meilleur attaché de presse du monde, se souvient Jacques Weber. Capable de vous vendre n’importe quoi. Je me souviens de ce moment où il m’a dit (Weber imite alors la voix rauque et singulière du metteur en scène) : “Je vais te montrer comment on fait une générale.” Il a pris son téléphone et il a appelé tout Paris. Il a téléphoné à la Callas, qu’il appelait “Ma chérie”. Je lui ai demandé s’il la connaissait bien. Il m’a répondu : “Mais non ! T’occupes !” Et il dit à la Callas : “Le spectacle est génial et il y a un type grandiose dans le rôle de Raskolnikov, il est fou de vous, je vous le passe…” Inutile de dire que j’étais tétanisé. Et elle a commencé à me donner des conseils : “Surtout, respirez bien. Il faut tout évacuer avant l’entrée en scène.” » C’est encore Robert Hossein qui lui a présenté la princesse Grace de Monaco. Il la rencontra le temps d’un déjeuner et le temps de remonter avec elle les Champs-Élysées, de tomber

amoureux d’une étoile. Jacques Weber est un homme touchant, car tout le touche et, ce qui l’émeut le plus, ce sont les femmes, pardon, les fées. Il est devant elles comme un novice : « J’ai un amour extraordinairement fort pour le féminin qui serait moins de l’ordre de la sexualité que de la maternité. J’ai été bouleversé (sur le tournage, en 1972, de La Femme aux bottes rouges de Juan Luis Buñuel, NDLR) par la beauté de Catherine Deneuve, par sa gentillesse, qui est la noblesse de l’intelligence. » Il se souvient de Simone Signoret, de cette soirée dans la maison d’Auteuil avec Yves Montand : « Il y avait là une ambiguïté totale. Ce repas était très étrange. J’étais là avec deux mythes vivants et je percevais quelque chose ­ d’effrayant entre eux, une sorte de rivalité de stars. Plus du côté de Montand que de Signoret, qui était absolument folle de lui. Montand avait un charme indéniable, mais Signoret, c’était… Signoret. Il y a Madame Signoret et il y a Yves Montand. » Le corps impressionnant de Jacques Weber cache une âme « impressionnable ». Il a des sentiments frais à offrir. Lorsqu’il parle d’Isabelle Adjani ou de ses premières amours, il en est encore tout retourné et, lorsqu’on lui demande s’il a eu un coup de foudre pour Nénette, la doyenne des orangs-outans de la ménagerie du Jardin des Plantes, qui fait l’objet d’un chapitre de son livre, il dit, encore imprégné du regard du vénérable primate : « Je suis très touché que vous me disiez ça. Je crois que c’est une des plus grandes émotions que j’ai eues dans ma vie. Sabrina Krief (la vétérinaire de la ménagerie, spécialiste des grands singes, NDLR) m’a dit qu’il s’était passé quelque chose entre Nénette et moi, car elle voulait m’offrir un cadeau. Dans sa grosse main tendue, il y avait un bouquet de brocoli. Ce brocoli, je l’ai gardé dans une petite boîte en verre qui se trouve dans mon bureau. » Il y aurait tant de choses à raconter. Ainsi le tournage d’En thérapie, sous la direction d’Emmanuelle Bercot, qui fut comme une révélation. Un dernier mot ? L’homme timide se lève en ­disant : Avant, j’étais dans la mauvaise modestie, vous savez, celle qui vous met en retrait, vous rabaisse. Aujourd’hui, je suis dans la bonne modestie. Celle qui me donne une envie presque charnelle cinéma. Depardieu, ce monument, de ­ m’a parlé de la caméra comme d’une ­femme : “La caméra, tu la caresses, tu l’envoûtes…” » La femme, les fées, toujours et encore. Jacques Weber est un prince. ■

COLLECTION

LA SAGESSE DES MYTHES

€ 12,99 Seulement

Par étienne de Montety

Crédit [kré-di] n. m.

Établissement qui attend son rétablissement.

L

a situation du groupe bancaire Credit Suisse inquiète les marchés financiers. Le nom vient du verbe latin credere, croire. Pour qu’un organisme de crédit se porte bien, il faut avant toutes choses qu’il soit crédible - sinon ses clients sont dits crédules. Si la défiance vis-à-vis d’un crédit croît, celui-ci baisse – notamment à la Bourse. Il faut porter à celui des autorités financières de vouloir être rassurantes. Il y va de l’avenir de la banque suisse. Les chargés de communication croassent alors que l’inquiétude va croissant. Ils communiquent à débit continu : il n’y a pas de danger. Pour eux, il ne faut surtout pas accréditer l’idée d’une crise à venir. Cela jetterait non seulement du discrédit mais un froid sur les marchés. Alors ils rassurent sur la situation du Credit, en espérant qu’il y aura un relais. Doit-on les croire ? Prendre leurs propos au pied de cette lettre qui a beaucoup fait pour lui ? Si l’on veut. C’est une question de credo. ■

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ

L’ALBUM L’ILIADE T.2 LA GUERRE DES DIEUX

Le Variétés Club de France va affronter l’équipe du Vatican à Rome

Le Variétés Club de France se rendra en pèlerinage à Rome du 21 au 23 mars. À cette occasion, le VCF sera reçu par le pape François le 22 mars, à 10 heures, et affrontera à 16 h 30 une équipe composée de 18 prêtres et séminaristes, Fratelli Tutti, au Stadio Dei Marmi. Une rencontre à laquelle participeront, entre autres, Jean-Michel Larqué, Christian Karembeu, Vincent Candela, Arsène Wenger, Robert Pirès, Claude Puel, Sidney Govou ou encore Olivier Dacourt, ainsi que le député français et président du VCF, Karl Olive. L’équipe sera emmenée par Mgr Emmanuel Gobilliard (photo), évêque de Digne et organisateur de ce pèlerinage.

L’Afrique francophone continue à tirer l’économie subsaharienne

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TOUS LES 15 JOURS CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX OU DÈS MAINTENANT SUR WWW.HACHETTE-COLLECTIONS.COM/SAGESSEDESMYTHES

Pour la neuvième année consécutive, l’Afrique subsaharienne francophone a globalement affiché, en 2022, la croissance économique la plus élevée d’Afrique subsaharienne, tout en demeurant la partie la moins touchée par l’inflation, ainsi que la partie la moins endettée. Cet ensemble de 22 pays a enregistré une croissance de 4,4 %, tandis que le reste de l’Afrique subsaharienne enregistrait un taux de 2,9 %. Cette triple performance devrait, selon l’observation du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF), à nouveau se répéter en 2023.

M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC/Catholic Press Photo

Hachette Collections SNC - 58 rue Jean Bleuzen - CS 70007 - 92178 Vanves Cedex - 395 291 644 RCS Nanterre. Visuels non contractuels. Format des albums : 23,5 x 31 cm. © 2023, Glénat. Photographie Luc Ferry : © 2019, Gabrielle Ferry.

LES GRANDS RÉCITS GRECS EN BANDE DESSINÉE DANS UNE ÉDITION COLLECTOR

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