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Story Transcript

Emanuele Scorcelletti

f inde

la révolte des intouchables

tourisme

montréal la cité verte

aventure

supplément figaro - cahier n°1 - nos 24450 et 24451 des 31 mars et 1er avril 2023 - CPPAP no 2001 c 83022

l’ultime défi de jean-louis étienne

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Figaro Magazine - n°2214

michel onfray

un philosophe en colère

sa charge contre elon musk, l’intelligence artificielle et les élites françaises vendredi 31 mars et samedi 1er avril 2023

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SURESNES - 29/37, rue Ledru-Rollin - CONSTRUCTION EN COURS

Franco Suisse Bâtiment - RCS Nanterre B 380 216 473 - Document à caractère publicitaire - Illustration non contractuelle - Les informations sur les risques auxquels ce bien est exposé sont disponibles sur le site Géorisques : www.georisques.gouv.fr - 31-03-23.

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S o m m a i r e

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Onfray sonde les âmes Dans un ouvrage monumental, le philosophe décrit les métamorphoses de l’âme occidentale.

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L’éditorial de Guillaume Roquette Nous & vous Contributeurs et le forum Club Figaro Actualités du Figaro Arrêts sur images

Entrées Libres

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En vue Eugénie Bastié Les indiscrétions de Carl Meeus Baromètre Mise à jour Polémique Les rendez-vous de J-R Van der Plaetsen

Esprits Libres

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Frédéric Beigbeder « Critiquer le mâle blanc hétéro de plus de 50 ans, c’est être raciste quatre fois » La chronique de François d’Orcival

Magazine

Emanuele Scorcelletti, Serge Sibert

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Michel Onfray : “Je regarde la vague nihiliste nous arriver dessus” En couverture Inde, la révolte des intouchables Reportage Polar pod, le nouveau défi de Jean-Louis Étienne Reportage La nouvelle jeunesse du Grand Rex Culture

Spécial Flotte auto

La colère des dalits Considérés comme « impurs » par la société indienne, ces intouchables se battent pour leur dignité.

Quartiers Libres

74 76 80 82 86

En vue Isabelle Boulay À l’affiche Culturellement vôtre, par J.-Ch. Buisson, la vision télé de Stéphane Hoffmann et les passe-temps d’Éric Neuhoff La page histoire de Jean Sévillia Littérature et le livre de Frédéric Beigbeder Montréal se met au vert Carnets de voyage

Art de vivre

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Talent Style et la bonne mesure de Julien Scavini Cadran Le croc’notes de Laurence Haloche Vin Évasion Patrimoine La grille de Michel Laclos Bridge Les mots fléchés Le Sudoku de Bernard Gervais Dernière nouvelle Emmanuel Rimbert

Société éditrice : Société du Figaro - Siège social : 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Tél. : 01.57.08.50.00. Président : Charles EDELSTENNE. Directeur général, directeur de la publication : Marc FEUILLÉE. Commission paritaire du Figaro Magazine (supplément de Le Figaro - N° CPPAP 0426 C 83022) : 2001 C 83022 (édition nationale) et n° 0123C82655 (édition internationale). Cahier N° 1 : Le Figaro Magazine - Cahier n° 2 : Le Figaro Magazine TV imprimé par MAURY (45330 Malesherbes) Ce numéro comporte : un catalogue mis sous film Le Bon Marché Hommes de 72 pages pour édition kiosques 75. Une promo abonnement de 4 pages, encart broché central sur les kiosques du territoire national. Une VPC Figaro « histoire de France » 2 pages, encart jeté statique sur la une du 2 e cahier pour tous les abonnés du territoire national.

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7/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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É d i t o r i a l

désordre public

ANDRÉ DE CHASTENET

C

’est à croire qu’ils l’ont fait exprès. Au ­m oment même où la France subit une flambée de violence inouïe, des magistrats lyonnais viennent de refuser ­d’extrader le participant d’un black bloc italien, condamné à dix ans de prison dans son pays pour « dévastation et pillage » lors du G8 de Gênes, en 2001. Le motif de cette décision ? ­Remettre l’homme aux autorités italiennes « constituerait une atteinte disproportionnée au droit au respect de sa vie privée et familiale ». On marche sur la tête. Des centaines de policiers et de gendarmes sont attaqués par des hordes de voyous, des mairies sont caillassées, des commissariats incendiés, mais la justice protège sans vergogne un casseur notoire. Tandis que le très officiel Syndicat de la magistrature ­publie sur son site internet un « Guide du manifestant ­arrêté » rempli de conseils pratiques pour être le moins condamné possible en cas de comparution immédiate… L’institution judiciaire est touchée jusqu’à son sommet par ce laxisme. Souvenons-nous qu’il y a seulement quelques semaines, une députée proche d’Édouard Philippe proposait une loi instituant des peines planchers pour les délits de violence commis en récidive contre les agents publics. Refus catégorique d’Éric Dupond-Moretti : le ministre amateur de bras d’honneur a jugé la mesure ­inutile. Les 488 représentants des forces de l’ordre blessés la semaine dernière apprécieront. Face à la violence, le « en même temps » n’est pas tenable : tout signe de faiblesse des autorités est interprété comme un encouragement par les casseurs. Ce n’est pas un

­ asard si les manifestations ont été particulièrement h ­brutales la semaine dernière à Bordeaux, Lyon, Nantes ou Rennes, villes dont les édiles écologistes ou socialistes se montrent hostiles aux politiques sécuritaires. Ainsi, la maire de Rennes qui déplorait la semaine dernière « les scènes de chaos qui se succèdent » dans sa cité, participaitelle fièrement l’été dernier à une conférence baptisée « La police tue ? ». Les scènes de guerre auxquelles nous avons assisté à ­Sainte-Soline, à Paris et ailleurs ne sortent pas de nulle part, elles sont un signe de plus de l’ensauvagement de notre société. Les violences se multiplient partout, à l’école, dans les transports, à l’hôpital, entre bandes de jeunes…, il n’y avait aucune raison que la sphère poli­tique échappe à cette radicalisation. Entre les incivilités du quotidien et les émeutes de ces derniers jours, il y a une différence de degré mais pas de nature : Emmanuel ­Macron, qui ­cherche un moyen de se relancer après la ­séquence c­ alamiteuse de la loi sur les retraites, serait bien inspiré de r­ épondre concrètement à ce défi. Les mesures à prendre sont connues : une chaîne pénale plus sévère, des peines effectives (42 % des condamnés fermes ne mettent jamais les pieds en prison), des sanctions minimales pour les agresseurs de policiers… La première réforme qu’attendent les Français est un retour de l’ordre public.

Guillaume Roquette Directeur de la rédaction du Figaro Magazine [email protected] @G_Roquette

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9/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

N o u s

&

V o u s

contributeur

Jean-René Van der Plaetsen ou la philosophie de l’amitié

L

e journalisme est un métier, il peut aussi être une affaire d’amitié. Entre Frédéric Beigbeder et Jean-René Van der Plaetsen, c’est une affaire qui dure. Entretenue depuis trente-cinq ans à coups de nuits blanches et de blagues de ­potaches, arrosée de lampées de vodka et d’une passion anachronique pour la littérature, la camaraderie des origines s’est métamorphosée en amitié fidèle et confiante. La preuve par l’entretien-vérité que nous publions.

Il en va de même avec Michel Onfray. Ami et voisin en Normandie du directeur délégué du Fig Mag, le philo­sophe se révèle tel qu’il est vraiment au coin du feu, devant une côte de bœuf ou un verre de calva, dans sa vérité d’homme de la terre et de l’esprit. À mille lieues du ­combattant d’idées que l’on connaît sur les plateaux de ­télévision, cet être-là est à la fois paisible en ce qui le concerne et inquiet pour l’avenir de l’humanité. Là encore, il le prouve dans l’interview qu’il nous a accordée.

ce que vous en dites

Vos réactions sur lefigaro.fr

Courrier

La France qui va gagner

M

Morganebzh

● Heureusement qu’il y a encore ces personnes admirables – Virginie Girod, Stéphane Bern, Franck Ferrand et Lorànt Deutsch – pour nous faire aimer l’Histoire. Ctou92 ● Bel article. Je fais partie de leurs auditeurs et leur dis ma gratitude. Une pensée aussi à Patrice Gélinet qui anima le magnifique « 2 000 ans d’Histoire ».

David Vandevelde

● Stéphane Bern et Lorànt Deutsch

savent faire aimer l’Histoire… sans doute parce qu’ils ne sont pas agrégés. Greenrainette ● À l’heure où le niveau de culture générale s’effondre dans notre pays et où l’Histoire n’est plus vraiment enseignée, ces quatre personnes font vraiment œuvre utile et savent positionner leurs propos à un niveau qui les rend parfaitement assimilables tout en restant attrayants. À chaque téléspectateur ou auditeur d’approfondir ensuite. Optimator ● Leurs interventions sont intelligentes et bien documentées. Chacun d’entre eux a l’objectif de faire monter le niveau moyen. Évidemment, l’extrême gauche ne peut que hurler sa désapprobation !

Hibiscus soleil

● Des lueurs contre l’obscurantisme wokiste… Rett

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10/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

RECTIFICATIF Nathalie Obadia n’est pas une représentante de la galerie Templon, comme nous l’avons écrit par erreur dans nos éditions du 24 mars, mais la fondatrice de la Galerie Nathalie Obadia.

figaro magazine ; Emanuele Scorcelletti ; FRANCK FERVILLE

Des historiens très en cour ● J’ai retrouvé le goût de l’Histoire grâce à la vulgarisation. Désormais, ça me passionne ! (Lire notre dossier réalisé par Guillaume Perrault et Clara Géliot, « Ils font aimer l’Histoire », publié dans nos éditions de la semaine dernière, NDLR).

erci au Figaro Magazine de mettre en avant de jeunes talents (Lire le classement des 100 lauréats de l’Institut Choiseul, publié dans nos éditions de la semaine dernière, NDLR). Malheureusement, les Français haïssent la réussite. Or, nous avons la chance d’avoir de grands capitaines d’industrie… calomniés par LFI. Ce pays, que j’ai quitté en 1982, n’a cessé de se dégrader depuis et d’être la risée du monde entier. Tipula

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Stabilité. Notre réponse à l’instabilité globale.

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*Gestion d’actifs, Gestion de patrimoine, Banque dépositaire et administration de fonds, Investissements alternatifs. **Établir des partenariats responsables

C l u b

F i g a r o

“le figaro histoire”

“La France des mousquetaires”

A

“Le figaro Jeux”

“100 mots fléchés” à découvrir

L

e Figaro vous propose son ­recueil de 100 mots fléchés auxquels vous êtes tant attaché. Vous retrouverez n ­ otamment parmi elles 20 grilles géantes qui vous garantiront des ­semaines de réflexion et de plaisir autour de ce jeu de lettres et de mots. 6,90 €. En vente chez votre marchand de journaux et sur www.figarostore.fr le figaro vin

thos, Porthos et Aramis, flanqués du mythique d’Artagnan… Depuis 1844, c’est sous les couleurs inimitables des Trois Mousquetaires que la mémoire collective voit le XVIIe siècle. Le Figaro Histoire consacre un spectaculaire dossier à la mémoire de la France des mousquetaires. Les meilleurs spécialistes expliquent comment l’État moderne est né au cours de ces quatre décennies marquées par la Fronde et la guerre de Trente Ans en démêlant la réalité historique de la géniale fiction imaginée par Dumas. Ce numéro vous emmène également à Notre-Damede-la-Garde, qui veille sur Marseille depuis des siècles, à l’occasion de la réouverture de son musée ; sur les traces du flamboyant condottiere italien Frédéric de Montefeltro, et mène aussi l’enquête sur la généalogie, une passion bien française stimulée par les troublantes promesses des tests ADN.

“les voyages f”

L’EST CANADIEN AUX COULEURS DE L’AUTOMNE

D

e Toronto à Montréal en passant par l’archipel des Mille-Îles, le parc des Chutes-de-la-Petite-RivièreBostonnais, les chutes du Niagara ou encore le fjord du Saguenay, embarquez avec le Groupe Figaro pour un circuit inoubliable à la découverte de l’Est canadien… Un itinéraire qui vous permettra d’explorer une région admirable pour ses grands espaces, mais aussi pour l’animation de ses villes modernes et cosmopolites.

Du 5 au 16 octobre, circuit de 12 jours/10 nuits. Tarifs 1ers inscrits : 6 150 € au lieu de 6 450 € jusqu’au 8 mai, sur la base d’une chambre double à partager. Programme détaillé au 01.57.08.70.02 et sur www.lesvoyagesf.fr

les rencontres du “figaro”

SONIA MABROUK – MICHEL ONFRAY

L

a série des déjeuners-dégustations continue dans le mythique salon Goncourt du restaurant Drouant avec Château Pape Clément et Clos Haut-Peyraguey. Vous aurez l’occasion de déguster cinq millésimes exceptionnels de ces grands vins de Bordeaux en compagnie de Bernard Magrez, propriétaire de ces vignobles et des journalistes du Figaro, Stéphane Reynaud et Yves Thréard. Le 4 avril au restaurant Drouant, 16-18, rue Gaillon, Paris 2e, 220 € (205 € pour les abonnés du Figaro). Nombre de place limitée. Réservation sur www.figarostore.fr

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12/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

A

lexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers recevront la journaliste, essayiste et le philosophe pour un débat sur l’humanisme et le sacré. Mercredi 12 avril, 20 h, Salle Gaveau, 45-47, rue La Boétie, Paris 8e. 25 €, placement libre. Réservez vos places sur www.lefigaro.fr/rencontres Informations au 01.70.37.18.18

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Scènes de guerre pour une bassine / Sainte-Soline / Deux-Sèvres Des affrontements d’une rare violence ont opposé pendant des heures gendarmes mobiles et opposants au projet de construction d’une des 16 réserves d’irrigation prévues ­localement, avec le soutien de l’État, pour des agriculteurs en quête d’eau pour leurs cultures. Une étrange guerre des bassines qui a fait 200 blessés, dont au moins 40 gravement et deux en « urgence absolue », parmi les manifestants, et 47 blessés, dont deux très gravement, parmi les gendarmes mobilisés, selon le parquet de Niort. Désormais, triste constat, chaque ­manifestation en France devient le prétexte, pour une extrême gauche hors de contrôle, ­d’attaquer les forces de l’ordre.

Photo : Yves Herman / REUTERS

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14/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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A r r ê t s s u r i m a g e s

15/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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A R R Ê T S S U R I M A G E S

16/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

La dernière classe / Kaboul / Afghanistan Pour ces fillettes scolarisées en primaire à Kaboul, cette année d’école sera la dernière. L’Afghanistan est en effet le seul pays au monde où l’éducation des filles est interdite après l’école primaire. Les adolescentes ont déjà été bannies des écoles secondaires par les autorités talibanes qui ont également refusé aux femmes le droit d’étudier à l’université. Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans ont multiplié les mesures à l’encontre des droits des femmes, les écartant progressivement de la vie publique.

Photo : Samiullah Popal / EPA / MAXPPP

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17/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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18/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

A r r ê t s

s u r

i m a g e s

Que d’eau ! Que d’eau ! / Grande marée / Saint-Malo Poussées par un vent de tempête, les vagues de la grande marée de mars ont tapé très fort jeudi 23 et vendredi 24 mars, sur Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). L’assaut de la tempête sur les remparts de la cité corsaire a notamment provoqué d’importants dégâts dans le quartier du Sillon et sur la cale de Rochebonne, inondant plusieurs commerces et brisant des vitrines. Un magnifique spectacle prisé des photo­graphes, mais redouté par les Malouins qui connaissent bien les l­ongues colères de Neptune.

Photo : Mathieu Rivrin / Solent News / SIPA

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19/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

LE FIGARO MAGAZINE PARTNER

PREMIER B01 CHRONOGRAPH 42,

UNE MONTRE PORTEUSE D’ESPOIR Breitling révèle six nouvelles versions de son modèle iconique Premier dotées du calibre Manufacture Breitling 01. Une épopée à travers le temps racontée par Fred Mandelbaum, historien de Breitling et auteur de l’ouvrage Premier Story.

I

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Réalisé par 14 HAUSSMANN

l faut remonter quatre-vingts ans en arrière et même bien au-delà pour comprendre la genèse et l’importance de la montre Premier, et l’évolution de Breitling en général. C’est d’abord l’histoire de trois générations d’hommes, Léon, Gaston et Willy Breitling, aussi avantgardistes que créatifs : « Ils partageaient une vision commune, résume Fred Mandelbaum, historien de Breitling, et une même volonté de hisser le chronographe à son rang le plus haut. Ils ont vu dans cette complication leur domaine d’expertise, et un potentiel immense, puisqu’il s’agit de la complication la plus complexe. » LÉON, GASTON ET WILLY En 1884, Léon Breitling a fondé son entreprise avec cette seule idée en tête : faire du chronographe sa spécificité. Il a inventé une sorte de modus operandi, perfectionnant ainsi le chronographe de poche, tandis que son fils, Gaston, a dû gérer la société dans un contexte de guerre, alors que l’économie était désastreuse, et que l’incertitude régnait. Son sens de l’innovation et sa détermination lui ont permis d’avoir l’idée de déplacer le chronographe sur le poignet, avec un poussoir indépendant à 2 h, et d’imaginer aussi de nouveaux rouages marketing. Quant à Willy, dernier-né de cette lignée d’horlogers, il n’avait que 19 ans lorsqu’il a été propulsé à la tête de la maison familiale. Un véritable visionnaire, tel que le souligne

Willy Breitling

Fred Mandelbaum : « Il est une combinaison des caractéristiques de son père et de son grandpère. C’est un stratège par excellence. Dans ses premières interviews, on comprend qu’il a vu, à une époque où le chronographe était peu utilisé, qu’il fallait aussi s’intéresser à d’autres industries pour s’en inspirer. C’est comme ça que le marché a explosé. Il a exprimé tout de suite le fait que son rêve était de faire du chronographe quelque chose que les gens pourraient comprendre. C’était une personne très talentueuse. »

en collaboration avec

automatique. Un mouvement lancé en 2009, qui présente une très grande précision et fiabilité.

Breitling Premier de 1946

LE SIGNE D’UN « GOÛT IMPECCABLE » Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Willy Breitling a réussi à atteindre les objectifs fixés. Lorsqu’il a lancé la Premier, en 1943, son souhait était de combiner toutes les caractéristiques qui font la fonctionnalité, la praticité et l’esprit sportif des chronographes, alliées à un chic redoutable : « Il avait anticipé la manière dont la montre allait devenir le signe d’un “goût impeccable”. Un objet de luxe, d’élégance et de technicité d’un niveau supérieur », révèle l’auteur de l’ouvrage Premier Story, le troisième volet de la série « Watch Stories », qui retrace l’histoire de quelques-unes des plus célèbres montres au monde. Il faut dire que le garde-temps fait son apparition à la fin de la Seconde Guerre mondiale, à une époque où les gens rêvent d’une vie nouvelle après une si longue période sombre. Non seulement la Premier figure ainsi un savoir-faire d’une grande exigence, mais elle devient aussi un symbole de la mentalité d’alors : « Dès 1943, il y a eu un sentiment d’espoir très fort, analyse l’historien et collectionneur. L’année suivante, les publicités ont changé, l’élégance a primé. Breitling a signé un contrat avec la Paramount et a choisi l’acteur Cesar Romero pour incarner son image. L’exubérance, l’optimisme, la volonté farouche de vivre après la guerre… la Premier exprime tout cela. »

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Résultat, la montre connaît un succès immense, et les quantités de production explosent, passant d’une centaine à 2 000 pièces par modèle en 1946. Les raisons de son triomphe – sa grande qualité, sa robustesse, son design raffiné et sa polyvalence – continuent de séduire aujourd’hui. Cette année, Breitling fait renaître ce modèle iconique avec une collection de six garde-temps renouvelés. La nouvelle Premier B01 Chronograph 42 rend hommage aux normes techniques intransigeantes de Willy Breitling, et possède le calibre Manufacture Breitling 01 à remontage

UNE RÉINTERPRÉTATION ET UN HOMMAGE AUX ORIGINES Avec une réserve de marche de plus de soixantedix heures et une étanchéité jusqu’à 100 m, la Premier B01 Chronograph 42 est aussi fonctionnelle que design. Ses différentes teintes de cadran saumon, bleu, vert, noir, crème, ainsi qu’une sixième en or rouge 18 carats au cadran crème classique, en font une collection contemporaine et sophistiquée dotée de bracelets en cuir d’alligator et d’un autre à sept rangs en métal. Toute la difficulté résidait dans la réinterprétation d’un modèle si important pour la marque, comme le note Fred Mandelbaum : « Pour l’équipe de designers de Sylvain Berneron, copier cette parfaite beauté du passé ne suffisait pas. Ils ont donc entrepris de la réinventer, tout en restant fidèles aux codes de conception de l’héritage de Breitling. La Premier B01 Chronograph 42 est un mélange brillant d’élégance et d’innovation. Un parallèle peut être fait par ailleurs avec l’état d’esprit lié à l’époque. Post-Covid, nous observons également que l’espoir et l’optimisme sont plus forts que l’ombre et la peur. » Pari gagné donc pour cette nouvelle édition, comme l’explique de son côté Georges Kern, P-DG de Breitling : « Nous nous engageons à préserver la vision audacieuse de Willy Breitling, qui consiste à combiner la précision d’une montre-outils à la sophistication d’une montre élégante et moderne. La Premier incarne l’espoir qui émerge durant l’après-guerre et nous sommes fiers de poursuivre cette tradition avec une version moderne rétro pour notre époque. »

Breitling Premier B01 Chronograph 42

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Emanuele Scorcelletti

E n t r é e s L i b r e s

22/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

En Vue

Eugénie Bastié

Femme des années 2020 La journaliste du « Figaro » publie chez Gallimard « Sauver la différence des sexes », texte dans lequel elle rappelle que la différence biologique est une donnée irréfutable de l’expérience humaine. Elle alerte sur la volonté des néoféministes et des activistes trans d’abolir cette distinction, au risque de miner les relations entre les hommes et les femmes.

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Par Madeleine Meteyer

uand une collègue écrit, on lit. Ainsi sommesnous. Eugénie Bastié, q u e vo u s c o n n a i s s e z pour la lire dans Le Fig Mag et dans Le Figaro, pour la regarder sur CNews, pour l’écouter sur Europe 1 (a-t-elle le temps de boire une bière en terrasse ?), a publié un tract. Chez Gallimard. Issu de son allocution ­d evant l’Académie des sciences morales et politiques le 12 décembre. C’est chic. Le jour de sa sortie, le 2 mars, on se l’est procuré. On aurait pu se borner à résumer dans un tweet « c’est intéressant, lisez-le », mais on ne tweete pas. Alors, on a proposé de rendre compte de ce qu’on a lu. Devoir écrire une page en vingt-quatre heures, voilà où mène l’élégance. Le rêve fou d’une société sans genre

Le tract en question s’intitule Sauver la différence des sexes. Que dit-il ? Que la différence des sexes existe, qu’elle est ­salutaire et qu’elle est menacée. « Aux États-Unis, en Angleterre et même dans notre pays, ­attaque tout de go Bastié, des hommes et des femmes sont chassés des universités, voient leurs conférences annulées et même, c’est arrivé, leurs livres brûlés parce qu’ils ont osé affirmer qu’il n’existait que deux sexes et qu’on ne pouvait pas ­passer de l’un à l’autre comme on change de chemise. Je n’exagère pas. » Elle n’exagère pas. Des constats si dramatiques doivent être entourés de ces précautions, autrement le ­lecteur lève les yeux au ciel, perplexe : s’apprête-t-il à lire les impressions subjectives d’un esprit tourmenté ou des faits précis racontés sans emphase ? L’inquiétude sincère de ­Bastié imprègne ces 29 pages de démonstration qu’on lit comme on boit un petit verre d’eau par temps de canicule : d’une traite. Eugénie Bastié, 31 ans, trois livres publiés, deux enfants et des centaines d’articles enfantés, sonne le tocsin. Notre civilisation est en train, regrette-t-elle, de s’assigner la mission

de déconstruire « cette donnée biologique brute qu’est la différence des sexes ». Le fantasme formulé en 1984 par l’anthropologue et militante féministe Gayle Rubin s’accomplit sous nos yeux. « Mon sentiment personnel, disait cette Gayle Rubin, est que le mouvement féministe doit rêver à bien plus encore qu’à l’élimination de l’oppression des femmes. Il doit rêver à l’élimination des sexualités obligatoires et des ­rôles de sexe. Le rêve qui me semble le plus attachant est celui d’une société androgyne et sans genre (mais pas sans sexe) où l’anatomie sexuelle n’aurait rien à voir avec qui l’on est, ce que l’on fait, ni avec qui on fait l’amour. » Aujourd’hui, une partie de l’intelligentsia se ronge les ongles au moment de désigner un individu comme un homme ou une femme. Attribuer aussi sec une telle assignation sur la base de critères comme l’allure ou la tessiture de la voix peut vous coûter une polémique. On se souvient de ce moment d’anthologie, en 2018, sur le plateau du média Arrêt sur Images : un individu barbu aux cheveux coupés ras, à la voix grave déclara d’un ton raide au présentateur Daniel Schneidermann qui l’avait désigné comme un homme : « Je ne suis pas un homme, Monsieur. Je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme. C’est me mégenrer et ce n’est pas très agréable. » L’individu découvrait avec stupeur qu’une barbe dans notre société vous soumet au risque d’être appelé sir. En dehors de cette rigidité inqualifiable, la même société ­reconnaît dorénavant qu’on peut être femme sans vouloir d’enfant, homme sans manger de la barbaque, les enfants transgenres peuvent porter le prénom de leur choix à l’école. En termes d’élimination « des sexualités obligatoires et des rôles de sexe », on se pose là. Les dernières rigidités dans le partage des tâches s’observent dans la sphère intime. « Là où on ne peut forcer, même si la gauche essaie, les gens à être libres », nous explique Bastié (à notre humble avis, il est néanmoins pertinent d’expliquer aux hommes que les joints d’une salle de bains ne se nettoient pas d’eux-mêmes). Dans son tract – la précédente citation est tirée d’un échange à bâtons rompus –, Bastié n’a pas l’air de regretter que l’on puisse se définir en tant que queer, non-binaire, fluide ou moduler d’un jour à l’autre son expression de genre – c’est-à-dire ce qu’on renvoie comme image de soi au monde. Elle dit ne pas être « attachée aux archétypes figés de la virilité et de la féminité » ni se sentir « en mauvaises dispositions à l’égard d’une minorité de personnes ne se reconnaissant pas dans leur sexe de naissance ». Mais elle regrette en ___u

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23/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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somme, pour reprendre la formule liées au fait d’apparaître au monde de l’essayiste Ivan Rioufol, que « la comme un corps féminin ». Un marge déborde sur le cahier ». Que ressenti. Lié à des expériences. la minorité réclame la disparition Désagréables de préférence. Que de la norme au nom de son épapeuvent éprouver les transgenres, nouissement. Qu’on ne puisse plus victimes d’oppression. La dire homme ou femme sans avoir possibilité d’enfanter ne fait plus au préalable demandé à l’individu l a f e m m e, l a s o u ff ra n c e, s i . si tel terme le froisse. Notre collèEnthousiasmant. gue regrette que la fluidification Notre collègue prend le temps des genres soit vue comme le grand d’énumérer les deux, trois petites moyen de renverser l’ordre établi – choses supplémentaires qui lient lequel serait encore défavorable les femmes entre elles. Le rapport aux femmes. À ce stade de la réau corps, parce qu’il est régulièreflexion, pour peu qu’on se soit levé ment souffreteux, parce qu’il est, du bon pied, il est possible de se toutes formes confondues, l’une dire : et alors ? Après tout, si cet indes compositions les plus harmodividu du plateau d’Arrêt sur nieuses qui soit ; à la maternité – ­Images désire se présenter comme même le non-désir d’enfant se non-binaire pour mener une exisconstruit par rapport à cette postence « vivable »… Ne serait-il pas sibilité initiale ; notre rapport au sage d’adopter le regard par temps. Bastié cite à ce sujet cette Les femmes ­l’absurde que prêche la blague réac jolie phrase de la féministe Mona connaissent les limites. qu’on retrouve sous chaque article Ozouf : « Ce n’est pas à l’éternité D’elles-mêmes de presse consacré au sujet : « Bonqu’elles aspirent mais à la durée hujour, je me sens arbre, puis-je être maine. » Les femmes connaissent et du monde considéré comme un frêne ? » En les limites. D’elles-mêmes, du somme, et si on prenait une grande monde. Pas toutes, c’est entendu. inspiration ? Que certains inventent leur propre récit de soi ! Il faut parler de tendance générale si vous ne voulez pas La majorité n’en continuera pas moins d’employer les qu’on vous cite l’exemple de la cousine Stéphanie qui n’a ­termes génériques et le monde d’être plutôt plaisant. jamais eu ses règles ni pensé une minute à la maternité. Ce résidu biologique est là. Le contrer ne le fera pas disparaîUne dualité féconde tre. Et, selon notre collègue, il faudrait se réjouir de cette Là, Bastié nous attrape par le col. Avant qu’on aille gaie- permanence. Cette dualité hommes-femmes est une ment danser au bord du volcan relativiste, elle pointe le source féconde. De désir sexuel. D’amour. De civilisation « mensonge énorme » sur lequel s’adosse cette réinitialisa- (on hiérarchise comme ça nous vient). À condition d’être tion du monde. La négation de la frontière biologique organisé. Valorisé même. Il en va de la sauvegarde des ­e ntre les sexes. Mensonge qu’une minorité susurre. ­femmes. De celle des hommes aussi. À ceux-là, Bastié Qu’une majorité pourrait bien croire. Brouiller les genres, ­accorde l’attention qu’on porte à un puissant animal les fluidifier ne suffit pas à libérer les femmes. Misère… blessé. À l’en croire, ils souffrent dans leur virilité, ne trouQue faire ? Expliquer que le genre n’a pas de sens en soi vent plus leur place (à notre humble avis, ils ne vont pas si puisqu’il ne procède d’aucun fondement de base ? Riche mal). Le dernier chapitre est constitué des pages plus fines idée. On ne naîtrait pas homme ou femme, mâle ou du tract. Celles où l’auteur défend la mise en forme « cultufemme. On ne naîtrait rien ! Il n’y a pas deux sexes mais 48, relle, et même civilisationnelle » de la différence des sexes. titrait Libération en 2013. Et tant pis pour les différences On peut l’abolir, celle-là. Or « si celle-ci venait à disparaître, ontologiques observables pour quiconque a des yeux. l’humanité irait au-devant de graves ennuis ». « Il faut noter ce paradoxe de notre temps, écrit Bastié. Comme le sens du suspense n’est pas la Alors même qu’on proclame le culte de la science, la chasse moindre de nos qualités, apprenez-en aux obscurantismes, la lutte contre les fausses nouvelles, on plus sur ces trois graves ennuis au dernier accepte comme un fait non susceptible de débat l’idée que chapitre du tract. 3,90 €. Chez votre le sexe serait une pure construction sociale. » Ainsi Camille ­libraire le plus proche. ■ Madeleine Meteyer Froidevaux-Metterie, philosophe, spécialiste du corps, définit, dans le podcast La Poudre, le féminin comme « le Sauver la différence des sexes, d’Eugénie Bastié, Gallimard, « Tracts », 32 p., 3,90 €. fait d’éprouver au quotidien un certain nombre de violences

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24/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Lionel Préau / Riva Press, ESTELLE RUIZ / NurPhoto via AFP

Nier la frontière biologique entre les sexes : dernière illusion à la mode.

Avec SG, faites grandir vos idées où que vous soyez.

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les indiscrétions de carl meeus

“Je suis seulement candidat aux sénatoriales dans les Yvelines en septembre prochain Gérard Larcher

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ans la situation actuelle, il n’est pas anormal que certains regards se tournent vers le président du Sénat. Si le président de la République, parmi les options qui se présentent à lui, choisissait celle du changement de premier ministre, le nom de Gérard Larcher serait forcément intégré dans la liste des prétendants à Matignon. Après tout, la réforme des retraites a été votée par le Sénat et nombre de textes commencent par la Haute Assemblée, seule à même de trouver des majorités. Oui, mais Gérard Larcher, en bon chasseur, ne se découvre pas. Quand cette hypothèse est lancée devant lui, il savoure la réponse préparée avec gourmandise : « Je suis seulement candidat aux élections sénatoriales de septembre prochain. » Puis, de nouveau, à la présidence du Sénat. Ce qui lui permettra de continuer à discuter avec Élisabeth Borne à Matignon (ou son successeur) et Emmanuel Macron. Convié à l’Élysée la semaine dernière, Gérard Larcher a pu expliquer au président ses désaccords sur sa méthode. « Je n’aurais pas pratiqué comme ça. Ma lecture des institutions n’est pas la même que la sienne. Pour moi, le président doit rester dans son rôle d’arbitre et laisser le premier ministre conduire la politique. » Rejetant l’offre de service d’un accord de coalition (« un contrat, ça doit être clair, une coalition se fait après des élections législatives »), Gérard Larcher reste aussi vigilant sur l’avenir de son parti, Les Républicains. « Il faut redonner un cap et une boussole aux militants. » Et regrette le silence de Laurent Wauquiez : « Quand on aspire à de hautes fonctions, à un moment il faut prendre ses responsabilités et rompre le silence. »

a-t-il une méthode Pannier-Runacher ? La ministre de la Transition énergétique a réussi à faire ­voter trois lois au Parlement, avec des majorités différentes à chaque fois. Et pour les deux dernières, dans un contexte difficile. Le 10 janvier dernier, sa loi sur les énergies non renouvelables a été votée à l’Assemblée ­nationale. Le même jour que la présentation par la première ministre du projet de loi sur les retraites… Autant dire un jour un tantinet tendu. Mais ce n’est rien à côté du vote du texte sur la relance du nucléaire. Il a été voté le 21 mars… jour des discussions sur les deux motions de censure. Là encore, un petit moment de tensions ! Et pourtant, son projet de loi a été adopté par 402 voix. « D’emblée, je ne me dis pas “avec qui vais-je faire voter la loi ?”, mais je me fixe les objectifs intangibles que je poursuis. Il y a ensuite un énorme travail en amont, puis dans la discussion où je regarde si les propositions des parlemen­taires contribuent aux objectifs ou nous en écartent, en ­évitant tout sectarisme. » C’est ainsi que le texte ENR est passé de 20 à 115 articles. « C’est un texte sur lequel tout le monde a pu mettre sa patte », se félicite la ministre, contente d’avoir « fait passer [ses] trois lois avec des majorités différentes ». La première concernait le volet énergie de la loi pouvoir d’achat, votée à l’été 2022. Elle incluait la prolongation de la centrale à charbon de Saint-Avold pour faire face à l’hiver. Malgré cette activité supplémentaire, la part du charbon dans le mix énergétique a baissé en 2022 par rapport à 2021 (0,6 % contre 1 %).

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Laurent Berger a les clés de la sortie de crise

ans la bataille des retraites, c’est l’homme que les Français apprécient le plus. Selon une enquête menée par OpinionWay pour Pollitics, la société d’études de la politologue Chloé Morin, 37 % d’entre eux font confiance au patron de la CFDT pour sortir de la crise actuelle. En deuxième position seulement, les Français s’en remettent à Emmanuel Macron (28 %). Ce qui ­signifie que les deux hommes doivent s’entendre pour trouver une issue aux blocages. Car juste derrière eux, celle à qui les Français font confiance pour sortir de la crise n’est autre que Marine Le Pen (24 %). Très loin devant Jean-Luc Mélenchon (15 %). Preuve que sa stratégie est meilleure que celle du leader de La France insoumise.

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26/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

Agnès Pannier-Runacher

Sébastien SORIANO/Le Figaro

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J’ai passé mes lois avec des majorités différentes

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baromètre kantar public-epoka du mois d’avril 2023

Emmanuel macron paye au prix fort la réforme et les blocages La cote de confiance du président de la République chute de 4 points à 26 %.

POUR CHACUNE DES PERSONNALITÉS SUIVANTES, SOUHAITEZ-VOUS LUI VOIR JOUER UN RÔLE IMPORTANT AU COURS DES MOIS ET DES ANNÉES Variation À VENIR ? par rapport

à mars 2023

É. PHILIPPE

Juin 2017

Avril 2023

57%

Avril 2023

26%

21%

des Français lui font confiance

des Français lui font confiance

M. LE PEN J. BARDELLA B. LE MAIRE M. MARÉCHAL G. ATTAL O. VÉRAN F. ROUSSEL

Juin 2022

30%

G. DARMANIN X. BERTRAND F. RUFFIN J.-L. MÉLENCHON

É. BORNE

E. MACRON N

M. BARNIER Y. JADOT L. WAUQUIEZ N. DUPONT-AIGNAN

70 % des Français ne lui font pas confiance

-4

-6

pts

pts

depuis mars 2023

depuis mars 2023

71 % des Français ne lui font pas confiance

Sans opinion : 4 %

N. SARKOZY É. ZEMMOUR M. SCHIAPPA

Sans opinion : 8 %

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R. DATI

n deux mois, la structure de la Mais comment Emmanuel Macron peut-il cote de confiance d’Emmanuel encore faire passer ses réformes quand il Macron s’est dégradée d’une ma- ne peut plus compter que sur ses seuls sounière extrêmement inquiétante tiens ? Au sein des Républicains, chez qui pour le président de la Républi- il espère trouver des alliés pour constituer que. La proportion de Français Les Républicains une majorité plus stable, seuls qui ne lui font pas confiance est 26 % (– 17) lui font confiance. lâchent passé de 57 à 70 %. Mais le pire Élisabeth Borne, sa première le Président est l’accroissement de ceux qui ne ministre, ne lui est d’aucune lui « font pas du tout confiance ». Il sont aide, sa cote de confiance s’effondrant désormais 50 % (+ 9 points en un mois). Il de 6 points après l’utilisation du 49-3 à faut remonter à la crise des « gilets jaunes » l’Assemblée nationale. En revanche, s’il pour voir un taux aussi élevé à l’encontre du devait décider de changer la locataire de chef de l’État : 57 % en avril 2018. Le record, Matignon, trois ministres surnagent : détenu par François Hollande n’est certes Bruno Le Maire, Gabriel Attal et Olivier C. M. pas encore battu (60 % en 2015). Véran.

F. BAYROU É. D.-MORETTI Ch. ESTROSI F. HOLLANDE O. FAURE V. PÉCRESSE P. NDIAYE É. CIOTTI S. ROYAL A. PRADIÉ C. AUTAIN

fabien roussel

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L +6 ▲

e président du Rassemblement national se hisse sur la troisième marche du podium. Ceux qui doutaient que le RN était en mesure de profiter de la crise issue de la réforme des retraites ont une réponse : Marine Le Pen et Jordan Bardella progressent. Marine Le Pen n’est pas loin de la première place !

+3 ▲

a stratégie du parti communiste semble plus payante que celle de La France insoumise ! En tout cas son patron, Fabien Roussel, progresse et distance désormais Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier est même dépassé par celui qui pourrait être un rival dans la course présidentielle de 2027, François Ruffin.

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27/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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10 B. RETAILLEAU 10 S. ROUSSEAU 10 G. LARCHER 10 A. HIDALGO 10 A. PANNIER-RUNACHER 9 A. BERGÉ 9 S. LECORNU 9 C. BEAUNE 8

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STABLE (+2) Non testée en mars

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testée 7 Non en mars O. DUSSOPT 7 STABLE D. LISNARD 6 STABLE F. BRAUN 6 STABLE A. QUATENNENS 6 STABLE M. TONDELIER 5 STABLE Sondage Kantar Public-Epoka effectué pour Le Figaro Magazine. Dates de réalisation : du 26 au 27 mars 2023. Échantillon national de 1 000 personnes, représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en ligne. Méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence) et stratification par région et catégorie d'agglomération.

M. PANOT

jordan bardella

39 37 29 28 25 23 23 22 22 21 19 18 17 17 17 17 17 17 16 15 15 14

Sébastien SORIANO - OLIVIER CORET/Le Figaro Magazine ; infographie : le figaro

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MISE À JOUR

À CHAQUE ÂGE SON CARACTÈRE Et si votre vitesse de lecture dépendait aussi de comment le texte que vous lisez est écrit ? Une étude montre que certaines polices de caractères nous permettent de lire plus vite que d’autres.

Vitesse de lecture (mots lus par minute) 250

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28/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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SOURCE : S. WALLACE ET ALII, TOWARDS INDIVIDUATED READING EXPERIENCES: DIFFERENT FONTS INCREASE READING SPEED FOR DIFFERENT INDIVIDUALS, BROWN UNIVERSITY, 2022

INFOGRAPHIE LE FIGARO

Par Dario Ingiusto

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Polémique

Le chantier colossal – et contestable – de la Rénovation énergétique Présentée comme une urgence, l’isolation thermique des bâtiments aura un coût élevé. Mais pour quelle efficacité ? Par Ghislain de Montalembert

Michele D’Ottavio / Alamy Stock Photo

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a rénovation thermique a de beaux jours devant elle. Deux textes viennent d’être adoptés dans le but d’en accélérer le rythme au cours des ­prochaines années. Le premier concerne les ­bâtiments publics français, que l’État et les collectivités territoriales vont devoir rénover avec un objectif ambitieux : réduire la consommation énergétique de 40 % d’ici à 2030. Pas moins de 400 millions de m2 sont concernés. Le 22 mars, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi visant à faciliter le financement de ce chantier dont le coût pourrait grimper jusqu’à 500 milliards d’euros. Le 14 mars, le Parlement européen a de son côté voté un texte donnant un coup d’accélérateur aux chantiers de ­rénovation énergétique des bâtiments, lesquels représentent 36 % des émissions de gaz à effet de serre de l’Union européenne. Objectif : parvenir à un parc immobilier « zéro émission » d’ici à 2050. Le texte prévoit qu’à partir de 2028, tous les bâtiments neufs soient neutres en carbone et équipés d’un chauffage par énergies décarbonées. Tous les logements anciens devront atteindre la classe E sur l’échelle de la performance énergétique dès 2030, puis D en 2033. Soit une nette augmentation par rapport à ce que proposait la Commission initialement (au moins la classe F en 2030, puis E en 2033) et, plus encore, chacun des États membres. Un vote contre lequel François-Xavier Bellamy ne décolère pas. « Ce texte impose des travaux majeurs de rénovation thermique sur 40 millions de bâtiments, soit 40 à 50 % du parc immobilier en Europe d’ici à 2033, explique le député au Parlement européen. Il s’agit d’un chantier colossal que la Commission européenne a elle-même chiffré à 275 milliards

d’euros par an. On voit clairement les intérêts économiques qui sont en jeu : depuis des mois, entre 150 et 200 lobbyistes du secteur de la construction s’activent à Bruxelles. » Qui paiera la note ? La Commission a promis 150 milliards d’euros de budget européen. Le compte n’y est pas. « Ce coût, que ce soit avec l’argent public ou privé, à la fin, nous ­savons bien qui le paiera : les gens ordinaires, ceux qui ­travaillent, qui contribuent, qui épargnent toute une vie pour acheter le lieu où ils vivent et qui vont se voir imposer des travaux dont les prix exploseront du fait de la demande brutale que ces nouvelles normes vont provoquer », reprend ­François-Xavier Bellamy. Et tout cela pour quels résultats ? Une étude britannique, publiée en janvier, jette de sérieux doutes sur l’efficacité, sur le long terme, des programmes de rénovation énergétique. Menée par des chercheuses de l’université de Cambridge sur plus de 55 000 ménages en Angleterre et au pays de ­Galles, elle montre que les travaux, cinq ans après leur ­réalisation, sont sans effet sur la consommation d’énergie des ménages.

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29/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

“manque de bon sens”

Si l’isolation des murs creux génère par exemple une économie d’énergie moyenne de 7 % la première année, celle-ci s’amenuise rapidement avec le temps : elle tombe à 2,7 % dès la deuxième année, et devient négligeable à partir de la quatrième. Les travaux d’isolation des combles ­entraîneraient quant à eux une baisse de consommation de 1,8 % après un an, insignifiante par la suite. L’exemple allemand est aussi alarmant : dans un rapport publié en 2020, la GdW, plus grande fédération allemande de sociétés immobilières, a montré que les 340 milliards d’euros ­investis par l’Allemagne depuis 2010 dans la rénovation thermique des bâtiments n’ont pas produit les résultats ­escomptés : la consommation énergétique des logements est restée stable. Pire : le coût des travaux entrepris a le plus souvent été ­répercuté sur les loyers, qui ont augmenté de façon disproportionnée. « Pourquoi vouloir toujours tout changer, tout remplacer, tout refaire à neuf ? interroge François-Xavier Bellamy. On s’aperçoit ensuite que les bâtiments mis aux normes et parfaitement isolés ne respirent pas assez et qu’il faut les doter d’une aération ! Tout cela manque de bon sens. Les anciens savaient mieux que nous s’adapter à la diversité des climats et des territoires : des vieilles longères aux mas provençaux en passant par les habitations à colombages, ils concevaient des maisons fraîches en été et gardant la chaleur en hiver… sans pour autant subir la tyrannie de normes préétablies. »

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Un homme, une voix

Jean-Paul Kauffmann Les retours de l’existence

les rendez-vous de J-R van der plaetsen

La plupart des livres de l’ex-otage du Hezbollah ont été réunis dans la collection Bouquins. Son œuvre, qu’on peut lire comme une allégorie de l’enfermement, célèbre surtout la liberté.

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t si nous nous étions tous trompés sur Jean-Paul Kauffmann ? Au motif qu’il fut pendant près de trois ans otage du Hezbollah au ­Liban, nombre d’entre nous n’ont voulu voir qu’une métaphore de ­l’enfermement dans l’œuvre ­littéraire qui a suivi cette expérience traumatisante. Il faut dire que, de La Chambre noire de Longwood, qui ­décrivait les derniers jours de ­Napoléon reclus sur l’île de Sainte-Hélène, jusqu’à Venise à double tour, récit d’une itinérance dans les églises fermées, oubliées ou désaffectées de la Sérénissime, l’auteur a tout fait pour nous indiquer cette direction et brouiller les pistes. La réunion de ses plus célèbres textes en un seul v­ olume vient soudain modifier la perspective sur son œuvre et lui ­donner une autre cohérence, passée inaperçue à l’époque. En réalité, Kauffmann célèbre la liberté des hommes des confins autant qu’il ­décrit le syndrome de l’enfermement qu’éprouvent certains d’entre nous.

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a langue française, c’est bien connu, ne cesse d’évoluer. Plus personne n’est concerné ou touché, on est désormais « impacté ». Plus rien n’est validé, tout est « acté ». Exemples bien connus d’anglicismes remplaçant des mots existants, comme le « ça va le faire » découlant directement de « it’ll do ». Là où cela devient plus amusant, c’est lorsque la phonétique s’en mêle (s’emmêle ?) : le lendemain d’une manifestation, sous un Abribus aux vitrines pulvérisées, une dame disait : « On n’en peut plus de ces

“J’écris pour faire disparaître ma condition d’ex-otage, en même temps je ne veux pas qu’on l’oublie”

Zones limites, de Jean-Paul Kauffmann, Bouquins, 1 152 p., 32 €.

les black bottes, comme même ! black bottes ! » Oui, les blattes blocs, enfin les black blocs (photo), on s’y perd. Sur les réseaux sociaux, l’expression écrite atteint des sommets. On ne dit plus « bon anniversaire », mais « bonne annif ». Pour « annifersaire », bien sûr. Un site internet assez

amusant, Bescherelle ta mère, repère les fautes des publicités (« La nuit qui fait que les rêvent deviennent réalité, uniquement chez Disney Store »), des médias (les bandeaux déroulants des sites d’information continue sont pleins de pépites), et le

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30/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

nouveau langage des réseaux (« Bonjour, je cherche quelqu’un qui sache faire l’hepneuse pour arrêter de fumer »). C’est édifiant, presque poétique. Il y avait « à l’arrache », désormais c’est « à la rache ». « Quand même » devient « comme même ». « On dirait » se transforme en « en dirait ». Et là, une nouveauté sensationnelle repérée par le site : « Non pêche, quand je lis certains tweets… » Âne effet. Qu’en pensent les académiciens, les écrivains, les écrivaines et les autrices ? Progrès ou régression ? À voir. Bon oui ken comme même.

ASSOULINE/Opale.photo ; olivier coret/ divergence

Nous vivons une époque formidable, par Nicolas Ungemuth

La phrase du livre à retenir (p. XVIII)

L’œuvre de Kauffmann peut se lire comme le récit d’une convalescence, d’une réparation de l’esprit et d’une redécouverte de la liberté. L’Arche des Kerguelen forme les premiers pas d’un grand blessé de l’existence ­tandis que La Maison du retour ou Remonter la Marne témoignent d’un homme qui a repris goût à la vie. Il faudra écrire un jour le grand roman de la douleur qui humanise ceux qui l’ont vécue dans leur chair ou leur ­esprit. À sa façon, Kauffmann a écrit ce livre, mais sans emprunter le genre romanesque. D’où ce ton qui émeut tant. « Après ma captivité, je suis ­revenu à la vie par paliers, comme un plongeur remonte des profondeurs », dit-il, ajoutant : « Il faut avoir connu l’adversité totale pour éprouver la vraie joie. » Comme il le fait chaque é t é d e p u i s q u a ra n t e - c i n q a n s, ­Kauffmann se prépare à s’enfermer durant un mois dans le phare d’une île bretonne pour écrire. Est-il pos­sible de retrouver la plénitude du sentiment de liberté lorsqu’il nous est arrivé de perdre celle-ci ?

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FRANCK FERVILLE pour le Figaro Magazine

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32/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Frédéric Beigbeder

“Critiquer le mâle blanc hétéro de plus de 50 ans, c’est être raciste quatre fois” Refusant d’être « déconstruit » par les néoféministes, notre chroniqueur littéraire publie un essai dans lequel il prend la défense de l’homme d’aujourd’hui, devenu une victime dans la perpétuelle guerre des sexes. Il y mène aussi, avec autant de talent que d’humour, une charge contre la « cancel culture ».

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Propos recueillis par Jean-René Van der Plaetsen

tre hétérosexuel, avec tout le vague à l’âme qui peut a­ ccom­pagner cette condition de nos jours : tel est le principal sujet de votre nouveau livre qui prend la défense du mâle blanc occidental âgé de plus de 50 ans – ce qui correspond exactement à votre situation personnelle actuelle. Pensez-vous que c’est un handicap, en 2023, d’être hétérosexuel ? Non, je ne pense pas du tout. J’ai écrit ce livre en réaction à une agression qui a eu lieu à mon domicile. Ma maison a été recouverte d’injures à la peinture acrylique pour avoir signé le « Manifeste des 343 salauds », avant le vote de la loi pénalisant les clients de prostituées. Le syndicat des travailleuses du sexe (Strass) et Médecins du Monde disent que cette loi a surtout pénalisé les prostituées. Je pense que ma liberté de penser agace certaines personnes. Je défends des écrivains sulfureux, je lutte contre la « cancel culture », je me moque des r­ éseaux sociaux, j’incarne une forme de résistance frivole au politiquement correct. Ce qui semblait banal autrefois dans une démocratie (l’esprit de contradiction) est aujourd’hui quelque chose de risqué physiquement. À la limite, être attaqué pour mes prises de position me choque moins que d’être vilipendé pour mon être. Il ne vous a pas échappé que je suis un mâle blanc hétéro de plus de 50 ans. C’est, je crois, le cœur de cible du Figaro Magazine ! C’est aussi l’ennemi responsable de tous les malheurs du monde, selon un nombre croissant de « déconstructionnistes ». J’ai écrit ce livre, Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, pour rappeler une chose simple : je n’ai pas choisi d’être un homme, ni d’être blanc, ni de désirer les femmes, ni de naître en 1965. Critiquer le mâle blanc hétéro de plus

de 50 ans, c’est être raciste quatre fois. J’en ai marre que l’hétérosexuel soit partout traité de connard, de beauf, de porc, de bourrin. Cela me choque autant que les h ­ omos traités de pédales ou de tarlouzes. Je suis né ­hétéro. Ce n’est pas de ma faute si je suis attiré par les femmes. Je m’adresse aux hétérophobes du monde ­entier : vous n’avez pas le monopole de la victimisation. Vous ne l’avez pas. Croyez-vous que le souhait des femmes d’aujourd’hui soit de se débarrasser de cet objet encombrant qu’est l’homme, aussi imparfait, futile, lourdingue, mais malgré tout ­attachant, fût- il ? Absolument pas. Une minorité bruyante de « wokes » ne doit pas monopoliser la parole. Je crois que le moment est venu pour la majorité silencieuse de cesser de se taire. Il paraît que les hommes hétéros qui se plaignent sont surnommés les « ouin-ouin » par les néoféministes. Eh bien j’assume, dans mon livre je crie OUIN, OUIN, je veux continuer d’aimer l’autre sexe sans être terrorisé ! J’ai écrit mon livre sans la moindre autocensure. Quand votre maison a été taguée pendant que vos enfants dorment à l’étage, vous ne craignez plus rien. Il y a des coups à prendre ? Je les ai déjà reçus. Je dis juste que les hétéros ne sont pas tous des violeurs. Notre désir pour les ­femmes est certes intensément désespéré, mais il n’est pas ridicule, il est sacré, il est beau, il doit être respecté autant que le désir homosexuel, ni plus, ni moins. Il est vrai qu’être attiré par un autre sexe est une perversion ­bizarre. L’homosexualité est bien plus rationnelle : aimer quelqu’un qui est pareil à soi. Moi, j’ai cette folie de désirer des créatures diamétralement opposées. C’est délirant mais je ne peux pas faire autrement. Plus sérieusement, je crois que #MeToo a été une étape nécessaire. Comme 99,9 % des hommes, je suis évidemment pour qu’on enferme les tueurs, les violeurs, les u brutes épaisses et les harceleurs répugnants qui déshonorent ____

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l’hétérosexualité. Je pense aussi que #MeToo fut la porte aidé, il se déconstruit très bien tout seul. Je me tais non ouverte à beaucoup de lynchage numérique sans preuves, par crainte d’énerver Sandrine Rousseau mais parce que c’est-à-dire un retour au système du pilori. On désigne un j’ai atteint les 2 000 signes ! homme à la vindicte populaire. Tout le monde lui crache Un autre des sujets de votre essai concerne le sentiment victidessus sans jugement, sans avocat, parfois sans preuves. À maire. En gros, vous expliquez que l’on n’existe pas aujour­présent, la situation est simple : on a offert à toutes les fem- d’hui si l’on n’est pas considéré comme une victime. Comment mes ce bouton nucléaire. C’est un miracle que la plupart ne expliquez-vous que le statut de héros chevaleresque, jusque-là s’en servent pas. Tout homme qui ­désire une femme doit être enviable, et ce quel que soit le lieu et l’époque dans l’histoire de extrêmement prudent car on ne reviendra pas en arrière. Il l’humanité, soit aujourd’hui ­dépassé par celui de victime, qui va falloir être fin, distant, moins tactile, encore plus malin serait préférable ? Autrement dit, l’Occident a-t-il tout faux ? que Valmont et Casanova réunis. Comment faire pour que Nous vivons dans une nouvelle ère depuis L’Étranger de ce progrès indéniable devienne un nouveau jeu érotique ? Camus (1942) : l’époque des antihéros. Si on entre dans la Cette question me passionne autant que Virginie Despentes compétition de la victimisation, on n’a pas fini de comparer qui, comme moi, est opposée à la guerre des sexes. ses malheurs. On a tous des traumatismes, l’important est Le romancier que vous êtes peut-il imaginer un monde peuplé ce qu’on en fait. Je trouve que cela donne principalement de femmes fortes, qui domineraient des « hommes des mauvais livres, c’est pourquoi je cherche surtout à déconstruits », pour reprendre l’expression de Mme Sandrine sortir de la lamentation par le haut. Le statut d’antihéros Rousseau, qui voit dans ce modèle de relations h­ umaines le me convient parfaitement. J’aime les losers magnifiques, nouveau paradigme idéal ? Vous avez 2 000 signes maximum les ratés flamboyants et les dandys nostalgiques. La pour répondre à cette question. situation de la France ressemble à la mienne : essayons Des femmes fortes qui dominent des hommes déconstruits ? de déchoir avec classe. L’idée est très excitante. Cela me fait penser au roman culte Une autre de vos cibles dans votre ouvrage est le wokisme, Yapou, bétail humain, de Tetsuo Amano (1970). J’en décon- c’est-à-dire la « cancel culture » ou, pour parler français, la seille la lecture aux âmes sensibles. Personnellement, j’ai culture de l’effacement. On vous sent très inquiet sur l’avenir l’impression d’avoir été déconstruit en 1968, quand mes du monde (et pas seulement à cause du réchauffement climaparents se sont séparés. ­Ensuite en 1972, quand j’ai été tique) et, plus encore, sur celui de la civilisation occidentale. frappé par le prêtre qui dirigeait mon école. Et puis en 1974, Croyez-vous vraiment que quelques universitaires français et quand un exhibitionniste m’a montré son sexe au bois de améri­­c­ains inspirés par les thèses de Pierre Bourdieu pourront Boulogne. Croyez-moi, les enfants des bourgeois décoincés effacer des siècles de culture qui ont ­essaimé dans le monde de des années 1970 ont été déconstruits très tôt dans les soirées façon universelle ? de leurs parents. C’est tout de même étonnant que Bret Bien sûr. Ils ont déjà gagné. Tik Tok a battu Proust. Je pourEaston Ellis et moi, nous racontions exactement la même rais plaisanter là-dessus mais je n’ai pas envie de rire. On corjeunesse destroy, des deux côtés de l’Atlantique ! Mon livre rige des classiques dans l’indifférence générale. Si l’on veut conte plutôt l’histoire d’une génération qui cherimposer la morale d’aujourd’hui à toute l’histoire che à se reconstruire dans un monde chaotique. Je de l’art, alors il faut prononcer le vrai mot. C’est suis en quête d’une structure qui me tienne chaud : une vaste entreprise de censure. Les mots « cancel est-ce un régiment de soldats, la retraite au monasculture » ou « wokisme » cachent les termes véritatère, ma famille ­recomposée au Pays basque ? Je bles : censure, totalitarisme, stalinisme, révolun’aime que les femmes fortes. La mienne travaille tion culturelle, maoïsme ! N’oublions pas qu’à et nous partageons les tâches domestiques, l’éduchaque fois qu’on commence à brûler des livres, cation des enfants et le recyclage des déchets on finit par exterminer des gens qui portent des comme de parfaits bobos. Ce qu’il faut bien comlunettes, comme Pol Pot. Je ne pensais pas qu’on prendre sur les hommes de mon âge, c’est que nous allait revivre une chose pareille après les horreurs ­sommes les premiers Français de toute l’Histoire de du siècle précédent. Prenons un exemple : la léce pays à n’avoir pas connu de guerre. Auparavant, gende de Tristan et Iseut, qui date du XIIIe siècle. « Confessions la guerre forgeait les hommes, depuis la nuit des d’un hétérosexuel Tristan fait boire le philtre d’amour à Iseut. La légèrement plus grande histoire d’amour de tous les temps est temps. On appelait ce rite « le baptême du feu ». dépassé », celle d’une meuf droguée par un mec. Il s’agit Nous avons remplacé la guerre par la drogue ou de Frédéric d’un « date rape » ! Faut-il corriger cette scène ? l’escalade (pour l’ami Sylvain Tesson). Nous Beigbeder, Faut-il l’encadrer d’avertissements ? Moi, j’ai avons besoin de nous mettre en danger. Jay McIAlbin Michel, confiance dans l’intelligence du lecteur, mais j’ai nerney dit que la cocaïne fut notre guerre. C’est 170 p., 19,90 €. peut-être tort. Si la censure gagne du terrain, c’est une grave connerie mais l’homme est une créa(En librairie le 5 avril) peut-être tout simplement parce que les gens sont ture autodestructrice. Il n’a pas besoin d’être

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34/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

presse

Les mots “cancel culture” ou “wokisme” cachent les termes véritables : censure, totalitarisme, stalinisme, révolution culturelle, maoïsme !

E s p r i t s

L i b r e s

Le temps de réflexion

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ertains gonflent leurs CV et s’inventent des vies qu’ils n’auront jamais. Et puis il y a les autres, ces artisans, ces soldats ou ces philosophes qui, très tôt, ont travaillé de leurs mains, se sont engagés pour combattre ou tentent inlassablement de réfléchir au monde qui les entoure. Officier de marine, tailleur de pierre et charpentier à ses heures, homme de lettres, Benjamin Douteau est l’un d’eux et son livre Anatomie du courage, un bréviaire nécessaire dans cette étrange période incertaine et floue, où la guerre en Ukraine et les tensions dans la zone indopacifique ont durablement déstabilisé un équilibre international plus fragile qu’on ne le pensait, aveuglés que nous étions par l’idée folle que l’Histoire était finie. On dit souvent, comme Jules Renard, que « le véritable courage consiste à être courageux précisément quand on ne l’est pas », ou, comme Vladimir Jankélévitch, que, si « avoir du courage est une chose, ne pas le perdre en est une autre ». Mais qui mieux qu’un militaire pouvait s’interroger sur sa matrice ? « Longtemps associé à la figure du guerrier, le courage se forge dans le combat et le risque, la confrontation avec l’inconnu et la peur. En d’autres termes, précise Benjamin Douteau, il s’agit d’accepter de se battre et de mourir pour des valeurs qui valent davantage que notre vie et doivent nous survivre. Mais il n’est jamais définitivement acquis », reconnaît-il en citant l’exemple d’un soldat très aguerri, pétrifié par le feu qui s’abat sur lui et ses hommes en Afghanistan. Car il y a la posture et la volonté. L’image que l’on a de soi-même et la confrontation, parfois brutale, avec le réel qui fait voler en éclats tout ce que l’on croyait établi. Se posent alors de nombreuses questions auxquelles l’officier s’efforce de trouver des réponses. Comment concilier le courage physique et le courage moral ? Le confort hédoniste de la vie occidentale et le don de soi ? La force du collectif et l’isolement derrière un écran ? Le combat de haute intensité et les aspirations Cyril Hofstein de la société civile ?

Propos recueillis par Jean-René Van der Plaetsen

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35/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Anatomie du courage. Le courage dans les forces armées, de Benjamin Douteau, Éditions de l’école de guerre, « Feux croisés », 127 p., 15 €.

FRANCK FERVILLE pour le Figaro Magazine ;

de plus en plus cons. Or, la bêtise conduit systématiquement à la violence. Je ne sais plus qui définissait ainsi le nazisme : « des idiots avec des mitraillettes ». Deux beaux et émouvants chapitres de votre essai évoquent votre séjour et votre expérience chez les chanoines de NotreDame de Lagrasse et chez les marsouins du 21e RIMa. Vous écrivez notamment cette phrase qui va à l’encontre de toute l’image que l’on peut se faire de vous : « Aujourd’hui, je me sens mieux dans un monastère augustinien qu’au bordel, et les militaires m’amusent plus que les fashionistas. » C’est un « coming out » réactionnaire ? Ces deux textes ont été deux expériences cruciales de ma vie et je vous les dois, merci, cher Jean-René. Les deux ouvrages collectifs qui ont organisé ces séjours sont sortis l’an dernier chez Fayard, mais j’ai développé les chapitres dans mes confessions, précédés par « Mes Adieux à la coke » (parus dans L’Obs) et deux manifestes inédits sur le drame de mon hétérosexualité. En réunissant ce matériau, j’espère que le lecteur suit le trajet d’un homme en quête de signification. Je me suis beaucoup inspiré de La Fêlure de Fitzgerald. C’étaient aussi trois articles impudiques parus dans Esquire en 1936. Je dois aussi renvoyer l’ascenseur aux Confessions de Rousseau (pas Sandrine, l’autre). Lui aussi a reçu une fessée dans son enfance. Il dit ceci au début du Livre premier : « Qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères. » Ce qu’il y a de formidable dans le catholicisme, c’est qu’il encourage l’autobiographie comme s­ acrement. Le toxicomane que je suis, agressé et dénigré, se confesse comme dans une réunion des Narcotiques Anonymes (NA). Puis il s’agenouille devant la croix et il plonge en treillis dans l’eau : c’est la révélation. J’ai besoin de rites. J’ai besoin de chants. J’ai besoin d’uniformes. J’ai besoin d’une cause. Le titre américain de La Fureur de vivre était Rebel Without a Cause. Il est impossible de tenir une vie entière sans cause. Je veux être un rebelle avec une cause. Je veux la fureur de vivre avec un sens. Vous dites aussi dans cet ouvrage avoir définitivement ­renoncé à la cocaïne ainsi qu’à d’autres substances illicites – mais pas à la vodka ! C’est un serment d’ivrogne ou peut-on vous croire sur parole ? Comme disent les NA : « Juste pour aujourd’hui. » Je me battrai jusqu’à la fin de mes jours pour ne pas rechuter, mais c’est une lutte quotidienne. J’ai trouvé d’autres ­addictions : par exemple, le padel tennis est une façon plus saine d’accélérer son rythme cardiaque. Frédéric Beigbeder, quels pourraient être vos derniers mots et vos ultimes conseils pour autrui avant la fin du monde, puisque vous nous souhaitez à tous, dans la dernière phrase de vos « Confessions », « une agréable apocalypse » ? Installez-vous bien confortablement dans votre fauteuil. Le spectacle va commencer. ■

À l’école du courage

E s p r i t s

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la chronique de françois d’orcival

La minute Philo

Pourquoi l’examen du projet de loi sur l’entrée, régulière ou clandestine, des étrangers en France a été repoussé sine die par le chef de l’État.

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iscuter de l’immigration ap rè s l e s re t ra i t e s ? C ’ é t a i t p rév u p a r l e ­c alendrier parlementaire ; on devait commencer par le Sénat et aller ensuite à l’Assemblée. La discussion publique des sénateurs devait avoir lieu cette ­semaine, avant leur vote final, le 4 avril. Cela s’est évidemment révélé impossible, l’émeute ayant pris le dessus. Le président du Sénat, Gérard Larcher, avait été le premier à le dire à Emmanuel Macron quand celui-ci l’avait invité à déjeuner avec Yaël Braun-Pivet, son homologue de l’Assemblée : le texte prévu est certes une réforme ­importante et même indispensable, « parce que nos capacités d’accueil sont saturées », mais on ne peut le voter ni maintenant ni dans ces conditions. Le président de la République profite donc de son intervention télévisée du lendemain pour y renoncer. L’immigration, on en parlera plus tard. ­Décaler, c’est ce qu’il a de mieux à faire. De combien ? De plusieurs ­semaines, dit-il, ce qui nous amène à l’été. Si cette date n’est pas retenue, alors ce sera pour la rentrée. Mais la rentrée, c’est le budget, jusqu’à la fin de l’année. Et ensuite ? On préparera les élections européennes du printemps 2024, et on entrera dans les Jeux olympiques d’été… Autant dire qu’on ne sera plus dans les débats sur l’immigration, dont le ministre de

l’Intérieur, Gérald Darmanin, estime pourtant avoir bien besoin pour ­reprendre et compléter la loi précédente, celle du 10 septembre 2018, sur « l’immigration maîtrisée » qui se sera révélée inefficace et bonne à refaire. Emmanuel Macron, que ce projet ­assomme – il pense à autre chose, au roi Charles III qui doit venir à Paris et qu’il n’a pas encore appelé pour différer sa visite, à son futur voyage à Pékin où il entend parler de l’Ukraine –, se divertit en proposant une idée étrange : dans le nouveau texte qu’il imagine, il veut distinguer ce qui peut plaire à la gauche et ce qui peut être retenu par la droite. Il suggère donc de réécrire le projet en plusieurs parties ; l’une sera gouvernem e n t a l e, l e s a u t re s s e ro n t d e s propositions de loi d’élus, tantôt de droite, tantôt de gauche. Mais de quelle gauche, et de quelle droite ? Pour plaire à qui… « Des petits textes à l a d é c o u p e ? » b o n d i t Br u n o ­Retailleau, le président des sénateurs républicains qui ont voté le premier projet de loi après l’avoir fortement amendé : « On se moque de nous ! » On ne peut pas lui donner tort. L’immigration n’est plus « maîtrisée » ; malgré tous les textes, elle a même explosé. Et il n’y a peut-être plus que des employeurs désespérés de trouver de la main-d’œuvre pour ­souhaiter régulariser la situation de ces étrangers en situation irrégulière…

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36/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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eudi 23 mars. Le soir tombe sur Paris. Le défilé hostile à la réforme des retraites s’achève dans la confusion. Des créatures animées d’intentions contradictoires se heurtent brutalement. Autour de la place de l’Opéra, il y a des incendies, des barricades, des cocktails et des grenades. Au cœur de cette animation vespérale, une jeune femme élégamment vêtue, maquillée de blanc et chaussée d’escarpins, est assise au pied d’un arbre. Insensible aux brasiers, elle prend des poses étudiées. S’agit-il d’un mannequin en plein « shooting » ? D’une passante égarée en quête d’un quart d’heure « warholien » ? Nul ne sait et qu’importe, car on ne peut imaginer plus parfaite allégorie de nos ténèbres contemporaines : la disparition de tout monde commun. De tout réel commun. De tout lien commun. L’indifférence radicale de cette créature solipsiste symbolise à merveille la « déconnexion », qui n’est que l’autre nom de la disparition du réel partagé. Disparition aujourd’hui visible partout et par tous : qu’ont encore en commun les corps constitués, les corps intermédiaires et le corps social ? La technocratie et le pouvoir du peuple ? Le peuple et ses représentants ? Le peuple lui-même existe-t-il encore ou n’est-il plus qu’une juxtaposition d’éléments hétérogènes dépourvus d’un lien commun transcendant leurs appétits singuliers et autres développements personnels ? Bref, cette apparition d’un soir n’est-elle pas le pur symbole de la décomposition qui vient ? Celle de la Cité réduite à un corps sans tête, donc sans âme ; sans unité. « Un tas et non plus un tout. » Un cadavre. Paulin Césari

AFP

l’immigration, ce sujet qui assomme Emmanuel Macron

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En couverture

38/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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onfray “Je regarde la vague nihiliste nous arriver dessus” Le philosophe publie « Anima », un nouvel ouvrage qui fera date, dans lequel il décrit les métamorphoses de l’âme occidentale, depuis ses origines jusqu’à un futur qu’il pressent inhumain, où l’homme aura perdu ce sens de l’humanité qui le distingue de l’animal.

Par Jean-René Van der Plaetsen (texte) et Emmanuele Scorceletti pour le Figaro Magazine (photos)

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39/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Le tuilage s’étant effectué lui aussi e­ ntre le gréco et le romain, le judéo et le chrétien, le puritano et le californien… Pensez-vous que ce phénomène est spécifique à la France ou qu’il frappe aussi les autres pays d’Occident ? Il frappe l’Occident, à savoir tout ce qui vit sous régime judéo-chrétien : la vieille Europe, certes, dont la France postée en avant-garde éclairée du nihilisme, ce qui témoigne de la validité du vieil adage que le poisson pourrit par la tête, mais également les ÉtatsUnis, le Canada et l’Australie, la Nouvelle-Zélande et l’Amérique du Sud, qui y viendra elle aussi. Les États-Unis sont actuellement le lieu de cette fracture entre les progressistes et les conservateurs, mais ce sont les Gafam qui tranchent, et ils ont choisi le camp libertarien des progressistes autoproclamés – car il peut y avoir des progrès dans le nihilisme… En matière de civilisation, Biden ou Trump n’y peuvent rien à Washington car c’est sur la côte ouest des ÉtatsUnis, en Californie, qu’Elon Musk, Jeff Bezos, Larry Page, Mark Zuckerberg règlent le problème au-dessus de la tête du président des États-Unis, quel qu’il soit ! Et ils ont décidé qu’acheter et vendre des enfants qualifiaient désormais le néoprogrès. Toute cette bande semble avoir 1984 d’Orwell et Le Meilleur des mondes d’Huxley comme livres de chevet…

Q Quand on lit « Anima », qui est une histoire de l’âme occidentale, on sent plus qu’une préoccupation : une grande inquiétude. Croyez-vous que les grandes h­ eures de l’âme occidentale, quelles que soient ses nombreuses métamorphoses que vous décrivez dans ce livre, sont définitivement derrière nous ? Je ne suis pas plus inquiet que cela, ça n’est pas dans ma nature… Je retiens de mes chers Romains de l’Antiquité qu’il y a ce sur quoi on a du pouvoir et ce sur quoi on n’en a pas, et qu’il est déraisonnable de s’énerver, de s’inquiéter, de se mettre en colère contre ce sur quoi nous n’avons aucune prise. Dès lors, je regarde cette vague nihiliste nous arriver dessus, alors que, sur la plage, on voit arriver au loin le mur d’eau qui va s’abattre sur nous. Après le raz-de-marée, la mer redeviendra étale. Notre civilisation disparaît pendant qu’une autre se profile, l’Histoire a horreur du vide. Anima raconte l’histoire de cette disparition sur le terrain ontologique, celui de l’âme ; Décadence l’avait fait sur le terrain de l’Histoire et de la civilisation ; Barbarie le fera sur le terrain de la métahistoire ou, pour le dire autrement, de la philosophie de l’Histoire. Lors des changements de civilisation, il existe des tuilages entre ce qui précédait et ce qui advient : le gréco-romain a précédé le judéo-chrétien qui sera remplacé par le puritano-californien…

Notre civilisation disparaît pendant qu’une autre se profile, l’Histoire a horreur du vide Les pays dotés d’un arrière-plan culturel gréco-romain sont donc atteints par les maux que vous décrivez au même titre que les pays judéo-chrétiens, mais qu’en est-il de ceux d’arrière-culture celte ou saxonne ? Tout dépend de l’état du christianisme chez eux. Il est anglo-saxon c h e z l e s Au s t ra l i e n s, l e s N é o Zélandais ou les Américains du Nord, mais il est latin en Amérique du Sud, dont l’Argentine qui a donné l’actuel pape jésuite. Théoriquement, une foi catholique dans une culture chrétienne offre une résistance plus

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ferme à cette mondialisation du nihilisme qu’une foi protestante dans une culture puritaine. Mais ce sont deux vitesses dans un même processus d’unification du nihilisme sur la totalité du globe. Il est frappant de constater, si l’on suit votre raisonnement historique et philosophique, que c’est lorsque l’homme veut « améliorer » l’homme qu’il l’abîme. Les pages que vous consacrez à Rousseau, Robespierre ou l’abbé Grégoire, figures fondamentales de la mythologie révolutionnaire, sont glaçantes. En voulant créer un « Homme nouveau » , ces personnages, que l’historiographie marxiste glorifie encore aujourd’hui, préfigurent le nazisme et le communisme… L’Homme nouveau est un horizon proposé par saint Paul qui voulait abolir dans et par la foi la différence entre Juifs et Grecs, hommes libres et esclaves, mais aussi, entendez ceci qui sonne étrangement aujourd’hui, entre les hommes et les femmes… Les Jacobins de 1793 reprennent textuellement l’expression Homme nouveau en estimant qu’il ne se réalisera pas par la foi, mais par l’éducation ­républicaine à laquelle ils ajoutent une effrayante invitation eugéniste, biologique, raciale et, disons-le dans les mots du jour : antispéciste ! Les philosophes des Lumières réfléchissent en effet sur la fabrication d’une chimère qui unit le singe et l’homme. Diderot, Maupertuis, Condorcet, l’abbé Sieyès, Mirabeau écrivent sur ce sujet des pages délirantes. Précisons que woke signifie éveillé, ce qui n’est pas loin d’éclairé, ce que je traduirais pour ma part avec le mot ­allumé… Cet Homme nouveau, voulu par saint Paul et désiré par Robespierre, sera souhaité par le bolchevisme, puis par le fascisme qui lui ­répond, puis par le nazisme – l’expression est reprise textuellement. Quand l’écologiste de la Nupes Sandrine Rousseau aspire à un « Homme déconstruit », il est bien évident qu’elle a en tête un homme reconstruit qui s’avère une variation supplémentaire sur le vieux thème de l’Homme nouveau. Précisons que Rousseau, Jean-Jacques, souhaitait

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changer la nature humaine. Avec les prétendus progressistes du jour, nous y sommes encore. Vous décelez aussi dans le régime de la Terreur, qui cherche à détruire l’ « Homme ancien » pour en créer un « nouveau » , les prémices de l’eugénisme et de ce que l’on nomme aujourd’hui le transhumanisme. Pouvez-vous expliquer ce qui relie l’homme voulu par Robespierre à celui rêvé par Elon Musk ? Condorcet écrit en effet une Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, la bible des progressistes, dans laquelle il envisage dans le dernier tableau un avenir révolutionné par l’eugénisme républicain. Le catholicisme veut changer la nature humaine marquée par le péché originel via la foi ; le républicanisme veut changer les conditions sociales dans lesquelles se trouve l’homme pour régénérer, c’est son mot, les hommes. Dans ce projet qui suppose un nouveau rapport à la propriété (le péché originel selon Rousseau), un nouveau rapport au savoir par l’éducation, il y a également un nouveau rapport au corps réduit à sa pure matérialité, désanimé si je suis renvoyé à l’étymologie et radicalement mécanisé – le fameux Homme-machine de La Mettrie. Les frontières entre l’homme et l’animal sont abolies et la science est présentée comme l’instrument de réalisation de cet Homme nouveau. Le haras humain, le croisement du singe et de l’homme, la fascination pour la méduse qui contient le principe d’immortalité, obsèdent ces philosophes progressistes du XVIIIe siècle. En bon disciple de ces Lumières, Elon Musk passe à la pratique et, avec sa société Neuralink, il réalise déjà des puçages de porcs et de singes et se dit prêt à travailler sur les hommes. Pensez-vous vraiment que les élites californiennes et mondialisées cherchent à d­ éraciner pour toujours les peuples ancrés dans leur sol, leur histoire et leur civilisation, au seul nom du profit ? Oui bien sûr, c’est le projet avoué d’Elon Musk dont les sociétés Neuralink, je viens d’en parler, Space X, pour la conquête spatiale, Tesla, pour l’intelligence artificielle, travaillent

très explicitement à la création d’un Homme nouveau. C’est l’homme le plus riche du monde et il a avec lui les patrons des Gafam qui sont les plus grosses fortunes de la planète contre lesquelles les États les plus puissants du monde ne peuvent rien. Il est probable que, dans le plus grand secret, la Chine y travaille également. On aimerait savoir si le laboratoire de Hu Han d’où le Covid semble s’être échappé, fait partie de ce dispositif…

L’athée que je suis préfère un catholique qui défend l’art d’être français à un athée dévot de l’islamogauchisme Sous l’alibi de la science, et sous couvert de recherche de la modernité qui, par définition, ne peuvent qu’apporter le progrès qui n’est ni critiquable ni même discutable, vous pensez donc que la Californie, la Chine ou, dans un autre registre, la Russie, préparent volontairement un monde à la Huxley ou à la Orwell ? J’ai écrit un ouvrage intitulé Théorie de la dictature sur le 1984 d’Orwell et je viens d’en finir un autre, Le Fétiche et l a M a rch a n d i s e, s u r l e ro m a n d’Huxley, Le Meilleur des mondes, pour le démontrer. On dirait que les acteurs du nihilisme contemporain qui se présentent comme progressistes ont pris ces deux ouvrages comme bréviaires pour leur Nouveau Monde qui vise un État total et une Civilisation totale ayant toutes les apparences d’un fascisme définitif. Il est paradoxal que des gens qui se prétendent progressistes et de gauche mettent toute leur ardeur à travailler à une nouvelle version du fascisme et qui, pour ce faire, traitent de fasciste quiconque résiste à leur projet totalitaire ! Croyez-vous que l’intelligence artificielle représente un danger pour l’homme ? C’est le vrai grand remplacement ! Depuis des décennies, ceux qui nous gouvernent et qui ont vendu la souveraineté de la France à l’État impérialiste maastrichtien (il a son drapeau, sa devise, sa monnaie, ses frontières, son Parlement, sa langue glo-

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bish, etc.) ont d’abord travaillé à l’abolition de l’intelligence old school au profit de leur catéchisme civilisationnel qui a remplacé le savoir par des articles de foi, la connaissance par des litanies moralisatrices, l’esprit critique par un psittacisme dévot. Désormais, après avoir honoré l’impératif catégorique progressiste du passé faisons table rase, ils reconstruisent, dans les ruines des cathédrales et des écoles, des supermarchés où le capitalisme peut s’en donner à cœur joie et travailler à son unique projet : réifier tout afin de pouvoir tout louer, tout vendre, tout échanger, tout monnayer, le corps, le cœur et l’âme pensés comme des choses. À la devanture du magasin progressiste on peut lire : « Utérus à louer », « Enfants à vendre », « Organes à céder », « Spermatozoïdes à solder », « Vagins contractuels ». Mais également : « Intelligences en leasing ». Cette intelligence artificielle, un magnifique oxymore soit dit en passant, est formatée pour consentir à ce monde dans lequel le capitalisme est puissamment aidé par la gauche et les progressistes pour triompher définitivement. Le philosophe et écrivain que vous êtes craint-il ChatGPT, cet outil qui, à terme, ne peut que condamner des métiers à forte valeur ajoutée de connaissance ? C’est en effet le nom pris par ce qui va désormais tenir lieu d’intelligence et qui n’est rien de moins que l’organe de l’obéissance, de la soumission et de la docilité. ChatGPT c’est le cerv e a u d u p e r ro q u e t g r e ff é s u r l’homme : sommet du progressisme occidental ! Nombre de métiers vont en effet disparaître. Restera celui de p h i l o s o p h e, m ê m e s i c e r t a i n s aujourd’hui semblent déjà avoir opté pour un cerveau de perruche… On sait que, à la différence de Michel Houellebecq qui est farouchement opposé au suicide assisté, vous en acceptez le principe lorsque l’être humain est atteint d’un mal incurable et douloureux. Avezvous changé d’avis sur ce point ? Pas du tout. Le choix n’est pas entre euthanasie ou pas euthanasie mais entre euthanasie pratiquée en douce ___u

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dans les hôpitaux, avec l’aide d’un médecin ami qui y est favorable, ou euthanasie encadrée par la loi. C’était le cas avec la loi Veil qui légiférait pour éviter les avortements dans les cliniques suisses pour les riches et les aiguilles à tricoter pour les pauvres. On a pu avoir le sentiment, ces dernières années, que vous aviez entrepris un rapprochement avec le catholicisme. Or, à la lecture de votre dernier livre, il apparaît que votre athéisme s’est encore renforcé. Où en êtes-vous exactement aujourd’hui par rapport à la question religieuse ? J’étais, je suis et je reste athée tout comme j’étais, je suis et je reste de gauche. Mais la configuration civilisationnelle permet aujourd’hui des fronts communs. L’athée que je suis préfère un catholique qui défend l’art d’être français à un athée dévot de l’islamogauchisme, adepte du grand remplacement qu’il nomme créolisation. L’homme de gauche que je suis préfère un homme de droite qui défend ce même art d’être français, auquel j’ai consacré un livre, à un homme de gauche qui hait la France, son histoire et son peuple – je dis bien son peuple, tout son peuple, et non des fragments du peuple, les fameuses minorités, présentées comme le vrai Tout. Ce qui autorise… des fronts populaires ! Revenons à la France et aux Français. Comment expliquez-vous la situation que nous vivons actuellement dans notre pays, où l’on voit des élites qui imposent par la force au peuple qui les a élues des réformes dont, au fond, celui-ci ne veut pas ? Nous payons une accumulation. 1983 : renoncement de Mitterrand à la gauche et ralliement au giscardisme, européisme compris, ce qui tue tout espoir politique de changement et d’alternative au marché faisant la loi ; 1992 : abandon de la souveraineté nationale avec le traité de Maastricht, d’où l’impossibilité de faire une politique décidée par le peuple dans le cadre national ; 2008 : traité de Lisbonne, à savoir vote des représentants du peuple, députés et sénateurs, contre le peuple qui, en amont, a refusé par référendum le traité constitutionnel européen de 2005 ; 2017 et 2022 : double élection de Macron par défaut en vertu d’une propagande maastri-

chienne qui assimile sa candidature à un antifascisme dont le fascisme s’avère introuvable ; 2018 : répressions policières des revendications populaires des « gilets jaunes » ; 2023 : brutalité présidentielle d’un chef de l’État qui méprise quiconque ne pense pas comme lui et gouverne en autocrate, à coups de 49-3, contre et malgré la représentation nationale. Ce qui advient actuellement est un effet de ce populicide qui dure depuis quarante ans.

L’Histoire nous a appris qu’on ne saurait mépriser un peuple sans qu’un jour il se révolte et ne regarde pas aux moyens de sa révolte Après l’épisode des « gilets jaunes », suivi de la révolte à l’œuvre actuellement contre la réforme des retraites, comment voyez-vous finir toute cette séquence de notre histoire qui ressemble tant à une période prérévolutionnaire : le peuple peut-il être tenté, comme ce fut arrivé par le passé, de se débarrasser des élites ou celles-ci vont-elles essayer, non pas de changer le peuple, mais de changer de peuple ? Je ne saurais prédire quoique ce soit, mais on sait que, dans l’Histoire, on ne saurait mépriser un peuple sans qu’un jour il se révolte et ne regarde pas aux moyens de sa révolte. Priver un être ou un peuple de sa dignité, c’est en faire une foule en colère qui se venge un jour. La poudre est répandue depuis des années, une étincelle suffit à l’embrasement. Et le président de la République adore jouer avec les allumettes. « Malheur à toi, pays, dont le roi est un enfant », dit l’Écclésiaste. La guerre entre la Russie et l’Ukraine vient opportunément nous rappeler un des invariants de l’Histoire auquel vous êtes personnellement très sensible, vous qui avez écrit à maintes reprises combien vous êtes nostalgique du gaullisme : c’est que les peuples ne veulent pas mourir. Pensez-vous que le peuple français aujourd’hui, dans sa composition comme dans ses convictions profondes, puisse faire preuve de la

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même capacité de courage et de résilience que le peuple ukrainien ? Le général de Gaulle était un tragique plus qu’un pessimiste : il savait que tout était fichu, mais qu’il fallait faire comme si… L’appel du 18 juin 1940 est un grand geste éthique, mais sans portée politique : seule la masse mécanique fait la différence avec l’entrée dans la guerre des Soviétiques en 1942 puis des Américains et des Alliés en 1944. Le général sait que seule une force mécanique plus grande que la force mécanique nazie serait à même de l’emporter, c’est le message de son appel. Ça n’est donc pas le peuple français qui permet à la France de recouvrer sa liberté, mais l’alliance militaire de ­grandes puissances dont la force de frappe s’est avérée supérieure à celle du IIIe Reich. Contrairement au discours fameux du Général, on sait que Paris ne s’est pas libéré par lui-même, ni avec la Résistance, mais avec la 2e DB après qu’elle eut obtenu l’accord des Américains ! Je ne vois pas au nom de quelle éthique et de quelle politique le peuple français pourrait résister à l’avachissement civilisationnel actuel venu de la côte ouest des États-Unis. Depuis Jeanne d’Arc jusqu’au général de Gaulle, les Français entretiennent le culte et le désir de l’homme providentiel. Croyez-vous à cette théorie sur laquelle se sont penchés les historiens et les politologues les plus sérieux ? De la même manière qu’un médicastre qui promettrait à un centenaire valétudinaire de participer au marathon des prochains Jeux olympiques avec une potion magique, un homme politique qui promettrait de stopper le tsunami civilisationnel avec ses ­petits bras serait soit un fou, soit un menteur. Dans Les Chênes qu’on abat…, Malraux rapporte cette phrase du Général : « Si le dernier acte de ce que fut l’Europe a commencé, du moins n’aurons-nous pas laissé la France mourir dans le ruisseau. » En 1969, c’était vrai ; depuis 1969, tous les présidents de la ­République l’ont précipitée dans le ruisseau. Certains ont même fait profession de lui tenir la tête sous l’eau. Ont fait ou font encore. ■ Propos recueillis par Jean-René Van der Plaetsen



MICHEL ONFRAY “Pour Elon Musk, le grand Remplacement à venir, c’est celui de l’homme”

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Emanuele Scorcelletti pour le Figaro Magazine, SDP

Le philosophe voit en la personne du milliardaire américain, qui nourrit des projets d’« homme nouveau » ou « augmenté », un immense danger pour l’avenir de notre civilisation. En exclusivité, nous publions de larges extraits des deux derniers chapitres de son nouveau livre.

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’effondrement de l’Europe judéo-chrétienne ne va pas sans la disparition d’une philo­sophie digne de ce nom – je m’inclus dans ce constat bien évidemment… Le temps de la domination du Vieux Continent sur le reste du monde est passé. L’esprit a effectué le chemin de l’Éden, entre le Tigre et l’Euphrate, à l’ouest des États-Unis, la Californie pour être précis, via l’Europe, qui a fait son temps. L’Histoire s’écrit désormais depuis la partie occidentale de l’Amérique, qui voit s’éloigner d’elle « l’Europe aux anciens parapets », pour

Anima. Vie et mort de l’âme, de Lascaux au transhumanisme, de Michel Onfray, Albin Michel, 400 p., 22,90 €. En librairie le 5 avril.

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la nommer avec les mots de Rimbaud, à la vitesse d’un corbillard emballé. Les cathédrales, qui faisaient suite aux alignements de mégalithes, aux proportions parfaites des pyramides et au verbe des agoras, sont remplacées par des malls baignés nuit et jour de lumière électrique, l’odeur du ­papier des livres par la lisse peau des écrans, les chatoiements du réel par les mensonges du virtuel, la puissance de l’intelligence par le pouvoir de ­l’argent, la culture aiguisée par le ­divertissement avachi, la tenue de l’écrit par la logorrhée orale, l’excellence du raisonnement par le prurit de l’impulsif, le spectacle de la ___u

­ olitique par la politique spectacle. p La réification, marque du XXIesiècle, est en route qui, sous prétexte de progressisme, fait que déjà tout peut se louer, s’acheter ou se vendre : des ovocytes de femmes pauvres, des utérus de mères porteuses prolétarisées, des enfants de couples aux genres fluides, des bébés programmés comme des poupées, voire des poupées sexuelles programmées comme des bébés, des relations libidinales, c’est vieux comme le monde, et des relations ­affectives, c’est jeune comme le néomonde, à savoir : des intersubjectivités bradées pour couples et familles en ­attente, des promotions de séduction en brèves séances de speed dating, un genre d’éjaculation oratoire en de brefs délais, des transactions sur le marché des veufs, des veuves, des ­d ivorcés et des célibataires pour conjurer des solitudes qui augmentent, de la solidarité numérique d’autant plus vive qu’elle se fait avec des êtres sans visage, des robots, des machines, des poupées en silicone, etc. L’Homme nouveau poursuit son chemin : il est aujourd’hui déconstruit, c’est-à-dire écoresponsable, écoféministe, écopolitique, écocitoyen, écodurable, mais surtout : marchandise. L’Homme nouveau tel que 1793 a essayé de l’établir génère l’« Homme total » de Karl Marx qui, dans les Manuscrits de 1844, en bon rousseauiste, offre la figure théorique d’un homme recouvrant sa bonne ­nature d’avant le capitalisme, qui l’a aliéné, défait, puis séparé de sa ­substance. Le communisme libère l’homme des misères de la propriété privée – merci au Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes – et de la division du travail – merci au Discours sur les sciences et les arts –, il permet à tout un chacun de réaliser la totalité de ses potentialités – merci l’Émile. Avec l’aide de Hegel et de Feuerbach, Marx critique le capitalisme, la religion, la philosophie, qui produisent cet homme aliéné par le capital, le ­t ravail, le salariat, l’exploitation, l’État, le droit, l’argent, mais aussi par Dieu, les prêtres, l’idéal ascétique, la soumission aux puissants, l’hypothèse d’un arrière-monde heureux, et

enfin par le spiritualisme, l’idéalisme, le spéculatif, la théorie, la théorétique. L’homme est devenu une abstraction pure, une pure abstraction. Marx veut le remplacer par cet Homme Total qui, par l’abolition de la propriété privée, le dépassement de la religion et l’instauration du communisme, cesse d’être dans l’aliénation de toutes parts et peut enfin vivre réconcilié avec lui-même et son essence. (…) On sait ce qu’il est advenu de cet Homme Total théorique dans la pratique marxiste-léniniste. Loin d’avoir produit l’Homme Nouveau jacobin, le régime communiste selon Marx et Lénine a généré un Homo sovieticus dont Alexandre Zinoviev brosse ainsi le portrait : frappé d’un oblomovisme

La créolisation du monde génère une société d’êtres apatrides flottant sans attaches ni famille dans un monde dépourvu de sens fait de fainéantise et de fatalisme, c’est l’homme de la débrouille, des petits larcins et des grands arrangements, de la fuite et des lâchetés, de la dénonciation et de l’assujettissement, en un mot l’homme de la servitude volontaire. Il devait être libéré et s’est montré soumis, il devait être total et fut partiel, fort et fut faible, grand et fut petit, exemplaire et fut minable, il ­d evait chasser le matin, pêcher l’après-midi, s’occuper d’élevage le soir et s’adonner à la critique littéraire après les repas, il fut l’homme des files d’attente dans des supermarchés qui écoulaient des produits minables, le consommateur de cornichons au ­vinaigre et de vodka qui regardait une télévision de propagande et lisait des journaux d’endoctrinement. C’est contre cet homme jacobin des marxistes que le fascisme mussolinien, puis le nazisme lancent, en réaction, leur propre Homme nouveau. […] Haine d e l ’ h o m m e d ’ ava n t , c u l t e d e l’homme à venir, aspiration à la régé-

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nération, âme insufflée dans un corps immortel, pierre philosophale du nouveau millénaire, création d’une race d’esclaves par ectogénèse, abolition de la famille et généalogie d’une race nouvelle par l’inceste, culte de la mort : nous y sommes… […] C’est Édouard Glissant, poète et penseur de la créolité, qui fait de la ­méduse un modèle civilisationnel. Une anecdote nous renseigne sur le projet de ­société de Glissant, qui aspire à la créolisation du monde : un été, lors de vacances en Italie, le poète nage dans la mer Méditerranée et s’y fait brûler par « une méduse venimeuse ». À un ­enfant qui le questionne, nous dit son biographe François Noudelmann, « il explique la géographie des méduses, des êtres flottants de la surface aux abîmes, sans aucune patrie, déliés d’attache et de parenté, qui voguent parmi les courants de toutes les mers, dénués d’origines repérables. Les méduses annoncent un autre monde, où le centre et la périphérie s’évanouiront, laissant place aux circulations les plus labiles ». La créolisation, c’est le mélange des civilisations présentées comme toutes égales, mélange dont le poète martiniquais nous dit qu’il pourrait se faire sans violence, bien qu’il n’y ait jamais eu dans l’histoire de créolisation sans violence, avoue-t-il ! Pour l’heure, en effet, la créolisation du monde génère une société de ­méduses, d’êtres apatrides flottant sans attaches ni famille dans un m o n d e d é p o u r v u d e s e n s. L e s connexions entre ces animaux venimeux, dont certains sont mortels, s’effectuent par des filets toxiques, des filaments empoisonnés, des ­tentacules nocifs. Dans cet univers la violence fait la loi : le plus venimeux tue le plus inoffensif – c’est le projet fasciste par excellence. […] Ce projet fictif est devenu réalité sous de multiples rubriques : le clonage de cellules souches, celui d’un noyau d’ADN, mais également les mani­pulations auxquelles invite le transhumanisme. L’âme comme polype ­divisible et reproductible à l’identique, voilà le rêve d’Elon Musk, qui définit l’âme comme la trace numé­rique laissée par un être humain, trace susceptible d’être réduite à des don-

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DESSIN CLAIREFOND

nées téléchargeables et transférables, soit sur un genre de clé USB, soit, opération suivante, dans la matière cérébrale, l’encéphale, d’un autre humain. C’est le sens de son projet de pucer l’humain avec un microprocesseur chargé de données numériques qui constitueraient son identité. […] Dans son laboratoire, OpenAI, Elon Musk cherche à produire des intelligences artificielles supérieures aux ­intelligences naturelles, les premières étant appelées, bien sûr, à supplanter les secondes. Il part du principe que les humains disposent déjà d’une « couche numérique tertiaire » grâce à leurs téléphones, leurs ordinateurs, leurs applications, leurs data, et qu’il faut les y connecter via leur cortex qui, dans le cerveau, s’occupe de la mémoire, de l’attention, de la perception, de la pensée, de l’intelligence, du langage, de la conscience. Musk aspire à l’avènement d’une télépathie entre l’homme et la machine. Il précise : « Avec une ­interface neurale directe, nous pouvons améliorer la bande passante entre votre cortex et votre couche numérique tertiaire de plusieurs ordres de grandeur. Je dirais probablement au moins mille ou peut-être dix mille, ou plus. » Tout est dans ce « plus » … Résumons ce projet transhumaniste : matière du cortex + données numériques sur Twitter = identité d’un être. La puce peut être enrichie bien sûr, elle peut donc également travailler à un appauvrissement programmé. Des scientifiques savent aujourd’hui donner à des mouches des souvenirs de choses qu’elles n’ont pas vécues, si bien qu’à coups d’introduction de pyruvate dans les mitochondries des neurones de corps pédonculés, de nourrissage des cellules gliales, de mise en évidence de l’action neuronale par fluorescence, ces scienti­fiques peuvent également effacer des souvenirs de choses réellement vécues par les drosophiles. Leurs recherches, bien sûr, visent à lutter contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson… Neuralink s’active pour que devienne réalité ce qui semble pour l’instant ­relever de la science-fiction : le neural lace, qui permettrait de relier le cerveau humain à des ordinateurs indépendamment de toute connexion, un

genre de Bluetooth neuronal. L’intelligence naturelle se trouverait alors remplacée par l’intelligence artificielle. La mémoire serait infinie et les capacités cognitives inédites. « Les gens pourraient devenir télépathiques et dans une certaine mesure capables de converser non seulement sans parler, mais aussi sans mots, grâce à l’accès aux pensées des autres à un niveau conceptuel. Non seulement les pensées, mais aussi les expériences sensorielles pourraient être communiquées de c­ erveau à cerveau. » Musk ajoute : « Il y a d’autres choses assez folles qui pourraient être faites. Vous pourriez probablement sauvegarder l’état du cerveau. Ainsi, si vous ­deviez mourir, votre état pourrait être rendu sous la forme d’un autre corps hu-

La barbarie arrive à nos portes, équipée comme une machine de guerre rutilante et inédite main ou d’un corps de robot […]. Vous pourriez décider si vous voulez être un robot ou une personne, ou autre chose » (je souligne). Mais seulement si l’on devait mourir… Aux dernières nouvelles, des essais sont en route pour permettre à des paraplégiques de marcher grâce à ces techniques, mais aussi pour lutter contre la maladie de Parkinson. Musk annonce qu’il va élargir son programme de rééducation de nos ­synapses à la dépression nerveuse, aux addictions et autres « blessures au cerveau ». Et si le simple fait d’avoir un cerveau humain était une blessure pour cette engeance ? Cheval de Troie encore et toujours… Le projet de ­Diderot qui conduit de l’huître à la méduse via l’homme est en route. Elon Musk donne clairement sa feuille de route : « réparer tout ce qui ne va pas avec le cerveau ». Pour cet homme qui avoue être un autiste ­Asperger et qui, par ailleurs, se trouve être la personne la plus riche du monde, pareil dessein n’est pas lubie de détraqué, mais projet existentiel puis… civilisationnel. Il a les moyens

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de sa folie. Qui pourra s’y opposer ? Et surtout au nom de quoi ? De quelle morale ? De quelle éthique ? De quel surmoi ? De quels interdits ? De quels tabous ? De quelles valeurs ? De quelle spiritualité ? De quelle ­religion ? De quelle instance transcendante ? De quelle force du bien ? La barbarie arrive à nos portes, équipée comme une machine de guerre rutilante et inédite. Cet homme qui veut faire l’ange assurément fera la bête : après le serpent, le chien et le singe, l’évolution s’effectuera probablement sous le signe de la méduse, déconstructible et reconstruite. La déconstruction a commencé… […] Le projet d’Elon Musk se tient, c’est celui du transhumanisme : prenant en compte la durée limitée de la vie de l’homme sur la Terre, il veut d’abord changer l’homme et lui attribuer un autre biotope. D’où, pour modifier l’humain et l’élargir, l’augmenter, son Homme nouveau sculpté par le transhumanisme, dont Neuralink est le bras armé. Puis il entend changer le milieu de l’homme et trouver un lieu de substitution à cet humanoïde. D’où les ­expérimentations de SpaceX, son autre société, qui mettent au point des voyages spatiaux, intersidéraux, tentant d’inventer de nouveaux carburants à même de résoudre le problème de la durée et de la vitesse des déplacements en années-lumière. À la mesure des véritables longues durées, c’est le seul « Grand Remplacement » qui vaille et qui donnera naissance à une autre civilisation, la dernière. ■ Extraits choisis par Jean-René Van der Plaetsen

Michel Onfray et Sonia Mabrouk débattront autour de l’humanisme et du sens du sacré le mercredi 12 avril, à 20h, dans le cadre des rencontres du « Figaro ». Salle Gaveau, 4547, rue La Boétie, Paris 8e. 25 €, placement libre. Réservez vos places sur www.lefigaro.fr/ rencontres Informations au 01.70.37.18.18

Inde

la révolte des Intouchables Sous la gouvernance depuis 2017 d’un moine extrémiste, l’Uttar Pradesh est devenu le laboratoire de l’« hindutva », une idéologie qui prône la suprématie hindoue. Depuis, les faits de violence se multiplient dans cet État contre les minorités religieuses et les « impurs ». Particulièrement visés, les dalits, de la classe des intouchables, se battent pour dénoncer les injustices et redonner une dignité à leur communauté. De nos envoyés spéciaux Célia Mercier (texte) et Serge Sibert (photos)

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46/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Reportage

À Varanasi (ou Bénarès), sur les bords du Gange, les membres de la caste des dalits sont seuls autorisés à manipuler les cadavres et à organiser les crémations.

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47/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Considérés comme “impurs”, frappés d’intouchabilité, tout en bas de l’échelle sociale, ils restent souvent relégués aux métiers jugés avilissants : cordonniers, tanneurs, éboueurs, blanchisseurs, pêcheurs…

C

’est un temple de la mort à ciel ouvert, d’où s’élèvent les volutes d’une fumée âcre. Le feu brûle jour et nuit, sur le ghat de Manikarnika, dans la ville sainte de Bénarès en Uttar Pradesh. Selon la croyance, les rites funéraires accomplis dans ce lieu de crémation millénaire le long du Gange libéreront définitivement l’âme des défunts du cycle des réincarnations. Manikarnika est le territoire des doms, les forçats des brasiers. Une communauté ­d’intouchables, sur laquelle veille un chef, le Dom Raja. Chargés des crémations, ils vendent les flammèches d’un feu sacré dont ils sont les gardiens, et brûlent chaque jour sur le ghat une centaine de corps. Certains vont aussi fouiller les eaux boueuses de la berge, jonchée de fragments d’os et de ­détritus, où vagabondent les chiens errants. Les cendres des morts, mêlées aux flots troubles du Gange en contrebas, ­recèlent parfois des débris de bijoux. Accroupi dans l’eau grise, Mithun Chaudary, 35 ans, emplit de boue sa cuvette de métal, d’un geste habile répété depuis l’enfance. L’orpailleur repère un minuscule morceau d’or fondu, qu’il revendra pour une dizaine d’euros dans une ­bijouterie de la vieille ville, en attendant de reprendre son ­travail sur les brasiers. « Nous sommes tous fatigués de ce labeur, confie-t-il. Et cela rend fou de voir ce que nous voyons, les corps décomposés, les chairs putréfiées… Beaucoup boivent de l’alcool pour tenir et ne pas avoir ces visions dans la tête. Les flammes des bûchers nous brûlent et la fumée nous fait suffoquer. De toute façon, avec ce métier, on ne vit pas très vieux. » ségrégation et exclusion

Mithun aimerait arrêter mais que faire d’autre… Ici, les Doms ont leur gagne-pain. Et s’ils jouent un rôle crucial dans les rites funéraires, leur profession, considérée comme « impure », les relègue à l’écart de la société. « Personne ­n’entre dans nos maisons et ne partage notre nourriture, qui est cuisinée sur les bûches venues du ghat. Et nous, nous ­n’allons pas chez les membres de castes supérieures, nous ne buvons pas leur eau, nous gardons nos distances. Quand un brahmane nous donne de l’argent, il lâche les pièces dans ­notre main sans nous toucher. Pourtant, quelle que soit sa caste, à l’heure de la mort, on se retrouve entre les mains des doms pour les derniers rituels… » La ségrégation qui frappe ces individus est le lot commun de nombreux intouchables en Inde. Appelés dalits, qui se traduit par « opprimés », ils représentent 16 % de la population. Exclus des quatre classes sociales héréditaires de la religion hindoue – l’ordre des prêtres, des guerriers, des commer-

çants et des serviteurs, selon une hiérarchie qui repose sur le degré de pureté –, les dalits sont historiquement considérés comme « impurs », frappés d’intouchabilité. Tout en bas de l’échelle sociale, ils restent ainsi souvent relégués aux métiers jugés avilissants : cordonniers, tanneurs, éboueurs, blan­chisseurs, pêcheurs… La Constitution de 1950, dont l’architecte, Bhimrao ­Ambedkar, était lui-même intouchable, a toutefois, officiellement, interdit la discrimination fondée sur les castes et aboli l’intouchabilité. Les dalits bénéficient également de postes réservés dans la fonction publique, de places dans les universités, de sièges dans les Assemblées, ce qui a théori­quement rendu possible leur ascension sociale et permis l’émergence d’une élite. Si l’ostracisme qu’ils subissent s’est certes atténué depuis l’indépendance du pays, il demeure une réalité insidieuse de la société indienne, toujours régie par un système de castes rigide. un laboratoire de l’“hindouité”

Avec l’arrivée au pouvoir en Inde, en 2014, du Bharatiya ­Janata Party (BJP), parti nationaliste hindou, la situation s’est progressivement détériorée selon Human Rights Watch. L’organisation dénonce le fait que le BJP « promeut agressivement une idéologie hindoue qui expose les minorités ­religieuses, les dalits et les communautés tribales à un risque accru de discrimination et de violence ». L’État de l’Uttar ­Pradesh, le plus peuplé du pays, est devenu depuis 2017 un laboratoire de cette idéologie de l’« hindouité », sous la ­gouvernance d’un moine extrémiste du BJP, reconduit lors du scrutin régional de 2022. Yogi Adityanath, chef d’une milice, appartient à la haute caste des thakurs, les propriétaires terriens, et promeut avec brutalité la suprématie hindoue. Si la répression menée par son gouvernement a ciblé tout particulièrement la minorité musulmane, les divisions communautaires ont été attisées et les dalits restent exposés à la violence. En 2021, selon les données du National Crime Records Bureau, un quart des ­crimes recensés dans le pays envers les dalits ont été commis en Uttar Pradesh. L’affaire sordide du village d’Hathras a particulièrement marqué le pays. En septembre 2020, quatre hommes de la caste des thakurs ont violé une jeune dalit de 19 ans, avant de lui briser la colonne vertébrale en la traînant au sol avec son voile. La jeune fille est finalement décédée de ses bles­sures quinze jours plus tard à l’hôpital. La police locale, qui avait déjà attendu une semaine avant d’enregistrer la plainte, a alors affirmé qu’il n’y avait pas eu de viol. Avant d’incinérer en hâte le corps de la victime, sans même que la famille n’en soit informée. Plutôt que de condamner publiquement le crime, Yogi Adityanath, qui appartient à la même caste que les accusés, avait déclaré que le tollé suscité par cette ­affaire était un « complot international » pour ternir l’image ___u de son gouvernement.

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48/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Reportage

Ces femmes appartiennent à la basse caste des vidangeurs de toilettes et des égoutiers. À Banthla, elles manifestent pour obtenir de meilleures conditions de vie.

Lors d’une crémation, plus l’origine sociale est basse, plus le défunt se retrouve près du Gange. Pour un brahmane, la plus haute caste, on utilise l’estrade supérieure du ghat.

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49/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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Reportage

50/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Un jeune dalit a été brutalement battu pour avoir touché l’assiette d’un homme de caste supérieure lors d’une cérémonie de mariage « Si vous voulez comprendre la situation des dalits sous la ­férule de Yogi Adityanath, l’affaire d’Hathras résume tout », estime Meena Kotwal, 36 ans, fondatrice du média en ligne Mooknayak, lancé en 2019. Mooknayak, ou « le leader des sans-voix », reprend le nom d’un journal fondé dans les ­années 1920 par Bhimrao Ambedkar, le père de la Constitution. Financé uniquement par des dons, le nouveau média couvre une dizaine d’États, dont l’Uttar Pradesh, et relate les crimes commis contre les dalits et des minorités. « Des actualités souvent ignorées par les grands médias traditionnels, dont les rédactions sont dominées par les hautes castes », souligne la jeune femme. Depuis que le BJP dirige le pays, elle constate « une ­augmentation exponentielle de la violence contre les dalits, en parti­culier en Uttar Pradesh, qui est le laboratoire ­politique du parti. Cela est notamment lié au fait que la police ferme les yeux, et que les castes supérieures profitent ­toujours d’un grand degré d’impunité ». La journaliste, dalit, vit elle-même dans la peur : « Depuis que j’ai commencé à dénoncer les discriminations, il ne se passe pas un jour sans que je reçoive des menaces de mort, de viol. » Mais malgré tout, la publication des articles de ­Mooknayak sont souvent suivis d’effets positifs : « Nos ­reportages forcent l’administration à intervenir. Sans nous, il n’y aurait personne pour écouter la victime. L’espoir est né dans notre communauté que quelqu’un se batte pour eux. Ils commencent à s’exprimer ouvertement sur l’oppression qu’ils subissent. » DEs tensions qui se multiplient

Dans ce camp de fortune installé près d’une décharge à Lucknow, les enfants intouchables ne vont pas à l’école : ils trient les déchets qui seront revendus à des collecteurs en ville.

Basé à Lucknow, capitale de l’Uttar Pradesh, Satya Bharti, 30 ans, sillonne la région, armé de la caméra de son ­téléphone et de son micro. Souriant et volubile, le jeune ­reporter de Mooknayak est aussi dalit. « Avec mon travail de terrain, je me rends compte à quel point la discrimination est enracinée, notamment dans les villages. Parfois, je n’ai pas mentionné ma caste quand j’étais en reportage, sinon je n’aurai pas été bien reçu pour certaines interviews. » Il constate aussi que « l’arrivée au pouvoir du BJP a attisé les divisions ces dernières ­années. Les tensions se sont aussi ­accrues entre les dalits et les thakurs, les hautes castes, qui veulent étendre leur pouvoir, leur suprématie ». Le jeune journaliste scrute quotidiennement les réseaux ­sociaux à l’affût d’une information. Passages à tabac, viols, meurtres… l’actualité couverte par Satya dévoile une réalité bien sombre : « Dans le district de Gonda, un jeune dalit a été brutalement battu pour avoir touché l’assiette d’un homme de caste supérieure lors d’une cérémonie de mariage. À Kanpur Dehat, le cortège nuptial d’une femme de cette même classe, jugée “inférieure” a été attaqué par une cinquantaine de ­membres de caste supérieure. » La ségrégation sociale se manifeste encore sous de multiples formes : une frontière invisible séparant les maisons des ­dalits des autres demeures, l’interdiction d’accéder aux puits ___u

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Les troupes de la Bhim Army organisent des manifestations, soutiennent les victimes en cas d’incident et forcent la police à enquêter communs, aux temples, à certains commerces, de porter une moustache… Ou encore des humiliations subies par les enfants à l’école, par les étudiants à l’université, l’obligation d’utiliser une vaisselle à part. Et surtout, la difficulté pour les victimes d’obtenir justice. En 1989, une loi spécifique a été promulguée afin de prévenir les crimes à l’encontre des dalits, sans pourtant changer la donne. Aujourd’hui, Satya rend visite à Moolchand, un jeune homme dont il a relaté le calvaire quelques mois plus tôt, dans le village de Jamo, bordé d’un canal et de vergers de manguiers. Moolchand, dont la mère est décédée et dont le père travaille à Delhi comme journalier, a la charge de ses jeunes frères et sœurs. Alors qu’il rentrait chez lui, sur sa moto chargée de fourrage pour nourrir les chèvres, le villageois a croisé sur la route deux jeunes d’une caste supérieure. « Quand leur moto a dépassé la mienne, les brassées d’herbe que je transportais les ont frôlés. Ils m’ont insulté et m’ont poursuivi sur la route. L’un d’eux a tiré avec une arme. J’ai eu peur et je suis tombé à terre. Ils se sont jetés sur moi et m’ont tabassé à coups de barre de fer. J’ai cru qu’ils allaient me tuer. »

À Saharampur, beaucoup de dalits sont employés dans des sucreries artisanales.

les nouveaux défenseurs des droits

Moolchand perd connaissance. Il sera finalement secouru par sa famille, et ses jambes brisées seront plâtrées durant deux mois. Encore souffrant, il se déplace avec peine, courbé comme un vieillard. Les agresseurs, arrêtés par la police, sont restés en détention un mois avant d’être remis en liberté. L’enquête doit encore décider s’il s’agit d’un acte « d’atrocités de caste », selon la loi de 1989, ou d’un simple différend. « Mais en cas de procès, les procédures peuvent s’éterniser ­plusieurs années, et il faut se rendre régulièrement à la cour de justice, explique Satya. Cela est impossible pour des familles de journaliers qui, en désespoir de cause, finissent souvent par accepter un compromis. » Cette fois, la police a toutefois accepté d’enregistrer la plainte. Ce n’est pas toujours le cas. Pour éviter que ces crimes ne soient pas passés sous silence, Chandra Shekhar Azad, un avocat dalit de 36 ans, a créé en 2015 la Bhim Army, ou « l’armée de Bhimrao Ambedkar », dont le fief se trouve au nord de l’Uttar Pradesh, dans le district de ­Saharanpur tapissé de champs de cannes à sucre et de briqueteries crachant une fumée noire. Ses troupes organisent des manifestations et accourent, pour soutenir les victimes en cas d’incident, et forcer la police à investiguer. En septembre 2020, lorsque la police a retardé l’enquête sur le viol collectif d’Hathras, la Bhim Army a mené campagne pour obtenir justice. « Le gouvernement de Yogi Adityanath a protégé les membres de sa caste. La police et les autorités étaient du côté des accusés plutôt que la victime », ­raconte Chandra Shekhar Azad, dans la cour de sa maison. Selon l’avocat, qui cultive l’élégance et une moustache fière, la présence de cette organisation dans la région décourage d ­ ésormais les agresseurs : « Les membres ___u

Ce fermier a été agressé par trois membres d’une caste supérieure. La police a relâché les coupables.

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52/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Une région où perdure le travail des enfants, qui n’ont pas accès à l’école.

Reportage

La scolarité, seule possibilité d’ascension sociale.

Satya Bharti, reporter pour un journal en ligne fondé par des dalits.

350 briqueteries parsèment le district de Saharampur qui n’emploient que des intouchables.

Le témoignage dans la presse des plus démunis permet de montrer au grand jour le drame des intouchables.

Une statue d’Ambedkar, père de la Constitution indienne qui avait aboli officiellement le système des castes.

Des écoles sont créées par des ONG pour sortir les intouchables de leur condition sociale.

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53/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Reportage

Chandra Shekhar Azad, menacé par les autorités, a fondé la Bhim Army pour protégér les droits des dalits.

Cet avocat intouchable s’est lancé en politique en créant son propre parti, “le seul moyen de changer réellement les choses”, espère-t-il. des castes supérieures veulent que les dalits restent à leur place. Mais ils r­ éfléchissent désormais à deux fois avant de s’en prendre à quelqu’un de notre communauté. Maintenant, les basses castes savent qu’elles ont une voix. » En 2020, l’avocat s’est lancé en politique, en créant son propre parti, le Azad Samaj Party, « le seul moyen de changer réellement les choses », ­espère-t-il. L’année suivante, le magazine Time l’a sélectionné dans sa liste annuelle des 100 leaders de demain. mettre fin aux humiliations

Face à cet activiste importun, les autorités ont sorti les ­griffes. Chandra Shekhar Azad a été arrêté à de multiples reprises. L’avocat soupire : « Rien qu’en Uttar Pradesh, il y a 31 accusations contre moi. L’État essaie de me faire taire. Et mes demandes pour avoir un passeport sont systématiquement refusées. » En août dernier, l’avocat a été détenu ­brièvement au Rajasthan cette fois, alors qu’il partait ­rencontrer la famille d’un enfant dalit de 9 ans battu à mort par son professeur pour avoir touché un pot à eau réservé aux castes supérieures. Alors que les écoles peuvent se révéler des lieux de violence et d’humiliation, la Bhim Army mène un travail de terrain pour l’éducation des enfants : « Nous avons mis en place plus de 300 écoles pour assurer du soutien scolaire. Nous e­ ssayons d’éduquer notre communauté afin qu’elle puisse faire face aux défis du monde extérieur. » Les cours sont assurés par des bénévoles, qui dispensent des leçons de mathéma­tiques, de sciences ou d’anglais après les heures de classe. Les enfants apprennent également l’histoire des grands penseurs. Les plus âgés préparent les examens de la fonction publique. « Les dalits ne sont pas faibles. Nous devons nous battre pour véritablement obtenir nos droits constitutionnels », affirme Chandra Shekhar Azad.

À quatre heures de route plus au sud, dans le quartier de Banthla village, à Ghaziabad, des manifestants déploient leur banderole sur une route. Ce sont, pour beaucoup, des femmes âgées de la caste valmiki, assignée au nettoyage. Pendant des années, des décennies parfois, elles ont dû ­vidanger à la main les latrines sèches des habitants de castes plus élevées, avant l’installation de toilettes modernes. Un travail humiliant, auquel étaient reléguées leurs mères, et leurs grands-mères avant elles. Une loi de 1993 a théoriquement interdit cet emploi indigne, une autre en 2013 a prévu la réinsertion de ces travailleuses. Mais aucune aide n’est ­venue de l’État. « C’est très dur de trouver un autre travail, se lamente l’une d’elles. Si nous mentionnons notre caste, ­personne ne voudra nous employer comme cuisinière ou comme garde d’enfants. » un vent de révolte

Les manifestants s’avancent sur la route en scandant : ­ « Arrêtez de nous tuer ! » Dans cette caste, les hommes sont, pour beaucoup, éboueurs. Un métier dangereux, qui les contraint parfois à s’immerger entièrement dans les égouts pour les désengorger. Sans aucun équipement. Chaque ­année, plusieurs dizaines d’égoutiers meurent dans des ­accidents, asphyxiés par les gaz toxiques produits par les eaux usées. Mayank Jhinjyot, 32 ans, membre de l’ONG Safai Karmachari Andolan * , et organisateur de la manifestation, lance : « Notre communauté doit retrouver sa dignité, et nous ne pouvons plus accepter que des dalits meurent à cause de ce travail. » La foule défile avec gravité, les enfants lèvent le poing : « Vive Ambedkar ! ». Le vent de la révolte, porté par la figure tutélaire de leur illustre leader souffle dans les rangs des déshérités de l’Uttar Pradesh, et de l’Inde tout entière. ■ Célia Mercier

* Safaikarmachariandolan.org

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Pour réussir son pari et réaliser son rêve dans l’océan Antarctique, l’explorateur et médecin français Jean-Louis Étienne aura mis plus de 10 ans. Une longue attente qui lui a permis de penser aux moindres détails d’une aventure scientifique hors du commun.

Polar pod,

le nouveau défi de Jean-Louis Étienne Entraînée par le courant circumpolaire comme un satellite autour de l’Antarctique, cette plate-forme océanographique sera lancée fin 2023 pour deux tours du monde dans l’océan Austral jusqu’en 2026. Objectif : percer les secrets de cet écosystème essentiel pour le climat. Par Cyril Hofstein

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our baptiser son nouveau bateau ravitailleur, une goélette destinée à servir de trait d’union entre la plate-forme océanographique habitée Polar Pod et le reste du monde, Jean-Louis Étienne ne pouvait trouver mieux que Persévérance. Un nom qui rappelle celui des grands navires d’exploration, comme l’Endurance de sir Ernest Shackleton ou l’Endeavour (l’Effort) de James Cook, et souligne, non sans une certaine ironie, toute l’opiniâtreté dont le médecin et infatigable explorateur français, âgé aujourd’hui de 76 ans, aura dû faire preuve pour réussir à réaliser contre vents et marées l’un de ses ___u plus grands rêves.

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Frédéric Stucin / Pasco ; sdp

Reportage

57/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Reportage

Construite au Vietnam dans les chantiers Piriou, la goélette « Persévérance » pourra accueillir 8 membres d’équipage et 12 passagers.

Car l’aventure avait mal commencé. Le 29 novembre 2012 à Brest, quand il présente au cours d’une conférence de presse sa prochaine expédition, une ­année d’exploration au cœur de l’océan Austral à bord de Polar Pod, un « vaisseau d’un nouveau genre » parti­culièrement bien adapté à la recherche scientifique et à la navigation dans la grande houle de l’océan, tout semble parfait. Devant une assemblée conquise et curieuse, défilent cartes de la région et plans en coupe de cette étrange plateforme océanographique habitée, conçue pour dériver autour de l’Antarctique « tel un satellite ». « Le navire vise à fournir des données sur le long terme aux chercheurs, océanographes et climatologues, assure JeanLouis Étienne. Il s’agit de mieux comprendre le rôle des océans dans l’équilibre du climat. » Un peu moins de deux ans auparavant, en avril 2010, après un vol en solitaire de 5 j 2 h 15 min, sur une distance de 3 160 kilomètres, Jean-Louis Étienne avait réussi la première traversée de l’océan Arctique en ballon rozière (un hybride entre la montgolfière et le ballon à gaz) entre le Spitzberg et la Sibérie orientale, et ce nouveau défi remporté après ses nombreuses missions en Arctique et en Antarctique, apparaît comme une garantie de succès. Personne ne doute donc de la pertinence de

Polar Pod et la présentation se ter mine par des applaudis­sements. Mais l’expédition, dont le départ est prévu en 2014, cherche des partenaires financiers et prend du retard. Deux ans plus tard, Polar Pod n’est ­toujours qu’une maquette et le premier homme à avoir atteint le pôle Nord géographique en solitaire en 1986 ronge son frein. Lors d’une démonstration à la presse des essais de navigabilité menés à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), il promet que « la mise en chantier se fera en septembre 2015 pour une mise à l’eau en mai 2016 et un départ fin 2016 ou début 2017 ». Avec le temps, les coûts de construction se sont envolés, passant de 6 à quelque 14 millions d’euros, et le budget peine toujours à être ­bouclé. En 2017, la construction du Polar Pod est annoncée « en 2018 ou 2019, avant un départ entre 2020 et 2022 ». Le sort s’acharne et il faut attendre mars 2021 pour qu’un ­financement stable, sous la forme d’un « partenariat public privé » permette enfin de lancer officiellement le chantier de construction de la plate-forme aux chantiers Piriou et 3C Metal sous la direction du Bureau d’ingénierie et architecture navale Ship-ST, dirigé par Laurent Mermier.

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58/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

Du rêve à la réalité

« Cette fois on y est ! Plus qu’un soulagement, c’est une ­délivrance, reconnaît Jean-Louis Étienne. Bientôt viendra le moment où le vaisseau prendra corps. Les échéances se ­préciseront, d’autres responsabilités viendront. Mais rien ne pourra plus arrêter le départ vers ces grands espaces qui ­portent mes rêves. Je ne regrette pas tout ce temps passé. C’est précieux une idée à laquelle on tient. Il ne faut pas l’abandonner

Francis Latreille ; sdp

“C’est tout simplement le meilleur type de bateau pour naviguer au long cours dans les cinquantièmes hurlants”

Située à 15 m au-dessus de la surface, la nacelle de Polar Pod peut accueillir 8 personnes. Pour alimenter les équipements scientifiques, l’éclairage, les télécommunications, l’informatique, la cuisine, dessaler l’eau de mer et faire de l’eau chaude, la production d’électricité sera assurée par 6 éoliennes.

car cela n’arrive qu’une poignée de fois au cours d’une vie. » D’un poids de 1 000 tonnes en charge et haut de 100 mètres, Polar Pod est directement inspiré d’une structure dérivante de la flotte océanographique américaine appelée RV Flip (Research Vessel Floating Instrument ­Platform). Construit dans les années 1960 pour écouter les sous-marins dans le Pacifique, soit en dérive, soit ­ancré au fond, ce navire est aujourd’hui affecté à des ­recherches scientifiques menées par l’Institut d’océanographie Scripps Research en Californie. Très stable, avec 80 mètres de tirant d’eau et 150 tonnes de lest, Polar Pod ne craint ni les tempêtes ni les vagues scélérates. Son flotteur est un treillis de 90 mètres en tubes d’acier, surmonté de la partie habitable, une nacelle en aluminium située à 10 mètres au-dessus de l’eau. Cette construction ­comprend trois étages (habitations, labo sec, salle informatique, labo humide) surmontée d’un pont supérieur où se trouve la passerelle de navigation. De part et d’autre de la nacelle, deux autres passerelles de 15 mètres accueillent les capteurs de recherche et permettront le transbordement d’équipements. Sans motorisation, entraîné par le courant circumpolaire antarctique et les vents d’ouest, Polar Pod est un navire « zéro émission » alimenté par six éoliennes de 3,2 kW. L’énergie

électrique produite à bord sera stockée dans des batteries lithium-ion de 50 kWh. Au cas où la plate-forme aurait soudain besoin de plus d’énergie – déballastage à l’air comprimé, grutage de charges lourdes ou mise en œuvre du propulseur hydraulique bâbord-tribord situé à 15 mètres sous l’eau – un groupe électrogène thermique de ­s ecours de 20 kW et un autre de 200 kW seront ­opérationnels. En cas de danger ou de présence d’iceberg, ses voiles asymétriques pourront lui assurer une manœuvrabilité directionnelle précise et rapide. Dans les cinquantièmes hurlants

Pour atteindre son point de départ, il sera remorqué à 400 milles marins au sud-est de l’Afrique du Sud jusqu’à ce qu’il atteigne le courant et passe à la verticale grâce à ses ballasts. À la vitesse moyenne de 1 nœud (1,8 km/ h), 0,5 nœud de vent et 0,5 de courant, la circumnavigation devrait durer deux années, entre fin 2023 et 2026. À bord, un équipage mixte composé de 8 personnes : 3 marins, 4 scientifiques et une personne chargée de l’intendance et des repas « sera relayé et ravitaillé tous les deux mois par la goélette Persévérance. C’est tout simplement le meilleur type de bateau pour naviguer au long cours dans de bonnes conditions de sécurité et de confort dans les cinquantièmes hurlants (nom attribué aux latitudes situées entre les 50e et 60e parallèles dans la zone de l’océan Austral, proche de l’Antarctique et étroitement lié aux climats que l’on trouve dans cette région : vents violents et mer souvent déchaînées, NDLR), assure son créateur. Ses mouvements n’impactent ni l’air ni la mer environnante, ce qui permettra d’obtenir un échange ___u

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59/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Le programme de recherche bénéficie désormais de l’engagement de 43 institutions et universités de 12 pays a­ tmosphère-océan d’une grande précision. Grâce à ses ­hydrophones, des micros sous-marins de grande sensi­bilité, il pourra capter comme jamais un univers sonore aquatique encore très largement méconnu. » Observation des impacts humains

Au cours de la longue période écoulée entre l’annonce du projet et sa réalisation, Polar Pod est passée de simple plate-forme habitée à « station océanique internationale », le tout coordonné par le Centre national de la ­recherche scientifique (CNRS) en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes) et l’Ifremer, également maître d’œuvre de la construction. Le programme de recherche bénéficie désormais de l’engagement de 43 institutions et universités de 12 pays, tandis que les données et observations seront accessibles à ­l’ensemble de la communauté scientifique internationale. « Ce sera une contribution française au programme de l’Unesco, la Décennie de l’océan », assure l’explorateur. Le projet scientifique de l’expédition repose désormais sur quatre axes principaux : l’étude des échanges atmosphère-océan, la surveillance par télédétection ­satellite des conditions météorologique et de l’état de la mer, ­l’inventaire de la biodiversité et l’observation des

i­ mpacts humains avec un bilan des pollutions par les ­aérosols, les microplastiques, les pesticides, les polluants organiques et les métaux lourds. « L’océan Austral est un acteur majeur du climat, explique Jean-Louis Étienne. Ses eaux froides et agitées absorberaient jusqu’à 50 % du gaz carbonique capté par l’ensemble de l’océan. Le CO2 atmosphérique se dissout en effet plus facilement dans les eaux froides polaires et ce phénomène participe à en faire un puits de carbone océanique essentiel de la planète. La stabilité verticale de Polar Pod va permettre des mesures très précises sur la capacité de l’océan Austral à absorber le CO2 que nous émettons en excès, explique-t-il. Ceci sera possible pour la première fois aux quatre saisons et pour toutes les longi­tudes. L’impact des événements climatiques extrêmes (vents puissants, vagues fortes, productions et impacts des aérosols…) sur les échanges atmosphère-océan sera également étudié pour la toute première fois à cette échelle. E ­ nfin, les études menées à partir de mesures du Polar Pod permettront d’évaluer l’importance du CO2 qui, dissout dans l’eau, se transforme en acide carbonique et devient un “poison” pour la constitution des structures calcaires du plancton, le premier maillon du réseau alimentaire océanique. » L’expédition comportera également un large volet ­pédagogique à travers un programme élaboré avec des enseignants du primaire au lycée dans différentes ­régions de France. Une approche qui permettra aussi d’associer l’aventure et ses découvertes au rythme de la vie scolaire et de favoriser l’apprentissage des élèves en sciences naturelles, physique et mathématique mais aussi en langues, en histoire et en géographie. RendezCyril Hofstein vous en décembre prochain. ■

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60/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Stephane Compoint / Bureau233 ; sdp

L’océan Austral est un anneau océanique de 20 000 km de circonférence où convergent les eaux des océan Atlantique, Indien et Pacifique.

Reportage

Avec 80 m de tirant d’eau et 150 t de lest, Polar Pod est très stable dans la haute mer. Haut de 100 m et d’un poids de 1 000 t en charge, ce navire vertical se déplace au gré du courant circumpolaire.

L

“PersÉvÉrance” : navire ravitailleur… et de croisière

ongue de 42 mètres, large de 11 mètres et armée par huit marins professionnels, la solide goélette Persévérance, est le bateau ravitailleur de Polar Pod. Construit en aluminium renforcé par le chantier Piriou et issu d’une collaboration avec Olivier Petit, l’architecte d’Antarctica devenu aujourd’hui Tara, ce bateau destiné à effectuer la relève en équipage et en matériel de la plateforme est particulièrement adapté à la navigation toute l’année en Antarctique. Grâce à sa rampe de lancement intégrée au tableau arrière, il peut mettre à l’eau des embarcations légères par tout temps. Un atout de taille pour un navire qui aura la lourde tâche d’assurer toute la logistique de l’expédition pendant ses trois années de circumnavigation. À l’aide d’une annexe spécialement adaptée, Persévérance est également à même d’apporter à l’équipage tout le matériel, les vivres et les consommables nécessaires, amenés à la verticale d’une des ailes de Polar Pod, où ils seront treuillés. À mesure du voyage de la station, au gré des vents et des courants, le bateau sera positionné tour à tour à Port Elizabeth, La Réunion, Kerguelen, Perth, Adelaïde, Melbourne, Hobart, Christchurch, en Polynésie, à Ushuaïa et enfin à Cape Town. Pendant ces rotations et en dehors des périodes de ravitaillement, le voilier pourra accueillir des passagers qui pourront rejoindre l’expédition dans les cinquantièmes hurlants et la banquise

Antarctique et découvrir certaines régions côtières comme la Tasmanie, les canaux de Patagonie, la péninsule Antarctique ou encore la Géorgie du Sud. En attendant le départ de l’expédition, la goélette propose déjà pour 2023 des croisières d’exploration et d’écotourisme en Arctique, au Svalbard et en Antarctique. D’une durée de six à quarante-neuf jours et ouverts jusqu’à 12 passagers, ces voyages seront animés par des spécialistes des régions polaires et, parfois, par Jean-Louis Étienne lui-même. « Née pour affronter les mers polaires, Persévérance a été pensée et réalisée pour limiter au minimum son impact environnemental, assure Jean-Louis Étienne. Navire à voile, il bénéficie d’un traitement à l’urée des échappements qui permet de capturer les oxydes d’azote et les particules fines. Pour une goélette de travail et de charge, un soin particulier a été apporté à ses cabines passager qui disposent de tout le confort possible. » À bord, des espaces communs avec des ponts extérieurs offrent ainsi un accès privilégié aux paysages et plongent passagers et équipage dans un monde d’une beauté à couper le souffle. La première croisière aura lieu à partir du 5 juin 2023 au Svalbard et sera animée par le photographe, vidéaste et documentariste français Florian Ledoux. Puis d’autres se C. H. succéderont jusqu’au 17 janvier 2024.

Pour tout renseignement, rendez-vous sur Bateauperseverance.com

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61/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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Thomas Laconis ; Musée Carnavalet/Roger-Viollet

Culture

62/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

La nouvelle jeunesse du Grand Rex La semaine prochaine, « Les Trois Mousquetaires » seront à l’affiche du célèbre cinéma des Grands Boulevards parisiens. C’était déjà le cas… le 8 décembre 1932, lors de son inauguration ! Mais si Le Grand Rex a été le temple de mille événements mémorables durant 90 ans, il n’a jamais cessé d’innover.

I

Par Olivier Delcroix

l a quelque chose du Cinema Paradiso immortalisé par Giuseppe Tornatore. Un je-ne-saisquoi, une petite étincelle d’éternité, qui confère au Grand Rex son élégance indémodable. En décembre dernier, dévoilant sa nouvelle façade qui fait honneur à ses origines Art déco, l’emblématique cinéma a fièrement soufflé ses 90 bougies. Encore une décennie et c’est le siècle qui va défiler sur les sept écrans de ce haut lieu culturel parisien devenu au fil du temps une étape touristique toujours plus attractive. En attendant, le 2 avril, grâce à la ­p rojection exceptionnelle des Trois ­M ousquetaires, nouvelle adaptation du chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas signée Martin Bourboulon, ce vaillant palace cinématographique s’apprête à adresser un joli signe à son histoire, comme le confirme Bruno Blanckaert, directeur général de l’établissement, présent depuis quarante ans : « L’inauguration du Grand Rex s’est en effet faite autour de la projection du film d’Henri Diamant-Berger… Les frères Lumière étaient d’ailleurs dans la salle lors de l’événement. Les générations passent, les classiques restent. J’ai presque envie de dire : “Un pour tous. Tous pour Le Grand Rex !” » Avec ses airs de paquebot fendant les flots sur les Grands Boulevards parisiens, Le Grand Rex paraît éternel. Pourtant, derrière cette apparence tranquille, une armada d’employés s’active pour maintenir cette historique salle de cinéma hors de l’eau. La devise de Paris « Fluctuat nec mergitur » (« Il est battu par les flots, mais ne sombre pas ») va bien au teint de ce bâtiment qui peut accueillir plus de 2 700 spectateurs dans sa grande salle et affiche en

moyenne une fréquentation d’un million de visiteurs par an. Le lieu a été créé par le producteur Jacques Haïk et est administré par la famille Hellmann depuis trois générations. « Le fondateur du Rex, Jacques Haïk, reste l’un des pionniers du cinéma en France, note Alexandre Hellmann, l’actuel directeur. D’origine tunisienne, il arrive en France avec sa valise en carton, puis devient rapidement un grand homme de music-hall. Il lance L’Olympia, ouvre Le Français qui deviendra le Gaumont Opéra Français. C’est aussi celui qui fait connaître Charlie Chaplin en France en le rebaptisant Charlot. » Haïk voit grand. Il conçoit l’endroit comme un temple dédié au cinéma. « Il souhaite alors construire une “salle ­atmosphérique” pouvant accueillir plus de 5 000 spectateurs sur une superficie de 2 000 mètres carrés, avec un plafond atteignant les 30 mètres de haut, représentant une voûte étoilée lumineuse, précise Bruno Blanckaert. Quant à la tour du toit, elle culmine à 35 mètres de hauteur. »

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63/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

un chaplin caché

Parmi les péripéties vécues par le ­cinéma, sa réquisition par les Allemands le 2 mai 1941 restera une blessure profonde. « Réservé aux troupes allemandes, le bâtiment devient un “Soldatenkino”, un cinéma pour ­soldats, raconte Bruno Blanckaert. Une horloge éclairée est même installée dans la salle et un haut-parleur diffuse les horaires des trains pour que les soldats puissent rejoindre à tout moment leur régiment. » Une anecdote est à ce sujet ahurissante. La fresque du peintre décorateur montmartrois Henri Mahé, qui orne l’entresol, est transformée par les Allemands. Parmi les nombreux personnages figurant sur l’œuvre se trouve celui de Charlot. Après la sortie du Dictateur, Chaplin n’est plus en odeur ___u

James Dean, un « Géant » immortalisé sur place en 1956.

Le fondateur, Jacques Haïk, voyait grand... et haut.

l’escalator est inauguré par Gary Cooper et Mylène Demongeot de sainteté et il devient sur la fresque un clown anonyme avec un nez rouge. « Ce n’est qu’à la faveur du Covid, en nous replongeant dans les archives, que nous avons eu la ­stupeur de découvrir le Charlot originel sur une photo ­d’époque ! » confie Alexandre Hellmann. Le tandem ­Nathalie Hermann et Sandra Ancelin, deux artistes restauratrices, prend en charge la résurrection de Chaplin. « Elles ont gratté la surface avec toute leur patience et leur savoir-faire pour remettre au jour ce Chaplin caché, poursuit Alexandre Hellmann. C’est ainsi que nous avons vu ­petit à petit réapparaître la petite moustache de Charlot et son chapeau, derrière le visage et le nez rouge de ce clown anonyme. C’était magique. » un écran de 300 mètres carrés

Après-guerre, un autre chapitre s’ouvre pour la salle de cinéma. En 1954, la famille Hellmann crée La Féerie des eaux à l’occasion de la projection du film Tant qu’il y aura des hommes, de Fred Zinnemann, avec Burt Lancaster et Deborah Kerr. « Près de 3 000 litres d’eau sont projetés à 20 mètres de haut avec des jeux de lumière et un accompagnement musical, précise Blanckaert. Le public est immédiatement séduit. La Féerie des eaux s’installe alors de manière pérenne, et ces jeux d’eau animent la grande salle

à Noël, un peu avant la projection du film Disney de fin d’année. » Autre innovation de taille, l’escalator du Grand Rex qui est inauguré en 1957 par Gary Cooper et Mylène Demongeot. « Ce fut la première fois qu’une salle européenne se dotait de ce genre de matériel », rappelle Alexandre Hellmann. Dans les années 1980, Jack Lang fait inscrire Le Grand Rex et sa façade Art déco à l’inventaire des Monuments historiques. En 1983, Georges Cravenne, fondateur de la cérémonie des César, décide que la 8e Nuit des César aura lieu au Grand Rex. « C’est le branle-bas de combat, se souvient Blanckaert. Roman Polanski se charge de la mise en scène. Retransmise sur Antenne 2, c’est Catherine Deneuve qui préside la cérémonie. Lors de la matinée de filage, La Féerie des eaux est prévue tandis qu’elle franchit une passerelle au-dessus d’un grand bassin. Mais un jet d’eau lui gicle en pleine figure à deux reprises. Son maquillage dégouline. Elle pleure. Alors, on annule La Féerie des eaux ! » À cette époque, Luc Besson est un habitué du Grand Rex. Il y fait toutes les avant-premières de ses films. « Un jour, alors qu’il nous rend visite pour préparer la sortie du Grand Bleu, confie Bruno Blanckaert, il lance : “Votre écran est trop petit !” Ni une ni deux, nous décidons d’installer un écran de 300 m2, ce qui en fait le plus grand d’Europe. Et je me souviens qu’un jour, en discutant à bâtons rompus, je dis : “Il est grand. Il est large. Et si nous l’appelions Le Grand Large ?” Ce fut aussi simple que ça. » Conçu et réalisé par Luc Heripret, ce méga-écran est donc inauguré pour Le Grand Bleu. Le film totalisera plus de 750 000 entrées, restant six mois non-stop à l’affiche.

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64/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Roger-Viollet/Roger-Viollet ; Musée Carnavalet/Roger-Viollet ; sdp ; Albert Harlingue/Roger-Viollet ; André Zucca/BHVP/Roger-Viollet ; Thomas Laconis

George Lucas et Madonna font partie des fans de ce décor unique.

Culture

La grande salle est conçue pour réunir 2 700 spectateurs.

Réquisitionné par les Allemands, le lieu rouvrira en 1944.

Le Covid a permis la découverte d’un Chaplin dissimulé par les nazis.

Durant les années 2000, le cinéma poursuit ses innovations. Venu deux fois à Paris, George Lucas s’entiche du Grand Rex. Il y autorise la tenue de la première convention Star Wars en mai 2005. « Les spectateurs sont arrivés habillés en Dark Vador ou en princesse Leia, se rappelle Alexandre Hellmann. Nous avions obtenu que le boulevard soit bloqué pour un défilé de “cosplayers”. C’était au moment de la sortie de Star Wars. La revanche des Sith. Peter Mayhew, géant de 2,21 mètres qui incarne Chewbacca était de la partie, ainsi que Roger Carel, la voix française de C-3PO ou encore Warwick Davis, l’Ewok qui a aussi joué dans Willow. Cela a été un vrai grand délire… » une file d’attente incroyable

Bruno Blanckaert se souvient aussi des 100 kilos de carottes qu’il a récoltés pour la sortie de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, en 1988. « J’avais lancé l’idée d’offrir une place à tous les spectateurs qui viendraient avec une carotte, sourit l’intéressé. Nous avons finalement donné toute cette moisson aux Restos du cœur ! » À l’occasion de la sortie de This Is It, le documentaire sur Michael Jackson (2009), alors que la star vient de mourir, Alexandre Hellmann obtient la première exclusivité sur ce film auquel personne ne croit. « Ce fut un raz-de-marée, ­raconte-t-il. Dès l’ouverture de la billetterie à 7 heures du ­matin sur internet, les places se sont arrachées. Il y avait une file d’attente incroyable. Les gens dormaient devant la ­façade du Rex. Il y avait des tentes et des sacs de couchage partout sur les trottoirs. Cent vingt-cinq médias ont ­couvert la projection du film. Nous avons été complets ­durant deux mois. »

un restaurant et un bar à champagne pourraient voir le jour Côté salle de spectacle, l’établissement n’est pas en reste. Plus de 200 groupes de musique sont passés par Le Grand Rex pour des concerts exceptionnels. La consécration ayant été la venue de Madonna qui a fait salle comble onze soirées de suite début 2020. « Nous sommes également très fiers d’avoir permis au spectacle Le Soldat Rose de se tenir en 2006, ajoute Bruno Blanckaert. De nombreux producteurs avaient refusé ce spectacle imaginé par Louis Chedid et Pierre-Dominique Burgaud, pensant que ça ne fonctionnerait pas. Nous, nous avons pris le risque. Finalement, ça a été un triomphe. Preuve que les gens s’en souviennent, en octobre prochain Le Soldat Rose revient pour célébrer ses 15 ans avec une grande tournée et un nouveau casting. » « Ce 90e anniversaire mélange plusieurs événements, détaille Alexandre Hellmann. Après avoir rénové le bâtiment qui a désormais retrouvé les teintes champagne, ivoire et crème de la façade originelle des années 1930, nous poursuivons notre p­ rogramme de restauration. Nous avons le projet de créer un super-restaurant sur le toit. Nous voudrions également ouvrir un bar à champagne, et devenir ce que les Américains ­appellent un “movie palace”. Pour moi, l’avenir du Grand Rex est comme le soldat… il est rose ! » ■

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65/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Olivier Delcroix

Un marché en quête d’accalmie

Après avoir traversé plusieurs crises au cours des dernières années, le véhicule d’entreprise s’attend à une embellie au deuxième semestre. Dans ce contexte, l’électrification s’intensifie sous la contrainte tandis que les nouvelles mobilités tardent à s’imposer.

scharfsinn86 - stock.adobe.com

Dossier réalisé par Sylvain Reisser, avec Éric Gibory et Christophe Bourgeois

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66/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Flotte auto

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rise sanitaire, pénurie des semiconducteurs, manque de pièces détachées, raréfaction des matières premières, logistique désorganisée, comme les dix plaies sur l’Égypte, les difficultés s’abattent mois après mois sur le marché automobile. Les constructeurs auraient de bonnes raisons de s’en plaindre. Pourtant, mezza voce, leurs dirigeants se félicitent de l’excellence de leurs résultats financiers. « Dans un contexte de marché historiquement bas, semblable au niveau enregistré dans les années 1970, les constructeurs n’ont jamais réalisé autant de marge », constate Julien Billon, directeur général de AAA Data, spécialiste des données automobiles. L’impact de la pénurie des puces électroniques a connu une phase aiguë au dernier trimestre 2021 et tout au long des trois premiers trimestres de 2022. Au plus fort de cette crise, les loueurs longue durée et les entreprises n’arrivaient pas à obtenir les voitures commandées et n’avaient aucune visibilité sur les dates de livraison. Aujourd’hui, les délais ont été réduits à 8 ou 9 mois mais des différences très importantes subsistent entre les types de véhicule et les énergies. Face aux particuliers, les entreprises ont davantage souffert de cette situation. Lorsque les véhicules parvenaient sur le marché, les constructeurs ont privilégié les premiers auprès desquels leurs marges sont traditionnellement plus élevées. Des prix en hausse de 20 %

Autre stratégie pour gonfler les bénéfices : les constructeurs ont promu les véhicules électriques dont le prix moyen atteint 43 000 € contre 24 000 € pour l’ensemble du marché des voitures neuves. Avec la place grandissante des véhicules électrifiés dans le marché global et, avec l’envolée des coûts de production, le prix moyen de l’ensemble des véhicules a enregistré une hausse de 20 % au cours des 24 derniers mois. Pour ALD Automotive, entité de la Société générale spécialisée dans la location longue durée (LLD), le constat est encore plus sévère avec des hausses qui peuvent atteindre 30 à 40 % sur certains véhicules à 12 ou 18 mois d’écart. En 2022, le marché automobile a représenté 1,5 million d’immatriculations quand il s’est vendu 2,2 millions de véhicules particuliers en 2019. Cette chute spectaculaire de 700 000 unités est qualifiée de perte phénoménale par la profession. En 2023, le recul se poursuit avec des ventes en baisse de 8 % sur les deux premiers mois. De leurs côtés, les ventes aux entreprises fléchissent de 9 %, celles auprès des administrations, de 8 %, celles aux loueurs longue durée, de 5 %, et celles aux loueurs de courte durée, de 19,8 %. « Aujourd’hui, la prise d’ordre n’est plus un problème, observe Gilles Bellemère, directeur général d’ALD. Les carnets de commandes sont pleins mais la logistique ne suit pas. » Habitués à des volumes plus faibles, les réseaux de transport n’arrivent pas à absorber le regain d’activité et ___u

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67/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Flotte auto

conséquence de l’allongement des délais de livraison, la durée des contrats est revue à la hausse des cellules de consulting, et ce, qu’elles soient intégrées aux loueurs longue durée ou appartiennent à des entités indépendantes. Dans ce contexte difficile, l’électrification des flottes se poursuit. Quand les immatriculations baissent de 7 % sur l’ensemble de l’année 2022, les ventes de véhicules électriques, hybrides et hybrides rechargeables progressent de 24 %. Et la tendance se poursuit en ce début ­d’année. La part des modèles électrifiés dans les achats automobiles des entreprises est passée de 41 % en 2022 à 44 % au cours des deux premiers mois de 2023. ­« Comparée au marché des particuliers, l’électrification des flottes est plus lente », tempère Julien Billon.

Les stations de recharge sont de plus en plus nombreuses.

éprouvent des difficultés à faire le lien entre usines et concessions. Selon Gilles Bellemère, cette crise est la dernière avant une embellie durable. Avec le rallongement des délais de livraison, les contrats de LLD ont été prolongés pour préserver la mobilité des salariés. Parallèlement, quand les entreprises doivent pallier un manque, elles ont de plus en plus recours à la LLD de véhicules d’occasion. « Avec cette solution, la gestion s’apparente à celle qui prévalait avant la pandémie avec des commandes déclenchées 3 à 4 mois à l’avance », détaille Gilles Bellemère. Aujourd’hui, la durée moyenne des contrats de LLD a augmenté de 6 à 8 mois et court sur 42 à 44 mois. En ­revanche, les kilométrages sont restés les mêmes. Et d’ajouter que « les kilomètres gagnés pendant le confinement permettent de prolonger les contrats ». Depuis le début de l’année, les gestionnaires de flottes voient arriver les commandes en souffrance depuis plusieurs mois. Cette remise à niveau devrait durer tout au long du premier semestre 2023 avant un retour à la normale. Face à ces contraintes, les entreprises éprouvent davantage de difficultés à sélectionner les constructeurs et les véhicules. Avec des interrogations sur les disponibilités, des prix à la hausse et des contraintes en matière d’électrification, le référencement s’apparente à un véritable casse-tête. Pour s’y retrouver et éviter les erreurs, les gestionnaires de flottes font de plus en plus appel à

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68/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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les VHR sous certaines conditions

Si les entreprises électrifient leurs parcs automobiles, ­elles font machine arrière sur les véhicules hybrides ­rechargeables (VHR). Cette technologie, qui a bénéficié d’un soutien fiscal de la part du gouvernement, n’a plus la cote. En théorie, cette solution offre le meilleur des deux mondes : des trajets urbains et périurbains en électrique et la polyvalence d’usage d’une voiture à moteur thermique. Seulement, les gestionnaires de flottes ont dû déchanter devant le mésusage généralisé. Dans la plupart des cas, les batteries ne sont pas rechargées et les véhicules roulent sur le seul moteur thermique. Plus lourds, les VHR consomment davantage avec des coûts prohibitifs à la clé et un bilan environnemental alourdi. « Les hybrides rechargeables ne doivent pas être confiés à tous les collaborateurs, conseille Gilles Bellemère. Si le conducteur parcourt 300 kilomètres par jour, l’énergie utilisée sera essentiellement fossile avec des consommations de carburant importantes. » Autre condition d’utili­sation, les collaborateurs doivent avoir la possibilité de recharger tous les jours. Au-delà de l’automobile et de son électrification, les professionnels de la LLD, les constructeurs et de ­n ombreuses start-up œuvrent au développement de nouvelles mobilités dans les entreprises. Covoiturage, autopartage, vélo, trottinette, les alternatives à la voiture personnelle se multiplient sans avoir encore trouvé leur place. « L’an dernier, nous avons lancé une offre autour de la mobilité qui connaît un intérêt grandissant. Le forfait mobilité durable est géré par les ressources ­humaines où le processus de décision est très long. Les ­volumes ne sont pas significatifs mais l’activité commerciale est importante », indique M. Bellemère. Avantage pour les prestataires, la mobilité ne s’adresse pas aux seuls détenteurs d’un véhicule de fonction ou de service mais à l’ensemble des salariés de l’entreprise. Une cible élargie pour de futurs relais de croissance et une mobilité Éric Gibory plus respectueuse de l’environnement. ■

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Flotte auto

Les nouvelles cartes ne servent plus seulement à payer le carburant.

la carte carburant s’ouvre à la mobilité La carte carburant s’est transformée en carte multiservice. Recharge pour voitures électriques, mais également moyen de paiement pour les déplacements des salariés, voici ces nouveaux sésames de mobilité.

élétravail, réunion en visio, électrification du parc : les besoins de mobilité des entreprises évoluent. La carte carburant, moyen facile de paiement pour les collaborateurs qui disposent d’une voiture de fonction, aussi. Conséquence des politiques RSE, elle n’est plus forcément adaptée à tous les besoins de déplacement des collaborateurs. « Nous enregistrons de plus en plus de demandes de la part des entreprises qui recherchent de nouvelles solutions autres que la carte carburant pour financer la mobilité de leurs salariés », observe Matthieu Codron, directeur général d’Edenred Fleet et Mobility France. Edenred s’est ainsi allié avec le français

Betterway pour proposer une carte de paiement dédiée à la mobilité. « Elle répond aux besoins des entreprises dans le cadre du forfait mobilité durable imposée par la loi d’orientation des mobilités (LOM). Cette carte permet de payer par exemple les transports en commun pour les trajets domicile-travail. » Elle fonctionne comme la carte Ticket Restaurant, service le plus connu de la société ; l’entreprise du collaborateur abonde un compte ouvert a u n o m d e c e d e r n i e r q u i p e u t a i n s i p ay e r s e s déplacements quotidiens. Autre solution pour faciliter la mobilité des équipes, la carte de paiement multimodal. « Certains salariés ne souhaitent pas de voiture de fonction, explique Tarik ___u

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Par Christophe Bourgeois

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Moufaddal, directeur solutions de mobilités France mesure, Jaguar-Land Rover sont les seuls constructeurs chez TotalEnergies. C’est pourquoi nous avons développé à le proposer de série sur leurs modèles. avec la Caisse fédérale de Crédit mutuel et Mastercard la Et côté électrique ? « C’est sur cette énergie que le virage carte Mobility Corporate, une carte de paiement qui est le plus affirmé. Le nombre de transactions a en effet été permet de régler les voyages en train, en avion, la location multiplié par quatre en seulement un an », dit Tarik de véhicule, mais également la réservation d’hôtel, de res- Moufaddal. Chez Shell, sur la même période, cette taurant, etc. » Lancée il y a seulement 18 mois, cette carte augmentation est six fois supérieure. « Nous avons mis complémentaire à la carte carburant Fleet du pétrolier sur le marché une carte hybride qui permet non seulement permet de faciliter la gestion des déplacements. « Les de recharger sur les bornes publiques, mais également au TPE et PME sont assez intéressées par ce produit car il domicile ou sur le lieu de travail du collaborateur », assure la centralisation de la mobilité professionnelle et une explique Cédric Thillou, qui rappelle que « plus de 80 % visibilité complète sur ce poste de des recharges se font hors du dépense », poursuit-il. Malgré réseau public ». La carte proposée t o u s c e s n o u ve a u x s e r v i c e s par le pétrolier assure ainsi aux proposés par les pétroliers ou les re s p o n s abl e s d e f l o t t e s u n e agrégateurs, la carte carburant meilleure gestion de la consomclassique reste l’outil privilégié mation électrique de leurs parcs. des entreprises pour piloter leur « Nous avons observé que ces derconsommation de carburant. Et niers avaient parfois du mal à bien les habitudes ont la peau dure. Car quantifier le TCO des modèles ces fournisseurs constatent que les électrifiés », poursuit Cédric énergies fossiles constituent Thillou. Avec cette offre, le encore la grande majorité des collaborateur qui dispose d’une transactions, fortement portées borne à son domicile enclenche la par le diesel. « Même si nous recharge via la carte. À la fin du observons une légère diminution, mois, Shell lui rembourse sa sur le véhicule léger au sein des consommation d’électricité qui entreprises, ce carburant repréest facturée en parallèle à sente encore 79 % des transactions l’entreprise. des énergies fossiles », indique Les besoins en cartes carburant ne Les cartes de paiement « mobilité » Cédric Thillou, directeur s e m b l e n t d o n c p a s b a i s s e r. se développent très vite. solutions flottes et mobilités chez « Certes, nous observons un très Shell France. « Nous constatons cependant une évolution léger tassement de la consommation, observent chacun de de la demande d’essence versus le gazole de l’ordre de leur côté Cédric Thillou et Matthieu Codron. Cette plus de 10 % », enregistre Tarik Moufaddal. « Cette réduction est due à plusieurs facteurs : sobriété des progression en faveur du sans-plomb est liée au transfert véhicules, réduction de la taille des réservoirs, sans oublier du parc du diesel vers l’hybride rechargeable, poussé par le développement du télétravail. Mais elle est compensée la LOM », analyse Cédric Thillou. par la croissance exponentielle de la livraison. » Une a c t iv i t é q u i re s t e t rè s m a j o r i t a i re m e n t d i e s e l . La croissance des énergies alternatives L’augmentation du coût de l’énergie ne semble pas non Il est cependant intéressant de noter qu’une partie des plus réduire la demande des entreprises, « qui ont toujours détenteurs de cartes semble avoir initié leur transition besoin de se déplacer », souligne Matthieu Codron. énergétique. « L’utilisation des nouvelles énergies marque Néanmoins, avec l’électrification du parc, la bascule de un bond spectaculaire, note Tarik Moufaddal. la carte carburant vers la carte « électrique » pourraitEntre 2021 et 2022, le nombre de clients qui en ont elle être pour bientôt ? « La LOM et le déploiement des consommé a augmenté de 90 %. » Selon le pétrolier, les ZFE (zones à faibles émissions) sont des facteurs volumes de GPL ont ainsi doublé entre 2021 et 2022. importants de l’électrification du parc des entreprises », Pour les autres gaz (GNV, GNL, GNC), ces derniers analyse Cédric Thillou. Elle reste néanmoins assez étant uniquement réservés pour les poids lourds ou les mesurée : « Celles qui par choix ou par obligation se sont bus, ils ont progressé de 60 %. Essor similaire pour l’E85. lancées dans cette stratégie ne feront pas machine arrière, « Bien que cela ne soit pas encore significatif dans les mais il reste encore beaucoup de professionnels, consommations, nous observons un vif intérêt pour ce notamment toutes les entreprises qui disposent d’un parc carburant », relève Matthieu Codron. « L’E85 représente de moins de 100 véhicules, qui sont encore orientés sur le 7,4 % de la consommation de carburant », indique de son thermique. » Les stations-service, telles qu’on les connaît côté Tarik Moufaddal. Une part de marché d’autant aujourd’hui, semblent donc encore avoir de beaux jours Christophe Bourgeois plus importante que Ford et, dans une très moindre devant elles. ■

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72/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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la gestion des déplacements des collaborateurs est facilitée avec la carte multiservice

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Photos non contractuelles. Modalités et conditions d’obtention sur : h�ps://www.service-public.fr/pa�iculiers/ vosdroits/F34014 et sur h�ps://www.service-public.fr/pa�iculiers/vosdroits/F35354 (Selon législation en vigueur au 1er janvier 2021). Crédit photos : Simpol. ASTERION. - Conception : Ligier Group 03.2023

ligier.fr

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MAX ABADIAN, presse

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74/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

En vue

Isabelle Boulay La chanteuse qui ose

L’artiste québécoise signe ce printemps un album surprenant et très réussi de reprises d’Alain Bashung, riche en sonorités country : « Les Chevaux du plaisir ».

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ertige de l’humour. Malgré le tollé provoqué par les bras d’honneur de son compagnon Éric Dupond-Moretti vers les bancs de la droite à l’Assemblée nationale, Isabelle Boulay est d’humeur guillerette en ce début d’après-midi de mars. Au bar d’un hôtel parisien, où elle a donné rendez-vous au Fig Mag, elle croit reconnaître un ministre québécois. Devant la mine interloquée de son vis-à-vis – visiblement un fan ! –, elle comprend sa méprise. Peu importe. Un dialogue chaleureux s’engage entre eux. Ainsi est l’interprète du tube Parle-moi : vive et spontanée. C’est avec un enthousiasme identique qu’elle évoque devant nous la sortie de son nouvel album, Les Chevaux du plaisir *. Un disque composé de 11 reprises d’Alain Bashung, triées sur le volet et revisitées dans un genre country. « Avec mon équipe, on a voulu y aller franchement dans le registre western mais sans faire un exercice de style ou une caricature », confie-t-elle. Et le résultat séduit, des titres les plus célèbres (Ma petite entreprise, Osez Joséphine, La nuit je mens…) aux airs les plus méconnus (dont le ­sublime La Mariée des roseaux). La partie était pourtant loin d’être gagnée d’avance. Comment imaginer, en effet, un attelage aussi baroque ? D’un côté, la volubile et populaire Isabelle Boulay. De l’autre, l’énigmatique et exigeant Alain Bashung. L’intéressée en convient. Se réapproprier un répertoire riche en textes truffés de double ou de triple sens ne coulait pas de source. « Cet album est le plus ambitieux que j’ai jamais fait et ­Madame rêve est le morceau le plus osé que j’ai jamais chanté », sourit l’artiste. Un propos réitéré dans l’émission « Le Club Le Figaro Culture », où elle intervenait au côté de notre confrère Olivier Nuc, coauteur de l’ouvrage

­Bashung l’imprudent (Don Quichotte) : « Bashung était très cash, mais jamais vulgaire, assure-t-elle. C’est là la beauté de son écriture musicale. » Quasiment incollable sur le personnage, elle donne l’impression de l’avoir connu. Et pourtant… « Nous avons participé à une même émission et nous nous sommes simplement frôlés dans un couloir exigu. Je n’avais pas davantage pu aborder Stephan Eicher, que j’admire aussi, aux Francos de Montréal. » Se jeter dans le monde

Des regrets qui lui ont sûrement servi de leçons. Car désormais, elle ne craint pas « d’oser ». Un mot qui fait aussitôt tilt en elle ! « J’ai découvert Alain Bashung grâce à Osez ­Joséphine. J’ai tout de suite adoré cette image de femme forte véhiculée par la chanson. Dès lors, je me suis intéressée à l’œuvre de son interprète et n’ai jamais été déçue en tant que fan. » Comme pour justifier son audace (« J’étais plus attendue lorsque j’ai repris Serge Reggiani », précise-telle), Isabelle Boulay cite Simone de Beauvoir dans le ­livret de son album : « Exister, c’est oser se jeter dans le monde. » Dès le début, elle a bénéficié du soutien du ­producteur Claude Larivée, qui lui a glissé le nom Gus van Go pour la réalisation. Un ticket gagnant. Plus tard, elle sera émue par les félicitations du parolier historique de l’Alsacien, Jean Fauque. « J’ai toujours rêvé d’un album de chansons d’Alain réinterprétées par une femme, tant elles semblent avoir été écrites pour elles, par elles, parlant ­d’elles, s’enthousiasme l’auteur. Et voici qu’aujourd’hui cette envie prend vie, et de si belle manière, si touchante. » Et rien ne dit que l’aventure s’arrêtera là. Interrogée sur l’absence de Vertige de l’amour sur Les Chevaux du plaisir, Isabelle Boulay sourit : « On l’enregistrera plus tard. » Une perspective belle comme « un pétard qui n’attend plus Pierre de Boishue qu’une allumette » ! * Sony Music.

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75/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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Culturellement vôtre Par Jean-Christophe Buisson

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un homme et deux femmes Un poilu qu’on croyait mort réapparaît. Deux femmes prétendent qu’il est leur homme. Un premier film bouleversant.

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livre

tarantino écrit son cinéma Le réalisateur de « Il était une fois à Hollywood » évoque son panthéon personnel. Grandiose.

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l n’est pas nécessaire d’apprécier l’œuvre de Quentin Tarantino pour dévorer son livre *. Il vaut mieux, par contre, adorer le cinéma américain de la fin des années 1960 à la fin des années 1970. Le dernier âge d’or de Hollywood… L’auteur a eu la bonne idée de raconter sa vie via les films qui l’ont marqué en 400 pages bien tassées. Le résultat est fascinant. Un préambule raconte comment sa très jeune mère, avec son beau-père de l’époque, l’a ­emmené voir des films interdits aux garçons de son âge. L’épilogue évoque un colocataire beaucoup plus âgé que lui avec qui il allait voir des films de blaxploitation. Au milieu défilent d’épais chapitres consacrés aux longs-métrages qui l’ont transformé à jamais. Dans le désordre : Bullitt, L’Évadé d’Alcatraz, Légitime violence, L’Inspecteur Harry, ­Délivrance, Guet-Apens, Hardcore… L’occasion pour lui de partir dans des digressions fascinantes (qui avait compris que Taxi Driver était un remake déguisé de La Prisonnière du désert et que le film n’aurait jamais pu sortir avant le succès d’Un justicier dans la ville) et de multiplier les réflexions sur Don Siegel, Charles Bronson ou Clint Eastwood. Mais aussi de parler très intelligemment des critiques de cinéma qui l’ont influencé, du talent de scénariste de Paul Schrader, des différences fondamentales entre les hippies d’Easy ­Rider et les « Movie Brats » que furent Scorsese et Coppola… avant lui. L’érudition est p ­ hénoménale, l’analyse brillante. Écrit de manière orale et brutale, ce ­requiem pour un cinéma disparu à l’heure des âneries de Marvel se lit d’une traite. En Nicolas Ungemuth attendant la suite.

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76/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

* Cinéma Spéculations, Flammarion, 450 p., 25 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard.

PIXELLEPHOTO, JULIAN UNGANO, presse, Claire Folger

ulie Delaunay (Leïla Bekhti) dirige un studio photo. Émancipée, elle gagne bien sa vie, mais souffre atrocement : son mari n’est pas rentré du front. Ni vivant ni mort. Contre l’avis de ses proches, elle est persuadée qu’il est encore en vie. Un cas sauf isolé : 300 000 soldats français n’ont-ils pas été déclarés disparus entre 1914 et 1918 ? Quand paraît dans un journal la photo d’un ex-poilu amnésique retrouvé sur le quai d’une gare, joie et soulagement l’envahissent : c’est son homme ! Mais elle est bien la seule à en être sûre. Ni son beau-frère, ni les médecins, ni l’intéressé lui-même ne partagent sa certitude. Surtout que débarque une autre femme, Rose-Marie (Louise Bourgoin), sensuelle chanteuse de cabaret de son état, avançant des arguments tout aussi décisifs : cet homme, aucun doute possible, est son compagnon de travail, de nuit et de vie. Le match des amoureuses peut commencer – troublant, indécis, fascinant, cruel. Sur des sujets voisins, Le Retour de Martin Guerre, La Chambre des officiers et Les Fragments d’Antonin s’appuyaient sur les performances exceptionnelles de Gérard Depardieu, Éric Caravaca et Grégori Derangère. Guillaume Bureau a choisi, lui, dans C’est mon homme (en salles le 5 avril), de concentrer son attention, sa caméra et sa lumière sur les deux personnages féminins qui se disputent le corps et la mémoire du front (Karim Leklou). L’idée est excellente, obligeant le spectateur à suivre successivement les points de vue des deux femmes… pareillement convaincants. Impossible de tranchée (pardon : de trancher). Les questions que (se) pose chacune des deux presque veuves, formidablement interprétées, sont vertigineuses. Est-elle aveuglée par son chagrin au point de se mentir ? Comment convaincre l’amnésique de la choisir, elle plutôt que l’autre ? Aime-t-elle l’homme en face d’elle ou le souvenir de l’homme qu’elle a aimé ? Interrogation qui traverse les femmes en couple aujourd’hui comme en 1920, non ?

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SUR LES PLATES-FORMES

Comédie dramatique

drame historique

thriller

Et la lisière fut

gang de requins

Meurtres en série

★ ★ Ailleurs si j’y suis, de François Pirot, avec Jérémie Renier, Suzanne Clément, Jean-Luc Bideau (déjà en salles).

★ Apaches, de Romain Quirot. Avec Alice Isaaz, Niels Schneider, Rod Paradot (déjà en salles).

★ ★ L’Étrangleur de Boston, de Matt Ruskin (Disney +).

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★★★★ Excellent ★★★ Très bien ★★ Bien ★ Moyen ✖ À éviter

athieu mène une existence à la fois bourgeoise et stressante. Son travail de chef de chantier l’accapare. Même tourbillon dans son foyer où il fait face à l’acrimonie de sa femme. Un jour de spleen, il se dirige vers la forêt comme un automate. Et décide de s’y installer durablement… Avec un mélange de gravité et de légèreté, François Pirot s’interroge ici sur le sens de la vie en brossant le portrait d’un individu soucieux de fuir le fracas quotidien. Entouré de ­seconds rôles parfaits (Jackie Berroyer, Jean-Luc Bideau…), Jérémie Renier contribue à faire de ce film un peu ­dingue une œuvre… très naturelle. Pierre de Boishue

la vision télé de stéphane hoffmann

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a n s l e Pa r i s d e 1 9 0 0 , l e s ­violents Apaches sèment la ­terreur. Par leur faute, Billie, une pauvre gosse des faubourgs, a vu son frère chéri mourir sous ses yeux. Lorsque l’heure de la vengeance a sonné et que son âge lui permet enfin d’affronter ces meurtriers, la jeune femme ­décide d’intégrer le gang. Mais Jésus, leur charismatique ­leader, troublera sa visée… Malgré un bel investissement des acteurs qui imposent, à tous les plans, leur présence habilement, ce thriller souffre d’une mise en scène sans ampleur qui révèle un manque évident de moyens par rapport aux ambitions du réalisateur. Clara Géliot Dommage.

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’histoire est connue : au début des années 1960, deux journalistes d’investigation établissent un lien entre plusieurs fémini­cides à Boston. La police s’énerve, la population s’inquiète, de nouveaux meurtres sont commis. Mais sont-ils le fait d’un seul tueur ? On ne le saura ­jamais puisque le suspect numéro un sera poignardé à mort dans sa ­cellule… En se concentrant sur le travail des deux enquêtrices du ­Record-American, Matt Ruskin joue la carte « féministe » à fond (un peu trop, parfois), mais son film, tout aussi noir, supporte la comparaison avec celui de Richard Fleischer (1968). Merci Keira K ­ nightley… J.-Ch. B.

LA PREUVE PAR L’ŒUF

Une émission à la gloire de l’œuf mayonnaise

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’emblée, il faut ignorer le concours, proposé par François-Régis Gaudry à quatre gourmets, d’ailleurs d’excellente compagnie, d’élire le meilleur œuf mayonnaise parmi ceux qu’il a sélectionnés dans neuf bistrots, restaurants et brasseries de Paris et Saint-Ouen. Cette manie de mettre de la compétition partout ! Mais enfin, pendant une heure, on entend parler d’un chef-d’œuvre. Ça fait du bien. Tout le monde a les yeux qui brillent. Tel chef vante un jaune d’œuf « comme un petit coucher de soleil », cet autre défend le jaune soyeux contre le

jaune crayeux : pour l’obtenir, il convient de le cuire à 63 °C pendant 8’ 20”. Ici, huile infusée au haddock, là soupçon de piment d’Espelette. Une grande brasserie en débite 2 000 par jour, et 50 litres de mayonnaise. Tous les conseils sont donnés pour ne pas se rater : pas d’émulsion impossible. Et avec ça, que boit-on avec modération ou, pour mieux dire, avec respect ? Gwilherm de Cerval conseille un vin blanc sec, vif, acidulé ; autrement dit un muscadet, dont les meilleurs savent développer une ampleur

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77/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

aromatique qui équilibre le gras de la mayonnaise. En oubliant le concours, qui n’est qu’un jeu – tous gagnants –, on sent que cette délicieuse émission n’est qu’un prétexte pour entonner, à 14 voix, le péan d’une des plus savoureuses gourmandises qu’il ait été donné à l’homme de créer. Dieu a fait l’huile, mais l’homme a fait la mayonnaise : bonne raison pour croire en l’homme. Surtout en ce dimanche de Pâques. Très très bon : la chasse aux œufs mayo, de François-Régis Gaudry, Paris Première, dimanche 9 avril, à 12 h.

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la renaissance de depeche mode

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u début, ils étaient quatre. Puis trois. Puis deux : Andrew Fletcher est mort en 2022. Martin Gore et Dave Gahan ont donc réactivé Depeche Mode en duo. Le contenu de Memento Mori * avait été écrit par Gore avant la disparition de Fletch, mais le disque a été enregistré après. Lorsque Dave Gahan s’est emparé du micro pour interpréter les compositions de son partenaire, elles ont évidemment pris une autre dimension. Ce quinzième album du groupe britannique est sans aucun doute son meilleur depuis vingt-cinq ans. Sombre, ­mélancolique, habité, avec, toujours, cet environnement électronique qui a fait de Depeche Mode l’un des groupes les plus singuliers de son temps, et la voix impressionnante d’un Dave Gahan en grande forme. À l’heure où U2 en est réduit à sortir un album composé de vieux tubes revisités, et où les Cure n’ont rien d’autre à offrir que des concerts, il faut saluer la renaissance d’un groupe qui aurait pu voler en éclats il y a bien longtemps. De cette génération, ils sont les derniers à Nicolas Ungemuth avoir encore quelque chose à dire, et ils le disent très bien.

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* Sony Music. LIVRE

Je l’aime à l’italienne

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anvier 2012 : Yves Bonnefoy propose à Christiane Rancé de cosigner un ouvrage sur Rome. L’idée la séduit, mais le projet n’aboutit pas… avant de renaître sous une autre forme et de la plus plaisante des ­façons. Bella Italia. Un itinéraire amoureux *, ponctué d’anecdotes personnelles et de références historiques ou culturelles, forme un ensemble ­réjouissant qui tombe à pic, un mois avant le Festival du livre de Paris qui a pour invité d’honneur notre voisin transalpin. Une sorte de « Guide bleu » haut de gamme, porté par une plume élégante et poétique. Florence ? « Voluptueuse ­jusque dans l’ascétisme, troublante jusque dans la sainteté, à la fois chaste et ­ardente, telle est sa robe, son armature, son décor. » Gênes ? « Par la route, on l’approche dans une partie de cache-cache. » Sans lésiner sur les détails, elle décrit des ambiances, dévoile aussi des spécialités locales ou des légendes populaires. L’humour ne manque pas, à l’image de ses lignes sur sa douloureuse expérience d’automobiliste au cœur de Sienne. Qui découvrira cette Pierre de Boishue ode à l’Italie envisagera un voyage sur place. Immediato !

* Tallandier, 336 p., 21,50 €.

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l était temps. Certains restaurants sont désormais interdits aux enfants. Cela déclenche des cris d’orfraie. Le regretté Jean-Pierre Coffe avait initié le mouvement à La Ciboulette, son bistrot de luxe en face de Beaubourg. Les chiens n’étaient pas non plus les bienvenus. Quel repos ! Hélas, il n’y a plus de films interdits aux moins de 18 ans. Que fait la censure ? Un délicieux parfum de clandestinité flottait dans les salles obscures. Les lycéens rusaient pour aller voir Orange mécanique ou Le Dernier Tango à Paris. Ou alors il fallait être accompagné d’un adulte. Les plus audacieux trafiquaient leur carte d’identité. Les fauchés se faufilaient par les sorties de secours. La morale avait encore droit de cité. L’Exorciste, Salò n’étaient pas à la portée de tous les regards.

La Grande Bouffe n’était pas faite pour les jeunes délicats. Tous ces titres sont devenus des classiques. Aujourd’hui, la plupart des longs-métrages devraient être déconseillés aux plus de 16 ans. Les superhéros méritent un public de cour de récréation. Leurs aventures durent beaucoup trop longtemps. Des indigestions de pop-corn sont au programme. Il paraît néanmoins que les gens ne veulent plus être enfermés dans le noir avec des inconnus. Des exploitants louent leur établissement à des groupes d’amis qui se retrouvent entre eux, comme dans leur salon. Vous parlez d’une communion. Quant à nous, bêtement, nous cherchons le DVD de Reuben, Reuben, avec Tom Conti en sosie de Bernard Frank. Le film n’est pas interdit. Il est introuvable. C’est pire.

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78/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

les passe-temps d’éric neuhoff

Anton Corbijn ; sdp ; Louise Quignon

parfum d’interdit

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théâtre

les variations de françois delétraz

chez Poquelin et Compagnie

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uatre cent un ans et toutes ses dents ! La modernité du plus grand des dramaturges français éclate à chaque instant dans ce formidable Voyage de ­Molière * ! La pièce nous embarque au cœur même de la troupe de Jean-Baptiste Poquelin, L’Illustre Théâtre, un peu avant son grand départ pour Paris et le triomphe à venir. Ces années de doutes et de joyeuse camaraderie, de dénuement et de constante vitalité sont racontées à travers les yeux de Léo, jeune homme de notre temps qui, par un coup de baguette magique, se retrouve projeté aux côtés du maître et de ses acolytes, amoureux fous de leur métier. Il sait, lui, ce qu’il adviendra de ces personnages, sait qu’ils entrent sans le savoir dans l’Histoire. Madeleine, ­Armande, Gros-René, la Marquise Du Parc, François et Toinette, tous interprétés par la compagnie Le Grenier de Babouchka, sont épatants. Quant au texte de PierreOlivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre, qui signe une mise en scène inventive, il est enlevé mais aussi très documenté pour rester au plus près du quotidien de ces saltim­banques surdoués et de leur émouvante solidarité. Un hommage vibrant à ­Molière, au théâtre, et une pièce non seulement instructive mais irrésistible. Laurence Caracalla

* Théâtre du Gymnase Marie-Bell, Paris 10e. théâtre

jacques weber, en mots et en musique

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onstre sacré doté d’un appétit d’ogre lorsqu’il s’agit des mots, Jacques Weber a consacré sa carrière à porter, en pièces ou en morceaux, les œuvres des plus grands auteurs. Cette fois, il s’est associé à deux musiciens d’exception – l’harmoniciste prodige qui accompagna Johnny Hallyday, Greg Zlap, et l’accordéoniste à la renommée internationale Pascal Contet – pour célébrer les belles-lettres en vers et en notes. À l’improvisation musicale répondent des textes modernes contemporains et des classiques du théâtre, de la poésie ou de la littérature. Avec une gourmandise savoureuse et un plaisir communicatif, l’acteur nous sert sur un plateau Stoppard, Claudel, Courteline, Duras, Rostand, Hugo ou Flaubert et laisse à ses acolytes le soin de faire résonner la portée de leurs mots. Le public en redemande comme s’il lui en fallait e­ ncore pour être rassasié. Clara Géliot Un régal.

Weber à vif, du 11 au 26 avril à La Scala, Paris 10e.

de Charmants spectacles

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our s’échapper du chaos ambiant, voici deux spectacles sans prétention. Détente assurée. Tout d’abord PSS PSS, qui fête ses 1 000 représentations (1). Sa longévité n’étonnera pas : tout y est poésie. Deux circassiens, Camilla Pessi et Simone Fassari, à la fois clowns, acrobates et mimes, vous entraînent dans un univers magique, humain et hors du temps. Cette Suissesse et cet Italien fixent des images précises et justes des relations amoureuses. Ils manient évidemment l’absurde, mais surtout la nuance, avec une succession de petits riens. Ce qui n’empêche pas leurs brillants numéros de main à main ou de trapèze. Tout est très étudié et d’une rare ingéniosité, vertigineux et parfois espiègle. Alors on rit, et on passe une heure absolument formidable. Dans un tout autre genre, au Théâtre du Rond-Point, Luciano Rosso reprend Apocalipsync (2). Il avait donné ce spectacle

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(1) Théâtre libre, Paris 10e, jusqu’au 23 avril, puis en tournée (La Chaux-de-Fond, les 6 et 7 mai, Biscarrosse le 13…). (2) Théâtre du Rond-Point, Paris 8e, jusqu’au 2 avril, puis en tournée (Sarcelles le 8 avril, Genas le 4 mai, Faverges le 5…).

Et aussi M, en tournée et le 4 avril à Amiens. Il n’a rien perdu de sa flamme sur scène. Matthieu Chedid en fait encore la démonstration durant sa tournée actuelle où il enchaîne les titres de Rêvalité avec ses chansons les plus connues. Après le Zénith d’Amiens, il embrasera le lendemain le public de Rouen puis celui de Nantes le 6 avril.

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à Avignon il y a deux ans. Il l’a beaucoup travaillé et amélioré. Voilà un danseur acteur qui fait le bonheur des réseaux sociaux. On ne se lasse pas de sa chorégraphie, élaborée sur la chanson Éblouie par la nuit, de Zaz. Et pour cause, il y livre, comme à son habitude, des élucubrations visuelles désopilantes. Certes, on frise l’esbroufe, voire le racolage, mais c’est pour mieux pasticher la vie, et avec quel humour ! La série où il passe en revue les chaînes de télévision est hilarante. Là encore, une heure formidable, entre l’étonnement et le grand rire salutaire. Ces deux spectacles hors norme, sans paroles, à l’imaginaire subversif plairont aux petits comme aux grands.

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Le retournement d’un écrivain

Communiste orthodoxe, le Soviétique Vassili Grossman changea le jour où il comprit les analogies du système stalinien et du système hitlérien.

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l est des romanciers dont la vie et les livres ont une ­signification pour l’Histoire. Tel est le cas de Vassili Grossman, dont l’essentiel de l’œuvre est publié par Calmann-Lévy dans des traductions nouvelles. Né en Ukraine en 1905, au sein d’une famille détachée du judaïsme, Grossman sera longtemps un stalinien orthodoxe. De 1941 à 1945, il est correspondant de guerre sur le front russe, publiant ses r­ écits dans l’Étoile rouge, le journal de l’Armée rouge avec laquelle il entre dans Berlin après avoir pénétré dans le camp de Treblinka libéré. En 1943, il a entrepris l’écriture d’une fresque dépeignant la société s­ oviétique à partir de l’exemple d’une famille, les Chapochnikov. La première partie, Pour une juste cause, est publiée en 1952. Première polémique : on reproche à l’auteur de minimiser le rôle du parti dans la conduite de la guerre. La seconde partie, Vie et destin, est écrite ­entre 1950 et 1960. Grossman porte le manuscrit à la revue Znamia, laquelle le transmet au KGB. En 1961, le manuscrit est saisi. Pourquoi ? Grossman, écrivain officiel du régime, est devenu en dix ans un féroce adversaire du système soviétique qu’il ­dénonce dans Vie et destin. Il

mourra d’un cancer en 1964, brisé moralement par l’enterrement de sa création. Vie et destin, transmis clandestinement, a paru en russe en Occident en 1980, en français en 1983, époque où dominait encore la guerre froide. Le déclic du retournement de Grossman se situe vers 1950, avec la découverte de son identité juive à la suite de la vague antisémite qui avait déferlé sur l’URSS. Le diptyque formé par les deux romans met en scène la bataille de Stalingrad, les contre-offensives soviétiques et l’échec allemand, l’auteur braquant son projecteur sur des dizaines de personnages réels ou fictifs représentant le peuple russe, mais aussi les Allemands. Démontant le mécanisme de la terreur soviétique, avec son cortège de délations, d’arrestations et de séjours en camp, Grossman découvre l’analogie avec le système hitlérien. La réponse de l’écrivain, pour lui-même, sera le retour à ses origines juives : face au totalitarisme, il faut se réenraciner. Et pour tous, ne jamais céder sur le respect dû à l’homme.

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1789 entre vrais complots et fake news

le “crépuscule des dieux” hitlérien

★ ★ ★ La Main cachée, d’Edmond Dziembowski, Perrin, 359 p., 24 €.

★ ★ ★ 8 jours en mai, de Volker Ullrich, Passés composés, 341 p., 24 €.

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’obsession du complot est presque consubstantielle au mouvement révolutionnaire, si violent et si total qu’il ne pouvait « en aucun cas être vu comme un phénomène politique naturel et transparent », explique Edmond Dziembowski. Brillant spécialiste des périodes révolutionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles, l’historien livre une analyse passionnante sur ces courants emmenés par des intellectuels et des polémistes comme Augustin Barruel ou Galart de Montjoie qui accusèrent tour à tour philosophes des Lumières, protestants, Anglais, francs-maçons ou partisans du duc d’Orléans d’avoir tiré les ficelles des événements. Certains complots furent avérés – la conjuration des Égaux de Gracchus Babeuf –, mais la plupart des écrits publiés au sortir de la Révolution se rejoignent dans leur simplification à outrance des faits, examinés « du haut de la colline de 1789 ». Dérives téléologiques qu’il ne faut pas pour autant balayer d’un revers de main, tant elles sont l’expression d’un imaginaire politique et de névroses propres à une époque.

Édouard de Mareschal

Pour une juste cause (1 064 p., 31 €) et Vie et destin (1 008 p., 31 €), de Vassili Grossman, Calmann-Lévy. Chez le même éditeur : Tout passe, (roman), Carnets de guerre 1941-1945 et Souvenirs et correspondance.

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our beaucoup d’entre nous, le IIIe Reich prend fin le 30 avril 1945, avec le suicide de Hitler. Or, comme le rappelle Volker Ullrich dans cet ouvrage rythmé jour par jour et bien documenté, ce n’est pas tout à fait vrai. Successeur désigné du Führer après les « désertions » de Göring et de Himmler, le grand amiral Dönitz, commandant en chef de la Kriegsmarine, reconstitue à Flensburg, près de la frontière danoise, des ersatz de gouvernement et d’état-major. Pour changer le cours de la guerre ? C’est trop tard. Ce qu’espère Dönitz, c’est l’interruption du combat à l’Ouest mais sa poursuite contre l’Armée rouge à l’Est. À l’heure où les Soviétiques commencent à structurer leur pouvoir à Berlin, où des milliers d’Allemands, civils et même militaires, fuient sur les routes d’un pays en ruine, les nazis, voudraient sauver et la face, et leur peau, en signant une capitulation séparée avec les Alliés occidentaux. De quoi donner à Ullrich la matière de scènes frappantes avant la capitulation sans condition du 8 mai. Rémi Kauffer

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LA PAGE D’HISTOIRE DE JEAN SéVILLIA

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Plus de 450 golfs vous attendent pour des initiations.

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© ffgolf - Alatack - photo : A. Lamoureux

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roman étranger

roman

tokyo, mon amour

soulever des montagnes

★ ★ ★ Alone in Tokyo, de Thierry Clech, Serge Safran éditeur, 176 p., 17,90 €.

★ ★ ★ Dette d’oxygène, de Toine Heijmans, Belfond, 288 p., 22 €. Traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Françoise Antoine.

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’est un autre monde. Celui des alpinistes, courageux évidemment, inconscients sûrement. Pourquoi souffrir ainsi ? Pourquoi accepter de peutêtre périr pour accéder aux cimes ? Le Néerlandais Toine Heijmans, lui-même féru d’altitude, tente de raconter l’inexplicable. Mais, pour écrire un roman de cet acabit, la passion ne suffit pas. Il faut une plume, la sienne est puissante, charnelle, époustouflante. Son narrateur, Walter Welzenbach, découvre ce sport extrême au sortir de l’adolescence grâce à un autre jeune homme, Lenny. Dès lors, ils grimpent tous les deux, Lenny devant, Walter derrière, dévorent ensemble tous les ouvrages relatant les exploits de leurs idoles : Herzog, Messner, Hargreaves… Mais cette corde qui les unit l’un à l’autre, ce lien si fort, est un jour rompue. Walter continue, seul, à gravir les sommets, même si ses jambes autrefois athlétiques le lâchent, même si les expéditions qu’il rejoint quelquefois ne sont plus celles d’antan. Trop de modernité, trop de moyens, trop d’amateurs, pour ce rugueux Hollandais devenu savoyard. Que de pages admirables sur la solitude, le courage, les souffrances du corps et les palpitations du cœur. Sur l’amitié aussi, indispensable et pourtant décevante. Ce livre si réaliste n’esquive rien : la montagne est une drogue dure. Les victimes sont nombreuses, le désespoir fréquent, mais qu’importe, nous rappellent les témoignages de ces héros d’hier et d’aujourd’hui, puisque tout est une question de conquête, de solidarité, de Laurence Caracalla vie et de mort.

onnaissez-vous Aurore Granger ? Vous n’avez pas pu rater l’actrice qui a collectionné les premiers rôles chez Godard, Pialat, Chabrol, Haneke ou Desplechin – parmi d’autres. Cette fois, la Française tourne sous la direction du maestro japonais Yamato Shimmura un film de zombies à Tokyo. L’occasion pour le narrateur d’Alone in Tokyo (le titre du film), journaliste dans un magazine de cinéma, d’aller interviewer le réalisateur et la star sur le tournage. En outre, le reportage offrira une respiration bienvenue au critique accaparé par la maladie d’Alzheimer dont sa mère est atteinte. Sauf que sur place, un tremblement de terre transforme la ville en décor d’apocalypse. Depuis Paris, le rédacteur en chef de notre héros le charge d’obtenir une interview d’Aurore Granger au cœur de la catastrophe. Le troisième roman de Thierry Clech mêle les climats et les registres avec virtuosité. Drôle et inquiétant à la fois, il nous fait partager l’état de latence, le flottement d’un personnage plongé dans un réel aux allures de sciencefiction. Le regard de l’écrivain (également photographe) saisit les détails, fixe des images que l’on n’oublie pas au fil d’un récit hypnotique de bout en bout.

Christian Authier

injection létale

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ondamné à la peine capitale pour le meurtre de plusieurs jeunes filles, Ansel Packer attend la mort dans sa cellule d’un pénitencier du Texas. L’exécution de la sentence aura lieu dans douze heures exactement. Douze heures d’un compte à rebours pendant lequel le détenu parle beaucoup. Et le récit de sa vie va s’entrecroiser avec celui de trois femmes qui jouent un rôle capital

dans ce drame. D’abord sa mère qui l’a abandonné quand il avait 4 ans. Ensuite la sœur jumelle de son épouse, à la fois attirée et révulsée par son charme toxique. Enfin la détective lancée à sa poursuite, une jeune femme qui l’a croisé dans un foyer d’accueil, durant son enfance… Le serial killer est depuis toujours une des stars incontestées de thrillers détaillant dans les moindres

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82/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

détails sa psychologie et ses lugubres motivations. En se recentrant sur le destin des victimes, la jeune romancière américaine Danya Kukafka défie magistralement toutes les conventions du genre, et signe un roman déroutant (on connaît d’emblée le coupable, mais le suspense s’avère insoutenable), d’une profonde finesse malgré sa brutalité. Philippe Blanchet

Merlijn Doomernik ; Victor Diniz

★ ★ ★ Une exécution, de Danya Kukafka, Buchet Chastel, 448 p., 24 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet.

Gallimard Photo F. Mantovani © Gallimard

présente

anthologie

Dans le dur ★ ★ ★ ★ Les romans durs, de Georges Simenon, Presses de la Cité, 12 tomes de 1 100 p. environ, 31 € le volume.

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★★★★ Excellent ★★★ Très bien ★★ Bien ★ Moyen ✖ À éviter

eorges Simenon est l’auteur francophone le plus adapté au cinéma et à la télévision. L’écrivain belge doit en partie ce record aux enquêtes de son légendaire commissaire Maigret, bien sûr, mais aussi en grande partie à l’autre versant de son œuvre, tout aussi monumental, ces 117 « romans durs », véritable mine d’or pour des générations entières de cinéastes en mal de scénarios. Depuis les années 1940, l’œuvre de Simenon a en effet toujours inspiré le septième art. Ses héros, souvent ordinaires, soudain meurtris par le destin, fascinent. Ses étouffants paysages provinciaux, la plupart du temps battus par le vent et la pluie, ou ses clichés délavés d’un ailleurs assommé par le spleen (pour ses romans les plus exotiques), posent les bases du décor dès les premières lignes. Son style enfin, particulièrement concis et dépouillé, sans la moindre trace de gras, semble taillé pour la pellicule, même s’il s’avère vite plus compliqué à mettre en images qu’il n’y paraît, pour ne pas dire insaisissable. C’est cette place très particulière qu’occupe Simenon au cinéma et au petit écran que Jacques Santamaria (scénariste et réalisateur, auteur pour la télévision d’une dizaine d’adaptations de romans de Simenon) a choisi comme fil conducteur de cette nouvelle édition intégrale des « romans durs ». De Patrice Lecomte (réalisateur de Monsieur Hire) à Florence MoncorgéGabin (dont l’illustre père a tourné dans de nombreuses adaptations, comme La Marie du port de Marcel Carné ou Le Chat de Pierre Granier-Deferre), cette édition complète recueille, au fil de ses 12 volumes, les propos de personnalités (réalisateurs, écrivains, enfants de grands acteurs ou de cinéastes…) qui se sont frottés, à des titres différents, à cette œuvre exceptionnelle. Tous ces témoignages grouillent de souvenirs et d’anecdotes, parfois inédites, et de passionnantes réflexions. Mais surtout, tous invitent aujourd’hui à relire avec un œil neuf un auteur plus moderne, ou plutôt plus intemporel que jamais. P. B.

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de l’Académie française

Les partisans « Une magistrale double biographie, où l’académicienne revient sur les liens très étroits qui unissaient Joseph Kessel à son neveu Maurice Druon. » Elisabeth Barillé, Le Figaro Magazine

« Dominique Bona évoque l’extraordinaire complicité qui unit ces deux figures littéraires marquantes du XXe siècle. Formidable. » Bruno Corty, Le Figaro Littéraire

«Deux monstres sacrés de la scène littéraire, racontés avec brio. » Bernard Lehut, RTL

«Un ouvrage prenant et débordant d’humanité. Une excursion au pays des grands hommes qui, jadis, n’avaient pas peur de la vie. » Jean-Paul Enthoven, Le Point

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luigi est de retour

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le marque-page de nicolas ungemuth

­ ressange, aurait pu la prononcer aussi, de sa voix casF sée. Il se publie beaucoup de règlements de comptes ­familiaux mais il est rare de lire un hommage tendre, blessé, sans revanche à prendre, et pourtant si plein de ­regrets. Comme si la fille de Luigi lui disait : tu as gâché ma vie mais je t’aime quand même. Je me suis aperçu en lisant son livre que je ne connaissais pas plus Luigi que sa fille. Nous étions tous très étourdis dans les années 1990. Notre but était simple : perdre la mémoire, peut-être pour devenir un souvenir dans celle des autres. Luigi d’Urso aurait très mal supporté le XXIe siècle, où toute déglingue est jugée inadmissible. La dernière fois que je l’ai vu, c’était à New York, au restaurant PJ Clarke’s. Nous avons déjeuné avec le photo­graphe Peter Beard. Je crois me souvenir qu’il y avait du Jack Daniel’s sur la table. Luigi m’a conseillé de voler le savon liquide au goût d’amande, dans les avions Air France. C’est un souvenir merveilleux, léger, comme un moment de grâce. Il y a des gens qui ont un talent pour vivre. Ils embel­lissent le monde et les êtres par leur seule présence. Luigi était ainsi. Sa fille Violette a très bien compris que son père était un personnage de roman. Aujourd’hui, il serait très fier de sa fille. Même le bruit de la nuit a changé, de Violette d’Urso, Flammarion, 296 p., 20 €.

pêche, chasse, nature et traditions mortelles ★ ★ ★ Le Guide, de Peter Heller, Actes Sud, 300 p., divinement traduit de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy.

n voyant la couverture et le résumé, le lecteur méfiant ne peut s’empêcher de se poser la question : « Encore un livre américain sur la pêche à la truite ? ! » La fameuse « école du Montana » n’en finirait-elle pas de se répéter ? Non. La truite chère à Schubert n’est pas le sujet de ce roman hors norme. L’histoire se passe aux États-Unis dans un complexe hôtelier pour ultrariches, en altitude, où une rivière privatisée incite les clients haut de gamme à venir taquiner le moulinet. Un jeune homme, perturbé par la récente perte de son meilleur ami lors d’un périple en kayak, élevé dans un ranch par

son veuf de père, y arrive en tant que « guide ». Il s’agit d’accompagner un client fortuné dans la rivière, et de lui enseigner la meilleure manière de récolter le précieux poisson avant de le relâcher. Le client est une cliente plus âgée, chanteuse richissime. Entre les deux, le courant passe, c’est de circonstance. Le gérant est hostile, l’ambiance inquiétante. Quelques indices soulèvent des questions sur la vraie nature de l’établissement. Tout bascule rapidement dans l’anxiété maximale. Inutile d’en raconter plus. Peter Heller a fait une entrée fracassante en littérature il y a dix ans avec

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84/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

le livre de frédéric beigbeder

Le premier roman de Violette d’Urso ressuscite un homme d’une élégance incomparable : son père.

es livres sur les morts sont leur seule chance de revenir. Il est plutôt joyeux de voir ressusciter un ami. Violette d’Urso, 23 ans, a écrit son premier roman pour faire connaissance avec son père. Elle avait 6 ans quand le cœur de Luigi s’est arrêté de battre, dans un escalier de la rue Montalivet. La chance : moi, j’ai dû supporter pendant deux décennies son chapeau nonchalant, ses espadrilles blanches, ses vestes cintrées, son érudition snob, son accent chic et ses chemises Charvet. Il ne voulait jamais aller se coucher ; c’est peut-être pour ça qu’il avait toujours l’air fatigué. Ce que nous prenions pour de la sprezzatura (désinvolture, en italien) était une ­mélancolie digne, l’orgueil des défoncés, le ­fantôme de sa mère droguée, morte quand il avait 9 ans. Violette a enquêté pour comprendre pourquoi son père lui a imposé la même enfance que la sienne. La scène où elle apprend que son père ne viendra pas la chercher sur le quai de la gare est une splendeur. Le style d’Urso, c’est l’ellipse. Tel père, telle fille : « Il y a souvent beaucoup de gens que je ne connais pas aux ­moments importants de ma vie. » Relisez cette phrase, écoutez comment Violette d’Urso critique la mondanité des enterrements, la légèreté hypocrite. François Sagan aurait pu écrire cette phrase. Sa mère, Inès de la

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La Constellation du chien, roman postapocalyptique meilleur que tous les classiques du genre, à l’exception de La Route, de Cormac McCarthy. Peu après, il a écrit une autre merveille très inquiétante, La Rivière, qui sort aujourd’hui en poche chez Totem. Il montre une nouvelle fois avec Le Guide son talent extraordinaire pour faire monter l’angoisse dans des décors naturels qu’il décrit à la perfection. Peu d’auteurs sont aussi doués.

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© Van Hamme - Schréder - Cailleaux / Éditions BLAKE & MORTIMER / Studio Jacobs (Dargaud-Lombard s.a.) 2023

Nouvelle colorisation fidèle à l’originale

Plongez dans l’univers précurseur de

LA SUITE DU RAYON “U” D’APRÈS LES PERSONNAGES D’EDGAR P. JACOBS

AU RAYON BANDE DESSINÉE

Carnets de voyage

Le fleuve Saint-Laurent et le centre de Montréal depuis le parc du Mont Royal.

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86/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Montréal se met au vert

La métropole québécoise serait-elle la ville touristique du futur ? Pionnière en matière de développement durable, elle foisonne de projets innovants passionnants que l’on découvre lors de balades à vélo ou le long du fleuve, dans les fermes urbaines, des écoquartiers ou d’anciens sites industriels métamorphosés en bulles de nature. Guidés par de jeunes chefs et d’autres acteurs engagés pour le respect de la biodiversité, voici l’an vert du décor. Par Clara Le Fort (texte) et Bruno Mazodier pour Le Figaro Magazine (photos)

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87/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Plage de Verdun le long du fleuve Saint-Laurent.

Biosphère, pavillon américain de l’Exposition universelle de Montréal en 1967 signé Buckminster Fuller.

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88/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Carnets de voyage

Street Art : fresque urbaine « Duo-Denum » de Danaé Brissonnet.

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a COP15 sur la biodiversité qui se ­tenait à Montréal en décembre 2022 est entrée dans l’histoire comme celle d’un accord visant à protéger 30 % des terres, des zones côtières et des eaux intérieures de la planète d’ici à la fin de la décennie. Montréal, ville connue pour son ­emblématique Biosphère, musée de l’environnement dont le dôme géodésique se profile pardelà le fleuve Saint-Laurent, aurait-elle un temps d’avance ? En tête du classement nord-américain du Global Destination Sustainability Index, qui liste les destinations touristiques mondiales les plus innovantes en matière de développement durable, la québécoise s’engage dans un plan écoresponsable d’envergure pour enrayer, notamment, la perte de biodiversité. En nous présentant son programme vertueux, Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, insiste sur les actions ­mises en œuvre pour « soutenir une économie prospère en favorisant les espaces verts, le transport en commun, la participation active des touristes et des locaux ». Végétalisation et jardins communautaires

Dans les écoquartiers montréalais, à la belle saison, les bars éphémères, guinguettes et jardins communautaires fleurissent comme des pâquerettes et donnent à la ville un petit air de campagne. Les balades en Bixi (équivalent québécois du Vélib’) prennent un virage bucolique. « Le climat, rude en hiver, ne nous permet pas de faire beaucoup de choses alors on en profite », lâche un néojardinier,

une des destinations touristiques les plus innovantes en matière de développement durable sécateur à la main, dans les jardins communautaires de Villeray. Autour de lui, des papillons, oiseaux, fleurs de courgettes, framboises, tomates, massifs entiers de capucines, fleurs d’ail et cosmos, et plus loin un stand de bêches, fourches et râteaux à disposition. Avec un enthousiasme débonnaire, il nous confie sa fierté d’avoir participé à la végétalisation de la ruelle attenante, semée de vivaces pour accroître la biodiversité et la pollinisation. « La pression des promoteurs immobiliers est réelle, mais la ville tient à ces jardins et cherche même à les agrandir. On a déblayé une zone pendant la pandémie, et notre projet de développer une place communautaire avec une forêt urbaine a été accepté. En plus, notre élue a fait voter l’interdiction d’utiliser des pesticides et fongicides pour que la nature ait toutes ses chances », souligne-t-il. « Tout ce que je fais sur le territoire est empreint de transition écologique avec un objectif clé : que les habitants en tirent des bénéfices », explique l’élue, Laurence Lavigne Lalonde, membre du comité exécutif à la Ville de Montréal, responsable de la transition écologique. Dans le quartier dont elle est maire, elle pilote l’aménagement d’un jardin communautaire dans le parc Azellus-Denis pour accroître la qualité de vie des riverains et réserver un ___u espace aux travailleurs sociaux.

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89/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Carnets de voyage

À la belle saison, un petit air de campagne flotte sur la ville Avec 901 km de voies cyclables – dont 717 km de réseau cyclable 4 saisons, déneigé en même temps que les routes –, une proximité naturelle et magistrale avec le fleuve SaintLaurent, Montréal est une ville tournée vers l’extérieur. Comptant parmi les plus beaux circuits urbains au monde, la piste du canal Lachine, inaugurée en 1977, traverse de nombreux espaces verts sur 14,5 km. Reliée au Vieux-Port de Montréal, elle permet de faire halte sur la place des Commencements qui s’avance vers le fleuve : cette nouvelle plaine artificielle aménagée sur un quai du terminal de croisières se couvre de gazon et se dote d’une sculpture monumentale, de nombreuses chaises colorées et d’une programmation estivale. De là, on observe la silhouette monumentale du Silo n° 5, vestige de l’ère industrielle long d’un demi-kilomètre, aujourd’hui envahi par la végétation et qui attend un projet de réhabilitation. Une initiative visionnaire

Notre regard croise aussi les catamarans et voiliers qui régatent sur le puissant fleuve. L’école de voile Ohana nous invite à découvrir Montréal depuis la rivière, avant de rejoindre le spa Bota Bota, véritable institution installée à fleur d’eau, dans un ancien traversier. Passer sa journée près du fleuve, considéré inaccessible et dangereux il y a quelques années encore, n’a jamais été aussi populaire. Les habitants du quartier de Verdun (jalousés pendant le confinement) profitent, à leur tour, d’une plage urbaine aménagée sur un bras du Saint-Laurent au milieu d’un parc. Autre poumon vert, le parc Frédéric-Back est le fruit d’une initiative visionnaire et l’un des plus ambitieux projets de réhabilitation environnementale en Amérique du Nord : l’ancienne carrière devenue zone d’enfouissement de déchets résiduels a été transformée en un parc de 160 ha. Sous les pieds des visiteurs, 40 millions de tonnes de déchets stabilisés, qui continuent leur décomposition. Colorées et futuristes, des sphères intriguent dans le paysage : au nombre de 200, elles ont été conçues pour recouvrir les puits de captage de méthane, biogaz nocif émis par les déchets. Via un réseau de 17 kilomètres, le biogaz est pompé jusqu’à une centrale où il est utilisé pour produire de l’électricité. Ce design unique qui n’est pas sans évoquer la structure du Biodôme, musée « vivant » aujourd’hui installé dans l’ancien Vélodrome de Montréal, structure sphérique en béton érigée pour les Jeux olympiques d’été de 1976. Y pénétrer c’est instantanément se reconnecter à la biodiversité : à l’intérieur un parcours immersif révèle quatre écosystèmes des Amériques – la forêt tropicale humide, le golfe du Saint-Laurent, l’érablière des Laurentides, puis les côtes du Labrador jusqu’aux îles subantarctiques. Tout aussi verts, les toits de Montréal ont de beaux jours devant eux. Les Fermes Lufa naissent en 2009 d’une initiative de Mohamed Hage, d’origine libanaise, et de son épouse Lauren Rathmell, offusqués de ne trouver sur les étals de Montréal que des fruits et légumes frais importés de

Californie. Dans la première ferme Lufa, une exploitation agricole de 3 000 m2 en pleine zone industrielle, poussent laitue, fines herbes, tomates, aubergines, poivrons… Aujourd’hui, avec 4 sites (soit 28 000 m2 cultivés) et 700 employés, les Fermes Lufa vendent directement aux particuliers, en toute transparence : « On cueille aujourd’hui pour livrer le lendemain et quand il y a du surplus, on le donne à des associations pour éviter tout gaspillage », explique l’entrepreneur qui est allé plus loin en nouant des partenariats locaux avec des éleveurs, boulangers, laitiers… pour monter un centre de distribution et commercialiser plus de 2 000 produits. « Comparé à une tomate qui vient du Mexique et du pain industriel, l’impact est positif. En dix ans, et surtout pendant la pandémie, nous avons vu les mentalités évoluer et les comportements changer », lance Mohamed Hage. Depuis, les initiatives similaires pullulent avec, par exemple, les Frais du toit, légumes cultivés en pleine terre sur le toit du supermarché IGA, vendus quelques étages plus bas au rayon frais. Sur le toit de la tour Allied en plein quartier d’affaires, place à l’apicultrice Gabrielle De La Durantaye en costume : elle évolue au milieu des ruches de la colonie Alvéole, société qu’elle a créée en 2013 pour éduquer les consciences et reconnecter davantage de gens à la nature en ville. Elle et son équipe gèrent 620 ruches à travers le Grand Montréal pour catalyser d’autres initiatives écologiques : « Nous proposons des ateliers participatifs autour de sujets durables pour ramener la nature en ville. Petit à petit, nous diversifions nos approches : choix d’abeilles sauvages, augmentation du nombre d’espèces florales, hôtels à insectes, maintenir la biodiversité est notre priorité », détaille Gabrielle. À Montréal, l’agriculture urbaine gagne du terrain. Laurence Lavigne Lalonde travaille sur des actions concrètes. Développer microforêts, riches de biodiversité, qui limitent l’impact des voies de chemin de fer et autoroute. Remplacer de bretelles en béton ou arracher l’asphalte délaissées pour végétaliser ces zones.

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Le goût du terroir

« C’est facile de parler de terroir en Italie ou en France, mais à Montréal, cela n’existait pas il y a quelques années encore. Au Québec, dans les années 2000, il y avait des restaurants français et d’établissements qui imitaient la cuisine française. On n’avait pas d’identité culinaire. Agriculteur, producteurs et chefs ne se parlaient pas », se souvient Dyan Solomon, chef et entrepreneur, figure incontournable de Montréal. « Le Montréal d’alors était étrange, abandonné, bon marché et laid : travailler les meilleurs produits a permis de changer le regard des clients, à commencer par le pain. Notre approche était révolutionnaire et la demande a explosé ! », raconte l’heureuse propriétaire d’Olive et Gourmando, et Foxy. Le jeune chef Simon Mathys opère le même constat : « Même si on s’inspire de la cuisine française, il était indispensable que l’on ait une identité propre. Notre terroir est singulier : une tomate du Québec va goûter différemment d’une tomate française. Du coup, j’imagine des associations différentes. Un rapprochement s’est opéré entre producteurs et les chefs, et je crée aujourd’hui un plat pour faire plaisir au ___u

Une apicultrice d’Alvéole relève les ruches sur le toit d’un immeuble.

Façade du Boxotel et les grandes baies vitrées de ses suites.

Surf sur la vague artificielle située derrière Habitat 67.

Les bulles du parc Frédéric-Back captent le méthane du sol.

Olive & Gourmando, institution locale depuis 20 ans.

En croisière avec Ohana Sailing sur le Saint-Laurent.

Boulangers nouvelle génération (La Meunerie Urbaine, Automne).

Vestige du Silo 5, bientôt reconverti près du Vieux-Port.

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maraîcher que je connais. La facette du métier qui m’allume c’est de créer en s’adaptant au produit, et pas l’inverse », ajoute le chef du restaurant Mastard. Biodiversité, bon goût, esprit locavore et antigaspi sont au cœur du projet du Cidre Sauvageon, cidrerie urbaine emmené par une équipe de vignerons et agriculteurs passionnés : ils réalisent des cidres naturels et pet nat (pétillant naturel) à partir de 150 variétés anciennes de pommes sauvages issues du verger expérimental de la ferme du Ruban Bleu ou de pommes déclassées. Cidre vieilli en fût de chêne, cidre en cofermentation de pommes, poires et prunes, cidre urbain réalisé avec des fruits glanés chez des citoyens de Montréal, leur offre est détonante et le goût au rendez-vous. le robin des bois de montréal

Même histoire pour l’amour du bon pain qui est devenu une religion – par opposition au pain de mie industriel hérité du voisin américain. Lancé par Benoît Fradette et ses chroniques enfarinées, le mouvement rassemble aujourd’hui agriculteurs, meuniers et artisans boulangers comme Martin Falardeau (La Meunerie Urbaine) ou Julien Roy (Automne Boulangerie), son disciple. « À l’ouest du pays, tout est cultivé de force et la farine n’a aucun intérêt gustatif : au Québec, grâce au visionnaire Robert Beauchemin, nous avons des farines incroyables, sans intrants. Avant de relancer la filière, il a testé plein de cépages de farine », explique Martin Falardeau. « Pour

Biodiversité, bon goût, esprit locavore et antigaspillage sont au cœur du projet tous les artisans boulangers, le retour à la terre et au terroir est évident. J’ai choisi le nom Automne car les blés d’automne sont les plus stables, nutritifs et savoureux », conclut Julien Roy, qui travaille avec « son » propre moulin et des farines entières. Entière, Judy Servay l’est sur le pas-de-porte du restaurant Robin des Bois, au cœur du parc La Fontaine. Fondé il y a dix-sept ans, Robin des Bois fait partie de l’histoire de Montréal, de son combat pour la mixité et l’intégration : « J’emmène une société à but lucratif social ! », lance la visionnaire. Le principe est simple : tous les profits sont reversés à 4 organismes locaux – Le Chaînon pour aider les femmes en difficulté, le Refuge des Jeunes, Jeunesse au soleil et le Santropol Roulant qui effectue des livraisons à vélo pour nourrir les personnes âgées chez elles. Robin des Bois organise aussi des camps de jour pour les jeunes qui œuvrent à plein temps pendant l’été. « Le Canada est une terre d’opportunité : la mixité et la volonté de bien vivre ensemble dictent le quotidien. Nombreux sont ceux qui participent à des projets hautement vertueux, et cela me comble : nous sommes en train de jeter les bases d’un monde plus juste », lance Judy Clara Le Fort Servay, éternelle optimiste. ■

La chef Dyan Solomon dans son restaurant Foxy.

L’épicerie bio Avril propose des plats à consommer en terrasse.

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1 SE RENSEIGNER

Tourisme Montréal (Mtl.org) lance « Destination Harmonieuse », un programme engagé qui invite à découvrir la ville de manière durable, intelligente, diversifiée et régénératrice. De plus, Tourisme Montréal donne la possibilité aux visiteurs de compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES) de leur voyage à l’aide d’un calculateur disponible sur leur site (Mtl.org/fr/ explorer/visitez-montreal-en-touteharmonie#calculator).

Y ALLER

Air Transat (Airtransat.com) opère des vols directs vers Montréal-Trudeau depuis Paris Charles-de-Gaulle (tous les jours), Marseille, Lyon, Bordeaux, Nice, Toulouse, Bordeaux, Nantes, et BâleMulhouse. Aller-retour Paris-Montréal à partir de 393 € en classe économique et 1 113 € en Classe Club. Équipée d’appareils Neo, la compagnie se veut plus responsable : le nouvel Airbus consomme 15 % de moins de carburant et réduit de 50 % les émissions de gaz à effet de serre NOx.

Notre sélection d’hébergements

Boxotel (00.1.514.281.0202 ; Boxotel.com). Un projet hôtelier unique conçu par Marie-Jeanne Rivard qui a transformé l’ancienne imprimerie Le Canard en une adresse écoresponsable, proche des commerçants et créatifs locaux. Souci du détail, design essentiel réalisé sur place, omniprésence de la lumière naturelle… On se sent tout de suite très bien dans ces grandes chambres-suites aménagées comme des lofts. À partir de 129 € la nuit, minimum 2 nuits. Hôtel Humaniti Montréal (00.1.514.657.2595 ; Humanitihotel.com/fr). Nouveau venu dans le centre de Montréal, Humaniti s’adresse aux citoyens du monde sensibles au design, aux espaces

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écoresponsable, proche des commerçants et des créatifs locaux ouverts, à l’art contemporain comme à l’engagement écologique. Dans la tour flambant neuve (mélange de résidences, bureaux, espaces verts et commerce) certifiée LEED, en face du palais des congrès, on s’élève et se ressource : piscine, spa, bar-terrasse et cuisine du terroir. On prend ici le pouls d’un Montréal tourné vers l’avenir. À partir de 155 € pour 2 personnes (basse saison). L’Hôtel Particulier (00.1.438.402.5415 ; Hpgmontreal.com). L’atmosphère est celle d’une grande maison qui s’ouvre sur un jardin. On vit à l’Hôtel Particulier comme on séjournerait chez des amis en ville. On aime, dans cet écrin chaleureux, les parquets, les murs anciens en brique, les volumes mansardés et les fauteuils profonds. Plusieurs types d’hébergements : duplex, suite, studio, townhouse et appartement. À partir de 195 € la chambre.

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Nos bonnes tables

Foxy (514.925.7007 ; Foxy. restaurant). Dans le restaurant aux accents latins imaginé par Dyan Solomon, les soirées sont animées et les assiettes réjouissantes. Le menu court affiche la liste des producteurs et leur terroir, la cuisine ouverte invite au dialogue et le comptoir-bar à prolonger la soirée. Un condensé de Montréal ! Entrée et plat, à partir de 35-40 €. Mastard (514.843.2152 ; Restaurantmastard.com). Le nom du jeune chef Simon Mathys est sur toutes les lèvres. Formé par des

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mentors étoilés, il crée des plats à collectionner : omble de l’arctique de Gaspésie, concombre grillé, basilic et fleur de tagète présenté dans une eau de concombre et émulsion aux herbes. Même travail autour de variétés de tomates anciennes, de choux d’été, de feuille de rabiole ou de l’huile de cameline. Ses assiettes font voyager à travers les grands paysages canadiens. Menu saisonnier à 65 €. Olive et Gourmando (514.350.1083, Oliveetgourmando.com). Repaire de gourmands historique de Montréal, Olive et Gourmando régale depuis 1998 Montréalais et voyageurs de passage grâce au talent des restaurateurs star Dyan Solomon et Éric Girard. D’une boulangerie, l’enseigne s’est transformée en deli extraordinaire ouvert à toute heure. Lieu bouillonnant de vie, on y commande un sandwich ou une viennoiserie sur le pouce, se restaure d’un bol de granola ou d’un toast de ricotta salée maison, ou se réchauffe d’un mac & cheese truffé. Leur livre de recettes est un must pour les gourmets. Déjeuner entre 10 et 20 € Restaurant Pastel (514.395.9015 ; Restopastel.com). Restaurant gastronomique du vieuxcentre. Place à la cuisine ouverte et brigade passionnée du chef Jason Morris ! Dans l’espace néo-industriel, chaque plat s’inspire d’un mouvement artistique pour mettre en couleurs les meilleurs produits artisanaux canadiens : homard sambal, tomate fumée au bois de cerisier, verjus local, morue noire glacée au sirop d’érable, pêche d’Ontario… on est conquis par le terroir québécois. Menu-dégustation du soir à 115 € (ajouter 85 € pour l’accord mets-vins). Bouillon Bilk (514.845.1595 ; Bouillonbilk.com). Voilà une néobrasserie extraordinaire. Emmenée par le chef François Nadon, la table compte parmi les meilleures au

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Carnets de voyage

Parc Frédéric-Back Jardin botanique

Biodôme

Villeray

Saveurs québécoises

Tours de la table (514.812.2003 ; Toursdelatable.com). Gastronome passionnée, Melissa Simard organise de nombreux et alléchants food tours de la ville : expédition chocolat, plats emblématiques juifs, les dessous du quartier chinois… rien ne lui échappe. Pour les plus avant-gardistes, le tour « Ville durable, la table vivante de Montréal » est un must. Marché Atwater Marché couvert installé depuis 1933 dans une structure Art déco, Atwater rassemble les meilleurs produits et producteurs en ville. On y mange également sur le pouce, commandant un plat de cuisine du monde – tapas, spécialités vietnamienne ou réunionnaise, barbecue – dans une guinguette ou un food truck.

Île SainteHélène Biosphère

Canal de Lachine

Verdun Île des Sœurs

i n t - L a u r ent

Parc du Vieux-Port Mont Place des Royal Commencements

Île NotreDame

Sa

Canada. Sans prétention, le décor comme l’assiette jouent la carte de la simplicité : produits frais, twists créatifs, touches asiatiques et chairs de poissons parfaitement cuites (comme avec cet omble, oursin, orange sanguin et daïkon). Bravo ! Midi, menu à 35 € ; soir, menu en 5 temps à 70 € (ajouter 50 € pour l’accord mets-vins). Robin des Bois (514.288.1010, Robindesbois.ca). Installé dans une vaste maison dans le parc de la Fontaine en vue d’un lac, Robin des Bois est « tellement plus qu’un resto » : tous les profits sont reversés à des associations qui œuvrent pour la cohésion et l’intégration sociale. Soupes réconfortantes, plats végétariens, salades et légumes cuisinés maison. Une délicieuse initiation à la vie locale. Entrée + plat, compter 15 à 25 €. Brouillon (514.274.4300 ; Brouillon.com). Café de spécialité et espace créatif le jour, Brouillon se transforme en bar à vins nature – aussi appelé « buvette » – le soir venu. Et en repaire de quartier pour le brunch le week-end avec son intérieur en bois clair, ses luminaires en laiton et plantes vertes. Dans ce décor nordique imaginé par l’agence TUX, on s’installe sur un tabouret de bar ou sur une banquette en cuir. Développé en partenariat avec l’Épicerie Conserva voisine, le menu est 50 % végétal. Assiettes apéro et plats de 8 à 20 €.

Parc La Fontaine

1 km

Passer sa journée près du fleuve n’a jamais été aussi populaire Boulangeries (Lameunerieurbaine.com/ automneboulangerie.com). Que ce soit à La Meunerie Urbaine ou à Automne Boulangerie, attendezvous à goûter du très bon pain artisanal (tourtes, baguettes buns), réalisé avec des farines locales. Viennoiseries, pâtisseries, granola au sirop d’érable et biscuits faits maison ajoutent de la gourmandise à chaque visite. Épicerie Conserva (514.274.4777 ; Conservamtl.com). Épicerie fine et traiteur, Conserva est le projet de deux chefs passionnés par les produits du cru. Cuisine essentielle, pâtes fraîches, bocaux, champignons ou baies juste récoltés… Excellent burger revisité. On s’approvisionne en sirop d’érable ou vin nature, puis on file chez les voisins, à la boutique Arloca (Arloca.com) pour dénicher des beaux des objets déco et souvenirs Made in Québec. Fermes Lufa (514.669.3559 ; Montreal.lufa.com). Locaux et responsables, les produits des Fermes Lufa – cultivés sur les toits – sont une fierté montréalaise : 20 000 paniers de produits frais sont livrés chaque semaine. Pour mieux comprendre le système d’agriculture urbaine vertueuse, des activités ouvertes au public sont organisées dans la serre d’Ahuntsic, là où tout a commencé.

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À voir, à faire

Biosphère (514.868.3000 ; Espacepourlavie.ca/biosphere). Située sur l’île Notre-Dame au cœur d’un immense parc, Biosphère interpelle par son architecture signée Buckminster Fuller et par sa programmation qui vise à rapprocher l’humain de la nature et le sensibiliser aux enjeux environnementaux. Jardin botanique (514.868.3000 ; Espacepourlavie.ca/jardin-botanique). Ouvert il y a 80 ans, ce havre de verdure incontournable comprend aujourd’hui 22 000 espèces cultivées, 10 serres d’exposition et une trentaine de jardins thématiques – roseraie, jardin aquatique, alpin ou nourricier, plantes médicinales ou toxiques. Un joli coin du Québec. Biodôme (514.868.3000 ; Espacepourlavie.ca/biodome). Dans l’ancien vélodrome, vaste dôme en béton, le Biodôme permet d’aller à la rencontre des écosystèmes américains : vie du fleuve Saint-Laurent, balade dans les forêts d’érable, découverte du grand nord polaire canadien ou de la forêt tropicale humide. Montréal à vélo (Mtl.org/fr/experience/ guide-du-montreal-cycliste). Comme les Montréalais, on enfourche un vélo pour découvrir la ville en toute saison. Avec près de 900 km de pistes cyclables, des boutiques de location de vélos de haute qualité (vélos électriques, tandems, ou BIXI – l’équivalent du Vélib’ –), Montréal se classe d’ailleurs parmi les meilleures villes cyclistes en Amérique du Nord (selon l’index Copenhagenize). Spa Bota Bota (514.284.0333 ; Botabota.ca). Incontournable dans le vieux port de Montréal, l’ancien traversier transformé en spa fait figure d’incontournable dans le paysage urbain. Cabines de soin, sauna, piscines extérieures et jacuzzi, restaurant et coursives aménagées en terrasses… certains y passent des journées entières au plus près de l’eau. Les plus courageux iront même se tremper dans les eaux (froides) du SaintLaurent. Ohana Sailing (Ohanasailing.ca). En remontant à bord d’un voilier les eaux puissantes du fleuve, on prend la mesure de la ville. La vue de l’île Sainte-Hélène et le profil de la Biosphère, les vestiges industriels du vieux port et ses aménagements contemporains ponctuent la croisière. C. L. F.

iinfographie : le figaro

Parc Jarry

L’A I R D U T E M P S

CHOPARD - Alpine Eagle 41 XPS Inspirée par un modèle historique de Chopard, réinterprété par trois générations d’hommes de la famille Scheufele, la collection Alpine Eagle ne cesse depuis son lancement de s’enrichir de nouvelles références. Illustration par l’exemple avec une version extra-plate, doublement certifiée Chronomètre et Poinçon de Genève. L’Alpine Eagle 41 XPS reste fidèle à l'esthétique de la ligne. En effet, elle possède un boîtier rond aux flancs stylisés, une couronne gravée de la rose des vents, une lunette à huit vis fonctionnelles indexées, un cadran « Mont Rose », des indications luminescentes et un bracelet en acier Lucent Steel A223. Avec ce gardetemps Chopard orchestre ainsi la rencontre entre les plus beaux mouvements de la manufacture et l’élégance sportive des montres Alpine Eagle.

INTIMISSIMI - Collection fleurie Pour cette saison printanière, Intimissimi rend un bel hommage aux femmes d’aujourd’hui, conquérantes et inspirantes. La nouvelle ambassadrice de la maison, Jennifer Lopez, en est le parfait exemple. De caractère, sexy et moderne, elle représente les valeurs fondatrices de la marque italienne. On y découvre l’artiste internationale sublimée par les modèles de la ligne Pretty Flowers, déclinées en de vibrants coloris inspirés du célèbre village de Positano en Italie.

www.chopard.fr

©Réhahn-Photography

HAVAS VOYAGES - Vous emmener plus loin

Disponible dans les boutiques et sur www.intimissimi.com

Vous emmener plus loin, ce n’est pas forcément faire plus de kilomètres, c’est vous faire découvrir le monde, votre monde. C’est vous y emmener différemment, en vous donnant les meilleurs conseils issus de notre expertise locale. C’est vous y emmener aujourd’hui en pensant à demain, en étant conscient de l’impact que nous avons sur nos destinations.

PEUGEOT - Le langage de l’attraction Avec sa silhouette d’inspiration « Fastback », son design aérodynamique et ses lignes fluides, la nouvelle berline Peugeot 408 attire les regards. Le Peugeot i-Cockpit® procure des sensations de conduite uniques pour découvrir la route sous un angle différent. Confort haut de gamme, conduite semi-autonome, système de vision de nuit, tout est fait pour voyager sereinement. Disponible en motorisation hybride rechargeable et essence, elle est déclinée en plusieurs coloris intemporels et séduisants. www.peugeot.fr

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CAPEL - L’élégance, sans limites Que l’on soit petit et généreux, grand et fort, ou longiligne, Capel habille toutes les silhouettes. Riche de son savoir-faire et de son expertise, la marque de prêt-à-porter propose plus de 55 tailles pour trouver des vêtements adaptés à sa morphologie. Elle présente des éléments élégants et contemporains, qui allient parfaitement le style au confort. De nombreuses marques incontournables du vestiaire masculin s’y sont données rendez-vous : Levi’s, Tommy Hilfiger, Cutter&Buck, Paul&Shark, Pal Zileri, Derek Rose, Vilebrequin et Under Armour. Pour la saison Printemps-Été 2023, Capel a créé une collection riche en couleurs et en matières. 3 magasins en France : Paris 8e, Lyon et Strasbourg Tél. : 01 45 00 00 61 – www.capelstore.fr

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Hervé Lemoine La force tranquille

Avec audace et enthousiasme, le président du Mobilier national a réveillé le garde-meuble de la République qu’il a fait basculer dans le XXIe siècle.

Damien Grenon/SDP ; Thomas LANG/SDP

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epuis son arrivée en 2018 à la tête du Mobilier national, Hervé Lemoine lance des initiatives tous azimuts pour offrir un nouveau souffle à cette auguste maison ! Derrière une apparente sérénité et une bonhomie affichée, ce meneur d’équipe ne lâche rien. Avec force détermination, il a engagé une révolution douce au sein de cette institution fondée au XVII e siècle pour créer et restaurer des dizaines de milliers de meubles destinés aux p ­ alais de la République. Une mission ô combien importante mais dans ­laquelle il refuse de se laisser enfermer. « Le rôle du Mobilier ­national doit dépasser celui de l’ameublement des ambassades, des lieux présidentiels et devenir la vitrine de la scène design actuelle. Je souhaite l’inscrire dans la modernité en lui donnant également une utilité sociale. » Avec un engagement de tous les instants, il consacre une grande partie de son

temps à promouvoir la création contemporaine et à soutenir les ­m étiers d’art. En témoigne sa ­dernière campagne d’acquisition. faire rayonner les trésors accumulés

Pour la troisième fois depuis 2020, 54 pièces de mobilier de 32 créateurs ont enrichi les collections. Des meubles, des objets et des luminaires qui incarnent le patrimoine de demain et donnent à voir l’excellence de l’artisanat français. Persuadé qu’il n’y a pas de meilleur moyen de soutenir les talents dans le domaine des arts décoratifs et du design que de les diffuser, il sort de la logique élitiste de la pièce unique : « Il est temps de faire rayonner les trésors accumulés dans nos réserves. » Début avril sera lancée la réédition par la maison Paulin, Paulin, Paulin du bureau élyséen de François Mitterrand considéré comme la quintessence du style des années 1960-1970. Et l’édi-

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97/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

tion de la chaise dessinée par Patrick Jouin pour la Bibliothèque nationale de France, que la maison Alki diffusera courant 2023. Par ailleurs, loin de son cœur de métier, Hervé Lemoine entend renouer avec le design ­social. L’Atelier de recherche et de création, initié par André Malraux en 1964, planche sur un prototype de borne d’accueil imaginée par le designer Piergil Fourquié pour les 2 400 maisons France services, destinées à ­a ccompagner les usagers dans leurs démarches administratives. Dans la foulée, il a lancé un concours en lien avec le ministère de l’Éducation n ­ ationale et la Ville de Paris afin de concevoir un mobilier scolaire itinérant, si des conditions sanitaires l’imposaient à nouveau. Et un autre, avec le ministère des Solidarités, pour faire émerger une génération d’Ehpad qui ne ressemblerait pas aux hôpitaux. Le design serait-il à nouveau au service de Sylvie Wolff l’intérêt ­général ?

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la bonne mesure du tailleur scavini

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Mr Marvis : l’éthique, c’est chic Avec le label B Corp, la marque néerlandaise confirme sa vocation de satisfaire les exigences des hommes modernes.

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our avoir le vent en poupe, Mr Marvis n’en a pas moins les pieds sur terre : une planète bleue que cette marque prend très au sérieux depuis sa création en 2016. Bien dans son époque, elle entend placer sa production dans la droite ligne de ses engagements responsables. Le cap en matière de ­réduction de son empreinte carbone est de parvenir à zéro d’ici à 2030. Ce qui n’est pas un effort symbolique dans l’industrie du prêt-à-porter. Pour s’en donner les moyens, l’entreprise compense de manière proactive 110 % des émissions qu’elle ne peut éviter. Autre résolution ? Privilégier les circuits courts et la fabrication en Europe. Si le siège est à Amsterdam, les ateliers sont au Portugal et emploient des ­matières aussi respectueuses de l’environnement que possible, faisant la part belle aux textiles biologiques ou même à des composants recyclés. Shorts et bermudas – expertise première de la griffe – pantalons et maillots de bain sont développés comme des modèles pérennes, reconductibles de saison en saison, ce qui ­exclut soldes et destructions d’invendus. Des pratiques aujourd’hui distinguées par le label B Corp, reconnu pour son indépendance et son exigence. « Après deux ans d’un travail d’équipe intense, nous pouvons nous flatter d’être la plus grande société de

mode des Pays-Bas à obtenir cette certification, souligne David Sipkens, ­cofondateur de Mr Marvis et PDG de la marque. Mais, il ne s’agit que d’une première étape dans une aventure qui se poursuit. Devenir une entreprise certifiée B Corp est l’une des preuves que nous attendions pour confirmer que nous sommes sur le bon chemin. Nous sommes très fiers de ce succès et restons déterminés à renforcer notre impact ­positif sur les personnes et la planète. » Une grandeur d’âme supplémentaire

Benefit Corporation a été fondé à Philadelphie, en 2006, sous l’impulsion des entrepreneurs Bart Houlahan, Jay Coen Gilbert et Andrew Kassoy. Objectif : certifier les entreprises privées qui intègrent dans leur modèle économique, leurs effectifs, leurs produits ou services, des objectifs ­sociaux, sociétaux et environnementaux. Une évaluation très stricte qui répond à quelque 80 points de contrôle, dont la gouvernance ou l’attitude envers les collaborateurs, sans parler de l’engagement des filières de sous-traitance et de la chaîne d’approvisionnement. Il y a fort à parier que les élégants ne regarderont pas leurs shorts ou leurs maillots de bain de la même manière cette saison. Frédéric Brun

Mrmarvis.com

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98/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

e streetwear a envahi l’espace public pour le meilleur et surtout pour le pire. Prenons le sweat-shirt, par exemple, inventé aux États-Unis dans les années 1920. Avec sa capuche et ses logos variés, initialement brodés pour distinguer équipes sportives ou clans universitaires, il est partout. Du plus bas de gamme au plus haut de gamme. Tout dépend de la matière qui le compose et du temps consacré pour le produire. Il doit être coupé dans un tissu-éponge 100 % coton. Mais pas n’importe lequel. La face intérieure, celle contre la peau, est toute douce grâce à ses fils bouclés à structure molle. Elle permet de retenir la chaleur et d’absorber l’humidité corporelle. Quant à la face extérieure (souvent elle-même bicouche), elle est tissée plus serrée pour couper le vent tout en gardant une élasticité naturelle. Les Anglo-Saxons appellent ce tricotage particulier le french terry. Ce qui fait un sweat-shirt de haut vol, très rare, ce sont les couches de ce jersey complexe : elles sont constituées de fils de jauges et d’épaisseurs différentes. Et puis, il y a les métiers à tisser. Certains des années 1950, encore en usage, au Japon chez Loopwheeler ou en Allemagne chez Merz B. Schwanen donnent ce que les puristes considèrent comme les plus beaux sweats du monde ! Sdp

Mode

sweat-shirt de qualité

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Cadran

Très chic céramique Rado cultive sa différence avec ses montres carrées inrayables taillées dans des blocs de céramique haute technologie.

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n 1990, Rado créait la Ceramica, sans doute l’une des montres carrées les plus emblématiques de l’histoire de l’horlogerie. Un design carré noir brillant reconnaissable au premier coup d’œil, et le symbole horloger d’une époque. Trente ans plus tard, sa technologie de moulage par injection innovante permet à Rado de créer un autre boîtier monobloc carré, celui de la True Square. Une montre strictement inrayable. « Quand on voit la compétence au sein de nos usines pour la production de la céramique, mais aussi le niveau de nos mouvements, nous sommes très fiers de proposer des pièces très premium à un prix accessible, entre 1 000 et 5 000 €, résume Adrian Bosshard, président de Rado. Voyez la nouvelle Captain Cook High Tech Ceramic, on dirait esthétiquement du titane ou de l’acier alors qu’il s’agit de céramique plasma avec

tous ses avantages. » Visiter, en Suisse, les usines et ateliers de Comadur et de Rado fait voyager dans le temps. Destination le futur proche : des ingénieurs à la pointe de l’innovation technique, de la céramique de couleur dans laquelle sont moulés des boîtiers quasi indestructibles. Ici, les fours brillent comme des étoiles. Ils sont si chauds qu’il faut chausser des lunettes pour se protéger de leur lueur bleue. Tout cela ne peut que donner naissance à des montres qui ne ressemblent à nulle autre, telle la True Square au boîtier carré monobloc et au bracelet injecté en céramique high-tech. La true square en version squelettée

Après une version carrée, puis un ­modèle cœur ouvert, la True Square ­revient cette année en version squelettée. Déclinée en noir, plasma et blanc,

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99/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

son cadran joue sur la profondeur, une plaque supérieure ajourée offrant une vue plongeante sur son nouveau mouvement automatique R808 squeletté. Sur les versions noire et plasma, le ­revêtement anthracite du pont de la roue des minutes et de la platine principale fait ressortir la couleur nickel de la plaque inférieure du cadran et sa ­décoration côtes de Genève. Sur la version blanche, c’est le pont de roue centrale doré qui attire toute l’attention, associé aux aiguilles couleur or jaune. Le nouveau calibre automa­tique de ces True Square Skeleton en ­céramique plasma est doté d’un spiral en Nivachron amagnétique, pour une meilleure résistance aux chocs, aux fluctuations de température et aux champs magnétiques. Il dispose en outre d’une réserve de marche de Judikael Hirel 80 heures. Rado True Square Skeleton 3 000 € (Rado.com).

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G a s t r o n o m i e

Le Croc’notes de laurence haloche

r jeune Le dé al de… nic domi

C Café Max, à PAris

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Que vaut ce célèbre bistrot depuis que Valdo, son charismatique propriétaire, a vendu ?

l y a encore quelques mois, on ne réservait pas au Café Max, mais chez Valdo, prénom de l’ancien proprio. Les ferrailleurs de la fourchette en ­argent s’y retrouvaient en ripailleurs avertis : des politiques échappés de l’Assemblée nationale et des minis­tères voisins, des hauts fonction­naires, des hommes du CAC 40, des policiers… entretenant un rapport charnel aux plats de résistance. En 1941, déjà, l’adresse était une planque (28 couverts) où s’organisaient les réunions clandestines de résistants – Max est le prénom d’un héros qui a combattu avec Jean Moulin. Fort en gueule, « l’œil du berger, et le cœur de l’agneau » aurait dit Brel, Valdo Riva avait fait de ce bistrot une cantine où régnait une certaine confidentialité, où les fidèles brossés dans le sens de la poêle venaient aussi pour lui. Et maintenant qu’il a rendu son tablier après cinquante-neuf ans de métier, comment est-ce ? L’ambiance serait plus jeune, la clientèle plus éclectique. La pièce a perdu son acteur principal, mais une jeune troupe a pris la relève avec pour metteur en scène Frédéric Vardon (photo, deuxième en partant de la gauche). Le chef étoilé du 39V, à Paris, signe déjà la carte d’Augustine à Maffliers, des Jardins de Matz près de Dinard, du Divvy en Autriche. Tout change, rien

ne change. En salle, le sympathique Julio, surnommé Barry White par Valdo, continue d’assurer un service efficace. Régis Letourneur prépare toujours les plats canailles de la carte et de l’ardoise… à l’ancienne. Côte de veau tagliatelles

Terrine et mortadelle sont de l’artisan Olivier Brosset, une référence. On ­retrouve les œufs mimosa, généreux en mayonnaise bien moutardée, les oreilles de cochon croustillantes. Un classique, comme l’andouillette présentée en tronçons. La côte de veau à la crème-tagliatelles est tendre, avec une sauce aussi dense en goût que ­légère. Un poisson du jour répond aux attentes iodées. En dessert, crème au caramel ou profiteroles vous ­ramènent à l’enfance. Sans oublier les crêpes Suzette flambées au comptoir. Belle carte des vins. Les prix restent campés sur les tarifs du quartier (26 € les coquillettes au jambon blanc fumé et vieux comté !), mais la table est ­généreuse, chic et conviviale. Un goût de reviens-y… Pour une « verticale » d’abats : os à moelle-chorizo et rognons de veau à la normande. Une spéléologie culinaire appréciée des vrais épicuriens. Café Max, 7, avenue de la Motte-Picquet, Paris 7e (01.47.05.57.66 ; Cafemax.fr). Carte et ardoise : environ 55 € (hors boisson). Ouvert du lundi au vendredi.

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100/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Roselyne Bachelot

a sent le brûlé. On voit que maman n’est plus ministre ! » aimait dire le fils de Roselyne Bachelot lorsqu’il se rendait déjeuner chez sa mère après qu’elle eut rendu son tablier de dame de la Culture. Ce n’était qu’une boutade car en matière de gastronomie, la Nivernaise sait y faire. Dans la ferme de sa grand-mère, elle a pris goût très tôt aux légumes gorgés de soleil et aux volailles élevées en plein air. Le dimanche, elle va donc chez les petits commerçants du coin. « Quand mon fils et mon petit-fils sont là, comme ce sont de vrais viandards, je vais leur chercher une côte de bœuf à l’excellent rayon de viandes rouges maturées de la Grande Épicerie du Bon Marché. Mais en général, c’est poulet rôti-pommes de terre. Je vais alors me ravitailler au marché Poncelet, à la Boucherie du Parc Monceau, Au Petit Maraîcher ou à la Maison Lohezic (Paris 8e), puis je rentre me brancher sur France Culture pour éplucher les légumes en écoutant “Le Nouvel Esprit public” de Philippe Meyer. Et si je me donne la peine d’équeuter des haricots verts, c’est pour me donner bonne conscience car j’avoue qu’avant de servir la mousse au chocolat, ils repartent régulièrement en Clara Géliot cuisine. »

682 jours, de Roselyne Bachelot, Plon, 288 p., 20,90 €.

Malou/SDP ; Paul Delort pour le Figaro Santé, SDP

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Coup de cœur

Château Beauregard 2016 Pomerol, bordeaux rouge

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vec Florence et Daniel Cathiard, propriétaires notamment de Château Smith Haut Lafitte, nous sommes épicuriens et amis depuis quarante ans, note Philippe Houzé, président de Carrefour. Florence m’a prévenu qu’il y avait un beau pomerol à vendre… » C’est ainsi que les Cathiard et la famille MoulinHouzé (propriétaire des Galeries Lafayette) s’associent et acquièrent en 2014 Château Beauregard. En place depuis vingt-cinq ans au domaine, Vincent Priou dirige les propriétés viticoles des Moulin-Houzé. Dès 2009, il supervise la conversion du vignoble de Beauregard (17,5 hectares) à l’agriculture biologique. En hommage aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui cultivèrent la vigne à Pomerol au XIIe siècle, la croix qui les représente illustre l’étiquette du cru. En fond, on retrouve le domaine et la ravissante chartreuse girondine plus de deux fois centenaire. Le 2016 ? À l’œil, un Beauregard ténébreux et de grande intensité tout comme le nez et la bouche de fruits rouges mûrs. Complexe, soyeux, le vin, plein de charme, se dévoile progressivement, tient le palais en haleine jusqu’à ce que s’unissent réglisse, tanins doux, force, finesse et vivacité appuyés par une finale salivante à l’envi. Valérie Faust

72 €, (Vinatis.com)

Succès

Comment créer un vin en 30 ans Une idée loufoque de fin de soirée peut parfois aboutir à la création d’un domaine et d’une gamme complète de vins. La preuve au domaine Scamandre, en Petite Camargue.

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n trente ans, Franck et ­Nadine Renouard, photo, avec leur gendre Julien ­D e s s e r t o n t f a i t m i l l e ­c hoses. Parmi elles, l’achat d’un champ de luzerne en Petite Camargue pour créer le domaine Scamandre. Ils y plantent syrah, carignan, mourvèdre puis marcelan, cinsault, merlot, petit verdot, réalisent leurs premières vinifications dans des containers posés sur une chappe en béton coulée à la hâte. Tout cela avec les conseils avisés de Stéphane ­Beuret, un œnologue bordelais. Ils construisent un chai. Il n’est pas ­optimal, alors ils le reconstruisent. Entre-temps, ils obtiennent la certification bio, plantent 1 721 arbres de plus autour de la vigne et sortent de l’appellation Costières-de-Nîmes pour se sentir libre de créer le vin qui leur plaît. Pour un coup d’essai, le Scamandre 2003 fut un coup de maître, noté 18,5/20 par M. Tasaki, meilleur sommelier du monde. Après vingt ans de cave, il se révèle équilibré, profond, le résultat d’une formidable combinaison de syrah, carignan et mourvèdre. Les millésimes suivants per mirent d’élargir la gamme. Aujourd’hui, Scamandre se décline

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101/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

en trois couleurs. On le déguste par exemple au Gaya de Pierre Gagnaire. Le 2021 Grande Réserve blanc, nez d’amande, bouche de fruits jaunes, accompagne à merveille un carpaccio de saint-jacques avec sa mousseline de pomme de terre. Le rouge 2019, nez de framboise et de garrigue, droit dans ses camarguaises, matche avec une escalope de barbue au beurre et sa fondue d’oignons. ­Tandis que le 2013 rouge, dont le nez nous emmène sur la route des épices, s’amuse avec une fricassée de volaille. Un déjeuner qui signe une réussite œnologique. Scamandre a trouvé sa place dans la vallée du Rhône. Sinon, à temps perdu, Franck ­Renouard a fait prospérer son ­cabinet d’implantologie, s’est crashé en pilotant un vieil hélicoptère, est ­devenu gardian, a gagné quelques cheveux blancs. Nadine n’a pas perdu le sourire. Leurs filles Erel et Nolween attendent toujours la construction de la piscine. La table familiale accueille quelques petits-enfants et Julien, le gendre ex-sommelier, remarquable winemaker. Le meilleur des mondes. Cela paraît simple aujourd’hui, mais c’était sacrément gonflé. Bravissimo ! Stéphane Reynaud

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É va s i o n

Escapade aux Pays-Bas

Delft dans les pas de Vermeer Alors qu’Amsterdam présente la plus grande exposition jamais réalisée du maître hollandais, un séjour dans la ville où il naquit, travailla et mourut, s’impose comme une étape exquise. Par Marie Létang

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st-ce parce que Delft est baignée d’une douce clarté, si caractéristique des Pays-Bas, que ­Johannes Vermeer est devenu le peintre de la lumière ? C’est en tout cas ici qu’il vécut toute sa vie, jusqu’à sa mort à 43 ans en 1675. De la Vue de Delft §, l’un de ses tableaux les plus célèbres, subsistent de nombreux bâtiments historiques et notamment la silhouette des deux églises, Nieuwe Kerk et Oude Kerk, dans laquelle il fut enterré. À seulement dix minutes de train de La Haye et de Rotterdam, la ville est une véritable image d’Épinal des Pays-Bas : canaux bordés de maisons de brique, jolis ponts pavés et cyclistes résolus. Il faut commencer la promenade au Vermeer Centrum pour comprendre la façon dont travaillait l’artiste, mais aussi la Delft de l’époque, au cœur de laquelle exerçaient un grand nombre de peintres, inspirés par la vie quotidienne, la religion et le travail de la lumière. Les dernières recherchent des spécialistes situent justement la maison figurant sur le tableau La Ruelle @au 42 Vlamingstraat. À quelques pas de là bat le cœur de Delft, la grande place du marché, autour de laquelle se trouvent les plus ­anciennes demeures seigneuriales, parfaitement restaurées, l’hôtel de ville et la Nieuwe Kerk, qui abrite le caveau de la ­famille royale et l’impressionnant mausolée de Guillaume d’Orange. Celui-ci fut assassiné à quelques mètres de là, dans le Prinsenhof, désormais un musée. L’exposition actuelle, consacrée au mystère Vermeer, tente de résoudre l’énigme de sa vie et de ses influences dont on sait si peu de choses. Éloge d’un savoir-faire historique

S’il y a bien un indice que les dernières investigations ­scientifiques ont révélé dans l’œuvre La Laitière, c’est la présence initiale d’une étagère portant des cruches… en faïence. À quinze minutes à pied du centre-ville, la faïencerie Royal Delft délivre les secrets de ce savoir-faire qui porta

le nom de la ville au-delà des frontières européennes. La ­visite de la manufacture, fondée en 1653 et la seule encore en activité, évoque l’histoire du bleu de Delft et ses tech­niques de fabrication, l’occasion de voir les peintres en pleine réalisation, puis de rester prendre un café ou ­déjeuner dans le petit jardin en forme de cloître. À la ­façon d’un Amsterdam miniature, le plan de Delft invite à la ­flânerie mais lorsqu’on croit en avoir fait le tour, une petite ruelle inconnue suggère un nouveau détour et la ­découverte d’adorables échoppes et de petites galeries. Pour se plonger dans la Delft d’autrefois, direction le ­Musée Paul Tetar, peintre méconnu et collectionneur d’art, dont la maison a été parfaitement conservée et met en scène des salons XVIIe et XVIIIe siècles ainsi qu’une impressionnante collection de porcelaines et de faïences. Dans la vieille cité, les terrasses foisonnent et la tombée du jour est idéale pour s’y arrêter et saisir l’atmosphère de la ville, hypnotisé par les reflets du soleil embrasant les canaux. Carnet pratique Y aller

En Thalys (Thalys.com), 2 h 30 puis 10 minutes de train régional. À partir de 70 € l’aller-retour.

Séjourner

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Hôtel Arsenaal (Hotelarsenaal.com). Chambres à partir de 165 € la nuit, petit-déjeuner compris.

Se restaurer

Installé dans l’ancien dépôt d’artillerie, Kruydt (Kruydt.nl) propose une cuisine raffinée. Il faut tester la terrasse et le menu en 4 plats Lazy Sunday Afternoon du dimanche pour 59 € par personne. Pour un café et des pancakes au bord du canal, installez-vous chez Kek (Kekdelft.nl).

À voir

« Le Delft de Vermeer », jusqu’au 4 juin 2023 au Musée Prinsenhof (Prinsenhof-delft.nl). Le Vermeer Centrum, ouvert tous les jours de 10 h à 17 h (Vermeerdelft.nl).

102/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023 Demain

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sanderbaks.com ; Margareta Svensson ; SDP

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La France des mousquetaires

Athos, Porthos et Aramis, flanqués du mythique d’Artagnan… Depuis 1844, c’est sous les couleurs inimitables des Trois Mousquetaires que la mémoire collective voit le XVIIe siècle français. A l’occasion de la sortie du film de Martin Bourboulon inspiré de l’œuvre géniale d’Alexandre Dumas, Le Figaro Histoire consacre un magnifique dossier de 60 pages à la France des mousquetaires. Les meilleurs spécialistes expliquent comment l’Etat moderne est né au cours de ces quatre décennies marquées par la Fronde et la guerre de Trente Ans. De l’affaire des ferrets de la reine à l’énigme du Masque de fer, ils démêlent la réalité historique de la fiction imaginée par Dumas. Ils racontent la véritable histoire des mousquetaires du roi, brossent le portrait

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des authentiques Louis XIII, Richelieu, Anne d’Autriche ou Mazarin, et dévoilent les secrets de fabrication d’un roman-feuilleton devenu un chef-d’œuvre de la littérature. Côté reportages, Le Figaro Histoire vous emmène à NotreDame de la Garde, « Bonne Mère » qui veille sur Marseille depuis des siècles, à l’occasion de la réouverture de son musée, et sur les traces du flamboyant condottiere italien Frédéric de Montefeltre, dont l’ombre flotte encore sur son fascinant palais d’Urbino, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Le Figaro Histoire mène aussi l’enquête sur la généalogie, une passion bien française qui se déploie désormais dans toutes les directions, du déchiffrement des archives anciennes aux troublantes promesses des tests ADN. Le Figaro Histoire, 132 pages.

En vente actuellement chez tous les marchands de journaux et sur www.figarostore.fr/histoire Retrouvez Le Figaro Histoire sur Twitter et Facebook

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P a t r i m o i n e

Épargne

Les superlivrets reviennent en force Les offres de livrets boostés retrouvent du punch, dopées par la montée des taux et la concurrence du Livret A.

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a hausse de la rémunération du Livret A chamboule les offres des distributeurs d’épargne. Le placement préféré des Français et son petit frère le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) affichent aujourd’hui un généreux 3 % de rendement, et séduisent massivement. De janvier à février, près de 20 milliards d’euros ont été placés sur ces produits garantis liquides et défiscalisés. Difficile de faire mieux. Néanmoins, certains s’y emploient. C’est le cas des banques, qui ont remis leurs offres de superlivrets – avec un taux boosté pendant une durée déterminée, ­liquides et au capital 100 % garanti – au goût du

jour. ­Témoin BforBank, qui propose temporairement une ­rémunération de 3,5 % sur trois mois (0,6 % ensuite) pour son livret ou Cashbee, dont le produit rapporte 3 % pendant cinq mois (2 % passé cette période). Les offres ­Distingo (PSA Banque), habitué des taux promotionnels ou Bourso + (Boursorama) présentent quant à elles une ­rémunération à 2 % en ce moment. « Les taux de ces placements ont longtemps été très bas. Aujourd’hui, on ­retrouve des propositions intéressantes », indique Basile Duval, porte-parole de Panorabanques, un compa­rateur bancaire en ligne. En fonction des offres du moment, ces placements ­peuvent être, sur quelques mois, plus rentables que le ­Livret A. « Certains épargnants peuvent être tentés de surfer d’une offre à une autre, afin de maximiser le rendement. C’était un sport très pratiqué il y a quelques années ­lorsque les taux étaient hauts. Cela peut revenir », indique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Ces produits restent néanmoins fiscalisés (flat tax à 30 %), ce qui doit être pris en compte par les chasseurs de supertaux. Mais leur atout premier tient surtout à leurs plafonds de versement, souvent au-delà du million d’euros, et ­parfois bien davantage (10 millions d’euros pour PSA Banque, 4 millions d’euros pour BforBank). En effet, ces produits ont surtout vocation à accueillir une arrivée temporaire de cash (donation, vente immobilière…) ou servir de compte d’attente. Ils peuvent ainsi permettre de garder de l’argent au chaud, afin de saisir des opportunités en Bourse par exemple. En ces temps agités sur les marchés, détenir une poche d’épargne ­liquide et au capital garanti a évidemment tout son sens. Jorge Carasso

Placement

Les Français mieux dotés en épargne salariale

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’épargne salariale commence à se faire une place dans le cœur des Français. C’est ce que démontre une étude menée par OpinionWay à l’occasion de la Semaine de l’épargne salariale (du 27 au 31 mars). Que ditelle ? Pas moins de 86 % des salariés ont aujourd’hui connaissance de ce dispositif qui consiste à verser chaque année sur un compte une prime liée à la performance de l’entreprise (intéressement) ou représentant une fraction de ses bénéfices (participation). Mieux, près d’un salarié

sur deux (47 %) bénéficie aujourd’hui d’un tel mécanisme (+ 3 % depuis 2020), soit pas loin de 12 millions de personnes. Principal levier pour faire progresser encore l’épargne salariale ? L’adoption de ce dispositif dans les TPE-PME. Seules 31 % des entités de 10 à 49 salariés en sont équipées (+ 6 % en 3 ans) et 23 % pour les structures de moins de 10 salariés. La participation est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 collaborateurs, mais pas en deçà. Mais ce n’est pas l’unique cause

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104/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

de ce faible taux d’équipement. « Les petites sociétés n’ont pas forcément la structure pour s’occuper de ces sujets », indique Catherine Pays-Lenique, directrice générale d’Epsens, un gestionnaire d’épargne salariale qui a développé une offre dédiée. Pour encourager ces entreprises à se lancer, des mesures ont été prises. Le forfait social, une contribution à la charge de l’employeur, a ainsi été supprimé sur ces dispositifs d’épargne depuis 2019. De quoi inciter des chefs d’entreprise à passer à l’action. J. C.

STOCK ADOBE

Près d’un salarié sur deux en détient, mais cette offre reste à développer dans les PME.

PUBLI-COMMUNIQUÉ

AVEC LA VENTE EN NUE-PROPRIÉTÉ, METTEZ VOTRE BIEN IMMOBILIER AU SERVICE DE VOS PROJETS ! Si vous êtes âgé de plus de 65 ans et propriétaire d’un bien immobilier, votre patrimoine - que ce soit une résidence principale, une résidence secondaire ou un bien locatif - peut être monétisé grâce à la vente en nue-propriété. Maintenir son train de vie face à l’inflation, se faire plaisir ou donner des liquidités de son vivant à ses proches… autant de raisons de penser à cette solution de monétisation !

UN CAPITAL DORMANT QUI PEUT ÊTRE LIBÉRÉ IMMÉDIATEMENT La vente en nue-propriété consiste à vendre un bien tout en conservant le droit de l’habiter ou de le louer. C’est une solution patrimoniale sécurisée qui permet de percevoir immédiatement un capital important. Pour le vendeur, c’est la possibilité de vendre son bien au moment opportun pour encaisser une plus-value et de redéployer son patrimoine différemment. Une solution que recommandent de plus en plus de conseillers en gestion de patrimoine et qui peut s’appliquer aussi bien à des biens détenus en direct que via une société (SCI, SARL, …). UNE SOLUTION POUR RÉALISER TOUS VOS PROJETS Avec une inflation qui explose et des charges de copropriété en constante augmentation, beaucoup de retraités voient leur pouvoir d’achat diminuer. Avec la vente en nuepropriété, ils disposent d’une solution permettant de se créer des revenus complémentaires, de financer des travaux de rénovation ou bien de s’offrir des services à domicile. Selon un sondage OpinionWay de septembre 2021, 67% des retraités ayant des enfants pensent que ces derniers vendront leur résidence principale à leur décès. Pour tous ceux-là, vendre la nue-propriété

de leur bien est aussi une façon d’anticiper leur succession et de donner un coup de pouce à leurs héritiers de leur vivant. Enfin, pour beaucoup, la vente en nuepropriété est également une façon d’optimiser la fiscalité de la succession et d’éviter aux héritiers les situations d’indivision, source de tensions familiales. MONETIVIA, LE LEADER DE LA VENTE EN NUE-PROPRIÉTÉ DANS L’ANCIEN Parce que tous les seniors n’ont pas les mêmes besoins ni le même profil patrimonial, Monetivia propose plusieurs formules de vente en nue-propriété : - Le démembrement temporaire est particulièrement adapté aux propriétaires qui souhaitent conserver l’usage ou les revenus d’un bien pour une période prédéfinie. - La vente en nue-propriété simple est la solution idéale pour les propriétaires qui souhaitent recevoir un capital immédiatement tout en conservant l’usage de leur bien à vie. Cette solution s’adapte également parfaitement à ceux qui souhaitent monétiser la nue-propriété d’un bien reçue par voie de donation ou succession. - La vente en nue-propriété à prix ajusté permet aux vendeurs d’occuper leur bien à vie tout en bénéficiant d’une réévaluation du prix en cas de décès prématuré. C’est une exclusivité de Monetivia.

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c r o i s é s

La grille de Michel Laclos

Horizontalement 1. Militants de l’abstentionnisme (quatre mots). L’enfance de l’art. 2. En train de fondre. Balayeur japonais. Père d’étrangers. 3. Incolores pour Rimbaud ? Couru par le coureur. 4. Pousse un cri très chouette ou pas chouette du tout. Note. À mettre de côté avec ses semblables. Un Suisse qui a beaucoup compté pour Frédéric II. 5. Portugaises à ouvrir. Un petit verre à l’œil. 6. En bouton. À l’envers : on monte toujours dessus mais on ne la bat plus comme autrefois. Manifestation de feu intérieur. 7. Doublé dans une prison américaine. Cherchera la petite bête. 99 dans le Midi. 8. Le pays des rêves. Docteur vernien. Parfois bleu mais toujours rouge. Homme bête. 9. Dort comme un loir. Producteur de glaces. Né dans une grande botte. 10. Article. Ça se comprend ! Nom de chose. 11. Homme de caractères. Droit de succession. Au bord de l’Isère. 12. Signe d’intelligence. Mise au poing. 13. Cordiale avec les Anglais. Nous sommes tous passés par là. Conjonction. Adresse très militaire. 14. Se bourre avec des salades. Descente de lit. Garde-malade classique mais pas conformiste. 15. Interdits de séjour (trois mots). Populaire homme de la manche. Serpents d’eau. 16. Abat-jour. Dans l’auxiliaire. En Albanie. Outils de travailleurs manuels. 17. Gratin de légumes. Conseillères noires. Bien roulée. 18. Au bord du Tibre. Commerce de cochons. Un étranger. Bout de sucre. 19. Trier... pour les Allemands. Fille bête. Accident de la route. 20. Retour à la terre. Ronds.

Verticalement 1. Elle a intérêt à surveiller sa ligne. Un crime hors du commun. 2. Allume. A un nœud quelque part. Fait des liaisons correctes.

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3. Sœur d’Artémise ou épouse d’Henri II. Nouvelles nouvelles. 4. Singe ou poulet. Cause. 5. Change ou manœuvre. Petite bille. Dans l’auxiliaire. Passage de la revue. 6. Mettait les anciens au parfum. Crimes contre l’humanité. Direction. 7. Arme de jet. Espèce de guigne. 8. Prendre des mesures dans les bois. Cours de Lombardie. Morceaux mangés. 9. Aide ou n’aide pas. Article étranger. Dame de cœur... sur le

retour. Elle était sacrément populaire en Égypte. 10. En plus. Dépouillait... un pigeon ? Mont de piété. 11. Plein d’arêtes. Rayé d’office. Une portion de risotto. 12. Dame d’Avignon. Terme pour terme. Pierre dure. Chef des pompiers. 13. Romains. On en tombe sans se faire mal et ça étonne. Membre suppléant. Note. 14. Une pièce où l’on pleure ! Mis sur la voie. Ultramondains. Étaient cernés par des abeilles. 15. Très polies. Le bout du pied.

Solution du 24 mars

Horizontalement

1. Gargouillements. Soin. 2. Émoussée. Napolitaine. 3. Rotation. Tri. Sébiles. 4. Mi. Net. Treillis. 5. Indonésienne. Tennis. 6. Nd. Élude. Piété. Ta. 7. Aregan. Lourdes. Ému. 8. Tiret. Pelé. Elsa. Éloi. 9. Isoloir. Pseudonyme. 10. OSS. Inégalité. Mets. 11. Ne. Brute. Mousses. 12. Retenue. INV. Ér. 13. Menu. Intruse. Serf. Râ. 14. Ana. Altier. Rosseries.

15. Stuc. IaI. SP. Rit. Abus. 16. Cassis. Ex. Vampire. 17. Eton. An. Mer. Têt. PS. 18. UOR. Obéré. Cousine. Ob. 19. Sue. Il. Archer. Ulul. 20. Essoreuse. Concrète.

Verticalement

1. Germination. Masseuse. 2. Amoindrissement. Tous. 3. Rot. Éros. Naucores. 4. Guano. Gel. Bru. Can. 5. Ostentatoire. Oir. 6. Usité.

Inutilisable. 7. IEO. Se. Prétentaine. 8. Lentille. Gentils. Ras. 9. Reuolla. URE. Mère. 10. Entendue. Lueurs. 11. Mariner. Pi. Perche. 12. Épile. Destrier. OE. 13. No. Pelée. Or. Turc. 14. TLSI. Issu. Missives. 15. Sieste. Admonestation. 16. TB. Été. Œuvre. 17. Saignements. Frappeur. 18. Oïl. Ulysse. Ibis. Le. 19. Inédit. OM. Erreur. Out. 20. Nés. Saliens. Assemble.

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Une bonne couverture. 16. Lit des lettres. Très amoindri si on le double. Fou d’amour. 17. Femme en terre. Dans la Baltique. Bout à bout. Points de repère. 18. Nous ont mis sur les rotules. Bases de départs. À l’envers : alternative du mariage. Cardinaux. 19. Femme de ménage. Elles finiront bien par avoir la majorité. Passent avant les autres. 20. Mis en scène. Console des curés. Ils ne nous mènent jamais très loin.

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Solution du problème n°816 : Trouvez la femme

Problème n°817 : Prix de beauté

Contrat : 4♠. Ouest est intervenu à 3♥ sur 2♠. Entame : Roi de ♥.

♠ D9 ♥3 ♦V985 ♣ARV764

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Les enchères, Sud donneur, tous vulnérables. Sud 1♥ 2♥ 3SA

O passe passe fin

N 2♣ 3♦

E passe passe

♠ R854 ♥ A V 10 9 6 ♦ R 10 3 ♣D

Entame : 6 de ♦ pour l’As d’Est. Cette donne a reçu le prix du "meilleur jeu du déclarant" dans une compétition récente sur Internet. Ferez-vous aussi bien que Ferit Tavlan ? Ph. C.

♠ A 10 7 ♥A987 ♦875 ♣ARV

♠D62 ♠3 N ♥ R D V 10 5 ♥643 OE ♦RD3 ♦ V 10 6 4 S ♣82 ♣D9754 ♠RV9854 ♥2 ♦A92 ♣ 10 6 3

Le déclarant est à la tête de neuf levées, cinq ♠, les deux As rouges et As-Roi de ♣. Pour trouver la dixième, il suffit soit de réussir l’impasse à la Dame de ♣, soit de trouver le bon maniement à l’atout. Vous savez qu’à neuf cartes on ne fait pas d’impasse à la Dame mais l’écart entre les deux maniements est assez mince. Le 4 de ♥ fourni sur la carte d’entame révèle le partage 5-3, qui a peu d’influence sur les distributions. Peut-être avez-vous pensé à commencer par l’impasse à la Dame de ♣. Si elle réussit c’est gagné mais si elle échoue, il vous faut toujours trouver la Dame de ♠. En fait, c’est le seul problème à résoudre. La solution ne saute pas aux yeux, mais elle permet de gagner ce contrat à 100%, où que se cache Pallas. Prenez de l’As de ♥ et coupez immédiatement un ♥, le geste clé. ♣ pour l’As, surtout pas d’impasse, et ♥ coupé. ♣ pour le Roi et dernier ♥ coupé. Il vous reste dans la main trois cartes à Pique, RV9. Encaisser maintenant votre As de ♦ et donnez la main à vos adversaires à Trèfle ou à Carreau. Ils encaissent trois levées mineures mais, à trois cartes de la fin, avec ♠A102 d’un côté et ♠RV9 de l’autre, vous faites les trois dernières levées sans même avoir besoin de savoir où est cette fameuse Dame de ♠.

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Solution la semaine prochaine

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CHARLES EDELSTENNE : PRÉSIDENT MARC FEUILLÉE : DIRECTEUR GÉNÉRAL, DIRECTEUR DE LA PUBLICATION JEAN-LUC BREYSSE : DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT ALEXIS BRÉZET : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS

Guillaume Roquette : Directeur de la rédaction du Figaro Magazine Jean-René Van der Plaetsen : Directeur délégué de la rédaction Philippe Gruson : Directeur de création Jean-Christophe Buisson : Directeur adjoint de la rédaction (culture & art de vivre) Cyril Drouhet : Directeur de la photo & des reportages Anne-Sophie von Claer : Conseiller éditorial François Delétraz : Rédacteur en chef relations extérieures ESPRITS LIBRES Vincent Trémolet de Villers : Rédacteur en chef FRANCE Carl Meeus : Rédacteur en chef Ghislain de Montalembert : Rédacteur en chef adjoint Nadjet Cherigui - Charles Jaigu - Guyonne de Montjou Judith Waintraub : Grands reporters CHRONIQUEUR François d’Orcival REPORTAGES Jean-Marc Gonin : Rédacteur en chef Cyril Hofstein - Vincent Jolly - Jean-Louis Tremblais : Grands reporters CULTURE Nicolas Ungemuth : Rédacteur en chef adjoint Pierre de Boishue : Grand reporter Clara Géliot : Chef de service CHRONIQUEURS Frédéric Beigbeder - Stéphane Hoffmann Jean Sévillia - Philippe Tesson TOURISME Bénédicte Menu : Rédactrice en chef Marie-Angélique Ozanne : Rédactrice en chef adjointe ART DE VIVRE Laurence Haloche : Rédactrice en chef adjointe Élodie Baërd - Pascal Grandmaison - Judikael Hirel - Sylvain Reisser CHRONIQUEURS Maurice Beaudoin - Éric Neuhoff IMMOBILIER & PATRIMOINE Jean-Bernard Litzler - Jorge Carasso FIG DATA - SERVICE INFOGRAPHIE Stéphane Saulnier : Rédacteur en chef SERVICE PHOTO Marie-Sylvie Demarest : Chef de service Isabelle Dureuil - Marc Quentin - Adeline Sombert

MAQUETTE Cyril Delabarre : Directeur artistique adjoint François Cachelou - Sandrine Kaufmann Corinne Laguerre - Bruno Signorino RÉVISION SR Véronique Dequatremard : Rédactrice en chef Hélène Froni : Première secrétaire de rédaction Pierre Ilias - Charlotte Peronnet - Laetitia Quintano Armelle Lecrevisse : Assistante de la direction de la rédaction Yannick Baume : Assistante culture et art de vivre Isabelle Esserméant : Comptabilité photo Robert Mergui : Éditeur Maurice Beaudoin : Directeur général adjoint Marie Müller : Communication & partenariats Bénédicte Wautelet : Directrice juridique Corinne Videau : Directrice de la production Emmanuelle Dauer : Directrice de la fabrication Anne Flageul-Créhan : Responsable syndication / Droits de reproduction [email protected] RÉGIE PUBLICITAIRE Media.figaro : 9, rue Pillet-Will 75430 Paris Cedex 9. Tél. : 01.56.52.20.00. Aurore Domont : Présidente Chantal Follain de Saint Salvy : Directrice générale déléguée Cécile Henique-Parizet : Directrice commerciale adjointe pôle news ABONNEMENTS 01.70.37.31.70 [email protected] SITE INTERNET :www.lefigaro.fr

Imprimé par GROUPE MAURY IMPRIMEUR (45330 Malesherbes). Numéro d’impression : 23M2214. ISSN 0184-9336. Imprimé en France/Printed in France. Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 65 %. Eutrophisation : Ptot 0.003 kg/tonne de papier.

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M o t s

f l é c h é s

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S u d o k u

Problème n° 2258 BIEN-ÊTRE DÉCLENCHEUR DE GRÊLE

SOLIDE RÉSISTANCE FILLE DU SUD

AGRÉABLE

DEMI-DIEU

HERBE DES TALUS

QUI A QUITTÉ SA MÈRE

FROTTER AU PAPIER D’ÉMERI À BIBI

CRATÈRE JAPONAIS COURS AFRICAIN

DÉPÔT

LIQUEUR VÉNITIENNE

DIGNITAIRE ÉTRANGER

BOUT DE FLORÉAL OUTIL DE VIGNERON ASSEMBLÉE COMPÉTENTE PETIT PÂTÉ

JE VOUS LE JURE ! FIDÈLE

DISTANCE INCOMMENSURABLE RÉCUSAI PORT AUJOURD’HUI COMBLÉ ARMÉE

BAVARD SUR PERCHOIR

DÉFORMÉ POUR UN CHEVAL ABÎMÉE

CELA DEMANDE UN CERTAIN DÉBIT

CONFIDENTE ANCÊTRE PROTECTEUR ENTRE I ET XX FIT LE MOUTON

AU BAS DE LA FACTURE

LE SIGNE DE LA CROIX

RADIO DE DUCHÉ PIQUER UNE TÊTE

DÉNICHÉE

APPRENTIES CLOUÉS AU PIEU PARVINS À DISTRAIRE BOUCHE BAIE

INSTRUMENTS DE MUSIQUE

TISSU FAIT DE SOIE

AURORE

JOYEUX HAUTSAÔNOIS DIRECTION

CORDON DE PIÈCES LAMES SPORTIVES

VALEUR RÉCENTE BOIS SUR LE BORD

PREMIÈRES GOUTTES DE PUNCH À REMPLACER QUARTIER DE MURCIE

BORNE

UNE VIE EN RACCOURCI

DEVENIR GRIS

PARESSEUX ACCUSÉ DE MAUVAISE RÉCEPTION

EXTENSION DU MARCHÉ COMMUN FROMAGES BLANCS EN SUISSE

DISTINGUÉE ET ORDONNÉE

Solution du problème n° 2257

C D F MU S I C I RE SON PERQU I PUR CRE E D E SMO Y I N I G T ASS E PE T I T RU RA T ERGA L RE L E

E N S E I G N A N T K

G N E I S S O U T E

N NE RA T I O A S PUT I SE RA GA T E T E H NCO DOS

U S I N E E A L A I R E

R E L E N T ES N OP N I C E E U L N A

D E N T I S T E S

V E R T C E D R E

La diabolique de la semaine de Bernard Gervais Ingénieur et ancien professeur de mathématiques, spécialiste du Su Doku en France.

Les astuces de la Diabolique du numéro précédent Difficulté : ✰✰✰✰✰✰✰

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Evident, F4-E5 = 3-7 (voir C6H6-D8-D7). Les 8 de A4 et I5 sectionnent le secteur 5, F6 = 8. En l’absence d’ouverture, le TVP devient nécessaire. Les 2 et les 5 découpent la ligne 9. B9D9 = 2-5. Dans la colonne D, D3 = 4 seule possibilité. Dans ce TVP, D4 = I6 = 1-5, ainsi ces c a s e s n e p e u ve n t v a l o i r simultanément 1 car le 1 du secteur 4 est dans la ligne 4 ou 6. G4-D6-E6 ne valent pas 5. D4 = 5 s’impose. E7 = 5, B9 = 5, C1 = 5, G2 = 5, C3 = 9, A2 = 6, E3 = 6, D6 = 6, D5 = 9, E6 = 1, A4 = 1, G6 = 9, I6 = 5, H9 = 9, B6 = 2, A6 = 4, C8 = 2, C7 = 6, G8 = 6, D9 = 2, D2 = 1, F9 = 6, I9 = 4, A9 = 3, etc.

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109/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

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Entre Blois et Amboise, charmante propriété dans un cadre préser vé de près de 20 ha. Maison principale restaurée, belles réceptions, 4 suites. Maison d ’amis, piscine et tennis. Réf. : PPC-11284-GC. DPE : NC.

Prix : 2 500 000 €. EMILE GARCIN Alpilles & Avignon +33 (0)4 90 92 01 58 · [email protected]

Prix : 1 447 000 €. EMILE GARCIN Propriétés et Châteaux +33 (0)1 42 61 73 38 · [email protected]

PARIS 6e

PARIS 16e

Appartement familial au cœur de Saint-Germaindes - Prés . Et age élevé, parfait état, belles prestations. Double réception, salle à manger, cuisine équipée, 4 chambres, bureau, 2 salles de bains et salle de douche. Copro : 25. Charges : 5 540 €. Honoraires charge vendeur. Réf. : 21292. DPE : D.

Arc de Triomphe. Entre Tr o c a d é r o e t l ’A r c d e Triomphe, dans un imm. haussmannien, appt. de réception traversant, au 5 e ét. asc. et gardien, de 311m2 LC, en parfait état. Belles prestations, beaux volumes, triple expo et baigné de soleil. Au total 4 ch., 3 sdb, 3 wc. Balcons filants. 2 caves.

Prix : 3 790 000 €. Coldwell Banker® Leading Realty +33 (0)1 83 53 53 53 · [email protected]

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L ’ A R T

D E

V I V R E

AUBE Forêt de chêne très réputée sur 1 000 ha. Conditions de production exceptionnelles et bois de grande qualité. 500 ha de futaie mature et 500 ha de futaie jeune à forte valeur d’avenir. Très belle chasse, cervidés, sangliers. Vente par appel d’offre. Prix minimum : 22 000 000 €.

Cabinet GOURMAIN-BARTHELEMY +33 (0)1 46 05 49 63 [email protected]

PARIS 19e

PARIS 9e

But te Bergeyre, une m a i s o n d e 19 5 0 , s e s balcons et s a terrasse plein sud, dessinés par Henr y Delacroix et repensés par le collectif Encore. Élégante et audacieuse, elle respire l’harmonie et l’équilibre dans un environnement préservé et confidentiel. Réf. : 743819. DPE : E.

C i t é d e Tr é v i s e , d a n s un des immeubles inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, seul au 3e étage, un appartement lumineux et traversant de 115 m 2 , sa hauteur sous plafond de 3 m et ses décors d’époque. Possibilité 3 chambres. DPE : D. Réf. : 13278GN.

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SEINE-ET-MARNE

MAYENNE

Non loin de Fontainebleau, située en lisière de forêt, une maison de maître de 210 m 2 et son parc boisé de près de 4 000 m2. Avec une v ue p anoramique exceptionnelle, la propriété propose un s a v an t m é lange e n t re finesse des intérieurs et vie de village. Réf. : 640436. DPE : D.

Sur les rives de la Mayenne, à 10 mn d’une cité historique, un manoir du XVII e siècle de 500 m2, ses dépendances et son domaine de 25 hectares. A près une impor t ante et récente campagne de restauration, le manoir a retrouvé son atmosphère élégante et champêtre. Réf. : 664577.

Prix : 985 000 €. PATRICE BESSE Ile-de-France 01 42 84 80 85 · www.patrice-besse.com

Prix : 2 210 000 €. PATRICE BESSE Pays de la Loire 01 42 84 80 85 · www.patrice-besse.com

PARIS 16e

VAR

E xclusivité. M° Jasmin. Dans immeuble 20 01 avec gardien, superbe 2 pièces de 55 m2 en parfait état. Entrée, séjour, balcon f ilant sur jardin intérieur, cuisine aménagée et équipée. Chambre, sdb et wc indépendants. Beau parquet, nombreux rangements. Cave. Proche commerces et transports.

Rayol- Canadel, grand appartement neuf unique dans une résidence d’exception et de prestige, plage et cœur de village à pied, vue mer panoramique plein sud, entièrement agencé et équipé. Une réalisation Aktimo.

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L ’ A R T

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V I V R E

PARIS 17e Pereire - Tocqueville. Appartement en duplex de 226 m2 situé aux 6e et 7e étages d'un immeuble contemporain avec terrasse plain-pied de 49 m2 : entrée, grande réception cathédrale, cuisine équipée, bureau, 5 chambres. Beaux volumes. Charme. Réf. : PLM-8217-MM. DPE : D. Prix : 2 990 000 €. EMILE GARCIN Le Marais +33 (0)1 44 49 05 00 [email protected]

BOUCHES-DU-RHÔNE

GIRONDE

Marseille 1er, Vieux Port. Ce loft de 100 m2 situé dans un immeuble du XVIIe siècle a été imaginé comme un boudoir contemporain. Sa rénovation épurée en fait un objet de contemplation co mp re na n t un g ra n d espace de vie et une suite avec salle d’eau. Réf. : MRS-5867-PLB. DPE : B.

Bordeaux. Idéalement si t uée, proche du parc Bordelais et des écoles de renom, belle maison bourgeoise d ’environ 360 m2 avec jardin arboré de 600 m 2 : entrée, pièces de réception, 6 chambres, 3 salles de bains, bureau, salle de jeux et buanderie. Parking. Réf. : BDX-3302CSE. DPE : en cours.

Prix : 1 300 000 €. EMILE GARCIN Marseille & Littoral +33 (0)4 42 54 52 27 · [email protected]

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VAR

GIRONDE

Gassin, rare, très jolie maison de village entièrement rénovée de 195 m 2 avec jardin de 600 m 2. 3 suites et grand studio indépendant. Vue mer et campagne. Réf. : STZ-2203-TR.

Lège-Cap-Ferret. Face au Mimbeau, beau potentiel de construc tion pour cet te propriété sur un terrain clos de 713 m 2 , comprenant 3 maisons, une dépendance et une piscine. DPE : G. 1re o f f r e p o s s i b l e : 3 800 000 €. Frais de négociation inclus.

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HAUTS-DE-SEINE Châtillon. Maison et appar tements neufs du 2 au 4 pièces au sein d’une résidence à taille humaine, récemment livrée. Adresse centrale qui facilite le quotidien, à deux pas des commerces et des écoles. À 200 m du tram T6.

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V I V R E

GIRONDE A 20 minutes de Saint-Emilion. Très beau château avec tour sur un territoire de 3,5 ha. Maison d’amis. Studio. Salle de réception. 2 piscines. Vignes pour les amateurs de vin. Réf. : PER-3253-HDF. Prix : 2 050 000 €. EMILE GARCIN Périgord +33 (0)7 49 74 81 18 [email protected]

ALPES-MARITIMES

SUISSE

Théoule-sur-Mer. Sublime maison contemporaine sur 2 niveaux. Somptueuse vue mer. Au calme absolu, 7 chambres en suite. Beau jardin de 2 0 0 0 m 2 a v e c p is c in e à débordement. Garage fermé pour 4 voitures. À 5 minutes des plages. Réf. : MGN-4016-AF. DPE : A.

La Côte Vaudoise. Entourée de vignobles, propriété de 2 000 m 2 et cottage en dépendance au cœur d’un parc de 1,6 ha. 4 salons de réception, 8 chambres, cheminées, boiserie et parquet. Piscine et pool house.

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VAL-D'OISE

PUY-DE-DÔME

Magnif ique propriété composée d'une maison bourgeoise et d'une dépendance, nichée dans un parc de 2 300 m2, à une quarantaine de minutes de la capit ale, près de L'Isle-Adam, ville connue pour son confort de vie, est un bien rare à ne pas laisser passer. Réf. : 20230IF. DPE : D/E.

Proche Clermont-Ferrand, magnif ique manoir du X VII e siècle, situé dans v illage avec toutes les commodités. Il constitue un v é r i t a b l e ha v re d e paix d'environ 470 m2 de sur face habit able plus 400 m2 aménageables, le tout édifié sur un joli parc arboré d'environ 2 ha. Réf. : 20133au. DPE : E/E.

Prix : 1 680 000 €. GROUPE MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)6 79 86 60 50 · [email protected]

Prix : 880 000 €. MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)6 80 44 89 84 · [email protected]

OISE

VAL-D'OISE

P r o c h e Co m p i è g n e e t 1h15 de Paris. Propriété en chaume et colombage de 195 m2 sur terrain clos d’env. 2700 m 2 . Pièce de vie avec cheminée, cuisine, chambre avec salle d’eau. A l ’étage : coin bureau desservant 3 chambres et salle de bains. Jardin avec terrasse. Double garage/ atelier. Réf. : S7762.

Luzarches, proche Roissy Charles-de-Gaulle : maison de 215 m 2 avec un terrain de 800 m 2 située dans une résidence sécurisée au bord d’un golf. Entrée, coin bureau, cuisine et buanderie. 1er étage : 4 chambres dont suite parentale et salle d’eau. Bassin de nage. Garage attenant. Réf. : C8984.

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D e r n i è r e

n o u v e l l e

Chaque semaine, “Le Figaro Magazine” publie une nouvelle inédite d’un écrivain

éloge du miel des balkans pétales, des fleurs, des feuilles, les ­ingrédients du miel sont au féminin pluriel. Ce miel polit comme de l’huile, plus câlin que le beurre, il est bon pour la peau, le cœur, la digestion, le sommeil. Et le miel se confond avec l’Orient, ses pâtisseries, les contes des Mille et Une nuits feuilletés secrè­tement en suçant des bonbons. » Notre vie est une cuisine où chacun est habité du désir de nouveaux goûts. Du goût bourdonnant et subtil. ­Celui-ci regarde la gazinière, le placard et les rayons où les bocaux sont rangés, et celui-là sait qu’il aide à ­guérir à côté de la fenêtre, sous le ciel. Le miel est poésie. « Miel », ici, n’a pas de signification théorique (mais pourquoi pas ?). Il est peut-être la douceur et le charme. Quelque chose de très concret et physique : une saveur de pin, un flacon de lavande pour la gorge, un nectar de ronces, un goût d’acacia, symbole de bonheur. Le sentiment populaire ne s’y trompe pas : tout le monde est malade sauf celle ou celui qui goûte tous les jours ce trésor sucré extrait des ruches. L’apiculteur, toujours en bonne santé et c’est la moindre des choses, a l’air d’un docteur. Cardiologue, radiologue, urologue, médecin des viscères, il est tout. Sa mallette est une amphore. On se réveille, et il est là. On s’endort, et il veille. L’apiculteur est médecin du monde ou sans frontières. Son cerveau a un livre préféré : L’Antiquité. Son pays : Babylone. Bien choisir son miel est essentiel, je l’écrivais l’autre jour. Un mélange de nectars butinés par des abeilles de Macédoine du Nord convient bien.

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114/ Le Figaro Magazine / 31 mars 2023

Les abeilles ont bourdonné pendant les journées chaudes du printemps et de l’été à Krusevo. Elles ont virevolté d’un petit chalet face à la montagne, aux champs de l’arrière-pays bordés de buissons verts. C’est un littoral ­v égétal et plat où les vagues de ­brumes roulent dans les rues et vers le lac. Dans ces paysages de ciel gris mouillé, on n’a jamais connu l’ennui. Une ­b ergeronnette perchée sur la grille, l’épicerie du hameau, la vieille marchande presque aveugle. La ­voiture du boulanger qui pénètre dans le ­jardin d’un pays natal. Plus loin, les abeilles débusquent un oiseau de son nid accroché dans les ronces, croisent des moucherons en nuées, font des pirouettes avec des ­papillons aux ailes blanches. Autour de la ruche faite de paille, ces cen­taines de petites ouvrières s’en sont donné à cœur joie sur les bords d’un lac qui a la forme de l’œil et semble ­déborder de la terre. Elles, les abeilles, ont conjugué le soin apporté au ­travail du pollen et le bon plaisir des ­d igressions dans les chemins de ­traverse. Elles ont marié leur âme à de longues routes recouvertes de souvenirs géologiques. Le miel se glisse dans l’album d’un voyageur. Dans la bouche il fait ­explosion, et sagement il nous dit : « Mangez-moi ! En relisant Baudelaire, en écoutant Wagner. » « Happy apiculteur », cette fois c’est Alain Bashung qui chante, en 1995, dans son album live Confessions ­publiques. * Dernier livre paru : Les Jardiniers de Salonique (avec Emmanuel Hecht), Éditions des Équateurs.

sdp

A

7 ans, l’odeur de la cire d’abeille m’avait grisé. E l l e ava i t d o n n é a u corps des meubles un éclat, une beauté fraîche. Entre deux tasses de thé, deux chansons, ma mère me rappelait qu’elle avait vu ­utiliser la cire d’abeille pour fabriquer les cierges d’église ou traiter les sabots fendus des animaux d’un ­cirque de passage. Je revois la scène des jours d’école comme on relit un bon livre de cuisine, trempe un doigt dans quelque préparation pour en avaler une bouchée. Je la revois, c’est tout moi, je suis resté le même. Souriant sans gaieté. Avant d’aller en classe, courbé ­au-dessus du bol de lait, je m’amusais à voir le miel dégouliner par les trous de la tartine grillée. Ma mère était là, allait et venait, la chambre, la cuisine, la salle de bains. Je vivais en liberté mais il fallait lui obéir. Elle ne savait pas que bientôt un bercement me porterait à accueillir un ours sous des arcades de feuillage dans les mon­tagnes de Macédoine du Nord. L’ours. La séparation d’avec la terre se ferait dans la douceur. Ignorant tout, sachant tout, l’ours innocent, l’ours tombé. Tous les deux pareils, puisque l’ours martèle la terre, comme nous, puisqu’il est sali par la mousse, avec nous. L’ours me dit : « Bien choisir son miel est essentiel. Il appartient à l’émotion affective. Bien que masculin, le miel est efféminé. Il appartient au genre féminin, à la ­ruche, la cuisine, la vie royale. Il est du côté de la reine. Voici une glycine, des

Par Emmanuel Rimbert *

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Boîtier avec bracelet intégré en texalium. Mouvement tourbillon automatique manufacture. Limité à 50 pièces.

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