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mercredi 5 avril 2023 le figaro - N° 24 454 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement

Dernière édition

lefigaro.fr

récit

Credit suisse, Lehman brothers... les week-ends meurtriers de la haute finance Pages 24 et 25

cinéma

Le retour au grand galop des trois mousquetaires Pages 30 et 31

Les faux-semblants de la rencontre Borne-Berger

Éducation

Des professeurs en fin de carrière usés par le métier PAGEs 6 et 7

Ukraine

Ces infiltrés que la Russie avait placés avant l’invasion

La table ronde organisée ce mercredi entre la première ministre et les syndicats pourrait tourner court, les deux parties campant sur leurs positions à propos de la réforme des retraites. Peuvent-ils renouer le dialogue ? Et pendant combien de temps ? Au terme de plusieurs semaines de vives tensions, et à la veille d’une onzième journée de mobili-

PAGEs 10 et 11

climat

Les émissions de gaz à effet de serre reculent en France

sation contre la réforme des retraites, Élisabeth Borne reçoit ce mercredi à Matignon les représentants de l’intersyndicale. Un rendezvous très observé, mais sans

illusions, et qui pourrait tourner court tant les deux camps paraissent inflexibles. Alors que la première ministre, dans l’attente de la décision du Conseil constitu-

tionnel prévue pour le 14 avril, n’entend pas revenir sur la mesure de l’âge de départ à 64 ans, CFDT et CGT en font un préalable à toute reprise du dialogue. Le gou-

è En quête d’une remobilisation, la Nupes étale ses divisions è La stratégie des petits pas de la première ministre è Berger, la mauvaise conscience de la macronie è Nouveau préavis de grève des éboueurs à Paris è Fabien Roussel, les ambitions intactes d’un anti-Mélenchon pages 2, 4, 6 et l’éditorial

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audiovisuel

Inculpé à New York, Donald Trump contre-attaque

Les jeux vidéo crèvent l’écran à Hollywood

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PAGES 16 à 19

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FIGARO OUI FIGARO NON

Réponses à la question de mardi : Trottinettes en libre-service : après Paris, êtes-vous favorable à l’extension de leur interdiction aux autres villes ?

NON 14 %

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TOTAL DE VOTANTS : 137 049

Votez aujourd’hui sur lefigaro.fr Pensez-vous que la justice américaine s’acharne sur Trump ? CHRIS HONDROS/Getty Images via AFP- BEN KING/Pathé

Donald Trump a fait son retour à Manhattan, mardi, au centre d’un show médiatico-légal. Inculpé au pénal, l’ex-président a comparu devant un juge pour entendre l’acte d’accusation. Il devait s’adresser dans la nuit à ses partisans en Floride. PAGE 8

L’emploi des cadres ne connaît pas la crise Après avoir franchi le seuil symbolique des 300 000 embauches l’année dernière, le recrutement des cadres devrait se maintenir sur ce « très haut plateau » à environ 308 800 embauches prévues en 2023, selon les prévisions annuelles de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Face à la pénurie de candidats, les entreprises s’arrachent les meilleurs profils, en ciblant notamment ceux ayant entre un et dix ans d’expérience. Dans ce contexte, les salaires d’embauche grimpent et les recruteurs se montrent imaginatifs pour attirer les talents. PAGes 22 et 23

éditorial par Gaëtan de Capèle [email protected]

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Jeu de rôle

oyons sincère : même doté d’un optimisme débridé, on peine à imaginer une photo de famille qui réunirait Élisabeth Borne et Laurent Berger, demain, sur le perron de Matignon, heureux et soulagés d’avoir trouvé un compromis sur la réforme des retraites. Cela n’arrivera évidemment pas, et pour une bonne raison : au troisième mois d’un conflit qui empoisonne l’atmosphère, les acteurs de ce psychodrame national se livrent à un pur jeu de rôle. L’objectif pour eux n’est plus de parvenir à un accord introuvable, mais de sortir la tête haute de l’impasse. Dans cette bataille sans issue, la palme de l’habileté revient sans conteste au patron de la CFDT, nouvelle icône de ce qui reste de la gauche sociale-démocrate. Laissant les vociférations à la Nupes et les coups de menton à la CGT, pondéré dans son propos, calme dans son expression, il déroule sa partition de grand sage. Au point de donner l’impression de tenir entre ses mains l’avenir du pays. Certains amis d’Emmanuel Macron pressent le président de pactiser avec lui pour sortir de l’ornière. Mais, derrière les angles arrondis, derrière les propositions de pause ou de médiation se cache en réalité

une intransigeance absolue. Au fur et à mesure que le gouvernement accède à ses requêtes, l’homme ne bouge toujours pas d’un centimètre : c’est non aux 64 ans, quoi qu’il advienne. Élisabeth Borne, elle, a beaucoup lâché, en pure perte, depuis le début de la séquence. À la CFDT, à LR, à ses propres partisans. Sur les 65 ans, sur les carrières longues, sur les femmes, sur les seniors… De cette réforme indispensable pour sauver les retraites par répartition, il ne reste qu’un squelette. Dans l’affrontement avec Laurent Berger, le plus inflexible n’est pas celui que l’on croit. Mais de maladresses en demi-vérités, de fausses manœuvres en erreurs politiques, le gouvernement a définitivement perdu la bataille de l’opinion. Même en sabordant complètement sa réforme avec un retrait de la limite d’âge, il n’inverserait aujourd’hui plus le cours des choses. Il n’a plus aucune raison de céder un pouce de terrain. ■

Entre Borne et Berger, le plus inflexible n’est pas celui que l’on croit

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JEENAH MOON/REUTERS

champs libres

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Ces républicains de l’Oregon qui rêvent de faire sécession Y a-t-il eu un front républicain anti-LFI dans l’Ariège ? Les tribunes de Sébastien Lecornu et Patricia Mirallès, et d’Olivier Marleix La chronique de Bertille Bayart Un entretien avec Jean Sévillia

vernement tentera malgré tout d’amorcer une négociation sur son futur projet de loi sur le travail, porté par Olivier Dussopt, qui espère le voir débattu d’ici à l’été.

mercredi 5 avril 2023 le figaro

l'événement Cyril ENTZMANN/Cyril Entzmann

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Nous allons redire à la première ministre notre opposition aux 64 ans. Lui parler de l’opposition forte des salariés et des citoyens. Et lui demander de ne pas appliquer ce texte et de lancer un dialogue social sur le travail et les retraites Yvan Ricordeau

»

secrétaire national de la CFDT

Retraites : un rendez-vous sans illusions à Matignon

Élisabeth Borne reçoit mercredi les syndicats pour tenter de renouer le dialogue. Mais les deux parties restent inflexibles et la réunion pourrait tourner court. Loris Boichot £@lboichot et Thomas Engrand £ @EngrandThomas

ÉLISABETH BORNE n’a pas eu besoin d’attendre les syndicats pour entendre le mot sensible sonner à ses oreilles. Dès mardi, la première ministre s’est vu demander le « retrait » de sa réforme des retraites, par la voix des chefs du Parti socialiste et des Verts, Olivier Faure et Marine Tondelier, reçus à Matignon. Un prélude à sa rencontre avec l’intersyndicale, mercredi, à la veille d’une onzième journée de mobilisation. Très attendu, le rendez-vous pourrait toutefois virer au dialogue de sourds. La chef du gouvernement persiste à se dire « à l’écoute de tous les sujets », mais elle a été prévenue par la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet : si elle ne renonce pas à son projet de loi, adopté par le biais

Élisabeth Borne espère se maintenir à Matignon et tourner la page des retraites avec de nouveaux chantiers.

du 49.3, c ­ette réunion « risque d’être très ­rapide ». Même attitude du côté de la CFDT s’il n’est pas possible d’évoquer la retraite à 64 ans, a mis en garde son patron, Laurent Berger (lire page 4). Les cadres syndicaux préfèrent ne pas faire de pronostics, mais l’un d’entre eux ne croit pas à la menace d’une rencontre de quelques minutes : « Il faut laisser le temps à la première ministre de parler, puis de faire un tour de table. Après, si le gouvernement ne veut pas reculer, cette réunion sera plus proche d’une heure et demie que de trois heures. » À Matignon, le cabinet d’Élisabeth Borne se prépare au scénario d’un rendez-vous raccourci. « C’est un risque du dialogue social que la première ministre est prête à prendre, répond son entourage. Chacun campera peut-être sur ses positions. Nous restons dans l’écoute et dans l’ouverture : nous n’envisageons pas de construire la suite sans les syndicats. »

Eux refusent toutefois d’imaginer l’après-retraites sans recul sur l’âge légal. Après s’être à plusieurs reprises plaints de ne pas avoir été reçus par le gouvernement, les responsables syndicaux ont répété mardi leur stratégie, lors d’une réunion au siège parisien de la CFDT. Dans le huis clos des discussions, certains d’entre eux se sont émus de l’absence d’échanges préparatoires avec les conseillers de Matignon du « jamais vu », selon eux.

Un poison lent Les syndicalistes ont aussi réaffirmé leur ligne : le retrait du texte reste un préalable à la discussion que souhaite ouvrir Élisabeth Borne sur la pénibilité ou le travail. « On ne peut pas faire de pause quand on a un projet de loi qui a été voté, qui est en cours d’examen devant le Conseil constitutionnel », leur a d’avance répondu la première ministre, vendredi, lors d’une visite dans la ­Nièvre sur l’éducation. La chef du gouvernement attend toujours la décision de la haute juridiction, prévue le 14 avril. Les syndicats aussi. Si la loi est entièrement censurée, « ce sera très bien », a déclaré Laurent Berger, mardi, dans un entretien à L’Obs.

Quant à l’hypothèse d’une ou­verture de la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP), il juge qu’elle pourrait être « l’occasion de ne pas promulguer cette loi et de repartir sur de bonnes bases ». Une option que Matignon affirme pour l’heure ne pas envisager. Dans le camp présidentiel, plusieurs responsables s’inquiètent déjà de la course aux 4,7 millions de signatures nécessaires pour provoquer une consultation, un poison lent selon eux. D’ici l’été, Élisabeth Borne espère se maintenir à Matignon et tourner la page des retraites avec de nouveaux chantiers : un projet de loi « plein-emploi » sur la qualité de vie au travail, un autre sur la « fin de vie », la loi de programmation militaire, présentée ce mardi en Conseil des ministres… Ces deux derniers textes devraient figurer au menu de ses discussions avec les ténors des Républicains, que la première ministre recevra aussi mercredi. Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau veulent l’inviter à « travailler autrement », sans « précipitation ». Pour la première ministre, sans majorité absolue, l’autre casse-tête est politique. ■

CONTRE-POINT

PAR GUILLAUME TABARD £@GTabard

La stratégie des petits pas de la première ministre

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PIERRE LEPELLETIER £@PierreLepel

À DEUX jours d’une nouvelle mobilisation, jeudi, décisive pour la suite du mouvement social contre la réforme des retraites, la coalition de la Nupes s’est une nouvelle fois illustrée par ses désaccords. Les quatre forces de gauche n’étaient pas en phase sur les suites à donner à Élisabeth Borne, qui proposait mardi une journée de consultation. Chacune y est donc allée de sa propre initiative, quitte à ne pas apparaître comme un front uni et au risque de créer de la confusion dans les esprits. Considérant qu’une rencontre à Matignon ressemblerait à un coup d’épée dans l’eau, les communistes souhaitaient la mise en route, mardi matin, d’un cortège allant de la place de la Concorde à l’Élysée, pour remettre une lettre et échanger avec le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. L’idée n’a pas convaincu le reste de la Nupes. « Nous ne voulions pas donner l’impression de vouloir “marcher” sur l’Élysée… », explique une cadre so-

cialiste. Les Insoumis ont, de leur côté, préféré soutenir un rassemblement organisé par la gauche radicale, notamment le NPA, mardi soir place du Châtelet à Paris. Résultat : seule une vingtaine de parlementaires PCF et du groupe centriste Liot ont été reçus à l’Élysée par Patrick Strzoda, mardi matin. « Nous avons eu un échange franc et direct », a néanmoins assuré à la sortie Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF.

« Logique républicaine » Les directions du Parti socialiste et d’Europe Écologie-les Verts ont, elles, fait le choix de rencontrer Élisabeth Borne - bien que séparément - dans une « logique républicaine ». « Nous voulons gouverner demain, donc quand ceux qui gouvernent aujourd’hui nous invitent, on y va », justifie un responsable du PS. Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’EELV, tenait à elle à discuter avec la première ministre « du climat de violence à l’égard des militants écologistes », après les débordements à Sainte-Soline. Mais concernant les retraites… « On a été très, très rapides. On lui a

dit qu’elle n’aurait pas la paix sans retrait. Quand je dis ça, ce n’est pas une menace de ma part, ce sont des faits. Nous sommes dans une impasse », a estimé Marine Tondelier à la sortie. Encore remontés contre la tournure des débats sur la réforme des retraites, les parlementaires socialistes et écologistes ont, eux, décliné la rencontre pour ne pas évoquer les futurs travaux parlementaires. Des stratégies différentes donc, qui contrastent avec l’unité syndicale. Une élue socialiste tempère : « Au-delà du bocal politico-médiatique, ces histoires ne passent pas le mur du son dans l’opinion… » La gauche préfère mettre en avant l’audition groupée d’une dizaine de députés de la Nupes au Conseil constitutionnel, mardi, lors de laquelle ils ont réclamé une « censure totale » de la réforme des retraites. « Le Conseil constitutionnel a une possibilité historique de faire sortir notre pays par le haut de l’impasse politique dans laquelle nous a placés le président de la République », a souligné, à l’issue, l’Insoumise Mathilde Panot. Les Sages doivent rendre une décision le 14 avril. ■

F. BOUCHON/Le Figaro

En quête d’une remobilisation, la Nupes étale ses divisions

Le Conseil constitu­tionnel a une possibilité historique de faire sortir notre pays par le haut de l’impasse politique dans laquelle nous a placés le président de la République Mathilde Panot, députée LFI

»

lisabeth Borne préfère de petites satisfactions à de grandes désillusions. C’est vrai sur le plan social comme sur le plan politique. Elle sait que, ce mercredi, les syndicats ne demanderont rien d’autre qu’un retrait pur et simple du projet de loi sur les retraites. Elle, qui avait initialement et naïvement espéré que Laurent Berger lui donnerait au moins acte des concessions consenties (64 ans et pas 65), ne se fera pas avoir deux fois. Bien entendu, elle mettra en avant tous les sujets destinés à remettre en route le dialogue social, mais personne ne se prépare à rejouer les accords de Matignon. Plus que l’oreille attentive aux mots de ses interlocuteurs, la première ministre aura l’œil rivé sur sa montre. Ayant fait son deuil de toute entente, elle veut au moins éviter le clash. Que les acteurs de l’intersyndicale aient accepté de s’asseoir à sa table est déjà une victoire. Que la réunion tourne court - « Ça peut durer cinq minutes », a déjà menacé la nouvelle patronne de la CGT, Sophie Binet serait une humiliation. Que tout le monde s’écoute jusqu’au bout et que le huis clos dure au moins une à deux heures permettrait à Borne de se réjouir de sortir du blocage total. À défaut d’avancée concrète, un soulagement symbolique suffirait à son bonheur. Il en va de même sur le plan politique. Emmanuel Macron lui a placé la barre haut. Très haut. Trop haut ? En lui donnant un mois pour élaborer un programme permettant d’« élargir la majorité », le chef de l’État lui a confié une mission impossible. Personne en effet n’imagine la signature d’un accord de coalition en bonne et due forme avec un parti aujourd’hui dans l’opposition, que ce soit LR ou le PS. Là encore, pour Élisabeth Borne, pas d’autre solution que la méthode des petits pas.

Première étape, comme avec les syndicats, les consultations de Matignon. Mais, contrairement aux syndicats, tout le monde ne vient pas. Les groupes parlementaires de la Nupes ont opposé un refus groupé. Un non commun à Borne est un bon moyen de ne pas rester sur des désaccords internes. Mais Olivier Faure, pour le PS, et Marine Tondelier, pour EELV, ont accepté le rendez-vous en tant que chef de parti. C’est déjà ça. Ça ne permet pas de vérifier si des majorités sont possibles sur tel ou tel texte, mais ça permet à la chef du gouvernement de dire que, même avec la gauche, les liens ne sont pas totalement rompus. Maigre consolation, mais consolation tout de même. La droite, elle, sera au rendez-vous, mais, après s’être gravement divisée sur la réforme des retraites et le vote de la censure, on imagine mal les dirigeants de LR voler au secours du pouvoir macroniste. Dans un premier temps, Borne devra donc se contenter du fait que les contacts restent possibles. La seconde étape sera de sélectionner les textes qui, parce qu’ils seront les plus concrets et les moins idéologiques possible, trouveront une majorité à l’Assemblée. Comme ce fut le cas sur le nucléaire et comme ce sera peut-être le cas sur l’euthanasie. Cela ne fera ni grand dessein ni réforme périlleuse. Mais, pour l’heure, Borne a un seul objectif : tenir. En pariant qu’aucun prétendant à Matignon n’offrira au chef de l’État la garantie de faire mieux qu’elle.

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mercredi 5 avril 2023 le figaro

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l'événement

Laurent Berger, la mauvaise conscience de la macronie

l­ ongueur d’interviews ne pas avoir de « problème personnel » avec le président de la Répu­ blique. « Les personnes qui ont fait monter ce débat n’y connaissent rien aux syndicats et aux orga­ nisations collectives », s’agace son adjointe à la direction de la CFDT, Marylise Léon. Malgré ce ressentiment mutuel, aurait-il fallu ménager à tout prix Laurent Berger ? Ses relais dans le camp Macron, le centriste ­François Bayrou et l’ex-conseiller spécial de l’Élysée Philippe ­Grangeon, en sont convaincus. En privé, Élisabeth Borne elle-même regrette de ne pas avoir pu compter sur une position plus ­ équilibrée du leader réformiste, malgré plusieurs concessions sur les « carrières longues ». « La CFDT et la majorité actuelle ont les mêmes racines démocrates », juge le vice-président du MoDem et ministre délégué au Numérique, Jean-Noël Barrot.

Après une série de rendez-vous manqués, l’exécutif espère se réconcilier avec le patron de la CFDT.

LA RÉUNION risque de tourner court. Avant de retrouver mercreMatignon, di Élisabeth Borne à ­ Laurent Berger a p ­ révenu : s’il ne peut pas lui parler du retrait de la retraite à 64 ans, il « partira ». Le secrétaire général de la CFDT comme la première ministre le savent : à la veille d’une onzième journée de mobilisation contre la réforme, prévue jeudi, cette rencontre peut devenir un énième rendez-vous manqué entre l’exécutif et le syndicaliste réformiste. Longtemps imaginé comme un potentiel allié dans le camp Macron, il s’est imposé, à 54 ans, comme un adversaire résolu du projet gouvernemental aux côtés de la CGT, et comme un acteur incontournable pour espérer envisager l’après-retraites. Malgré l’adoption contestée de la réforme par 49.3, plusieurs macronistes appellent à une réconciliation rapide avec le chef du premier syndicat français. Au téléphone avec Élisabeth Borne, la semaine dernière, l’ex-ministre du Travail et maire de Dijon ­François Rebsamen a invité à la première ministre à employer les grands moyens : « Il faut renouer le dialogue avec Berger ! En suspendant la réforme, en la décalant… Il faut trouver quelque chose. On ne peut pas faire l’impasse sur les syndicats réformistes. » « Il faut recoudre le lien avec Laurent Berger, enchérit le ­président (Renaissance) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ­Renaud Muselier. C’est un homme intelligent, on a besoin de lui ». Sans quoi, estiment plusieurs responsables macronistes, il sera impossible d’apaiser le pays et de sceller de nouveaux arbitrages sociaux. L’opération se révèle délicate, tant Emmanuel Macron et Laurent Berger nourrissent un conflit ouvert de longue date. Lors du dernier épisode, le leader confédéral s’est vu opposer de nouvelles fins de non-recevoir : de sa demande de « mettre sur pause » la réforme pendant six

mois à sa proposition d’une « médiation », toutes ses requêtes ont été rejetées. Sans compter la pique lancée par Emmanuel Macron dans son interview sur TF1 et France 2, mercredi 22 mars. Le président gratifie Laurent Berger de son « respect » et de son « estime », avant d’accuser les syndicats de ne pas avoir proposé de « compromis », ni d’avoir « le sens des responsabilités ». « Déni et mensonge », a répliqué sur Twitter le patron de ­lyséenne a la CFDT. L’attaque é



La CFDT et la majorité actuelle ont les mêmes racines démocrates



jean-noël barrot, ministre délégué au numérique et vice-président du modem



Il faut recoudre le lien avec Laurent Berger. C’est un homme intelligent, on a besoin de lui



renaud muselier, président renaissance de la région provence-alpes-Côte d’Azur

surpris jusque dans le camp présidentiel. « Ce n’était pas du tout prévu, mais Macron n’a pas pu s’en empêcher », estime un conseiller de l’exécutif. Depuis, Élisabeth Borne essaie de rétablir le dialogue, en assurant rester « à l’écoute » de l’intersyndicale. Une tentative vaine ? Depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, des proches du chef de l’État remâchent leurs regrets de ne pas avoir réussi à « embarquer » Laurent Berger dans leur projet de réformer les retraites. Les deux hommes se connaissent pourtant depuis 2012 - année de l’élection du ­patron de la CFDT -, se tutoient, ont négocié ensemble sous le quinquennat Hollande, cultivent une stature de réformateurs, s’érigent en rempart contre les extrêmes… De quoi nourrir l’espoir d’un compromis autour d’un projet phare d’Emmanuel Macron, en 2019 : la mise en place d’un système universel à points, que Laurent Berger défend aussi. Jusqu’à ce que gouvernement d’Édouard Philippe franchisse l’une de ses ­lignes rouges : l’instauration d’un « âge pivot » à 64 ans pour inciter à travailler plus longtemps. L’allié

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Laurent « Berger

a été très malin : il n’a jamais attaqué la démocratie parlementaire, contrairement aux Insoumis

»

un cadre de la majorité

potentiel devient alors un ­pposant déterminé. Et l’hypoo thèse d’un accord avec Emmanuel Macron se dissipe. Le secrétaire général de la CFDT et le chef de l’État en sont conscients : ils ont une vision ­radicalement opposée du dialogue social, tout comme de la place que chacun doit occuper. Pour le premier, tout doit passer par la négociation. Pour le second, méfiant envers les corps intermédiaires, les syndicats doivent se cantonner au niveau de l’entreprise ou des branches. Une rupture radicale avec la bienveillance que le leader de la CFDT a connue sous la présidence Hollande. À cette époque, « aucune décision sociale majeure n’entrait en vigueur sans qu’il ne fût consulté », explique Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy et président du groupe Alixio. Après l’élection d’Emmanuel Macron, Laurent Berger a vite déchanté. En pleine crise des ­ ­« gilets jaunes », fin 2018, il n’a

Sébastien SORIANO/Le Figaro

Loris Boichot £@lboichot et Thomas Engrand £@EngrandThomas

pas compris pourquoi Édouard Philippe a refusé de convoquer une conférence sociale. Tout comme il s’est agacé l’année ­suivante de voir le gouvernement reprendre en main l’Unedic, l’organisme qui gère le régime ­ d’assurance-chômage, et que la CFDT copréside. De son côté, le syndicaliste souffle le chaud et le froid avec Emmanuel Macron. Tantôt en cosignant en 2018 une vive tribune contre sa loi asile-immigration, tantôt en participant au Conseil national de la refondation, lancé en septembre dernier par le chef de l’État. Quant au « Pacte du pouvoir vivre », une opération que Laurent Berger a lancée en 2019, il alimente les suspicions d’ambitions politiques. « Berger fait beaucoup de politique. Pas sûr qu’il n’ait pas d’arrièrepensées… », observe un ministre de poids. L’intéressé, qui doit bientôt passer la main, dément pour sa part courir après un destin politique. Il répète aussi à

Mais « compte tenu de la position de la CFDT, la négociation était vouée à l’échec », reconnaît une source patronale. Adoptée en juin dernier, la feuille de route du ­syndicat réformiste rappelle tout refus d’un recul de l’âge de ­départ. « Il est illusoire de croire qu’on aurait pu avoir Berger à nos côtés en gardant le report de l’âge », estime la députée Renaissance) Marie Guévenoux, (­ tenante d’une ligne libérale dans la majorité. « Dès lors qu’il était contre et nous pour, aucune autre méthode n’aurait pu fonctionner. » Alors que ces positions demeurent irréconciliables, voir Laurent Berger changer d’avis paraît ­ ­utopique. Il faut dire que le chef de la CFDT estime pour le moment ­sortir renforcé de ce bras de fer face à un gouvernement en crise. Surfant sur une opinion publique majoritairement opposée à la réforme des retraites, parlant ­ d’une seule voix et se posant en représentants de « l’ordre » face au chaos de l’Assemblée, les syndicats ont vu les adhésions ­ ­repartir de l’avant et leur popu­larité grimper. «Berger a été très malin : il n’a jamais attaqué la démocratie parlementaire, contrairement aux ­ Insoumis », juge un cadre de la majorité. Dans ce paysage, quel intérêt aurait-il à retourner sa veste ? Quant à l’exécutif, dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel sur sa réforme, le 14 avril, il refuse tout recul sur l’âge légal. Une position inte­ nable, de l’avis de plusieurs ­membres du MoDem et de l’aile gauche de la majorité. Autour d’Emmanuel Macron comme de Laurent Berger, chacun guette qui cédera le premier. ■

Nouveau préavis de grève des éboueurs à Paris

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©CAPA Pictures / Europe 1

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S’AGIT-IL d’un faux espoir ? Après trois semaines de trottoirs obstrués par les ordures dans la moitié des arrondissements parisiens, les habitants de la capitale retrouvent ces tout derniers jours des rues un peu plus propres. En l’absence de grévistes, les forces syndicales avaient fini par mettre un terme, le 31 mars dernier, à leur blocage de la ­

­logistique des déchets. Mais c’était sans compter sur un ­nouveau préavis pour reprendre la grève à compter du 13 avril prochain. La CGT, majoritaire au sein des services de propreté de la ville, a prévenu lundi soir la maire de ­Paris, Anne Hidalgo, en sa qualité d’employeur. Dans son courrier, le syndicat ne manque pas de ­saluer le soutien de l’élue s­ ocialiste à la grève : « Vous avez donc raison de soutenir ce mouvement social et de souhaiter qu’il s’amplifie », est-il écrit.

7 H -9 H EUROPE 1 MATIN

Dimitri Pavlenko

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

François BOUCHON/Le Figaro

richard flurin £@FlurinRichard

Les trottoirs d’une rue du 6e arrondissement de Paris sont obstrués par les ordures, le 24 mars.

La lettre, ­rendue publique, invite également « l’ensemble des personnels de la DPE (direction de la propreté et de l’eau, NDLR) à participer activement et massi­ vement aux journées d’action ­ intersyndicale et interprofessionnelle des jours à v ­ enir ». La date n’a pas été choisie au hasard. La grève des ordures ­ ­reprendrait la veille du jour où le Conseil constitutionnel doit ­rendre

sa décision concernant la consti­tutionnalité de la réforme des r­ etraites. La menace d’un retour des ­blocages vise-t-elle à installer un rapport de force vis-à-vis des membres du Conseil consti­ tutionnel ? Les responsables ­syndicaux du secteur des déchets n’ont pas donné suite à nos ­sollicitations. Ils ont pris la ­décision de ne plus accorder d’entretien aux journalistes. « D’autres secteurs d’activité sont en lutte et nous n’en parlons pas assez. Il n’y a pas que les pou­belles », cingle l’un d’entre eux avant de raccrocher.

Réquisitions de per­sonnel Le dépôt d’un préavis de grève ne préjuge pas de l’ampleur de la mobilisation à partir du 13 avril prochain. Il est trop tôt à ce jour pour connaître précisément le nombre de grévistes. La décision ­d’arrêter les blocages des ­inci­nérateurs à déchets et des g ­arages à camions-

poubelles avait néanmoins été prise à la fin du mois dernier en conséquence d’un contingent de grévistes ­réduit à peau de chagrin. Les syndicats ont pointé du doigt les réquisitions de per­sonnel décidées par les s­ ervices de l’État, lesquelles auraient r­ endu leur mobilisation vaine. Contactée, la préfecture de police de Paris n’exclut pas du reste d’y avoir recours à n ­ ouveau si les perturbations r­eprennent de plus belle. « Nous surveillons la situation de près », glisse-t-on dans l’entourage du ministre de ­l’Intérieur, Gérald Darmanin. De son côté, la mairie de Paris assure que « les services de la ville sont pleinement mobilisés pour revenir à la normale ». Le blocage persistant de deux sites du Syctom rend cependant « moins efficace la collecte, précise la municipalité, en entraînant des trajets plus longs ou le retour des bennes au garage sans avoir pu vider leur contenu ». ■

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Avec SG, faites grandir vos idées où que vous soyez.

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Société Générale et les banques du groupe Crédit du Nord fusionnent pour créer SG.

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politique

l'événement Amaury Cornu/Hans Lucas via Reuters

Fabien Roussel, les ambitions intactes d’un anti-Mélenchon Le patron du PCF, qui porte une voix singulière à gauche contre l’hégémonie des Insoumis, va être reconduit ce week-end à la tête de son parti. Sophie de Ravinel £@S2RVNL



Nous devons parler à toute la gauche. Il n’est pas imaginable d’exclure qui que ce soit si l’on veut incarner une force de progrès capable de l’emporter

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fabien roussel, patron du pcf



Il faut dire qu’il l’a un peu cherché. Facilement provocateur, sans tabou, il a tendu la main à Bernard Cazeneuve, sur fond de victoire en Ariège de la dissidente socialiste Martine Froger. Or cette dernière est soutenue par les opposants à LFI au sein du PS. Ils font de son élection un cas d’école, la preuve que la Nupes aux couleurs de Jean-Luc Mélenchon ne peut pas fédérer à l’avenir. Interrogé par l’Express - avant le deuxième tour de la partielle mais à quelques jours d’un résultat prévisible - sur une possible alliance avec l’ancien premier ministre, Fabien Roussel a répondu sans hésiter : «Oui ! Nous devons parler à toute la gauche. Il n’est pas imaginable d’exclure qui que ce soit si l’on veut incarner une force de progrès capable de l’emporter». Avec une fraîche mise en garde, cependant : «Notre programme ne saura s’accommoder du capitalisme, il portera avant tout une transformation sociale radicale». Sauf que ces derniers mots n’ont pas produit autant d’effets que les premiers. À cela s’ajoute sa critique d’une Nupes «dépassée» et la nécessité de «rassembler bien au-delà». Il n’en fallait pas plus. Sur les réseaux sociaux, le député LFI Bastien Lachaud, proche du triple candidat à la présidentielle, balance : «La Nupes est dépassée, dit Fabien Roussel. Elle l’était moins lorsqu’il avait besoin de son logo pour se faire élire. Maintenant il veut ‘rassembler’ avec Cazeneu-

On a dit à Élisabeth Borne qu’il n’y aurait pas de paix sans retrait (…) Je pense qu’on est dans une impasse et que tant qu’il n’y aura pas de retrait sur cette mesure des 64 ans, on ne passera pas à autre chose

»

Marine Tondelier, secrétaire nationale d’eelv, à la sortie de son entretien à matignon, mardi

la popularité de Macron s’effondre

Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du Parti communiste, devrait être réélu à son poste lors du 39e congrès du PCF, qui se tiendra du 7 au 10 avril, à Marseille. Sébastien SORIANO/Le Figaro ve. Pourquoi pas Valls ?» Des propos suivis de ceux, ironiques, du député Paul Vannier, en charge des élections. «Je propose à Fabien Roussel de se consacrer à l’organisation de son barbecue avec Cazeneuve et de laisser la Nupes tranquille». Avec un rappel piquant au passage : «Son petit jeu de diviseur nous a déjà coûté le second tour de la présidentielle.» Fabien Roussel est lassé de ce refrain. «C’est quand même fort de café ! Jean-Luc Mélenchon a donné son parrainage à Philippe Poutou du NPA, qui lui a pris 270 000 voix... L’Insoumis s’est tiré tout seul une balle dans le pied !» En 2018, au 38e congrès d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), face à l’ex-secrétaire national Pierre Laurent, Fabien Roussel a été élu sur une ligne hostile à la candidature unique de Jean-Luc Mélenchon dans l’esprit des campagnes de 2012 et 2017. Ce gars du Nord, né sous le signe de la faucille et du marteau, est un identitaire. Fabien Roussel a nourri son engagement politique auprès de figures comme Alain Bocquet, l’ancien maire de Saint-Amand-les-Eaux, là où le député du Nord s’est ancré. La communiste Michelle Demessine, secrétaire d’État au Tourisme de Lionel Jospin, l’a aussi pris sous son aile comme collaborateur. Le 13 mars au soir, à Narbonne, au gré d’une étape d’un grand tour de France qu’il vient d’achever, Fabien Roussel a été rappelé à son passé. Au sein d’une assemblée nourrie, réunie dans la salle des fêtes, une voix s’est levée pour questionner l’Otan et la guerre en Ukraine. Pas un inconnu, mais une figure notable du PCF, Jean Solbès, écrivain âgé aujourd’hui, spécialiste des États-Unis. À l’entendre, « l’Otan, ce sont les États-Unis qui mettent la main sur l’Union européenne » et Vladimir Poutine « renforce l’Otan ». Roussel dans sa réponse, a esquivé ce débat sensible à gauche. Les deux se sont salués. Solbès a montré à Roussel la photo d’une aventure commune à Cuba, en visite au président Castro. C’est l’ambiguïté de Roussel, qui se veut figure de proue de l’avenir de la gauche avec sur le dos, tout le poids de son

La cote de popularité d’Emmanuel Macron a chuté de 8 points, en mars, pour atteindre son plus bas niveau depuis la crise des « gilets jaunes », fin 2018, avec 29 % de Français satisfaits de son action, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio et Paris Match publié mardi. La première ministre, Élisabeth Borne, voit également sa popularité baisser, mais plus modérément (- 2 points en un mois), pour atteindre 29 %, le point le plus bas depuis sa nomination, en mai 2022.

parti. Le député du Nord est un malin, qui a l’art de l’esquive. Dans son livre, il raconte la douloureuse expérience d’une perquisition à domicile en décembre, en présence de son épouse et de deux de ses enfants. Il était alors en route vers Paris pour recevoir un prix de l’humour politique à la suite de ces mots : «La station d’essence est le seul endroit en France où celui qui tient le pistolet est aussi celui qui se fait braquer !» Les commentateurs se sont concentrés sur ce récit, pas sur la suite judiciaire, encore pendante, liée à une accusation d’emploi fictif auprès d’un ancien député du Nord, Jean-Jacques Candelier. Fabien Roussel doit aussi gérer avec des pincettes sa relation avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Car les deux hommes se connaissent bien, issus



Nous serons toujours prêts à participer à un gouvernement si celui-ci agit en faveur du monde du travail

fabien roussel, patron du pcf



des mêmes terres et du même milieu, ce qui nourrit encore l’adversité des Insoumis . Au Monde, Fabien Roussel aurait affirmé qu’il pourrait entrer dans son gouvernement, tout en jugeant le scénario improbable, «connaissant la politique qu’il défend aujourd’hui». Au Figaro, Fabien Roussel éclaircit sa ligne : «Nous serons toujours prêts à participer à un gouvernement si celui-ci agit en faveur du monde du travail. Comment pourrionsnous l’imaginer avec un de ces ministres qui portent le pire bilan en faveur du monde du travail. Jamais !» Mais les deux hommes s’apprécient. En octobre 2021, ils inauguraient une impasse Moussa Ouakid à Saint-Amand, du nom du grand-père du ministre, qui s’est battu avec son régiment de tirailleurs algériens pour libérer la ville du Nord. Quand la vie réelle s’invite en politique. ■

Sébastien SORIANO/Le Figaro

ON IMAGINE volontiers Fabien Roussel dans Camping 4 incarner le petit frère turbulent de Patrick Chirac, alias Franck Dubosc, entraînant toute sa bande pour un joyeux banquet à la prochaine Fête de l’Huma. Sauf que ces temps-ci, le patron du PCF a d’autres chats à fouetter que d’aller tourner des films populaires à succès ou dormir sous la toile en Corse, sa destination favorite. Son œil bleu pétillant, rigolard, part en zig-zag ces temps-ci. La tête lui tourne tant il est soutenu par certains, durement décrié par d’autres. Fabien Roussel vient de publier un nouveau livre, sur la reconstruction de la gauche : Les jours heureux sont devant nous (Le Cherche Midi). C’est son mantra. Son rêve un peu vintage d’une gauche unie et rayonnante autour d’un parti communiste puissant, constitué d’ouvriers et de travailleurs guidés par le sens du bien commun et du travail qui fait grandir, sans aliéner. Pour ces lignes claires, bien tracées, sur la défense des petits métiers, du terroir, des bons repas, des valeurs républicaines, laïques, le député du Nord a été à la présidentielle le candidat de gauche préféré de la droite. Qui connaît Fabien Roussel ?, a interrogé en défense le médiatique essayiste Raphaël Enthoven dans un ouvrage publié quelques mois avant le premier tour (L’Observatoire). Cette campagne très suivie, dynamique, ne l’a pas empêché de faire un très petit score (2,28%). «Jean-Luc Mélenchon a siphonné nos voix, il nous a fait les poches», dit-il amer, quand les Insoumis l’accusent d’avoir empêché leur candidat d’accéder au deuxième tour. Mais Roussel est un optimiste, pas franchement du genre à se laisser abattre. Il s’apprête d’ailleurs à être plutôt bien réélu au 39e congrès du PCF qui se tient à Marseille ce week-end, de vendredi à lundi. Le texte d’orientation de la direction, le sien, a été validé par plus de 80% des 30 000 votants en janvier dernier. Un joli coup. Mais face à sa ligne identitaire, celle qui redonne du poil bien rouge à l’animal communiste, il a aussi pour lui d’avoir des adversaires internes qui savent se faire discrets par vents contraires. En revanche, au-delà des murs de la place du Colonel Fabien, le siège du PCF, les tirs ne sont plus feutrés entre les Insoumis et les communistes. Le voile pudique de la Nupes vient de se lever. Ambiance guérilla urbaine.

Le principal message qu’on fera passer à la première ministre est qu’il faut vraiment que ce gouvernement apprenne à travailler autrement. Sur la réforme des retraites, le dialogue social n’a pas eu beaucoup d’espace, et on a un peu la même méthode avec la loi de programmation militaire

»

Olivier Marleix, patron des députés lr

Ces ensei Entrés en activité sur le Caroline Beyer £@BeyerCaroline

Éducation « Un an de plus, on pourrait se dire que ça ne change pas fondamentalement la donne. Mais la vraie question, c’est l’aménagement des fins de carrière des enseignants. Il faudrait enfin se pencher sur cette question. Permettre, par exemple, à cinq ans de la retraite, de travailler à 75 %, en cumulant avec une partie de sa pension. On ne peut pas laisser des gens se traîner jusqu’à 66 ans, sans perspective d’évolution. Ce n’est souhaitable ni pour les profs, ni pour les élèves. » Directrice d’école maternelle en Meurthe-et-Moselle, Magali Leclaire, 52 ans est « en pleine forme ». Si le temps qui la sépare de la retraite ne lui paraît pas insur­montable, c’est parce qu’elle est motivée par « le management ­ ­d’équipe » - directrice, elle est déchargée de classe depuis 2011- et ses fonctions syndicales, au SE-Unsa. « Si je devais reprendre une classe, ce serait des CM2. C’est plus facile avec les grands, explique-t-elle. À condition de ne pas avoir trop d’élèves souffrant de troubles des apprentissages ou du comportement. » Comme beaucoup d’enseignants du primaire, elle rapporte les difficultés à gérer la multiplication de ces troubles, au fur et à mesure que progresse l’idée d’« école inclusive », sans que les moyens humains suivent. En trente ans de carrière, elle constate aussi que « la considération pour l’enseignant » a considérablement décliné. « Avant, les familles nous croyaient. Aujourd’hui, nous sommes systématiquement remis en question. Tout le monde connaît notre métier mieux que nous, résume-t-elle. C’est moralement usant. Avec l’âge, on a moins envie de se justifier. » À 3 000 euros net – le 3e échelon de la classe exceptionnelle, à laquelle peu de professeurs des écoles accèdent -, Magali Leclaire ira jusqu’à 66 ans ­ « pour ne pas avoir de décote ». Elle a veillé à avoir une carrière « sans interruption, à 100 % ». « Dans mes fonctions syndicales, je constate trop souvent les effets négatifs des congés parentaux et des temps partiels », précise-t-elle. En moyenne, le montant des pensions des femmes de l’Éducation nationale parties à la retraite en 2021 se situe à 2 626 euros brut par mois, contre 2 932 pour les hommes, soit une différence de 306 euros, selon les chiffres du bilan social du ministère. Si les ­professeurs sont retraités à 62 ans en moyenne, l’âge de départ est plus élevé pour les hommes (61,2 ans dans le premier degré et 63,2 dans le second) que pour les femmes (respectivement 60,3 et 62,8). Dans une profession féminisée à plus de 70 %.



On ne peut pas laisser des gens se traîner jusqu’à 66 ans, sans perspective d’évolution. Ce n’est souhaitable ni pour les profs, ni pour les élèves

magali leclaire, directrice d’école maternelle en meurthe-et-moselle



Fonctionnaires de catégorie A, r­ émunérés 2 640 euros net mensuels en moyenne, les enseignants, diplômés de master (bac + 5) entrent en activité à partir de 23-24 ans. Après 43 annuités, les voilà arrivés à 66-67 ans. Dans leurs témoignages, ils reconnaissent volontiers ne pas travailler « sur les toits ou le bitume », ni faire « les trois-huit ». Mais font valoir la pénibilité : « faire le show, des heures durant, seuls, face aux élèves ». Le soir, certains se couchent en entendant « les bruits de la journée qui tournent en boucle ». Arrivés en fin de carrière, après trente à quarante ans de service, ils font un bilan souvent amer : moins bien payés (au début des années 1980, un débutant touchait 2,3 fois le smic, contre 1,2 aujourd’hui), moins considérés socialement, des parents d’élèves trop présents, un faible soutien hiérarchique, un public de plus en plus hétérogène, des élèves qui « n’apprennent plus ». Et des ministres successifs jugés « hors sol », voire « méprisants ». La dernière sortie de Pap Ndiaye, le 4 avril, les a hérissés. « Un tiers des professeurs part déjà à 64 ans. La réforme des retraites ne change pas ­

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gnants en fin de carrière usés par le métier tard après des études longues, ils n’imaginent pas jouer les prolongations jusqu’à 66 ou 67 ans. Les femmes représentent 70 % des professeurs.

temps ». Certes, depuis quinze ans, les tard. « Dans mon évaluation de début collégiens ne connaissent plus leurs d’année, plus de la moitié de ma classe tables de multiplication et ne savent ­ de seconde pense que 10² est égal à 20. plus utiliser les instruments de géo­ Comment enseigner les logarithmes ? métrie. « Une baignoire pleine de trous J’essaye de préserver les bons élèves et où j’essaye de mettre les doigts », de ne pas dégoûter les autres. En fran­résume-t-il. Pour ne pas s’ennuyer, il çais, en langues vivantes, en histoire, il y s’astreint à « faire évoluer sa pédagogie a encore moyen de transmettre quelque en permanence », en recourant au chose. En maths, pour 80 % de mes élè­numérique. ves de seconde, les carottes « Le plus difficile, c’est sont cuites depuis le CE2. » de se renouveler. Après Benoît avait été reçu prequarante ans de carrière, ­ mier au Capes de maths. À lorsqu’on raconte une anecl’époque, cet ingénieur didote, on connaît la réacplômé de Centrale Paris tion », explique François, avait choisi de quitter EDF, 65 ans, professeur en classe au bout d’un an, pour empréparatoire dans un grand brasser un métier ayant du Le salaire lycée parisien. Il s’attache sens et permettant de proen moyenne donc à « rester en contact fiter d’une vie de famille. des enseignants, avec la recherche scientifi« J’ai divisé mon salaire par fonctionnaires que ». « Lire de telles publitrois, mais à l’époque, le de catégorie A cations demande plus d’effort métier était valorisé. Dans qu’à 40 ans, avoue-t-il. Et les années 1990, prof, j’ai face à moi la crème de la crème, des c’était classe moyenne supérieure. » élèves exigeants dont la capacité d’assiAvec deux heures supplémentaires par milation est impressionnante. » Heusemaine, Benoît touche 2 800 euros reux dans ce métier « intellectuellement net. stimulant », François imagine sa Dans son « collège tranquille et favo­retraite « le plus tard possible ». Agrégé risé des Yvelines », Sébastien, 52 ans, d’histoire, il touche 3 500 euros net, lui aussi prof de maths, aime toujours auxquels s’ajoutent les heures suppléson métier et se voit « parti jusqu’à mentaires. « Pas mirobolant » compte 66-67 ans ». Il est « sans illusion sur tenu de ses compétences et du travail l’Éducation nationale », mais a toujours fourni, estime le professeur, qui aurait « la vocation ». Sinon, il serait parti pu prendre sa retraite il y a trois ans. ■ dans l’informatique « depuis long-

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euros net mensuels

r­ adicalement les choses pour les enseignants », a-t-il affirmé sur Public ­Sénat. En novembre, le ministre avait expliqué que l’on n’entrait plus dans le métier « pour que ça se termine par un pot de retraite quarante ans plus tard », mais pour pouvoir « être enseignant dix ans, et puis faire autre chose ». Et la ­vocation ? « J’ai adoré ce métier », se souvient Gilbert, 72 ans, « vieux mais toujours en colère ». En tant qu’instituteur, il a pris sa retraite à 57 ans. Il touche 2 000 euros net. Fonctionnaires de ­catégorie B, les « instituteurs », formés dans les écoles normales primaires



Le métier s’est complexifié. Il demande une énergie que je n’ai plus. Je le ressens depuis mes 58-59 ans

jean-michel alavoine, professeur des écoles



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(remplacées en 1989 par les IUFM, qui ont alors formé des « professeurs des écoles »), appartenaient à la catégorie dite « active », qui couvre les emplois présentant « un risque particulier ou des fatigues exceptionnelles ». À ce ­titre, ils pouvaient partir plus tôt. « Le métier d’instituteur était donc reconnu comme pénible. Mais ce n’est plus le cas pour les professeurs des écoles ! Absurde », assène Gilbert, qui raconte avoir vu « les choses mal tourner dans les années 1980 ». « Les méthodes de lecture imbéciles, la fin de l’analyse grammaticale fine, un inspecteur m’expliquant un jour que j’étais “un éducateur”, à qui j’ai répondu que j’étais là pour instruire les enfants… L’Éducation nationale, il ne faut plus m’en parler ! s’emballe-t-il. C’est une pyramide avec, en bas, des ouvriers spécialisés que sont les instituteurs et professeurs des écoles. Ils sont pourtant à la base de l’édifice scolaire. » Il raconte avoir conservé ses méthodes pédagogiques « jusqu’à la fin », en étant peu apprécié de ses inspecteurs. Mais à 50 ans, lassé du système, il a intégré une brigade de remplacement, affecté, au gré des absences, sur tous les niveaux de l’école primaire, « sans avoir la responsabilité d’une classe et tout ce qui va avec ». Jean-Michel Alavoine, 60 ans, a aussi fait ce choix depuis deux ans. ­ « Assurer le quotidien d’une classe, les relations avec les parents, les collègues… Je n’avais plus envie de subir cet environnement anxiogène. Désormais, je n’ai rien à gérer d’autre que la péda­gogie », raconte ce professeur des écoles, par ailleurs secrétaire acadé­ ­ mique du SE-Unsa, à Reims, qui fut directeur d’école pendant dix-huit ­ ans. « Sur mon week-end, je passais un jour et demi à la direction d’école et la préparation de ma classe, poursuit-il.

Le métier s’est complexifié. Il demande une énergie que je n’ai plus. Je le ressens depuis mes 58-59 ans. » En vingt-cinq ans, il constate que l’école a changé, avec des élèves qui « n’apprennent plus par cœur », des temps consacrés aux fondamentaux « divisés par deux », et l’apparition de « comportements hautement perturbateurs ». « On est parfois obligés de laisser tomber des enfants. On a le sentiment d’être empêchés, même s’il y a toujours des moments de grâce », explique l’enseignant, qui ne sera « pas mécontent » de partir à la retraite à 63 ans. Avec une décote. « Le matin, il faut que je me fasse violence pour y aller, avoue-t-il. Une fois en classe, je suis en zone de confiance. Je fais mon métier consciencieusement. L’expérience permet de compenser. » La vie est-elle plus rose dans les collèges et lycées, où les professeurs font 18 heures devant les élèves s’ils ont le Capes, et 15 s’ils sont agrégés (contre 24 heures pour les professeurs des écoles) ? « J’ai fait un AVC il y a deux ans, en plein cours, avec une classe de seconde très difficile. Je ne bois pas, je ne fume pas. Ça n’a jamais été reconnu accident du travail. Je n’ai pas trop de séquelles, si ce n’est des problèmes de mémoire, de concentration. Et je suis devenu très mauvais en calcul mental. Heureusement, mes élèves sont pires… » Professeur de mathématiques depuis trentesept ans, Benoît se sent usé. À 53 ans, il pense à sa retraite lointaine, tout en étant « pessimiste » sur ses chances d’en jouir un jour. « Les ennuis de santé arrivent en rafale, explique-t-il. Et puis il y a une forme de démotivation. Mon travail est de moins bonne qualité. Je donne le minimum », poursuit ce veuf, père de trois enfants. Il y a quinze ans, il a clairement constaté « une dégradation » du métier, lorsqu’il a poussé la



J’ai fait un AVC il y a deux ans, en plein cours, avec une classe de seconde très difficile. Je ne bois pas, je ne fume pas. Ça n’a jamais été reconnu accident du travail



benoît, professeur de mathématiques

porte d’un lycée nîmois défavorisé. « Je me suis fait insulter pour la première fois. Les élèves arrivaient en classe en retard, au compte-goutte. J’ai décidé de les exclure, ce qui m’a valu d’être mal vu par la direction. Je suis donc rentré dans le rang. Comme mes collègues, j’ai arrondi les angles. J’ai fini par considérer des choses inacceptables comme des broutilles. » Sur ses 15 heures de service, il se sent « inutile et impuissant pendant 14 h 30 ». En seconde, il hérite d’élèves dont le niveau en maths ne lui permet pas de faire grand-chose. Trop

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International

Inculpé, Donald Trump plaide non coupable

L’ex-président est sorti libre mardi du tribunal sans aucune mesure de contrôle judiciaire. La prochaine audience de l’ancien président américain aura lieu le 4 décembre et son procès pourrait se tenir en janvier 2024. adrien jaulmes £@AdrienJaulmes correspondant à washington

états-unis Donald Trump fait son retour à Manhattan dans des circonstances peu ordinaires. Inculpé par le procureur du district de New York, Alvin Bragg, l’ancien président a comparu mardi devant le juge pour entendre les charges retenues contre lui. Son retour dans la ville qui l’a rendu célèbre a été suivi à travers tous les États-Unis. Le spectacle télévisé a commencé lundi en Floride pendant le trajet de la limousine de Trump de son palais de Mar-a-Lago à l’aéroport de West Palm Beach, et a continué pendant le vol de son avion privé, un Boeing 757 rouge blanc et bleu portant son nom en lettres d’or, jusqu’à l’aéroport de La Guardia. Accompagné par une douzaine de conseillers et avocats, ainsi que son fils Eric, l’ancien président a passé la nuit à Manhattan dans son appartement de la tour Trump, sur la 5e Avenue. Ce gratte-ciel à la façade dorée est le symbole de sa carrière de magnat de l’immobilier new yorkais, mais aussi de son entrée en politique, l’atrium ayant servi de décor au lancement de sa campagne électorale en 2015. La journée de mardi était aussi un moment historique, dont la portée reste encore difficile à mesurer. Même dans l’extraordinaire carrière de Donald Trump, la scène n’a jamais eu d’équivalent : un ancien président américain, traversant Manhattan le long de Park Avenue et de Broadway dans un convoi escorté par le Secret Service, jusqu’au tribunal, au 100 Centre Street, pour y être mis en examen. Donald Trump est entré dans le palais de justice en début d’après-midi, en vue de sa mise en accusation formelle par un juge. Sur sa plateforme Truth social, l’ancien chef d’Etat a jugé la situation « surréaliste ».

« Perp walk » Premier ex-président de l’histoire des États-Unis à être inculpé de charges criminelles, Trump a été soumis seulement partiellement à la procédure habituelle. Ses avocats ont négocié chaque détail avec le bureau du juge Juan Merchan. S’il a dû effectuer un relevé d’empreintes digitales, il n’a pas été menotté. Le « perp walk », cette coutume de la justice new-yorkaise consistant à exposer les prévenus menottes aux poignets devant les caméras, lui a été épargné, et le juge a rejeté les demandes des télévisions de filmer l’intérieur du tribunal. Le visage fermé, l’ancien président a plaidé non coupable des 34 chefs d’accusation portant sur une série de paiements effec-

Donald Trump, mardi, devant le tribunal pénal de Manhattan, à New York. ANDREW KELLY/REUTERS

tués pour étouffer trois affaires embarrassantes avant l’élection de 2016. Il est notamment accusé d’avoir enfreint des règles de financement électoral en falsifiant l’argent versé à une maîtresse, l’actrice porno Stormy Daniels. Il est reparti du tribunal libre et sans contrôle judiciaire. La disproportion est grande entre les faits reprochés à Trump et l’ampleur de l’événement et ses conséquences ­ potentielles. Car Donald Trump n’est pas seulement un ancien président, il est aussi un candidat déclaré à l’élection présidentielle, et le grand favori aux primaires de son propre parti. Le procès pourrait d’ailleurs se tenir en janvier 2024, pendant la campagne.

Politiquement, l’inculpation a déjà eu pour effet de replacer Trump sur le devant de la scène. Il y a encore quelques semaines, sa campagne avait du mal à démarrer. Reclus à Mar-a-Lago, entre parties de golf et dîners privés, Trump peinait à susciter l’attention du public, et semblait oublié par les médias. Ses longs monologues sur l’élection de 2020 commençaient même à lasser son public le plus fervent.

Un effet de rassemblement

Sa mise en examen a relancé sa campagne, et a rassemblé l’électorat républicain derrière lui. Dans le premier sondage réalisé après

Un ex-président frustré par l’hostilité de sa ville natale « Je ne peux pas avoir un procès équitable à New York ! » : Donald Trump a eu ce cri du cœur en réagissant à son inculpation pénale. Comme s’il reconnaissait que sa ville natale lui a toujours été hostile. Son élection choc en novembre 2016 à la présidence des ÉtatsUnis avait été terriblement mal accueillie à Manhattan, par des manifestants criant : « New York déteste Trump ! » À l’époque, le New York Times et la BBC titrent sur « l’amour »

du 45e président américain pour cette mégapole qui ne « l’aime pas en retour », une ville par qui, finalement, Donald Trump « déteste être haï ». Pour Brian Arbour, professeur de science politique, la « raison principale de l’aversion » de New York pour Donald Trump tient au fait que « c’est une ville d’immigrés ». « Sa rhétorique dure, enflammée et raciste est particulièrement désastreuse. » Politiquement, New York est une ville

« fortement démocrate depuis plus d’un siècle », ajoute Brian Arbour. Dans sa biographie parue en 2022 (Confidence Man. The Making of Donald Trump and the Breaking of America), la reporter politique Maggie Haberman, du New York Times, écrit que les « dynamiques qui ont défini New York dans les années 1980 ont façonné et marqué Donald Trump durant des décennies. Comme s’il était resté congelé dans cette époque ». (AFP)

mis d’être le champion du PEUPLE, ont expliqué les organisateurs de la campagne Trump. Ils l’ont espionné, ils ont fabriqué un dossier pour faire dérailler sa campagne de 2016, divulgué de fausses informations aux médias pour tenter de saboter sa présidence, intimidé les membres de sa famille et ses associés, l’ont accusé d’être un pion de la Russie, ont censuré des informations préjudiciables sur Biden en pleine campagne électorale en 2020, envoyé le FBI dans sa résidence, et l’ont destitué à deux reprises. Et maintenant, ils l’ont inculpé alors qu’il n’a commis AUCUN CRIME. » New York s’est aussi préparé à faire face à des manifestations de partisans de Trump. Des barricades ont été déployées autour du palais de justice, et le NYPD, la police de New York, a été mise en état d’alerte. Le maire, Eric Adams, a appelé au calme les éventuels manifestants. « Ceux qui ont l’intention de venir dans notre ville demain, notre message est clair et simple : contrôlez-vous ! New York est chez nous, et pas un lieu pour votre colère mal placée. » Les avocats de Trump ont essayé de modérer ses attaques contre le procureur Alvin Bragg, qu’il a qualifié « d’animal » et qu’il a accusé de racisme, Bragg étant noir. Mais Trump, qui s’est envolé pour la Floride dès son audition terminée, a programmé une conférence de presse à Mar-a-Lago. ■

son inculpation par Yahoo News/ YouGov, Trump détient désormais une avance de 26 points sur son principal rival potentiel à l’investiture républicaine, le gouverneur de F ­ loride, Ron DeSantis, au lieu de seulement huit points il y a deux semaines. L’effet de rassemblement a aussi joué en sa faveur dans l’appareil du parti, en forçant les principaux responsables républicains, y compris ceux qui avaient pris leurs distances avec Trump ou se présentent contre lui aux primaires républicaines, à prendre sa défense et à dénoncer son inculpation comme motivée par des considérations politiques. L’ancien viceprésident, Mike Pence, ou l’exprocureur général Bill Barr, qui avaient rompu avec Trump après sa tentative pour renverser l’élection présidentielle de 2020, ont aussi pris son parti. L’inculpation offre à Trump son rôle favori, celui de la victime. Trump, qui répète à ses partisans qu’il est victime d’une cabale impliquant les principales institutions fédérales américaines, et dénonce une justice politique, a présenté son inculpation comme une preuve supplémentaire. Sa campagne a lancé une levée de fonds dès l’annonce de l’inculpation, et affirme avoir déjà reçu 7 millions de dollars en dons. « L’État profond a attaqué le président Trump depuis le moment où il a descendu l’Escalator doré et pro-

La Suède n’interdit plus de brûler le Coran La justice a annulé la prohibition décidée après le récent autodafé perpétré par un militant d’extrême droite.

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scandinavie La justice suédoise a rendu mardi une décision annulant une interdiction de brûler le Coran lors de manifestations organisées en public. Le 8 février dernier, la police s’était opposée à ce que des manifestants brûlent le livre saint de l’islam lors de manifestations. La décision avait entraîné de vifs débats sur la liberté d’expression. Pour justifier son choix, la police invoquait un risque terroriste lors des rassemblements où serait brûlé le livre. L’interdiction a été prononcée après une manifestation organisée le 21 janvier dernier, près de l’ambassade de Turquie à Stockholm, lors de laquelle le militant d’extrême droite suédo-danois

Rasmus Paludan avait brûlé un coran. Affirmant vouloir lutter contre l’« islamisation » de la Suède et affirmant défendre la liberté d’expression, cet homme de 41 ans avait par le passé déjà brûlé des exemplaires du livre en Suède et au Danemark. Mardi, la cour administrative d’appel a jugé que la police « n’avait pas apporté de fondement suffisant à sa décision » et que les menaces sur la sécurité n’étaient « pas suffisamment concrètes ou liées aux manifestations en question ». L’autodafé du 21 janvier avait provoqué de vives réactions dans le monde musulman ainsi qu’une crise diplomatique entre la Turquie et la Suède. L’ambassadeur du Danemark à Ankara avait été convoqué, et la Turquie avait annulé une visite du ministre suédois de la Défense, prévue la se-

maine suivante, dans le cadre des négociations sur l’adhésion de la Suède à l’Otan. L’incident avait mis un coup de frein à ces pourparlers. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors affirmé que Stockholm ne pouvait plus compter sur le « soutien » de son pays à son adhésion.

TT NEWS AGENCY/via REUTERS

edward maille

Coup de filet Après la décision rendue mardi, d’autres manifestations visant à brûler des exemplaires du Coran « pourraient créer des problèmes supplémentaires pour l’adhésion de la Suède à l’Otan », selon Paul Levin, directeur de l’Institut d’études turques de l’université de S ­ tockholm. Les relations entre les deux pays sont tendues depuis plusieurs mois. La Turquie s’oppose à l’adhésion du pays scandinave,

car elle lui reproche d’abriter des « terroristes » sur son sol. Les autorités d’Ankara visent par ce terme des ressortissants kurdes, en particulier ceux affiliés au PKK, et réclament l’extradition

Le 21 janvier dernier, à Stockholm, le militant d’extrême droite suédodanois Rasmus Paludan brûle un coran devant l’ambassade de Turquie.

de dizaines de personnes vers la Turquie. La Suède espère que la situation se débloquera dans les mois à venir, afin de pouvoir rejoindre l’Otan avant son prochain sommet à Vilnius, en juillet. Hasard du calendrier, la police suédoise a annoncé, mardi, avoir opéré un coup de filet contre plusieurs personnes « considérées comme ayant des liens internationaux avec l’extrémisme islamiste violent » qui préparaient un « acte terroriste ». Les renseignements suédois affirment qu’« un attentat » était en préparation en réponse à l’autodafé du 21 janvier, tout en précisant que celui-ci « n’(était) pas considéré comme imminent ». Les interpellations ont eu lieu dans les villes de Eskilstuna, Linköping et Strängnäs, au centre du pays. ■

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Un chef de l’EI impliqué dans les attentats en France éliminé

Les États-Unis affirment avoir tué, en Syrie par une frappe de drone, al-Jabouri, qui avait revendiqué le massacre du Bataclan. Georges Malbrunot £@Malbrunot

Moyen-Orient Le long bras américain a neutralisé le djihadiste qui avait assumé publiquement, au nom de Daech, la responsabilité des attentats contre la France et la Belgique, il y a plus de sept ans. Khaled Aydd Ahmad al-Jabouri avait revendiqué les attaques du 13 novembre 2015 au Bataclan à Paris et dans sa proche banlieue ­ (130 morts), ainsi que l’attentat de Nice, dans le sud-est de la France, le 14 juillet 2016 (86 morts). Le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a annoncé mardi l’avoir éliminé lors d’une frappe de drone dans la province d’Idlib dans le nord-ouest de la Syrie, la dernière à échapper au contrôle de ­Bachar el-Assad. L’Irakien, issu de la grande tribu sunnite des al-Jabour, y avait trouvé refuge il y a une dizaine de jours, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Celui qui se faisait passer pour un Syrien a été visé par un drone alors qu’il marchait près de son domicile et parlait au téléphone, ajoute l’OSDH, qui dispose d’un vaste réseau d’informateurs en Syrie. Comme à chaque liquidation de hauts cadres de Daech se pose la question de savoir qui a trahi la cible ? La région d’Idlib est contrôlée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui cherche à s’acheter une respectabilité auprès des Occidentaux. L’HTC abrite des dizaines de djihadistes étrangers,

dont plus de 130 Français. Mais rien ou presque de ce qui se passe dans cette province frontalière de la Turquie n’échappe à l’œil et aux oreilles des services de renseignements d’Ankara, lesquels contrôlent à distance l’HTC. Or Khaled Aydd Ahmad al-Jabouri était non seulement « responsable de la planification d’attaques en Europe », mais aussi « en Turquie », a précisé le Centcom. Selon celui-ci, l’Irakien avait « développé la structure de commandement de l’EI en Turquie », où Daech avait également commis des attentats au moment où sa force de frappe était à son apogée, notamment contre une boîte de nuit d’Istanbul le 1er janvier 2017, attaque qui avait fait 39 morts.

Des secouristes syriens interviennent près du lieu de la frappe, lundi à Kili, dans la province d’Idlib.

l’organisation djihadiste à fomenter des attaques à l’étranger », estime le Centcom. Même si le terroriste visé est remplacé, c’est un nouveau coup dur asséné à la mouvance terroriste. Il intervient après d’autres assassinats ciblés américains contre des hauts cadres de l’EI, la plupart du temps dans le nord de la Syrie. En octobre 2019, toujours dans cette province d’Idlib, l’emblématique chef de Daech, Abou Bakr alBaghdadi, qui avait proclamé le « califat » depuis la mosquée irakienne de Mossoul en 2014, était tué lors d’une opération améri­caine. Tout comme ses deux successeurs : l’un en février 2022 et l’autre en novembre de la même année, mais cette fois dans la province de

Deraa, dans le sud de la Syrie, à la frontalière de la Jordanie. Traqués, les djihadistes se déplacent en effet, notamment ses membres jordaniens, mais ceux-là, aussi, sont à la merci des espions qui opèrent pour le compte d’Amman, de l’autre côté de sa frontière avec la Syrie. Malgré sa défaite territoriale en 2019, l’EI continue de mener des attaques en Syrie, où le groupe djihadiste a visé récemment des civils qui ramassaient des truffes dans le désert, faisant des dizaines de morts. « Même affaibli, le groupe garde la volonté de frapper au-delà du MoyenOrient », prévient le patron du Centcom, le général Michael Kurilla. En

The White Helmets

le figaro

Irak, Daech compte encore des milliers de combattants qui attaquent régu­ lièrement les forces de sécurité. Et en ­Syrie, des milliers d’autres, même emprisonnés par les Kurdes alliés des Occidentaux dans la lutte antiterro­ ­ riste, représentent une véritable « armée en détention », a récemment averti un autre haut gradé américain, qui mettait en garde contre les évasions de djiha­distes. Si la pression américaine est constante sur l’EI, grâce aux centaines de soldats américains déployés dans le nord-est de la Syrie aux côtés des forces kurdes, les Occidentaux sont loin d’en avoir fini avec leurs ennemis ­djihadistes. ■

Un nouveau coup dur pour l’État islamique

Ankara avait donc intérêt à sa liquidation. La Turquie est d’autant plus encline à se débarrasser des « brebis galeuses » djihadistes sévissant à ses frontières, qu’elle négocie depuis plusieurs mois une réconciliation avec son ex-ennemi syrien, sous l’égide de la Russie et de l’Iran. Celle-ci passera nécessairement par un retour de la province d’Idlib dans le giron de Damas, donc par une élimination de toute présence djihadiste sur le terrain. D’ici-là, la dispersion des terroristes, notamment vers l’Ukraine et l’Afghanistan, inquiète les services de renseignements occidentaux. L’élimination d’al-Jabouri va « temporairement perturber la capacité de

L’armée burkinabée accusée de crimes Les militaires commettraient des exactions, notamment contre la communauté peule.

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SAHEL Les mauvais signes pour les libertés s’accumulent au Burkina Faso. Samedi soir, la junte au pouvoir à ­Ouagadougou a expulsé après un simple délai de 24 heures les correspondantes des quotidiens Le Monde et Libération. Ces expulsions sont intervenues cinq jours après la suspension de la chaîne de France 24 et quatre mois après celle de Radio France internationale (RFI). Mais le plus mauvais signe pour le pays est la raison pour laquelle les deux journalistes ont été déclarées personna non grata. Libération avait révélé le 27 mars l’analyse d’une vidéo apparue sur plusieurs groupes WhatsApp le 14 février. Sur ce film de 83 secondes, on aperçoit les corps de 7 adolescents, les mains liées dans le dos. Ils semblent avoir été exé­cutés. Un peu après, l’image immonde d’un homme écrasant la tête d’une des victimes avec une grosse pierre apparaît. Si les séquences, filmées à ras du sol, sont souvent mal cadrées et chaotiques, elles laissent entrevoir suffisamment de détails pour incriminer l’armée burkinabée. On y voit des hommes en uniforme, avec le tee-shirt bleu ou le camouflage typique des troupes locales, et même le drapeau burkinabé sur le bras. On peut aussi y distinguer plusieurs véhicules militaires. Selon les recherches du quotidien français et de l’agence américaine Associated Press (AP), les assassinats se sont déroulés dans le camp militaire de Zodoma, une caserne située à deux kilomètres de Ouahigouya, au nord du Burkina

Faso. AP est parvenue à montrer qu’au moins l’une des victimes, Adama, 16 ans, était un jeune berger peul. Les autres morts pourraient eux aussi être de jeunes Peuls, ciblés pour cette seule appartenance. Le peuple, qui forme environ 10 % de la population et qui vit massivement au nord du pays, est accusé par les militaires de complicité avec les djihadistes qui saignent le pays.

Des civils pris entre deux feux Ce massacre pourrait être une vengeance haineuse et aveugle après le raid, commis le 13 février par des islamistes, sur un poste de Volontaires de défense pour la patrie (VDP), une milice qui appuie les forces armées. L’offensive avait fait au moins un mort et deux blessés. Le gouvernement a, sans surprise, très mal réagi à ces révélations. Jean-Emmanuel Ouédraogo, son porte-parole, a fustigé « des manipulations déguisées en journalisme ». Elles tombent mal pour le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis septembre après un second coup d’État en dix-huit mois. Le jeune officier a fait de la discipline et de la reconquête du pays son programme pour redresser le Burkina. Or, les attaques apparaissent toujours aussi nombreuses, alors que cette guerre civile qui ne dit pas son nom a coûté la vie à des milliers de civils et poussé 10 % de la population sur les routes. Des civils souvent pris entre deux feux. D’après l’ONG Armed Conflict ­Location & Event Data Project (Acled), l’armée a tué 300 personnes non armées entre octobre et février, souvent d’ori­gine peule, soit trois fois plus que sur cette même période un an auparavant. ■

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Tanguy Berthemet £@tanguyber

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Ces infiltrés que la Russie avait placés en Ukr Les services ukrainiens ont mis au jour un maillage d’agents dormants russes que Moscou avait recrutés pour appuyer l’invasion et pour diriger ensuite le pays conquis. Pierre Polard Kiev

Guerre en Ukraine C’était un couple d’Odessites comme un autre. Le mari naît à Odessa en 1978, mais passe toute sa vie, jusqu’à 40 ans, en Russie. En 2018, désormais marié et père de famille, l’homme revient en Ukraine. Lui et sa femme montent une entreprise, multiplient les contacts, fréquentent les notables locaux. En apparence, un couple ordinaire. Si ce n’est, il est vrai, qu’en Russie le mari a servi pendant des années dans l’armée ; si ce n’est, surtout, qu’au mois de décembre 2022, le SBU perquisitionne l’appartement familial et trouve un téléphone où figure une conversation avec un homme vivant en Crimée, lui aussi vétéran de l’armée russe. Cet homme travaille en réalité pour le GRU, le renseignement militaire russe, et c’est à lui que le très ordinaire couple d’Odessites communique, depuis des mois, les positions des missiles anti-aériens ukrainiens, entre Odessa et Kherson… L’affaire ne se distingue pas par le crime, mais par les criminels : il ne s’agit pas de collaborateurs agissant après l’invasion, mais d’agents dormants, envoyés en Ukraine des années en avance, dans la perspective d’une action militaire d’ampleur à préparer, puis à soutenir, par des missions de repérage et de recrutement. Sous couvert d’anonymat, un officier du SBU l’affirme au Figaro : « Nous savons que l’invasion du 24 février 2022 faisait partie d’un plan préparé en amont, et qu’elle s’appuyait sur une multitude d’éléments. » Parmi les pions mis en place, la Russie a eu manifestement recours à des agents dormants. « Les services de renseignement russes ont limité l’envoi de leurs membres directs, car ils étaient trop exposés, explique l’officier du SBU. Ils ont préféré agir au travers de mandataires, comme ce couple d’Odessa, où l’homme a joué des années durant au bon businessman (l’enquête étant encore en cours, le SBU refuse que soient diffusés les noms du couple, NDLR). »

Ces agents dormants ont infiltré toutes les strates de la société ukrainienne, jusqu’au SBU luimême – pour ne pas s’en être aperçu, son chef, Ivan Bakanov, fut limogé par Zelensky en juillet 2022. Les infiltrés sont surreprésentés chez les religieux, les criminels et les politiciens : trois cercles historiquement liés à la Russie et avec lesquels Moscou maintient des voies de communication et de transfert. Que l’Église orthodoxe ait été infiltrée en profondeur par le renseignement russe n’est pas une découverte – c’est la raison pour laquelle les autorités ukrainiennes s’emploient actuellement à évincer l’Église orthodoxe qui se réfère encore au patriarcat de Moscou. L’Église et le monde criminel furent deux pouvoirs officieux et parallèles, au sein desquels l’in-



Dès 2021, des criminels ont commencé à stocker des armes de guerre. Or, pourquoi un criminel, même un braqueur, aurait-il besoin d’un armement aussi lourd ?



ndrii Nebytov, chef de la police de la région de Kiev

fluence russe a pu se replier, après que la révolution de Maïdan l’a évacuée, en 2014, des structures politiques et sociales de l’Ukraine. S’agissant de la pègre, Andrii Nebytov, le chef de la police de la région de Kiev, observe qu’« il n’est pas anodin que nous ayons systématiquement expulsé les membres des Voleurs dans la loi (nom que se donne la mafia russe, NDLR) et que depuis 2014 nous durcissions les lois à leur encontre. » À l’instar du SBU, Andrii Nebytov a constaté que nombre de criminels ont fortement réorienté leurs activités à la veille de l’invasion russe : « Dès 2021, des criminels ont commencé à stocker des armes de guerre, comme des lance-grenades ou des explosifs. Or, pourquoi un criminel, même un braqueur, aurait-il besoin d’un armement aussi lourd ? » D’après les affaires sur lesquel-

Adhésion de la Finlande à l’Otan : Moscou promet des « contre-mesures »

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Le Kremlin a promis mardi de prendre des « contre-mesures » après l’adhésion de la Finlande à l’Otan, dénonçant « une violente aggravation de la situation » et qualifiant l’élargissement de l’alliance occidentale d’« atteinte à la sécurité et aux intérêts nationaux » de la Russie. « Nous allons suivre attentivement ce qui se passe en Finlande, (…) la façon dont cela nous menace. Notre armée fera son compte rendu en temps voulu », a ajouté le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. Après trois décennies de nonalignement militaire, la Finlande est devenue mardi le 31e pays membre de l’Otan, un tournant stratégique provoqué par l’offensive de Moscou

contre l’Ukraine. Cette adhésion permet à l’organisation de doubler la longueur de la frontière que partagent ses membres avec la Russie, ce que Moscou voit d’un très mauvais œil. L’Alliance atlantique, emmenée par les ÉtatsUnis, est en effet considérée par la Russie comme l’une des principales menaces à sa sécurité. La volonté affichée par Kiev de rejoindre l’Otan était d’ailleurs l’une des raisons invoquées par le Kremlin pour justifier son offensive militaire contre l’Ukraine. Le président américain, Joe Biden, s’est dit mardi « fier » d’accueillir la Finlande dans l’Otan et s’est réjoui d’accueillir la Suède dans l’Otan « dès que possible ». (AFP)

les la police et le SBU ont accepté de communiquer, les infiltrés mènent des missions de repérage, mais aussi de sabotage des infrastructures civiles et militaires. Semer la confusion est une autre pratique. « Des mois avant l’invasion jusqu’à aujourd’hui, nous avons presque chaque jour des alertes à la bombe dans les hôpitaux et les écoles. Rien à chaque fois. Mais pour nous, c’est un enfer de sécuriser ces endroits… » Au SBU, on évoque, aux premiers jours de l’invasion, « une multiplication de tags étranges à Kiev, afin de nous laisser croire qu’il s’agissait de marquages militaires, afin de nous disperser. » Des missions d’assassinat furent également commanditées. Les autorités ukrainiennes ont depuis longtemps affirmé que des commandos infiltrés à Kiev ont cherché à tuer Zelensky au déclenchement de l’invasion. Selon notre source au FSB, un contrat a aussi été mis sur Reznikov, ministre de la Défense, et un autre sur Boudanov, chef du renseignement militaire : un habitant de Kiev a été recruté par le GRU 150 000 dollars lui sont promis pour chaque cible – mais il devait avant abattre un policier ukrainien, pour 5 000 dollars, afin de prouver son « sérieux ». Au début de l’invasion, une autre mission a consisté à charger des agents dormants, qui ont été armés, de venir directement en aide aux troupes russes. « Le 24 février 2022, des parachutistes russes sautent sur l’aéroport d’Hostomel, rappelle Andrii Nebytov. Ces parachutistes devaient ensuite s’emparer du centre-ville de Kiev. Une opération impossible sans que des agents dormants, préalablement infiltrés à Kiev, ne les rejoignent et les guident dans une région qu’ils méconnaissent. » Afin de garantir la prise stratégique d’Hostomel, la Russie a infiltré jusqu’à l’administration de l’aéroport. C’est ce qui a conduit le SBU, le 9 mars dernier, à arrêter Sergei Bychkov, gérant d’Antonov, l’entreprise en charge d’Hostomel. Bychkov est accusé d’entrave à la défense de l’Ukraine pour avoir empêché l’armée ukrainienne de fortifier l’aéroport, en février 2022, à la veille de l’invasion… En fait, aux premiers jours de l’invasion, chaque action militaire russe a été associée, préalablement, à une mission d’infiltration. Et la réussite et l’ampleur de ces infiltrations ont déterminé la réussite, ou l’échec, de chaque action militaire. C’est seulement là où les administrations locales étaient le plus infiltrées, à Kherson et Melitopol, que les troupes russes sont parvenues à remporter des victoires rapides. De tous les traîtres en Ukraine, le député Viktor Medvedtchouk est le plus connu. Très proche de Poutine, qui est le parrain de sa fille, il fut considéré comme un potentiel chef de l’État fantoche que les Russes voulaient imposer en Ukraine. Dans les premières heures de l’invasion, en plein territoire ukrainien, un commando d’infiltrés l’évacue de la résidence surveillée où il était assigné depuis 2021 pour haute trahison – il fut finalement recapturé. La Russie a systématiquement sécu-

Arrestation, en août 2022, d’un habitant de Kiev chargé par le renseignement militaire russe (GRU) d’éliminer des responsables politiques et militaires ukrainiens. À droite : l’oligarque ukrainien pro-russe Viktor Medvedtchouk après sa capture par le service de renseignement ukrainien (SBU), en avril 2022. HANDOUT/SBU/EYEPRESS via Reuters Connect ; EYEPRESS via Reuters Connect

Des mois « avant

l’invasion et jusqu’à aujourd’hui, nous avons presque chaque jour des alertes à la bombe dans les hôpitaux et les écoles. Rien à chaque fois. Mais pour nous, c’est un enfer de sécuriser ces endroits…

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Un policier ukrainien

risé les atouts qu’elle entendait jouer une fois l’Ukraine conquise. À la veille de l’invasion, le FSB recommanda ainsi à ses contacts privilégiés, principalement des députés issus de partis prorusses, de quitter l’Ukraine pour qu’ils puissent y revenir, sains et saufs, une fois Kiev tombée. Il fut même demandé à certains contacts de laisser leurs clés en évidence, afin que les officiers du FSB aient un logement disponible lors de leur entrée à Kiev. Suivant ce même plan censé préparer l’après, Viktor Ianoukovitch, le président déchu par la révolution de Maïdan, s’est rendu en Biélorussie, près de la frontière ukrainienne, dans les premiers jours de l’invasion. L’infiltration de l’Ukraine semble avoir été bien plus qu’un moyen ou un appui opérationnel, mais une fin en soi – non pas un réseau disparate d’agents dormants, mais un véritable proto-État ensommeillé par la Russie qu’elle aurait pu, après sa victoire, réveiller et placer à la tête de l’Ukraine. L’échec de ce plan initial a contraint la Russie à reconfigurer son infiltration en Ukraine. D’autant que le SBU a purgé ses rangs et s’est renouvelé. Aujourd’hui cependant, l’officier du SBU interviewé par Le Figaro l’assure, son service trouve encore « 4 à 6 collaborateurs chaque jour, dont la principale mission est de communiquer les emplacements des positions militaires ukrainiennes. L’immense majorité de ces collaborateurs, précise notre source, ne sont pas des agents dormants, mais des opportunistes qui ont été achetés. Sinon, ce sont des idéologues prorusses ; ou encore des frustrés, qui comptent sur une victoire russe pour se réinventer… Sur les réseaux sociaux, le FSB repère qui manifeste une sympathie pour la Russie, puis entre ensuite en

contact avec ces personnes », explique l’officier du SBU, avant d’ajouter une dernière catégorie de collaborateurs : « Ceux qui ont été contraints par le chantage, par des menaces sur des proches qui vivent en Russie. » Bien que l’Ukraine ait été massivement infiltrée, et qu’elle le demeure relativement encore aujourd’hui, la Russie n’est toujours pas parvenue à ses fins. Tel est l’un des paradoxes de cette guerre : c’est selon le mantra radoté par Poutine – les cultures russes et ukrainiennes sont effectivement proches – que les infiltrations ont pu foisonner ; mais



L’immense majorité de ces collaborateurs ne sont pas des agents dormants, mais des opportunistes qui ont été achetés

Un officier du SBU



dans cet « étranger proche » – comme le FSB aime qualifier l’Ukraine – les services de renseignement russes se sont projetés jusqu’à ne plus voir qu’à la Russie l’Ukraine peut certes se montrer perméable, mais jamais soluble. Au matin du 24 février 2022, les Ukrainiens se fièrent seulement à leur président, démocratiquement élu, et à des institutions restées solides, malgré la corruption et les trahisons. « Si les missions des infiltrés russes échouèrent, dit le chef de la police de Kiev, Andrii Nebytov, si leur jonction avec les troupes russes ne fut jamais permise, c’est qu’en une matinée des checkpoints de volontaires quadrillèrent Kiev. En quelques heures, toute une population prit les armes que son gouvernement lui donna. » ■

le figaro

mercredi 5 avril 2023

International

raine avant l’invasion

L’armée française face aux blessures invisibles de ses combattants Nicolas Barotte £@NicolasBarotte

Les médecins ukrainiens aux prises avec les traumatismes des soldats Margaux BENN £@B_Margaux

Envoyée spéciale à Kiev et Pushcha-Vodytsiat

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LE MESSAGE nous a été envoyé, il y a un mois, par Vadym, juste après sont dix-neuvième anniversaire : « “Patsany ”. Un mot intraduisible. Ça veut dire “les potes”. En ukrainien, il a davantage ce petit côté “street culture”. Avant la guerre, ce mot n’avait pour moi aucune connotation. Maintenant, il est indissociable des cris, des bruits et des images qui m’entouraient à Bakhmout. Des cris, des sons, des images que je ne saurais décrire. Mais qui, tous, m’évoquent les camarades qui partagent ces souvenirs avec moi. Il y a des moments où tout se fige en vous. Comme lorsqu’un obus de 152 mm explose à un kilomètre de vous. Les regards sont à la fois confus et pleins d’espoir : on a survécu, il est encore temps. Il faut calmer les mains tremblantes et trouver une solution. Parce qu’on le peut encore. Il y a les coups de fil aux parents de vos amis, pour leur dire qu’ils ne récupéreront même pas leur corps. Les mains remplies de sédatifs et d’un désir irrésistible de relancer le drone dans les airs, d’avancer jusqu’aux lignes ennemies, de trouver d’autres munitions, d’en jeter quelques-unes de plus dans le canon du mortier. De travailler juste un peu plus, de justifier d’autres risques. Comme si cela pouvait suffire pour venger l’injustice qui vient de se produire. Mes gars sont là-bas, putain. Qu’est-ce que tu veux dire par “dors un peu” ? » Cela fait un an que ce frêle jeune homme aux cheveux blonds noués en queue-de-cheval, artiste, réalisateur de clips musicaux, combat l’armée russe. Depuis quelques mois, il est sur le front de Bakhmout. Depuis quelques semaines, il est l’un des seuls militaires ukrainiens à parvenir, ponctuellement, à entrer dans l’enfer qu’est devenue Bakhmout, cité ouvrière devenue l’un des épicentres des combats en Ukraine. Bombardée sans relâche, quasiment rasée, presque encerclée. Dans ses rues, soldats ukrainiens et russes s’entredéchirent. « La guerre m’a radicalement changé. Aujourd’hui, je suis devenu un vrai chef, qui sait, ou du moins qui apprend à gérer une équipe et prendre des décisions. Mais je suis aussi plus cassé qu’avant », explique le jeune homme.

Loin, à des années-lumière, dans un édifice soviétique au milieu d’un écrin de verdure de huit hectares près de Kiev, à Pushcha-Vodytsia, le centre de réhabilitation Forest Glade (« clairière dans la forêt ») traite les troubles mentaux de quelque 200 militaires de retour du front. « J’appelle ce lieu Poudlard », sourit sa directrice, le Dr Ksenya Voznitsyna, en référence au nom de l’école de la saga Harry Potter. « C’est un lieu magique où l’on retrouve ses pouvoirs, grâce à une approche holistique et bio-psychosociale », explique la neurologue, qui a aidé à établir ce centre spécialisé en 2014, et qu’elle s’attelle à rendre le plus agréable possible. « Hors de question que nos hôtes aient l’impression d’être à l’hôpital. L’idée est d’offrir un sas où ils peuvent se reposer, s’apaiser, se soigner avant de rejoindre leurs familles. » Et, souvent, de repartir au front. « L’armée a besoin de tous les hommes et femmes capables de défendre notre pays », avance la quadragénaire dynamique à l’épaisse chevelure rousse, habillée en treillis. Adossé au mur, se reposant sur ses béquilles, Olexandr Filipchuk a d’ailleurs bientôt terminé son séjour. Le trentenaire originaire de Mykolaïv, ancien électricien du métro, s’efforce de sourire : « En arrivant, je savais que ce qui m’attendait, c’était de repartir au front. Je savoure chaque minute au milieu des arbres. »

Art-thérapie Yoga, acupuncture, sport, lecture… Pendant trois semaines, ou plus si nécessaire, les pensionnaires de Forest Glade vivent dans ce havre. « Nous avons des partenariats avec plusieurs librairies qui nous donnent des ouvrages » souligne la directrice. Dans la bibliothèque, les patients participent à des ateliers d’art-thérapie. Sur les murs, les œuvres de certains d’entre eux sont exposées. Des exercices de visualisation à l’aide de la réalité virtuelle aident les patients à maintenir leur cerveau dans une ambiance apaisante. Certains logiciels sont les mêmes que ceux utilisés par l’armée américaine, et les tests sont analysés par un hôpital américain qui envoie les résultats au personnel de Forest Glade. Une aile du bâtiment est surnommée Narnia, comme ce monde magique de la série littéraire de C. S. Lewis : dans l’une de ses pièces, des vidéos interactives sont projetées sur un bac à sable et le patient doit

s’adonner à des jeux de mémorisation. « Bien sûr, il y a également 70 soignants dont 12 psychologues et deux psychiatres », ajoute la responsable. Les autres sont essentiellement des docteurs qui soignent des blessures physiques. Plusieurs patients ont un bandage autour du crâne, et bien souvent, d’autres blessures. Un homme sur un brancard, une immense ­cicatrice barrant son visage ensanglanté, arrive du front de Yampil. « Il n’est pas vraiment approprié de parler de syndrome post-traumatique dans la majorité des cas », précise la directrice. « Ces troubles se manifesteront surtout dans quelques mois, dans quelques années, une fois qu’ils auront quitté l’enfer des tranchées et des bombes. Dans le calme d’une rue ou de leur salon, ils pourront par exemple être saisis de panique. (...) Pour l’heure, de très nombreux patients souffrent plutôt de contusions cérébrales dues à des blessures au crâne, ou à l’onde de choc d’explosions », détaille-t-elle. « Plus de 1 million d’hommes et femmes ukrainiens combattent aujourd’hui, dont beaucoup étaient des civils jusqu’à l’année dernière», explique Ksenya Voznitsyna. Imaginez l’impact sur la société d’après-guerre qu’auront toutes ces personnes traumatisées, blessées, avec des troubles neurologiques et psychologiques ! » Dans le centre-ville de Kiev, le Veteran Hub s’étend sur un étage de 400 mètres carrés en haut d’une tour. Dans des locaux modernes, une nuée de professionnels apportent une assistance psychologique, juridique et sociale. « Nous essayons aussi d’intégrer les vétérans incapables de retourner au front à trouver un emploi », dit Artem Denysov, cofondateur du Veteran Hub. « Nous prodiguons aussi des conseils à ceux qui sont parents, car la reprise de la vie de famille est parfois compliquée », ajoute-t-il. Sa collègue Bohdana Levytska dirige le projet « sexualité et relations intimes des vétérans et de leurs partenaires ». Son équipe médicale multiplie les entretiens avec des soldats et leur conjoint afin de comprendre comment les blessures physiques et mentales changent les dynamiques de couple. « C’est une boîte de Pandore qu’on ose enfin ouvrir. Petit à petit, nous nous débarrassons des tabous pour que les vétérans ne se sentent plus incompris par ceux qu’ils se sont abîmés à protéger. » ■

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million

d’hommes et de femmes combattent dans les rangs de l’armée ukrainienne

Il n’est pas « vraiment

approprié de parler de syndrome posttraumatique dans la majorité des cas. Ces troubles se manifesteront surtout dans quelques mois, dans quelques années, une fois qu’ils auront quitté l’enfer des tranchées et des bombes

»

Le docteur Ksenya Voznitsyna, DIRECTRICE DU CENTRE de réhabilatation Forest Glade

À Toulon, en mai 2021, des militaires français sont accueillis dans une maison Athos, une structure de réhabilitation psychosociale mise en œuvre par le ministère des Armées et dédiée à l’accompagnement des militaires blessés. NICOLAS TUCAT/AFP

LES SOUVENIRS de la mort et de l’horreur se portent comme une déchirure. On écoute l’amiral Marin Gillier en baissant parfois le regard, comme on détournerait les yeux d’un blessé de guerre au membre arraché ou au visage défiguré. Jeune capitaine de frégate, il a été envoyé au Rwanda. Il a déjà raconté ailleurs le rôle de la France pendant le génocide tutsi. Mais ce 30 mars, lors d’un colloque organisé par l’association Solidarité défense que préside l’ancien ministre Jean-Marie Bockel, il relate la voix brisée sa rencontre avec l’indicible, lorsqu’il est entré dans ce bâtiment « aux murs couverts de sang jusqu’à 2 mètres de hauteur ». Il ne l’avait jamais raconté publiquement. Les blessés invisibles des syndromes post-traumatiques se taisent encore souvent : par méconnaissance, peur de paraître faible, isolement, symptômes qui se déclenchent des années plus tard… Parler, pourtant, aide ceux qui souffrent. Les larmes aux yeux trente ans plus tard, l’amiral décrit ce qu’il a vu : « Il y a une maman qui tient ses enfants carbonisés. On bute sur un pied d’enfant grand comme ça. Il y a un enfant qui tête le sein de sa mère, qui n’a plus de tête… Comment supporter cela et conserver sa dignité ? », dit-il avec la force de celui qui veut se relever. « Comment résister à la puissance déstructurante de la souffrance ? » Sur place, la mission, l’urgence permettent de tenir, poursuit-il. Mais, de retour chez lui, « plus rien n’a de goût ». Il enfouit le traumatisme, au détriment de sa famille, qui subit ses sautes d’humeurs, la violence, le repli sur soi. « Le soir du Bataclan, j’ai pris ma voiture dans les rues de Paris en espérant prendre une balle », lâche l’officier, devenu en fin de carrière chef des commandos marine. Sa souffrance intérieure l’a nourri, dit-il, pour réfléchir aux responsabilités du commandement, qui doit donner du sens et des repères. L’armée promet de changer de regard sur les blessures invisibles de l’esprit. « Il n’y a pas de hiérarchie de valeur dans la blessure » physique ou psychique, a affirmé le chef d’état-major des armées, le général Burkhard, lors du colloque de Solidarité défense, en promettant aux blessés toute la « reconnaissance » qui leur est due. L’armée française n’a commencé à mettre des mots sur ces blessures intimes qu’après les opérations en Afghanistan. « Le ministère a fait son aggiornamento », affirme la secrétaire d’État à la défense, Patricia Mirallès. L’armée compte aujourd’hui 2 600 blessés psychiques. « Mais ils sont certainement plus nombreux », estime-t-elle, en présentant les grands axes d’un nouveau plan de soutien : visite médicale post-opération extérieure, sensibilisation des familles, soutien au proche aidant, ouverture de dix maisons Athos, qui accueillent des blessés en voie de resocialisation. Les trois premières, ouvertes depuis 2021, ont montré de bons résultats. Mais les places sont limitées, environ 150 aujourd’hui. La médecine militaire est aussi confrontée aux manques de moyens psychiatriques.

Depuis 2009, il existe un sas de décompression pour les militaires de retour d’opération. Depuis 2011, le service de santé des armées a mis en place quatre plans d’aide aux blessés psychiques. « Cette blessure, notre médecine a pendant longtemps été impuissante pour la comprendre et donc pour la soulager », a observé Patricia Mirallès. Au SSA, on insiste sur l’individualisation des traitements et la difficulté à « détecter » les blessés. Les témoignages racontent chacun différemment un même mal dont il est difficile de s’extraire. « Tu as changé », dit le médecin militaire au premier-maître Mickaël, de retour de mission. En Afghanistan, puis au Mali, ce tireur d’élite s’est battu contre le terrorisme. Il a perdu des camarades. « Tout ça pour ça ? » Il se noie dans le travail et rumine un esprit de vengeance. « Le sniper avait du mal à faire la netteté dans sa lunette », expliquet-il comme une métaphore. Il boit et fume avec excès. « On est rongé, rongé… » Un soir, sa compagne ose une réflexion : « J’ai pété les plombs. Elle s’est réfugiée chez les voisins. J’ai cassé la porte et j’ai lancé de menaces de mort. » Ce jour-là, il comprend qu’il doit prendre du recul « et renoncer à partir en mission ». « J’aurais préféré prendre un trou dans la peau », dit-il.



Cette blessure (psychique), notre médecine a pendant longtemps été impuissante pour la comprendre et donc pour la soulager



Patricia Mirallès, secrétaire d’État à la défense

Les familles sont touchées par ricochet. Parfois, elles sont démunies. Carine raconte l’histoire de son mari, Jean-François, traumatisé en Afghanistan en 2008. Peu de temps après, la famille déménage en Bretagne. Lorsqu’une nouvelle crise survient, Carine appelle le médecin qui avait examiné JeanFrançois. « J’attendais une écoute pour vider mon sac. Il m’a dit de regarder les PagesJaunes » pour trouver un autre médecin dans la région. Les associations d’anciens combattants et d’entraide jouent un rôle clé pour éviter l’isolement. Le mur administratif pour faire reconnaître l’invalidité est une autre épreuve. L’expert de l’assurance « m’a dit que je n’avais rien », raconte le colonel Éric, qui a frôlé la mort deux fois au Mali. Son véhicule a sauté sur un engin explosif improvisé en 2017. Et, quelques semaines plus tard, il est pris sous un tir de mortier à Kidal. De retour en France, il a remonté la pente de ses peurs et de l’atonie grâce à son épouse, qui chaque jour, pendant des années, au détriment de sa propre vie, l’a « débriefé », comme disent les militaires. Aujourd’hui, il a obtenu une pension de 30 % d’invalidité. Elle ne compense pas les années perdues pour ses enfants, qui ont décroché à l’école. Il pense en être responsable. « On ne guérit pas d’un SPT. Je me sens comme un malade en rémission, dit-il. Ce soir, je prendrai quand même un somnifère pour dormir. » ■

mercredi 5 avril 2023 le figaro

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Société

La France va juger trois généraux syriens

Ils sont accusés de complicité de crime contre l’humanité pour la mort de deux binationaux. Un procès historique. donnent aucun motif pour l’interpellation du fils et, concernant le père, se contentent de lui dire qu’il a mal éduqué son enfant… Selon des témoins, aucun des deux hommes n’a été impliqué dans un mouvement de protestation ou de résistance à l’encontre du régime.

jean chichizola

Justice La décision est historique et aura des conséquences judiciaires et politiques. Deux juges d’instruction du pôle « crimes contre l’humanité » du tribunal judiciaire de Paris ont ordonné, le 29 mars, la mise en accusation devant la cour d’assises de Paris de trois hauts responsables du régime syrien. Ali Mamlouk, Jamil Hassan et Abdel Salam Mahmoud sont accusés de complicité de crimes contre l’humanité et de délits de guerre pour la mort de deux ressortissants francosyriens, Mazzen Dabbagh et son fils, Patrick Abdelkader, arrêtés en 2013. La voie est donc ouverte pour un futur procès devant la cour d’assises de Paris où les intéressés, qui seront a priori absents et jugés par défaut, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. L’ordonnance de mise en accusation détaille les charges pour la complicité de crimes contre l’humanité (atteintes volontaires à la vie, torture, disparition forcée, emprisonnement ou autre privation grave de liberté) et pour les délits de guerre (extorsion et recel d’extorsion de biens). La seule personnalité des accusés, tous trois généraux, en fait un dossier exceptionnel car il frappe au cœur du cercle rapproché du président syrien. Ali Mamlouk, 77 ans, est un proche conseiller de Bachar el-Assad. Grand patron du renseignement, il dirige le Bureau de sécurité nationale après avoir été directeur du service des Renseignements généraux et responsable du renseignement de l’armée de l’air. Il est visé par des sanctions de l’Union européenne depuis 2011. Jamil Hassan, 70 ans, est un autre proche du président syrien qui a été pendant plusieurs années

« Une grande victoire »

Les trois hauts responsables du régime syrien, Ali Mamlouk, Jamil Hassan et Abdel Salam Mahmoud, qui seront jugés au palais de justice de Paris, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. RICCARDO MILANI/Hans Lucas via AFP

seing des deux coaccusés, les séances de torture menées dans les prisons de son service. Il est visé par des sanctions européennes depuis 2012. Mazzen et Patrick Abdelkader Dabbagh sont morts ­ de la main des tortionnaires du service de renseignement de l’armée de l’air syrienne. Si le procès qui s’annonce est celui de la machine à torturer et à tuer du régime el-Assad, il est aussi l’occasion de revenir sur le destin de deux hommes et sur la quête de vérité d’une famille qui se bat depuis dix ans.

Kirkwall Stornoway ÉCOSSE

ÉDIMBOURG Mer du Nord

Belfast

ROYAUME-UNI IRLANDE PAYS DE GALLES

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D’Édimbourg à Honfleur…

Penzance

Guernesey

... EN CROISIÈRE AVEC LES JOURNALISTES DU FIGARO > DU 13 AU 20 SEPTEMBRE 2023

avec Alexis Brézet

Directeur des rédactions du Figaro

Bertille Bayart

Anne Fulda

Arnaud de La Grange

Laure Mandeville

CROISIÈRE À bord du Champlain

2023-04-05T09:33:34+02:00

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Tout a commencé le 3 novembre 2013, à minuit, quand Patrick ­ bdelkader Dabbagh, 20 ans, étuA diant en deuxième année d’arts et de sciences humaines à l’université de Damas, est arrêté à son domicile de Mezzeh, dans la périphérie de Damas. Les militaires qui l’interpellent déclarent appartenir aux services de renseignement de l’armée de l’air. Le lendemain, son père est arrêté à son tour. Mazzen Dabbagh, 54 ans, était conseiller principal d’éducation au lycée français de Damas. À l’époque, les militaires ne

« L’occasion de rappeler que ces crimes continuent » MAÎTRE Clémence Bectarte est, depuis 2008, coordinatrice du groupe d’action judiciaire de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

quelques autres, et non en Syrie ou devant la Cour pénale internationale. La France se prononce ainsi sans équivoque pour une poursuite des crimes de l’État syrien mais d’autres procédures sont également en cours à l’étranger… L’Allemagne est incontestablement en première ligne avec déjà trois procès et trois condamnations. L’État allemand a donné très tôt les moyens nécessaires au parquet fédéral pour avancer sur ces enquêtes. D’autres procédures sont ouvertes en Autriche, en Suède, aux Pays-Bas, en Belgique, au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni. Une dizaine de pays

Manche

HONFLEUR FRANCE

LE FIGARO. – Quelle est, à vos yeux, l’importance de cette décision de la justice française ? Clémence BECTARTE. – Cela a d’abord une grande importance pour la famille Dabbagh qui se bat depuis qu’elle a appris la disparition de Patrick et Mazzen dans la nuit du 3 au 4 novembre 2013. Elle a lutté pour savoir ce qu’il leur est arrivé et ensuite pour que justice leur soit rendue. C’est donc d’abord l’aboutissement de son combat. Ensuite, c’est la première fois qu’est visé, s’agissant de la situation en Syrie, un si haut niveau de responsabilité puisque Ali Mamlouk et Jamil Hassan constituent la garde rapprochée de Bachar el-Assad. Ils sont toujours en poste et toujours aux commandes de la répression comme ils l’ont été depuis 2011. On est au cœur du régime, avec des charges de complicité de crimes contre l’humanité, punie de la réclusion criminelle à perpétuité. Le tout dans une affaire qui a permis de mettre en lumière le fait que derrière l’arrestation, la torture, l’assassinat de deux ressortissants franco-syriens, il était possible d’engager la responsabilité des plus hauts responsables de l’État syrien. Car on est bien là face à une politique d’État qui a été mise en place pour réprimer la population syrienne. Cette affaire n’est-elle pas purement symbolique ? Absolument pas, même s’il est vrai que, si un procès s’ouvre l’année prochaine devant la cour d’assises de Paris, les accusés seront très probablement absents. On est bien au-delà du symbole et il est essentiel de continuer de lutter contre l’impunité des crimes du régime syrien. Il y a une vraie demande des victimes syriennes de ne pas oublier ce que continue à être ce régime et de se battre pour la justice même si, pour le moment, les seuls recours sont devant les juridictions européennes et

S. DE SAKUTIN/AFP

à la tête du service de renseignement de l’armée de l’air. Il est visé depuis 2018 par un mandat d’arrêt international émis par la justice allemande pour crimes contre l’humanité et fait également l’objet de sanctions de l’Union européenne depuis 2011. Enfin, Abdel Salam Mahmoud, le plus jeune et le moins « prestigieux » des trois, est directeur depuis 2010 de la branche investigations des services de renseignement de l’armée de l’air à Damas. Il est accusé de superviser directement, avec le blanc-

Ils sont emmenés à l’aéroport militaire de Mezzeh où se trouve un centre de détention et de torture. Dans un environnement marqué par la malnutrition, le manque d’hygiène et le refus de soins, on y pratique, entre autres méthodes de torture, les coups systématiques, les décharges électriques ou l’arrachage des ongles. Mazzen et Patrick Abdelkader n’ont pas résisté à cet enfer sur terre. En 2018, l’État syrien a informé leur famille, sans plus de précisions, que Patrick Abdelkader serait mort le 21 janvier 2014, moins de trois mois après son arrestation. Son père serait mort le 25 novembre 2017. En octobre 2016, la Fédération internationale pour les droits humains (Fidh), la Ligue des droits de l’homme (LDH), et Obeida Dabbagh, le frère de ­Mazzen, avec le soutien du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM), alertaient la justice française. Le 7 novembre 2016, une information judiciaire était ouverte pour aboutir à l’ordonnance de mise en accusation du 29 mars. Mardi, Obeida Dabbagh saluait « une grande victoire pour ma famille et pour toutes les victimes syriennes. (…) Après toutes ces années de combat pour que la vérité éclate, les responsables de haut niveau sont enfin traduits en justice. J’appelle les autorités judiciaires françaises à organiser ce procès au plus vite. » ■



Le régime syrien est avant tout un régime de criminels contre l’humanité

Clémence Bectarte



ont donc aujourd’hui des enquêtes actives sur la situation en Syrie, que ce soit concernant les crimes du régime, les crimes de groupes armés non étatiques ou les crimes de Daech. Certains États semblent tentés par une « normalisation » des relations avec Damas… Il faut s’y opposer fermement. Le fait que des enquêtes soient en cours, que des procès aient lieu, que ces crimes soient qualifiés et des responsables sanctionnés, c’est aussi un moyen de rappeler à la communauté internationale que le régime syrien est avant tout un régime de criminels contre l’humanité. C’est aussi l’occasion de rappeler que ces crimes continuent. On a vu l’instrumentalisation du récent tremblement de terre par Bachar el-Assad, qui a empêché l’accès des secours à des régions qu’il ne contrôle pas. Plusieurs ONG ont aussi documenté de nombreux cas de réfugiés rentrés en Syrie qui ont été arrêtés et ont disparu dans les geôles du régime à leur retour.■ PROPOS RECUEILLIS PAR J. C.

le figaro

Sciences

mercredi 5 avril 2023

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Après un rebond en 2021, les rejets français de CO2 ont baissé en 2022, pour des raisons surtout conjoncturelles. anne-laure frémont [email protected]

Les bons chiffres s’expliquent en partie par la baisse de la consommation de chauffage liée aux températures clémentes du dernier hiver. Olivier Le Moal

Climat : les émissions de gaz à effet de serre reculent en France

408 millions de tonnes

équivalent CO2 consommés en 2022 soit 10 tonnes de moins qu’en 2021

émissions liées à l’import/export. « La mauvaise nouvelle, poursuit l’expert du Citepa, c’est que cette baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) est due en bonne partie à des effets conjoncturels plutôt que structurels, comme la hausse du prix des énergies fossiles ou la douceur de l’hiver, qui joue depuis plusieurs années sur la baisse des émissions liées au chauffage. » La diminution globale des émissions est en effet portée par une chute de la consommation d’énergies fossiles dans le secteur résidentiel-tertiaire, la crise énergétique ayant entraîné une flambée des prix de l’énergie et une sobriété voulue ou subie. Quelle est donc vraiment la part des récentes politiques de rénovation énergétique (isolation des bâtiments, installation de pompes à chaleur, etc.) dans cette baisse des émissions ? « Leur impact se reflète forcément dans ces chiffres, mais difficile pour l’instant de le quantifier », admet Colas Robert, qui rappelle que le prochain rapport annuel, en juin, livrera davantage

de détails sur les émissions annuelles par secteur. Assez logiquement, le secteur de l’industrie manufacturière participe aussi à la baisse globale des émissions en 2022 (- 8 %). Le Citepa observe « une réduction de la consommation de gaz naturel dans les petites industries, de charbon dans les sites de sidérurgie et de métaux ferreux, et une diminution de la production de certaines branches », comme les cimentiers.

Est-ce suffisant ? Certains secteurs sont en revanche toujours à la traîne, comme les transports, qui restent toutefois à des niveaux d’émissions plus bas qu’avant la crise (129 Mt CO2e l’an dernier contre 135 Mt en 2019). En outre, « la production d’énergie est le secteur qui connaît, en absolu, la plus forte hausse des émissions de GES entre 2021 et 2022 (+ 8 %) », selon le Citepa, qui pointe l’indisponibilité de plusieurs tranches nucléaires (29 réacteurs à l’arrêt sur 56 en mai 2022) ayant « généré un recours plus important aux cen-

trales à gaz et un recours temporaire au charbon ». Cette tendance à la baisse est-elle suffisante pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à horizon 2050 ? Pour y parvenir, la France s’est dotée d’une trajectoire, la stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui définit des objectifs de réduction par secteur. Le premier budget carbone (2015-2018) n’a pas été respecté ; le deuxième – dont les ambitions ont été revues à la baisse - prévoit des émissions globales de 422 Mt CO2e par an en moyenne pour 2019-2023. Selon le Citepa, la moyenne sur cette période atteint pour l’instant 413 Mt CO2e. La France est donc théoriquement dans les clous… sauf si l’on prend en compte le retard ac­ cumulé au fil des ans. « Il faut également garder à l’esprit que ces budgets carbone correspondent à ­ l’objectif de réduction de 40 % des émissions en 2030 par rapport à 1990 », rappelle Colas Robert. Or ils sont désormais obsolètes ­puisque le nouvel objectif européen prévoit une baisse de 55 % des

émissions nettes en 2030 : s’y plier « implique un doublement du rythme annuel de réduction des émissions pour atteindre environ - 16 Mt CO2e (- 4,7 %) en moyenne sur la période 2022-2030 », notait l’an dernier le Haut Conseil pour le climat. « Plutôt que de se féliciter d’un résultat insuffisant qui s’explique par un concours de circonstances, le gouvernement devrait plutôt mettre les bouchées doubles dans de nombreux secteurs, comme la rénovation thermique des bâtiments, les transports ou l’agriculture », ont ainsi réagi mardi dans un communiqué les ONG réunies sous la bannière « L’affaire du siècle ». « L’acte 2 est lancé : nous devons intensifier nos efforts », a pour sa part déclaré la ministre de la Transition énergétique alors que le gouvernement entend boucler avant l’été sa nouvelle loi de programmation quinquennale sur l’énergie et le climat (LPEC), qui fixera les grands objectifs à la fois pour l’énergie et pour la réduction des émissions (via une troisième stratégie nationale bas carbone). ■

scientifiques essayent donc de quantifier « l’amplification arctique et son impact sur l’atmosphère, en particulier sur les processus chimiques du brome et du mercure. Les données obtenues seront c­ omparées aux données satellitaires sur l’étendue de la glace de mer », précise Andrea Spolaor, géochimiste en Italie et chef de l’expédition au Svalbard. En 2012, une étude de la Nasa avait montré qu’une intense fonte de la glace de mer en Arctique au cours de la dernière décennie pourrait accélérer la libération de brome dans l’atmosphère et d’un dépôt de mercure toxique dans l’Arctique. La mission au Svalbard doit donc également mesurer « le mercure qui s’est déposé lors de toutes les combustions depuis le début de l’ère industrielle », ajoute Jérôme Chappellaz. Cette huitième expédition de la Fondation Ice Memory redonne

« du baume au cœur » au chercheur français. La précédente mission, l’été dernier, au Kilimandjaro (Tanzanie), a dû être annulée au dernier moment pour des raisons administratives. Une autre n’a pas été couronnée de succès. En septembre 2020, dans les Alpes, seulement trois carottes de glace peu profondes avaient pu être prélevées. Quoi qu’il en soit, celles déjà récupérées, lors de missions conduites depuis 2016 en France, en Suisse et en Italie (Alpes), en Russie (Altaï et Caucase) et en Bolivie (Andes), doivent être archivées dans un sanctuaire de glace en Antarctique, durant l’été austral 2024-2025. Les premières devaient être envoyées au dernier semestre. Mais des blocages logistiques, financiers et juridiques ont retardé ces expéditions vers le continent austral. Les financements de l’Institut polaire français restent limités et « je voulais m’assurer qu’il n’y aurait pas de problème avec les États qui participent au traité Antarctique (qui gère la région, NDLR) », précise Jérôme Chappellaz. Le futur site du sanctuaire pour conserver les carottes de glace, où il fait - 50 °C toute l’année, a été testé. Il s’agit d’une sorte de grand igloo de 35 mètres de long sur 5 mètres de large. Plusieurs seront connectés entre eux, pour accueillir les autres prélèvements, notamment le prochain, prévu au Tadjikistan. Les carottes de glace du climat passé, extraites d’une vingtaine de sites dans le monde, seront archivées pour les futures générations de scientifiques. ■

Expédition au Svalbard pour mémoriser trois cents ans de climat arctique Une équipe de chercheurs européens conduit en Norvège la huitième mission du programme Ice Memory, lancé en 2016. Marc Cherki [email protected]

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glaciologie Conserver la mémoire du climat passé pour les générations futures, l’objectif de la Fondation Ice Memory, prend tout son sens avec l’expédition scientifique conduite dans l’archipel du Svalbard, en Norvège. Ce mardi 4 avril, l’équipe de huit chercheurs européens (Italie, Norvège et France), accompagnée par un guide de montagne et un expert des forages, a débuté ses prélèvements dans le glacier Holtedahlfonna, à 1 100 mètres d’altitude. Au cours des deux prochaines semaines, ils doivent récupérer deux carottes de glace d’environ 10 centimètres de diamètre, dans une couche de 125 mètres de profondeur jusqu’au socle rocheux. Une hauteur de glace qui a enregistré le climat sur les trois derniers siècles. Une des carottes sera analysée en Italie et l’autre est destinée à être archivée par la Fondation Ice Memory en Antarctique, à la base

franco-italienne Concordia. Dans les couches successives de glace qui se sont formées, les bulles d’air emprisonnées, l’eau gelée ainsi que les différents dépôts chimiques forment une sorte de bande d’enregistrement du passé. Il faut donc la récupérer avant que le réchauffement climatique ne la fasse fondre et ne l’efface ! « Le réchauffement climatique nous contraint à agir très vite pour récupérer ces formidables informations de notre passé », explique Carlo Barbante, directeur de l’Institut des sciences polaires du Conseil national italien de la recherche, qui supervise l’expédition, également vice-président de la Fondation Ice Memory. Car la zone se réchauffe très vite. Il s’agit sans doute de la région du monde où le changement climatique est le plus marqué. La température s’y serait déjà élevée d’environ 3 °C à 4 °C au cours des cinquante dernières années, à comparer au réchauffement de la Terre de 1,1 °C depuis l’ère préindustrielle. Cette région de l’Arctique, en particu-

Carotte de glace analysée par les équipes d’Ice Memory, en 2021, au mont Rose, à cheval entre Suisse et Italie. RICCARDO SELVATICO/CNR

Le réchauf­« fement

climatique nous contraint à agir très vite pour récupérer ces formidables informations de notre passé

»

Carlo Barbante, superviseur de l’expédition

lier dans cette haute latitude de la Norvège, est pénalisée par ce que les experts appellent une « boucle de rétroaction positive ». Il s’agit d’une sorte d’emballement du réchauffement. Car à mesure que la glace de mer fond, le rayonnement solaire est mieux absorbé par l’océan, qui se réchauffe davantage, ce qui favorise la fonte des glaces, et ainsi de suite.

Un sanctuaire de glace pour archiver

Et « nous n’avions rien archivé pour l’Arctique ! », précise le glaciologue Jérôme Chappellaz, président de la Fondation Ice Memory, qu’il a contribué à créer en 2015. Selon lui, il est probable que « dans trois ou quatre ans » des couches de glace aient fondu dans cette région du Svalbard, où la température fluctue, en cette période de l’année, entre - 5 °C et - 25 °C. Les

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réchauffement La tendance se confirme : l’an dernier, les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique, ont baissé de 2,5 % en France, selon les chiffres provisoires publiés lundi soir par le Citepa. L’organisme chargé de l’inventaire français des émissions estime ces dernières à 408 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e) en 2022, soit 10 millions de tonnes de moins que l’année précédente. L’équivalent CO2 est une mesure qui prend en compte le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, mais aussi les autres, dont le méthane. En matière de lutte contre le réchauffement climatique, les bonnes nouvelles sont rares ; le gouvernement n’a pas laissé passer celle-là. « Ces chiffres (…) traduisent les effets de notre politique climatique de ces derniers mois. Sur le quatrième trimestre 2022, nos émissions ont ainsi baissé de 8,5 % par rapport à l’année précédente », a réagi la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, saluant « le résultat du plan de sobriété énergétique et de la mobilisation des entreprises, des administrations et des collectivités locales, ainsi que de l’ensemble des Français ». C’est en effet une « bonne nouvelle, car on ne savait pas combien de temps allait durer l’effet rebond post-Covid », note Colas Robert, expert au Citepa. 2021 avait en effet été marquée par une hausse des émissions (+ 6,4 %) liée à la reprise de l’activité économique postpandémie. « Là, on voit que l’on ne dépasse pas les émissions d’avantcrise et que, globalement, la tendance est à la baisse. » Rappelons néanmoins que ce bilan ne tient compte que des émissions se produisant sur le territorial national… pas des trajets internationaux dans l’aérien ou le maritime, ni les

mercredi 5 avril 2023 le figaro

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Sport

Lucas Pouille : « Je voyais tout en noir »

ne pouvais plus marcher, comme je repartais de zéro. À part jouer au padel et faire du surf, je n’avais rien fait pendant six mois. Mais j’ai pris du plaisir à retourner à la gym, à être dans le dur et à repousser mes limites. Vous avez bien gagné votre vie, mais aujourd’hui où en êtes-vous financièrement ? Cela fait trois saisons que je suis à perte. J’avais réfléchi à différents projets professionnels hors tennis afin d’assurer la suite. Je ne pleure pas sur mon sort. J’ai la chance d’avoir encore de l’argent. J’ai touché 9 millions de « prize money » (en dollars) au cours de ma carrière. C’est beaucoup, mais avant d’arrêter j’avais 600 000 à 700 000 euros par an de frais pour

À 29 ans, l’ancien numéro un français tente de remonter la pente après trois années de galère et une forte déprime. Confidences à cœur ouvert. PROPOS RECUEILLIS à CANNES PAR

Romain Schneider [email protected]

tennis Jeudi 23 mars, en ce jour de grève, Lucas Pouille ne chôme pas sous le soleil des courts du Montfleury Cannes TC, lors d’une intense séance avec son ami d’enfance, Enzo Py, qui va l’accompagner sur le circuit jusqu’à la fin du printemps. Miné par les blessures à répétition, l’ex-top 10 mondial (mars 2018) et ancien demi-finaliste de l’Open d’Australie (2019), vainqueur de la Coupe Davis (2017), retombé à… la 454e place mondiale, s’est ensuite longuement confié au Figaro, sans rien occulter de sa dépression passée et de son envie d’arrêter le tennis. Après trois années de galère, le Nordiste a repris le chemin du circuit la nuit dernière au Mexique (défaite au 1er tour) pour une tournée américaine de tournois secondaires, avec l’espoir dans un premier temps de redevenir un joueur de tennis. LE FIGARO. - Avec l’accumulation de blessures ces dernières années, on a envie avant tout de vous demander comment ça va… Lucas POUILLE. - Ça va (sourire). Je n’ai pas joué en février et en mars pour me soigner et avoir de « la caisse » car j’ai seulement repris l’entraînement fin novembre puis les tournois en début d’année en Thaïlande. Je me suis blessé aux abdos, puis en février je me suis fait une fissure au niveau d’une côte. J’ai coupé et j’ai attendu d’être prêt pour reprendre. L’objectif c’est que ça aille pendant des mois et des mois. Ce qui n’est pas arrivé depuis trois ans… Est-ce dur de se relancer sur les tournois inférieurs pour un ancien top 10 ? Cela a été dur l’année passée d’accepter que je n’étais plus le joueur



Je ne veux pas vivre avec des regrets. Cela ne fait pas avancer

que j’avais été. Je n’avais pas l’humilité nécessaire pour livrer des combats contre des joueurs de très bon niveau. Maintenant, c’est clair dans ma tête. J’ai fait le deuil de qui j’ai pu être dans le passé. J’accepte d’être un joueur de Challenger (deuxième division, NDLR) avec l’espoir de revenir sur le devant de la scène. Quand j’ai repris, il y a un an, je n’avais pas d’objectifs précis. Là, j’ai une ligne directrice et je sais pourquoi je m’entraîne.

Lucas pouille

Et quels sont vos objectifs ? Redevenir un joueur de haut niveau à plein temps, être heureux sur le terrain et ne pas avoir de grosses blessures. Le deuxième objectif, ce sont les JO de Paris. Je n’ai jamais eu l’opportunité de disputer les Jeux olympiques. Je pense tous les jours au 15 juin 2024, où on connaîtra les qualifiés. Il faudra que je sois, au minimum, dans les 50 meilleurs mondiaux.



J’ai pris du plaisir à retourner à la gym, à être dans le dur et à repousser mes limites

je ne dormais plus la nuit. Il m’arrivait de boire seul et je voyais tout en noir tout le temps. Je me suis dit que ce n’était pas possible de continuer comme ça. Et j’ai pris la décision de dire stop.

LUCAS POUILLE

Quand ça exactement ? Lors d’une de mes nombreuses insomnies. En juin dernier, j’étais en Angleterre pour disputer un tournoi. En pleine nuit, je reçois sur mon portable une photo de ma fille (Rose, née en janvier 2021). Je me suis dit qu’il fallait rentrer à la maison sinon j’allais prendre le mur en mettant ma santé mentale en péril. J’ai pris la décision de couper totalement avec le tennis. J’avais l’intention d’annoncer ma retraite. Mon entourage m’a dit de ne surtout pas faire le faire à chaud et de ne pas fermer complètement la porte. Alors, j’ai été silencieux et invisible sur les réseaux sociaux pendant des mois.



Avec l’accumulation des blessures, avez-vous songé à tout arrêter ? Oui. En avril de l’année dernière, je fais un coup droit à l’entraînement et je me fracture une côte. Le lendemain je ne peux pas me relever tout seul. C’était très dur mentalement car je me sentais bien à nouveau. Je me suis dit que je n’étais plus fait pour le haut niveau et que je faisais des efforts vains depuis trois ans. J’ai eu mal un peu partout tout le temps. Je n’ai jamais enchaîné des mois sans blessure. Et à chaque fois que j’ai repris, je me suis re-blessé. J’étais triste. J’étais arrivé à un point où

Et quel a été le déclic pour reprendre votre carrière ? En novembre, je suis allé à Bercy pour assister aux derniers matchs de Gilles (Simon). Pierre-Hugues (Herbert) me propose alors de taper la balle avec lui. J’étais moyennement chaud, mes raquettes étaient rangées au fond du garage depuis cinq mois. Et finalement j’ai pris beaucoup de plaisir à rejouer. Je vais à Bercy, je recroise la presse, et on me pose une question sur les JO. Ça fait tilt et je réponds spontanément que je veux y participer. Et dans le taxi qui nous ramène à l’hôtel, j’annonce à ma femme que je reprends ma carrière. Je suis parti ensuite m’entraîner à Dubaï en décembre et je suis tombé sur Manu Planque (son coach historique) qui était là avec ses deux joueurs (Sean Cuenin et Giovanni Mpetshi). Il y avait une bonne dynamique qui m’a poussé à m’y remettre à fond. Il y a des jours où je me levais le matin et je

« J’étais arrivé à un point où je ne dormais plus la nuit », déclare Lucas Pouille (ici à Cannes, le 23 mars). LUTTIAU NICOLAS/ PRESSE SPORTS

Scheffler peut rêver d’un doublé à Augusta Vainqueur en 2022, le numéro 1 mondial revient au Masters avec l’ambition de conserver sa veste verte. Laurent Louët £@LaurentLouet

2023-04-05T09:33:34+02:00

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Demain

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envoyé spécial à augusta

golf Si toutes les victoires restent gravées au palmarès d’un champion, certaines ont davantage de saveur que d’autres. Il y a un an presque jour pour jour, Scottie Scheffler remportait le Masters d’Augusta. Une première, forcément particulière. « J’ai rêvé de participer à ce tournoi, confie-t-il. J’ai pleuré la première fois que j’ai reçu mon invitation par la poste. Et j’ai de nouveau pleuré comme un bébé avant le dernier tour qui m’a permis de gagner… » Avec un score total de - 10, l’ancien étudiant à Dallas s’imposait lors de la 86e édition du tournoi des maîtres avec trois coups d’avance sur Rory McIlroy (- 7), auteur d’une dernière carte (64) d’anthologie. Un baroud d’honneur qui accordait encore davantage de couleur à la veste verte de l’Américain. « Cette victoire a été un accomplissement, se remémore Scheffler. Au niveau émotionnel, c’est très fort. Gagner à Augusta reste vraiment un moment très spécial de ma vie. » Méconnu du public, le Texan d’adoption signait alors une série



payer notamment mon staff, sans oublier les 20 % à 30 % de retenue à la source… Quand on descend, tout change. Il y a un gros bouleversement au niveau des revenus. Paul Pogba (joueur de la Juventus Turin) a été blessé longtemps, mais il a continué à recevoir son salaire. Le tennis reste un sport particulier où le joueur est à la tête d’un groupe de quelques personnes avec des frais conséquents.

« àGagner Augusta

reste vraiment un moment très spécial de ma vie

»

Scottie Scheffler

inédite pour un joueur n’ayant jamais remporté le moindre trophée sur le PGA Tour auparavant. Quatre succès en six tournois. Un bilan inspiré des exploits à répétition du jeune Tiger Woods de la grande époque, son idole ? « Je me souviens d’avoir regardé les moments forts de sa victoire à Augusta en 1997. Il survolait le tournoi… » Après cette série, Scheffler était alors devenu numéro 1 mondial lors de son sacre au championnat du monde de match-play, à Austin, près de chez lui. Il semblait seul sur le toit du monde lors de ce printemps 2022 magique.

Affole les compteurs

Scottie Scheffler lors d’un entraînement, lundi, à Augusta (Géorgie). ROSS KINNAIRD/ Getty Images via AFP

Douze mois ont passé et le copain de fac de Jordan Spieth (son coéquipier à l’université du Texas, vainqueur du Masters en 2015) est de retour sur la terre promise de l’Augusta National Golf Club. Le grand Scottie (1,91m pour 91 kg) y revient en patron. Il y a quelques semaines, sa victoire lors du Players Championship à Ponte Vedra en Floride, lui a permis de reprendre le fauteuil de leader du classement mondial, dans lequel sont parvenus à se caler quelque temps l’Espagnol Jon Rahm puis le

Nord-Irlandais Rory McIlroy, auteurs d’un été et d’un automne 2022 tonitruants. Retour au top bienvenu pour l’Américain, qui avait redémarré fort en 2023, l’emportant lors du Phoenix Open en février. En dépit du titre de champion du monde de match-play perdu en demi-finale contre le futur vainqueur Sam Burns cette année, Scottie Scheffler continue d’affoler les compteurs. Il a ainsi dépassé les charismatiques Dustin Johnson (vainqueur de l’édition 2020 du Masters) et Bryson DeChambeau, partis glaner des millions de dollars sur les LIV Golf Series, mais qui sont bien présents cette semaine à Augusta en compagnie de seize autres membres de la Ligue dissidente. Ces deux-là comptent 5 victoires lors de leurs 100 premiers tournois sur le PGA Tour, tandis que Scheffler en dénombre 6 en 98 départs. De quoi lui laisser nourrir des espoirs cette semaine, à l’heure de défendre son titre aux Masters, dès jeudi face au talent de McIlroy, Rahm ou encore de l’Australien Cameron Smith et des Américains Collin Morikawa ou Cameron Young, autres favoris des bookmakers sur Washington Road, principale avenue d’Augusta. ■

Et concernant les sponsors ? J’ai seulement le Coq Sportif pour le textile. Mais en tennis, il y a des malus dans les contrats et l’argent ne rentre plus quand tu arrives à un certain classement. Je n’ai pas de sponsor raquette car j’ai décidé de repasser sur mes anciennes (de la marque Prince). Je n’avais pas de doutes sur la précédente, mais beaucoup en avaient et n’hésitaient pas à me le faire comprendre. Pour m’enlever tous ces nœuds de la tête, j’ai donc décidé de reprendre mon ancienne raquette. Avez-vous des regrets ? J’aurais pu faire certaines choses différemment comme travailler avec un coach mental, mais je ne veux pas vivre avec des regrets. Cela ne fait pas avancer. C’était génial d’avoir battu Rafa (Nadal en 8e de finale de l’US Open 2016), d’avoir remporté cinq tournois, une Coupe Davis, d’avoir atteint deux quarts de finale et une demie en Grand Chelem. Quand j’en reparle (il est ému), c’est étrange d’ailleurs car j’ai l’impression que ça n’a presque pas existé. Je suis fier d’être arrivé à ce niveau-là et je le souhaite à tous les gamins qui commencent le tennis… ■

en bref Football : Nantes et Lyon pour sauver leur saison

Respectivement classés 14e et 9e en Ligue 1, Nantes et Lyon s’affrontent ce mercredi (21 h 10, France 3 et beIN) en demi-finale de la Coupe de France. Les Nantais défendent leur trophée qu’Annecy et Toulouse, opposés jeudi, convoitent également.

L’ex-président d’Angers en garde à vue Saïd Chabane a été placé en garde à vue mardi dans le cadre d’une enquête pour « blanchiment en bande organisée ». L’enquête préliminaire ouverte depuis juin 2022 vise également des faits d’« exercice illégal de la profession d’agent sportif ».

Tennis : inquiétude pour Nadal avant Roland-Garros Blessé à la jambe gauche, Rafael Nadal a annoncé mardi qu’il renonçait à disputer le Masters 1000 de Monte-Carlo, qui marquera la semaine prochaine le début de la saison sur terre battue conduisant à Roland-Garros (29 mai11 juin). Carlos Alcaraz et Félix Auger-Aliassime ont également déclaré forfait pour le tournoi monégasque mais sans inspirer d’inquiétude.

le figaro

LE CARNET DU JOUR Les annonces sont reçues avec justification d’identité du lundi au vendredi de 9h à 13h et de 14h à 18h (excepté les jours fériés) et tous les dimanches de 9h à 13h. Elles doivent nous parvenir avant 16 h 30 pour toutes nos éditions du lendemain, avant 13 h les dimanches.

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deuils Paris (16e). Xavier Berard, son fils, Madeleine Baldy Moulinier, Christiane Kopp, ses sœurs, Jacques Berard, son frère, leurs conjoints et leurs enfants ont la tristesse de faire part du décès de

M. Henri BERARD

ingénieur agronome INA Paris 58, survenu le 30 mars 2023, à l'âge de 88 ans, à Issy-les-Moulineaux. Les obsèques auront lieu au cimetière de Buzançais (Indre), le jeudi 6 avril 2023, à 14 h 30. L'inhumation se déroulera à 16 heures. Cet avis tient lieu de faire-part. 45, boulevard Montmorency, 75016 Paris.

BAPTÊME

Paris (9e).

Mougins (Alpes-Maritimes).

Mme Elisabeth Calandra-Chavelet, son épouse, ses enfants, Frédérique, Rémi, Héloïse, Charles, Emilie et Marie, ses petits-enfants, Lucca et Sacha,

Son époux Gérard (†), ses filles, Frédérique Bonlieu, Fabienne Lemasson, ses petits-enfants et arrière-petits-enfants

ont la douleur de faire part du décès de

M. Paul CALANDRA

[email protected]

survenu le 5 février 2023, à l'âge de 96 ans.

Les obsèques auront lieu au crématorium du cimetière du Père-Lachaise, salle Maumejean, 71, rue des Rondeaux, à Paris (20e), le vendredi 7 avril 2023, à 13 heures.

L'inhumation a eu lieu dans la plus stricte intimité.

Le vicomte Jean de Châtillon, le vicomte et la vicomtesse Xavier de Châtillon, Marie, Pierre et Hedwige de Châtillon, ses enfants et petits-enfants, font part du rappel à Dieu de la

vicomtesse de CHÂTILLON née Myriam de Bertoult,

le 3 avril 2023, à l'âge de 99 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église de Ligny-Saint-Flochel (Pas-de-Calais), le jeudi 6 avril 2023, à 15 h 30.

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2023-04-05T03:12:06c:Figaro;u:adaboville;

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Priez pour elle.

M. Antoine Maier et sa regrettée épouse Catherine, M. et Mme Frédéric Maier, ses fils et belles-filles, ses petits-enfants et ses arrière-petits-enfants, M. et Mme Pierre Joly Lyautey de Colombe, son frère et sa belle-sœur, et leurs enfants, M. et Mme Pierre Grange, sa sœur et son beau-frère, et leurs enfants ont la grande tristesse de vous faire part du rappel à Dieu de

Isabelle MAIER

née Joly Lyautey de Colombe, Mme Yveline Cuny, son épouse, Blandine et Olivier, ses enfants, Danielle, sa belle-fille, Dominique, son gendre, Aurore, Harold, Alexis et Guillaume, ses petits-enfants, Brigitte, sa belle-sœur, et Alain, son beau-frère, vous font part du décès de

M. Raymond CUNY

polytechnicien, ingénieur en chef des Télécommunications, survenu le 2 avril 2023, dans sa 100e année. La cérémonie religieuse sera célébrée ce mercredi 5 avril, à 10 h 30, en la chapelle des Petites Sœurs des Pauvres, 71, rue de Picpus, Paris (12e), suivie de l'inhumation au cimetière du Père-Lachaise, Paris (20e).

Anny De Landtsheer, son épouse, William et Carole, ses enfants, et toute la famille ont la tristesse de faire part du décès de

M. Philippe DE LANDTSHEER survenu le 2 avril 2023, à l'âge de 85 ans, à Paris. Un dernier hommage lui sera rendu au crématorium d'Évreux, le vendredi 7 avril, à 10 heures. Cet avis tient lieu de faire-part.

Monique de Guenin, son épouse, Jean-Philippe de Guenin, son fils, ses cousins et petits-cousins, ses amis ont la tristesse de vous faire part du décès de

Michel, Paul de GUENIN survenu à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le 31 mars 2023, dans sa 87e année.

le 14 mars 2023, à l'âge de 87 ans. La crémation a eu lieu dans l'intimité. Une cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 14 avril, à 15 heures, en l'église de Saint-Pierre-de-Cernières (Eure), suivie du dépôt des cendres dans le caveau familial, au cimetière de Saint-Pierre-de-Cernières. Château de Cernières, 6, rue de l'Ancienne-Forge, 27390 Saint-Pierrede-Cernières.

Axelle et Nicolas de Froissard, Marie et Charles Gaultier de Carville, Louis-Ulric Delestre, ses petits-enfants, Gaspard, Camille, Alexandre (†), Stanislas, ses arrière-petits-enfants,

Mme Michel MERMILLIOD née Claude Bonnet,

le jeudi 30 mars 2023, à l'âge de 95 ans. La messe d'A-Dieu sera célébrée ce mercredi 5 avril, à 15 h 30, en l'église Saint-Germain-d'Auxerre de Hermeray (Yvelines).

Le 3 avril 2023,

Gisèle PASSERIEUX

née Bertrand-Taillet, veuve en premières noces de

Raymond Lacourte

(1923-1952), veuve en secondes noces de

René Passerieux (1923-2005),

L'inhumation aura lieu le jeudi 13 avril, à 10 h 30, au cimetière de la Paillette de Libourne (Gironde).

Caroline et Loïc Jauffret, Patrick et Marie-José Lacourte, Sylvie et Jean-Luc Régnier, Florence et Arnaud Fréminet, ses enfants,

M. Jean-Marie GUENOT survenu le 2 avril 2023. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Roch, à Peymeinade (Alpes-Maritimes), le jeudi 6 avril 2023, à 10 heures.

Grégoire Sentilhes, président, les associés et toute l'équipe de

NextStage

les membres du conseil de surveillance de

NextStage Evergreen

ont la profonde tristesse de vous faire part du décès de

Thierry ORTMANS

président du conseil de surveillance de NextStage Evergreen, survenu le lundi 27 mars 2023. Thierry Ortmans était un grand Monsieur, un vrai entrepreneur, et un citoyen engagé pour notre pays. Il a accompagné NextStage pendant près de 10 ans, avec autant de clairvoyance que d'exigence et nous a toujours tiré vers le haut. Son esprit brillant, libre, ses valeurs humaines et entrepreneuriales et l'élégance qu'il incarnait, sont et resteront vivantes pour chacun d'entre nous pour très longtemps. Nous nous associons à la douleur de son épouse, ses enfants et petits-enfants et de toute sa famille dans cette épreuve et nous nous joignons à eux par la pensée et la prière.

Catherine Pégard, présidente du

Château de Versailles

et l'ensemble des collaborateurs de l'établissement public ont la tristesse de faire part du décès de

Thierry ORTMANS

président de la Société des Amis de Versailles depuis 2016, et s'associent à la peine de sa famille.

De la part de

Béatrice et Benjamin, Alexis et Camille, Inès et Grégory, Paul-Eric et Domitille, Priscille et Augustin, Arthur (†), Corentin et Marie-Albane, Quitterie, Floriane, Pauline, Clément et Julia, Flavien et Mélanie, Montaine et Flavien, ses petits-enfants, et ses 21 arrière-petits-enfants. Une bénédiction aura lieu le Jeudi saint 6 avril 2023, à 10 h 30, en l'église de la Madeleine, à Paris (8e), suivie de l'inhumation dans le caveau familial, au cimetière de Bailly (Yvelines). Une messe sera célébrée ultérieurement à son intention.

Mme Martine Leroux, Mlle Laure Singletary, Mme Flora Vincenot, M. Cyrille Estrade, ses filleuls, Mme Marguerite Vincenot et ses enfants, M. et Mme Pierre Estrade et leurs enfants et ses très nombreux amis ont la tristesse de vous faire part du décès de

Jean-Claude ROUJON HEC 66,

survenu le 22 mars 2023, dans sa 81e année. La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 7 avril, à 10 h 30, en la chapelle Sainte-Bernadette, 4, rue d'Auteuil, Paris (16e). M. et Mme Pierre Estrade, 101, rue de Passy, 75016 Paris. Marguerite Vincenot, 24, rue Franklin, 78100 Saint-Germain-en-Laye.

Dominique Netter, sa fille, Jean-Jacques Netter, son gendre, ont la grande tristesse de vous faire part du décès de

Monique VALLET née Poinsot,

survenu le 31 mars 2023, à l'âge de 94 ans. La cérémonie d'adieu aura lieu le mardi 11 avril, à 12 heures, au crématorium du Mont-Valérien, 104, rue du Calvaire, à Nanterre (Hauts-de-Seine). [email protected]

L'ensemble du comité de pilotage du

Cercle de l'Orangerie

a la tristesse de vous faire part du décès de son président, membre historique du Cercle et président depuis plus de 10 ans. Il apportait aux réunions du Cercle un éclairage pertinent, nourri de ses larges connaissances économiques et de son expérience personnelle. Le comité de pilotage adresse à sa famille ses plus sincères condoléances.

ont le chagrin de vous faire part du rappel à Dieu de

s'est endormie dans la Paix du Seigneur dans sa 93e année.

Mme Jean-Marie Guenot, son épouse, Jean-Baptiste et Nicolas, ses fils, Nolwenn, sa belle-fille, Maÿliss, Timothée, Diane, Ève, Natan, ses petits-enfants,

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Thierry ORTMANS

Laure et Daniel (†) Gaultier de Carville, France et Xavier (†) Delestre, ses enfants,

La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 12 avril, à 10 h 30, en l'église Sainte-Anne-de-laButte-aux-Cailles, Paris (13e).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Demain

Mme Jacqueline LEMASSON

survenu le 30 mars 2023, à l'âge de 84 ans.

ont la douleur de faire part du décès de

Annoncez-le dans le Carnet du Jour

ont la douleur de faire part du décès de

Mercredi 5 Avril 2023

Le vicomte de Rohan, président d'honneur, le conseil d'administration, la direction et l'équipe de la

Société des Amis de Versailles

très attristés par le décès, le 27 mars 2023, de

Thierry ORTMANS

chevalier de la Légion d'honneur, président de la Société des Amis de Versailles de 2016 à 2023, s'associent à la douleur de sa famille. Elu au conseil d'administration de la Société des Amis de Versailles en 2013, passionné des XVIIe et XVIIIe siècles, Thierry Ortmans s'est engagé, avec une énergie extraordinaire pour le rayonnement du château de Versailles, le développement de la Société des Amis et la transmission de notre patrimoine aux générations futures.

Ses enfants et sa sœur font part du rappel à Dieu de

Jean Lucien Augustin ZAMBEAUX

ancien combattant d'Indochine, consul honoraire des Seychelles, conseiller du Commerce extérieur de la France, chevalier de l'ordre national du Mérite, le 19 mars 2023, à l'âge de 94 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée en l'église Saint-Martin, à Pineuilh (Gironde), ce mercredi 5 avril, à 10 h 30. 43 bis, rue du Maréchal-Foch, 78000 Versailles.

remerciements Quessoy, Plémy (Côtes-d'Armor). Ses sœurs, frères, belles-sœurs, beaux-frères, ses neveux, nièces, petits-neveux et petites-nièces, très touchés des marques de sympathie qui leur ont été témoignées lors du décès de

Mme Joël-Marie BIGEARD

née Marie-Thérèse Le Levier, vous prient de trouver ici, leurs sincères remerciements.

offices religieux Matthieu et Constance Pouchepadass, Lionel Pouchepadass et Fabienne-Anne Rehulka, Camille et Thibaut Machet, ses enfants, Louis, Emma, Isaure, Manon, Paul-Loup, Céleste, Octave et Ulysse, ses petits-enfants, Charles et Xavier Lacoste, ses frères, et l'ensemble de la famille ont la tristesse de faire part du décès de

Geneviève POUCHEPADASS née Lacoste,

survenu le 2 avril 2023, dans sa soixante-treizième année. La cérémonie religieuse sera célébrée le jeudi 6 avril, à 15 heures, en l'église Saint-Sulpice de Brannens (Gironde), suivie de l'inhumation au cimetière de Brannens. Mayne Dalis, 33124 Brannens.

La Fondation Shmouel et Bassie Azimov

vous informe que les

fêtes de Pessah (Pâque juive)

auront lieu du mercredi 5 avril au soir au jeudi 13 avril 2023. L'allumage des bougies se fera ce mercredi 5 avril avant 20 h 09 et le jeudi soir après 21 h 14, à partir d'une flamme existante Le vendredi 7 avril, l'allumage des bougies avec bénédiction se fera avant 20 h 12, à partir d'une flamme déjà existante (horaire pour Île-de-France). N'oubliez pas de vendre votre 'Hamets (tout produit levé) et de vous procurer des Matsot, Chemourot (pain azyme). Renseignements : Beth Loubavitch, 01 45 26 87 60, www.loubavitch.fr (application smartphones créée à cette occasion).

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mercredi 5 avril 2023 le figaro

champs libres Enquête

The New York Times-REDUX-REA/HILARY SWIFT/NYT-REDUX-REA

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Mike McCarter, fondateur du Mouvement des citoyens pour le plus grand Idaho (Greater Idaho), dans les locaux qui abritent l’organisation du rodéo du comté de Morrow et de la foire d’Heppner, dans l’Oregon, le 19 août 2022.

Ces républicains de l’Oregon qui rêvent de faire sécession Adrien Jaulmes

£@AdrienJaulmes Envoyé spécial à John Day (Oregon)

U

n jour, Sandie Gilson en a eu assez. « En 2019, le Congrès de l’Oregon a passé un nouvel impôt sur les sociétés en expliquant que c’était “un privilège” de pouvoir faire des affaires dans l’État. Ça m’a fait bondir ! Je me demande bien en quoi c’est un privilège », dit la chef d’entreprise de John Day. Dans cette petite ville minière et agricole, comme dans le reste de cette région rurale de l’est de l’Oregon, Sandie Gilson et d’autres habitants républicains ont l’impression de subir des politiques décidées par les démocrates, qui contrôlent le gouvernement et les deux Chambres de l’État. « Ils votent des lois pour réglementer le port d’armes tout en légalisant les drogues, dit Sandie, les gens par ici n’aiment pas trop ça. » Aux taxes sont venues s’ajouter les mesures prises contre la pandémie. « On nous a imposé des règles de confinement complètement inadaptées à notre région, où la densité de population est très faible, tempête Sandie. Il y a aussi eu les émeutes de Black Lives Matter et des antifas qui ont mis à sac Portland sans que les autorités ne réagissent. » Les tensions entre les zones urbaines, majoritairement démocrates, et les régions rurales, de plus en plus solidement républicaines, se sont intensifiées ces dernières années à travers les États-Unis. Dans un climat politique intensément partisan et polarisé, une fracture grandit entre les États démocrates et républicains qui adoptent des législations de plus en plus opposées sur de nombreux sujets, de l’avortement au port d’armes en passant par la fiscalité. Cette « sécession culturelle » s’est accélérée avec la pandémie et les tensions électorales de 2020. Elle entraîne des migrations intérieures. On voit des conservateurs quitter des États démocrates comme la Californie pour s’installer au Texas ou en Floride, et le mouvement inverse dans certains États gouvernés par des républicains.

En rupture culturelle et politique avec la partie occidentale de leur État, des ranchers vivant dans les comtés ruraux de l’Est veulent redessiner les frontières de l’Oregon pour « se réfugier » dans l’Idaho voisin, plus conservateur. Mais les démocrates qui gouvernent à Salem et Portland accepteront-ils de perdre 15 comtés, soit 63 % de leur superficie et 400 000 habitants ? Vancouver OCÉAN PACIFIQUE

A 2023-04-05T09:33:34+02:00

2023-04-05T03:12:06c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Demain

MONTANA

WASHINGTON

Portland Salem Eugene

OREGON

Des comtés plus grands qu’un État de l’Est

Ces tensions ont pris un tour particulièrement prononcé dans l’Oregon. Comme ses voisins de la côte Pacifique, la Californie et l’État de Washington, cet État est dominé politiquement par les démocrates. La majorité de la population se concentre dans les zones urbaines de l’Ouest, dans la vallée de la Willamette, les villes et les alentours de Portland, Eugene et Salem, la capitale. L’est de l’État appartient à un univers différent, climatiquement, économiquement et politiquement. Passé la chaîne montagneuse des Cascades et la rivière Deschutes, le paysage devient plus aride, moins boisé, presque désertique. Quelques rares villes sont reliées par des routes qui courent vers l’horizon à perte de vue. Des fermes, souvent assez modestes, des maisons préfabriquées, de l’élevage, des mines. Culturellement et politiquement les habitants appartiennent plus à l’Ouest américain qu’à la côte Pacifique. Dans ces comtés ruraux et conservateurs, beaucoup de gens se sentent plus proches des États comme

CANADA

Seattle

IDAHO Boise

CALIFORNIE

NEVADA

Proposition du mouvement Greater Idaho de transférer cette partie de l’Oregon à l’Idahoo Résultat des élections 200 km présidentielles en 2020, par comté Biden (dém.)

Trump (rép.)

Infographie

OREGON ÉTATS-UNIS

l’Idaho ou le Wyoming que des libéraux de Portland ou de San Francisco. Certains comtés, comme celui de Malheur, sont plus grands que certains États de la côte Est, mais peuplés de quelques milliers d’habitants à peine. Une partie de la région appartient même à un fuseau horaire différent du reste de l’Oregon. « Nous vivons différemment des gens des villes, explique Sandie Gilson. On apprend à se passer de l’aide du gouvernement. J’ai grandi dans une ferme où j’ai appris à conduire à l’âge de 5 ans. Nous sommes armés pour nous protéger. Il n’y a que sept policiers dans tout le comté. Si un cambrioleur rentre chez moi, il faut plusieurs heures pour que la police arrive. Nous ne pouvons pas avoir les mêmes lois que dans une grande ville. Et les lois décidées à Salem ont aussi augmenté la délinquance dans les comtés de l’Est ». « La division est parfois caricaturale, mais elle est réelle, dit-elle aussi. Elle passe parfois au sein des familles. Ma sœur vit dans l’État de Washington, elle est une fervente démocrate. Nous évitons de parler politique ensemble. » Mike McCarter, pépiniériste à la retraite et propriétaire d’un club de tir dans la petite ville de La Pine, a proposé une solution originale : plutôt que les habitants, il propose de déplacer la frontière de l’Oregon pour rattacher les comtés ruraux de l’Est à l’Idaho voisin, État solidement conservateur. Au début de l’année 2021, il fonde un Mouvement des citoyens pour le plus grand Idaho (Greater Idaho). « Quand j’ai commencé à faire du porte-à-porte, je me suis aperçue que beaucoup de gens pensaient la même chose », dit Sandie Gilson, qui représente le mouvement à John Day. Aussi improbable qu’elle paraisse, l’idée a recueilli un soutien non négligeable. La question du déplacement de la frontière a été posée aux élections locales et approuvée dans plus de onze comtés de l’est de l’Oregon. En mai prochain, le comté de Wallowa doit aussi se prononcer sur cette mesure. « Déplacer une frontière est beaucoup moins compliqué politiquement et constitutionnellement que créer un nouvel État, explique Matt McCaw, le porteparole du mouvement Greater Idaho. Il suffit du vote des deux législatures des États concernés et de celui du Congrès à Washington. Il y a déjà eu des précédents, notamment en 1958, quand l’Oregon et le Washington ont rectifié leur frontière le long de la rivière Columbia. Ce que nous proposons est un changement beaucoup plus important, mais le processus légal est le même. Je ne dis pas que ce sera facile, mais c’est certainement faisable. Ce n’est pas parce que ça n’a jamais été fait que c’est impossible. Notre but est de convaincre les gens que c’est réalisable. » Le mouvement Greater Idaho propose de transférer à l’Idaho 15 comtés, qui représentent quelque 400 000 habitants, mais aussi 63 % du territoire de l’Oregon. « Les sondages indiquent qu’une majorité soutient cette mesure dans l’Idaho, dit McCaw. Ce sera

Déplacer une frontière est moins compliqué politiquement et constitu­­tionnellement que créer un nouvel État

»

Matt McCaw, porte-parole du mouvement Greater Idaho

plus difficile de convaincre l’Oregon d’abandonner une grande partie de son territoire, mais il existe un argument budgétaire, puisque les comtés de l’Est sont largement subventionnés par ceux de l’Ouest. Chaque contribuable verse chaque année 500 dollars à l’est de l’État. Beaucoup de gens seraient à mon avis assez contents de cesser de payer pour leurs voisins. »

« Nous interdire de marquer du bétail »

Selon un sondage réalisé en janvier 2022, 68 % des électeurs de l’ouest de l’Oregon se sont déclarés favorables à l’examen de la question. « Ils auraient aussi politiquement intérêt à vivre dans un État plus homogène, affirme McCaw. Une récente mesure de contrôle des armes à feu a été votée par le Congrès de l’Oregon à Salem, mais bloquée par un juge de l’est de l’État. Les comtés de l’Est sont des terres d’élevage où les armes sont courantes, ce qui n’est pas le cas de Portland. Il n’est pas logique que deux cultures aussi différentes s’imposent mutuellement leur politique. » En février dernier, McCaw et plusieurs militants du mouvement sont allés plaider leur cause au Capitole de Boise, la capitale de l’Idaho. « Considérez-nous comme des réfugiés », a dit à la commission Mark Simmons, éleveur dans l’est de l’Oregon, ancien président de la Chambre des représentants de l’Oregon, venu présenter la proposition aux élus de l’Idaho. « On s’apprête à nous interdire de marquer du bétail, comment voulez-vous exploiter un ranch comme ça ? On veut aussi interdire le port d’armes. Nous voulons vivre sous des lois qui reflètent la foi, la famille, la morale, le travail, valeurs sur lesquelles l’Idaho est fondé, et laisser les gens de l’ouest de l’Oregon poursuivre leurs expériences d’ingénierie sociale, mais sans nous. » « J’ai été intriguée au début, mais j’ai été impressionnée par la solidité de leurs arguments, a expliqué devant la commission la représentante républicaine Barbara Ehardt, qui défendait la motion. Pourquoi ne pas au moins examiner la question ? Si on repousse la frontière entre nos États, le problème de la drogue sera aussi repoussé à des centaines de kilomètres », ajoute-t-elle. Deux jours plus tard, une motion recommandant d’ouvrir des négociations avec l’Oregon a été votée par la Chambre des représentants de l’Idaho par 41 voix contre 28. Les opposants ont mis en garde contre ce qu’ils présentent comme un dangereux précédent. « Cette autoségrégation idéologique est une très mauvaise idée, a déclaré la représentante démocrate Ilana Rubel. Nous allons droit à la guerre civile si nous continuons sur cette voie. Nous devrions plutôt apprendre à mieux nous entendre et à mieux travailler ensemble. La solution n’est pas de commencer à découper le pays et à redessiner des lignes qui sont en place depuis un siècle ou plus, juste pour pouvoir n’être qu’avec des gens qui pensent exactement comme nous. » D’autres ont fait remarquer qu’un changement de la frontière de l’Idaho nécessiterait la modification de la Constitution de l’État et le vote des deux tiers du Congrès de l’Idaho, beaucoup plus difficile à obtenir qu’une majorité simple. La motion doit être à présent examinée par le Sénat de l’Idaho. « Pour l’instant, ce n’est qu’une idée, mais les idées sont puissantes, affirme Sandie Gilson, ce sont elles qui ont fait l’histoire américaine. » ■

mercredi 5 avril 2023

champs libres le figaro

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Politique

Y a-t-il eu un front républicain anti-LFI dans l’Ariège ? D’un tour à l’autre, Martine Froger (PS « dissidente ») a gagné 6 016 voix quand la sortante LFI, Bénédicte Taurine, n’en a gagné que 998.

Guillaume Tabard

1 Après la perte de la seconde circonscription en 2022, LFI perd l’autre circonscription de l’Ariège

£@GTabard

CANDIDATE ARRIVÉE EN TÊTE AU 2ND TOUR DE LA LÉGISLATIVE PARTIELLE DE LA 1RE CIRCONSCRIPTION DE L’ARIÈGE LE 2 AVRIL 2023, PAR COMMUNE Bénédicte Taurine, n’a attiré dimanche que 15 % de voix en plus par rapport au premier tour tandis que sa rivale, Martine Froger, élue haut la main avec 60,18 % de suffrages exprimés, a doublé le nombre des siennes. Elle a bénéficié du report de l’immense majorité des voix qui s’étaient portées au premier tour sur le candidat RN et la candidate Renaissance. Pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Raffarin, un « front républicain » s’est mis en place pour empêcher la réélection de l’Insoumise, pourtant arrivée en tête au premier tour (31,18 % contre 26,42 % pour la socialiste non soutenue par le PS).



M. Froger (PS dissidente et PRG)

Score supérieur à 60 % des suffrages exprimés

H AU T E G AR O N N E

Froger double voix d’un tour ❙àses l’autre Au second tour, en juin dernier, la LFI Bénédicte Taurine avait progressé de 4 409 voix et la Renaissance AnneSophie Tribout de 5 680. La macroniste avait donc réduit son écart de premier

en % des suffrages exprimés par commune Bénédicte Taurin (LFI-Nupes) Anne-Sophie Tribout (LREM-REN)

Martine Froger (PS dissidente et PRG) Jean-Marc Garnier (RN)

... aux législatives du 12 juin 2022 Foix

+ 6 016

11 758

6 778

+ 998

7 776

Pamiers

Varilhes

La Bastidede-Sérou

Foix

Castillonen-Couserans Oust

Lavelanet

1 re ci r con s c r i p t i on

Massat

A UDE

Tarasconsur-Ariège Vicdessos

Les Cabannes

Ax-lesThermes

ESPAGNE Ariège

tour, insuffisamment pour l’emporter (44,69 %), mais les reports en provenance de Jean-Marc Garnier et Martine Froger avaient été relativement équilibrés. Ce ne fut pas du tout le cas cette fois-ci, dans ce second tour opposant deux candidates de gauche. La sortante n’a gagné, d’un tour à l’autre, que 998 voix, soit 15 % de plus que son capital acquis au premier tour tandis que la nouvelle élue a fait plus que doubler le nombre de ses voix, passant de 5 742 le 26 mars, à 11 758, soit une hausse de 105 %. On peut y voir un « front républicain » dans la mesure où la socialiste dissidente a attiré des voix qui s’étaient portées sur des candidats politiquement très éloignés d’elle. Mais on peut aussi constater l’incapacité de Bénédicte Taurine à attirer des voix nouvelles alors que, généralement, le statut de député sortant permet plus facilement de déborder du périmètre des seuls militants. Les cartes le montrent : si, au premier tour, les contours de la suprématie mélencho­ niste restent assez semblables à ce qu’ils étaient en juin, au second, celle-ci ­devient résiduelle sur le plan territorial, alors qu’elle était écrasante face à ­Renaissance il y a neuf mois.

SCORES DES QUATRE CANDIDATS AYANT OBTENU PLUS DE 10 % DES SUFFRAGES AU 1ER TOUR...

Quérigut PYREN É ESORIEN T AL ES

A NDORRE

2 26 mars 2023, un premier tour qui a rebattu les cartes de 2022 CANDIDAT ARRIVÉ EN TÊTE AU 1ER TOUR DANS LA 1RE CIRCONSCRIPTION DE L’ARIÈGE...

2ND TOUR

5 742

B. Taurine (LFI-Nupes)

2 de circonsc ription

Un fief historique de la gauche

L’Ariège est un bastion historique de la gauche, et le reste. Au scrutin uninominal, les députés élus dans les deux circonscriptions ont toujours été de gauche. Dans la première, dans le sud du département, au pied de la chaîne pyrénéenne, autour de Foix, où s’est déroulée cette législative partielle ; et dans la deuxième, au nord, autour de Pamiers, la préfecture. En juin 2022, dans la circonscription de Foix, la LFI Bénédicte Taurine, investie par la Nupes, l’avait emporté contre la macroniste Anne-Sophie Tribout, Martine Froger ne décrochant que la quatrième place derrière le RN. Le 26 mars, le premier tour de la partielle s’est caractérisé par l’effondrement de la candidate Renaissance, passée de 19,96 % à 10,69 % et par la nette progression du RN Jean-Marc Garnier, passé de 19,94 % à 24,78 %, et arrivé en tête dans 45 des 188 communes (soit deux fois plus qu’en juin), parmi lesquelles Lavelanet, Varilhes et Tarascon-sur-Ariège, les trois communes les plus peuplées de la circonscription après Foix. On notera que les 17 premières communes ont choisi au premier tour entre Taurine (36,75 % à Foix, Verniolle, Montgailhard, SaintPaul-de-Jarrat…) et Garnier, Froger ne décrochant la première place que dans des communes plus petites (Ferrièresur-Ariège, Vernajoul, Ercé…)

en nombre de suffrages

Martine Froger (PS dissidente et PRG) Bénédicte Taurine (LFI-Nupes)

1ER TOUR

élection La députée sortante LFI,

SCORE ET VARIATION ENTRE LES 2 TOURS

5 km

communes pour Froger, ❙39145 pour taurine Cette mobilisation si différenciée se traduit sur le plan géographique. Au premier tour, Martine Froger n’était arrivée en tête que dans 52 communes (contre 34 en juin). Au second, elle l’a emporté dans 145 sur un total de 188 dans la circonscription. Inversement, Bénédicte Taurine avait décroché la première place dans 88 communes (déjà en dessous des 118 de juin dernier) ; dimanche elle ne l’a emporté que dans 39 communes. Dans quatre autres, les deux concurrentes sont arrivées à égalité. Ainsi, à Foix, ville la plus peuplée de la circonscription (9 515 habitants), Bénédicte Taurine était arrivée nettement en tête au premier tour (36,75 %) ; elle n’a atteint que 42,84 % au second. Sur les quinze premières villes, la sortante LFI était arrivée en tête au premier tour dans 7 d’entre elles (contre 8 pour le RN ­Garnier et aucune pour Froger ou Tribout). Dimanche, elles ont toutes donné la victoire à la socialiste dissidente, laquelle obtient ainsi 57,06 % à Foix, 58,24 % à Lavelanet, 63,01 % à Varilhes,

67,74 % à Tarascon-sur-Ariège, 56,6 % à Verniolle, 61,76 % à Montgailhard. La première commune à avoir majoritairement voté Taurine est Dalou (775 habitants), et encore, d’une très courte tête (50,7 %). Sa victoire est plus nette à ­Massat (65,99 % dans cette commune de 734 habitants). Le front républicain est visible quand on examine les zones de force de chaque candidat du premier tour. Sur les 45 communes où la première place a été décrochée par le RN Garnier, Taurine ne réussit à s’imposer que quatre fois (Fougax-et-Barrineuf, Niaux, Malléon et Cazaux). Martine Froger n’est battue ­ dans aucune des communes où elle est arrivée en tête au premier tour, alors qu’à l’inverse Bénédicte Taurine est battue dans 35 des 88 communes où elle était première. C’est le cas dans certaines des plus grandes villes de la circonscription : à Foix, Verniolle, Montgailhard, Saint-Paul-de-Jarrat, Ax-les-Thermes. C’est souvent là où elle était la plus forte au premier tour qu’elle a le moins progressé au second et son adversaire finalement élue progressé le plus, comme si la nécessité de faire barrage à l’Insou­mise s’y était fait sentir plus fortement. ■

3 De bons reports de voix pour M. Froger VARIATION DU SCORE DES DEUX FINALISTES ENTRE LES DEUX TOURS DE LA PARTIELLE en points par commune Baisse

en % des suffrages exprimés 2022 2023 B. Taurin (LFI-Nupes) M. Froger (PS dissidente et PRG) A.-S. Tribout (LREM-REN) J.-M. Garnier (RN)

Hausse -10

0

+10 +20 +30 +40

Martine Froger

(PS dissidente et PRG)

+ 33,7 points

Foix

... ET VARIATION 2022-2023, en points

- 1,9

+ 8,3

- 9,3

+ 4,9

33,1 %

31,2 % 26,4 %

... à la législative partielle du 26 mars 2023 Foix

18,1 %

24,8 % 20 %

19,9 %

Bénédicte Taurin (LFI-Nupes)

+ 8,7 points

Foix

A

10,7 %

2023-04-05T09:33:34+02:00

2023-04-05T03:12:06c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

un

Demain

Sources : ministère de l'Intérieur et préfecture de l’Ariège

mercredi 5 avril 2023 le figaro

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champs libres Débats

Préparer les victoires de demain grâce aux héros d’hier

P

ar les ambitions qu’elle porte et par l’engagement qu’elle exige de la part de tous, la loi de programmation militaire (LPM) qui sera soumise à la représentation nationale sera un moment de vérité. Elle prépare la France aux menaces qui la visent pour les années à venir. Ce texte rappelle également que le succès des armes de la France ne repose pas uniquement sur l’augmentation des moyens et matériels de nos armées. Il est aussi intimement lié au soutien moral et populaire dont nos militaires bénéficieront. Ce soutien moral puise sa force dans nos valeurs et dans notre mémoire nationale ; dans les actes de courage L’article 11 du projet de loi de programmation qui ont forgé notre militaire pour les années 2024-2030 présentée histoire. Cette loi en Conseil des ministres garantit la continuité de programmation prend ainsi ses des missions de l’ordre de la Libération. Les valeurs de cette institution, créée en 1940 par racines dans notre passé pour se projeter le général de Gaulle, résonnent plus que jamais avec pertinence dans dans la France d’aujourd’hui, affirment le ministre l’avenir. L’article 11 des Armées et la secrétaire d’État en charge pérennise l’ordre de la Libération, faisant des Anciens Combattants et de la Mémoire.

Sébastien Lecornu et Patricia Mirallès

ainsi vivre l’héritage des Compagnons qui refusèrent la fatalité face à l’occupant allemand et l’infâme complicité du régime de Vichy. La LPM protège leur legs et s’inspire de leur combat. Parce qu’ils aimaient la France, les membres de ce petit groupe ont su, dans l’adversité et la nuit de la collaboration, regarder en face l’intérêt supérieur de la nation et préserver son honneur. Ils ont eu la conscience qu’ils devaient se rassembler pour la défendre et le courage de prendre les armes pour vaincre. Ils étaient 1 032 hommes et 6 femmes de tous âges. Ils étaient militaires, magistrats, membres du clergé, tirailleurs africains, ouvriers ou étudiants. Leurs convictions embrassaient tout le spectre politique, du royalisme au communisme. Le but commun qu’ils s’étaient donné a démontré la capacité des Français à transcender leurs divergences quand l’essentiel était en jeu. Leur esprit de concorde doit aujourd’hui nous inspirer. Cinq communes ont également été accueillies dans l’Ordre : Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’île de Sein. Nous voulons rendre hommage à leurs élus successifs, qui, depuis la Libération, font vivre cette mémoire et aujourd’hui concourent à sa pérennité. Nos soldats, aviateurs, marins et anciens combattants des 18 formations militaires qui sont Compagnons de la Libération prennent eux aussi pleinement leur part

des enjeux décisifs. Beaucoup de ces compagnons sont morts au combat ou dans les geôles de l’ennemi, avec pour seule espérance que leur sacrifice n’ait pas été vain. Ceux qui ont vécu ont poursuivi leur vie en participant à la reconstruction du pays – obligés par les sacrifices qu’ils avaient consentis –, toujours soucieux que la destinée de la France ne croise pas de nouveau la route de l’abîme. À l’heure où la LPM affiche une historique Ils étaient 1 032 hommes et 6 femmes ambition pour nos armées, en de tous âges. Ils étaient militaires, s’inspirant des lois de programmation magistrats, membres du clergé, militaire de Pierre tirailleurs africains, ouvriers ou étudiants. Messmer, l’un des plus jeunes Leurs convictions embrassaient compagnons tout le spectre politique, du royalisme de la Libération au communisme devenu ministre du général de de Gaulle, pour qui le souvenir n’était Gaulle, il était essentiel « pas seulement un pieux hommage de pérenniser cet héritage. Depuis rendu aux morts, mais un ferment la disparition d’Hubert Germain, toujours à l’œuvre dans les actions dernier compagnon de la Libération, des vivants ». la continuité de l’ordre n’était garantie Dans un contexte où notre par aucun texte. Nous avons donc continent européen connaît à nouveau souhaité présenter au Parlement un conflit de haute intensité, une mesure visant à y remédier, où les enjeux d’alliances comme afin que les valeurs et l’exemplarité les rivalités à l’échelle mondiale des Compagnons de la Libération prennent une dimension nouvelle et où continuent d’irriguer notre société. la désinformation est une arme chaque Elles sont plus vivantes que jamais. jour plus dangereuse, la connaissance Nous sommes fiers de les défendre de notre histoire nationale et dans le projet de loi de programmation la transmission à notre jeunesse militaire que nous présentons devant des valeurs de la République sont le Parlement. ■ dans la transmission de l’esprit de la Résistance, et ce grâce aux traditions de ces unités. Ces exemples d’engagement et de solidarité, cette volonté de prendre l’ascendant sur le cours des événements quand ils sont tragiques, cultivent les forces morales de la nation. Ils s’inscrivent dans la droite ligne de la conviction du président de la République Emmanuel Macron et de la pensée du général

«

»

Ce sont nos adversaires qu’il faut impressionner, pas les Français

dessins : fabien clairefond

I

l y a un peu plus d’un an, le déclenchement de l’opération russe en Ukraine venait bouleverser les conceptions traditionnelles de la sécurité collective issues de la fin de la guerre froide. Acmé des crises géopolitiques de ces dernières années, elle nous rappelle brutalement ce dont le philosophe grec Héraclite nous avertissait : « Il faut se rendre compte que la guerre est chose commune. » C’est dans ce contexte que le gouvernement présentera au Parlement la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 qui orientera notre effort de défense en termes de moyens financiers et d’objectifs stratégiques. À l’heure où la parole gouvernementale est fortement mise en doute, la LPM ne doit pas être pour l’exécutif une nouvelle occasion de vanter son action, mais une opportunité de dire la vérité aux Français pour tenter de les rassembler dans un effort commun. Cesser de faire de la communication, et considérer enfin nos concitoyens comme des adultes. Tel serait l’intérêt d’un changement de méthode toujours évoqué par Emmanuel Macron mais jamais réalisé. Dire la vérité, c’est admettre que l’effort budgétaire consenti n’est qu’un simple rattrapage, au vu de nos Emmanuel Macron a mis un terme à la diminution carences. Emmanuel Macron a mis continue des crédits alloués à notre défense, un terme à la mais l’effort budgétaire consenti par la loi diminution continue de programmation militaire n’est qu’un simple des crédits alloués rattrapage, au vu de nos carences, estime à notre défense, le député d’Eure-et-Loir et président du groupe et la prochaine LPM Les Républicains à l’Assemblée nationale. entend lui consacrer

Olivier Marleix

Devant l’urgence, le gouvernement vient d’annoncer une rallonge de 1,5 Mds d’euros pour le budget 2023. Effort louable, dont la signification est claire : la restructuration de notre armée échantillonnaire, incapable de mener une guerre de haute intensité, selon le propos du général de Villiers, demande de lourds investissements. Retour de l’effet de masse, militarisation de l’espace, drones, intensification de la menace cyber : pour que notre pays demeure crédible, la montée en puissance n’est pas un luxe, c’est une obligation. La LPM vise un objectif de 69 Mds d’euros à l’horizon 2030. En réalité, c’est plutôt à 80 Mds, que nous nous donnerions les moyens de nos ambitions, ce qui serait encore Plus inquiétant, alors que l’exécutif loin des Anglais et des Allemands. assure aux Français avoir tiré toutes Il est regrettable les conséquences du retour de la guerre que le temps politique nécessaire en Europe, cette hausse des crédits est à l’élaboration d’un strictement celle qui avait été décidée tel texte n’ait pas avant le début du conflit été pris. En dépit des satisfecit de ses concepteurs, cette LPM n’est pas à en Europe, cette hausse des crédits est la hauteur de la situation. Parce que issue strictement celle qui avait été décidée d’une Revue nationale stratégique assez avant le début du conflit. convenue, cette loi court le risque de Il est contre-productif et insincère passer à côté de certaines difficultés d’asséner que l’effort financier est majeures. Parce que tributaire des séries exceptionnel : ce sont nos potentiels d’arbitrages de boutiquiers entre Bercy, adversaires qu’il faut impressionner, Balard et Matignon, elle ne se hisse pas pas nos concitoyens ! En serinant que au niveau d’exigence d’une démocratie les attentes des armées sont comblées, parlementaire respectueuse de l’exécutif ne rend service à personne. Ni à ses institutions et de nos concitoyens. nos militaires, ni à ceux dont ils défendent Renouvellement de nos alliances, les intérêts. Il ne faut pas dissimuler difficultés de nos coopérations aux Français la hauteur de la marche industrielles - notamment avec à franchir, si on veut avoir une chance l’Allemagne -, leçons de notre de les convaincre de cette nécessité. 413 milliards d’euros supplémentaires. Chiffre spectaculaire dans l’absolu, mais permettant seulement de maintenir le niveau de notre armée après des décennies de disette : en vingt-cinq ans, le ministère des Armées a supprimé 200 000 postes, la moitié de ses effectifs. Chiffre important, néanmoins insuffisant, au regard des annonces budgétaires allemande (objectif de 100 Mds supplémentaires) et anglaise (budget de 100 Mds de livres en 2030). Chiffre en trompe-l’œil, au regard de l’inflation inédite qui grève ces efforts. Plus inquiétant, alors que l’exécutif assure aux Français avoir tiré toutes les conséquences du retour de la guerre

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engagement au Sahel ou encore mise en œuvre de l’économie de guerre, tous les spécialistes s’accordent sur un point : il y a matière à débat. Savoir quelle armée nous souhaitons, pour faire face à quelles menaces, ce n’est pas qu’affaire d’experts, c’est une question de cohésion nationale autour d’une vision commune. Chacun peut désormais comprendre les conséquences d’une nouvelle opération russe en Europe de l’Est, d’une éventuelle prédation chinoise sur notre espace maritime dans le Pacifique ou encore d’une mise à exécution des menaces migratoires de M. Erdogan. C’est à ce titre que je demande au gouvernement d’ouvrir la discussion à l’Assemblée nationale, afin que l’ensemble des sensibilités politiques puisse s’exprimer, et donner aux Français le débat qu’ils méritent, sans lequel la confiance comme l’adhésion sont impossibles. L’important n’est pas d’avoir voté « quoi qu’il en coûte » une LPM pour le 14 juillet, afin de contenter le Président, mais d’obtenir des réponses aux incertitudes. Autrement dit, ne pas commettre les mêmes erreurs que celles qui ont jalonné l’examen du projet de réforme des retraites. Si la LPM n’est pas seulement la promesse d’un effort, elle suppose des arbitrages aux dépens d’autres politiques. Lesquels ? C’est en réalité une conception de la politique fondée sur l’examen sans complaisance des réalités et la conviction que les vertus du débat valent toujours la peine de s’y exposer. Telle est la voie, pour ceux qui la cherchent, de la crédibilité retrouvée. Le groupe LR se tient prêt au débat et à l’exercice de sa responsabilité sur ce sujet comme sur les autres. ■

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UN COUP DE POUCE POUR ANTICIPER VOS JOURNÉES SUR

mercredi 5 avril 2023

champs libres le figaro

Opinions chronique Bertille Bayart £@BertilleBayart

Qui a encore peur de Facebook ?

C’

était il y a moins de quatre ans, c’était il y a un siècle. À l’été 2019, Facebook dévoilait son projet de monnaie virtuelle, le libra. Affolement planétaire. Voilà que Mark Zuckerberg allait s’attaquer à l’un des fondements de la puissance publique, la monnaie. Se souvient-on aujourd’hui de la panique que suscitait alors la puissance de l’empire Facebook, susceptible de participer à des opérations de manipulation électorale (scandale Cambridge Analytica) ou d’héberger de nouvelles formes de mobilisation déstabilisatrices (« gilets jaunes ») ? Zuckerberg semblait alors n’avoir d’autre activité que de passer

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100 000 citations et proverbes sur evene.fr

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à la question devant tous les parlements du monde, tous inquiets de voir autant de pouvoir concentré entre les mains d’un seul homme, qui plus est si jeune et si étrange. Facebook est toujours un réseau puissant avec plus de 2 milliards d’utilisateurs. À l’échelle du groupe Meta, avec WhatsApp et Instagram, ils sont même 3,7 milliards. C’est considérable. Mais le mistigri de l’épouvantail est passé des mains de Zuckerberg à d’autres : Jeff Bezos, quand Amazon est devenu le médiateur incontournable de nos vies confinées avec l’extérieur pendant le confinement, puis Elon Musk qui a conquis en même temps ou presque l’espace et Twitter, et maintenant TikTok, symbole du risque d’infiltration

ENTRE GUILLEMETS

5 avril 1794 : Danton et Desmoulins sont guillotinés.

Danton, dans la charrette le conduisant à l’échafaud : Hulton Archive/Getty Images

Robespierre, tu me suis ! Ta maison sera rasée ! On y sèmera du sel ! »

chinoise. Le 23 mars, c’est son patron Shou Zi Chew qui a affronté l’épreuve de l’audition musclée par les sénateurs américains. Même pour les plus grands empires de la tech, la roue tourne et tourne vite. Et pas seulement dans le regard des décideurs politiques et de l’opinion publique qui se créent des angoisses séquentielles. Apparemment hégémonique il y a cinq ans, Facebook vieillit déjà. La dernière étude du Pew Research estime qu’un tiers des jeunes seulement utilise ce réseau. Ils étaient 71 % sept ans plus tôt. Aujourd’hui, 67 % des adolescents américains sont accros à TikTok. C’est vertigineux. La puissance de feu financière de Facebook a aussi été ramenée à des proportions plus raisonnables. Meta a perdu près de la moitié de sa valeur depuis ses plus hauts de l’été 2021. Il pèse 471 milliards de dollars de capitalisation boursière, à peine plus que LVMH. Une chute qui reflète le dégonflement de la bulle boursière de la tech, percée par le resserrement monétaire de la Réserve fédérale. Mais pas seulement. Meta est confronté à des défis existentiels. Son monde a changé en 2021 quand Apple a permis aux propriétaires d’iPhone d’abaisser la herse sur l’utilisation de leurs données. Voilà Facebook contraint de créer de la valeur à l’intérieur du seul univers qu’il maîtrise entièrement, le sien. Le métavers est ainsi devenu un enjeu de survie pour Zuckerberg. Et pour le moment il n’y arrive pas. La grande mode du métavers qui avait saisi, dans le sillage du changement du nom du groupe Facebook en Meta en octobre 2021, toutes les grandes entreprises de la planète, a fait pschitt. La voilà chassée en ce début d’année 2023 par la folie ChatGPT.

L’intelligence artificielle générative risque de transformer le monde plus sûrement que l’univers virtuel en 3D imaginé par Mark Zuckerberg. En quelques semaines, ChatGPT a passé l’examen du barreau, Midjourney nous a fait croire que le pape François portait une improbable doudoune-soutane et ElevenLabs imite si bien les voix qu’il peut faire dire n’importe quoi à n’importe qui. Pendant ce temps, l’avatar de Zuckerberg se débat encore avec l’usage de ses jambes dans le métavers. L’intelligence artificielle affole ceux qui sont en retard de ce train. On ne compte pas que des bienfaiteurs authentiques de l’humanité parmi les signataires de la pétition qui la semaine dernière demandait une pause dans le développement de cette technologie. Bill Gates n’est pas de ceux-là. Microsoft est investisseur dans OpenAI, la société qui a créé ChatGPT. Dans un blog publié le 21 mars, Gates affirme ne pas avoir croisé la route d’une telle révolution depuis 1980, quand il a découvert l’interface graphique. Une invention piochée chez Xerox qui a transformé à jamais l’informatique, en la rendant accessible à tous avec l’ordinateur personnel, et qui a fait la fortune d’Apple (avec le Macintosh) et de Microsoft (avec Windows). Le créneau aspire soudain tous les nouveaux investissements des jeunes pousses et des géants de la planète tech, y compris chez Meta. Google met les bouchées doubles avec Bard pour ne pas perdre pied dans son pré carré de la recherche. Une fois encore, les cartes du succès dans le domaine de l’innovation sont rebattues. De qui l’intelligence artificielle fera-t-elle demain le succès ? L’histoire n’est pas écrite. Les ogres n’ont pas fini de se dévorer entre eux.

« Le terrorisme intellectuel vise à éliminer le débat par la déligitimation de l’adversaire »

Jean Sévillia Dans une interview au « JDD », le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé le « terrorisme intellectuel » de l’extrême gauche. L’historien, qui a écrit un livre sur ce sujet en 2000*, revient sur la définition de ce concept.

Dassault Médias (actionnaire à plus de 95 %) 14, boulevard Haussmann 75009 Paris Président-directeur général Charles Edelstenne Administrateurs Thierry Dassault, Olivier Costa de Beauregard, Benoît Habert, Rudi Roussillon

Où trouve-t-il racine ? Le terrorisme intellectuel trouve ses racines dans l’aprèsguerre, lorsque la gauche s’est attribué le bénéfice de la lutte antifasciste. Elle a établi un raisonne-

Dans L’Opium des intellectuels, Raymond Aron montrait pourquoi une grande partie de l’intelligentsia avait adhéré à l’idéologie communiste. Il mettait en avant les trois prestiges que la révolution procure à l’artiste : celui du non-conformisme moral, du modernisme esthétique et de la révolte. Ces ingrédients se retrouvent-ils aujourd’hui ? Malgré quelques évolutions, on retrouve en effet des éléments persistants. Une des persistances est l’idée de « progrès », selon laquelle le futur est

nécessairement meilleur que l’avenir, ce qui s’accompagne d’une diabolisation du passé. On retrouve également l’idée utopiste d’un homme nouveau, d’une société nouvelle ; l’idée des « purs et des impurs » ; ou encore l’idée léniniste d’une petite élite qui va porter le progrès pour tout le peuple… Votre livre a été publié en 2000. Les choses ont-elles évolué depuis ? Le curseur ne s’est-il pas déplacé ? Le paysage politique et idéologique a en effet beaucoup évolué. Dans les années 1990 nous étions dans l’espérance de « la fin de l’histoire », d’un monde nouveau, nous lisions Fukuyama, mais tout cela a été remplacé par de nouveaux nationalismes, de nouvelles partitions du monde et de grands changements dans le domaine anthropologique, avec de nouveaux enjeux, tels que l’idéologie trans ou l’intelligence artificielle. Mais le terrorisme intellectuel n’a pas disparu, il s’est même radicalisé. Il y a dix ans, tout le milieu intellectuel conservateur louait les avancées dans le domaine de la liberté d’expression, mais c’était illusoire. Le gaullisme et le programme du RPR dans les années 1990, qui n’ont pas grand-chose de fasciste, sont aujourd’hui marqués à l’extrême droite lorsque des politiques les reprennent à leur compte. De même pour CNews, une chaîne de télévision qui réunit « seulement » 2 % des téléspectateurs, qui est perçue par la gauche comme une chaîne quasi-fasciste vampirisant le débat d’idées. Évidemment, c’est très exagéré.

de terrorisme intellectuel centriste ou de droite qui entend lui aussi disqualifier ses adversaires ? Bien sûr, on retrouve de tels phénomènes et mécanismes à droite. De même, le centre se revendique du bien sur un certain nombre de sujets. Mais, sociologiquement, cela reste bien plus fort à gauche. ■ *« Le Terrorisme intellectuel. De 1945 à nos jours », Perrin, 2000.

Les rencontres du Figaro

MICHEL ONFRAY ET SONIA MABROUK L’humanisme et le sacré Le 12 avril à 20 h Salle Gaveau. Tarif : 25 €. Réservations : 01 70 37 18 18 ou www.lefigaro.fr/rencontres.

Ce soir à 20h sur le site du Figaro, présenté par Jean-Christophe Buisson

Le terrorisme intellectuel est-il seulement de gauche ? N’y a-t-il pas aussi une forme

SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Directeur des rédactions FIGAROMEDIAS Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy Jacques-Olivier Martin (directeur Directeur artistique (société éditrice) Pierre Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet de la rédaction du Figaro.fr), Midi Print, 30600 Gallargues-le-Montueux Rédacteur en chef 14, boulevard Haussmann Tél. : 01Directeur 56 52 20 00 Dassault Médias SOCIÉTÉ DU FIGARO SAS Étienne de Montety Directeur(Figaro des rédactions FIGAROMEDIAS ISSN 0182-5852Impression L’Imprimerie, 79, rue de Roissy artistique Philippe Gélie (International), Frédéric Picard (Web) 75009 Paris (actionnaire à plus de 95 %) (société éditrice) Fax : 01Pierre 56 52 23 07 Bayle 9, rue Pillet-Will, 75430 Paris Cedex 09 93290 Tremblay-en-France Alexis Brézet Étienne de Montety Littéraire), n° 30600 0426Gallargues-le-Montueux C 83022 14, boulevard Haussmann Midi Print, 14, boulevard HaussmannBertrand de SaintDirecteur délégué Rédacteur en chef Tél. : 01 56 52 20 00Commission paritaire Directeurs adjoints de la rédaction (Figaro Littéraire), 75009 Paris ISSNLundi 0182-5852 75009 ParisVincent (Culture, Télévision), Frédéric Picard (Web) au vendredi de 7 h à 18h ; Fax : 01 56 52 23 07Pour vous abonner du pôle news Directeurs adjoints de la rédaction Président n° 0426 83022 Bertrand de Saint-VincentPrésident-directeur Gaëtan de Capèle (Économie), Président-directeur général Directeur délégué général sam. de 8 h à 13 hCommission au 01 70 paritaire 37 31 70. FaxC: 01 55 56 70 11 . (Enquêtes, de Capèle (Économie),Bertrand Pour vous abonner Lundi au vendredi de 7 h à 18h ; GiéFigaroscope, Télévision), Charles Edelstenne du pôle news (Culture, Président Yves ThréardGaëtan espace www.lefigaro.fr/client Charles Edelstenne Aurore Domont Président-directeurGérez généralvotre abonnement, Laurence de Charette sam. de 8 h à 13 h au 01Client 70 37 :31 70. Fax : 01 55 56 70 11 . Laurence deSports, Charette (directeur Bertrand Gié Administrateurs Yves Thréard (Enquêtes, Éditeurs Charles Edelstenne Opérations spéciales, Gérez votrepour abonnement, Client : www.lefigaro.fr/client 1 an - espace France métropolitaine Aurore Domont Formules d’abonnement Direction, administration, rédaction (pôleThierry audiovisuel), Anne-Sophie de la rédaction du Figaro.fr), Éditeurs Dassault, Olivier Formules d’abonnement pour 1 an - France Opérations spéciales, Sports, Direction, administration, rédaction Robert Mergui Club : 509 €. Semaine : 385 €. Week-end : 329 €. métropolitaine Sciences), Vincent Trémolet de Beauregard, Benoît 14, boulevard Haussmann 14, boulevard Haussmann Club : 469 €. Semaine : 329 €. Week-end premium : 270 €. Robert Mergui Anne-Sophie von Claer Directeur général, Sciences), von Costa Claer (Style, Art de vivre, F), Directeur général, Anne Pican Anne Pican Habert, Bernard Monassier, (Style, Art de vivre, F), de Villers (Politique, Société, Imprimé sur papier issu de forêts gérées durablement. 75438 Paris Cedex 09 75438 Paris Cedex 09 Vincent Trémolet de Villers directeur de la publication directeur de la publication Philippe Rudi Roussillon Gélie (International), Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal Anne Huet-Wuillème (Édition, de forêts durablement. Tél. : 01 57 08 50 00Imprimé sur papier issu (Politique, Société, Débats Opinions) Marc Feuillée est imprimé sur ungérées papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Tél. : 01 57 08 50 00 Débats Opinions) Marc Feuillée Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Cedejournal Anne Huet-Wuillème (Édition, Photo, Révision), le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne papier. [email protected] [email protected] est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous Photo, Révision, DA), FR

“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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le numéro FI/011/001. Eutrophisation : Ptot 0.002 kg/tonne de papier.

Ce journal se compose de : Édition nationale 1er cahier 20 pages Cahier 2 Économie 8 pages Cahier 3 Le Figaro et vous 10 pages Promo Portage Ciels du Monde : diffusion sur une partie du territoire national

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fabien clairefond

LE FIGARO. - Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait polémique en dénonçant le « terrorisme intellectuel » de l’extrême gauche. Un concept forgé dans l’un de vos livres justement intitulé Le Terrorisme intellectuel. De quoi s’agit-il ? Jean SÉVILLIA. - En 2000, j’ai publié le livre Le Terrorisme intellectuel, afin d’analyser la manière dont la gauche a capté le débat d’idées, de l’après-guerre jusqu’à aujourd’hui, et de montrer comment elle s’est progressivement assimilée au « camp du bien », reléguant la droite au « camp du mal ». C’est la gauche elle-même qui a déplacé ce curseur du bien et du mal. Dans leur référentiel, tout ce qui n’est pas de gauche est susceptible d’être fasciste. De Gaulle lui-même a été accusé de fascisme par la gauche, dans les années d’aprèsguerre. Ainsi, le principe du terrorisme intellectuel consiste à délégitimer l’adversaire dans le débat d’idées, en lui accolant une étiquette infamante, de façon à lui ôter le droit à la parole. L’objectif final est ainsi d’éliminer le débat par l’élimination d’un adversaire.

ment captieux, selon lequel, comme Staline a vaincu Hitler, les communistes sont nécessairement dans le camp du bien. Par conséquent, il ne pouvait pas y avoir de totalitarisme à gauche. On nous a parlé longuement, avec raison, des crimes du nazisme, mais ceux du communisme ont longtemps été passés sous silence et restent aujourd’hui souvent minorés. La logique est ensuite restée la même à gauche, tout en se modifiant légèrement en fonction des dominantes idéologiques du moment. Dans les années 1950, la principale tendance était le communisme stalinien, dans les années 1960, ce fut davantage le marxisme tiers-mondiste et la décolonisation, ensuite dans les années 1970, la gauche est devenue libertariste avec Mai 68, et dans les années 1980 l’idéologie droit-de-l’hommiste s’est imposée. À chaque fois, le mécanisme est le même, l’adversaire de l’idéologie dominante doit être diabolisé, interdit de débat, pour qu’il n’ait même plus le droit d’énoncer ses arguments. On lui accole l’étiquette de « fasciste », de « phobe ». C’est une forme de totalitarisme doux.

fabien clairefond

propos recueillis par ronan planchon £@RonanPla

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u 5 ter, rue d’Issy à Vanves (Hautsde-Seine), sur une parcelle cédée par le monastère des Bénédictines adjacent, plusieurs maisons partagées Simon de Cyrène accueillent une cinquantaine de personnes handicapées et valides. Le fondateur de l’association, Laurent de Cherisey, vient de publier Partager peut tout changer (Salvator), un ouvrage qui rassemble des témoignages d’une grande profondeur. Celui-ci donne une autre vision de la place de la fragilité au cœur de notre société… LE FIGARO. - Quel cheminement vous a conduit à quitter le monde de l’entreprise pur et dur pour vous tourner vers celui du handicap ? Laurent de CHERISEY. - J’ai toujours eu cette fibre de l’entrepreneuriat social. Jeune homme, j’ai pris un an pour effectuer une mission humanitaire en Afrique. Au retour, j’ai créé ma première entreprise, spécialisée dans l’accompagnement des marques. Est arrivé un moment où, pour continuer à se développer, il fallait passer sous la bannière d’un grand groupe. Le marketing et la communication continuaient de m’intéresser, mais d’autres questions me préoccupaient plus encore. Je devrais plutôt dire un questionnement, relatif à notre finitude à tous : qui est l’être humain pour que sa vie ait du sens et de la valeur au milieu de 8 milliards d’individus ? Il y a aussi eu le très grave ­accident de voiture de ma sœur, en août 1983. Pour vous, cet accident est presque un événement fondateur… J’ai remarqué que l’engagement social, au sens large, a deux moteurs : d’un côté, le rêve ou la passion ; de l’autre, la colère, celle provoquée par un événement contraire de l’existence, qui pousse à s’engager avec d’autres pour ouvrir ensemble de nouvelles voies. Cécile a été sauvée grâce au Samu, qui commençait à prendre un ancrage territorial en 1983 : comme pour 40 000 personnes désormais chaque année en France, l’aide médicale d’urgence a permis de lui sauver la vie. Cela posé, je constate que, lorsque l’on est confronté à de graves accidents de la vie, il faut parfois dix ans pour faire le deuil de la « vie d’avant ». C’est un long chemin à parcourir pour découvrir que la valeur de l’être humain ne se résume pas à des critères d’efficacité, de performance, de valoir, de savoir, de pouvoir. La personne fragilisée nous invite à chercher ensemble un sens à notre vie, fondé sur la valeur fondamentale de l’être humain. Lors-

Laurent de Cherisey :

« Les personnes handicapées souffrent surtout de la solitude » « J’ai remarqué que l’engagement social, au sens large, a deux moteurs : d’un côté, le rêve ou la passion ; de l’autre, la colère, celle provoquée par un événement contraire de l’existence, qui pousse à s’engager avec d’autres pour ouvrir ensemble de nouvelles voies. »

Le fondateur de l’association Simon de Cyrène met en avant l’importance de la vie partagée entre personnes valides et personnes handicapées après un accident. qu’elle nous dit : « Seule, je ne peux pas, j’ai besoin de toi », elle nous fait le cadeau de sa confiance. Les racines de Simon de Cyrène sont là ? Le temps du handicap est un temps long : avant de voir son état stabilisé, la personne concernée passe par quantité de stades, liés en particulier à l’agenda médical. Par mon engagement à Simon de ­Cyrène, j’ai rencontré de nombreuses personnes touchées dans leur chair. Une chose m’a frappé : elles témoignent que leur plus grande souffrance n’est pas le handicap, mais la solitude qui y est associée. Avec Cécile, au fur et mesure, ma mère a

créé un petit groupe d’entraide et de partage amical. Progressivement, il a atteint une centaine de personnes, handicapées et valides, trouvant plaisir à se retrouver au quotidien autour de repas et d’activités variées. Avec eux, j’ai organisé des groupes de parole et entendu leur désir d’« habiter chez soi sans être seul » et de « créer ensemble une famille d’amis ». Je me suis dit qu’il y avait là une innovation sociale à explorer, une interaction à développer entre personnes handicapées et personnes valides, les premières n’étant plus seulement mises dans une case, les secondes trouvant là un moyen de se réaliser.

Nature Partage Loisir Famille Bien-être Moi Plus de 450 golfs vous attendent pour des initiations.

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© ffgolf - Alatack - photo : A. Lamoureux

Entre 2005, « année de la

création de l’association, et 2009, la mise sur les rails de notre première maison, à Vanves, nous avons dû solliciter une autorisation expérimentale de six ministres car notre innovation sociale ne s’inscrivait, par définition, dans aucune case administrative. En comparaison, créer son entreprise se révèle infiniment plus facile

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laurent de Cherisey

Dans les maisons Simon de Cyrène cohabitent donc des personnes handicapées et des valides… Ce sont désormais vingt-cinq maisons en France, et le même nombre en projet. Chacune dispose d’un grand salon-salle à manger-cuisine partagés et de dix studios : six pour des personnes handicapées, deux pour des salariés et deux pour des volontaires du service civique. Le responsable de maison dispose d’un trois-pièces mitoyen. Tous partagent leur vie en choisissant les moments chez soi et les temps ensemble. « Avant, j’habitais seul et des professionnels venaient prendre soin de moi. Je suis venu à Simon de Cyrène, car ici on prend soin les uns des autres » : quel meilleur témoignage que celui de Charles pour résumer le sens du projet. Je pense aussi à ce jeune volontaire de 20 ans interrogé sur son engagement : « Cela fait quatre ans que je me cherchais, ici, je me suis trouvé. » Ces personnes valides n’ont pas forcément vocation à s’inscrire dans le long terme ; elles viennent s’engager un, deux ans. C’est un passage dans leur vie, mais un passage marquant. Cet engagement est-il possible sans une maîtrise des rouages économiques et sociaux ? Pour toute innovation sociale, le politique aussi est prédominant, avec des lois fondatrices. Celle de février 2005, prise à l’instigation de Jacques Chirac – qui était directement concerné par le handicap (avec la situation de sa fille Laurence, NDLR) –, en est une. Elle stipule que ce n’est pas à l’État de décider pour les personnes handicapées, qui doivent elles-mêmes pouvoir choisir leur projet de vie. La loi Élan, en 2018, et l’amendement sur l’habitat inclusif est un autre texte déterminant : cette loi a permis aujourd’hui la création de plus de 2 000 lieux de vie partagés pour des personnes âgées, handicapées vivant ainsi chez elles sans être seules. Au fil des années, j’ai appris à naviguer dans la sphère politico-administrative ! Entre 2005, année de la création de l’association, et 2009, la mise sur les rails de notre première maison, à Vanves, nous avons dû solliciter une autorisation expérimentale de six ministres car notre innovation sociale ne s’inscrivait, par définition, dans aucune case administrative. En comparaison, créer son entreprise se révèle infiniment plus facile ! Simon de Cyrène, c’est un personnage religieux ? C’est un beau personnage qui, soit dit en passant, ne s’est pas porté volontaire pour porter la croix du Christ : il a été réquisitionné. Notre association est d’inspiration chrétienne, mais elle n’est pas religieuse : de la même manière que nous brassons plusieurs types de handicaps, nous n’établissons aucune distinction entre les différentes confessions. En revanche, nous travaillons le spirituel. Comment définir cette approche ? « Le spirituel, c’est chercher ensemble le sens de nos vies. » Le questionnement d’une habitante en situation de handicap nous a conduits à élaborer cette réponse. Depuis toutes ces années, vous n’avez jamais craint de vous essouffler ? On peut se décourager si on ne partage pas le chemin et l’engagement avec d’autres. Dans le monde du handicap, la fragilité est structurelle : tous les jours, les intéressés sont confrontés à un corps qui les malmène. De leur côté, les aidants sont souvent fatigués par l’accumulation des tâches. Pour dépasser ces freins, chacun, chez Simon de Cyrène, est coacteur de cette vie en communauté : la réciprocité, l’altérité, le temps de la rencontre sont autant de notions fondamentales pour ne rien dissimuler des obstacles. ■

SEBASTIEN SORIANO/Le Figaro

[email protected]

RENCONTRE

Frédéric de Monicault

mercredi 5 avril 2023 le figaro - N° 24 454 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

> Focus lefigaro.fr/economie

Récit

L’ORÉal

Les week-ends assassins de la haute finance PageS 24 et 25

Le groupe accélère dans le luxe en rachetant AÉsop Page 26

L’emploi des cadres reste dynamique en 2023 Après avoir enregistré des records l’an passé, l’emploi des cadres devrait se stabiliser cette année à un très haut niveau, avec 308 800 embauches attendues. Le marché de l’emploi des cadres devrait rester au beau fixe cette année, selon les chiffres de l’Apec publiés mardi. Ce dynamisme oblige les entreprises à devenir

plus attractives et à modifier leur mode de recrutement pour attirer les meilleurs profils. Les services à forte valeur ajoutée - informatique, ingénierie, conseil, bancas-

surance - devraient rester bien orientés, alors que l’industrie, le commerce et la construction marqueraient le pas. Les jeunes diplômés ont le vent en poupe : sept sur

dix sont en CDI avec une rémunération médiane de 32 000 euros brut par an. Mais la rémunération reste leur premier facteur de démotivation.

NintendoIllumination Entertainment & Universal Pictures, DPA/ABACA, Aesop

èSéduire les candidats, supprimer les CV, privilégier le savoir-être… le recrutement en pleine révolution Pages 22 et 23

L’irrésistible ascension du jeu vidéo à Hollywood À l’instar de « Super Mario Bros », qui sort au cinéma ce mercredi, une déferlante d’adaptations de jeux vidéo arrive sur nos écrans. De lucratives franchises à exploiter. page 28

Un index homme-femme dans le public Les parlementaires tournent progressivement la page des retraites. Ce mercredi, les sénateurs examineront une proposition de loi « visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique », déposée par les sénatrices centristes Annick Billon et Dominique Vérien, et la socialiste Martine Filleul, et cosignée par 121 sénateurs issus de tous les partis. Adopté en commission, le texte arrive ce mercredi après-midi dans l’hémicycle de la Chambre haute, où il sera défendu par le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini. Entre autres mesures, la proposition de loi instaure un index d’égalité professionnelle pensé sur le modèle de l’index Pénicaud, institué dans le privé en 2019, il prévoit notamment une obligation de publication annuelle de la répartition des postes de direction entre hommes et femmes, ainsi que celle des écarts de rémunération. Le texte, amendé par la commission, instaure également des pénalités financières en cas de non-publication de tels indicateurs, comme pour le privé. En plus de répondre à un enjeu d’exemplarité pour l’État, premier employeur de France, l’adoption du texte répondrait à la volonté gouvernementale d’améliorer l’attractivité d’une fonction publique de plus en plus boudée par les actifs français, ainsi qu’à un enjeu d’efficacité. « Si les écarts de rémunération dans la fonction publique sont plus faibles que dans le privé (12 % contre 24 %), le chemin est encore long », explique-t-on dans l’entourage du ministre. Pour ne pas perdre de temps dans la lutte pour l’égalité professionnelle, le texte passera en procédure accélérée au Parlement, pour une application « le plus tôt possible ». L. D.

l'histoire

Danone investit dans une start-up experte du lait artificiel produit en labo médicale…). En novembre, Wilk a présenté son premier prototype de yaourt à base de lait artificiel. Si Danone ou Coca-Cola - qui a aussi investi 2 millions de dollars dans Wilk en 2021 - n’en sont pas à produire boissons et desserts de synthèse, l’opération confirme l’intérêt croissant des agro-industriels pour les nouvelles façons de faire des protéines animales. Dans sa feuille de route 2024, Danone a d’ailleurs placé la R&D et les technologies de pointe dans ses priorités. Controversées, notamment dans les pays à forte tradition agricole, les start-up de culture cellulaire (de lait, de viande, de miel…) promettent de répondre au défi de nourrir 10 milliards d’habitants en 2050, tout en réduisant l’impact de l’élevage sur la planète. Ce qui pose un autre défi : arriver à cohabiter avec un monde agricole déjà très bousculé. ■

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LA SÉANCE DU MARDI 04 AVRIL 2023

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2022

3 ans

10 ans

ANNÉE

BDL REMPART

ESTER

2022 2021 2020 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013

+14,9 % +16,1 % -6,4 % +6,9 % -9,1 % +2,9 % +0,8 % +7,4 % +4,0 % +12,7 %

0% -0,5 % -0,5 % -0,4 % -0,4 % -0,4 % -0,3 % -0,1 % +0,1 % +0,1 %

KLM

La compagnie néerlandaise se bat contre la réduction des vols à Amsterdam PAGE 26

C

A

près Nestlé, qui s’est allié il y a deux ans avec l’israélien Future Meat pour étudier le potentiel de la viande in vitro, un deuxième géant de l’alimentaire s’aventure sur les paillasses des labos où se dessinent les assiettes de demain. Selon nos informations, Danone a investi 2 millions de dollars, via son incubateur Danone Manifesto Ventures, dans une start-up israélienne, Wilk. Cette fois, il ne s’agit pas d’alternatives végétales au lait, dans lesquelles Danone avait fait un pas de géant en 2017 en rachetant WhiteWave. Wilk a mis au point une technologie pour reproduire dans des bioréacteurs des cellules humaines et animales productrices de lait… L’objectif : produire en laboratoire des ingrédients laitiers pour des débouchés potentiels divers (yaourts, laits pour bébé, nutrition

mercredi 5 avril 2023 le figaro

22

l'événement

Les jeunes cadres, cibles privilégiées des recruteurs dans un marché en tension Les entreprises qui peinent à embaucher n’hésitent pas à assouplir leurs critères et à augmenter les salaires afin Julie Ruiz Perez £@julieruizperez

Emploi Le temps devrait être au beau fixe en 2023 sur le marché de l’emploi des cadres. Parfois même à la limite de la surchauffe pour les entreprises qui vont devoir s’adapter pour attirer des candidats. Après avoir franchi le seuil symbolique des 300 000 embauches l’année dernière, le recrutement des cadres devrait se maintenir sur ce « très haut plateau » à environ 308 800 embauches prévues en 2023, selon les prévisions annuelles de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) présentées mardi. L’enquête, menée auprès d’un échantillon représentatif de 8 000 entreprises du privé, confirme un niveau record, très supérieur à celui de l’année de référence 2019. Ainsi, l’Apec se réjouit de voir que « la crise du Covid est surpassée » et que « la guerre en Ukraine et ses conséquences n’ont pas généré

de nouvelle crise ». Pour autant, l’association pointe des « incertitudes » qui pourraient influer sur les recrutements cette année : « Inflation, tensions géopolitiques, instabilité bancaire, conflits sociaux. » Malgré ces quelques nuages, les cadres devraient pouvoir profiter des avantages offerts par un marché très porteur, surtout pour ceux dont les profils sont particulièrement recherchés par les recruteurs. Parmi ces profils, on retrouve toujours ceux qui ont des compétences en informatique, les ingénieurs et les commerciaux. En outre, une classe d’âge est la cible privilégiée des entreprises qui cherchent à embaucher : les moins de 35 ans. Les cadres ayant un à dix ans d’expérience professionnelle devraient demeurer en 2023 les profils les plus recherchés par les entreprises du secteur privé, et plus particulièrement ceux ayant entre un et cinq ans d’expérience. Les profils cadres ayant moins d’une dizaine

d’années d’exercice représentent à eux seuls plus de 188 000 recrutements prévus, soit 61 % des embauches globales. Les jeunes diplômés ayant moins d’un an d’expérience devraient quant à eux représenter 15 % de l’ensemble des recrutements de cadres prévus en 2023.

s’est inversé en faveur des salariés, les recruteurs sont ­ contraints de s’adapter pour ­attirer les candidats. Première stratégie, les entreprises n’hésitent pas à assouplir leur niveau d’exigence et à recruter en dehors de la classe d’âge prévue initialement. Une dynamique qui bénéficie en partie aux profils les plus seniors. Mais les recruteurs se tournent également vers des candidats moins expérimentés, ce qui profite aussi à ceux qui entrent sur le marché du travail. L’insertion des jeunes diplômés renoue et même dépasse son niveau d’avant-crise, selon une autre enquête de l’Apec également publiée mardi. Près de 88 % des jeunes ayant obtenu un bac + 5 en 2021 déclarent être en emploi un an après l’obtention de leur diplôme. À noter toutefois que l’insertion sur le marché du travail demeure toujours plus difficile pour ceux issus des filières litté-

Rapport de force inversé « Ils seraient particulièrement courtisés par les entreprises des secteurs de l’énergie, eau, gestion des déchets (24 %), des activités informatiques et télécommunications (23 %) et de l’ingénierie-recherche et développement (22 %) », précise le rapport. La forte « demande » des entreprises crée une tension sur le marché qui leur est favorable. En 2023, selon l’Apec, huit entreprises sur dix s’attendent à avoir des difficultés, voire de fortes difficultés, à recruter. Dans ce monde du travail où le rapport de force

L'Île-de-France, place forte de l’emploi cadre RECRUTEMENTS PRÉVUS DE CADRES EN 2023

HAUTSDE-FRANCE

par niveau d’expérience (en CDI et CDD d’un an et plus) Cadres débutants de moins d’un an d’expérience

6 920

8 890

12 000

ÎLE-DEFRANCE

GRAND EST

152 520

5 680

13 520

PAYS DE LA LOIRE

6 700

CENTREVAL DE LOIRE

13 100

BOURGOGNEFRANCHE-COMTÉ

NOUVELLEAQUITAINE 150 000

17 570

OCCITANIE

30 000 5 000

20 770 PROVENCE-ALPESCÔTE D'AZUR ET CORSE

Source : APEC

Séduire les candidats, supprimer les CV, privilégier le savoir-être… le recrutement en pleine révolution

Adecco Group

Louise Darbon £@louise_dbn et Thomas Engrand £@EngrandThomas

À terme, aucune entreprise ne pourra faire l’économie de cette évolution sous peine de ne plus pouvoir attirer les meilleurs talents

»

2023-04-05T09:33:34+02:00

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Jour:

Autre

un

Demain

A

ALEXANDRE VIROS président France du groupe Adecco

« Aujourd’hui, un candidat qu’on reçoit en entretien a souvent plusieurs autres propositions à côté. » Comme tous les acteurs du monde des ressources humaines, Louis Coulon, cofondateur de la plateforme d’aide au recrutement CleverConnect, voit son secteur radicalement se transformer depuis quelques années. Hier encore, le processus d’embauche suivait un parcours bien rodé. D’abord, la publication d’une offre, puis le traitement des profils ayant postulé, en suivant les étapes clés - CV, lettre de motivation, plusieurs rounds d’entretiens… Un cycle immuable que la baisse continue du taux de chômage depuis plusieurs années est venue balayer. Soudain, les masses de chômeurs en recherche de poste se sont transformées en meute d’entreprises avec un besoin urgent de salariés pour répondre à une demande dynamique. Cette inversion totale du rapport de force est particulièrement marquée chez les cadres, où le taux d’emploi est au plus haut et où les pénuries sont en forte hausse. Après avoir été longtemps séduites par les candidats, les en-

308 800

Cadres de 1 à 5 ans d’expérience

15 %

recrutements de cadres prévus en 2023

33 390

AUVERGNERHÔNE-ALPES

Autre moyen d’attirer et de garder de jeunes collaborateurs : les séduire en améliorant les conditions d’emploi. Une stratégie qui s’illustre par la hausse du nombre de jeunes diplômés en CDI un an après l’obtention de leur bac + 5 (68 % en 2023, soit une progression de 4 % sur un an). Les recruteurs ont aussi augmenté la rémunération médiane, qui s’établit à près de 32 000 euros par an pour les jeunes diplômés contre 30 000 euros l’an dernier. « L’amélioration de la qualité des emplois occupés, avec un accès plus rapide à un CDI et une hausse de la rémunération, joue assurément un rôle dans la satisfaction

RECRUTEMENTS DE CADRES EN 2023

NORMANDIE BRETAGNE

« Envies de mobilité »

Les recruteurs à la recherche de jeunes cadres

L'Île-de-France, AuvergneRhône-Alpes et Provence-AlpesCôte d’Azur concentrent les deux tiers des recrutements prévus

17 740

par région

raires et de sciences humaines. Ils sont seulement 74 % à avoir un emploi un an après l’obtention de leur diplôme, soit 10 points de moins par rapport au niveau d’avant-crise (contre 83 % pour la promotion 2018).

33 %

24 %

80 200

28 %

postes net de cadres créés en 2022

Cadres de plus de 10 ans d’expérience

Cadres de 6 à 10 ans d’expérience

51 000 €

Salaire annuel médian des cadres en 2022

treprises doivent, dans ce nouveau paysage, se rendre attractives auprès d’eux. Hier comme aujourd’hui, les principaux outils restent la rémunération et autres avantages matériels. Le niveau de salaire permet en particulier d’aller débaucher des profils chez d’autres acteurs de son secteur. « On touche une prime lorsqu’on propose une candidature et que la personne rentre dans le groupe. Et une prime plus grosse encore lorsque la personne vient d’un concurrent », explique un chasseur de têtes. En parallèle, les employeurs doivent être capables de proposer d’autres avantages auxquels les nouvelles générations restent particulièrement attachées. Culture d’entreprise, valeurs sociale et écologique (RSE), équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle… Aucun chef d’entreprise ne peut passer outre ces points d’attention s’il veut espérer recruter les meilleurs éléments. « Le faire, c’est bien, mais le plus important est que ça se sache », prévient Louis Coulon. Selon lui, les RH auraient intérêt à se rapprocher du monde de la vente ou du marketing, habitué à se rendre attractif dans un univers concurrentiel. Autre changement nécessaire pour motiver les candidats à choi-

Le secteur du recrutement s’est radicalement transformé.

Les cadres de 1 à 10 ans d’expérience professionnelle resteraient les profils les plus recherchés par les entreprises du secteur privé.

sir son entreprise : cesser les processus de recrutement interminables. « “S’il est vraiment motivé pour travailler chez nous, le candidat prendra le temps de compléter notre processus de recrutement, même s’il est long.” J’ai entendu cette phrase des centaines de fois. C’est tout simplement faux », prévient le cofondateur de CleverConnect. Au-delà du processus, ce sont les qualités sollicitées qui sont de plus en plus questionnées. « On cherche des gens qui ont fait un métier pour faire le même métier », s’étonne Alexandre Viros, prési-

dent France du groupe Adecco. Selon lui, les recruteurs portent encore une attention trop importante aux diplômes et aux années d’expérience, plutôt qu’au savoir-être - les fameuses « soft skills ». Outre que cette approche ne donne qu’une idée partielle du candidat en face de soi, elle est rendue de plus en plus caduque par la rapidité de l’évolution technologique et le changement de plus en plus fréquent de poste au sein de l’entreprise.

Les « soft skills » qui font la différence

« Le savoir-faire, sur lequel le recrutement s’appuyait quasi exclusivement auparavant, est une chose qui s’acquiert, qui s’apprend. Or, dans un monde en transformation permanente et de plus en plus rapide, ce sont les “soft skills”

le figaro

économie

mercredi 5 avril 2023

l'événement

23

Comment la France se prépare au boom des seniors d’attirer le bon profil. des jeunes diplômés de la promotion 2021 », analyse l’Apec. Résultat, 60 % se déclarent satisfaits de leur emploi et lui attribuent une note supérieure ou égale à 8 sur 10. Pourtant, des points de frustration subsistent. Pour les jeunes, comme pour leurs aînés, la rémunération reste le facteur principal de démotivation et d’envie de quitter leur entreprise. Les cadres juniors sont aussi très sensibles à des facteurs de vie de l’entreprise : 24 % se plaignent du style managérial de leur hiérarchie tandis que 26 % déclarent que les perspectives d’évolution professionnelle de leur poste ne correspondent pas à leurs aspirations. « Les envies de mobilité et les passages à l’acte sont systématiquement plus élevés chez les moins de 35 ans, prévient l’Apec. Les entreprises doivent prendre conscience de la nécessité de faire des efforts pour fidéliser dans ce contexte de forte mobilité. » ■

Marie-Cécile Renault £@Firenault

Le marché de l’emploi cadre devrait rester dynamique cette année. Cela ne fera pas régresser les difficultés des entreprises

»

Gilles Gateau, Directeur général de l’APEC

Les cadres informaticiens, des profils très recherchés RECRUTEMENTS DE CADRES EN 2023 Informatique

61 760

Études, Recherche & Développement

49 400

Commercial et marketing

49 400 Exploitation tertiaire*

33 970

Administration, RH, communication, juridique

30 880 Finance, comptabilité, contrôle de gestion, audit

30 880 Production industrielle, chantier

24 710 Achats, qualité, maintenance, logistique, sécurité

Ces trois fonctions représentent 52 % des recrutements prévus pour 2023.

21 620 Direction générale

6 180 * Métiers spécifiques des secteurs santé et action sociale, culture, banque, assurance, immobilier, formation, tourisme, transports

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2023-04-05T03:09:10c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

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Demain

qui font la différence », confirme Romain Simonneau, directeur commercial France de Shopopop, une start-up nantaise qui applique le principe du covoiturage à la livraison à domicile. Les personnes faisant preuve d’adaptation, d’autonomie, de curiosité, sont ainsi de plus en plus recherchées. Cette évolution est de plus en plus visible sur les offres d’emploi. Selon une étude du groupe Adecco, près des trois quarts des offres mentionnent ces « soft skills » en 2022, contre 58 % en 2017. « Aujourd’hui, la première demande de la part des entreprises, ce sont les critères d’adaptabilité, la capacité qu’aura l’employé à évoluer au sein de l’entreprise », confirme Jean Guo, cofondatrice de Konexio, une structure de formation au numérique. L’entreprise a donc fait évoluer son parcours de recrutement, qui passe aujourd’hui par une série de questions, d’exercices et de cas pratiques proposés au candidat pour évaluer sa capacité à s’intégrer dans l’entreprise. A posteriori, la patronne se dit satisfaite de cette évolution, qui lui a permis de recruter des talents à côté desquels elle serait sûrement passée si elle ne s’était fondée que sur le CV. Parallèlement, l’étude Adecco souligne que seulement 2 personnes sur 10 ont les compétences recherchées en ayant été recrutées seulement pour leur CV. Certains sont allés plus loin en supprimant complètement le CV. C’est le cas chez AdventureGroup où, pour attirer et fidéliser les saisonniers - des profils

Infographie

souvent en tension -, les recrutements passent par des jeux. « On propose d’abord aux candidats des jeux digitaux, puis on organise des journées de recrutement, avec des jeux géants qui nous permettent de les évaluer sur leur capacité à prendre la parole, à être dynamiques… », explique Marie de Serres, directrice des ressources humaines, satisfaite du procédé. Ces méthodes n’ont toutefois pas que des promoteurs, y compris parmi ceux qui appellent de leurs vœux cette révolution du recrutement. « On a du mal à dire à quelqu’un qu’il n’est pas pris à un poste à cause d’un jeu », pointe ainsi Louis Coulon. Chez Steeple, on a opté pour un juste milieu : CV et lettre de motivation sont remplacés par une vidéo de présentation de deux minutes. « Ensuite, on appelle les candidats qui nous intéressent, on affine un peu », détaille Jean-Baptiste de Bel-Air, fondateur de cette entreprise de logiciels de communication interne aux entreprises. Mais même les trublions des RH ne veulent pas griller les étapes. Et chez Steeple, par exemple, les nouvelles méthodes pour recruter ne sont pas encore appliquées pour les postes séniors ou de management. Et même lorsqu’il ­ ne demande pas de CV, le recruteur fini souvent par obtenir le parcours du candidat d’une façon ou d’une autre. « LinkedIn existe », concède Jean-Baptiste de Bel-Air. Signe que le recrutement est loin d’avoir encore fini sa r­ évolution. ■

Yuri Arcurs/peopleimages.com, Anna Bizon/gpointstudio/stock adobe

par secteur d'activité (en CDI et CDD d’un an et plus)

Social Les chiffres montrent l’ampleur de l’enjeu. Alors que l’Hexagone compte aujourd’hui 15 millions de plus de 60 ans, ils ­seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en 2060. Le nombre des plus de 85 ans passera, lui, de 1,4 million aujourd’hui à 5 millions en 2060. Pour faire face à cette transition démographique, le ministre de l’Autonomie, Jean-Christophe Combe, a présenté mardi les conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) sur le « bienvieillir », lancé en octobre par le président de la République. Un dispositif censé répondre aux attentes déçues des acteurs du secteur, qui réclament des mesures structurelles urgentes. Emmanuel Macron leur avait promis sous son premier quinquennat une loi grand âge qui, sans cesse décalée, n’a jamais vu le jour. Après six mois de consultation dans les territoires, les conclusions du CNR sonnent le « coup d’envoi de cette réforme du grand âge tant attendue », a promis Jean-Christophe Combe. Elles alimenteront « un plan d’action présenté à la fin du mois de mai », a-t-il précisé. Cette réforme du grand âge s’articulera autour de quatre axes. Elle s’appliquera à simplifier la vie des personnes âgées, de leurs familles et de ceux qui en prennent soin. L’objectif est aussi de lutter contre l’isolement social et la prévention de la perte d’autonomie. L’accent sera également mis sur l’amélioration des services publics à destination des personnes âgées. Enfin, Jean-Christophe Combe a dit ­vouloir « lutter contre les maltraitances » et engager « la nécessaire moralisation du secteur » marqué par le scandale Orpea. Alors que le diagnostic des besoins a été posé depuis longtemps dans de multiples rapports - ceux de Dominique Libault et Myriam El Khomri en 2019 ou de Luc Broussy en 2021 -, les acteurs du secteur attendent surtout que l’exécutif dégage des moyens ­financiers. Face aux difficultés de

recrutement en particulier, « il faut qu’il y ait des moyens », a plaidé l’ancienne ministre Myriam El Khomri. Il en faudra aussi pour créer le service public territorial de l’autonomie, défendu par le haut fonctionnaire Dominique Libault, visant « à mettre tous les acteurs en cohérence, alors qu’il y a plein de guichets, de services en silos, ­d’acteurs qui ne travaillent pas toujours ensemble entre les ARS, la Sécu, les collectivités locales ».

Crédits supplémentaires Alors que les plus de 85 ans vont devenir plus nombreux que les moins de 15 ans, « tout le monde mesure les conséquences et notamment financières. Chacun espère des crédits supplémentaires. Mais si nous ne redevenons pas un pays productif et équilibré dans sa démographie, ces vœux seront pieux », a prévenu François Bayrou, hautcommissaire au Plan et secrétaire général des CNR. Déterminés à faire passer rapidement des mesures concrètes, sans attendre les textes budgétaires, une quinzaine de députés de la majorité ont déposé une proposition de loi (PPL) sur « la société du

bien-vieillir », examinée depuis lundi en commission à l’Assemblée. « Cette PPL n’a pas vocation à se substituer à un projet de loi et à la réforme que doit porter le ministre mais permettre de faire des choses, tout de suite, et constitue résolument une première étape utile aux Français », explique Annie Vidal, députée Renaissance de Seine-Maritime et corapporteur du texte. ­iter des exemples conEt de c crets, comme la création d’une carte professionnelle pour les aides à domicile. Ou encore la mise à disposition par les départements ­ d’une flotte de véhicules électriques pour faciliter les déplacements de ces professionnelles. « C’est une vraie réponse, même si ce n’est pas la réforme structurelle du domicile », indique Annie Vidal. La PPL met aussi ­l’accent sur la prévention de la perte d’autonomie. « Nous vivons plus longtemps, mais pas forcément mieux. La France a un retard ­important sur l’espérance de vie en bonne santé. C’est lié à une diversité de facteurs (tabagisme, sédentarité, etc., NDLR) qui peuvent être ­retardés », plaide Laurence Cristol, gériatre et députée Renaissance de l’Hérault. ■

L’Hexagone comptera près de 24 millions de personnes âgées de 60 ans et plus en 2060. Comeback Images/stock adobe

Washington veut réduire la dépendance des Européens au nucléaire russe La France fournit des turbines et achète de l’uranium enrichi à Moscou. Solenn Paulic £@SolPaulic Bruxelles

ÉNERGIE Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait de quoi se réjouir mardi à Bruxelles lors de la dixième session du conseil Union européenne-ÉtatsUnis sur l’énergie, la première depuis la guerre en Ukraine. Le chef de la diplomatie américaine a salué les mesures prises par l’UE pour réduire sa consommation de gaz russe et s’est félicité que les États-Unis soient devenus le premier fournisseur des Vingt-Sept en gaz naturel liquéfié (GNL). Les exportations de GNL américain vers le Vieux Continent ont plus que doublé (+140 % en un an), à 56 milliards de m3 et représentent 40 % du gaz importé par bateau en Europe. Les États-Unis souhaitent que les liens énergétiques de l’UE avec la Russie se distendent encore davantage. La semaine prochaine, lors d’une réunion ministérielle du G7 environnement et climat au Japon, ils presseront les Européens de réduire leurs achats d’équipement ou de combustible nucléaire civil russe et de diversifier leurs approvisionnements en uranium.

Cinq États membres sont directement concernés : la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Finlande et la Slovaquie, dont les réacteurs sont de fabrication russe. Comme l’a expliqué à la presse David Turk, secrétaire d’État adjoint chargé de l’énergie, il serait « sage » d’y mettre un terme. Les États-Unis s’affirment disponibles pour aider ces pays à trouver la technologie adéquate. Ils en discutent aussi avec les Français, a précisé David Turk. La République tchèque s’est d’ores et déjà tournée vers l’américain Westinghouse pour le combustible de ses deux centrales atomiques, ce qui lui permettra d’arrêter d’en acheter à Rosatom dès la fin de l’année, indique le site d’information Euractiv.

Technologie américaine Pour le chercheur de l’Institut Jacques-Delors, Phuc-Vinh Nguyen, difficile de ne pas voir derrière tout cela la logique américaine de « placer ses ­ ­technologies » en Europe ou ailleurs. Westinghouse vient d’ailleurs de remporter un ­marché pour fournir à la Pologne ses premières centrales.

Si la France importe l’essentiel de son uranium naturel du Niger, du Kazakhstan ou d’Ouzbékistan, elle achète de l’uranium enrichi à la Russie, mais dans des proportions « minoritaires », indiquait EDF fin 2022. Les relations nucléaires entre Paris et Moscou sont anciennes. La France, qui fournit à Rosatom les turbines Arabelle, est régulièrement accusée de bloquer les sanctions contre Moscou sur l’atome civil, mais s’en défend. « Aucune solution de remplacement n’existe à l’heure actuelle » pour les cinq pays directement dépendants de Rosatom (dont ne fait pas partie la France), commente le chercheur de Bruegel, Simone Tagliapietra. Faute de solution, la Hongrie a même renforcé ses liens avec la Russie. Tant que les alternatives n’existent pas, « le nucléaire civil russe ne se retrouvera donc pas dans les sanctions européennes », ajoute l’expert. Pour la Commission, c’est une dépendance qu’il faut en effet parvenir à couper. Mais si le gaz russe, qui n’est pas non plus sanctionné, rapporte des milliards d’euros à Moscou, les livraisons de combustible d’uranium sont estimées à 239 millions d’euros en 2021. ■

5

États Dépendants Les réacteurs nucléaires de ces pays ont été fabriqués par la Russie ■ Bulgarie ■ République tchèque ■ Hongrie ■ Finlande (2 réacteurs

sur 5 sont russes)

■ Slovaquie

A

Studio Cabrelli Apec

Alors que l’exécutif promet un plan grand âge fin mai, les députés de la majorité planchent sur des mesures concrètes immédiates.

mercredi 5 avril 2023 le figaro

24

Entreprises

Comme pour la reprise de Credit Suisse par UBS, les crises bancaires se jouent souvent avec une même échéance, celle de l’ouverture des marchés, le lundi.

Les week-ends assassins de la haute finance

22 octobre

Récit

C 2023-04-05T09:33:34+02:00

2023-04-05T03:09:10c:Figaro;u:adaboville;

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Bridgeman Images, Alamy/ABACA, Andrew Winning/REUTERS, ERIC FEFERBERG/AFP, François BOUCHON/Le Figaro

Bertille Bayart £@BertilleBayart

Banque « Ce n’était pas le moment pour une expérimentation. » La ministre des Finances suisse, Karin Keller-Sutter, assume dans un entretien au Neue Zürcher Zeitung la décision prise le dimanche 19 mars : ne pas être la première place à « expérimenter » le processus de faillite ordonnée d’une banque systémique tel qu’il existe en théorie depuis la chute de Lehman Brothers, en 2008. Berne a préféré forcer l’absorption de Credit Suisse par UBS. La « trinité » formée par la ministre, le gouverneur de la banque centrale et le patron du superviseur bancaire l’a dit dès la soirée du mercredi 15 mars au président de Credit ­Suisse, Axel Lehmann, et à son directeur général, Ulrich Körner. Un appel comminatoire sur fond ­ d’écroulement de l’action Credit Suisse et de fuite des dépôts. « Ceci n’est pas optionnel », dit-on aux banquiers. Un coup de fil qui annonçait l’une de ces négociations dont la finance a le secret, entièrement tendue pour aboutir à un résultat avant le lundi matin, avant la réouverture des marchés. Pour Credit Suisse, le weekend serait meurtrier. « (Son) crash aurait entraîné d’autres banques par le fond », constate la ministre. Avant l’ouverture, lundi. Dans les Mémoires de l’ancien patron de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke (1), le chapitre consacré au sauvetage de la banque d’investissement Bear Sterns, reprise par JPMorgan le dimanche 16 mars 2008 avec une garantie de la Fed, s’intitule « Before Asia opens ». Le tic-tac obsédant des marchés s’impose dans toutes les crises financières. En mai 2010, quand les premiers soubresauts de la crise grecque menacent l’existence même de l’euro, il faut des heures et des heures de réunions entre dirigeants européens pour accoucher d’un fonds européen de stabilisation financière doté d’une force de frappe suffisante pour calmer la spéculation. La pression du chronomètre rend l’atmosphère irrespirable. Obama est en ligne. Le ministre allemand Wolfgang Schäuble est à l’hôpital. Sarkozy vitupère contre Trichet. « Allez ! Allez ! Arrêtez d’hésiter ! », crie-t-il au patron de la BCE en se référant aux actions de la Fed (2). « C’était angoissant, parce qu’on voyait les heures d’ouverture avancer à travers la nuit. Sydney, Wellington, Tokyo… », racontera Christine Lagarde (3). Dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10, 500 milliards d’euros sont enfin sur la table. Le prix du répit. Les week-ends à quitte ou double, Colm Kelleher, l’actuel président d’UBS, connaît. Le banquier irlandais a eu en mains l’un des plus gros chèques jamais signés dans l’histoire : 9 000 000 000 dollars. Neuf milliards de dollars encaissés à 7 h 53 du matin le lundi 13 octobre 2008, et qui ont sauvé du désastre Morgan Stanley, dont il était directeur financier. Un chèque, signé par la Bank of Tokyo Mitsubishi, parce que ce lundi-là était férié ; les virements n’étaient pas possibles. Comme ceux de Credit Suisse qui ont chahuté la direction en assemblée générale mardi, les actionnaires

d’UBS réunis ce mercredi n’auront pas leur mot à dire sur la transaction. La fin de la stabilité financière justifie les moyens d’exception : dimanche 19 mars, le gouvernement de Berne a amendé la loi de la Confédération pour lever l’obligation de ratification en assemblée générale. Pas question de laisser le sort de la banque suspendu pendant des semaines. La justice suisse s’est déjà saisie de l’ensemble des événements du fameux week-end. De quoi rappeler des souvenirs chez BNP Paribas. Le dimanche 5 octobre 2008, l’exécutif belge a pris la même décision pour organiser la vente en catastrophe de Fortis à la banque française. Les discussions, pendant ce week-end fatidique sur fond de panique mondiale se tiennent rue de la Loi, au siège du gouvernement, avec la direction de BNP Paribas, représentée par Baudouin Prot. Christine Lagarde, alors ministre, fait le déplacement à Bruxelles. Jean-Claude Trichet squatte le bureau du gouverneur de la Banque nationale de Belgique. Le conseil d’administration de Fortis en est réduit à attendre des nouvelles de négociations qui lui échappent totalement. À 23 h 30 le dimanche, le premier ministre Yves Leterme, le ministre des Finances Didier Reynders et Baudouin Prot annoncent devant la presse un accord de prise de contrôle assorti de garanties d’État. Le conseil d’administration de Fortis l’enregistre à 3 h 15 du matin le lundi 6. Ouf !

1907

John Pierpon t Mo mobilise la pla rgan financière po ce stopper la ch ur ut du marché e

15 septembre

2008

en ligne » (4). Bank of America a changé de cheval. Puisque le numéro quatre, Lehman, va tomber, le mistigri passe au numéro trois, Merrill Lynch, avalé le même dimanche soir. « C’était un moment terrible, presque surréel. Nous étions face à l’abîme », écrit Ben Ber­ nanke. « Tout ce qu’on peut faire, c’est mettre de la mousse sur la r­ oute », lâche Tim Geithner, gouverneur de la Fed de New York. Parce que ça va secouer. À 1 h 45 du matin, le lundi 15, Lehman Brothers s’est déclarée en faillite. Le carnage sur les marchés ne fait que commencer. À peine rentrée chez elle, Ruth Porat, de l’équipe conseil de ­Morgan Stanley, est rappelée par le Trésor. Il faut revenir, pour s’attaquer au dossier, encore plus ­énorme, encore plus complexe, de l’assureur AIG. « Pardon ? Tu m’appelles pour me dire qu’on a passé un week-end sur le MAUVAIS problème ? », s’étrangle-t-elle (4).

Mistigri Sauf que deux mois plus tard, le 12 décembre, la cour d’appel casse la transaction et exige la réunion des assemblées générales de Fortis, en Belgique et aux Pays-Bas. Le non l’emporte. Il faudra un autre weekend de négociations pour boucler enfin l’opération, le 7 mars 2009. Entre-temps, l’affaire a fait tomber le gouvernement Leterme. Alistair Darling, le chancelier de l’Échiquier de Gordon Brown, avait peut-être été bien inspiré de refuser, lui, de lever l’obligation de consultation des actionnaires de Barclays pour un sauvetage de ­Lehman Brothers. Pas question de « s’asseoir sur les droits de millions d’actionnaires », avait répondu le ministre britannique au secrétaire au Trésor américain Hank Paulson qui le suppliait presque, le dimanche 14 septembre 2008 (4). Week-end funeste. Dans la soirée du vendredi 12 septembre 2008, les numéros un des sept plus grandes banques américaines et les représentants de quatre banques étrangères (dont BNP Paribas) convergent vers le 33 Liberty Street, à Manhattan, au siège de la Réserve fédérale de New York. Ils ont quarante-huit heures pour trouver une solution pour Lehman… en l’absence du principal intéressé, son patron, Dick Fuld, qui fulmine dans son bureau, et de Ken Lewis, qui dirige Bank of America et pourrait être l’acquéreur. Les conjurés du 33 Liberty Street se divisent en deux groupes. L’un planche sur la valeur des actifs de Lehmann et s’autobaptise « ShitCo », l’autre explore un sauvetage de place. Mais rien n’y fait. Le gouffre est trop profond. À Charlotte, le téléphone sonne au domicile de Ken Lewis. C’est Dick Fuld. « N’appelez plus, lui répond Mme Lewis, Ken ne vous prendra pas

histoire, consacré à reconstituer les positions prises sur

Le week-end à le marché par son trader de New York la Fed Jérôme Kerviel. Une cin­ vain : à 1 h 45 dua été ma ce lundi, Lehma tin, quantaine de milliards d’euros en tout. De quoi faire Brothers est en n faillite sauter la banque et peut-être

Petits meurtres entre amis

9 mai

2010

ecque La crise gr terme a éclaté. Au k-end de ee w g lon t d’un ns, l’euro es négociatio ur cette fois sauvé - po

AIG ne pourra pas attendre le week-end. « Pareil pour Dexia ! On n’a pas pu attendre », se souvient un protagoniste de ce drame francobelge en deux actes : le premier le mardi 30 septembre 2008, réglé à 5 h 30 du matin à l’Élysée dans le bureau de Nicolas Sarkozy, qui fait au passage tomber les deux têtes de

la banque, Pierre Richard et Axel Miller ; le second en 2011, en pleine crise grecque. Quand tout s’écroule, l’échéance de l’ouverture des marchés n’est pas le lundi, mais seulement l’aube qui vient. Sauf à obtenir un répit. En 2002, l’agence de notation Moody’s a accordé non pas quarante-huit mais soixante-douze heures, jusqu’au mardi 9 juillet, à Vivendi pour trouver le milliard d’euros qui lui éviterait la dégradation en « junk bonds », la faillite, en somme. Deux semaines plus tôt, au cours d’un conseil d’administration, dominical bien sûr, le patron d’Axa, Claude Bébéar, avec ses acolytes Jacques ­ Friedmann et Henri Lachmann, a mis Jean-Marie Messier à la porte. Pendant trois jours, au siège du groupe, avenue de Friedland, le « parrain » du capitalisme français et le nouveau président Jean-René Fourtou, ravitaillés et requinqués nuitamment par leur ami Guy Savoy, à quelques pas, collectent ­ million par million les engagements des banques. « Il ne faut pas hésiter à employer la manière forte », racontera Claude Bébéar, qui aurait confisqué le passeport d’un banquier américain. « Tant que vous n’avez pas signé, je le garderai ! » (5). La Société générale aussi a bénéficié d’un délai de grâce en 2008, au terme du week-end des 19 et 20 janvier, le plus éprouvant de son

les marchés avec elle. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait pris sur lui que la SocGen ne révèle pas l’information avant le jeudi. Trois jours pour liquider les transactions frauduleuses. L’Élysée n’est averti que le mercredi. « Un crime de lèse-président », dixit Hugues Le Bret, l’ancien directeur de la communication (6). Et c’est un dimanche encore, le 10 février, que la Société générale sauve sa peau en réussissant à lancer une augmentation de capital qui comble le trou de l’affaire Kerviel, et dévie le tir d’une probable OPA de BNP Paribas. Car les week-ends se fomentent aussi les coups. Moment entre chien et loup où, tandis qu’ailleurs en ville on dîne, dort et se divertit et que les traders font relâche, on peut déployer des plans de bataille millimétrés. Il faut toujours se méfier du coup de fil du vendredi soir. Le 8 novembre 1996, Claude Bébéar appelle Jacques Friedmann : il donne trois jours, 11 Novembre compris, à l’UAP pour négocier un mariage. Sinon, le mardi, à la réouverture du marché, ce sera l’offre hostile. La fusion Axa-UAP est signée à 3 heures du matin le 12. Cela peut commencer aussi avec un communiqué. À 20 heures pile, le vendredi 22 novembre 2002, ­Bercy met aux enchères ses derniers 10,9 % du capital du Crédit lyonnais. Francis Mer et le premier ministre Jean-Pierre Raffarin n’ont pas apprécié que le Crédit agricole, à qui cette participation semblait destinée, essaie de marchander. Quarante-huit heures plus tard, BNP Paribas emporte la mise avec un prix canon. On raille le Crédit agricole, qui « a raté une vache dans un couloir » (7). La Banque verte

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Le fonds KKR voit des opportunités dans les entreprises européennes La société de capital-investissement américaine vient de lever 8 milliards de dollars pour un fonds dédié au Vieux Continent. Danièle Guinot £@danieleguinot

19 mars

2023 Le gouvernement

de Christine Lagarde prend sa revanche le suisse organise la vente express de avec les patrons des six dimanche 15 décembre Credit Suisse à UBS plus grands réseaux et boucle une offre bancaires français. « Il amicale sur le Lyonfallait que ce soit le contraire des nais. Dans l’intervalle, son prési­Sopranos ou du Parrain », résumera dent, Marc Bué, aura été remplacé le secrétaire adjoint au Trésor amépar René Carron. Petits meurtres ricain Phillip Swagel. entre amis. Un week-end fatal, cela peut enPas de pitié core commencer par une convocation. Quand ils se rendent, le venLes week-ends meurtriers de la fidredi 5 septembre 2008, dans les nance sont tantôt des crimes colbureaux de leur autorité de tutelle, lectifs, tantôt des opérations de sola FHFA (Federal Housing Finanlidarité de place. Depuis que John cing Agency), les patrons des deux Pierpont Morgan a enfermé la fine grandes sociétés de refinancement fleur de la finance new-yorkaise hypothécaires américaines, Fannie dans la bibliothèque de sa maison Mae et Freddie Mac, ne s’attendent de Madison Avenue pendant la nuit pas à y trouver le secrétaire au Trédu 22 octobre 1907 pour que chacun sor, Hank Paulson, et le président contribue, chèque à l’appui, à stabide la Réserve fédérale, Ben Ber­ liser des marchés en déroute, le nanke. Un rendez-vous très prépamode d’emploi est bien connu. ré, dont le script a été écrit à l’avanC’est le même qui a guidé Jamie ce. Les banquiers ont travaillé dans ­Dimon, son lointain successeur à la le plus grand secret sur la prise de tête de JPMorgan, à organiser le contrôle par le gouvernement fédémois dernier une opération géante ral. « C’est mieux en prison, au moins de dépôts de fonds par onze banvous avez droit à trois repas par jour ques de la place chez First Republic, et des visites conjugales », dira Jimsecouée par la faillite de Silicon my Page de Morgan Stanley (4). ­Valley Bank. Alors que la crise des subprimes fait Jamie Dimon, à l’époque chez rage, les termes - 79,9 % du capital ­Citigroup, avait été l’un des prepour 1 milliard de dollars, et miers à dire « j’en suis » pour parti200 milliards de garanties chacun ciper au sauvetage collectif - quane sont pas négociables. « Daniel torze banques mondiales seront Mudd et Dick Syron étaient visibleimpliquées, dont la Société géné­nanke. ment choqués », écrit Ber­ rale - du fonds spéculatif LTCM, « Hank doit avoir été convaincant terrassé le dimanche 20 septembre puisque ni Mudd ni Syron n’ont résis1998 par la crise russe. Tout Wall té. » Le dimanche, les conseils de Street avait tremblé. Dick Fuld meFannie et Freddie capitulent. Et naçait déjà d’« arracher le cœur » de Mudd et Syron sont débarqués. ceux qui faisaient courir des ruDeux mois plus tard, le 13 octomeurs, mais il n’avait mis que bre, le même Paulson laisse à peine 100 millions de dollars dans le pot plus de choix aux neuf PDG des plus commun contre 250 millions pour grandes américaines. Tous, sans ses pairs. Jimmy Cayne, qui dirigeait exception et quelle que soit la situaBear Sterns, avait refusé. « Mais tion financière de leur institution, qu’est-ce que tu fous, p… ? ! », avait acceptent une recapitalisation sur hurlé le patron de Merrill Lynch, fonds publics. Dans la finance en David Komansky. « À quel moment crise, il faut parfois sortir groupé. La sommes-nous devenus associés, au même scène se juste ? », avait répondu Cayne. joue une semaiDix ans plus tard, le même 19-20 janvier ne plus tard Cayne assiste, impuissant, ­ dans le bureau comme président, au ramassage à vil prix de sa maison par Le week-end le plus JPMorgan. Pas de pitié. Pendant les week-ends de crise, les long à la Société générale, échéances sont courtes. Mais qui reconstitue on a la mémoire longue. ■ les opérations 1) « The Courage to Act », de Jérôme Kerviel de Ben Bernanke, Norton. (2) « Chrashed », d’Adam Tooze, Les Belles Lettres. 3) « Il faut achever l’euro », de Jean Quatremer, Calmann-Lévy. (4) « Too Big to Fail », d’Andrew Ross Sorkin, Viking. (5) « Les Grands Fauves », de Christophe Labarde, Plon. (6) « Journal intime d’un banquier », d’Hugues Le Bret, Les Arènes. (7) « Un mariage d’orgueil », de JeanPhilippe Mocci et Bernard Sirven, Éditions du Carquois.

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Avec son nouveau fonds, KKR ne cible pas des secteurs précis mais plutôt des thématiques, comme la numérisation, la santé et la durabilité. BRENDAN MCDERMID/REUTERS

Finances KKR mise sur l’Europe. Alors que les levées de fonds sont en berne dans le capital-investissement, le géant américain du secteur vient de collecter 8 milliards de dollars pour investir dans des entreprises familiales du Vieux Continent. « European Fund VI est, à ce jour, le plus grand fonds de capital-investissement de KKR exclusivement dédié à l’Europe », précise Philipp Freise, coresponsable du private equity Europe chez KKR. En 2019, la société d’investissement avait levé 6,6 milliards de dollars avec son précédent fonds (European Fund V). « Nous privilégions les entreprises qui ne cherchent pas seulement des capitaux, explique Jérôme Nommé, responsable de KKR France. Notre objectif est de nouer des partenariats stratégiques, notamment avec les familles actionnaires ou les fondateurs de l’entreprise pour les aider à accélérer leur développement. » Ce type d’investissement représente à ce jour 80 % des investissements de KKR en Europe ces 10 dernières années. En France, KKR est par exemple investi dans la société de conseil en stratégie digitale Devoteam, aux côtés des deux frères cofondateurs, Stanislas et Godefroy de Bentzmann. « Ils souhaitaient accélérer leur développement et ont donc

ouvert leur capital », raconte Jérôme Nommé. En 2021, il les a accompagnés lors de leur retrait de la côte. « Nous sommes complémentaires des entreprises : nous pouvons les aider à se développer dans les autres pays où nous sommes présents et nous leur apportons notre expertise dans des domaines tels que la digitalisation », ajoute le dirigeant.

Baisse des prix Implanté depuis plus de vingt ans dans l’Hexagone, KKR y investit dans le capital-investissement, mais aussi dans les infrastructures l’immobilier ou le crédit. KKR est présent au capital d’une vingtaine d’entreprises françaises, dont le groupe audiovisuel Mediawan, le leader européen du cloud OVHCloud, l’éditeur de solutions de gestion Cegid ou Elsan, le numéro un de l’hospitalisation privée. « Nous sommes ravis d’avoir investi dans Elsan pour l’aider à écrire une nouvelle page de son histoire. C’est une belle société », souligne le responsable de KKR France. Dans la majorité des cas, le géant américain investit souvent aux côtés d’autres investisseurs, dont Bpifrance (dans Ornikar, l’auto-école en ligne, Mediawan, Malteries Soufflet…). Et il est actionnaire de plusieurs jeunes pousses de la French Tech, comme la néobanque pour PME Qonto ou l’assurtech +Simple. En 2022, alors

que le marché du capital-investissement tournait au ralenti et les financements bancaires étaient très rares, KKR a signé deux des plus grosses acquisitions de l’année : le courtier en assurance April (l’opération sera finalisée en avril) et le producteur d’énergies renouvelables Albioma. Avec son nouveau fonds, KKR ne cible pas des secteurs précis, mais des thématiques, comme la numérisation, la santé et la durabilité. Il en va de même pour les pays. « Nous n’avons pas de cible d’exposition précise par pays, mais nos investissements reflètent le poids de chacun d’entre eux au sein de l’Europe », détaille Jérôme Nommé. C’est pour cela que la France occupe une place significative avec la Grande-Bretagne et l’Allemagne. À contre-courant de la tendance mondiale, KKR avait beaucoup investi en 2020 au plus fort de la pandémie, mais pratiquement pas en 2021, lorsque le marché du capitalinvestissement était en plein boom, avec des prix au plus haut. Malgré le ralentissement économique, des marchés financiers volatils et la hausse des taux d’intérêt, le spécialiste du non-côté considère que la période est à nouveau propice aux investissements. « Nous sommes convaincus que les opportunités n’ont jamais été aussi grandes qu’à l’heure actuelle, assure Philipp Freise. Depuis mi-2022, le marché est plus discipliné. Les prix des entreprises ont commencé à baisser. » La frilosité des banques, moins enclines à financer de grandes opérations, ne rebute pas le géant, qui revendique 165 milliards de dollars d’actifs en Private Equity, dont 28 milliards en Europe. « Les banques restent prudentes, mais un peu moins qu’en 2022 », pointe KKR. Le fonds European VI, qui cible des sociétés de taille moyenne ou grande (de 500 millions à plusieurs milliards d’euros de chiffre d’affaires), a déjà réalisé deux investissements : il a racheté Accell, le fabricant néerlandais de vélos électriques, et il est entré au capital de Contabo, un spécialiste allemand du cloud. La France ne serait pas en reste. « Nous continuons d’y voir des opportunités d’investissement importantes », pointe Jérôme Nommé, sans plus de précisions. ■

Les abonnés au gaz risquent de payer leur facture plus cher Il faut concilier baisse de la consommation et maintien des réseaux. Elsa Bembaron £@elsabembaron

Il faut « veiller à ne

pas aller trop vite pour ne pas mettre en risque le réseau électrique

»

Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux de la Commission de régulation de l’énergie

Énergie La France compte quelque 200 000 km de tuyaux pour la distribution de gaz, 37 000 km pour son transport sur de grandes distances… Comment entretenir ce vaste réseau, alors que la consommation de gaz est amenée à baisser dans l’Hexagone ? La Commission de régulation de l’énergie (CRE) apporte des éléments de réponse dans son rapport sur l’avenir des infrastructures gazières, en prenant compte d’une véritable révolution. À l’horizon 2050, la totalité du gaz consommé en France devrait avoir été produite sur le territoire, essentiellement dans des méthaniseurs. Le biométhane remplaçant, pour l’essentiel, le gaz naturel actuellement utilisé et extrait à l’étranger. Ce bouleversement implique d’avoir un réseau capable d’envoyer du gaz dans les deux sens : vers les consommateurs, mais aussi vers le réseau, avec des points de production disséminés sur tout le territoire. Six à 9,7 milliards d’investissements seront nécessaires d’ici 2050 pour cette transformation. Le sujet est brûlant, alors que

les discussions autour de la future loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’accélèrent. « Nous avons retenu trois scenarii de consommation, deux de l’Ademe (Agence de l’environnement) et un des gestionnaires de réseaux de gaz », explique Emmanuelle ­Wargon, présidente de la CRE. Dans le scénario le plus volontariste, la consommation de gaz en France chuterait en 2050, pour atteindre 165 TWh, contre 450 TWh l’année dernière. Dans tous les scénarios, le chauffage au gaz, actuellement un des postes les plus importants, aura quasiment disparu. Les industriels auraient, eux, deux fois moins recours au gaz. Seuls les transports (les bus et les camions) pourraient voir leurs besoins augmenter pour passer de 2 TWh à 85 TWh, pour la prévision la plus haute.

Architecture minimale Or, même dans le cas le plus fort où la consommation devait être divisée par trois, « il n’y aurait quasiment pas d’impact sur les réseaux », selon Emmanuelle Wargon - il faudrait les réduire de 5 %. Pour fonctionner, un système de gaz a besoin d’une architecture minimale. La

charge financière du réseau sera alors répartie sur un plus petit nombre de clients, ce qui risque de faire flamber leur facture. Il faut donc trouver un schéma tarifaire dans lequel les ménages - et les entreprises - consommateurs de gaz ne voient pas leur facture s’envoler du simple fait des coûts fixes liés au réseau, qu’ils seraient moins nombreux à payer. Les discussions sont ouvertes. D’autres difficultés sont à prendre en compte. Si le gaz n’est plus utilisé pour le chauffage dans une zone, il faudra sans doute envisager d’en arrêter la distribution. Ce qui posera la question de l’accompagnement des ménages, particulièrement pour ceux qui ont de faibles revenus et utilisent encore des gazinières pour cuisiner. « Il faut veiller à ne pas aller trop vite pour ne pas mettre en risque le réseau électrique », ajoute AnneSophie Dessillons, directrice adjointe, des réseaux de la CRE. Basculer le chauffage de tous les foyers français vers des convecteurs électriques équivaudrait à augmenter de 35 GW les besoins en électricité en pic de consommation. Soit une trentaine de centrales nucléaires de plus ! ■

mercredi 5 avril 2023 le figaro

26 Entreprises

En rachetant au prix fort Aésop, L’Oréal poursuit son offensive dans le luxe Le leader mondial des cosmétiques veut faire doubler les ventes la marque, reprise au groupe brésilien Natura. olivia détroyat £@Oliviader

cosmétiques Le gel lavant pour les mains préféré des grands hôtels et des restaurants branchés passe dans celles de L’Oréal. Dans la nuit de lundi à mardi, le leader mondial des cosmétiques a signé un accord avec le brésilien Natura &Co, pour lui acheter Aésop. Fondée en 1987 en Australie, la marque est devenue une icône des produits de soins (pour la peau, les cheveux et le corps) de luxe, reconnaissable à son packaging ambré et distribuée dans 400 points de vente exclusifs en Amérique, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Asie. C’est la plus grosse acquisition de l’histoire de L’Oréal. L’opération valorise Aésop 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros), pour un chiffre d’affaires de 537 millions de dollars en 2022. Un prix bien plus élevé que les dernières acquisitions du géant des cosmétiques. En 1996, L’Oréal a déboursé 660 millions de dollars pour s’offrir Maybelline, une opération stratégie. En 2008, il a racheté Yves Saint Laurent Beauté à PPR (devenu Kering) pour 1,15 milliard d’euros. Un prix similaire aux plus importantes des acquisitions récentes du groupe : IT Cosmetics en 2016 (1,2 milliard de dollars) et CeraVe l’année suivante (1,3 milliard de dollars). Après avoir étudié l’an passé le dossier Byredo, finalement acheté par Puig pour plus de 1 milliard, Nicolas Hieronimus signe avec Aésop sa première acquisition significative depuis son arrivée à la direction générale de L’Oréal, en mai 2021. Une prise d’autant plus importante que LVMH et Shiseido

En rachetant Aésop, pour 2,3 milliards d’euros, L’Oréal signe la plus grosse acquisition de son histoire. Aesop

ont étudié de près le dossier. « Je suis très heureux d’accueillir Aésop et ses équipes au sein de L’Oréal, assure Nicolas Hieronimus. Aésop incarne une beauté avant-gardiste. L’Oréal contribuera à accélérer son énorme potentiel de croissance, notamment en Chine et dans le “travel retail”. » L’opération prouve la priorité accordée par L’Oréal aux produits de luxe, au-delà des trois catégories majeures de la cosmétique (parfums, soins du visage et maquillage). La division L’Oréal Luxe

(14,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an passé) est devenue en 2021 la plus importante du groupe devant la division grand public (L’Oréal Paris, Maybelline…). Une petite révolution dans le groupe français.

Offensive en Chine « Aésop renforce nos positions dans l’hygiène de corps haut de gamme, où nous étions un peu moins présents, détaille Cyril Chapuy, président de L’Oréal Luxe. La marque a un positionnement unique qui mêle

le design, l’expérience en magasin et des produits efficaces et sensoriels. Elle vient en parfait renfort de nos marques mondiales Lancôme, YSL Beauté et Valentino. » Cela faisait longtemps que L’Oréal lorgnait Aésop. Après des taux de croissance annuels oscillant entre 15 % et 20 % depuis 2019, Aésop a le potentiel pour doubler de taille estime le géant français, et « rejoindre le club des marques milliardaires de la division luxe », détaille Cyril Chapuy. Les axes de développement sont mul-

KLM se bat contre la réduction des vols à Amsterdam La compagnie sœur d’Air France poursuit en justice l’État néerlandais. Décision ce mercredi.

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jean-yves guérin £@jyguerin

transport Ce mercredi matin, le tribunal de Haarlem (Pays-Bas) devra trancher : l’État néerlandais a-til le droit de réduire l’activité de l’aéroport d’Amsterdam ? De la limiter à 460 000 vols annuels à partir de novembre 2023 et à 440 000 mouvements en novembre 2024 contre 500 000 aujourd’hui ? L’histoire est singulière : c’est la première fois qu’un pays veut brider sa principale plateforme aéroportuaire qui la relie au monde entier. À Orly, le trafic est bien limité depuis une trentaine d’années. Mais ce plafond n’a jamais été abaissé. Il a plutôt été revu à la hausse pour atteindre aujourd’hui 250 000 décollages ou atterrissages par an. L’affaire est encore plus piquante quand on regarde la liste des plaignants qui ont porté plainte aux Pays-Bas : easyJet, Delta Airlines mais surtout KLM, filiale d’Air France-KLM. Voilà donc la compagnie nationale hollandaise qui traîne son propre État devant la justice. Au passage, elle s’en prend aussi à son actionnaire : les Pays-Bas possèdent 5,9 % de KLM et 9,3 % d’Air FranceKLM. Cette bataille judiciaire peut surprendre alors que l’État néerlandais a porté à bout de bras son transporteur aérien pendant la pandémie : en 2020, il lui a accordé 3,4 milliards d’euros d’aide que, depuis, l’entreprise a remboursé. Pourtant, aujourd’hui, la compagnie hollandaise ne retient pas ses coups. « Comme le gouvernement paraît ne pas entendre nos appels, nous nous trouvons malheureusement obligés d’agir sur le terrain judiciaire », expliquait début mars dans un communiqué Marjan Rin-

tel, directrice générale de KLM. Si le transporteur monte le ton, c’est qu’il risque très gros. Il réalise 60 % des vols de l’aéroport Schiphol d’Amsterdam, qui est la quatrième plateforme européenne derrière Istanbul, Heathrow (Londres) et ­ Roissy (Paris). Selon nos informations, si le plafonnement à 460 000 vols entre en application en novembre, KLM ­devra renoncer à six à huit routes (des court- et moyen-courriers) sur les 170 routes qu’elle exploite. À 440 000 mouvements à compter de novembre 2024, elle serait contrainte de « couper » 30 destinations (24 européennes et six longcourriers). Financièrement, cela aura forcément un impact même s’il est difficile à mesurer. « Le modèle de KLM consiste à rabattre sur Schiphol des passagers venus des pays alentour pour les redispatcher dans le monde entier, explique Yann Derocles, analyste financier spécialiste du transport aérien chez Oddo. En supprimant des routes régionales, le transporteur risque de manquer de clients aussi sur certains de ses vols long-courriers. » La compagnie n’a pas besoin de cette tuile : jusqu’ici, elle faisait figure de bon élève au sein du groupe comparé à Air France. L’année dernière, KLM dégageait encore une rentabilité de 6,6 %, à 706 millions d’euros, quand Air France n’était qu’à 3 %, à 483 millions. Mais, à cause des pénuries de personnels persistantes à Schiphol, KLM a connu une alerte au quatrième trimestre avec une perte d’exploitation de 2 millions contre un résultat d’exploitation de 144 millions pour Air France. Un rééquilibrage des forces au sein du groupe qui pourrait s’installer si l’activité de

KLM réalise 60 % des vols de l’aéroport Schiphol d’Amsterdam. L’État néerlandais veut une réduction de l’activité de 12 % en deux ans. J. PORZYCKI/ NurPhoto via AFP

KLM était entravée par une réduction durable de l’activité de Schiphol imposée par le gouvernement. C’est dans ce contexte que la tension entre les Pays-Bas et KLM est encore montée d’un cran mardi. Dans un communiqué, l’aéroport d’Amsterdam qui appartient à 69,8 % aux Pays-Bas, a dévoilé sa nouvelle feuille de route environnementale : au programme, à l’horizon 2025-2026, la fin des atterris­sages et décollages de nuit et l’interdiction des avions d’affaires. Enfin, la plateforme aéroportuaire, qui avait envisagé un temps de construire une piste supplémen­ taire, y renonce. Aujourd’hui, les relations sont tellement électriques que la ligne est coupée entre KLM et l’État. La compagnie a le sentiment d’avoir été trahie par sa tutelle. En 2021, les Pays-Bas envisageaient encore d’augmenter à 540 000 les vols à Schiphol sous réserve de réduire les nuisances sonores. Mais, en juin 2022, le nouveau gouvernement de La Haye constitué à la suite des élections législatives a changé son

fusil d’épaule. Cap sur une politique malthusienne pour l’aéroport d’Amsterdam avec une réduction de l’activité de 12 % en deux ans (440 000 vols en 2024).

Mis devant le fait accompli Ce plan vise évidemment à lutter contre le réchauffement climatique mais surtout à réduire le bruit pour ceux qui vivent à proximité de l’aéroport. KLM a d’autant plus mal vécu cette annonce que la compagnie n’avait pas été mise dans la confidence. C’est tombé au pire moment : son emblématique directeur général, Pieter Elbers, avait déjà quitté l’entreprise. On savait qu’il serait remplacé par Marjan Rintel, la patronne des chemins de fer hollandais. Mais elle n’avait pas encore pris ses fonctions. Le temps d’atterrir chez KLM et, début septembre, elle a rencontré le ministre des Transports, Mark Harbers, pour tenter d’infléchir sa position. Ses arguments ? Si on lui laissait quelques années, la compagnie atteindrait les objectifs de réduction de bruit et d’émissions de CO2 grâce au renouvellement de sa flotte déjà fortement engagé. Mais le cabinet n’a rien voulu entendre. Il voulait des résultats à court terme. Même agacement de KLM en découvrant mardi les annonces de l’aéroport de Schiphol : « Nous sommes étonnés que Schiphol ait unilatéralement présenté des propositions qui auront des conséquences de grande envergure pour les compagnies aériennes sans les impliquer dans cette réflexion », réagit le transporteur dans une déclaration. Quelle qu’elle soit, pas sûr que la décision du tribunal de Haarlem suffise à ramener la concorde entre les deux parties. ■

tiples. « Cela passera notamment par le développement des boutiques et l’accélération du maillage dans les grandes villes », confie le dirigeant. Notamment aux États-Unis où « Aésop est loin d’avoir atteint son plein potentiel » et en Chine, où la présence d’Aésop est récente avec deux magasins à Shanghaï. « J’ai pu voir pendant mon dernier voyage en Chine à quel point les boutiques sont plébiscitées par les consommateurs et les consommatrices chinois. Et l’axe de développement majeur que constitue la Chine, explique Cyril Chapuy. Nous regardons aussi les leviers de croissance dans les parfums et les soins du visage, où les récentes extensions lancées par Aésop ont été très réussies. » L’Oréal connaît Natura, pour lui avoir cédé en 2017 The Body Shop. Désireux de se développer sur les produits ethniques et naturels, Natura esquissait depuis l’automne la possibilité d’une cession de sa marque pour renflouer sa trésorerie. L’intérêt pour Aésop confirme l’activisme des groupes de luxe pour accélérer dans le segment de la beauté. Outre Dolce&Gabbana, qui vient d’intégrer le développement et la commercialisation de ses parfums et de son maquillage, Kering a lui aussi confirmé ses ambitions. Début février, il a créé une division beauté. Le leader mondial du luxe LVMH vient, lui, de réorganiser sa branche parfums et cosmétiques de 7,7 milliards d’euros (+10 % en 2022), en nommant à sa tête Stéphane Rinderknech, recruté il y a un an de chez L’Oréal. Quant à Hermès, trois ans après son lancement réussi dans le maquillage, il réalise 448 millions d’euros de ventes dans la beauté. ■

en bref Un nouveau patron pour Arianegroup £ En pleine crise des fusées européennes - trois ans de retard pour Ariane 6, Vega C clouée au sol - Martin Sion a été nommé, mardi, président exécutif d’ArianeGroup, le constructeur des fusées Ariane. Il occupait précédemment le poste de président de la branche électronique et défense de Safran, coactionnaire d’ArianeGroup aux côtés d’Airbus. Il succède à AndréHubert Roussel, qui avait pris ses fonctions en novembre 2018.

Crédit immobilier : Bercy ouvert à des règles plus souples £ Bercy veut éviter que les normes ne deviennent un obstacle à l’accès au crédit immobilier. « Des travaux d’évaluation sont menés », a confirmé le ministère de l’Économie. En cause notamment, les règles limitant l’endettement des emprunteurs (montant des dépenses liées à l’habitation rapporté aux revenus ne dépassant pas 35 %). Des changements pourraient être annoncés en juin.

Hausse des salaires dans les Banques £ L’Association française des banques (AFB) et l’ensemble des organisations syndicales représentatives du secteur bancaire se sont accordés sur une augmentation de 3 % des salaires minimums de la branche.

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mercredi 5 avril 2023

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L’UE devient une cible privilégiée des pirates russes Plus anxiogène que destructrice, une vague d’attaques vise les institutions et les entreprises des États membres visées par ces attaques, très énergivores pour les équipes de sécurité mais que des mesures de filtrage automatiques appropriées peuvent aider à repousser. L’évolution dans le temps du conflit est en revanche source d’inquiétude. « L’Europe occidentale devrait se méfier d’éventuelles attaques sur des infrastructures critiques à court terme si le conflit continue de s’accélérer », estime Pierre-Yves Jolivet, vice-président des solutions de sécurité chez Thales. La société française, elle-même stratégique dans plusieurs domaines sensibles, a vu le nombre de tentatives d’intrusion dans ses systèmes d’information s’intensifier très nettement depuis la crise ukrainienne. Les dysfonctionnements inexpliqués sur les ­gazoducs Nord Stream 1 et 2 et sur des câbles sous-marins laissent tout le monde sur le qui-vive. « C’est évidemment un sujet de préoccupation majeure sur ces secteurs d’activité », insiste Vincent Strubel. La

ingrid vergara £@Vergara_i

Le site de l’Assemblée nationale a été temporairement bloqué le jeudi 27 mars par l’attaque informatique d’un collectif de pirates russes. Tomas Stevens/ ABACA

France s’appuie aussi sur le réseau de coopération cyber entre les États membres, baptisé CyCLONe, qui a pris beaucoup d’ampleur depuis le début du conflit ukrainien. Depuis la cyberattaque en février sur le réseau de satellites Ka-Sat, exploité par Viasat, aucune autre attaque d’infrastructure n’a pu être attribuable au gouvernement russe.

Les JO en ligne de mire Le directeur général de l’Anssi a aussi en ligne de mire les Jeux olympiques de Paris 2024, qui risquent de motiver tous types de hackeurs. « C’est un moment de tension particulière en termes de cyberattaques. Les Jeux représentent des cibles alléchantes, potentiellement des messages à faire passer, voire des déstabilisations de la com-

JOUR

AIR LIQUIDE ........................... 154,44 AIRBUS ..............................................125,44 ALSTOM ..............................................23,74 ARCELORMITTAL SA ........................... 26,14 AXA .............................................. 28,315 BNP PARIBAS ACT.A ........................... 56,34 BOUYGUES .............................................. 31,21 CAPGEMINI .............................................. 169,9 CARREFOUR .............................................. 18,545 CREDIT AGRICOLE ...........................10,472 DANONE ..............................................58,91 DASSAULT SYSTEMES ........................... 37,41 ENGIE .............................................. 14,75 ESSILORLUXOTTICA ........................... 163,5 EUROFINS SCIENT. ...........................60,32 HERMES INTL ........................... 1894 KERING ..............................................584,2 L'OREAL .............................................. 420,35 LEGRAND ..............................................82,7 LVMH .............................................. 851

%VAR.

+0,31 +0,19 -5,53 -2,46 +0,34 +0,97 -0,13 +0,5 -0,75 +0,04 +1,67 +0,08 +0,55 +0,15 -1,95 +1,77 -1,6 +1,18 -1,34 +0,82

LES DEVISES

+HAUTJOUR

Nous « apportons une solution 100 % française et très simple d’utilisation. Celle-ci sera ultraperformante car adaptée aux menaces d’aujourd’hui comme à celles de demain

»

Denis Planat, directeur général de Free Pro

Lucas Mediavilla £@Lucas_Medv

logiciels De trublion des télécoms à trublion dans la cyber­ sécurité ? À la veille de l’ouverture du Forum international de la cybersécurité (FIC) à Lille, l’opérateur télécoms Free a dévoilé mardi sa nouvelle stratégie dans le domaine. « Notre triste conviction, c’est que toutes les organisations publiques ou privées, les entreprises de toutes tailles seront un jour confrontées à une cyberattaque d’envergure », indique Thomas Reynaud, le directeur général d’Iliad, maison mère de Free. L’objectif du groupe détenu par Xavier Niel est clair. Il s’agit de « démocratiser la cybersécurité » pour tous ces ­acteurs. Conscient que le train ne l’a pas attendu, Iliad a décidé de s’appuyer sur l’expertise d’un éditeur

de logiciels qui a déjà pignon sur rue, ITrust. L’opérateur va prendre une participation de 55 %, dans cette PME toulousaine de 80 salariés, créée en 2007. ITrust revendique déjà plus de 400 clients au niveau mondial, mais surtout 6 sociétés du CAC 40, le ministère des Armées ou encore « une cinquantaine de groupes hospitaliers » signés ces douze derniers mois. « Nous sommes en forte croissance, mais Free va nous apporter une caisse de résonance et décupler notre force commerciale », estime Jean-Nicolas Piotrowski, le fondateur d’ITrust, qui reste actionnaire à 35 % de la société. Ensemble, les deux groupes lancent Cyber XPR, une solution destinée aux entreprises de toutes tailles. Cette dernière évoluera sous la bannière de Free Pro, la filiale dédiée aux entreprises chez Iliad. Une division qui génère déjà

155,28 153,6 126,78 124,82 25,17 23,74 27,155 26,14 28,76 28,295 57,31 55,99 31,58 31,19 171 169 18,795 18,525 10,648 10,472 59,12 57,93 37,92 37,325 14,884 14,668 165,22 163,46 62,04 60,32 1902,8 1864,8 598,5 580,7 420,95 414,05 85,08 82,7 852 840,4

MONNAIE

0,098 0,1 0,829 0,391 0,156 0,322 0,231 0,156 0,212 0,152 0,266 0,07 0,243 0,087 0,235 0,043 0,147 0,069 0,207 0,059

+16,65 +12,99 +4,03 +6,37 +8,67 +5,8 +11,31 +8,95 +18,57 +6,52 +19,66 +11,69 +10,17 -3,37 -10,05 +31,07 +22,86 +26 +10,53 +25,17

1 EURO=

1,6154 1,4641 0,8733 8,5569 144,94 0,9954 1,0901 3,321 11,103 20,9609 33,729 7,5034 89,59 147,6399

AUD CAD GBP HKD JPY CHF USD TND MAD TRY EGP CNY INR DZD

2023-04-05T09:33:34+02:00

2023-04-05T03:09:10c:Figaro;u:adaboville;

Jour:

Autre

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Demain

VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS VALEUR DATE DE LIQUID. VALORISAT. 37 av. des Champs-Elysées

200 millions de chiffre d’affaires dans la connectivité ou le cloud et veut doubler ce dernier à 400, voire 500 millions d’euros d’ici ­ 2025. À cet horizon, « la cybersécurité doit représenter a minima 10 % de nos revenus », estime Thomas Reynaud. Soit 40 à 50 millions d’euros, dix fois plus que ce que dégage ITrust aujourd’hui.

Offensive sur les prix Free Pro compte en priorité sur son parc de clients actuels pour déployer Cyber XPR. « Nous avons 35 000 clients, que nous comptons rencontrer au travers d’un XPR Tour. Ce sont autant d’opportunités de pousser la solution », explique Denis Planat, patron de la filiale. Évidemment, le groupe a déjà peaufiné son argumentaire commercial. « Nous apportons une solution 100 % française et très simple d’utilisation. Celle-ci sera

La valeur du jour JOUR

+BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG JAPON ................................................................................ YEN SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN MAROC ................................................................................ DIHRAM TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE CHINE ................................................................................ YUAN INDE ................................................................................ ROUPIE ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN

Cybèle Asset Management

d’échelle et de manière de fonctionner. « Il n’y a plus de particuliers, de PME, de collectivités, d’établissements de santé qui puissent se considérer comme à l’abri. Les attaquants pêchent au chalut et cela a des impacts en cascade sur le fonctionnement de la nation », insiste le directeur général. Pour relever le niveau de sécurité global, l’agence va s’appuyer sur un réseau de prestataires de proximité labellisés et des centres de réponses à incidents répartis dans les territoires, pour venir en aider en victimes et doper la prévention. L’agence compte aussi proposer plus d’outils automatisés gratuits, à l’instar de celui qu’il va propose aux collectivités territoriales pour sécuriser les services publics en ligne (monservicesecurise). ■

Free veut « démocratiser la cybersécurité » en entreprise

la séance du mardi 4 avril

LE CAC

pétition », précise Vincent Strubel, dont l’agence coordonne la cybersécurité. Stades, lieux de compétition, collectivités sont à sensibiliser, auditer, accompagner. « Nous avons un programme d’entraînement assez intense avec un nombre d’acteurs considérables », reconnaît le directeur. Des entraînements qui serviront aussi à préparer la France à une crise cyber majeure, d’où qu’elle vienne et quel que soit le moment où elle surviendra. « Nous devons définir un cadre commun de remédiation et être capables de mobiliser et d’entraîner tout l’écosystème de cybersécurité français pour être prêts le jour J », ajoute-t-il. Face à la « massification » de la menace et des attaques informatiques, l’agence veut aussi changer

MICHELIN .............................................. 28,67 ORANGE ..............................................10,99 PERNOD RICARD ........................... 207,6 PUBLICIS GROUPE SA ..................... 71,86 RENAULT .............................................. 38,375 SAFRAN .............................................. 135,68 SAINT GOBAIN ........................... 51,72 SANOFI ..............................................99,6 SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 148,46 SOCIETE GENERALE ........................... 21,16 STELLANTIS NV ........................... 16,432 STMICROELECTRONICS ..................... 47,57 TELEPERFORMANCE ........................... 224,4 THALES .............................................. 136,6 TOTALENERGIES ...........................56,73 UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 49,68 VEOLIA ENVIRON. ........................... 28,53 VINCI .............................................. 104,56 VIVENDI SE ........................... 9,324 WORLDLINE .............................................. 38,07

LʼOR

%VAR.

+1,56 -0,05 -0,48 +0,2 +0,04 +0,15 -0,88 -0,04 -1,8 -0,66 -1,44 -1,66 +1,58 +0,11 -1,44 +0,51 +0,49 +0,25 +0,45 -0,05

VEILLE

+HAUTJOUR +BAS JOUR

29,29 11,072 210,1 73,12 39,64 136,96 52,92 100,34 152,48 21,585 16,86 48,6 225,2 138,1 57,96 50,54 28,74 105,38 9,354 38,42

28,41 10,99 205,5 71,8 38,375 135,58 51,66 99,4 148,46 21,16 16,414 47,57 221,2 135,9 56,73 49,65 28,34 103,98 9,294 37,96

31/12

Cotation quotidienne assurée par Or en Cash https://www.orencash.fr/investissement/ Lingot 1KG ................................. 59 302,83€ Lingot 100g ................................. 5 941,18€ Lingot 50g ................................. 2 977,59€ 1 856,59€ Lingot ONCE (31,10g) ................................. Lingot 10g ................................. 603,22€ 158,98€ Lingot 2,5g ................................. 2OFr NAPOLÉON .................................369,16€ 20Fr SUISSE ................................. 365,03€ SOUVERAIN ................................. 462,79€ KRUGGERAND ................................. 1 972,39€ 50 PESOS ................................. 2 356,06€ 10 DOLLARS ................................. 963,4€ 20 DOLLARS ................................. 1 927,81€

+8,17 % +2,59 % +1,45 % +1,4 % +1,04 % -1,88 % +7,94 % +7,1 % +8,66 % +5,64 % +8,03 % +7,64 % +7,76 %

%CAP.ECH

0,267 0,18 0,217 0,175 0,498 0,137 0,207 0,139 0,139 0,465 0,105 0,194 0,286 0,107 0,199 0,39 0,174 0,135 0,179 0,165

ultra-performante car adaptée aux menaces d’aujourd’hui comme à celles de demain », souligne Denis Planat. Le tout à des prix trois à cinq fois inférieurs au marché, promet Iliad. Cyber XPR arrive néanmoins dans un paysage bien embouteillé. Entreprises de ser­ vices numériques (Capgemini), industriels (AirbusCyberspace, Thalès, Safran), éditeurs de logiciels (leur groupement français Hexatrust, dont ITrust fait partie, compte à lui seul plus de 90 membres) ou même opérateurs (OrangeCyberdéfense)… Bien qu’en forte croissance, le marché de la cybersécurité est ultra-concurrentiel. « Ce n’est pas la première fois qu’on nous déconseille d’attaquer un marché soi-disant “encombré”. Heureusement que l’on écoute rarement ce type de conseils », glisse, sourire en coin, Thomas Reynaud.

[email protected]

31/12

+10,33 +18,41 +12,98 +20,94 +22,7 +16,05 +13,3 +10,86 +13,57 -9,88 +23,83 +44,17 +0,76 +14,5 -3,27 +2,16 +18,87 +12,08 +4,6 +4,22

Stellantis réorganise ses activités de financement automobile en Europe

CLÔTURE DU CAC 40

- 0,01 % à 7 344,96 points

Le groupe automobile Stellantis, né en 2021 de la fusion entre Peugeot et Fiat Chrysler, a rassemblé ses activités éparses de financement et de location longue durée en Europe sous deux ­entités : Stellantis Financial Services et Leasys. Stellantis Financial Services propose des solutions de financement aux entreprises et aux particuliers, avec notamment le crédit automobile classique et la location avec option d’achat (LOA). BNP Paribas Personal Finance et Santander Consumer Finance, les deux partenaires financiers, se répartissent les marchés européens à travers deux coentreprises détenues à parité avec le constructeur. BNP Paribas Personal Finance se voit confier l’Allemagne, l’Autriche et le RoyaumeUni, tandis que Santander Consumer Finance couvrira la France, l’Italie, ­l’Espagne, la Belgique, la Pologne et les Pays-Bas. Avec cette simplification Stellantis espère « doubler son revenu bancaire net d’ici 2030 ».

Sur le marché de la location longue durée (LLD), Stellantis s’est associé à Crédit Agricole Consumer Finance (CACF). Leur coentreprise, baptisée Leasys, également détenue à 50/50, entend devenir un « leader européen » avec un objectif de 1 million de véhicules sous location en 2026 contre environ 800 000 aujourd’hui. Elle resterait toutefois loin derrière son principal rival, issu de la prochaine fusion entre le français ALD, filiale de Société géné­rale, et le néerlandais LeasePlan, qui rassemblerait 3,5 millions de véhicules. Stellantis et Crédit Agricole prévoient de racheter à ALD et LeasePlan leurs activités au Luxembourg et au Portugal dans le cadre des cessions imposées par la Commission européenne. Stellantis Financial Services et Leasys serviront toutes les marques de Stellantis en Europe, ce qui n’était pas le cas des coentreprises financières précédentes. Le titre Stellantis a reculé de 1,44 % mardi, à 16,43 euros. ■

A

cybersécurité « L’incident » n’aura duré que quelques heures, mais le symbole a fait grand bruit. Le site de l’Assemblée nationale a été temporairement bloqué le jeudi 27 mars par l’attaque informatique d’un collectif de pirates russes. En lançant, grâce à des robots, des vagues de connexions simultanées vers des serveurs, ces attaques dites « par déni de services » (« DDoS » en anglais) saturent le réseau et rendent impossible l’accès à un site internet. Avant l’Assemblée nationale, les sites du Centre national d’études spatiales, de plusieurs aéroports français, de l’Institut national du travail et de centaines d’autres entreprises ou collectivités étaient « tombés » sous le poids d’attaques de ce genre. « Cette vague d’attaques par déni de service, en marge du conflit russo-ukrainien, est faite pour faire beaucoup de bruit, ce n’est pas destructeur », relativise Vincent Strubel, le nouveau directeur gé­néral de l’Agence nationale de la ­sécurité des systèmes d’information (Anssi). « L’objectif de ce harcèlement systématique est d’occuper le cyberespace européen (…) et d’entretenir un climat d’anxiété au sein des équipes de sécurité et des décideurs », ajoutent les experts de l’équipe de renseignement cyber de Thales. Dans un récent rapport, ils constatent depuis six mois, chiffres à l’appui, « une transition claire d’une cyberguerre centrée sur l’Ukraine et la Russie à une cyberguerre hybride de haute intensité dans toute l’Europe ». Selon eux, la part des cyberattaques - dont les trois quarts sont des DDoS - visant des pays de l’Union européenne est passée de 9,8 % à 46,5 %. Les États membres les plus visés sont les plus actifs à soutenir l’Ukraine, à commencer par les pays Baltes et la Pologne. Outre les administrations publiques, les entreprises du secteur de l’énergie, des services financiers, de la santé et de l’aéronautique sont particulièrement

mercredi 5 avril 2023 le figaro

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médias et publicité

Le double défi d’Emelie de Jong à la tête de France Culture L’actuelle directrice des programmes d’Arte remplacera à ce poste Sandrine Treiner d’ici à quelques semaines.

Emelie de Jong aura un double défi à relever à France Culture : les audiences et le management. Paul Blind/Arte

Radio Radio France a trouvé une nouvelle directrice pour France Culture. Emelie de Jong, l’actuelle directrice des programmes et membre du comité de gérance d’Arte GEIE, le pôle central de la chaîne, va hériter du poste laissé vacant depuis le début de l’année. « Elle prendra ses fonctions dans les prochaines semaines », a confirmé Sibyle Veil, la PDG de Radio France, dans un mail envoyé mardi matin aux salariés de la Maison ronde. La nouvelle dirigeante de France Culture « travaillera étroitement avec Laurence Bloch, directrice des antennes et de la stratégie éditoria-

le de Radio France, et intégrera le comité de direction de Radio France », précise le courrier. Fragilisée par des accusations de management « brutal », l’ancienne directrice de l’emblématique station, Sandrine Treiner, avait annoncé fin janvier sa démission, au terme d’un règne de huit ans qui a contribué à hisser la station à des niveaux d’audience records. Selon Médiamétrie, France Culture a ainsi séduit 1,7 million d’auditeurs quotidiens en novembre-décembre 2022. Soit 25 000 de plus en un an, pour une audience cumulée de 3,1 %, contre 2 % sur la même période en

2015, au début du mandat de Sandrine Treiner. Âgée de 58 ans, Emelie de Jong possède la double nationalité américaine et néerlandaise.

Une carrière chez Arte Passée par Science Po et détentrice d’une maîtrise de musicologie, elle a effectué quasiment toute sa carrière au sein d’Arte France. Elle y a fait ses premières armes en tant que rédactrice et traductrice en charge des sujets culturels avant de rejoindre l’unité spectacles où elle développera notamment le magazine « Tracks ». En 2008, Emelie de Jong de-

vient la directrice adjointe de l’unité culture et spectacles, chargée de la culture. Elle participera, entre autres missions, à la création d’une nouvelle case dédiée à la pop culture. Entre 2011 et 2021, elle aura surtout été l’emblématique directrice de l’unité arts et spectacles de la chaîne, et lancera plusieurs formats à l’instar des fictions-théâtre comme Les Fausses Confidences, mise en scène et réalisée par Luc Bondy, et Oblomov, avec Guillaume Gallienne et la Comédie-Française, ou encore la web-série Dopamine. Depuis janvier 2022, elle avait rejoint Arte GEIE, à Strasbourg, où

elle présidait « la conférence des programmes qui définit la ligne éditoriale et établit notamment la grille des programmes », rappelle Radio France. Femme de culture, Emelie de Jong aura fort à faire. Le défi à relever est double. Sur le front des audiences, la future dirigeante, qui doit s’atteler à la définition d’une nouvelle grille des programmes, devra maintenir les bons scores de la station. Sur le front du management cette fois, il s’agira d’apaiser une maison en crise, dont le climat a été jugé délétère par beaucoup de salariés. ■ C. S.

L’irrésistible ascension du jeu vidéo à Hollywood En streaming ou au cinéma, les adaptations se multiplient, à l’image du film « Super Mario Bros » qui sort en salle ce mercredi.

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caroline sallé £@carolinesalle

Cinéma C’est un sympathique plombier à moustache et casquette rouge, aussi populaire que les super-héros de Marvel, qui s’apprête à prendre d’assaut le boxoffice mondial. Mario, l’un des personnages les plus connus de l’histoire du jeu vidéo, va retenter sa chance au cinéma à partir de ce mercredi 5 avril. Nintendo, l’éditeur japonais qui a vendu plus de 400 millions d’unités du seul jeu Super Mario Bros, a fait appel à une pointure pour adapter sur grand écran les aventures de son très lucratif héros. C’est en effet Illumination (Universal Pictures), le studio à l’origine du succès des Minions, qui est à la manœuvre. De quoi mettre toutes les chances de son côté et faire oublier le retentissant échec de la première tentative de transplantation du jeu au cinéma. En 1993, le film, produit à l’époque par Touchstone Pictures, avait coûté près de 50 millions de dollars, hors marketing, mais n’avait rapporté que 39 millions de dollars… Trente ans plus tard, Nintendo a placé la barre beaucoup plus haut. La firme japonaise espère que le film d’animation lui rapportera plus de 225 millions de dollars au box-office mondial, durant le seul week-end d’ouverture. Une autre franchise, de jeu de rôle cette fois, espère elle aussi séduire un large public sur grand écran, après avoir été étrillée par la critique en 2000. La semaine prochaine, Donjons & Dragons : l’honneur des voleurs, débarquera dans les salles obscures françaises, porté par un casting de stars : Chris Pine, Michelle Rodriguez, Hugh Grant et la star de la série Bridgerton sur Netflix, Regé-Jean Page. Outre-Atlantique, le film a déjà pris la tête du box-office et rapporté, à l’échelle internationale, plus de 70 millions de dollars. Un bon démarrage pour cette adaptation produite par Para-

mount et eOne moyennant 150 millions de dollars et qui a l’ambition de devenir l’une des nouvelles grandes licences de la major.

Moins risqué, plus lucratif Après une série de flops retentissants il y a quelques années, Hollywood semble avoir trouvé la martingale pour tirer profit des jeux vidéo. Une industrie dont le chiffre d’affaires à l’échelle mondiale avoisinait les 350 milliards de dollars en 2022, d’après Statista. Treize fois plus que les revenus générés l’an dernier par le boxoffice international, soit 26 milliards de dollars, selon Gower Street Analytics. L’an dernier, les succès de Sonic 2 et de Uncharted ont aiguisé les appétits. De même que, plus

récemment, la série HBO The Last of Us, adaptée du jeu de l’éditeur Naughty Dog, dont chaque épisode a été vu par plus de 30 millions de téléspectateurs, soit davantage que House of the Dragon, le préquel de Game of Thrones. Résultat, une déferlante d’adaptations devrait s’abattre sur nos petits et grands écrans. Netflix, à lui seul, a plus d’une dizaine de projets dans les tuyaux. Il vient d’annoncer un film décliné du jeu Bioshok et confié à Francis Lawrence, le réalisateur des trois derniers films Hunger Games. Tomb Raider, Pokemon, Sonic Prime ou encore Splinter Cell font aussi l’objet de développement. Amazon Prime a confirmé l’arrivée prochaine d’une série adaptée de la saga God of War. Le secteur du jeu vidéo consti-

Issus du jeu vidéo, Donjons & Dragons et Super Mario s’apprêtent à prendre d’assaut le box-office mondial. Paramount Pictures and eOne, Nintendo, Illumination Entertainment & Universal Pictures

tue un vivier immense de propriétés intellectuelles pour Hollywood. Et qui s’adressent de surcroît à un public jeune, dont l’attention est de plus en plus difficile à capter. Selon une enquête du cabinet Deloitte, aux ÉtatsUnis, Royaume-Uni, Allemagne, Japon et Brésil, le jeu vidéo serait la première source de divertissement de la génération Z. Pour les majors comme les plateformes de streaming, difficile de passer à côté de cette audience… Cette montée en puissance des franchises de jeux vidéo à Hollywood permet aussi de répondre à un autre enjeu : celui de la découvrabilité, dans un monde de profusion où faire émerger une nouvelle marque devient chaque jour plus difficile. Partir de grandes franchises et

HBO Max s’apprête à signer une série « Harry Potter » Salomé Ferraris £@salomasferraris

Warner Bros Discovery serait en passe de con­clure un accord avec J. K. Row­ling pour adapter les sept tomes de Harry Potter en série. ANDREA KLAMAR-HUTKOVA/AFP

Streaming Des elfes dans Les Anneaux de pouvoir sur Amazon Prime d’un côté. Des sabres laser avec Star Wars sur Disney+ de l’autre. Comme ses concurrents, HBO Max désire une franchise à succès pour sa plateforme de

streaming. Et le studio est sur le point de l’obtenir. Warner Bros Discovery serait en passe de con­clure un accord avec J. K. Row­ling pour adapter les sept tomes de Harry Potter en série, selon Bloomberg. Celle-ci serait diffusée sur la plateforme de streaming HBO Max. Chaque saison de la série correspondrait à un tome de la saga littéraire, soit sept opus au total. Si J. K. Rowling devrait être impliquée dans le projet pour veiller au respect de son œuvre, l’auteur ne sera pas aux manettes de la série, selon deux sources anonymes citées par Bloomberg.

Franchise à haut potentiel Pour HBO Max, Harry Potter constitue une franchise à haut potentiel. Un atout dans un contexte de surabondance de l’offre et un marché du streaming vidéo saturé, dans lequel les consommateurs sont de plus en plus difficiles à séduire. Contraintes de se démarquer, les plateformes misent sur

des personnages ou des histoires déjà ­populaires auprès du public. L’objectif est clair : capitaliser sur l’engouement des communautés de fans. Warner Bros Discovery a déjà appliqué cette stratégie en déclinant avec succès la franchise sur grand écran. En librairie, plus de 600 millions de livres ont été écoulés dans le monde (originellement cédés en 1997 aux Éditions Bloomsbury Publishing). Dans les salles obscures, les huit adaptations de la saga ont généré plus de 7,8 milliards de dollars de recettes au boxoffice, soit sept fois plus que le montant investi par Warner Bros pour transposer les aventures du célèbre sorcier sur grand écran. Vingt-cinq ans après la sortie du premier tome, la communauté est toujours au rendez-vous. En témoigne le récent succès du jeu vidéo Hogwarts Legacy : L’Héritage de Poudlard, vendu à plus de 12 millions d’exemplaires… Soit plus de 850 millions de dollars de recettes.

les décliner à l’infini est moins risqué financièrement et potentiellement plus lucratif. Aujourd’hui, Super Mario n’est plus seulement un jeu vidéo. La puissance commerciale du personnage est colossale : des gels douche et des sprays pour le corps avec Lush, des jouets avec le géant Lego, des vêtements avec Uniqlo, des montres de luxe avec l’horloger Tag Heuer, des sacs à dos avec Eastpak… La marque Mario est même déclinée en parcs d’attractions. Après Osaka en 2021 et Los Angeles en février, Nintendo prévoit d’ouvrir un troisième parc Super Mario World à Orlando, en Floride, en partenariat avec Universal, à l’horizon 2025. Une success story que Paramount aimerait bien appliquer à sa nouvelle franchise Donjons & Dragons. ■

en bref royaume-uni : TIKTOK mis À l’amende £ Le réseau social chinois a écopé au Royaume-Uni d’une amende de 12,7 millions de livres (14,5 millions d’euros) pour avoir collecté les données personnelles d’enfants sans consentement. Selon l’agence britannique de protection des données, TikTok a permis à 1,4 million d’enfants de moins de 13 ans d’ouvrir un compte, contrairement à ses règles.

switch : NInTENDO devra réparer gratuitement £ Nintendo s’est engagé à réparer au-delà de la période de garantie les manettes Joy-Con défectueuses de sa console de jeu Switch achetées en Europe. Le Bureau européen des unions de consommateurs avait alerté Bruxelles en janvier 2021.

mercredi 5 avril 2023 le figaro - N° 24 454 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

VOYAGE

Plus jeunes, plus décontractées, plus responsables… ces nouvelles adresses qui réinventent Monaco Page 33

MODE HOMME

né sur les chantiers, le pantalon de travail habille les urbains et inspire le luxe Page 34 Carhartt

« Les trois mousquetaires » Ben King/Pathé ; Carhartt ; Communication SBM

épique et d’époque

Dans un film enlevé et plutôt fidèle au roman de Dumas, Martin Bourboulon fait revivre l’épopée de d’Artagnan. Une bouffée d’air. PAGEs 30 et 31

Enchères : retour de la collection d’Alain Delon

LE COUP DE COEUR DES SPECTATEURS !

“BOULEVERSANT, UN BIJOU !” ★ ★ ★ ★ LE FIGARO

L’acteur vend 80 pièces d’art ancien et moderne à Paris, chez Bonhams, le 22 juin.

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e marché de l’art raffole des célébrités. Alain Delon, légende vivante du cinéma français, plus qu’aucune autre. L’acteur a amassé pendant soixante ans. Un vrai collectionneur, passionné, instinctif. Un compulsif, mais sans mettre au mur des trophées. Quelle que soit leur signature ou leur valeur, ses coups de cœur étaient sur un pied d’égalité. Il a souvent eu du mal à s’en séparer. Mais comme tout bon collectionneur, il a su tourner bien des pages. Le 22 juin, il en tournera une avec la dispersion de 80 œuvres, sous le marteau d’Arnaud Cornette de Saint-Cyr, le fils de Pierre, commissaire-priseur et ami de l’acteur rencontré dans les années 1960. Avec lui, Delon partagea l’amour des dessins anciens. Celui-ci était à ses côtés lorsqu’il acquit pour 750 000 francs, dix ans plus tard, chez Sotheby’s, une feuille de Dürer. C’est sans nul doute par ses liens d’amitié avec Cornette de SaintCyr (maison rachetée par Bonhams en juin 2022) que la vente se fait sous cette enseigne. De portée internationale, elle voyagera à New York, Hongkong, Bruxelles et G ­ enève. Anouchka, la fille de Delon, en sera l’ambassadrice. « Avec son seul œil, Alain Delon a fait sa collection allant de ses premiers dessins anciens aux maîtres modernes. De sa retraite, mon père suit de près la vente, confie Arnaud Cornette de SaintCyr. Son fil rouge est la force de la ligne pure, celle qui éclate dans le dessin et transcende la peinture. » Trois noms,

Delacroix (400 000 à 600 000 euros pour Cheval arabe attaché à un piquet, huile de 1825), Millet (200 000 à 300 000 euros pour Jeunes filles à Barbizon, toile de 1850) et Dufy (600 000 à 800 000 euros pour La Plage de SainteAdresse de 1906), dominent la vente, estimée entre 4 et 5 millions d’euros. Sans tenir compte de la magie du nom pouvant faire flamber les enchères. Une aventure commencée en 2007.

Vins, montres, armes… Cette année-là, ce fut la peinture des années 1950, la seconde École de Paris et le mouvement Cobra, exposés à la Galerie Applicat-Prazan, avant d’être dispersés par Pierre Cornette de Saint Cyr. Quarante Riopelle, Soulages, de Staël, Degottex, Dubuffet, Zao Wou-Ki ou Manessier, qui décrocha le record jamais égalé de 340 000 euros au marteau. En 2011, les vins, avec plus d’un millier de bouteilles. En 2012, les montres de Cartier, Vacheron Constantin ou Audemars Piguet et la Royal Oak portée lors des tournages de Comme un boomerang (1976) et de Parole de flic (1985). En 2016, les douze bronzes de Rembrandt Bugatti qui totalisèrent plus de 4 millions d’euros, chez Christie’s. Sans oublier, en 2014, les a­ rmes, 74 pièces dont la Winchester de la série Au nom de la loi, un cadeau personnel de Steve McQueen, vendue 19 000 euros. La vente du 22 juin, nous assure ­Arnaud Cornette de Saint-Cyr, n’est pas un clap de fin. Même si l’on se doute qu’Alain Delon, 87 ans, souhaite préparer sa succession de son vivant. Encore en possession de maints trésors, il n’a pas dit son dernier mot. ■

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BLEU DU

CAFTAN UN FILM DE

MARYAM TOUZANI

LUBNA AZABAL

SALEH BAKRI

AYOUB MISSIOUI

ACTUELLEMENT AU CINÉMA A

Béatrice de Rochebouët [email protected]

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Martin Bourboulon signe une nouvelle adaptation nerveuse à souhait du roman de Dumas. Il intronise, dans ce premier volet, une pléiade de héros bondissants et de seconds rôles réjouissants..

Éric Neuhoff [email protected]

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umas, toujours Dumas. Cela faisait longtemps. Fatalement, on en revient à lui. D’Artagnan nous manquait. Ici, il ressuscite dans tous les sens du terme, puisque, donné pour mort au début, on le voit sortir de terre, sauvé par un missel ayant amorti la balle de mousquet qui lui était destinée. C’est parti. Le Gascon n’arrêtera pas de courir, imitant en cela le rythme du film qui caracole de A jusqu’à Z. Les auteurs, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, n’ont pas essayé de moderniser l’intrigue. Ces héros ­anciens leur suffisaient. Ils ont seulement pris quelques libertés avec le roman, inventant par exemple un attentat contre le roi. Tout cela n’est pas grave, passe comme un souffle, rafraîchit la mémoire. Voici les quatre diables. Ils sont sales et mal rasés comme des cowboys de Sergio Leone. Ils se percutent sans cesse. Leur emploi du temps est bourré à craquer. D’Artagnan provoque trois duels en cinq minutes. Porthos interrompt son déjeuner à cause de l’importun. Athos n’aime pas être bousculé dans un escalier. Quant à Aramis, il n’est pas question de ramasser le mouchoir qui est tombé de sa poche. Ces incidents les uniront malgré eux pour la vie. On connaît la suite. Elle reprend des cou-

« Les trois mousquetaires : d’Artagnan »

Galop d’enfer

leurs, s’offre des allures de feuilleton en Scope, développe le célèbre complot des ferrets. Quelle idée a donc eu la souveraine Anne d’Autriche de donner cette parure à son amant, le duc de Buckingham ! Heureusement que les mousquetaires débarquent à la rescousse. Martin Bourboulon (oui, le réalisateur d’Eiffel, ne refermez pas ce journal tout de suite) remet du rose aux joues de ce suspense rebattu. Les duels sont tirés au cordeau. Les combats partent dans tous les sens. Richelieu serre les dents. Milady complote, noyée dans son trafic de ténèbres. C’est sa vocation. Il est permis de soupçonner qu’elle cache un lourd secret. Constance recolle les morceaux avec un sourire désarmant. Ces coups de théâtre sont de purs morceaux de cinéma.

La crème du milieu D’Artagnan est un film qui piaffe. L’ennui y est banni. L’image est souvent sombre comme une forêt. Les décors naturels ont l’air tout contents de se retrouver à l’écran. Il y a du souffle à foison, de l’humour quand il faut, une maîtrise tranquille. Le budget colossal n’a pas été dépensé en vain. Il s’étale à chaque séquence. Même les chevaux ont du talent. Quant à la distribution, on ne vous dit que ça. Il ne s’agit plus d’un générique, c’est une rafle. La crème du milieu a été réquisitionnée. François ­Civil déborde de charme et d’impatience, piétine les usages, entre dans une

Eva Green (ci-contre, à gauche) incarne Milady de Winter, tandis que François Civil (ci-dessus, à gauche) campe d’Artagnan. BEN KING/PATHÉ

pièce comme un ouragan en long manteau façon Il était une fois dans l’Ouest. Vincent Cassel est ce vieux loup grisonnant, qui triture ses rubans en remâchant on ne sait quel remords, incarnation de la noblesse désenchantée. Pio Marmaï a pris du poids et du galon. ­Romain Duris, du khôl autour des yeux, arbore une collection de médailles et de colliers, autant de trophées de ses bonnes fortunes. Lyna Khoudri, en soubrette, a une présence aussi discrète qu’irrésistible. Louis Garrel, qui ferait un impeccable Capitaine Crochet, relève du miracle en Louis XIII ironique. Éric Ruf est un cardinal plein de sous-

entendus. La Milady d’Eva Green ferait passer la Vesper de Casino Royale pour un personnage de la comtesse de Ségur (ou de Mélissa Da Costa). Vicky Krieps possède les atouts réclamés par son rôle de souveraine tremblante. Tout cela respire la joie de filmer, le plaisir d’être ensemble, produit une vaste bouffée d’histoire. On y pressent la mélancolie qui ne tardera pas à surgir. Il y a une belle clarté de cœur. L’honneur n’est plus un vain mot. Amis, ces quatre le seront pour l’éternité. Chez Dumas, l’éternité dure vingt ans. Le panache est là. On regrettera un peu l’absence de repas arrosés de

claude schopp : « Un mythe assez puissant pour traverser les époques PROPOS RECUEILLIS PAR

bertrand guyard [email protected] et étienne sorin [email protected]

Claude Schopp * est le biographe et bibliographe d’Alexandre Dumas. Il a vu Les Trois Mousquetaires de Martin Bourboulon, et analyse les partis pris de cette nouvelle adaptation.

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LE FIGARO. - Les Trois Mousquetaires doit-il sa postérité au cinéma ? Claude SCHOPP. - Les Trois Mousquetaires devient un mythe dès sa publication en 1844. La première adaptation théâtrale de Vingt ans après est un énorme succès dans des théâtres populaires. Le cinéma va rendre Dumas universel mais va lui faire traverser une mauvaise passe. Les éditeurs le rangent dans la catégorie des livres pour enfants. Le lecteur adulte s’en détourne. Les Trois Mousquetaires est un mythe même pour des gens qui n’ont pas lu le roman, la majorité. Le mythe de l’amitié virile. Le fameux « Un pour tous, tous pour un ! ». Un mythe est assez puissant pour traverser les époques et les frontières. Au cinéma, c’est normal de s’éloigner de l’œuvre originelle. On ne tourne jamais Les Trois Mousquetaires, on tourne un scénario qui s’en inspire. À la différence de Robin des Bois et de Zorro, d’Artagnan ne défend pas les pauvres ni les opprimés. Il défend avant tout l’honneur de la reine…

Charles d’Artagnan n’est pas un idéa­liste. Il est tel qu’Alexandre Dumas le peint, un Gascon, un petit aristocrate qui possède au fond les comportements des petits bourgeois ambitieux du XIXe siècle, l’époque où Dumas rédige Les Trois Mousquetaires. De ce point de vue, il est l’exact contraire d’Athos, un vaincu de l’histoire, qui symbolise toutes les valeurs aristocratiques de son temps, le XVIIe siècle. Dans Le Vicomte de Bragelonne, le dernier volet de la trilogie, d’Artagnan s’allie avec Planchet, son valet, pour devenir marchand de confiseries. Il est l’archétype de l’homme qui veut arriver. Enfin, son attitude vis-àvis de la gent féminine est caractéris­tique de la mentalité du XIXe siècle. Il trompe Milady de façon épouvantable en se faisant passer pour le comte de Wardes. Au fond, c’est un assez drôle de type. Ce qui le rend aimable, supportable, c’est son courage et son humour. Comment trouvez-vous le d’Artagnan campé par François Civil ? François Civil est plein de charme mais je regrette, comme souvent dans les adaptations, que les mousquetaires et le principal soient trop âgés. Mais enfin je n’oublie pas que Gene Kelly et Michael York étaient proches de la quarantaine lorsqu’ils l’ont joué (François Civil a 33 ans, NDLR). Je rêverais de voir à l’écran un d’Artagnan tel que le décrit Dumas. Un Don Quichotte de 18 ans avec un nez un peu crochu propre aux Béarnais.

le découvre facétieux, capable de commettre des perversions presque comiques. Je pense à la scène de torture avec le cru­cifix. ­Porthos reste le préféré de Dumas. Le géant des mousquetaires ressemble au romancier. Il est le moins intel­lectuel mais il est ripailleur, bon vivant, magnifique parfois jusqu’au ridicule.

« Dumas dépeint tout le spectre social : la justice, l’armée ou la banque sont passées à la moulinette », explique Claude Schopp. PHILIPPE MATSAS/OPALE.PHOTO

Et comment jugez-vous Athos, Porthos et Aramis ? Cabossés ! Et c’est très bien. Ce sont des silhouettes à la Jacques Callot (15921635), un dessinateur et graveur lorrain qui nous a laissé Les Grandes Misères de la guerre, des eaux-fortes sur la guerre de Trente Ans. Ils personnifient l’esprit du film de Bourboulon et sont fidèles au portrait qu’en fait Dumas. Athos est toujours le plus âgé et le plus torturé des quatre. Aramis hésite entre l’épée et la religion. Dans cette première partie, on

En revanche, les valets des mousquetaires ont ici complètement disparu. Qu’en pensez-vous ? C’est mon principal reproche. Planchet, c’est l’expression du comique. Les Trois Mousquetaires n’est pas un roman de cape et de l’épée, c’est un roman picaresque. J’oserai affirmer que Dumas a écrit « Le Roman de Planchet ». Il faut se souvenir de Bourvil dans l’adaptation d’André Hunebelle. Le grand acteur joue les faux maladroits avec génie. Il dévore la caméra et même Georges Marchal en d’Artagnan n’existe pas. Bourboulon a voulu faire un film sérieux, épique, et de ce point vue, c’est réussi. Choisir de mettre en avant la lutte avec les protestants, évoquée de façon très superficielle dans le roman, pourquoi pas. Mais, à mon sens, cela manque de profondeur. On sent l’influence de La Reine Margot, de Patrice Chéreau. Ce qui n’a rien de surprenant. Chaque nouvelle adaptation de Dumas est un palimpseste des précédentes. L’humour ne vieillit pas toujours bien. Voyez la version burlesque de Richard Lester dans les années 1970, avec JeanPierre Cassel en Louis XIII très nigaud !

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Un romancier qui crève l’écran Un pour tous et tout Dumas pour le c ­ inéma. Les Trois Mousquetaires, Le Comte de Monte-Cristo, mais aussi La Reine Margot, La Tulipe noire, Le Chevalier de Maison-Rouge, Kean, La Dame de Monsoreau, Le Collier de la reine… Les romans historiques et le théâtre du père littéraire de d’Artagnan nourrissent le septième art depuis les débuts du cinéma muet, il y a maintenant plus d’un siècle. Le grand cinéaste Jean Renoir résumera d’un trait cette prolifique ­ manne dumasienne : « J’avais environ 10 ans quand je découvrais Alexandre Dumas. Je le découvre encore… » La nouvelle relecture par Martin Bourboulon des Trois Mousquetaires a soufflé une belle idée à la Fondation ­Pathé : organiser une riche exposition qui reviendrait sur les adaptations de l’œuvre de Dumas en 24 images/seconde, accompagnée d’une rétrospective en ses murs. Quelque 200 documents, près de 100 extraits de films, des costumes, des accessoires, des photographies, des affiches, des story-boards, des notes de cinéastes, des dessins rassemblés sur trois niveaux plongent le visiteur dans les secrets d’un décor, devant la beauté de costumes et robes faits sur mesure pour la reine Margot ou le prêtre-mousquetaire Aramis.

Troublante Lana Turner

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vin d’Anjou. Haussement d’épaules ­devant Porthos se réveillant entre une fille et un garçon, légère concession à l’air du temps. Dans la suite, peut-être que M ­ ilady s’inquiétera du réchauffement climatique. Elle s’appelle Winter, après tout. ■

Romain Duris, Pio Marmaï, Louis Garrel

Durée 2 h 01 ■ L’avis du Figaro : ○○○¡

FONDATION PATHÉ

campait la machiavélique Milady de Winter. Les nostalgiques verseront aussi une petite larme à l’évocation des Trois Mousquetaires de Bernard Borderie - découpé en deux parties comme la version de Bourboulon -, qui avait eu la piquante idée de confier à M ­ ylène Demongeot la difficile tâche d’incarner ­ ichelieu. La l’espionne du cardinal de R tradition demeure. Aujourd’hui, Martin Bourboulon a choisi Eva Green pour jouer la belle et dangereuse anglaise. Au détour d’une déambulation, parfois souriante quand il s’agit d’une adaptation réalisée par Disney ou de la version des Charlots par André Hunebelle, parfois sanglante lorsque apparaît la robe rouge de sang que portait Isabelle Adjani dans La Reine Margot de Patrice Chéreau, les yeux se posent sur une affiche de Kean (1957), coréalisée par Francesco Rosi et l’immense acteur italien Vittorio Gassman, qui trouve dans ce personnage aussi shakespearien que dumasien un rôle à sa démesure. Un peu plus loin, on croise Alain Delon dans La Tulipe noire et Orson Welles en Cagliostro. Victor Hugo écrivait : « Alexandre Dumas féconde les âmes, les cerveaux, les intelligences… ». Les scénaristes et les cinéastes ne le contrediront pas. ■ B. G. « Alexandre Dumas à l’écran », jusqu’au 15 juillet à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (Paris, 13e). Entrée 7 €.

Un numéro historique Né de l’imagination débordante d’Alexandre Dumas, aidé de sa plume fidèle, Auguste Maquet, Les Trois Mousquetaires emprunte à l’histoire en la distordant pour les besoins de la fiction. Quelle est sa part de vérité ? Qui était vraiment d’Artagnan, alias Charles de Batz ? Qui sont ses fidèles compagnons ? Quels faits ont marqué l’époque ? Le numéro du Figaro histoire, La France des mousquetaires, en rend la lecture éclairante et précise, avec les articles de spécialistes, de Simone Bertière à Jean-Christian Petitfils en passant par Claude Schopp. En vente sur Figaro Store.

Plongez dans l’univers précurseur de

adaptations du célèbre roman d’Alexandre Dumas ont été produites pour le cinéma. La nouvelle saga en deux épisodes (le second sortira le 13 décembre 2023) de Martin Bourboulon a bénéficié d’un budget de 72 millions d’euros.

Le film gomme l’ambiguïté amoureuse entre d’Artagnan et Milady au cœur du roman… Dans le roman, leur relation est très érotique, voire sexuelle. Eva Green est parfaite en Milady de Winter. Et c’est très bien qu’elle ait joué le grand amour malheureux de James Bond dans Casino Royale. Cela marie ces deux épopées. Ici, comme il se doit, elle est effrayante, diabolique, digne des femmes fatales du film noir. Tout l’inverse de Constance Bonacieux, à qui l’actrice Lyna Khoudri donne un joli relief.

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Les scénaristes Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte ont réécrit les dialogues, jugeant la langue intermédiaire de Dumas,

qui n’est ni celle du XVIIe siècle ni celle du XIXe siècle, boursouflée… Elle est boursouflée pour eux car ils n’ont pas l’habitude de manier cette langue-là. Au contraire, pour le XIXe, c’est une langue rapide, qui va droit au but. Je suis de l’avis de Bertrand Tavernier qui affirmait : « Dumas, ses dialogues sont tellement bons qu’on n’oserait pas y toucher ». Il préféra tourner La Fille de d’Artagnan, un bel hommage à Dumas. Après Les Trois Mousquetaires, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte vont adapter et réaliser Le Comte de Monte-Cristo. Quel défi cela représente-t-il ? C’est un roman extrêmement profond. Edmond Dantès est le héros nietzschéen par essence, un surhomme avant le ­surhomme. C’est la grande question de la justice. Monte-Cristo et les Mousquetaires partagent la même interrogation : a-t-on le droit de rendre la justice soimême ? Au fond, les mousquetaires se prennent pour de grands justiciers. Le Comte de Monte-Cristo donne par ailleurs une description acerbe de la société du XIXe siècle. Je vais faire hurler les admirateurs de Balzac mais pour moi elle vaut La Comédie humaine. Les personnages exercent toutes les professions. Dumas dépeint tout le spectre social : la justice, l’armée ou la banque sont passées à la moulinette. Il y a matière à un grand film. ■ * Dernier ouvrage paru : Vies mêlées, le Géorgien d’Alexandre Dumas (Éditions des Équateurs).

Nouvelle colorisation fidèle à l’originale

Ce n’est pas faux. Au fond, Louis XIII, qui a le défaut d’être l’intermédiaire entre deux grands rois, son père Henri IV et son fils Louis XIV, est falot en comparaison. Louis Garrel l’incarne très bien. Il réussit à composer un monarque hé­sitant, non dénué d’humour, et qui cherche tout de même à asseoir son autorité. Mais en fait, c’est la reine, Anne d’Autriche, qui est le personnage important de l’intrigue. Dumas ne pratique pas le roman historique à la Walter Scott, très sérieux. Il y met de la drôlerie, de la fantaisie. Il peint des rois, des comtes, des figures historiques en robe de chambre. Même si Anne reste décente, elle est à la merci de sa lingère pour retrouver ses fameux ferrets.

© Van Hamme - Schréder - Cailleaux / Éditions BLAKE & MORTIMER / Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.) 2023

et les frontières »

LA SUITE DU RAYON “U” D’APRÈS LES PERSONNAGES D’EDGAR P. JACOBS Un petit bijou aussi romanesque que vintage. AU RAYON BANDE DESSINÉE A

« Les Trois Mousquetaires : d’Artagnan » Aventure de Martin Bourboulon Avec François Civil, Vincent Cassel,

Dans cet écrin, la figure de d’Artagnan est omniprésente. Pour l’incarner, il faut posséder des qualités d’acrobate. Douglas Fairbanks sera l’un des premiers acteurs à l’immortaliser dans Le Masque de fer d’Allan Dwan en 1929. Un peu plus de vingt ans après, Gene Kelly, légendaire danseur de Hollywood, prend sa suite dans le film de George Sidney, futur réalisateur de ­Scaramouche, le plus beau film de cape et d’épée jamais tourné. Ses duels acrobatiques sont restés dans l’histoire et peuplent les souvenirs de ses admirateurs qui se rappellent aussi que la troublante Lana Turner

L’affiche de Kean, de et avec Vittorio Gassman, et Francesco Rosi, en 1957. COLLECTION

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« About Kim Sohee » la stagiaire ne répond plus la réalisatrice July Jung plonge dans le monde infernal des centres d’appels à travers l’histoire tragique d’une étudiante sous pression. Une enquête passionnante tirée d’un fait divers qui a défrayé la chronique sud-coréenne. Olivier Delcroix £@Delcroixx

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i­nhumaines, sans oublier des objectifs de plus en plus difficiles à atteindre. La pression grimpe. Une suite d’événements s­uspects au sein de l’entreprise finit par attirer l’attention des autorités. En charge de l’enquête, l’inspectrice Yoo-jin (l’excellente Doona Bae vue ­ dans Les Bonnes Étoiles de Kore-Eda) va être profondément ébranlée par ses ­découvertes au fil de ses investigations.

bout Kim Sohee commence comme un film pour ados. Jeune lycéenne pleine de joie et d’insouciance, Kim Sohee (dont le nom très ­fréquent en Corée du Sud est l’équi­valent féminin de Jean Dupont) passe son temps à danser, sourire aux lèvres, Sentiment d’injustice avec un appétit de vivre qui fait chaud au cœur. Dans un bar, elle rembarre des Présenté en compétition au Festival garçons qui se moquent de sa copine Reims Polar (dont la troisième édition devenue influenceuse sur le web. Au se déroule jusqu’au 9 avril), About Kim lycée, son professeur principal la Sohee est le second film réalisé par la convoque pour lui annoncer une bonne jeune cinéaste sud-coréenne July Jung. nouvelle : il lui a trouvé un stage de fin Drame social en forme de polar d’études dans une entreprise de ­opiniâtre, plus fort encore que A Girl at ­téléphonie très cotée. my Door (son premier film présenté Dès son premier jour, la jeune fille dans la sélection Un certain regard à doit déchanter : on la coince dans un Cannes il y a sept ans), cette intrigue espace compartimenté, un écran face à ­tirée d’un véritable fait divers se révèle elle et un casque sur les oreilles, « qui une implacable charge romanesque est désormais son arme ». Dans ce virulence n’a d’égal que le dont la ­ centre d’appels bourdonnant d’acti­ ­ ­sentiment d’injustice qu’elle suscite, au vité, Kim Sohee (Kim Si-eun) passe vite vu de l’ignominie des méthodes de ses journées à répondre à de pauvres travail instaurées en Corée du Sud. ­ gens qui v ­eulent résilier leur abon­ Celles-ci ravivent d’ailleurs certains ­ nement i­ nternet. À l’aide d’une batterie souvenirs dramatiques en France, de phrases toutes faites et d’une ­­comme la v ­ ague de suicides qui eut lieu rhéto­rique insidieusement dilatoire, la à France Télécom au début des années ­stagiaire doit subtilement empêcher ces 2010. personnes d’aller au bout de leur Présente en France pour accom­ ­démarche. pagner la sortie de son long-métrage, la En quelques mois, le moral de la réali­ satrice July Jung raconte avec ­jeune héroïne décline fortement sous simpli­cité comment lui est venue l’enle poids de conditions de travail vie d’un tel film. « J’ai entendu parler de

Pour son stage de fin d’études, la jeune lycéenne Kim Sohee (Kim Si-eun) intègre une entreprise de téléphonie. Arizona Films Distribution

cette a ­ ffaire en 2020, souligne-t-elle. Mais les faits r­ emontaient déjà à 2017. Ce qui m’a le plus surprise, c’est que le ministère de l’Éducation nationale avait validé l’envoi de nombreux lycéens dans ces centres d ­ ’appels. J’avais vraiment besoin de comprendre. »

« Déshumanisation progressive »

En 2017, la Corée du Sud se passionne pour le procès en destitution de la ­présidente Park Geun-hye. Le calvaire d’une jeune stagiaire passe inaperçu. Pourtant, à la faveur d’un reportage ­télévisé, la cinéaste découvre l’histoire de Sue Yeon, la victime réelle dont s’inspire le film. « Le journaliste avait rencontré les amis de cette malheureuse lycéenne, se souvient July Jung. Son entourage criait son incompréhension, ­ sachant que cette jeune fille si vaillante respirait la joie de vivre. Cela m’a bouleversée. Je me suis alors attachée à ­montrer le processus de destruction progressive à l’œuvre dans ces entreprises. J’ai décrit de la manière la plus réaliste possible l’engrenage de cette broyeuse inhumaine. Je voulais démonter les rouages du système, sans la moindre ­ exagération. La déshumani­sation y est

progressive. De plus, filmer les espaces compartimentés, en forme de petites boîtes, était visuellement très intéres­ sant. Cela rappelle un peu Brazil, le film orwellien de Terry Gilliam… » Construit en deux parties, About Kim Sohee « n’a pas bien démarré lors de sa première semaine d’exploitation en ­Corée, face à Ant-Man, sourit la réali­satrice. Pourtant, malgré le fait que l’on ait réduit d’un tiers sa présence en salle, le film s’est installé. Le bouche-à-oreille a fait le reste. Le film a fini par dépasser le blockbuster de Marvel au box-office. Quelle revanche ! Le corps professoral s’est mobilisé. Les politiciens ont ­commencé à parler du sujet. Mon film a provoqué une prise de conscience en ­Corée du Sud. C’est comme ça que je me suis rendu compte que le cinéma possédait encore un grand pouvoir ». Depuis, une loi sur l’encadrement des stages en entreprises a été votée. Elle s’appelle la « loi Kim Sohee ». ■

« About Kim Sohee » Drame de July Jung Avec Doona Bae, Kim Si-eun Durée 2 h 17 ■ L’avis du Figaro : ○○○¡

« L’établi » : les camarades sont fatigués cette adaptation du récit de Robert Linhart sur la condition ouvrière manque de nerf. le service minimum. Éric Neuhoff [email protected]

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Chant des pistes du désert australien

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S 2 : il ne s’agit pas d’un nouveau produit infor­­­ma­ tique. À l’époque, cela ­voulait dire ouvrier spécia­lisé de deuxième catégorie. En 1968, un agrégé de philosophie se fait embaucher à la chaîne dans l’usine ­Citroën porte de Choisy. On appelait ça des établis. Le normalien espère convertir ses collègues aux idées révolution­naires. La plupart ne veulent plus entendre parler de politique. Passer sa journée à monter des carcasses de deux-chevaux, le militant n’est pas vraiment fait pour ça. Il découvre les cadences infernales. On le surnomme « la Momie », car ses mains d’intellectuel sont bientôt ­enveloppées de bandes Velpeau. À l’atelier règnent le racisme ordinaire, la misogynie ­banale. Les syndicats ne sont pas à la hauteur. Les maoïstes distribuent des tracts, sont agressés par les vigiles. Les insoumis se réunissent au PMU voisin. Le pauvre professeur en voit des ­vertes et des pas mûres. Par chance, sa femme est pharmacienne. Cela met du beurre dans les épinards. Mélanie Thierry se partage entre son officine et les assemblées générales dans son s­alon. Il n’a plus le temps de jouer avec son fils. Sa maman s’inquiète. Elle le croit toujours enseignant à l’université. Lorsque la direction décide de ne plus respecter les accords de ­Grenelle, la grève se déclenche. Olivier Gourmet apparaît en curé cégétiste. ­Denis ­Podalydès fait le sale chef à lunettes. Mathias Gokalp adapte de façon un peu scolaire le récit de Robert Linhart (1978) sur lequel la voix off jette une lumière cruelle. Le film file un ton ­ vaguement atone, frôle le documen­ ­ taire, souffre visiblement d’un manque de moyens (on a l’impression que les

Julien Panié/Le Pacte

Exposition 4 avril — 2 juillet 2023

Swann Arlaud dans le rôle de Robert Linhart, un jeune normalien maoïste dans une usine Citroën après Mai 68. protagonistes bricolent toujours sur la même voiture). L’image est granuleuse, pour restituer le parfum de ces années où Eddy Merckx courait le Tour de France. Tout cela finira en pyjama dans un hôpital psychiatrique. Le grand soir a un prix, camarade. L’ensemble souffre aussi de la mine meurtrie qu’affiche Swann Arlaud, triste comme un jour sans pain, épaules voûtées, tête perpétuellement baissée. La misère du monde pèse sur cet acteur devenu mono­ ­ lithique, qui troque la combinaison à fermeture éclair de l’agriculteur pour le bleu de travail. ­ Après ­Petit paysan, Petit ouvrier ? ■

« L’Établi » Drame de Mathias Gokalp Avec Swann Arlaud, Mélanie Thierry, Denis Podalydès, Olivier Gourmet

Durée 1 h 57 ■ L’avis du Figaro : ○◐¡¡

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Hôtel Miramar. L’un des rares boutique-hôtels de la ville et point de chute abordable, installé en front de mer du côté du port Hercule. À partir de 198 € la nuit en chambre double. 1, avenue J. F.-Kennedy, 98000 Monaco. Tél. : +377 92 00 21 00 ; hotelmiramar.mc/fr/

maona

Club La Vigie. La célèbre pointe de la Vigie se transforme en club de jour et restaurant méditerranéen en front de mer à partir du 2 juin prochain. Monaco Beach Club, avenue Princesse-Grace, 06190 RoquebruneCap-Martin. Tél. : +377 98 06 52 52 ; montecarlosbm.com

Maona. Toujours au Monte-Carlo Beach Club, une cuisine monégasque et une programmation musicale qui évolue tout au long de la soirée. Son bar proposera des créations hommages aux différents quartiers monégasques. Ouverture à l’été 2023. Elsa. La chef Mélanie Serre, « Grande de demain 2023 » par le Gault & Millau, reprend les commandes du restaurant bio du Monte-Carlo Beach Hotel. Giacomo. La trattoria monégasque à la décoration colorée, carte renouvelée tous les mois et plats authentiques, à déguster les pieds dans le sable. Prix moyen à la carte : 25 €. Plage du Larvotto, 98000 Monaco. Tél. : +377 99 92 12 55 ; bigmammagroup.com

VISITER

Le palais princier. Pour y découvrir les fresques de la Renaissance récemment mises au jour. Tarifs : 10 € (adulte), 5 € (enfant). Palais des princes, 98000 Monaco. Visitepalaisdemonaco.com Galerie Hauser & Wirth. Au One Monte-Carlo, place du Casino, 98000 Monaco. Tél. : +377 92 00 04 20 ; hauserwirth.com

LIRE

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Après Tulum, la Provence ou encore Mykonos, c’est Monte-Carlo qui fait l’objet d’un ouvrage dans la collection « Travel » des Éditions Assouline. Un beau livre de 296 pages dans lequel la journaliste Ségolène Cazenave Manara fait voyager ses lecteurs, au sein de ce « promontoire rocheux chargé de culture et d’histoire ». Monte-Carlo, Ségolène Cazenave Manara, Assouline, 105 €.

Alors que des restaurateurs s’affairent à mettre au jour des fresques de la Renaissance dans les plafonds du palais princier, de nouvelles adresses inventent un art de vivre plus contemporain, attractif, dépoussiéré… loin des stéréotypes éculés. Raphaëlle Elkrief Monaco

C’

est une petite bande de terre pleine de paradoxes. Deux kilomètres carrés seulement où se jouent les extrêmes. Le béton et les polders d’un côté, la défense de l’océan et de la biodiversité de l’autre. Les sous-sols et les gratteciel. Sous l’égide d’une famille princière proche de ses sujets et tout à la fois inatteignable. Un territoire où cohabitent près de 130 nationalités et qui préserve ses traditions, son identité. Ne seraient-ce pas ces extrêmes qui font la spécificité monégasque ? Voyez plutôt. Alors que des restaurateurs s’affairent à mettre au jour des fresques de la Renaissance recouvertes dans les plafonds du palais princier, de nouvelles adresses, ouvertes dans les mois à venir, entendent inscrire la Principauté dans un tourisme plus authentique, dans l’air du temps. Loin des stéréotypes et des clichés (yachts, casino, événements mondains) qu’elle a toujours charriés. Début juin, en plein cœur de la pinède du très chic Monaco Beach Hôtel, La Vigie viendra ressusciter un esprit Riviera des années 1960, bohème, les pieds dans l’eau. Quelques mètres plus loin, le restaurant Maona, une villa terrasse pensée comme un cabaret à ciel ouvert, mettra à l’honneur le patrimoine culinaire de la ville. Les collaborateurs, ainsi que leurs parents et grands-parents, ont été invités à partager les recettes familiales locales, proposées à la carte. Deux adresses sous l’égide de la célèbre Société des bains de mer, qui construit depuis 1863 l’histoire touristique de Monaco.

tête du groupe du même nom. Le Monégasque, qui a repris l’entreprise familiale d’import-export de viande, connue pour avoir introduit en Europe les viandes les plus luxueuses du monde, possède aujourd’hui une douzaine d’établissements dans la Principauté et multiplie les ouvertures. Quatre cette année. Parmi elles, Babek, le premier kebab du Rocher à quelques pas du port Hercule, ou encore LeafBar, la version 100 % vegan de son célèbre BeefBar. « Nous avons également lancé notre propre Deliveroo, dont le service n’existait pas dans la Principauté, explique-t-il. Notre ambition est de proposer des services et des tables aux résidents. Notre responsabilité est d’offrir la meilleure qualité de vie à ceux qui vivent ou travaillent ici toute l’année, mais aussi aux touristes qui viennent découvrir la région. » Une ambition partagée par les acteurs, grands groupes et indépendants, qui

Entre pinède et Méditerranée, le très chic Monte Carlo Beach Hôtel.

entendent renforcer la « destination Monaco » aujourd’hui. Et qui, ils l’assurent, opèrent en bonne intelligence pour offrir des expériences les plus diverses. L’an dernier, sur la toute nouvelle plage du Larvotto, récemment repensée par l’architecte Renzo Piano, c’est l’enseigne Big Mamma, présente à Paris, Londres, Bordeaux ou Marseille qui choisissait Monaco pour poser ses valises et installer Giacomo, son dernier restaurant. « Riccardo Giraudi a raison, Monaco est un village dans lequel tout le monde a à cœur de sortir du cliché des voitures de luxe de la place du Casino, explique son cofondateur, Tigrane Seydoux. Il existe une clientèle, à la fois locale et touristique, qui a d’autres aspirations, et c’est notre volonté à tous de pouvoir y répondre dans tous les aspects de la vie quotidienne. » Et effectivement, l’agenda est chargé. Très chargé même, pour un pays plus

Communication SBM

Babek. Le premier kebab de la Principauté. La viande de veau peut être remplacée par un poulet tikka ou un kebab végétal. Formule à partir de 12,90 €. 20, rue Princesse-Caroline, 98000 Monaco. Tél. : +377 97 77 09 78 ; babek-kebab.com

Monaco, le Rocher derrière les clichés

petit qu’un arrondissement parisien qui concentre un nombre impressionnant d’événements sportifs et culturels. En attendant la Monaco Art Week de juillet prochain et l’exposition consacrée à Monet au sein du Grimaldi Forum, la galerie d’art suisse Hauser & Wirth, qui a installé une antenne près de l’Hôtel de Paris en 2021, expose les œuvres de la portraitiste Amy Sherald jusqu’au 15 avril prochain. « La Société des bains de mer, c’est 700 événements par an, assure Pascal Camia. C’est notre contrepartie pour avoir le monopole des jeux dans la ville : nous devons y faire vivre le divertissement. » On se souvient d’Alicia Keys en 2022 se produisant sur la scène de la place du Casino, d’Iggy Pop au Grimaldi Forum. Sting a signé pour l’édition 2023 du MonteCarlo Summer Festival. Des artistes internationaux délaissant les stades pour venir se produire à Monaco ? La mission semble être accomplie. ■

Améliorer la qualité de vie « Nous poursuivons le travail de nos prédécesseurs. Développer des établissements qui conservent l’ADN de Monaco tout en réinventant un art de vivre, plus contemporain, plus attractif, notamment auprès des jeunes générations », affirme son directeur général, Pascal Camia. Une mutation entamée il y a une dizaine d’années par l’entreprise (dont l’État de Monaco et LVMH sont actionnaires) et qui s’incarne aujourd’hui dans une nouvelle manière d’aborder le luxe et la haute gastronomie. Plus conscients, plus responsables. La jeune chef Mélanie Serre a pris l’an dernier les commandes au Monte-Carlo Beach d’Elsa, restaurant certifié 100 % bio et pêche sauvage. Au Monte-Carlo Bay, le chef doublement étoilé Marcel Ravin joue, lui, avec les saveurs des fruits et légumes de saison de son potager. « Monaco est une destination de premier plan pour les plus grands chefs étoilés, explique la journaliste Ségolène Cazenave Manara, qui publie ces jours-ci un beau livre sur Monte-Carlo au sein de la prestigieuse collection « Travel » de la maison d’édition Assouline. Mais ces derniers temps, des dizaines de tables poussent dans tous les quartiers de la ville. Grâce à une histoire intimement liée à la haute gastronomie, la cité a développé un véritable sens de l’accueil que l’on retrouve intact jusque dans ces adresses plus accessibles. « À Monaco, on a longtemps eu le choix entre des tables étoilées ou des trattorias familiales. Il y avait peu de propositions à mi-chemin, à la fois accessibles et créatives », décrypte Riccardo Giraudi, à la

A

SE RESTAURER

Maison Fonfon. Cette nouvelle table du quartier de Fontvieille propose une gastronomie locale modernisée, comme des barbajuans, ces beignets salés frits farcis aux blettes. Plats de 24 à 110 €. 8, quai Jean-Charles-Rey, 98000 Monaco. Tél. : +377 92 05 77 33 ; maison-fonfon.com

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SÉJOURNER

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CARNET DE ROUTE

voyage

mercredi 5 avril 2023

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Style

Le Pantalon de travail, des chantiers à TikTok Matthieu Morge Zucconi [email protected]

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ertains urbains prévoiraientils de renoncer à la bipédie ? La question se pose : les suiveurs de tendances sont de plus en plus nombreux à adopter le pantalon en coton solide, renforcé aux genoux par une couche de tissu supplémentaire fixée par des rivets apparents. Le « double knee » (pour « double genou », en VF), comme l’ont surnommé les Américains qui l’ont inventé, est historiquement destiné aux ouvriers travaillant au sol - le frottement pouvant abîmer les pantalons ordinaires, ces renforts sont censés allonger la durée de vie de leur vêtement. Née à la fin du XIXe siècle dans le Michigan, la griffe spécialisée dans l’équipement professionnel Carhartt met au point sa salopette à genoux doublés en 1939, et la décline en pantalon dans les décennies suivantes. Le modèle conquiert, au cours des années 1990, les skaters en quête de tenues solides et les rappeurs, qui l’apprécient trois tailles trop grand. Imité par les autres marques de vêtements de travail et proposé dans de nombreux tissus (du denim au « duck canvas », la toile épaisse emblématique de Carhartt), il continue, depuis sa création, d’habiller les ouvriers. Ces derniers temps, par un phénomène de récupération dont la mode masculine est coutumière, ce pantalon a dépassé le simple cadre du workwear pour envahir la garde-robe d’hommes qui

passent le plus clair de leur temps assis devant un ordinateur. « C’est vrai que je n’ai pas ce qu’on pourrait appeler un travail manuel, sourit Thomas, la trentaine, directeur artistique dans la publicité, qui le possède en trois couleurs. Mais je fais pas mal de vélo, j’ai parfois besoin de mettre des choses dans mes poches, et, surtout, j’aime qu’il soit disponible dans plusieurs tissus. Et, évidemment, sa solidité est un point plus que positif. » Aujourd’hui adopté par les urbains, les fans du rappeur Travis Scott, qui ne porte que ça, ou presque, et les adeptes de TikTok, où se multiplient les vidéos le mettant en scène, le « double knee » est partout. Il est par définition solide, disponible dans un large éventail de tailles, et, surtout, accessible (un modèle Dickies neuf coûte autour d’une cinquantaine d’euros, hartt un peu plus l’équivalent chez Car­ d’une centaine). Et, ainsi, est devenu une alternative aux chinos et jeans bruts, omniprésents dans le vestiaire depuis que le costume n’est plus obligatoire au bureau. « Les vêtements de travail sont toujours une catégorie populaire auprès de nos clients, des vestes aux pantalons cargo, décrypte Olie Arnold, directeur du style pour l’e-commerce de mode masculine Mr Porter. Les hommes préfèrent une mode fonctionnelle, perçue comme pratique et élégante. Or, ce “double knee” a une esthétique forte et désormais classique. » Après la réappropriation du bleu de travail par les bobos, c’est donc au tour du pantalon de charpentier de fasciner une population qui travaille majoritairement dans le tertiaire. Selon le professeur An-

Splash News/ABACA, P1, Mr Porter, Loewe

Né il y a près d’un siècle, le « Double Knee » de Carhartt, originellement destiné aux ouvriers, fait un carton auprès des urbains qui ne savent pas se servir d’un tournevis. Il inspire même les marques de luxe…

En 2018, la photo prise à New York de l’acteur Daniel Day-Lewis en total look Carhartt a fait le tour d’internet et relancé la mode du double knee.

drew Groves, directeur de la Westminster Menswear Archive (les archives de mode masculine rattachées à l’université de Westminster, au Royaume-Uni), « les vêtements de travail permettent aux hommes de rejeter les tendances, dans lesquelles ils perçoivent des connotations féminines. Ils adoptent la présumée authenticité du workwear, qui symbolise pour eux ce que signifie être masculin. L’ironie, bien sûr, c’est qu’il y a autant de tendances dans cette catégorie que dans n’importe quelle autre… »

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© FLORIAN CORCOS

Le cas Daniel Day-Lewis Cet attrait, qui ne date pas d’hier (en 2018, une photo de l’acteur cordonnier Daniel Day-Lewis en tenue complète de Carhartt avait fait sensation sur les sites spécialisés), a pris une ampleur sans précédent depuis la fin de la pandémie. Sans doute faut-il voir dans le vêtement de travail l’une de ces fameuses valeurs refuges… « Pendant le confinement, contrairement à la plupart des employés, les ouvriers de la construction étaient de retour sur les chantiers dès l’été 2020. Donc si vous faisiez votre promenade quotidienne durant cette période, ils étaient les seuls travailleurs que vous voyiez dans les zones urbaines, analyse le professeur Groves. Par conséquent, nous sommes devenus très attentifs à leur look, et pour certains hommes, qui se sentaient émasculés en restant chez eux en jogging, ces vêtements qui promettaient l’authenticité d’un “vrai” travail sont devenus très désirables. » En conséquence, on les trouve aujourd’hui non seulement chez les spécialistes du genre, comme Stan Ray, Dickies et surtout Carhartt (qui le décline même en denim), mais aussi dans les collections des jeunes créateurs (Karu Research, en version brodée à l’indienne, ou Sky High Farm Wear) ou du prêt-à-porter (Lemaire, Fursac). Et même chez les marques de luxe, de Loewe à Louis Vuitton (en version monogrammée) et Givenchy (qui présentait lors de son dernier défilé homme des pantalons de laine aux détails « double knee »). En seconde main, les prix des modèles Carhartt vieillis par de vrais ouvriers, et prêts à vivre une nouvelle vie dans l’ambiance feutrée de bureaux parisiens, londoniens ou new-yorkais, atteignent plusieurs centaines d’euros. Une folie dont se moquent fréquemment les internautes. Il y a quelques jours, un tiktokeur américain se filmait en train de remercier des ouvriers de chantier, avec la mention : « Ces héros portent les pantalons Carhartt avant qu’ils deviennent vintage »… Un trait d’humour qui a généré plus de 800 000 likes et 4,6 millions de vues à l’heure de l’écriture de ces lignes. ■

De haut en bas : modèle Carpenter en daim embossé de Louis Vuitton, 5 650 € ; brodé main de Karu Research, 430 €, sur Mr Porter ; en coton de Loewe, 820 € ; brodé à sequins de Sky High Farm Wear, 595€, sur Mr Porter.

le figaro

Télévision

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« L’école de la vie » : julie de bona passe au tableau La série produite par nagui revient avec une nouvelle enseignante de choc. Sous le signe de la transmission, ce portrait n’élude pas le blues de l’éducation nationale. constance jamet £@constancejamet

J

«

e n’étais pas douée en français. Me voir offrir un rôle de prof de lettres, cela m’a déstabilisée et a fait remonter toutes mes angoisses du lycée », reconnaît Julie de Bona, qui s’est soignée en bachotant ses textes et en discutant longuement avec une enseignante proche des auteurs de L’École de la vie. Tête d’affiche de cette deuxième saison, elle est pourtant d’un naturel désarmant et met un tigre dans le moteur d’une série sympathique mais qui ne trouvait pas vraiment la bonne carburation. La vedette des Combattantes et du ­Bazar de la Charité succède à Guillaume Labbé en tant que prof principale. La ­comédienne campe Alexandra Delage, une enseignante de français comme on en rêve. Elle encourage ses élèves à apprendre les ○○○¡ figures de style en lisant… la presse à scandale ! Et voue, dans le même temps, une passion au théâtre classique. À l’écoute de sa classe, elle scrute le moindre vague à l’âme chez ses élèves. Mais celle qui aime secourir les autres va devoir apprendre à demander de l’aide à son tour quand le spectre de la maladie se profile. De la première saison, la série produite par Nagui pour France 2 conserve la structure un brin superficielle : un épisode, un élève, un problème de société. Ces six chapitres abordent les questions d’addiction à la drogue, de deuil adoles-

cent, d’exhibitionnisme, de bipolarité, de déterminisme social avec le sort des enfants placés… Toutefois, l’humour est davantage présent et bienvenu.

« Je ne m’attendais pas à être aussi bouleversée »

« Alexandra n’est pas endeuillée et plongée en pleine déprime comme l’était notre héros précédent, Vincent Picard, devenu veuf. Elle est bien entourée par son nouveau compagnon, son fils et même son ex. Le français se prête aussi mieux que l’histoire-géographie pour trouver des points d’entrée originaux qui parlent aux élèves », décrypte la productrice, Stéphanie Chartreux, qui promet que les spectateurs trouveront aussi des bribes de cours plus traditionnels sur Balzac, Camus, Edmond Rostand. « Mon personnage n’a pas de baguette magique, elle ne résout pas les ennuis de ses élèves d’un coup. Leurs préoccupations si complexes font écho à ses propres failles. Alexandra entend leur détresse et sait que la littérature, les auteurs qu’elle cite peuvent leur apporter beaucoup. Cette série ne donne pas de leçons, mais des pistes de discussion », salue Julie de Bona. Sans aborder de front la crise de vocation qui frappe l’Éducation nationale, la salle des profs de L’École de la vie bruisse de mécontentements. Faute de remplaçant, l’impitoyable proviseur Carole Mine (Florence Pernel) doit reprendre du service. La surprise, c’est que la très autoritaire gestionnaire du lycée est prof de dessin. Un sacré décalage !

21.10

Dans L’École de la vie, Julie de Bona campe Alexandra Delage, une enseignante de français à l’écoute de ses élèves comme on en rêve. Gilles Gustine/FTV/FICTION’AIR

À l’heure où l’enseignement ne fait plus rêver, où les conditions de travail se sont détériorées, le feuilleton rend un bel hommage au rôle essentiel de la transmission et à un métier qui accompagne les jeunes autant, si ce n’est encore plus, que leur famille. « Je ne m’attendais pas à être aussi bouleversée de donner la réplique à des ados de 15 à 16 ans. C’est un âge charnière de construction avant le passage à la vie

d’adulte. En jouant avec eux, un échange s’est opéré. J’ai pu me connecter à cette génération Z qui a tellement été mise à mal ces dernières années. Ils ne demandent qu’à être réveillés », souligne Julie de Bona, dans l’empathie que son personnage. Fan du film culte Le Cercle des poètes disparus, où brillait Robin Williams, la comédienne retrouve un peu de cette utopie et de cette pédagogie sortant des clous dans L’École de la vie. ■

Ces femmes qui ont noyé la pieuvre

LA série « The good mothers » retrace l’histoire vraie des celles qui ont brisé l’omerta. Un point de vue féminin fascinant.

MOTS CROISÉS PROBLÈME N° 6257

HORIZONTALEMENT

Par Vincent Labbé 1

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1. Auteur inférieur. - 2. Modèle de la Joconde. Ne retient pas les leçons mais a tout de même raconté ses mémoires. - 3. Conduites d’eau hors d’usage. - 4. Sa concierge était une pipelette. Arête dans la gorge. - 5. Homme de précision suisse. Sevra Dionysos. - 6. L’enfer de Dantès. Jour pris en contes. - 7. On le dépasse en le doublant. Origine du rhésus. - 8. Il est issu de Dédale. Cerveau en bataille. - 9. Le plein d’essence. Vachement nourrissant. - 10. Dément. Peut protéger un fou. - 11. Office chez nous, personne outre-Manche. Forme d’avoir. - 12. Ils remplacent les blessés sur le terrain.

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VERTICALEMENT

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1. Artiste qui arrange les portraits. - 2. Passage du gaz à l’eau. - 3. S’emploie couramment. Il nous est proche. - 4. Familier d’une bombe de l’entre-deux-guerres. Deux fois cent. Troisième sous sol. Partie de flipper. - 5. Coucou d’Amérique. Elle tombe des nues en montant. - 6. Des bœufs. Personne manipulée. - 7. Vont descendre en flammes. - 8. Dîners copieux en joyeuse compagnie.

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MOTS À CASER

SUDOKU

Placez les mots de la liste dans la grille ci-dessous.

2 LETTRES EO EP ER LÉ NI RC

ETC ÉTÉ PRO SON TEE TSF

SITE TACT URNE

5 LETTRES ARÈNE BUTÉE 4 LETTRES NOIRE 3 LETTRES AREC SÉNAT ACE COUR TABOU BOL CUIR TAPIS ENA EXPO TIRER ÉON ÎLET

6 LETTRES ÂPRETÉ ARPÈTE ERRONÉ PAÎTRE 7 LETTRES CONTACT CRÉATIF 8 LETTRES BÉTONNER RABIOTER

RAINETTE RÉCOLTER TSARISTE 9 LETTRES APPARENCE ENTRETUER EXASPÉRER JEANNETTE JETTATURA

En partant des chiffres déjà placés, remplissez les grilles de manière à ce que chaque ligne, chaque colonne et chaque carré de 3 x 3 contienne une seule et unique fois tous les chiffres de 1 à 9.

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HORIZONTALEMENT 1. Matefaim. - 2. Égalable. - 3. Truitées. - 4. Aorte. As. - 5. CEI. Sali. - 6. Acné. Rée. - 7. Ro. Vers. - 8. Pleine. - 9. Iota. EPO. - 10. Égine. Os. - 11. Nié. Vine. - 12. Servante.

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VERTICALEMENT 1. Métacarpiens. - 2. Agro-écologie. - 3. Taurin. Étier. - 4. Élit. Évian. - 5. Fates. En. Eva. - 6. Abe. Arrée. In. - 7. Iléales. Pont. - 8. Messie. Dosée.

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SOLUTION DU PROBLÈME N° 6256

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Mercredi 5 avril

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2022 Wildside/House productions LTD/ Claudio Iannone

solitude. S’il a été impossible pour les producteurs et les acteurs, pour des raisons de sécurité, de rencontrer les femmes ayant inspiré la série, l’équipe a pu s’entretenir avec un repenti et des psychologues qui ont eu certaines de Huis clos oppressant ses victimes à soigner. Filmée en Calabre (même si certains « J’espère que notre fiction donnera lieux de tournage trop risqués ont dû de l’espoir aux femmes en leur monêtre substitués par d’autres), cette sétrant qu’il existe un moyen d’échapper rie, qui s’inspire de l’enquête du jourà la ’Ndrangheta, de briser le cercle vinaliste Alex Perry, saisit la sauvagerie. cieux qui s’abat de génération en généCelle des paysages et des hommes qui ration et d’obtenir justice, résume l’acimposent l’omerta à leur entourage. La trice Gaia Grace. Ces femmes n’ont pas caméra ne s’aventure jamais choisi ce destin. Elles sont nées du côté des parrains et de leurs dans la mafia. Encore une fois, conciliabules. Elle reste avec les actions des hommes ont des les femmes dans un huis clos répercussions que d’autres en○○○◐ oppressant d’incertitude et de durent pour eux...» C. J. Pieuvre que tente d’exploiter la procureur Anna Colace, récemment mutée en Calabre. Si elle peut convaincre ces femmes de se confier, les réseaux pourront enfin être démantelés.

GRILLE 4321

Gaia Girace incarne une jeune femme née dans la mafia calabraise.

fille, Denise (Gaia Girace, aussi farouche que dans L’Amie prodigieuse). Un soir, Lea se volatilise. Denise soupçonne son père et ses hommes. Comment le prouver sans se mettre en danger ? Aux yeux de son paternel, la lycéenne n’est bonne qu’à se marier. Un destin auquel n’a pu échapper l’infortunée Giuseppina Pesce. Elle travaille, sans plaisir ni reconnaissance, comme coursier pour son clan. Trentenaire, mère de trois enfants, elle vit sous la menace constante des coups de son père et des réprimandes et menaces de son mari emprisonné auquel elle doit rendre visite chaque semaine. Si sa liaison avec une petite frappe s'ébruite, c'est la mort assurée. Autant de fragilités, de failles pour la

DIFFICILE

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uand les hommes choisissent la Camorra, les femmes et les enfants trinquent. Dans l’univers des séries mafieuses, The Good Mothers explore un angle mort. Primée au Festival du film de Berlin, la coproduction anglo-italienne de Disney+ évoque la terrible ’Ndrangheta, la mafia calabraise, à travers l’histoire vraie des femmes qui ont osé la défier. Ces mères, ces épouses et ces filles de parrains se sont rangées du côté des autorités. Après plusieurs années à vivoter dans le programme de protection des témoins sans perspective d’avenir, Lea Garofalo renoue avec son époux pour qu’il puisse apprendre à connaître leur

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mercredi 5 avril 2023 le figaro

36 télévision

météo

Tous les programmes dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE 21.10

21.10

The Resident

21.00

L’école de la vie

Série. Dramatique

ÉPHÉMÉRIDE Ste-Irène Soleil : Lever 07h19 - Coucher 20h27 - Lune croissante

MATIN Coincés

Football : Coupe de France

Série. Dramatique

par

Sport

-1

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0 4

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EU. 2021. Saison 5. Avec Matt Czuchry. 2 épisodes. Inédit. Un jeune garçon atteint d’une maladie rare est admis à l’hôpital. Devon doit prendre d’importantes décisions concernant l’avenir de sa carrière. 22.50 New York Unité Spéciale. Série. Et l’empire contre-attaque - Le grand ménage - La gardienne des anges

21.09

Blacklight

Fra. 2022. Saison 2. Avec Julie de Bona, Bruno Sanches. 2 épisodes. Inédit. Alexandra Delage, professeur de français, arrive au lycée Arago. Cette enseignante se distingue tout de suite par son caractère plein d’empathie envers les élèves.

Demi-finale : Nantes - Lyon. En direct. En direct du Stade de la Beaujoire à Nantes. Les Nantais, tenants du titre, tenteront de se qualifier pour une nouvelle finale face aux hommes de Laurent Blanc. En quart, l’Olympique Lyonnais a battu le club de Grenoble.

23.05 Comme des chefs. Doc. Un concours de cuisine

23.05 Réseau d’enquêtes. Magazine. La thérapie des profondeurs

20.55

21.10

Film. Comédie dramatique

Jeu

L’auberge espagnole

Film. Action

EU/Aus/Chn. 2022. Réal. : Mark Williams. 1h44. Avec Liam Neeson. Habituellement utilisé en dernier ressort dans des situations périlleuses, un agent du FBI fait face à un complot impliquant son propre supérieur. 22.51 Poker Face. Film. Thriller. Avec Russell Crowe.

Fra/Esp. 2002. Réal. : Cédric Klapisch. Avec Romain Duris. Parti en Espagne pour finir ses études, un Français emménage dans un appartement avec un groupe de jeunes Européens et découvre la ville de Barcelone. 22.55 Dorian Gray, un portrait d’Oscar Wilde. Documentaire.

Top chef

Prés. : Stéphane Rotenberg. Des plats de cantine aux desserts réconfortants, les candidats doivent faire appel à leurs souvenirs d’enfance, les meilleurs comme les pires. Dans l’épreuve qualificative, ils affrontent le chef Etchebest autour des légumes verts. 23.20 Top chef : la brigade cachée.

20.32 Touche pas à mon poste ! Div.

19.50 Les apprentis aventuriers.

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.19 Mongeville

21.05 Les routes les plus dangereuses du monde

21.25 Éléonore

Série. 2018. Saison 1. Avec Francis Perrin. Vénus maudite. Inédit. Un archéologue est retrouvé mort sur un chantier de fouilles. A-t-il été victime d’un collègue jaloux, de son passé, ou d’une statuette maudite ? 23.09 Mongeville. Série. Policière. Écran de fumée - Séminaire à vif

Doc. Fra. 2023. 1h. Tuks tuks, scooters et fous du volant : dans l’enfer des routes thaïlandaises. La Thaïlande est un des pays les plus dangereux en matière de sécurité routière.

Comédie. Fra. 2020. Réal. : Amro Hamzawi. Une trentenaire qui se rêve écrivain doit mettre ses ambitions de côté et trouve un emploi d’assistante auprès d’un éditeur spécialisé dans les romans érotiques.

22.05 Les routes les plus dangereuses du monde. Doc. Inde ; Mexique ; ...

23.05 Nora Hamzawi, nouveau spectacle depuis le Casino de Paris.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

19.25 Vintage Mecanic. Doc.

20.15 C’est un complot ! Doc.

21.00 La grande librairie

21.10 Voiture à vendre

20.50 Sous la loi des talibans

Magazine. 1h30. Augustin Trapenard accueille Jean-Claude Grumberg, pour «De Pitchik à Pitchouk : Un conte pour vieux enfants», Boris Cyrulnik, Marie de Lattre, pour «La Promesse» et Ginette Kolinka qui, à 98 ans, publie «Une vie heureuse». 22.30 C ce soir. Talk-show.

Documentaire. Fra. 2023. 1h. Audi S3 Quattro BMW Z3 Cabriolet. Maxime Lepissier vient en aide à Clémence qui tente en vain de vendre sa BMW Z3 cabriolet et à Cédric, propriétaire d’une Audi S3 Quattro de 2002. 22.19 French Mecanic : restauration et exportation. (2 volets ).

Documentaire. Fra. 2022. Réal. : Pedro Brito Da Fonseca, Patrick de SaintExupéry. 0h52. Un an après la prise de pouvoir des talibans, retour sur l’effondrement de l’Afghanistan et ses conséquences sur une population enserrée et appauvrie. 21.40 Quitter l’Afghanistan. Doc.

L’année dernière, la saison 1 de « Coincés ! » nous avait fait connaître Salvo et Valentino, deux réparateurs de télés impliqués malgré eux dans une guerre entre la police et la mafia après avoir découvert un cadavre sur le site de l’une de leurs interventions. Hélas, les deux compères ne sont pas arrivés au bout de leurs mésaventures. Tout recommence quand, par mégarde, ils renversent en camionnette le Père Sérénissime, le mafieux auquel ils devaient tous leurs déboires. À mi-chemin entre « Le Parrain » et « Don Camillo », la série dresse une galerie de personnages tous plus lâches, mesquins ou incompétents les uns que les autres, le tout au beau milieu des superbes paysages de la Sicile occidentale.

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➜ 18 heures : « Le BuzzTV » (avec TV Magazine) – Invité : Jacques Pradel, parrain du magazine Les Dossiers de chroniques criminelles. Interviewé par Nicolas Vollaire et Damien Canivez.

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Mercredi 5 avril sur lefigaro.fr ➜ 17 heures : « Points de vue ». Présentation : Anne-Emmanuelle Isaac. Avec Emmanuel Véron, spécialiste de la Chine, sur le voyage d’Emmanuel Macron et d’Ursula von der Leyen à Pékin ; le capitaine Alexandre Marchis, à propos de la nouvelle loi de programmation militaire ; et Laurent de Cherisey, cofondateur des maisons Simon de Cyrène, qui publie Partager peut tout changer (Salvator).

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ELLE EST PRISE PAR LE MARIN

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TICKET POUR PARTIR ET REVENIR

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CICATRICE COMMUNE À TOUS NICHER

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ARBRE TROPICAL PORTEUR DE BALLES

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FILS DE JACOB ET DE ZILPAH

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le figaro

mercredi 5 avril 2023

37 PORTRAIT Il a tourné sur les routes avec un groupe de musique punk, fait de la photo, de la vidéo et vient de publier un premier roman flamboyant.

Alice Develey

[email protected]

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ne odeur de soufre et de plastique souffle sur la capitale. Les flammes des poubelles calcinées transforment les rues en brasier. Ce jeudi du mois de mars, Paris brûle et quelques lecteurs se retrouvent à la librairie L’Attrape-Cœurs de Montmartre pour écouter Julien Birban. Un autre genre de feu est entré ici. Avec son physique d’allumette, l’auteur irradie l’assemblée. Ses mots courts, bruts, jaillissent comme des étincelles dans le noir. Il parle de son premier roman non sans douleur. « Je me suis senti attaqué par mon texte. » Et quel texte ! Disons-le d’emblée, Premières douleurs (Éditions Héloïse d’Ormesson) est un livre remarquable. Il est l’œuvre d’un poète, d’un amoureux, d’un désespéré. C’est l’anti-roman d’amour, l’histoire d’une femme, qui un soir qu’on l’a trompée, décide de ne plus jamais aimer. Même si, bien sûr, cette promesse faite à la nuit ne durera pas… On a une fureur de vivre, on s’embrasse, on s’embrase, le monde entier est un battement qui attend son écho. La plume est à vif, les mots à fleurs de peau. « Il y a cette énergie et cet humour du désespoir chez lui », abonde Héloïse d’Ormesson, son éditrice. On lit Cioran, on cite Nietzsche, on écoute Nick Cave. On pense que la vie ne vaut rien si elle ne se consume pas comme une cigarette. On cherche le risque, le vertige, l’accident. « Toute ma vie est un accident », résume Julien Birban. Si l’écrivain est né avec ce roman, il a pris vingt-cinq ans pour suivre cette voie, une voie faite de « virages comme un langage, avec des C des S des U, tout un alpha-

UN dernieR mot [email protected]

bet ». Deuxième enfant d’une fratrie de trois garçons, Julien Birban naît à Paris en 1982 dans une famille sans artiste. « J’ai d’abord rêvé d’être musicien, mais je n’avais pas d’exemples autour de moi. Je pensais que j’allais devoir faire un métier normal et cela me terrifiait. » L’adolescent écoute Guns N’Roses, joue de la guitare et monte des groupes ici et là avec des amis. Contrairement aux auteurs qui ont commencé à lire avant de marcher, lui, le confesse sans complexe, est venu à la lecture sur le tard avec Le Seigneur des anneaux, puis à l’écriture par la composition. « On écrivait des paroles, on se prenait pour Rimbaud. » Et puis Julien Birban se cogne au monde réel, « il faut » troquer la poésie pour les études. Il choisit d’intégrer une fac d’éco, tient un an puis s’oriente vers la philosophie et tient cette fois-ci trois ans. À cette époque, le nouveau millénaire commence, l’étudiant est à l’aube de ses 20 ans et décide de se consacrer à son groupe de punk. Un petit label le signe, puis un autre à New York. Et le voilà sur les routes, à huit dans un van, il fait quatre fois le tour de l’Europe, tourne aux ÉtatsUnis. « Ma vie a tenu pendant quatre ans dans un sac », se rappelle-t-il, les tatouages, vestiges d’un autre temps, dépassant discrètement sur ses bras.

SéBASTIEN SORIANO/Le Figaro

Julien Birban la fureur de vivre

à la hauteur de ses rêves. « Si j’ai pu avoir des doutes, ils sont venus non pas de ce que je voulais faire mais de ma situation financière, je suis arrivé là-bas avec presque 50 dollars en poche. » Mais là encore, le feu follet ne tient pas en place. « Le patron de Chanel Tokyo, Richard Collasse, veut faire une exposition à partir d’un livre de photos dans lequel je montre un Tokyo vide. Il me propose de travailler avec lui, c’était improbable ! » Julien Birban quitte alors le pays de Trump, « gangrené par la guerre culturelle », pour celui du Soleil-Levant. Cela fait désormais cinq ans qu’il vit làbas et maintenant, il parle la langue.

Cette halte lui permet enfin de se consacrer à son autre grand rêve : l’écriture. «E n vérité, j’ai commencé les premières pages de mon roman il y a cinq-six ans. Mon personnage principal décide de s’en aller loin de tout, en Ligurie, et c’est ce que j’ai fait. J’ai emprunté une voiture et je suis parti. J’avais donc toujours ce texte qui traînait dans mon ordinateur, mais je n’avais jamais le temps de vraiment l’avancer. » Le Covid finit par lui donner ce qu’il se refusait. Pour la première fois de sa vie, Julien Birban n’est pas tranquille. Il se croit impubliable, mais tente tout de même l’aventure.

La suite, on la connaît. Un premier roman flamboyant, des passions incendiaires, une voix de femme en révolte. « Je voulais parler de colère et je pense que celle des femmes est plus légitime. Elles m’ont donné des histoires, je les ai écrites, je suis donc une sorte de passeur. Même si je ne prétends pas parler au nom des femmes, mais de mon personnage. » Aujourd’hui, Julien Birban est de retour dans la capitale, mais bien sûr, pas pour longtemps. Il doit partir en tournée pour son livre… L’auteur n’est pas près de s’arrêter en bon chemin, d’ailleurs il a déjà son deuxième livre en route… ■

Feu follet

Sa liberté de ton et d’esprit l’amène à faire de la photo, de la vidéo. Mais là encore, Julien Birban se forme seul. Deux amies l’inscrivent à un concours lancé par Vitalic, compositeur de musique électro… le voilà grand gagnant ! Son prix ? Tourner un clip pour Vitalic au Japon en un mois. Problème ? « Je ne sais pas comment faire un film, je ne suis jamais allé au Japon et je ne parle pas la langue. » Là encore, il se débrouille. Et malgré une journée annulée pour cause de typhon, il concocte ladite vidéo. Un succès. L’audacieux continue sa route à Paris (où il écrit un court-métrage dans lequel on peut voir Virginie Ledoyen et Julie Gayet), puis à New York, une ville

Par étienne de Montety

Logo (lo-go) n. m. Dessin, qui peut en cacher de noirs.

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lon Musk a remplacé le logo du réseau Twitter, représentant un oiseau bleu, par le chien, symbole de sa cryptomonnaie. Le mot est l’abréviation de logotype, ensemble de signes formant une image à vocation publicitaire. Il est formé sur le grec logos, qui signifie « parole ». Justement : depuis longtemps, Twitter sert de logis à des milliards de commentateurs ou d’informateurs, empressés de délivrer des messages où la raison (pour ne rien dire de la logique) n’a pas sa place. L’oiseau gazouillait, comme un filet d’eau souvent tiède et parfois brûlante. Maintenant, c’est un chien qui monte la garde devant le réseau social. Ce nouveau logo aura-t-il pour effet de ralentir la logorrhée caractéristique de ce réseau ou - nouveau logo ou pas — les utilisateurs seront-ils logés à la même enseigne ? Réflexion faite, cela demanderait plus qu’un changement de logo : un changement de logiciel. De la part des utilisateurs… ■

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Sénatoriales à Paris : la droite en ordre de marche derrière Catherine Dumas

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Jean-Louis Bourlanges, chevalier dans l’ordre du Mérite ukrainien

Le président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale se verra remettre, ce jeudi, par Vadym Omelchenko, ambassadeur d’Ukraine en France, les insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite ukrainien. Seront notamment présents à la cérémonie, en petit comité, Gérard Grunberg, politologue français, Jean Picq, ancien président de la Cour des comptes, et Pierre Buhler, diplomate.

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Jack Tribeca/Bestimage

Rachida Dati, députée européenne et maire du 7e arrondissement de Paris, a présenté la liste des candidats aux sénatoriales dans la capitale au groupe Changer Paris. Ce sera Catherine Dumas (photo), sénatrice et conseillère de Paris, qui conduira la liste, suivi de Francis Szpiner, maire du 16e arrondissement, d’Agnès Evren, conseillère de Paris du 15e arrondissement et de Jean-Baptiste Olivier, conseiller du 13e arrondissement. L’objectif est également de favoriser le développement de la droite dans les arrondissements de l’est parisien.

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