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EMANUELE SCORCELLETTI/Le Figaro Magazine

f services publics

SUPPLÉMENT FIGARO - CAHIER N°1 - NOS 24456 ET 24457 DES 7 ET 8 avril 2023 - CPPAP N° 2001 C 83022

comment l’état gaspille notre argent

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Figaro Magazine - n°2215

par agnès verdier-molinié

La directrice de l’Ifrap publie un livre réquisitoire : « Où va notre argent ? ».

reportage exclusif au vatican

les trésors d’une bibliothèque millénaire Vendredi 7 et samedi 8 avril 2023

VOYAGES D’ÉMOTIONS

LE SUMMUM DU VOYAGE pour 19.900 €, offre de lancement

ème

du 12 novembre au 2 décembre 2023

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« C’est un voyage d’exception où l’on vit hors du temps, où l’on saute d’une civilisation à l’autre. Un fil d’Ariane tissé entre les plus beaux sites de la planète. » Mme Maryline T.

« C’était vraiment le voyage d’une vie, une succession incroyable d’émotions les plus diverses, un émerveillement constant. » M. Didier B.

« Tour du monde fabuleux. Nous avons été logés dans des hôtels magnifiques et bien accueillis. La vie de château, 21 jours durant. » Mme Catherine A.

LE 47ÈME TOUR DU MONDE !

Visitez le monde entier, découvrez ses visages...

LA HAVANE CUBA

CARTHAGÈNE DES INDES

ÎLE DE PÂQUES PAPEETE

SYDNEY

ANGKOR

CHILI

AUSTRALIE

CAMBODGE

TAHITI

COLOMBIE

HANOÏ & SAMARCANDE BAIE D’HALONG OUZBÉKISTAN VIETNAM

Offrez-vous le Voyage de votre Vie ! En 2023, TMR renoue avec l’âge d’or de l’aérien et ses plus beaux voyages, à l’occasion de la 47 ème édition du Tour du Monde. 5 continents et 9 mondes en un seul voyage à bord d’un avion privé entièrement réservé à votre intention... Vous serez reçus en hôtes de marque à travers toute la planète. Rejoignez enfin le club très privé de ceux qui ont fait le Tour du Monde !

46 ÉDITIONS AU SUMMUM DU VOYAGE DEPUIS 35 ANS ! Pour cette 47ème édition du Tour du Monde, vous voyagerez à bord d’un nouvel avion privé. Toute l’Équipe TMR sera aux petits soins (passage réservé aux aéroports, vous ne porterez pas vos bagages...). En escales, vous logerez dans une sélection

des plus beaux hôtels. TMR vous entraîne à la découverte de destinations mythiques, dont l’Île de Pâques, enfin accessible après ses 2 ans de fermeture. 9 mondes en un seul voyage... Un tour de planète comme un tour de magie... Retrouvez le goût du « Paradis Perdu des Voyages ». 21 jours de rêve absolu, voici bien le Voyage de votre Vie !

Avec ses 46 éditions (dont 9 en Concorde) et 35 ans d’expertise, le Tour du Monde TMR sans égal - constitue le summum du voyage. Conçu d’Est en Ouest, à partir des escales qui font le plus rêver, il connaît un immense succès ! Album gratuit et informations auprès de TMR :

www.tmrfrance.com [email protected]

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©TMR, depuis 1987 - 349 avenue du Prado - 13417 Marseille cedex 08. Garantie et immatriculation Atout France IM013100087. Document non contractuel. Photos : D.R., Pixabay, Shutterstock. FMR230407

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S o m m a i r e

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Les trésors du Vatican Le Saint-Siège nous a ouvert les portes de sa bibliothèque comportant de précieux manuscrits.

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L’éditorial de Guillaume Roquette Nous & vous Contributeurs et le forum Club Figaro Actualités du Figaro Arrêts sur images

Entrées Libres

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En vue Éric Cheysson Les indiscrétions de Carl Meeus Les clés pour comprendre Mise à jour Initiative & Objet Les rendez-vous de J-R Van der Plaetsen

Esprits Libres

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éric Vandeville / akg-images ; Éric Martin pour Le Figaro Magazine

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Patrick Buisson « La société occidentale se suicide en dansant » La chronique de François d’Orcival

Magazine

34 40 48 54

65

Présidentielle, et si on (re)faisait le match ? Politique Services publics, comment ils gaspillent notre argent En couverture IA & Photographie, plus faux que nature Reportage Vatican, les trésors d’une bibliothèque millénaire Reportage Spécial entreprises

Quartiers Libres

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En vue Johann Naldi

Dans les pas de Picasso À Horta de Sant Joan, en Catalogne, pour le 50e anniversaire de la disparition du maître.

88 90 92 94 96 100

Expo Les soldats du désert Écrans Culturellement vôtre, par J.-Ch. Buisson et la vision télé de Stéphane Hoffmann Á l’Affiche et les passe-temps d’Éric Neuhoff La page histoire de Jean Sévillia Littérature et le livre de Frédéric Beigbeder en Catalogne, pistes et trésors du génial Picasso Carnets de voyage

Art de vivre

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Talent Mode et la bonne mesure de Julien Scavini Cadran Techno & Déco La table de Maurice Beaudoin Vin Évasion Patrimoine La grille de Michel Laclos Bridge Les mots fléchés Le Sudoku de Bernard Gervais Dernière nouvelle Michel-Marie Zanotti-Sorkine

Société éditrice : Société du Figaro - Siège social : 14, boulevard Haussmann, 75009 Paris. Tél. : 01.57.08.50.00. Président : Charles EDELSTENNE. Directeur général, directeur de la publication : Marc FEUILLÉE. Commission paritaire du Figaro Magazine (supplément de Le Figaro - N ° CPPAP 0426 C 83022) : 2001 C 83022 (édition nationale) et n° 0123C82655 (édition internationale). Cahier N° 1 : Le Figaro Magazine - Cahier n° 2 : Le Figaro Magazine TV imprimé par MAURY (45330 Malesherbes) Ce numéro comporte un encart promo abonnement de 2 pages. Un encart jeté statique sur la une du 3 e cahier sur les kiosques du territoire national.

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7/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

COMPLÉMENTAIRE SANT É

UNE DÉPENSE DE SANTÉ IMPRÉVUE ?

RÉGLEZ ÇA EN UN COUP DE FIL. UN PROBLÈME DENTAIRE, DE VUE OU D’AUDITION ? AVEC NOTRE COMPLÉMENTAIRE SANTÉ MODIFIABLE SUR SIMPLE APPEL ET SANS DÉLAI DE CARENCE, MAÎTRISEZ VOTRE BUDGET.

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03/2023 – Édité par Crédit Agricole S.A., agréé en tant qu’établissement de crédit – Siège social : 12, place des États-Unis, 92127 Montrouge Cedex – Capital social : 9 077 707 050 € – 784 608 416 RCS Nanterre. Crédit photo : Léo Bigiaoui.

É d i t o r i a l

la france passe au vert

ANDRÉ DE CHASTENET

V

oilà une vraie bonne nouvelle. Selon les estimations de l’organisme indépendant Citepa, reconnu pour son sérieux, la France a diminué de 2,5 % ses émissions de gaz à effet de serre en 2022. Si l’on met de côté l’atypique année 2021, où l’économie était en surrégime en sortant du confinement, cela fait désormais quatre ans que notre bilan carbone s’améliore. Un peu aidés, c’est vrai, par un hiver doux, nous avons suivi à la lettre ces derniers mois les consignes de sobriété prônées par les autorités. Et l’industrie n’a pas été en reste puisqu’elle a réduit elle aussi sa consommation de combustibles fossiles. Le seul point noir concerne l’énergie : les arrêts de centrales nucléaires (pour cause de maintenance) ont accru l’utilisation de gaz et de charbon pour produire notre électricité. Un scénario qui, a priori, ne devrait pas se reproduire. Même si la bataille pour le climat ne fait que commencer, la France est donc sur la bonne voie. Grâce à une prise de conscience collective, nos habitudes de vie sont en train de changer concrètement. Et le constat est d’autant plus prometteur que toutes les mesures possibles pour réduire les émissions de CO2 sont encore loin d’avoir été mises en œuvre : beaucoup d’entreprises n’en sont qu’aux balbutiements de leur stratégie bas carbone. Comme l’a rappelé le Giec le mois dernier (lire l’éditorial du 24 mars), nous disposons des outils nécessaires pour contenir le réchauffement dans les limites de 1,5 °C. S’ils étaient honnêtes, les écologistes devraient prendre acte de ces informations positives, en reconnaissant les efforts entrepris par les pouvoirs publics, le secteur privé

et les consommateurs. Mais on peut prendre le pari qu’ils n’en feront rien, car leur fonds de commerce politique est basé sur la peur, le catastrophisme, l’opposition systématique. Les Greenpeace et autre Oxfam, qui harcèlent l’État jusqu’à le faire condamner (avec la pitoyable coopération de nos juridictions administratives) pour « inaction climatique », ne sont pas près d’admettre que la France compte parmi les meilleurs élèves en matière de lutte contre le réchauffement. Ils risqueraient d’y perdre leur légitimité, et accessoirement leurs donateurs. Il est bien plus rentable pour ces associations, comme d’ailleurs pour Europe Écologie Les Verts, d’encourager « l’éco-anxiété » qui mine les jeunes générations. Ce comportement irresponsable des mouvements ­écologistes ayant pignon sur rue ne fait qu’encourager les militants extrémistes. On a vu, avec les violences inouïes autour des mégabassines de Sainte-Soline, jusqu’où étaient prêts à aller les radicaux. Ils sont passés graduellement des manifestations inoffensives aux sit-in pour bloquer la circulation, puis aux souillures de ­tableaux dans les musées, puis au sabotage d’infrastructures agricoles pour en arriver, la semaine derrière, aux attaques en règle contre les forces de l’ordre. Le gouvernement peut être d’autant plus intraitable avec eux qu’il n’a pas à rougir de son bilan.

Guillaume Roquette Directeur de la rédaction du Figaro Magazine [email protected] @G_Roquette

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9/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

N o u s

&

V o u s

contributeur

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Dans les arcanes secrets de la bibliothèque vaticane

e monde du Vatican, Jean-Marie Guénois, rédacteur en chef au Figaro, chargé des religions, le connaît comme sa poche pour le fréquenter assidûment depuis plus de trois décennies. Mais l’Église catholique, qui plonge loin dans l’Histoire ses racines et large sur le globe terrestre ses ramifications, réserve toujours des surprises, même aux observateurs les plus aguerris. Ainsi de la Bibliothèque apostolique vaticane, ce conservatoire mythique de la connaissance qui remonte à la Renaissance et qui a toujours été protégé

sans discontinuité par les papes depuis bientôt cinq siècles. S’il est ouvert avec précaution à des chercheurs de très haut niveau, dûment sélectionnés, venus du monde entier y consulter des manuscrits rarissimes, il l’est exceptionnellement aux médias. À l’occasion de la création du Fonds des amis de la Bibliothèque vaticane – une initiative de mécénat à l’échelon du continent européen –, Le Figaro Magazine a pu pénétrer dans le saint des saints… culturel de l’Église catholique. Après moult demandes d’autorisation. Un reportage unique.

ce que vous en dites

Vos réactions sur lefigaro.fr

Courrier

Michel Onfray, un philosophe en première ligne ● La vague nihiliste est là depuis déjà longtemps. Évidemment, ce constat a plus de poids lorsque c’est Michel Onfray qui la dénonce (lire son interview par Jean-René Van der Plaetsen dans nos éditions de la semaine dernière, NDLR). Rebelle 83700 ● « Il est paradoxal que des gens qui se prétendent progressistes et de gauche mettent toute leur ardeur à travailler à une nouvelle version du fascisme et qui, pour ce faire, traitent de fasciste quiconque résiste à leur projet totalitaire… » Excellent, monsieur Onfray ! C’est exactement ça.

Fanchon Le Doze

● Personnalité singulière, Michel Onfray brille dans ses analyses. Son concept de « tuilage » est intéressant. Et aussi le « puritano-californien », dont nous

subissons toujours le joug.

Bertrand Lyon 44 ans

● Il faut être « onfrayiste » et résister au quotidien contre toutes les bêtises du wokisme. Philippe ● Article brillant qui pousse le lecteur à une profonde réflexion. Werzin ● Michel Onfray est toujours intéressant à lire et à écouter. Restons optimistes. Un sursaut est toujours possible.

Huron 47005

● Merci à Michel Onfray pour cet entretien revigorant ! Dommage qu’il soit mis à l’index dans l’audiovisuel public. Shanker ● Très intéressant, mais quand nous délivrera-t-il enfin une pointe d’espérance ? Fauvette76 ● Maintenant, il faut se battre… et pas seulement avec des mots ! Anasthasie

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10/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

● J’admire Eugénie Bastié qui, dans ce climat woke, ose remettre les idées en place avec beaucoup de talent (lire son portrait par Madeleine Meteyer dans nos éditions de la semaine dernière, NDLR). Lion 69 ● Son simple bon sens, qu’elle sait exposer de façon brillante, force mon admiration. Club 13 ● Bravo à cette journaliste qui dit les choses. Un plaisir de l’écouter et de la voir sur CNews ! Anneton ● Le courage est souvent féminin…

Paul Toulet

● Les essayistes et journalistes comme elle sont devenus trop rares.

Thierry 1111

le figaro ; Francois Bouchon / Le Figaro ; Stefano Spaziani pour Le Figaro Magazine

La griffe Eugénie Bastié

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e Figaro vous propose son ­recueil de 100 mots fléchés auxquels vous êtes tant attac h é . Vo u s r e t r o u v e r e z ­n otamment parmi elles 20 grilles géantes qui vous garantiront des ­s emaines de réflexion et de plaisir autour de ce jeu de lettres et de mots. 6,90 €. En vente chez votre marchand de journaux et sur www.figarostore.fr

“le figaro hors-série”

“Ramsès II”

Dégustation

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“La France des mousquetaires”

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thos, Porthos et Aramis, flanqués du mythique d’Artagnan… Depuis 1844, c’est sous les couleurs inimitables des Trois Mousquetaires que la mémoire collective voit le XVIIe siècle. Le Figaro Histoire consacre un spectaculaire dossier à la mémoire de la France des mousquetaires. Les meilleurs spécialistes expliquent comment l’État moderne est né au cours de ces quatre décennies marquées par la Fronde et la guerre de Trente Ans en démêlant la réalité historique de la géniale fiction imaginée par Dumas. Ce numéro vous emmène également à Notre-Dame-dela-Garde, qui veille sur Marseille depuis des siècles, à l’occasion de la réouverture de son musée ; sur les traces du flamboyant condottiere italien Frédéric de Montefeltro, et mène aussi l’enquête sur la généalogie, une passion bien française stimulée par les troublantes promesses des tests ADN.

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12/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 un

xplorer les Alpes suisses dans le confort et le raffinement d’un train à la décoration inspirée du légendaire Orient-Express, c’est l’expérience que vous propose de vivre le Groupe Figaro. À bord du Glacier Pullman-Express, découvrez les splendeurs de la vallée de Conches et des gorges du Rhin. Entre pics montagneux, lacs glaciaires et parterres d’orchidées, visitez une Suisse sauvage. Tandis qu’à Lucerne, vous découvrirez les chefs-d’œuvre du Musée Collection Rosengart…

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Demain

E

P

articipez à notre prochain déjeuner-dégustation dédié à la célèbre maison de champagne Laurent-Perrier, organisé dans le salon Proust du restaurant Drouant. Vous aurez l’occasion de déguster cinq cuvées exceptionnelles en compagnie de Lucie Pereyre de Nonancourt, ambassadrice de la cuvée Grand Siècle, la plus prestigieuse de Laurent-Perrier, d’Arnaud Richard, directeur marketing et communication de la maison ainsi que des journalistes du Figaro Alicia Dorey et Vincent Jolly.

Le 21 avril au restaurant Drouant, 16-18, rue Gaillon, Paris 2e, 230 € (220 € pour les abonnés du Figaro). Nombre de places limité. Réservation sur www.figarostore.fr

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LES ALPES SUISSES, À bord du train des glaciers

Du 19 au 23 septembre. Circuit de 5 jours/4 nuits. Tarif premiers inscrits : 4 350 € par personne au lieu de 4 550 €, jusqu’au 19 mars, sur la base d’une chambre double à partager. Programme détaillé au 01.57.08.70.02 et sur www.lesvoyagesf.fr

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l’occasion de la spectaculaire exposition de la Grande Halle de la Villette, Le Figaro Hors-série réunit les plus grands égyptologues pour passer au crible de l’Histoire le mythe de Ramsès II, plus grand pharaon bâtisseur : quelles traces laissa-t-il dans la vallée du Nil ? La propagande royale fut-elle proche de la réalité ? Quelles furent ses femmes préférées, parmi 11 épouses royales et plus de 100 concubines ? Comment façonna-t-il les arts ? Que mangeait-on à la table de pharaon ? Pourquoi sa momie futelle accueillie solennellement par le président de la République française et restaurée à Paris ? Une passionnante aventure historique et archéologique.

les voyages F

Franco Suisse Bâtiment - RCS Nanterre B 380 216 473 - Document à caractère publicitaire - Illustration non contractuelle - Les informations sur les risques auxquels ce bien est exposé sont disponibles sur le site Géorisques : www.georisques.gouv.fr - 07-04-23.

La valeur patrimoniale

JOURNÉES P ORTES OUVERTES LES 14, 15 E T 16 AVRIL 2023 Au cœur d’un parc privé de 8 000 m2, Domaine Sully se distingue par son cadre de vie exceptionnel face au parc de Sceaux et une signature architecturale unique magnifiée par la pierre de taille. Lors de ces journées Portes Ouvertes, vous découvrirez nos appartements décorés et leur niveau de prestations qui font la différence Franco Suisse. Vous pourrez également visiter votre futur appartement et emménager dès la fin d’année 2023. APPARTEMENTS DÉCORÉS :

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- 3, av. Sully Prudhomme à Châtenay-Malabry

domainesully.fr

La prière des chrétiens d’Orient / al-Hamdaniya / Irak Un recueillement profond, dans un silence plus religieux que jamais en cette semaine de Pâques. Quelles pensées habitent cette chrétienne d’Irak, le 2 avril dernier, pendant la messe des Rameaux ? Sans doute en appelle-t-elle à la fin des persécutions et des exactions perpétrées par les islamistes contre sa communauté… Une minorité trois fois moins nombreuse qu’il y a une vingtaine d’années et menacée aujourd’hui de disparition. Sous les yeux bien impuissants de ses alliés occidentaux, malgré de salutaires initiatives de soutiens indéfectibles venus de France et d’ailleurs.

Khalid al-Mousily / Reuters

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14/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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15/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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16/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Fermes verticales / Chongqing / Chine Plusieurs qualités sont requises pour exercer la profession de cet employé chargé de la vérification de la croissance des plants de riz dans cette serre du futur. Parmi elles : disposer d’un bon coup d’œil et ne pas souffrir du vertige. Démonstration parfaite avec ce technicien qui paraît tout à fait à son affaire malgré l’apparente fragilité de la structure sur laquelle il a pris place. Ne pas se fier cependant aux apparences. Ce lieu impressionnant, qui permet de créer un environnement propice au développement des cultures hors saison, mérite le label « dernier cri ». La technologie a du bon.

Photo : Utuku / REA

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17/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

La course ou la vie / Kgalagadi / Afrique du Sud Saisis sur le vif ! Il faut bien du talent pour se trouver au bon endroit au bon moment. Ernest Porter, un guide de safari, a eu ce privilège-là en assistant à une course-poursuite étonnante entre une antilope et un guépard. « Je ne pouvais que rêver de voir une chasse aussi incroyable pendant mes vacances », a-t-il indiqué. On peut admirer le réflexe de survie de la proie qui tente, à la manière d’un cheval sur un hippodrome, d’échapper à ce redoutable obstacle. Même agilité chez le prédateur qui, lui, se détend à la façon d’un gardien de but. Impitoyable compétition…

Photo : Ernest Porter / Caters / Sipa

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18/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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19/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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La Chaîne de l’Espoir

E n t r é e s L i b r e s

20/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

en vue

Éric Cheysson

Un chirurgien surnommé l’Afghan Président de la Chaîne de l’Espoir qui a fondé un hôpital modèle à Kaboul, le chirurgien raconte dans un livre à la fois sa passion pour le pays, le désarroi ressenti au retour des talibans et son combat pour que l’établissement survive.

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n an et demi plus tard, il est encore sonné, désemparé, incrédule. Chirurgien, ­cofondateur de La Chaîne de l’Espoir, qui a bâti un ­hôpital modèle à Kaboul, Éric Cheysson, 72 ans, a vécu la chute de la capitale afghane et la victoire des talibans comme un drame. Historique des « French doctors », il fut l’un des premiers à porter assistance à la résistance afghane sous l’occupation soviétique. De ces mois ­passés dans l’Hindou Kouch, il a conservé une passion pour ce pays. Au point d’être surnommé « Éric l’Afghan » par le professeur Alain Deloche auquel il a succédé à la présidence de la Chaîne de l’Espoir. Achevé en 2005, soit quatre ans à peine après la déroute des talibans, l’Institut médical pour la mère et l’enfant de Kaboul était devenu un établissement de premier plan aux normes les plus exigeantes. En dix-huit ans, il a non seulement traité des milliers de patients mais a également formé médecins et personnels soignants. Un exemple : avant son ouverture, l’Afghanistan ne comptait que deux anesthésistes. « Depuis, nous en avions formé 11 autres, souligne Éric Cheysson. Dix d’entre eux ont fui le pays après le retour des talibans… » Dans un ­livre touchant, Afghanistan, la spirale infernale * (écrit avec le journaliste Michel Faure), il raconte l’aventure de la construction de cet hôpital que les ­Kaboulis appellent tout simplement « French Hospital ». Au fil des p ­ ages, on découvre les états d’âme que l’équipe a traversés, les difficultés qu’elle a surmontées, l’engagement des mécènes (notamment la Fondation

Aga Khan), la générosité des donateurs français grâce à une campagne lancée par la journaliste de TF1 Marine Jacquemin et la comédienne Muriel Robin. Ponctué de flash-back où Éric Cheysson narre ses différents séjours, l’ouvrage se termine sur les angoisses du présent : une spirale infernale. « Les talibans n’ont pas changé, déplore-t-il. Leurs ­promesses de société inclusive, de pluralité ethnique, de respect des femmes n’ont pas été tenues. » À chacune de ses visites à Kaboul – une fois par trimestre –, il ren­contre le ministre de la Santé, flanqué de quatre ou cinq talibans barbus et enturbannés. « Avec le ministre, qui est urologue, dit-il, je parviens à nouer un dialogue. Mais le plus souvent, nous sommes rappelés à l’ordre par ceux qui l’accompagnent, censés veiller aux principes théocratiques. » En décembre dernier, Éric Cheysson a éprouvé ses pires craintes. La veille de Noël, les talibans ont décrété que les femmes afghanes ne travailleraient plus pour les ONG au prétexte que, dans leurs locaux, elles ne ­portaient pas le voile selon les règles. « Pour nous, c’était un arrêt de mort, dit-il. Pas moins de 250 femmes ­travaillent à l’hôpital, dont des médecins et des infir­mières. En outre, dans certains domaines, les patientes ne sont traitées que par du personnel féminin. » Éric ­Cheysson et l’équipe locale se sont battus pour échapper à l’interdiction. « Elle a été levée, soupire-t-il, mais de manière orale, donc révocable. » L’autre crainte d’Éric Cheysson tient au financement. Frappé de sanctions, l’Afghanistan ne peut plus recevoir d’argent par les circuits bancaires. La Chaîne de l’Espoir doit donc passer par le système traditionnel de l’hawala pour acheminer l’argent vers son hôpital. « Nous ­transférons ainsi plusieurs millions d’euros, explique-t-il. Des montants inhabituels dans ces circuits. » Le chirurgien redoute l’été prochain. « D’ici juin ou juillet, ­prédit-il, nous aurons des problèmes financiers combinés à un manque cruel de stocks. » Car pour Éric l’Afghan, la spirale infernale ce sont aussi les sanctions et les avoirs gelés qui frappent le pays : « C’est une folie de bloquer les fonds. Les seules v­ ictimes sont les Afghans, privés de ­salaires, de soins et de nourriture. » Face aux périls, Éric Cheysson garde espoir, mais la Jean-Marc Gonin chaîne devient fragile. * Robert Laffont, 300 p., 21 €.

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21/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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L i b r e s



les indiscrétions de carl meeus

C’est une victoire à la Pyrrhus. – C’est la victoire de la gauche du futur omme dirait Édouard Philippe, « la poutre travaille encore ». L’ancien premier ministre évoquait les tiraillements à droite après l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Plus de cinq ans après, LR et le PS n’en finissent pas de se déchirer. Depuis dimanche, c’est au Parti socialiste que les divisions sont les plus éclatantes, Olivier au soir de l’élection d’une canFaure. didate socialiste à la législative partielle en Ariège. Pour le premier secrétaire, Olivier Faure, c’est « une victoire à la Pyrrhus » car Martine Froger a été élue « avec le soutien de toutes les droites ». À l’inverse, pour le premier secrétaire délégué, Nicolas Mayer-Rossignol, « c’est la victoire de la gauche du futur, du sérieux face à l’outrance ». On imagine l’ambiance dans les réunions de direction du PS ! Plus unanimes, les dirigeants de La France insoumise ont rapidement fait part de leur fureur. La défaite de leur candidate, Bénédicte Taurine, députée LFI sortante, met à mal leur stratégie. Non seulement ils

n’aiment pas reconnaître les défaites, mais la pilule est encore plus difficile à avaler quand c’est une autre gauche qui y contribue. « Voilà à quoi servent les “dissidents du PS”. R e f u ge d u vo t e L e Pe n e t ­M acron au second tour pour battre l’opposition à la retraite à 64 ans », fustige Jean-Luc M é l e n c h o n s u r Tw i t t e r, ­rejoint par Manuel Bompard : Nicolas « En Ariège, l’alliance opporMayertuniste des fossoyeurs de la Rossignol. gauche, des macronistes, de la droite et de l’extrême droite aura permis d’évincer une ­députée du peuple à l’Assemblée nationale. » Ils étaient moins exigeants lors du vote de la motion de censure déposée par le centriste Charles de Courson – et votée par certains élus des Républicains, ainsi que par les députés du Rassemblement national. Pour faire tomber le gouvernement, toutes les voix comptaient à ce moment-là. Comme en 2022 quand Adrien Quatennens, dans l’entre-deux-tours du scrutin législatif, appelait les électeurs du RN à voter pour la Nupes en expliquant que « les électeurs n’appartiennent pas aux partis politiques ».

Il est urgent de prendre son temps



On est dans un entre-deux

Arnaud Péricard

Un député Renaissance

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uand tout le monde s’inquiète, s’interroge, voire s’affole, il est bon de pouvoir compter sur quelqu’un qui sait garder son calme. Parmi les messages que le maire Horizons de Saint-Germain-en-Laye a envoyés à Emmanuel Macron, celui écrit au lendemain du rejet de la motion de censure montre qu’Arnaud Péricard est de cette trempe. « Il est urgent de prendre son temps », a-t-il recommandé, partant du principe qu’il n’existait pas de réponse juridique, politique et institutionnelle à la période actuelle. « Il faut faire le dos rond et resserrer le gouvernement. » Et surtout, pour cet ancien LR, « Emmanuel Macron doit retourner sur le terrain ». Seule manière de maintenir un lien avec les Français et montrer qu’il est aux manettes. Surtout s’il allège le programme législatif et décide de conserver sa première ministre.

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epuis le pic de tensions à l’Assemblée nationale quand Élisabeth Borne a actionné l’article 49-3 pour faire passer son texte sur les retraites, le climat s’est nettement apaisé. Un député Renaissance le confirme : « On est dans un entre-deux. » La question est de savoir de quelle borne il parle pour clore cet « entredeux » ? La décision du Conseil constitutionnel du 14 avril sur le projet de loi ou celle du Président de changer de premier ministre ? « Emmanuel Macron s’est laissé du temps pour voir ce qui monte et ce qu’on lui propose comme alternative », explique cet élu qui juge « probable » un changement de locataire de Matignon. Même s’il doute de la faisabilité d’un accord de gouvernement avec les Républicains. Si 40 n’ont pas voté la motion de censure, seuls entre 10 et 15 seraient prêts à franchir le Rubicon. Pas assez pour avoir une majorité absolue.

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22/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 Demain



STEFANO RELLANDINI/AFP ; François BOUCHON/Le Figaro

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Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol

E n t r é e s

L i b r e s

Les clés pour comprendre

guerre d’irak : à qui profite le chaos ? Le 9 avril 2003, les États-Unis s’emparaient de Bagdad, obligeant Saddam Hussein à fuir la capitale irakienne... dont ils se retirèrent eux-mêmes piteusement en 2011. Vingt ans après, le pays est aux mains des milices chiites ou sunnites, et sert de base arrière à Daech. Par Jean-Louis Tremblais

1

SIPA

un échec militaire et un fiasco politique

Au commencement étaient le mépris et l’hubris. Le mépris des néoconservateurs américains pour les Nations unies. L’hubris d’un George W. Bush qui se voyait en archange rédempteur. Niant le droit international et sous un prétexte douteux (la détention d’ « armes de destruction massive » par Saddam Hussein), l’armée américaine a envahi l’Irak le 20 mars 2003 et Bagdad tombait le 9 avril suivant. Au K.-O. a vite succédé le chaos. Une résistance imprévue s’est organisée autour des excadres baassistes et des militants islamistes. D’embuscades en attentats, de bavures en bévues, l’US Army a montré ses limites, jusqu’à se retirer complètement en 2011. Bilan : au moins 235 000 morts chez les civils irakiens, 5 millions de déplacés, 4 millions de réfugiés, 4 500 GI tués et plus de 30 000 blessés. Le coût de ce fiasco : 1 922 milliards de dollars. L’armée et la police irakiennes, dissoutes dès les premières semaines de l’occupation, ont été remplacées par des milices se regroupant sur des bases confessionnelles (ce que le régime laïc de Saddam Hussein avait réussi à éviter). Quant à l’État, il est miné par la gabegie et la corruption, dépendant des factions et de leurs humeurs.

2

comment l’oncle sam a engendré daech

Il n’est pas exagéré de dire que Daech (l’ « État islamique ») est l’enfant monstrueux de l’Oncle Sam et d’alQaida. Une créature à la Frankenstein, incontrôlable et incontrôlée. En démantelant un État où la laïcité était imposée, Washington a réveillé et attisé la question religieuse. En effet, se jugeant menacés dans un pays à majorité chiite (et abritant deux lieux saints du chiisme : Nadjaf et Kerbala), les sunnites ont succombé aux sirènes du djihadisme et à la guerre sainte contre l’Amérique. C’est dans les prisons américaines de Bucca et d’Abou Ghraib qu’est né Daech. Des geôles où l’armée des États-Unis pratiquait la torture sur des « suspects » arrêtés au hasard et non jugés (70 % des 50 000 prisonniers d’Abou Ghraib y ont été détenus de façon arbitraire). Le meilleur moyen de se fabriquer des ennemis de père en fils. Si Daech a vite surpassé al-Qaida dans l’horreur, c’est parce que l’organisation a vu le jour dans ce pandémonium qu’était l’Irak du proconsulat américain. Non seulement, l’État islamique a fait de l’Irak son QG, mais il s’est propagé dans toute la région (Syrie et Afghanistan) et même au-delà (Libye et Sahel). Sans oublier les attentats commis en France et dans le reste de l’Europe…

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23/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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la revanche des chiites et de l’Iran

On ne peut pas reprocher une forme de « cohérence dans l’incohérence » de la politique extérieure des États-Unis ! En Afghanistan, la CIA a armé, encadré, entraîné et financé Oussama Ben Laden et ses moudjahidine afin qu’ils boutent les Soviétiques hors du pays. Ce qui fut fait en 1989. Sept ans plus tard, les talibans prenaient le pouvoir à Kaboul et l’Afghanistan devenait un sanctuaire pour al-Qaida : on connaît la suite, à savoir les attentats du 11 septembre 2001 et l’invasion américaine (qui s’est aussi soldée par un retrait et le retour des talibans aux affaires !). De la même manière, en éliminant Saddam Hussein, Washington a débarrassé l’Iran de son pire ennemi et a fait de l’Irak un satellite de Téhéran. De 1980 à 1988, le dictateur irakien avait mené une guerre sans merci à la République islamique. Sa disparition a naturellement favorisé l’émergence des milices chiites, plus ou moins manipulées par les pasdarans iraniens. Ces milices combattantes ont imposé leurs hommes dans les hautes sphères d’un État, certes déliquescent, mais toujours à même de distribuer des prébendes à ses obligés. De la part d’un George W. Bush qui plaçait Téhéran au sommet de l’ « axe du Mal », c’est là encore un tour de force qu’il convient de saluer…

R e E s S E EnNtTrR éÉ eE sS LL iI bB r

MISE À JOUR

MAUX CROISÉS Les Bretons sont-ils en meilleure santé que les Nordistes ? L’enquête Vie quotidienne et santé apporte quelques éléments de réponse. Décryptage de ces données chez les seniors (plus de 60 ans). Par Dario Ingiusto et Nicolas Mondon

17 %

en Seine-

Lille

dans Pour les géographes Stéphane Rican et Zoé Vaillant, Saint-Denis les Yvelines maîtres de conférences à l'université Paris-Nanterre, HAUTScette carte confirme partiellement les données locales DE-FRANCE d’espérance de vie. Notamment dans le nord du pays, Rouen l’Outre-Mer ou la Seine-Saint-Denis. Guadeloupe Pour ces territoires, « le passé NORMANDIE Paris industriel, les difficultés d’accès GRAND EST ÎLE-DEà l’emploi passées et présentes, Strasbourg FRANCE la précarité et les vulnérabilités BRETAGNE Rennes Martinique sociales, économiques participent Orléans PAYS DE de ces difficultés ». Dans certaines LA LOIRE CENTRErégions, on observe cependant une Dijon VAL DE Nantes divergence entre espérance de vie Guyane LOIRE BOURGOGNEet état de santé ressenti. Un résultat FRANCHE-COMTE qui peut s’expliquer par « la manière dont le rapport à la santé et la maladie se construit localement ». Part des personnes de plus de 60 ans… … se déclarant en mauvais état de santé (en %) 8

10 12,5 15

17 26

Reposant sur un diagnostic, les réponses concernant les maladies chroniques offrent un panorama plus objectif sur ces différentes pathologies (diabètes, maladies cardio-vasculaires, cancers…). Pour les deux chercheurs, « cette carte renvoie entre autres aux manières de manger, de boire, de se soigner, qui restent profondément marquées par des ancrages régionaux ». … ayant une maladie chronique (en %)

60

57,4 %

en Moselle

50 45

41 %

AUVERGNERHÔNE-ALPES

Mayotte

Bordeaux

2 MALADIES CHRONIQUES

55

La Réunion

Lyon

NOUVELLEAQUITAINE

dans le Maineet-Loire

OCCITANIE

PROVENCE-ALPESCÔTE D'AZUR

Toulouse

Marseille 100 km

CORSE Ajaccio

3 SÉJOUR DANS UN SERVICE PSYCHIATRIQUE

1,7 %

dans les HautesAlpes

La carte des seniors hospitalisés au sein d’un service psychiatrique au cours des dix dernières années donne une vision relativement éloignée des deux précédentes cartes. Cela s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs, comme « l’équipement en matière d’établissements médico-sociaux » et « l’accompagnement des détresses psychosociales » qui peuvent fortement varier selon les régions.

6,5 %

dans les Hautes-Pyrénées … hospitalisées dans un 2 3 4 service psychiatrique au cours des dix dernières années (en %)

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24/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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INFOGRAPHIE LE FIGARO

8,1 %

SOURCE : DREES (DIRECTION DE LA RECHERCHE, DES ÉTUDES, DE L'ÉVALUATION ET DES STATISTIQUES) - MINISTÈRE DE LA SANTÉ.

1 ÉTAT DE SANTÉ RESSENTI

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Initiative

Les métiers d’art à l’honneur Chaque année, le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main récompense le savoir-faire et l’innovation français.

1999

date de création du prix

123

personnalités récompensées

50 000 € de dotation

U

n sculpteur verrier, une dinandière, un plumassier, une relieuse… Depuis 1999, le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main a récompensé 123 personnalités se distinguant dans les métiers d’art (Leslaureats-intelligencedelamain.com). Ce concours ouvert aux professionnels vise à faire rayonner les savoir-faire français, encourager les collaborations interdisciplinaires, créer des ponts avec les acteurs de la recherche et renforcer les liens avec les marchés. Il délivre trois prix comprenant une dotation de 50 000 euros, un accompagnement de projet pouvant atteindre 150 000 euros et une mise en avant fondamentale pour renforcer la visibilité. L’appel à candidatures pour la session 2023 vient de se terminer et le jury a maintenant jusqu’au 3 octobre pour désigner les lauréats. Parmi les gagnants des précédentes éditions, on citera Anaïs Jarnoux et Samuel Tomatis (photo) qui présentaient un sac composé à 100 % d’algues au lieu des traditionnelles peaux animales ou encore Mona Oren, ­Jérôme Malbrel et Lionel Bourcelot qui ont uni leurs compétences pour inventer le haut-parleur du XXIe siècle. Cette ­année, c’est Laurence des Cars, présidente-directrice du ­Musée du Louvre, qui remplace Jean de Loisy à la présidence du jury. Nul doute que son expertise et son influence dans le domaine des arts sauront dynamiser cette initiative fondamentale pour le rayonnement de notre pays. Pascal Grandmaison

Objet

Le jardinage responsable pour les nuls Regorgeant de centaines de tutoriels, l’application mobile Dr. Jonquille & Mr. Ail prône des alternatives naturelles pour cultiver durable.

Ambroise Tézenas/SDP

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’est le printemps ! C’est donc le moment idéal pour s’occuper de son jardin et planter les premières graines. Pas facile à faire lorsque l’on n’y connaît rien. Pour répondre aux néophytes mais aussi aux amateurs avertis, l’application mobile Dr. Jonquille & Mr. Ail (gratuite pour iOS et Android) propose de nous initier au jardinage et de nous révéler les pratiques responsables. Plus de 100 espèces sont traitées, dont des milliers de variétés, à travers des centaines de tutoriels dédiés à chaque plante. Il suffit de répondre à quatre questions pour que l’application révèle à l’utilisateur les variétés qui peuvent pousser chez lui, à l’endroit précis où il compte mettre ses plantes. Elle le guide alors pas à pas dans la réalisation de ses tâches, en lui

proposant notamment des alternatives naturelles aux engrais chimiques néfastes pour la santé et l’environnement. Il est également possible de créer un compte personnel afin de suivre l’évolution du jardin au cours des mois et des années, photos à l’appui, et d’ajuster ses pratiques pour optimiser la production. On peut y répertorier le nombre d’espèces pota-

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25/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

gères, de plantes aromatiques ou de fleurs mais aussi les maladies ou la présence d’insectes ravageurs. Cent mille férus de jardinage l’utilisent déjà en France. En parallèle, le site Djma.fr regroupe un large choix de semences potagères, aromatiques et florales, toutes reproductibles et certifiées bio, ainsi que des kits et des P. G. outils de jardinage.

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Un homme, une voix

Stéphane Denis Romancier du pouvoir

les rendez-vous de J-R van der plaetsen

L’écrivain met en scène un président qui ressemble fort à l’actuel dans son nouveau roman. L’ancien monde y est décrit avec tendresse et nostalgie, à la manière d’un paradis perdu.

R

omancier, essayiste, chroniqueur : en quarante années de journalisme et quelque 45 livres publiés, Stéphane Denis a pu déployer toute la richesse de sa palette de peintre des caractères. On attend désormais de ce Bernard Frank de droite, ancien du Quotidien de Paris, de Paris Match et du Figaro, qu’il ­rédige ses Mémoires. Il dispose de tous les atouts pour cela : avoir vécu une époque où la connaissance de l’Histoire dictait les comportements de ceux qui l’écrivaient, pouvoir se prévaloir de la fréquentation des puissants comme des humbles, ­posséder le sens de la narration et le goût de la description des person­nages, à la façon de Balzac plutôt que de La Bruyère. En attendant, Stéphane Denis poursuit son œuvre romanesque. Après les grandes fresques du milieu de sa vie, dont Histoire de France, roman en trois tomes des débuts de la ­Ve République, depuis ses origines jusqu’à Giscard, ce romancier

A

nne Hidalgo a donc organisé un grand « référendum local » pour que les Parisiens disent une bonne fois pour toutes s’ils veulent continuer à avoir des trottinettes en libre-service dans les rues de la capitale. La maire en avait assez, les habitants ont voté à 90 % contre. C’est la première fois qu’elle obtient un aussi bon score, et qu’importe si ce résultat est contre un projet qu’elle a mis en place : tout est bon pour se réjouir par les temps qui courent, place de l’Hôtel de Ville. Ce serait intéressant

“Les réseaux sociaux ont remplacé les âmes et les chirurgiens ne sont plus les héros d’autrefois” Le diable bat sa femme, de Stéphane Denis, Grasset, 160 p., 17 €.

les dieux de la com d’organiser un référendum local pour savoir si les Parisiens aimeraient que les voies sur berges et la rue de Rivoli puissent à nouveau être empruntées par les voitures, sans parler de son projet de quartiers entiers interdits à la circulation « thermique ». Le résultat pourrait être tout aussi étonnant. Pendant ce temps, le gouvernement a décidé de relancer la presse écrite : Emmanuel Macron dans Pif, Olivier Dussopt dans Têtu, Marlène Schiappa (photo) dans Playboy, ce qui a irrité au plus haut point Élisabeth

Borne – ce n’est pas le genre de la maison. On attend la suite : Bruno Le Maire dans Rustica, Éric Dupond-Moretti dans Cuisine et Vins de France, Gabriel Attal dans Création point de croix, Catherine Colonna dans Coloriages antistress. À l’Élysée, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Il y en a une que cette communication près du peuple ne risque pas de calmer, c’est

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26/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

l’actrice Adèle Haenel, toujours furibonde (« vénère », diraient les jeunes), qui est allée soutenir une grève dans une raffinerie en Normandie. Elle s’y est probablement rendue en trottinette.

JF Paga, Playboy

Nous vivons une époque formidable, par Nicolas Ungemuth

La phrase du livre à retenir (p. 25)

­ arisien vivant en province revient à p la matière qui forme le cœur de son inspiration : la politique. À Paris, où tout se joue, se fait et se défait, dans un huis clos étouffant car le réchauffement climatique est en marche, un président de la République que tout le monde surnomme Jupiter voit son passé lui revenir en pleine face tel un boomerang. Qui veut faire chanter Jupiter, et pourquoi ? À partir de cette trame, l’auteur tisse u n e i n t r i g u e q u i r e nv o i e a u x ­années 1970 et 1980. « C’étaient les années de la douceur de vivre », dit-il, ajoutant : « On était bien plus libres qu’aujourd’hui mais on faisait bon usage de cette liberté. » De fait, Le diable bat sa femme décrit l’époque bénie qui a précédé l’ère du soupçon généralisé. C’est un plaidoyer plein de ­m élancolie pour le principe de la bande d’amis, avec les histoires d’amour et les ruptures d’amitié qui vont avec. C’est aussi un bel hommage rendu à la grâce de femmes qui n’avaient pas besoin du féminisme pour dompter et mener les hommes.

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JEAN LUC BERTINI pour le Figaro Magazine

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28/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Patrick Buisson

“La société occidentale se suicide en dansant”

Après « La Fin d’un monde », l’intellectuel réactionnaire poursuit son exploration critique de la modernité occidentale. Dans « Décadanse », il s’attaque à la libération des mœurs des années 1970. Celle-ci, par la remise en causede siècles de morale chrétienne a abouti, selon lui, au triomphe d’une société individualiste et marchande. « Le Figaro Magazine » publie en exclusivité de larges extraits de cette œuvre aussi puissante que dérangeante.

“L

’effort théorique du féminisme radical pour faire apparaître toutes les femmes comme partie prenante d’une seule et même classe universellement exploitée dans le cadre de la famille patriarcale se heurte, néanmoins, à l’infinie diversité des situations et à la difficulté de discerner entre exploitation et domination. De façon presque unanime, la tradition socialiste, à l’image d’un Paul Lafargue, s’était toujours attachée à réfuter l’idée d’une exploitation des bourgeoises par leur mari. Oisive et « parasite », selon le qualificatif d’Engels, la femme bourgeoise était considérée comme une sorte de « prostituée » d’un genre spécial dont la particularité était de partager une vie de couple où l’exploité n’était plus la femme mais son conjoint. Se démarquant de l’analyse marxiste, les premières militantes féministes, toutes issues de la bourgeoisie et même parfois de la grande bourgeoisie, ne pouvaient épouser un tel point de vue. Renvoyer les femmes à leur classe revenait à nier leur oppression en tant que sexe. De n’être pas une « femme bonniche » ne devait pas priver pour autant la « femme potiche », toute privilégiée qu’elle fût sur le plan financier, du statut de victime auquel la condamnait un oppresseur commun. Pour n’être pas soumise à une exploitation d’ordre économique, elle n’en subissait pas moins cette autre forme d’aliénation qu’était la domination du pouvoir mâle. Le regard que portent les féministes sur la femme du peuple est encore plus ambigu. Forteresse de la mère au foyer, la famille ouvrière est un isolat réfractaire. Difficile de mettre en cause l’impérialisme masculin quand une tradition solidement établie, depuis la fin du XIXe, veut que l’homme remette intégralement sa paie à la femme, instituant par là même une sorte de « matriarcat budgétaire » qui perdure bien au-delà des années 1960. Nul n’est plus opposé au travail salarié de la femme que les ouvriers qui ont vu leur mère trimer comme un forçat et le plus souvent mourir à la tâche.

Un tel point de vue constitue l’angle mort d’une pensée féministe fortement marquée par ses origines sociales. Le choc de ces deux mondes donne parfois lieu à des scènes cocasses comme celle que rapporte l’actrice Bernadette Lafont après avoir assisté avec Marie-Jeanne, une amie taxi, à une réunion du MLF dans un appartement grand standing de La Muette : « Marie-Sophie pérorait depuis un bon quart d’heure en revendiquant le droit au travail pour toutes les femmes. Marie-Jeanne qui, jusque-là, se contentait de lutter contre le sommeil se leva d’un bond : “Qu’est-ce que tu connais à tout ça, toi qui es née le cul dans la dentelle ? Crois-tu que ma mère, ma grand-mère, mes tantes se sont battues pour bosser en usine ? À la place d’un boulot aussi con, elles auraient sûrement préféré rester à la maison si elles avaient eu les moyens. » Aux origines du basculement démographique

Bien que le mot n’ait pas encore été inventé, l’un des faits les plus marquants du débat parlementaire sur la loi Veil est incontestablement l’apparition, à la faveur de l’intervention de nombreux députés du groupe gaulliste, d’un discours préfigurant la thèse de Renaud Camus sur « le grand remplacement ». Fil rouge de ces orateurs qui évoquent les uns après les autres les retombées à moyen terme de la loi, la question d’un transfert de la fécondité de la population autochtone vers les populations immigrées résonne comme l’écho à peine assourdi de la sombre fiction de l’écrivain Jean Raspail qui, dans Le Camp des saints – l’un des best-sellers de l’année 1973 –, décrit comme d’une imminente actualité la submersion non pacifique de la France par une flotte de bateaux chargés de migrants originaires du tiers-monde. Le premier lanceur d’alerte n’est cependant ni un romancier ni un politique mais l’économiste, sociologue et démographe Alfred Sauvy. Ancien conseiller du gouvernement de Pierre Mendès France, collaborateur régulier de L’Express, titulaire de la chaire de démographie sociale au Collège de France, il jouit d’une autorité dont le périmètre inclut, chose u rare, aussi bien les milieux intellectuels que le premier cercle ____

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29/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

E s p r i t s

L i b r e s

“La décadanse, c’est se réjouir de la catastrophe qui entraîne le troupeau à l’abattoir en lui faisant croire qu’il s’agit d’une fête” du pouvoir. Ce n’est donc ni un boutefeu ni un extrémiste qui, auditionné en qualité d’ancien directeur de l’Ined, adresse au groupe parlementaire chargé de travailler sur le projet Taittinger (projet de loi à l’Assemblée tendant à libéraliser l’avortement dans certains cas ; projet qui n’aboutira pas, NDLR) à l’automne 1973 une solennelle mise en garde : « Ce serait une grosse faute de la part d’un pays, que ce soit l’Allemagne, la France ou un autre, de compter indéfiniment sur les enfants des pays pauvres pour combler les lacunes parce qu’il aurait préféré ne pas élever d’enfants lui-même. Le pays qui recourrait systématiquement à ce moyen risquerait non seulement une révolte possible de ces mercenaires en situation inférieure mais probablement une sorte de décomposition par perte du sens de la vie. » Aussi abrupt, aussi incisif est l’avertissement de Michel Debré lors du débat sur la loi Veil, le 27 novembre 1974. À cela près que l’ancien premier ministre a choisi le terrain de la géopolitique pour remuer les consciences : « Examinez la démographie du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord : la croissance en est considérable, pour des raisons de mœurs sans doute, mais aussi par la volonté gouvernementale de plusieurs États arabes. Quand le déséquilibre sera trop grand, la paix sera menacée. Ce n’est donc pas le mouvement de l’Histoire qui emporte depuis quelques années les nations d’Europe occidentale, mais une monumentale erreur historique. Nous acceptons le risque de diminuer, nous acceptons le risque de vieillir alors que d’autres, à nos portes, croissent et rajeunissent. » Consubstantielle à l’histoire du nationalisme français, cette crainte d’une déferlante étrangère recouvrant la nation, sa culture et ses mœurs, c’était déjà celle qu’exprimait de Gaulle en mars 1959 face aux tenants de l’Algérie française : « Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises mais Colombey-les-Deux-Mosquées ! » libéralisation du divorce et féminisation de la pauvreté

Avec la loi du 11 juillet 1975, un choix délibéré a été fait en faveur de la liberté individuelle contre la stabilité de la cellule familiale sans que personne ou presque ne se soit risqué à s’interroger sur l’impact que pourrait avoir la nouvelle loi comme facteur d’aggravation des inégalités sociales ni sur les mécanismes qui, en diffusant la procédure du divorce dans les catégories populaires, en y répandant un divorce de masse jusque-là inconnu, seraient susceptibles de faire basculer un grand nombre de mères et d’enfants dans la pauvreté et la marginalisation sociale. L’horizon du législateur semble s’être limité à l’univers culturel des classes favorisées et des classes moyennes ascendantes dont le cinéma de la « nouvelle vague » et de François Truffaut exprimait les préoccupations existentielles. Pour ce monde du

« je » autonome de la nouvelle bourgeoisie, aux mœurs si opposées au « nous » fusionnel des ménages ouvriers, le changement, dans le respect d’autrui et la responsabilité partagée, est toujours, a priori, bénéfique. Comme le souligne la sociologue Irène Théry, « le thème de la “seconde chance”, de la “session de rattrapage”, de la vie qui commence à 30, 40, 50 ans n’a jamais été aussi présent dans les œuvres de fiction ». Jamais non plus la parabole enchantée des éternels recommencements n’aura semé autant de bon grain dans la tête des lectrices de la presse féminine. Tout se passe, comme si les politiques publiques avaient voulu ignorer que le processus d’individualisation, dont le divorce de masse constituait, en quelque sorte, le fleuron, ne s’effectuerait pas aux mêmes coûts selon que l’on appartiendrait aux classes supérieures ou aux catégories populaires. Et il faudra quelques années avant qu’on ne s’aperçoive que les bienfaits et les contrecoups délétères de cette nouvelle « avancée sociétale » auront été très inégalement répartis en fonction des milieux d’origine. Aux femmes diplômées et issues des classes favorisées, les gains en termes de liberté, de carrière et de position sociale. Aux femmes du peuple, le poids de nouvelles contraintes, la précarité économique et, dans la plupart des cas, un inexorable mécanisme d’appauvrissement aux effets cumulatifs. Car, le divorce, en bas de l’échelle sociale, joue le rôle d’une bombe à fragmentation et n’épargne aucun des aspects de la vie familiale, qu’il s’agisse du logement, de l’alimentation, des loisirs ou de l’accès aux soins. Une dynamique dévastatrice se met d’autant plus vite en action que, depuis 1973, la forte progression du chômage affecte en priorité les emplois les moins qualifiés et fragilise un peu plus les familles éclatées. Hier avait achoppé sur des exigences de bonheur. Demain ne sera plus réglé que sur des impératifs de survie. En France comme dans d’autres pays d’Europe, la libéralisation du divorce est à l’origine de la féminisation de la pauvreté. Partout ce sont les femmes des catégories populaires qui paient le prix fort de la séparation et de la remise en cause de la fonction protectrice de l’institution matrimoniale. Même si la plupart d’entre elles préfèrent vivre avec moins et mieux sans leur mari, peu ont imaginé, lors de la rupture, les conséquences en chaîne de la dégradation de leur situation matérielle et la profonde altération de leur mode de vie qui allait s’ensuivre. Beaucoup apprennent à leurs dépens que le divorce est un luxe de nantis dont on leur avait soigneusement caché les effets en chaîne. Le prophète Serge Gainsbourg

Au terme de ce voyage au cœur des Trente Glorieuses, il m’a semblé, finalement, que c’était Serge Gainsbourg qui, en forgeant le mot de « décadanse », avait eu l’intuition géniale de ce que les Français étaient en train de vivre et dont il était lui-même le symbole mal rasé, provocant et tapageur. Lancée au cours d’une démonstration au club Saint-Hilaire en janvier 1972, la décadanse inventée par « Gainsbarre », l’alter ego maléfique du chanteur, était une nouvelle façon de danser le slow, un « slow inversé » où la femme tournait le

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Demain

30/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

presse ; JEAN LUC BERTINI pour le Figaro Magazine

Patrick Buisson

E s p r i t s

L i b r e s

Le temps de réflexion

dos à son partenaire étroitement plaqué contre son corps ; une sorte de pantomime sodomite et exhibitionniste : « Dieu / Pardonnez nos offenses / La décadanse / A bercé / Nos corps blasés / Et nos âmes égarées. » En dernière analyse, il n’y a pas trouvaille plus percutante pour décrire ce qui est advenu collectivement à la génération des « boomers ». La décadanse, c’est la décadence entendue non comme un événement déplorable mais, au contraire, comme la jouissance ultime que l’on célèbre ; quelque chose d’absurde et de suicidaire à l’image de ce que la médecine légale appelle « asphyxiophilie », cette pratique qui consiste à étrangler son partenaire ou soimême pour provoquer l’orgasme. La décadanse, c’est se réjouir de la catastrophe qui entraîne le troupeau à l’abattoir en lui faisant croire qu’il s’agit d’une fête, c’est aller à la mort en dansant dans ce climat de nihilisme festif et exubérant qui est la marque de notre époque. La décadanse ce n’est, somme toute, que la parodie de la décadence, l’ultime signal du passage d’un monde du sacré habité par les symboles à un monde profane livré à la contrefaçon ou plus encore à la singerie si l’on veut y voir une intention maligne. Un monde s’achève, un autre s’apprête à naître. Quels en seront les contours ? Quels en seront les protagonistes ? L’homme connecté, numérisé, surveillé, « augmenté » par la technique, l’homme du transhumanisme ? Un néomatriarcat « Décadanse », gouverné par les grandes prêtresses exorde Patrick cistes de l’androcène ? L’indistinction géBuisson, néralisée des adeptes de la transidentité ? Albin Michel, La dictature des petits Khmers verts et des 528 p., 24,90 €. furieux hallucinés de l’antispécisme ? La chambre froide de l’empire utilitaro-sanitaire où l’on pourra « mourir dans la dignité » quand on ne sera plus jugé digne de vivre ou que l’on aura l’indécence de ne pas mourir assez vite pour épargner les fonds publics ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’on ne sait rien si ce n’est que l’improbable est certain. Tout ce que l’on peut avancer, c’est que rien de ce qu’on nous promet ou qu’on nous annonce et dont on voit les prémices n’a de l’avenir. Les sacrés de substitution, les sacrés de contrefaçon passeront comme sont passées bien des impostures au cours de l’Histoire tant il est vrai, comme l’écrivait George Bernard Shaw, qu’« il est plus facile de bâtir un temple que d’y faire descendre un dieu ». Le grand récit du progressisme, qui prétendait réenchanter le monde, s’est révélé incapable de répondre à ces besoins universels et intemporels que sont les demandes de sacré, de grandeur et de symbolique. « Une société, une civilisation, nous a avertis l’historien René Grousset, ne se détruisent de leurs propres mains que quand elles ont cessé de comprendre leurs raisons d’être, quand l’idée dominante autour de laquelle elles étaient naguère organisées leur est devenue comme étrangère. » Nous y sommes.

I

l y a dix ans, l’élection du pape François faisait trembler la curie et les banquiers du Vatican. Une fois placé sur le trône de Saint-Pierre, le jésuite argentin n’a eu de cesse de vouloir assainir ce qui ressemble à un vaste réseau de détournements de fonds, de malversations et de trafics d’influence. « Le choix de s’installer à la résidence Sainte-Marthe, un genre de motel version romaine, n’est pas innocent [pour le pape]. C’est d’abord une façon d’annoncer son renoncement au luxe et à tous les artifices du pouvoir », écrit l’auteur de cette enquête fouillée sur les finances du Vatican. La thèse du livre de François de Labarre consiste à montrer combien les mauvaises habitudes, prises au temps de la guerre froide pour aider les syndicats du bloc de l’Est à lutter contre les communistes, ont perduré et mué en un monstre de cupidité. Certains prélats en prennent pour leur grade : le cardinal Bertone et son équipe de la secrétairerie d’État ont longtemps gardé des réflexes opaques, occasionnant des investissements vaseux ou ruineux, jusqu’à ce que le pape actuel les éloigne du tiroir-caisse. On apprend au fil des chapitres – construits comme les épisodes d’un thriller – qu’en 2018, le patrimoine de la secrétairerie d’État se serait élevé à 928 millions d’euros, « dont 750 millions sur des comptes à l’étranger et en particulier dans des banques suisses ». Des chiffres démentis depuis… à qui profite la confusion ? Un parfum d’intrigues flotte là, tandis qu’autour, les normes européennes se durcissent pour rendre la finance transparente. Le pape François est de son temps lorsqu’il lance deux grandes commissions de réflexion. L’une concerne la banque du Vatican, l’autre la réforme de la gouvernance, qui délivre ses conclusions dès 2014. Les « affaires » et les scandales retentissent, licenciements et perquisitions, convocations judiciaires et condamnations se multiplient. À marche forcée, la banque du Vatican assainit ses comptes, renonçant au secret bancaire. On sort de cette lecture un peu groggy, comme si on entendait la clameur du « tous pourris » monter. Le défi de l’Église est immense. Déjà affaiblie par les affaires de mœurs, elle présente un « petit théâtre des hommes », comme Joseph Ratzinger appelait la curie romaine, bien timidement en marche vers la sainteté.



Extraits choisis par Alexandre Devecchio

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31/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Demain

l’argent de l’église

Guyonne de Montjou

Vatican offshore. L’argent noir de l’Église, de François de Labarre, Albin Michel, 181 p., 20,90 €.

E s p r i t s

L i b r e s

la chronique de françois d’orcival

La minute philo

Le premier ministre en place, Benyamin Netanyahou, s’en remet à Benny Gantz, leader de l’opposition, pour dénouer une crise institutionnelle.

B

enyamin Netanyahou espérait bien avoir mis fin au cycle infernal de cinq élections législatives en quatre ans. Il avait gagné avec brio les dernières le 1er novembre 2022 en s’assurant 64 sièges sur les 120 du parlement israélien – un score historique. Il comptait ainsi couronner son parcours politique, le plus long de l’histoire du pays. Il avait reçu les félicitations du premier ministre sortant, Yaïr Lapid, qui lui souhaitait « une transition ordonnée ». Le 29 décembre, Netanyahou présente donc son gouvernement, composé par ses amis du Likoud de droite, des élus ultraorthodoxes ou de la droite sioniste et religieuse ; il ne se doute pas que la frange la plus radicale de l’opposition de gauche, bien implantée dans les médias, est en train de monter contre lui un plan d’attaque… Lequel va viser son projet de réforme de la cour suprême déposé fin janvier à la Knesset. Au début, Netanyahou se dit que cette affaire ressemble beaucoup à ce qu’il avait subi en juillet 2018 quand il fit ajouter aux lois fondamentales d’Israël (la Constitution) un texte précisant que c’était un État hébreu et non pas un État binational à partager avec les Arabes. On y vit la fin de la démocratie et l’avènement de l’apartheid ! Il l’emporta certes par 62 voix contre 55, mais dut constater qu’une gauche israélienne pouvait se

coaliser, sur ce point, avec des voix arabes extrémistes. Cette fois, c’est la composition de la Cour suprême que Netanyahou et les siens mettent en cause. Parce que c’est un pouvoir qui s’est autodésigné avec le temps, et qu’il a fini par politiser à l’extrême le système judiciaire – à comparer avec notre syndicat de la magistrature. Les 15 memb re s d e l a C o u r s u p rê m e s o n t désignés par un comité des Neuf – dont cinq sont membres de la cour ou magistrats, et quatre des élus de la Knesset. Cette cour exerce de surcroît son influence dans la désignation des « conseillers juridiques » du gouvernement, lesquels peuvent bloquer les décisions de ce dernier… Le plan Netanyahou, pour ramener le pouvoir judiciaire à des dimensions classiques et permettre à la Knesset d’y avoir son œil, a été présenté comme un « coup d’État ». Des foules considérables ont défilé à Jérusalem et Tel-Aviv pour s’y opposer. Des réseaux américains ou européens ont été mobilisés, et une campagne hostile lancée chez les réservistes de Tsahal ! Finalement, le premier ministre a dû suspendre son projet et se tourner vers son ancien chef d’état-major des armées, dont il fit naguère un ministre, Benny Gantz, chef du parti d’opposition Blanc Bleu. Il l’a invité à trouver une issue à la crise. Ce qui s’appelle une « mission de bonne volonté ».

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32/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

O

n a fêté le 1er avril. Il n’est plus ce qu’il était. Longtemps, à l’instar du carnaval ou des saturnales, on y célébra l’absurde ; l’inversion des valeurs, règles et principes qui régnaient l’année durant. Ce temps n’est plus, car notre époque révère quotidiennement l’inversion de cette inversion. Désormais, les défis à l’entendement nous sont tous les jours prescrits. Il n’est aube qui se lève sans révolution à bénir. Sans procès à instruire. Sans ordre à déconstruire. Révolution épistémologique : extension du domaine de la postvérité. Révolution numérique : tout ce qui est réel est virtuel et tout ce qui est virtuel est réel. Révolution technologique : l’IA réduit l’homme à n’être qu’une machine imparfaite condamnée à l’obsolescence. Révolution ontologique : rien n’est donné, tout est construit. Révolution anthropologique : la différence sexuelle n’est qu’une fiction entièrement réductible au désir. Révolution écologique : l’humanité est une espèce nuisible et « la terre ne ment pas »… Bref, pas un jour sans extravagances nouvelles imposées. Pas un jour sans que nous nous enfoncions davantage dans le terrier du lapin blanc. Pas un jour qui ne soit un 1er avril, sauf ce dernier. Se pourrait-il alors qu’il devienne ipso facto celui de la raison, de la logique, du sens commun et du réel ? Toutes choses qui, en vertu de l’inversion d’inversion, deviendraient alors les plus extraordinaires des folies. Pascal nous le disait déjà : « Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou, par un autre tour de folie, de n’être pas fou. »

Paulin Césari

REUTERS

En Israël, le recours aux hommes de bonne volonté

le dernier avril

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Demain

Po l i t i q u e

Marine Le Pen.

Édouard Philippe.

Jean-Luc Mélenchon.

Présidentielle

Et si on (re)faisait le match ?

Le sondage choc Ifop-Fiducial pour « Le Figaro Magazine » et Sud Radio confirme la forte poussée de Marine Le Pen si les électeurs devaient voter aujourd’hui. Seul Édouard Philippe serait en mesure de rivaliser. Par Carl Meeus

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Demain

34/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

LUDOVIC MARIN / AFP ; Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro ; Vincent Isore/IP3 /MAXPPP ; JOEL SAGET/AFP ; Sébastien SORIANO / Le Figaro ; ERIC GARAULT pour Le Figaro Magazine

Emmanuel Macron.

Bruno Le Maire.

Laurent Wauquiez.

N

ous entrons dans une zone de turbul e n c e s, ve u i l l e z ­accrocher vos ceint u r e s. » C e t t e phrase, entendue généralement dans les avions en plein ciel, pourrait bientôt résonner dans les sièges des partis politiques, après lecture du sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro Magazine et Sud ­Radio sur l’élection présidentielle. Le 10 avril 2022, il y a à peine un an, les électeurs français se rendaient aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle. Un an plus tard, s’ils devaient à nouveau voter, quel serait le comportement électoral des citoyens ? Et s’ils devaient

Gérald Darmanin.

François Bayrou.

Fabien Roussel.

aujourd’hui se prononcer avec les candidats qui pensent ou préparent le scrutin de 2027, quels seraient leurs choix ? Dans les deux cas, Marine Le Pen sortirait considérablement renforcée ! Ce que les élus ressentaient sur le terrain, ce que le gouvernement redoutait se confirme dans l’étude de l’Ifop. L’ancienne présidente du Rassemblement national est la seule à profiter de la situation de chaos politique créé par le texte sur la ­réforme des retraites. Mélenchon, grand perdant

Si les électeurs devaient rejouer le match de 2022, Marine Le Pen arriverait en tête au premier tour avec 31 % des voix, soit 7,5 points de plus

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Demain

35/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Éric Zemmour.

que son score du 10 avril dernier. « C’est historique, confirme Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop. Son image a totalement changé et la structure de son vote ­également. Ce n’est plus le vote FN d’antan. C’est désormais un vote ­attrape-tout. » Emmanuel Macron (25 %), en baisse de 2,8 points, limite les dégâts en conservant son électorat de base. 89 % de son électorat de 2022 est prêt à remettre un bulletin à son nom dans l’urne. L’autre grand perdant est Jean-Luc Mélenchon. La stratégie du chaos menée par ses troupes à l’Assemblée nationale est totalement contreproductive pour le leader de La France insoumise. Avec 17 %, il n’est plus dans la compétition pour se qualifier ___u

Po l i t i q u e

Présidentielle 2022

Si on revotait aujourd’hui Notre sondage Résultats (mars 2023) 2022 Évolution (%)

(%)

Nathalie Arthaud (LO)

0,5

0,6

- 0,1

Philippe Poutou (NPA)

1

0,8

+ 0,2

Fabien Roussel (PCF)

5

2,3

+ 2,7

Jean-Luc Mélenchon LFI)

17

21,5

- 4,5

Anne Hidalgo (PS)

2

1,7

+ 0,3

Yannick Jadot (EELV)

5

4,6

+ 0,4

Emmanuel Macron (majorité présidentielle)

25

27,8

- 2,8

Valérie Pécresse (LR)

4

4,8

- 0,8

Nicolas Dupont-Aignan (DLF)

2

2,1

- 0,1

Marine Le Pen (RN)

31

23,5

+ 7,5

Éric Zemmour (R!)

6

7,1

- 1,1

Jean Lassalle

1,5

3,2

- 1,7

Total

100

100

pris comme principe que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes serait le candidat de la droite républicaine. Dans tous les cas de figure, il n’arrive pas à se placer dans le haut du tableau. Même l’addition des ­scores de Wauquiez, Zemmour et Dupont-Aignan n’assure pas la qualification au second tour. D’autant qu’on le voit avec l’addition autour de Jean-Luc Mélenchon des voix de la Nupes : la déperdition est ­importante (4 points) par rapport à la multiplicité des candidats, sans ­assurance de qualification.

Campagne révélatrice

Système tripartite

Marine Le Pen est la grande gagnante du sondage, confirmant qu’elle a su capter les colères à l’encontre d’Emmanuel Macron

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Demain

36/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Le total des voix de gauche atteint un score historiquement bas. Dans le meilleur des cas (hypothèse ­Darmanin), la gauche totalise 33 % des voix. Dans le pire (hypothèse Philippe avec candidature unique de Mélenchon pour la Nupes), elle tombe à 25,5 % ! En face, les droites vont de 29 % (hypothèse BayrouWa u q u i e z ) à 4 1 % ( hy p o t h è s e ­Philippe-Wauquiez). La réalité est que le système tripartite né en 2017, renforcé en 2022, risque de se prolonger en 2027. Trois blocs s’affrontent : le bloc de gauche formé par la Nupes, celui du centre, incarné par Emmanuel Macron puis celui qui ___u

ERIC FEFERBERG/AFP

Bien sûr, une campagne électorale de plusieurs mois est là pour tenter de modifier ce rapport de force. On le sait, Jean-Luc Mélenchon a démarré ses deux précédentes tentatives assez bas dans les sondages, avant de ­progresser au fur et à mesure que la date du scrutin approchait. Au point de terminer non loin de la qualification en 2022. À l’inverse, Marine Le Pen est souvent placée assez haut par les instituts de sondage en début de campagne, puis son score a tendance à baisser. Depuis le début de l’année 2023, Marine Le Pen se contente d’engranger les colères, sans annoncer son projet ­alternatif. « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », disait le cardinal de Retz. Elle n’a pas l’intention de changer de stratégie, mais la campagne présidentielle est un révélateur qu’elle ne pourra pas éviter. M a l g ré t o u t , l ’ é t u d e d e l ’ I fo p sera scrutée à la loupe dans les étatsmajors politiques. Elle montre qu’Éric Zemmour, un an après, ­dispose toujours de son socle, qu’il conserve dans la projection de 2027 ; 6 à 7 points qui ne lui permettent pas de se qualifier, mais privent d’oxygène Laurent Wauquiez. L’étude a

Source : Ifop-Fiducial

au second tour. Seuls 78 % de ses électeurs de 2022 lui restent fidèles. « Alors même que le momentum ­devrait lui être favorable et le servir, un quatrième 21 avril est envisageable, analyse Frédéric Dabi. Jean-Luc ­Mélenchon fait figure de repoussoir pour une partie de la gauche. » La projection sur 2027 produit des résultats encore plus intéressants. Là encore, quel que soit l’adversaire retenu pour le camp majoritaire, Marine Le Pen voit son score progresser par rapport à son résultat de 2022. Et dans certains cas dans des proportions vertigineuses. Face à François Bayrou ou Gérald Darmanin, elle monterait à 36 ou 35 % quand eux ne feraient que 9 et 11 % ! Bien sûr, il faut prendre les précautions d’usage dans la lecture de ces résultats. La photographie qu’ils ­représentent n’est pas une prophétie et encore moins une projection. Mais elle donne un aperçu du rapport de force un an après la campagne de 2022 et quatre ans avant la prochaine échéance.

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Po l i t i q u e

Présidentielle

ÉDOUARD PHILIPPE Candidat

Candidature unique NUPES (Mélenchon) et ÉDOUARD PHILIPPE

bruno Le Maire candidat

Gérald Darmanin candidat

François Bayrou Candidat

(%)

(%)

(%)

(%)

(%)

Nathalie Arthaud (LO)

1

1

1

0,5

1

Philippe Poutou (NPA)

2,5

2,5

2,5

2,5

1,5

Fabien Roussel (PCF)

5

6

5

6,5

Jean-Luc Mélenchon (LFI)

17

20

20

20

Olivier Faure (PS)

3

2

3

2

22

Marine Tondelier (EELV)

1

1

2

1

Candidat de la majorité présidentielle

26

28

18

11

9

Laurent Wauquiez (LR)

5

4

6

8

10

Nicolas Dupont-Aignan (DLF)

2,5

3

3

4

3

Marine Le Pen (RN)

29

31

32

35

36

Éric Zemmour (R!)

6

6

6

7

7

Jean Lassalle

2

2,5

2,5

2

3

100

100

100

100

100

Total

Comment lire ce tableau : si Édouard Philippe était le candidat de la majorité présidentielle, il serait crédité de 26 % des intentions de vote. Si c’était Bruno Le Maire, il en recueillerait 18 %. Jean-Luc Mélenchon, unique candidat de gauche, obtiendrait 22 % des voix face à Édouard Philippe. Alors que, toujours face à Édouard Philippe, le total des voix de gauche, avec plusieurs candidats, monterait à 26 %.

sera le prochain candidat de la ­majorité, et enfin le Rassemblement national. Stratégie du silence

Ce qui frappe également à la lecture des résultats de cette étude, c’est que, sans incarnation, point de salut. Les trois candidats qui se détachent sont ceux qui ont la plus forte notoriété, soit par leur longévité dans le système politique (Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen) soit par leur exposition à un moment clé du pays (Édouard Philippe à Matignon pendant la crise du Covid). En dehors de ces trois-là, tous les autres prétendants ont du mal à exister. À cet égard, la stratégie du silence de ­Laurent Wauquiez peut sembler problématique. Ses adversaires dans son camp qui partagent avec lui une amb i t i o n p r é s i d e n t i e l l e, X av i e r ­Bertrand ou David Lisnard, ne manqueront pas de pointer cette étude

L’enquête Ifop-Fiducial pour le Figaro Magazine et Sud Radio a été menée du 30 au 31 mars 2023, selon la méthode des quotas et stratification par région et catégorie d’agglomération, auprès d’un échantillon de 1105 personnes inscrites sur les listes électorales, interrogées en ligne, extrait d’un échantillon de 1200 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Édouard Philippe est le seul, dans le camp majoritaire, à pouvoir se qualifier pour le second tour pour expliquer que le jeu à droite, ­ otamment chez Les Républicains, n mérite d’être plus ouvert pour la ­désignation du candidat en 2027. La stratégie suiviste d’Olivier Faure, le patron du Parti socialiste, qui a ­décidé de coller aux décisions des ­insoumis, n’est pas plus probante. Testé comme candidat, tout comme la patronne des écologistes, Marine Tondelier, il n’arrive pas à exister à g a u c h e, à l ’ i nv e r s e d e Fab i e n ­Roussel, qui, justement, a pris ses ­distances avec Jean-Luc Mélenchon. En revanche, la stratégie d’Édouard

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38/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Philippe semble être validée. « Il apparaît le mieux placé, comme le candidat naturel du bloc central », estime ­Frédéric Dabi. Il est le seul dans le camp présidentiel à assurer une présence au second tour. Le résultat est suffisamment serré pour qu’il puisse espérer, dans une campagne, créer une dynamique. Il aura besoin de ­toutes les voix disponibles. Pour le moment, il récupère 81 % de celles qui se sont portées sur Emmanuel ­Macron en 2022, et 37 % des votants en faveur de Valérie Pécresse. 36 % des électeurs LR choisissent Laurent Wauquiez et 21 % Marine Le Pen. Reste à savoir si le comportement des hommes politiques sera rationnel en 2027 et si le bloc central aura la sagesse, pour lui, de ne présenter qu’un seul candidat. Ces chiffres montrent que les divisions au sein de chaque bloc seront suicidaires. Il reste quatre ans d’ici la présidentielle. Quatre ans, Carl Meeus c’est long. ■

Vincent Isore/IP3 /MAXPPP ; Sébastien SORIANO / Le Figaro ; JOEL SAGET/AFP ; Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

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Source : Ifop-Fiducial

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ERIC GARAULT pour le figaro magazine

En couverture

40/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Services publics

Comment l’état gaspille notre argent hôpital, école, transports, justice… pourquoi plus rien ne marche le constat sans appel d’Agnès verdier-molinié

Malgré des dépenses qui ne cessent d’augmenter, nos services publics se dégradent dangereusement, affirme la directrice de l’Ifrap (fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) dans « Où va notre argent ? ». Un constat accablant, alors que la France, endettée à hauteur de 3 000 milliards d’euros, est aussi le pays le plus taxé de la zone euro. Propos recueillis par Ghislain de Montalembert

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nefficacité, grèves à répétition, absentéisme… Face à la dégradation des services publics, la question que pose votre livre est légitime : où va notre argent ? C’est le grand scandale français : les dépenses publiques explosent mais, ­ ublics année après année, les services p se dégradent. La France est devenue un village Potemkine. En ­apparence, la devanture est encore correcte, mais tout se démantèle à l’intérieur. ­L’hôpital n’est plus que l’ombre de lui-même, l’école de la ­République s’enfonce un peu plus chaque année, les transports publics dysfonctionnent à intervalles réguliers… Quant à l’État, il délaisse de plus en plus ses missions régaliennes : la justice et la police sont débordées, les peines ne sont pas systématiquement appliquées, les prisons saturent… Pourtant, les dépenses publiques ­explosent. Comment expliquer ce ­paradoxe ? Ce n’est pas une question de moyens. Entre 2002 et 2022, nos dépenses publiques sont passées de 809 milliards à ­environ 1 500 milliards d’euros. L’an dernier, le gouvernement a annoncé en moyenne 1,6 milliard d’euros par ­semaine de dépenses nouvelles par rap-

port à celles qui avaient été votées pour l’année. Un record, puisque la moyenne de dépenses supplémentaires était de 36 milliards d’euros par an sous Nicolas Sarkozy et 17 milliards d’euros avec François Hollande. En 2022, un ­paroxysme a été atteint, avec 82 milliards d’euros supplémentaires. À l’approche de l’élection présidentielle, nous avons assisté à un véritable festival de chèques : renouvellement du chèque énergie pour 5,8 millions de ménages, rallonge pour MaPrimeRénov à hauteur de 2 milliards d’euros, création d’un fonds de 300 millions d’euros pour les harkis, construction de milliers de terrains de basket, de skateparks, de piscines… Au plus fort de la campagne présidentielle, on a pu compter, en quinze jours, entre 5 et 7 milliards d’euros d’annonces. Du ­jamais-vu ! Le plus décourageant est que nous avons beau être le pays de la zone euro le plus dépensier, nos services publics s’effondrent les uns après les autres. On dépense toujours plus, mais la qualité n’est pas là. C’est bien la preuve que quelque chose ne fonctionne pas. Mais chut… Il ne faut rien dire aux Français et surtout pas leur ­expliquer que leur pays est mal géré, leur argent mal utilisé et gaspillé. Et en

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attendant, leurs impôts et ceux des ­entreprises ne cessent d’augmenter. Ce n’est pas ce que dit le gouvernement… Le gouvernement se flatte d’avoir baissé la taxe d’habitation en 2022 pour 2,8 milliards d’euros ou encore supprimé la redevance télé pour 3,2 milliards d’euros. Mais que pèsent ces petits gestes face à l’envolée massive des recettes fiscales engrangées par Bercy l’an dernier ? Rien qu’entre 2021 et 2022, les recettes fiscales et sociales ont augmenté de 87,2 milliards d’euros. Soit 61 milliards de plus que ce qui avait été voté ­initialement. L’inflation y est pour beaucoup : quand les prix montent, certaines recettes grimpent mécaniquement. C’est le cas, par exemple, des cotisations sociales mais aussi de l’impôt sur les ­sociétés ou encore de la TVA. En 2022, les recettes totales procurées par cette dernière ont dépassé les 200 milliards d’euros ! Au total, les prélèvements obligatoires sont passés de 1 107 milliards d’euros en 2021 à 1 195 milliards en 2022. Résultat : notre taux des prélèvements obligatoires a atteint 45,3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022. En clair, nous n’avons jamais payé autant d’impôts, de taxes et de cotisations, proportionnellement à la richesse nationale, ___u

La fraude sociale est un sujet tabou en France. Beaucoup considèrent qu’elle serait acceptable puisqu’elle concernerait une population démunie quand la fraude fiscale serait, elle, réservée aux ­riches. Il faut sortir de ces préjugés. Une estimation raisonnable de la fraude ­sociale tourne autour de 20 milliards d’euros par an. Une telle somme équivaut à 2,6 % de la dépense totale de prestations sociales. En tête de la fraude estimée, on trouve le RSA avec 10,1 % de versements suspects. De tels écarts sont inquiétants. Ils invitent à plus de transparence sur les données et à la mise en œuvre d’une vraie politique de contrôle. Et l’obligation pour ceux qui touchent les minima sociaux de chercher un travail comme c’est le cas dans les pays du nord de l’Europe. Ces pays baissent, à juste titre, les prestations sociales des ­bénéficiaires qui refusent des emplois. Dans votre livre, vous dénoncez le fait que tous les Français ne payent pas les services publics au même prix. C’est une injustice, selon vous ? Beaucoup le savent : plus on paye d’impôt sur le revenu, plus cher on paye la cantine dans les écoles publiques, l’inscription au conservatoire ou la place en crèche de nos enfants. Cela fait peser une double peine sur les foyers qui travaillent et paient l’impôt sur le revenu : ils paient plus d’impôts que les autres pour financer des services auxquels ils n’auront accès qu’en payant plus à nouveau. Exemple : à Paris, les inscriptions aux conservatoires municipaux varient de 73 à 1 111 euros par an, selon la tranche d’imposition des ménages. La conséquence ? Les plus riches se retirent du système public, sachant qu’ils peuvent obtenir le même service, à meilleur prix, dans le privé. Soit exac­tement l’effet inverse de la diversité ­sociale prétendument recherchée. Le manque de transparence nuit-il à l’efficacité des services publics ? L’opacité est générale. Beaucoup, au sein de l’administration et des entreprises d’État, ont tendance à se consi-

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dérer comme les « propriétaires » des services publics. Ils n’ont pas le sentiment de devoir répondre de leur travail et de la qualité du service rendu. Il est temps de leur demander des comptes sur l’utilisation qu’ils font de nos impôts, avant que d’autres, FMI et consorts, ne s’en chargent. Avec le poids des prélèvements que nous subissons, c’est quand même un minimum de demander des comptes sur l’utilisation de l’argent public et d’exiger de mieux évaluer les services publics. Il n’est pas normal de ne pas pouvoir identifier les services où le taux d’absentéisme est le plus fort ; ou ceux pour lesquels le degré de satisfaction des usagers est le plus faible. L’omerta est générale, y compris dans le secteur de la santé où l’on avait pourtant pris l’habitude des classements recensant les meilleurs hôpitaux et cliniques. C’est impossible désormais. En 2022, l’accès au Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) a été ­interdit aux journalistes, chercheurs et consultants qui le demandent. Il faut instiller davantage de transparence à tous les étages et autoriser les classements officiels sur la qualité des services publics. En Suisse, par exemple, le classement des hôpitaux, élaboré chaque année par une association indépendante d’utilité publique, est accessible à tous sur la plate-forme Quel-hopital.ch. Quelles autres pistes suggérez-vous ? Je propose dans mon livre Où va notre argent ? d’appliquer en France 20 principes qui marchent ailleurs dans les grandes démocraties et garantissent aux ­citoyens de leurs pays qu’il n’y ait pas de surtaxation, pas de dépenses publiques sans contrôle. Et une évaluation de la qualité des services publics. Il est plus que temps que la France s’en inspire car la façade de notre village Potemkine se fissure de plus en plus. ■ Propos recueillis par Ghislain de Montalembert Agnès Verdier-Molinié sera l’invitée des Rencontres du Figaro le mercredi 31 mai à 20 h. Thème : le gaspillage de l’argent public et les carences de l’État. Salle Gaveau, 45-47, rue La Boétie, Paris 8e. 25 €, placement libre. Réservez vos places sur www.lefigaro.fr/rencontres Informations au 01.70.37.18.18.

Laurent GRANDGUILLOT/REA ; DESSIN CLAIREFOND

depuis les années 1990. La France est plus que jamais championne de la zone euro de la pression fiscale ! Comment expliquer une telle dérive ? Il n’y a pas de garde-fou en France. Personne ne nous protège vraiment, ni contre la folie fiscale ni contre la folie ­dépensière et le gaspillage de l’argent ­public. Concernant les impôts, on aurait pu penser que le Conseil constitutionnel ou encore la direction de la législation fiscale à Bercy pourraient tirer la sonnette d’alarme, définir des limites, chiffrer le niveau acceptable de l’impôt sur le capital, le travail, les ménages, les entreprises… Il n’en est rien. À part la Fondation Ifrap, aucun organisme ne s’intéresse, par exemple, aux écarts d’imposition par rapport aux autres pays ! Ne serait-il pas normal de définir un plafond d’imposition pour les ménages ? Actuellement, seul l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) bénéficie de ce mécanisme, qui le limite à 75 % des revenus du contribuable. Mais ni la fiscalité locale ni les contributions sociales sur les salaires (CSG, CRDS) ne sont prises en compte dans le calcul. Pourquoi cette ­vision hémiplégique de la fiscalité ? Et pourquoi seulement pour ceux qui paient l’IFI ? En matière de dépenses publiques, la Cour des comptes ne fait-elle pas office de garde-fou ? Les rapports de la Cour des comptes s’enchaînent, ils sont souvent passionnants, mais ils portent sur des points précis, comme la fiscalité directe locale ou l’endettement hospitalier… Qu’a fait la Cour des comptes, durant la crise sanitaire, pour alerter sur les dangers du « quoi qu’il en coûte » et mettre en garde le gouvernement contre les risques de l’inflation à venir ? Très occasionnellement, des exceptions existent heureusement comme le rapport qu’elle a produit à l’issue de la crise sanitaire expliquant que la France allait devoir faire 9 milliards d’euros d’économies par an. ­Hélas, elle n’a pas précisé sur quels ­postes devraient porter ces économies. Un travail de précision et de chiffrage que son homologue britannique, le NAO, fait. D’ailleurs, outre-Manche, le Parlement suit l’utilisation de chaque denier public… ce qui est malheureusement loin d’être le cas en France ! La fraude sociale explique une partie de l’envolée des dépenses. À combien l’estimez-vous ?

“Il n’est pas normal de ne pas pouvoir identifier les services où le taux d’absentéisme est le plus fort”

En couverture

Et si on encadrait davantage le droit de grève pour garantir la continuité du service public aux heures de pointe ?

Agnès verdier-moliniÉ

“Les Français n’en ont plus pour leur argent” Dans « Où va notre argent ? » (Éditions de L’Observatoire), la directrice de l’Ifrap décrypte un à un les dysfonctionnements des services publics français. Un livre coup-de-poing qui pointe le scandale de la dilapidation des deniers publics et esquisse des solutions de bon sens pour s’en sortir. Extraits. TRANSPORTS La culture de la grève a gréviculture, c’est l’ADN de la SNCF et de la RATP. Toutes deux 100 % publiques, elles font les ­affres des voyageurs français et étrangers… Et pour cause, la plupart des week-ends de départs en vacances sont désormais synonymes de mouvements de grève dans les transports. En vingt ans, de 2002 à 2022, quatorze mois de décembre auront été rythmés par des mouvements de grèves à la SNCF. Pour le week-end de Noël 2022, 25 % des voyageurs avaient

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a­ ppris l’annulation de leur billet moins d’une semaine avant le départ. […] En 2019, année de négociation de la première réforme des retraites d’Emmanuel Macron, les salariés de la SNCF auront été soutenus par ceux de la RATP avec, pour la première fois, des journées « zéro métro, zéro RER » en décembre à Paris. Résultat : les deux entreprises représentaient 39 % des journées de travail perdues pour fait de grève du pays alors ­q u’elles ne comptent que 6 % des ­a ctifs. Sans parler du coût de ces ­grèves : en 2019, 200 millions d’euros

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pour la RATP et 850 millions pour la SNCF. Et quelle perte pour l’économie française ? 300 millions d’euros par jour de grève. […] Mais pourquoi autant de grèves dans les transports ? Le premier ­s ujet, ce sont les rémunérations. Pourtant, les agents de la SNCF sont, en moyenne, toujours plus augmentés que l’inflation. En 2022, par exemple, ils ont bénéficié d’une hausse de 5,8 % contre une inflation à 5,2 %. Côté RATP, la rémuné­ration moyenne des salariés a progressé de 24 % entre 2012 et 2021, ___u

En couverture

En France, il faut en moyenne 637 jours pour obtenir un jugement en première instance, contre 237 jours ailleurs en Europe

JUSTICE Des délais trop longs a prison de Bois-d’Arcy ­déborde. Le taux d’occupation y est de 165 %. Et elle n’est pas la seule. En moyenne, en 2022, le taux d’occupation était de 118 %. Entre 2016 et 2020, quatre condamnés à la prison ferme sur dix ne dorment jamais derrière les barreaux. Suppression des peines plancher, révocation systématique des peines de sursis en cas de récidive, interdiction des incarcérations de moins de six mois, libé­ration sous contrainte qui octroie automatiquement une réduction de trois mois pour le détenu en fin de peine… « Jamais la sanction pénale n’aura connu une telle érosion. » Voilà ce qu’explique Béatrice Brugère,

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s­ ecrétaire générale du Syndicat unité magistrats SNM FO. En France, il faut 637 jours pour ­obtenir un jugement en première instance contre 237 jours, en moyenne, pour les pays du Conseil de l’Europe. […] Mais pourquoi donc de tels ­délais ? Contre toute attente, dans un pays aussi dépensier que le nôtre, le fait est rare, mais la justice française est l’une des administrations publiques où l’on dépense moins que les autres. En 2020, la France consacrait 0,21 % de son PIB à cette mission contre 0,35 % en Allemagne. Cela donne 72,50 euros par habitant chez nous contre 146 euros par habitant en Allemagne. Toujours en 2022, là où la France comptait 11 juges professionnels et 36 membres du personnel non-juges (greffiers, ­assesseurs, etc.) pour 100 000 habitants, l’Allemagne était dotée de Hôpital: toujours plus de personnel mais moins d’accès aux soins.

25 juges et 65 employés non-juges. Résultat, l’Allemagne présente des délais de procédure bien moins longs. […] Alors que 59 % des peines de prison ne sont pas exécutées, que toutes les dernières réformes ont ­m inimisé l’incarcération, que les plans de construction de nouvelles places de prison ne sont jamais respectés, quelle dissuasion offre notre système judiciaire ? Interrogé par le Parlement, Rémy Heitz, procureur de la République au tribunal judiciaire de Paris, confiait voir les ­mêmes mineurs isolés être déférés plusieurs fois par semaine. Il ne sert à rien de mettre de l’argent sans ­réformer le système et sans augmenter le nombre de places en prison : c’est la condition obligatoire pour pouvoir un jour faire respecter les peines en France.

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SANTÉ Une gestion kafkaïenne a France est le quatrième pays en dépenses de santé les plus élevées au monde, avec 11,3 % du PIB. Mais c’est bien le seul indicateur pour ­lequel la France se trouve en tête d’un classement international. Les dépenses de santé ont même atteint 12,3 % du PIB en 2021 avec le « quoi qu’il en coûte » lié à la pandémie Covid. Un record ! Il faut dire qu’il n’y a qu’en France où l’on a pu se faire tester gratuitement et autant de fois qu’on voulait, sans aucune limite ! […] Dans le classement du think tank britannique The Legatum Institute, la France est classée 20e sur 167. […] En 2010, nous étions classés septième mais, en onze ans, nous avons perdu treize places. L’autre classement habituellement cité, l’Euro Health Consumer Index, nous place 11e sur 35 pays européens. Un classement se démarque néanmoins : le « Panorama de la Santé 2021 » établi par l’OCDE. Dans cette étude, seulement 71 % des Français sont satisfaits de l’accès à des services de santé de qualité. Un taux qui place la France à la 21e place sur 38 pays pour l’expérience « client/usager » […] On peut légitimement se demander : où va l’argent ? Une comparaison ave c l e s y s t è m e a l l e m a n d , q u i ­dépense seulement 0,1 point de PIB de plus que nous pour la santé, nous aiguille sur l’origine des dysfonctionnements. Dans les hôpitaux français, 405 600 personnes (équivalent temps plein), soit 34 % du personnel, œuvrent à des tâches autres que ­médicales, autrement dit des tâches administratives. C’est 54 % de plus qu’en Allemagne. C’est là qu’on voit les limites de l’organisation administrative d’un hôpital public français corseté dans le statut de la fonction publique hospitalière. La France est le pays où la part des emplois hospitaliers dans l’emploi total est la plus élevée : 5 %. La fonction publique hospitalière emploie plus de 1,1 million d’agents, soit 22 % de l’emploi public. Entre 1998 et 2017, les effectifs de la fonction publique hospitalière ont augmenté de 30 %, c’est plus que l’ensemble de la fonction publi-

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Aline Morcillo / Hans Lucas via AFP ; CHAMUSSY/SIPA

alors que l’inflation était évaluée à 7,8 % sur la période. Le second sujet, c’est la défense des régimes spéciaux de retraite. Pourtant, les agents qui manifestent ne partiront jamais à la retraite à 64 ans, mais bien entre 54 et 59 ans puisque, à la SNCF comme à la RATP, seuls les nouveaux recrutés seront concernés par le recul de l’âge légal de départ – c’est ce qu’on appelle « la clause du grand-père ». Les régimes spéciaux ne disparaîtront qu’à partir de 2066. Le contribuable français a donc ­encore de longues années devant lui à devoir compenser le déficit de ces deux régimes très avantageux. Tous les ans, la subvention d’équilibre du régime de la SNCF est de 3,3 milliards d’euros et celle de la RATP de 737 millions. Soit 13 675 euros par ­retraité de la SNCF et 15 936 euros par retraité de la RATP. Et c’est nous qui payons. Les pensions sont très avantageuses : les nouveaux retraités de 2021 percevaient, en moyenne, 2 800 euros brut mensuel à la RATP et 2 442 euros à la SNCF. La Cour des comptes a même calculé que pour ceux qui ont pris leur retraite en 2017 après une carrière complète à la RATP, la pension moyenne était de 3 705 euros mensuels. Ce qui fait un taux de remplacement par rapport au dernier salaire de 88 % à la RATP, ­encore plus qu’à la SNCF où le taux de remplacement est de 73 %.

L’absentéisme réel dans les hôpitaux de l’AP-HP est supérieur à 20%, mais le chiffre officiel n’est que de 8,2% que qui a augmenté de 20 %. En gros, on a de plus en plus de personnel dans les hôpitaux, mais de moins en moins accès aux soins. Les représentants syndicaux dénoncent une situation où l’hôpital s’effondre, pas seulement les urgences mais tous les services avec 15 % des lits qui sont fermés dans les hôpitaux de Paris, par exemple. En janvier 2022, Rémi Salomon, président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, estimait que l’absentéisme des agents s’élevait à plus de 20 % tous les jours. Pourtant, dans le bilan social 2021 de l’AP-HP, le chiffre d’absentéisme officiel s’élevait à 8,2 %. Là encore, les données sont très opaques. Impossible d’avoir les statistiques par hôpital. Impossible de connaître le nombre de jours d’absence par agent […] Le plus fou dans tout cela, c’est qu’au lieu de réformer, réorganiser l’ensemble du système de santé pour valoriser les meilleurs éléments et leur donner envie de rester en France, on continue à mal allouer les milliards. Par exemple, nous avons 4 812 médecins du travail en activité en France en 2022 pour un coût de plus de 1 milliard d’euros par an et une efficacité non prouvée. Autre exemple : les dépenses pour le transport sanitaire sont proches des 4 milliards d’euros par an (avec un pic à 4,7 milliards d’euros en 2019) et les taxis pèsent pour 40 % du total avec une croissance de 4,8 % des dépenses par an. […] Enfin, n’hésitons pas à reconnaître que notre système est le plus généreux de tous, puisque le reste à charge pour les patients demeure le plus faible des pays de l’OCDE (moins de 7 %). Mais justement, n’est-il pas trop généreux ? Dans notre pays, 30 % des actes médicaux seraient considérés comme inutiles. Sans ­p arler des études récurrentes qui pointent les fraudes aux bons de transport, aux affections de longue durée, à la CMU et l’AME. L’année dernière, on apprenait même que 26 000 patients étrangers avaient ­o btenu du gouvernement un visa pour venir se faire soigner en France pour des soins lourds… et entièrement pris en charge !

ÉDUCATION Le système se délite 102 milliards, dont 14 milliards d’euros de plus que la moyenne de la zone euro : voilà ce que la France a dépensé pour l’éducation obligatoire (premier et second degrés) en 2020. Une dépense sans cesse en augmentation : + 18 milliards d’euros depuis 2008. Avec un tel investissement, nos ­enfants devraient bénéficier de l’une des meilleures éducations du monde. Les parents d’élèves et enseignants qui lisent ces lignes savent qu’il n’en est rien. L’Éducation n ­ ationale est en En 2021, 24 200 enseignants étaient en disponibilité.

crise, le niveau scolaire baisse, les professeurs sont démotivés. […] Faute de candidats, plus de 4 000 postes n’ont pas été pourvus par des titulaires à la rentrée 2022. Heureusement qu’il y a les contractuels ! […] En réalité, la France compte déjà un nombre d’enseignants plus que suffisant. Ainsi, le nombre d’élèves par ­enseignant, 19 dans le primaire et 13 dans le secondaire, est particulièrement faible, ce qui nous place en ­première position en Europe pour le primaire (à égalité avec la République tchèque) et en seconde position pour le second degré, derrière les Pays-Bas. Malgré ces chiffres, la France est aussi le pays européen qui compte les classes les plus nombreuses avec 22 élèves en moyenne dans le primaire (nous ne sommes dépassés que par le ­Royaume-Uni) et 26 élèves dans le ­secondaire. Comment est-ce possible ? En 2019, sans compter les enseignants qui assurent des missions de direction ou d’inspection, 12 % des ­effectifs enseignants titularisés ne sont pas devant une classe, soit un peu plus de 100 000 enseignants. Il faut

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45/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

dire que les enseignants en poste ne veulent plus être face à leurs élèves. Entre 2012 et 2021, le nombre de ­professeurs en « disponibilité », c’està-dire dispensés d’enseignement et non rémunérés, est passé de 17 700 à 24 200. Et entre 2008 et 2017, le ­nombre de démissions a été multiplié par quatre. La réponse du gouvernement ? L’organisation d’« un concours exceptionnel de titularisation » pour 370 contractuels du premier degré en 2023. Le niveau d’études nécessaire pour candidater a été revu à la baisse. Difficile de voir dans cette mesure autre chose qu’un pansement sur une plaie ouverte. Malgré ces dépenses élevées et un nombre d’enseignants plus que suffisant, la France est avant-dernière, en Europe, sur le ressenti des élèves, sur la qualité de la relation ­enseignant/élève : 23,7 % des élèves, sont insatisfaits de cette relation. Seule la République tchèque fait moins bien que nous. Et, concernant les résultats scolaires, si on regarde le fameux classement Pisa, en 2018, 21 % des élèves de 15 ans avaient de faibles compétences en compréhension de l’écrit et en mathématiques. Ce qui nous situe juste dans la moyenne européenne. Alors, plutôt que de travailler sur une vaste réforme et modernisation du système éducatif, le ministère préfère se pencher sur les questions d’inégalités. Cela lui permet de masquer les difficultés de l’enseignement public tout en accusant l’enseignement privé. […] La nouvelle idée du ministère ? Au lieu d’autoriser de nouvelles places dans le privé, contraindre les établissements libres à prendre des élèves défavorisés sous peine de voir des écoles privées fermées. Ce qui n’empêche pas beaucoup de politiques, y compris le ministre de l’Éducation nationale, de scolariser leurs propres enfants dans des établissements privés. Cela ne manque pas de sel. Il faut dire qu’en 2022, seulement 52 % des élèves de sixième arrivent à lire correctement un texte de 200 mots et 15 lignes dans le ­public […] pour 64 % dans le privé. Idem en mathématiques, là encore, le public est 10 points derrière le privé. Il convient également de rappeler que ___u

En couverture

Le temps est au piston, au copinage et aux combines coupe-file, que ce soit pour obtenir un passeport, une place en crèche, un rendez-vous à l’hôpital...

PASSEPORTS à l’heure des files d’attente rois mois. C’est actuellement la durée minimale pour renouveler un passeport ou une carte d’identité. Une demande de carte d’identité en novembre 2022 fixait un premier rendez-vous en février 2023 à… 100 kilomètres de son domicile pour un habitant de la Corrèze. […] Aujourd’hui, on explique aux Français qu’il faut prendre leur mal en patience, que les délais sont dus à la période Covid, qui a vu les demandes pour des renouvellements de passeports baisser de 39 %. Mais si on creuse, on remarque que la pandémie a bon dos… En réalité, ­depuis mars 2017, seules les mairies dotées d’un dispositif de recueil spécifique qui sert à collecter les empreint e s nu m é r i s é e s d u d e m a n d e u r ­p euvent recevoir les demandes de créations et de renouvellements des passeports… et des cartes d’identité. Ce qui a fait chuter le nombre de mairies autorisées à délivrer des papiers d’identité : dans le Lot, par exemple, ce nombre est passé de 313 à 10. […] Dans les préfectures, cela traîne aussi. Ce sont elles qui sont chargées de valider les dossiers sauf que la dématérialisation des démarches y a entraîné

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des réductions d’effectifs… mais pas dans les bons services. […] De ce fait, en 2021, sur tout le territoire, on pouvait compter plus de 15 000 dossiers de renouvellement de titres d’identité pour « seulement » 550 agents en préfecture travaillant sur ce sujet, alors qu’en 2023, 14 millions de Français vont devoir renouveler leur carte d’identité ou leur passeport. […] Malgré cela, il n’y a aucune anticipation et beaucoup de Français se retrouvent à

Trois mois de délai avant de pouvoir renouveler sa carte d’identité.

devoir faire marcher leur réseau, à i­ mplorer les maires et les agents municipaux pour obtenir leurs papiers à temps. Une France à l’ère du numé­rique ? Ou à l’ère de la débrouille ? CRÈCHES Pas de priorité pour les actifs n France, un parent sur deux fait une demande en crèche pour son enfant mais seulement 2 enfants sur 10 y sont accueillis. […] La pénurie est imputable à la surenchère des ­règles et de contraintes imposées par les autorités notamment la règle stipulant que 100 % des professionnels doivent avoir une qualification « petite enfance ». […] La question est aussi de savoir qui peut obtenir une place en crèche aujourd’hui. […] Un rapport de la Cnaf montre que 34 % des enfants gardés en crèche ont au moins un parent qui ne travaille pas. […] Les crèches existent pour permettre notamment aux mamans de jeunes enfants de travailler mais, depuis 2013, le gouvernement prévoit qu’une place en crèche sur dix soit réservée à des parents bénéficiaires de minima sociaux ou en situation de monoparentalité. Et les crèches privées sont d’ailleurs contraintes de financer sur leurs propres crédits une place sur

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46/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

vingt d’accueil à des familles monoparentales ou touchant les minima ­sociaux ! On pensait bêtement que les places en crèche devaient être accordées en priorité aux enfants de parents qui travaillent, mais il n’en est rien […]. Encore une fois, ce sont ceux qui cotisent le plus et qui paient le plus d’impôts qui pâtissent de la pénurie. HLM Le scandale des attributions a France dépense, en moyenne, 15 milliards d’euros par an pour le logement social. Logement social qui veut dire notamment logement moins cher pour pouvoir vivre dans les zones tendues et être plus proche de son travail. Dix millions de personnes en ­bénéficient en France, réparties dans 4,5 millions de logements […]. Il s’avère qu’une très grande partie de ceux qui occupent nos logements HLM sont inactifs. Selon les statistiques de l’Union sociale pour l’habitat, dans une étude d’avril 2022, plus de la moitié des personnes qui vivent en HLM ne travaillent pas, qu’elles soient au chômage, aux minima sociaux ou à la retraite. […] Dans de nombreux cas, ces ménages sont entrés dans leur logement avec des enfants à charge, mais ces derniers ont grandi et sont partis et les logements se retrouvent sous-occupés. Une fois passés 65 ans, les locataires peuvent même rester dans leur ­logement, quels que soient leurs revenus et quelle que soit la zone où ils sont installés. Ils sont simplement obligés de payer un surloyer si le total des revenus du foyer dépasse un certain montant. […]. L’intérêt du parc social est d’avoir une rotation suffisante pour être ouvert aux nouvelles générations qui en ont besoin […], pas d’assurer aux bailleurs sociaux un confort de gestion grâce à des locataires ad vitam æternam. Sans le dire, on s’est dirigé vers un « droit au HLM à vie » qui est tout simplement antisocial. ■

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Où va notre argent ? d’Agnès Verdier-Molinié, Éditions de l’Observatoire, 288 p., 20 €. En librairie le 12 avril.

Adrien Nowak / Hans Lucas ; presse

l’enseignement privé obtient ses meilleurs résultats en dépensant 30 % de moins par élève. Aligner la ­dépense par élève de l’enseignement public sur le privé permettrait 29 milliards d’euros d’économies par an. Parcoursup et Affelnet, les nouveaux algorithmes de l’Éducation nationale, essaient, tant bien que mal, de masquer les écarts de niveaux entre public et privé en accordant des ­bonus aux élèves issus de collèges ­défavorisés et aux élèves boursiers. Ce qui génère des situations ubuesques. En 2021, il a été démontré qu’il était impossible pour un collégien non boursier sans bonus IPS d’accéder au lycée Condorcet, l’un des lycées les plus réputés de la capitale. Comment s’étonner alors que de plus en plus de bacheliers quittent la France immédiatement après le bac pour faire leurs études à l’étranger, que ce soit à Lausanne, à McGill à Montréal ou à la Bocconi de Milan ?

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Tremblement de terre à Paris

Image générée par Midjourney/figaro magazine

Reportage

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48/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

FAKE

Emmanuel Macron face aux CRS.

Intelligence artificielle & photographie

plus faux que nature

Les fausses images créées par l’intelligence artificielle et générées par Midjourney déferlent sur internet et provoquent la stupéfaction générale. Elles ne sont que l’écume de l’achèvement de l’une des plus grandes révolutions technologiques des 50 dernières années, et préfigurent d’innombrables transformations à venir pour nos sociétés modernes. Par Benjamin Ferran et Vincent Jolly

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ans cette époque confondant trop souvent progrès et innovation, aucun mot n’est autant galvaudé que celui de « révolution ». Mais quand, dans ce tumulte d’esbroufe et d’effets de manche, c’est Bill Gates qui le prononce, alors le terme prend soudainement beaucoup plus de poids. Pour le fondateur de Microsoft, les intelligences artificielles génératives qui investissent nos vies depuis quelques mois sont « la seconde démonstration de technologie que j’aie pu voir, qui me paraît révolutionnaire ». La première à laquelle il fait

référence est l’invention, en 1980, des interfaces graphiques permettant à un utilisateur de naviguer à travers un système d’exploitation intuitivement plutôt qu’avec l’écriture de commandes complexes. Près d’un demi-siècle sépare les deux événements mais les conséquences qu’ils ont sur nos vies sont de magnitude similaire. Regardez ces « photos » qui illustrent ces pages : aucune n’est vraie. Toutes ont été générées grâce à Midjourney, l’intelligence artificielle générative, ou GenAI (à ne pas confondre avec l’IA, l’intelligence artificielle dite classique). D’autres que ___u

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49/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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Marine Le Pen en hidjab.

Kim Jong-un, dirigeant suprême de la Corée du Nord.

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L’industriel Jeff Bezos à la Maison-Blanche.

Vladimir Poutine en tenue de tsar.

celles-ci, montrant des situations improbables mais potentiellement réelles comme l’arrestation de Donald Trump par des ­policiers ou Emmanuel Macron en train de nettoyer les rues de Paris, ont défrayé la chronique et ont été partagées plusieurs ­dizaines de milliers de fois sur internet. Des clichés créés en quelques minutes

En soi, l’altération numérique d’images n’a rien de nouveau : les retouches existent depuis l’invention même de la photographie. Dans l’une de ses dernières publicités, Google vante même la capacité de son smartphone à pouvoir effacer un élément qui vous gêne sur une photo d’un simple coup de doigt avec la même aisance qu’un dictateur communiste. Dans l’Histoire, les cas de manipulation des images, d’interprétation en dehors de leur contexte véritable, sont incal­culables. Les théoriciens du complot et les producteurs de

fake news n’ont pas attendu Midjourney. L’outil va ­décupler leurs délires, rendant la navigation sur internet et les réseaux sociaux encore plus difficile qu’elle ne l’est déjà – mais rendre nécessaire, plus que jamais, des émetteurs d’informations fiables (comme Le Figaro Magazine !). La « révolution » dont parle Gates se cache dans la manière dont ces images ont été générées. Dans le fait que ces clichés ont été créés ex nihilo en quelques minutes à partir d’une simple phrase écrite. Pour celle d’Emmanuel Macron qui ouvre ce sujet, il nous a suffi d’indiquer : « Emmanuel Macron en costume hurlant sur des policiers dans les rues de Paris. » Comment ça marche ? Avec son programme informatique, cette GenAI est capable d’aller piocher dans les immenses ­bases de données de milliards de photos hébergées sur internet pour en composer de nouvelles à partir des éléments écrits que nous lui fournissons. Imaginez une grande mare d’eau plate

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50/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Image générée par Midjourney/le figaro magazine ; Midjourney

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Reportage

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Des technologies qui dépassent les enjeux de la désinformation dans laquelle vous jetez un caillou qui forme une série de ­vaguelettes. Le caillou est un élément d’une « vraie » photo existante sur internet (Emmanuel Macron, un coucher de ­soleil, une lumière, un cadre, une tenue…). En recevant votre phrase, Midjourney va jeter des milliers de cailloux dans la mare : et l’image que vous voyez se former est la manifestation de l’intersection de toutes les vaguelettes produites. Ce qui différencie l’intelligence artificielle générative de l’intelligence a­ rtificielle, c’est sa capacité à simuler la compréhension et la ­capacité d’interprétation similaires à celles d’un

­ umain pour exécuter des tâches spécifiques. L’outil h ­ChatGPT fonctionne selon le même principe, pour le texte. Sa quatrième itération, mise en ligne courant mars, est parvenue à passer plusieurs examens universitaires haut la main et en seulement quelques minutes. Fascinant ? Terrifiant ? Passionnant ? Inquiétant ? Les conséquences de ces technologies, qui n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, dépassent de très loin les simples enjeux de la désinformation : c’est un changement complet de paradigme. Comme pour l’invention de l’imprimerie, l’arrivée des ordinateurs personnels ou la création de Google, il y a ceux qui sont prompts à tirer la sonnette d’alarme et ceux qui considèrent que tout ce qui a existé avant doit partir de facto à la poubelle. Le débat est aussi vieux que l’invention des techniques, et un éternel recommencement. « Quand une civilisation passe de la tradition orale à l’écriture, à la typographie ou à la télévision, les notions de ___u

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51/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Reportage

300 millions d’emplois dans le monde sont menacés par l’IA

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vérité se transforment en même temps », prévenait déjà Neil Postman dans Se distraire à en mourir (1985). Une fois que la ­période de découverte, passée à demander des p ­ hotomontages absurdes ou des questions idiotes aux intelligences artificielles génératives, sera écoulée, ces technologies s’imprégneront dans notre quotidien. Des métiers vont disparaître, certes, mais d’autres naîtront et certains évolueront. La banque Goldman Sachs estime que 300 millions d’emplois dans le monde sont menacés par les GenAI – mais dans un même temps la hausse de la productivité pourrait signifier une hausse annuelle du PIB mondial de 7 %. Le secteur le plus touché ? L’administration. Combat de jaguars en forêt tropicale.

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Cyclone sur Paris.

Midjourney comme sur ChatGPT, des fonctions avancées sont proposées sous forme d’abonnement payant. Et l’utilisateur est actif, et non passif. Générer les images qui illustrent ces pages a nécessité la composition d’un « prompt » (équivalent d’une partition) dont l’écriture peut s’apparenter à un processus de création artistique. La preuve ? Le 29 août dernier, l’artiste Jason Allen remportait un concours d’art aux États-Unis. L’artiste révéla que l’image en question, qui n’imitait pas une photographie mais plutôt un tableau, avait été créée par Midjourney… et refusa de partager le « prompt » qui a servi à générer ladite image. Steve Jobs parlait de l’ordinateur comme d’une bicyclette pour l’esprit ; David Holz, fondateur de Midjourney, estime que sa création est « un moteur pour l’imagination ». Et ces moteurs sont sur le point de changer nos vies – pour le pire Benjamin Ferran et Vincent Jolly comme pour le meilleur. ■

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52/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Image générée par Midjourney/figaro magazine ; Bobby Longoria / Getty Images

des outils à haut risque pour l’union européenne

En l’espèce, ces modèles de langage permettent de dialoguer avec les machines rendant plus intuitif notre utilisation et améliorant leurs performances – comme pouvaient déjà le faire les assistants virtuels Siri (Apple) ou Alexa (Google). En intégrant les lignes de calculs et les algorithmes régissant les GenAI dans différents systèmes, les applications deviennent vertigineuses dans beaucoup de domaines, et il est facile d’imaginer comment tous les secteurs (tourisme, médecine, droit, finance, ­recherche, éducation et même les manufactures) vont pouvoir profiter de ces aptitudes. Sur le plan philosophique, certains comme Elon Musk souhaitent que l’on arrête le développement de ces GenAI pendant six mois afin de mieux les encadrer – ou mieux les copier pour rattraper son retard dans le domaine, ce n’est pas très clair. Yann LeCun, chef de l’IA chez Meta (Facebook, Instagram, etc.), ­rejette cette idée. Il compare cette opposition à l’intelligence ­artificielle aux premières vagues de militants antinucléaires dans les années 1970. « En 1440, l’Église catholique a demandé un moratoire sur l’imprimerie, a-t-il commenté. Imaginez ce qui pourrait se passer si le bas peuple pouvait avoir accès aux livres ! Ils pourraient lire la Bible eux-mêmes et les sociétés seraient ­détruites. » Et de poursuivre : « Oui, la société a été détruite… pour le mieux. Les livres imprimés ont permis le mouvement protestant et deux cents ans de conflit religieux en Europe. Mais ils ont également donné naissance au siècle des Lumières : littérature, éducation, science, philosophie, sécularisme et la démocratie. » Malgré tout, l’intelligence artificielle générative ne va pas sans risques, estiment certains. La semaine dernière, Europol, l’agence de police européenne, a mis en garde contre l’emploi de ces technologies par les cybercriminels, tandis que le régulateur italien des données personnelles a imposé une suspension de ChatGPT pour des questions de respect des données personnelles. L’Union européenne, qui planche depuis plus de quatre ans sur une régulation de l’IA, devrait catégoriser ces outils comme étant à « haut risque » et leur imposer des contraintes, comme l’obligation d’indiquer que les photographies sont ­issues de l’IA, lorsqu’elles sont partagées sur les réseaux sociaux. Un vote est attendu au Parlement européen à la fin du mois. On pourrait rétorquer que, pour la première fois depuis quinze ans, l’une des nouveautés sur internet n’est pas là pour abrutir les utilisateurs en capitalisant sur leur temps passé sur une application pour en tirer des recettes publicitaires. Sur

David Holz Diaboliquement génial Le fondateur de Midjourney incarne un renouveau dans le secteur des nouvelles technologies. Un esprit brillant, féru de physique et de philosophie, et qui, dès l’année dernière, répondait par avance aux critiques qui lui sont faites depuis quelques semaines.

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our savoir qui était le fondateur de Midjourney, nous n’avons pas pu demander à ChatGPT : sa base de données ne dispose pas d’informations assez récentes pour répondre à cette question. Alors, tel un homme préhistorique, nous avons été sur Google. Sur sa page LinkedIn, nous apprenons que David Holz a étudié les mathématiques appliquées à l’université de Caroline du Nord ; qu’il a passé un an à l’Institut MaxPlanck d’anthropologie évolutionniste pour réaliser des algorithmes visant à cartographier les cellules d’un cerveau de rat ; qu’il a ensuite travaillé au département d’ingénieurs de la Nasa sur le LiDAR (l’équivalent d’un radar mais qui utilise des impulsions de lumières infrarouges au lieu des ondes radios) pour réaliser des études atmosphériques de Mars et de la Terre ; qu’il a fondé une société appelée Leap Motion, spécialisée dans la technologie de tracking des mains afin de développer des interfaces numériques… Tout ça avant de fonder Midjourney, qui s’impose depuis quelques mois comme l’une des intelligences artificielles les plus performantes et prometteuses. Et à seulement 33 ans ! Aujourd’hui, sa création défraye la chronique. Les fausses photos existaient bien avant Midjourney, mais en ouvrant les vannes de la création et en rendant ces technologies accessibles à tous, cette intelligence artificielle terrorise les observateurs. Sur ce point, l’approche de David Holz change radicalement des positions naïves de Zuckerberg ou de Musk sur l’absolue liberté d’expression qui, in fine, ont créé un monstre qui ronge nos démocraties modernes. Quand des images trop choquantes sont créées via Midjourney, Holz ne tergiverse pas : « Quand on voit ça, on l’écrase immédiatement », expliquait-il déjà en août 2022 dans une interview à The Verge. « On bannit des mots si

c’est nécessaire. On a répertorié les mots utilisés pour créer des images photoréalistes ultragores et on a interdit tous les termes pouvant s’y prêter. » Midjourney a également fermé ses services aux utilisateurs qui ne payaient pas – chose assez rare sur internet. Mais pour Holz, le débat sur l’art ou les fake news n’est pas le sujet. Pour lui, Midjourney est « un moteur pour l’imagination ». Il précise : « Qu’est-ce que ça signifie quand des ordinateurs deviennent meilleurs que 99 % des êtres humains quand il s’agit d’imaginer quelque chose visuellement ? Ça ne signifie pas qu’on doit arrêter d’imaginer. Les voitures vont plus vite que les êtres humains, ça

ne veut pas dire qu’on a arrêté de marcher. Mais quand on a besoin de transporter beaucoup de choses sur de très longues distances, on utilise des machines avec des moteurs. » Quid de la question philosophique sur la place de l’être humain dans la société ? Sur ce point, Holz tempère les ardeurs des prophètes annonçant l’apocalypse et l’effondrement de nos systèmes – et au regard de qui il est, il serait sage de l’écouter. « Quand vous demandez à une IA de faire une image, elle ne se souvient pas vraiment de ce qu’elle a déjà fait. Elle n’a pas de volonté, pas de but, pas d’intention, pas de capacité à raconter une histoire. L’ego, la volonté et les histoires, c’est nous. » Et d’ajouter : « Un moteur n’a nulle part où aller, mais les gens, oui. »

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53/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Sur un plan juridique, sa création soulève aussi tout un lot de questions nouvelles – et importantes. Dont une, majeure : Midjourney doit-il payer pour les milliards de photos qu’il a ingurgitées depuis les différentes banques d’images ? Là-dessus aussi, l’attitude de Holz surprend : il ne nie pas les accusations. « Non. Il n’y a pas vraiment de moyens de prendre des centaines de millions d’images et de savoir d’où elles viennent. On ne peut pas trouver une photo sur internet et automatiquement la rattacher à un auteur. » Trois artistes ont d’ores et déjà intenté un procès à Midjourney. En plus de contenir des erreurs techniques sur le procédé utilisé par l’intelligence artificielle pour créer ces images, l’histoire des vingt dernières années (notamment avec l’industrie de la musique) a démontré que les barrages juridiques ne parvenaient pas à arrêter une technologie dont l’usage était adopté par la population. Ce qui est en train de devenir le cas avec ChatGPT et Midjourney. Difficile de savoir jusqu’à quel point Holz et ses collègues porteront leur technologie, mais il est intéressant de noter la différence de personnalité avec la précédente génération des « cerveaux » de la tech comme Zuckerberg ou Elon Musk. Sur son fil Twitter, qui n’est pas très actif, David partage ses réflexions philosophiques : « Le défi fondamental dans le design, c’est qu’il est facile de faire des choses difficiles et difficiles de faire des choses simples. » Ou encore : « La plus grande tragédie de notre époque moderne, c’est que la colère est bruyante et que l’amour est silencieux. » Une dernière ? « Les deux choses que je voulais le plus dans ma vie étaient de comprendre et d’être compris. Un jour, j’ai réalisé que plus on comprend, moins on est compris, et j’ai senti qu’il fallait que je fasse un choix. J’ai choisi de continuer Vincent Jolly à explorer. »

Reportage

Vatican

LES trésors D’une bibliothèque MILLéNAIRE Le Saint-Siège nous a exceptionnellement ouvert les portes d’un des lieux les plus mystérieux de la papauté. Avec plus de 1,6 million d’ouvrages, la bibliothèque du Vatican détient des manuscrits si rares, des incunables si précieux, que des chercheurs, triés sur le volet, viennent du monde entier pour les consulter. De nos envoyés spéciaux Jean-Marie Guénois (texte) et Stefano Spaziani (photos)

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55/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Eric Vandeville / akg-images

Un parchemin de 1310 relate le procès des Templiers.

Don Giacomo Cardinali sait qu’il y a encore beaucoup à découvrir dans ce lieu mythique.

Ce qui apparaît comme un monde à part est un conservatoire en prise directe avec les connaissances de toutes les cultures de l’humanité

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e prêtre italien est discret. Il est en mission spéciale à Paris. L’œil très a i g u i s é, d i ff i­cilement identifiable, il marche vite, le sourire un peu tendu. Il transporte dans un bagage bleu, sécurisé, deux dessins à la plume, peu connus, mais de valeurs inestimables. Ils sont du Bernin, un artiste éternel. Ce transfert sous haute surveillance n’est pas un trafic mais un prêt, culturel, en vue de deux expositions à Paris. Le porteur de ces œuvres est don Giacomo Cardinali, 45 ans : il travaille à la Bibliothèque vaticane, une grande institution du Saint-Siège. Fondé vers 1450 par le pape Nicolas V, cet espace très protégé abrite aujourd’hui 80 000 manuscrits et 100 000 unités d’archives, 1,6 million de livres imprimés, dont 8 500 incunables (ouvrages imprimés avant 1500), 150 000 estampes, dessins et cartes.

Et la bagatelle de 300 000 médailles et pièces de monnaies dont une partie fut malheureusement volée puis ­fondue sur ordre de Napoléon. L’Empereur transféra d’ailleurs une partie de la Bibliothèque vaticane en France. Louis XVIII restitua l’essentiel à la papauté en 1815. Bien au-delà des murs du Vatican

Par comparaison, la Bibliothèque nationale de France détient 1­ 5 millions de livres imprimés et 250 000 manuscrits. À Londres, la British Library recense 13 millions de livres. Ces établissements nationaux sont au moins dix fois plus imposants que la Vaticane tout en employant 20 fois plus de personnel. Prestigieuse sur le plan international, la Bibliothèque vaticane est ­réputée pour la rareté de ses collections de manuscrits. Elle joue dans la cour des grands. Pour y entrer, il faut montrer patte blanche. Être titulaire d’un doctorat et établir, lors d’un ­entretien, la preuve de la nécessité d’accéder à des ouvrages

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56/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

consul­t ables sur place. Les textes conservés sont en effet trop précieux pour être feuilletés à livre ouvert. Ils sont ­bichonnés comme des reliques. Un tiers des manuscrits, 24 000, ont déjà été toutefois numérisés et sont dis­ponibles en libre a­ ccès sur internet (www.vaticanlibrary.va). L’archiviste et bibliothécaire de la sainte Église romaine, c’est le titre de son plus haut responsable, a exceptionnellement entrouvert les portes de ce temple de la connaissance aux lecteurs du Figaro Magazine. L’accord avait été concédé par le c­ ardinal portugais José Tolentino Calaça de Mendonça – un écrivain réputé – mais, entretemps, le pape François l’a promu ministre de la Culture et de l’Éducation de l’Église catholique. Son successeur, Mgr Angelo Vincenzo Zani, un Italien, le remplace depuis février dernier. Il était jusque-là en charge des 226 universités et établissements supérieurs catholiques de la planète. Avant d’entrer dans son bureau qui a été occupé par trois Français, le dominicain ___u

Reportage

On enferme un mois les vieux manuscrits sous une cloche d’azote pour tuer les insectes amateurs de papier.

Le laboratoire de restauration accomplit des miracles pour sauver des chefs-d’œuvre.

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57/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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Ce code du droit de l’Église du XVe siècle illustre la magnificence et le soin inouï portés aux manuscrits.

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58/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Eric Vandeville / akg-images

La prestigieuse salle Sixtine est un cœur historique où le savoir s’allie à la beauté.

Les bibliothèques ont toujours reproduit les ouvrages. Les copistes recopiaient, lettre après lettre, les machines enregistrent, page après page Mgr Jean-Louis Bruguès (20122018), le cardinal Jean-Louis Tauran (2003 -2007) et le célèbre cardinal Eugène Tisserant (1957-1971) – poste où le cardinal Joseph Ratzinger rêvait d’être nommé –, on croise une monumentale carte du monde vue de… Chine et établie en 1674 par un jésuite allemand missionnaire à Pékin. Brunie par l’âge, elle est peu lisible, mais elle offre la juste perspective de ce lieu. Il dépasse de loin les murs du Vatican. Le pape bibliophile

Mgr Zani arrive d’ailleurs de Taïwan, où il a inauguré une exposition de manuscrits chinois dont beaucoup ont été prêtés par Rome. « On pratique ici la diplomatie de la culture, observe-t-il. Hier matin, je travaillais avec deux rabbins latino-américains pour préparer un séminaire sur des manuscrits très rares du Talmud conservés ici. Pour catholique que soit cette bibliothèque, elle est avant tout universelle et humaniste. Les papes y honorent le travail de l’intelligence et toutes les matières y sont représentées. Il y a paradoxalement peu de livres religieux ici, d’autres bibliothèques de référence existent à Rome pour cela. Ce n’est pas “notre” bibliothèque, elle appartient au bien commun de l’humanité. » En raccompagnant son visiteur, ce prélat, très occupé car il supervise aussi les archives du Vatican et qui s’appuie sur un préfet pour la Bibliothèque, nouvellement nommé par le pape, don Mauro Mantovani, un universitaire de 57 ans, religieux salésien, se souvient de la recommandation du pape François lors de sa nomination : « Faites connaître la bibliothèque, dépoussiérez, ouvrez-la ! » Nous entrons donc dans le saint des saints. Le père Giacomo Cardinali, d’abord rencontré à Paris, nous conduit dans des dédales de la maison où notre photographe pourtant de renom, n’aura pas toujours le droit de pointer son objectif. Dans ces couloirs de livres, ce prêtre est chez lui, il file comme dans la coursive d’un navire. Vocation tardive, philologue, spécialiste de la Renaissance, il était un chercheur avant d’entrer en religion.

Il vient de publier un ouvrage sur le jeune Mozart au Vatican (Sellerio editore). Il a retrouvé ici des documentsqui éclairent « l’affaire » du jeune prodige de la musique. En 1770, il aurait enregistré de mémoire le Miserere d’Allegri, chanté dans la chapelle Sixtine et dont la partition était gardée jalousement secrète. Au Vatican, ce féru de culture habite dans la maison Sainte-Marthe avec quelques dizaines de prélats et… le pape ! « Don Giacomo, tu passeras me voir, j’ai reçu quelque chose d’intéressant », lui glisse parfois François au moment du café. Le prêtre sait à quoi s’attendre. Il se présente, plusieurs livres sont prêts. « C’est pour la Bibliothèque, c’est une belle édition, tu me diras ce que tu penses. » Le pape reçoit beaucoup de livres en cadeau. Il les consulte, en lit certains et les alloue à la Vaticane pour conservation. Le pape demande aussi des nouvelles : « Alors, ce livre de Victor Hugo ? » C’était « la première édition du roman Notre-Dame de Paris », se souvient don Giacomo, il avait été offert par Jean Castex, alors premier ministre français, lors de sa visite. Mais un autre livre donné au pape par Emmanuel Macron, le 24 octobre 2022, a fait polémique. Il s’agissait d’une œuvre du philosophe allemand

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ordinateur et parchemin

Les appareils ultrasophistiqués du laboratoire de photographie de la ­Bibliothèque vaticane mirent tout le monde d’accord. En jouant sur les gammes du spectre de la lumière, ils permirent la lecture de plusieurs couches d’écriture. L’histoire exacte des propriétaires successifs du livre, fut retracée, démontrant qu’il se trouvait en France dès la fin du XIXe siècle. L’honneur était sauf. Ce laboratoire est un lieu capital pour la bibliothèque. Il est conduit par une femme allemande, Irmgard Schuler, très à l’aise avec la haute technologie. Page après page, les vieux livres, parfois à peine écartés pour ne pas forcer la reliure, sont scannés, photographiés, digitalisés. Des enluminures du Moyen Âge sont engouffrées dans ces machines aux allures spatiales, cela donne le vertige. « Dupliquer, même avec des techniques modernes, appartient à ___u

Un “fonds des amis de la bibliothèque Vaticane” vient d’être lancé

L

e travail de restauration des vieux ouvrages est un défi permanent pour une bibliothèque aussi ancienne que celle du Vatican. Un Fonds des amis de la Bibliothèque vaticane ([email protected]) vient d’être créé, à l’échelle européenne, pour financer des chantiers de restauration et de préservation précis et urgents que ne peut pas couvrir le budget de fonctionnement habituel et somme toute modeste, de cette institution, en comparaison à des établissements similaires. Le comité international de ce nouveau fonds de mécénat est présidé par Bertrand du Vignaud, très connu pour son expertise dans le secteur du patrimoine culturel. Son comité de gestion est présidé par Vincent Montagne, également bien connu dans le monde de l’édition. Au-delà de l’aide à la numérisation des manuscrits les plus fragiles et à la modernisation de l’archivage de la Bibliothèque, le Fonds des amis de la Bibliothèque vaticane cherche à financer le catalogage des 10 000 volumes de la « bibliothèque des pénitenciers de Saint-Pierre », les confesseurs de la basilique du XVIe au XVIIe siècle et les extraordinaires et imposants manuscrits musicaux de la chapelle Sixtine, contenant des partitions dont certaines n’auraient jamais été J.-M. G. encore interprétées.

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Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle, éditée en français en 1796. Une indication pouvait laisser penser qu’elle avait été volée par les ­nazis en Pologne et qu’elle avait été ensuite entreposée dans une bibliothèque de Lviv, en Ukraine. Des Polonais s’indignèrent.

Les techniques de sauvegarde sont réversibles et à base de produits naturels.

Le laboratoire de restauration, ici en 1906, a toujours été réputé internationalement pour son savoir-faire.

Les techniques photographiques les plus actuelles permettent de lire différentes couches de texte.

Les restaurateurs traitent page après page : si le temps abîme, la patience répare.

notre métier de bibliothécaire, rassure Irmgard Schuler. Que faisaient ­les c o p i s t e s e t l e u rs p l u m e s, s i n o n ­reproduire ? » Sans compter que le temps ronge tant les originaux que les copies. ­Irmgard Schuler sort des microfilms de leurs boîtes, certains ne sont que centenaires mais connaissent déjà l’usure irrémédiable du support. À côté, des parchemins millénaires semblent crâner, ils se portent comme des charmes ! Confectionnés à base de peaux de mouton, de chèvre ou de veau, les parchemins, semblent éternels. Au point que la même page a pu servir plusieurs fois. La rareté poussait les bibliothécaires à recycler les ouvrages les moins consultés. Ils lavaient les pages à grande eau avant d’y recopier un nouveau texte. Des textes antiques ont été perdus. La bibliothèque du Vatican s’honore d’avoir retrouvé, sous un texte de saint Augustin, une partie de De la République de Cicéron considérée comme définitivement disparue. Ce fut une victoire remportée en 1822 par un ancien jésuite, Angelo Mai, responsable de cette bibliothèque.

L’une des plus anciennes bibliothèques est aussi l’une des plus modernes Le religieux était aussi habile dans le maniement des langues antiques que des fioles chimiques ; il avait mis au point un procédé pour retrouver les sous-couches de textes sur ces inusables parchemins. Lutter contre l’usure du temps

De ce point de vue, la bibliothèque des papes a toujours été en avance. Avec un programme expérimental d’IBM, elle fut pionnière en matière de numérisation dès 1990. Même avance en 1938, quand le pape Pie XI encouragea l’équipement en rayon X et infrarouge pour retrouver des textes obscurcis avec les siècles. Car l’œuvre du temps est redoutable. Surtout avec le climat chaud et humide de la Ville éternelle. Des ­petits insectes, les anobides, aiment le papier. Capables de vivre sans air, ils élisent domicile au creux des vieilles reliures et se régalent dans des millions de pages

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sans les lire, mais en les croquant comme un gâteau de premier choix. Autre ennemi et faux frère, l’encre ellemême ! Elle est censée être la meilleure alliée du texte en donnant forme aux caractères mais, si elle est ferro-gallique, elle finit par dévorer la page manuscrite ou imprimée. Au lieu de découvrir un texte, la surprise est dantesque : une crevasse de papier apparaît au centre des pages… Utilisée par les scribes égyptiens, 2 500 ans avant J.-C., l’encre ferro-gallique était en vogue dans les scriptoria des monastères dès le XIIe siècle. La Bibliothèque a donc son hôpital. C’est un autre laboratoire, celui de la restauration, également dirigée par une femme. Elle est espagnole, elle s’appelle Ángela Nuñez Gaitán. En blouse blanche, elle décrit, passionnée, ces ouvrages comme des êtres vivants. Ils respirent. Ils ont une odeur : « Quelle émotion d’ouvrir de vieux antiphonaires, ­manuscrits de partitions liturgiques, et de sentir des effluves d’encens qui ont pénétré les pages ! » Certains contiennent des détails truculents. Là, un érudit a oublié ses lorgnons, la trace est imprimée à jamais dans le papier. Ici, le chat d’un monastère

Reportage

Le silence est de règle dans les salles de consultation où le doctorat est requis.

a laissé ses empreintes sur le parchemin d’un moine copiste. Angela rit, charmée par ces vieux volumes qui lui parlent. Passé la poésie du métier, il faut prendre des décisions parfois déchirantes. L’admission d’un livre malade dans ce laboratoire commence par un diagnostic où il sera peut-être décidé qu’il est condamné. « Cela fait plus de cent ans que l’on restaure les livres ici, raconte-t-elle. Nous respectons ces objets du passé tels qu’ils sont, nous les soignons au mieux, ­reliures, pages, couvertures, en utilisant des matériaux naturels qui rendent toujours réversibles la restauration. Il ne s’agit pas de recréer ce qui a disparu, mais de stabiliser pour conserver. » Le chantier est immense mais actif. Autour d’elle, une dizaine de spécialistes opèrent les patients immobiles avec la précaution de chirurgiens. Le calme prévaut dans la lumière blanche et bleu d’un matin romain. Quant aux gourmandes anobides, elles sont asphyxiées en déposant chaque livre pendant un mois, à l’intérieur d’un traversin de plastique transparent, sans oxygène, gonflé à l’azote. Tiens, voilà, un manuscrit de Pétrarque

Beaucoup d’ouvrages sont accessibles gratuitement à distance (1304-1374) ! Il étudia lui-même dans l’ancêtre de cette bibliothèque des papes. Les collections de livres ont été protégées dès le XIe siècle. Toutes les grandes p ­ lumes de l’humanité et du christianisme somnolent ici. les mystères du dépôt

Les ouvrages sont lus, à l’étage du dessous, par des chercheurs venus du monde entier. Énigmatiques, studieux, presque religieux, ils scrutent l’écrit hors d’âge avec respect. Certains ont traversé l’océan pour feuilleter un simple parchemin. Le silence absolu est de règle. Il est interdit de les déranger. L’un d’eux serait-il en train de découvrir un trésor caché ? Nous pénétrons alors dans une autre sphère, l’essence de ce lieu : le monde de la connaissance. La Bibliothèque ne se confond pas avec les archives de l’Église et les archives secrètes administrativement séparées et logées dans

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un autre bâtiment. Elles n’ont de secret que le nom (équivoque éliminé d’ailleurs en 2019, quand le pape François décida de les appeler « Archives apostoliques »), puisqu’elles suivent les normes internationales en matière de délai d’ouverture des fonds au ­public. Celles de Pie XII (1939-1958) ont été ouvertes il y a trois ans. La bibliothèque du Vatican possède en revanche un dépôt, qui serait le grenier de cette maison où attendent des caisses de livres non encore répertoriés, comme dans toutes les bibliothèques du monde. On voudrait voir ce dépôt de nos yeux. On frappe à une porte. Puis à une autre. La réponse est invariable : personne n’entre dans le dépôt. Il n’y a pas de gardes, mais de bonnes serrures. Beaucoup fantasment. Le secrétariat reçoit des lettres au ton assuré formulant les demandes les plus folles : il y aurait là les Tables de la Loi de Moïse, les textes ésotériques les plus extravagants, le secret du Graal…. Pas d’index secret non plus avec des livres infréquentables, comme ceux de l’« Enfer » de la Bibliothèque nationale de France. À propos d’« Enfer » les premières éditions de Dante sont là, tout ___u

Reportage

Toutes les cultures du monde sont là, dans tous les domaines.

Derrière chaque livre, une équipe de professionnels de haut niveau veille avec passion sur ce patrimoine culturel unique au monde

La bibliothèque n’a jamais brûlé

Delio Vania Proverbio, scriptor orientalis, a plusieurs découvertes à son actif : des manuscrits éthiopiens très anciens dont il a retrouvé la trace à Rome et surtout une collection unique, japonaise, de l’époque Edo. Elle avait été ramenée, il y a un siècle, par un missionnaire salésien. Parti d’un simple indice, Delio Vania Proverbio a fouillé le dépôt et découvert un trésor : des manuscrits féodaux, datés du XVIe au XIXe siècle, que le Japon lui-même ne possédait plus. Cette mine

d’informations sur la vie des samouraïs et des shoguns de l’époque a vu arriver une équipe de 20 chercheurs japonais financés par le gouvernement pour les étudier. Cet homme a l’érudition modeste, une marque maison, semble-t-il : « J’ai toujours pensé que l’âme de notre métier était le livre et ses contenus. Conserver, dupliquer est nécessaire mais nous devons continuer à creuser nos collections et en acquérir d’autres. » Parmi les 9 conservateurs figure un jeune Français, Pierre Chambert-Protat, 37 ans, latiniste distingué. Il a été dûment sélectionné pour superviser les manuscrits latins. « On ne jauge pas une bibliothèque par la quantité d’ouvrages, mais par la qualité de ceux-ci. Contrairement à beaucoup d’autres, la Vaticane a pour elle de n’avoir jamais brûlé, commente-t-il. On trouve un peu de tout sur tout. Elle a été fondée par un pape humaniste et en a gardé l’esprit. Travailler dans ce lieu enseigne l’humilité car on n’aura jamais fini d’œuvrer. On entretient et consolide de notre mieux, une véritable cathédrale du savoir. » ■ Jean-Marie Guénois

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Une politique audacieuse d’expositions d’art contemporain

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a Bibliothèque vaticane n’est pas d’accès facile, mais elle organise depuis peu, dans ses murs, des expositions volontairement décalées et remarquables sur le thème du livre. En 2021, le plasticien et céramiste Pietro Ruffo y a créé des cartes utopiques et allégoriques en s’inspirant des cartographies de voyages conservées là. En 2022, c’est la graphiste néerlandaise Irma Boom qui transformait des livres de papier en objets d’art inattendus. En 2023, un artiste brésilien, religieux franciscain, Sidival Fila, génial créateur de tableaux associant les trames et les couleurs de tissus anciens ou de récupération, se prépare, lui aussi, à métamorphoser le lieu du 28 avril au 15 juillet. J.-M. G.

Bridgeman Images, SDP, NPL/opale.photo

comme son Paradis. Et le paradis de la ­Bibliothèque pourrait être ce dépôt, encore à déchiffrer. Ce travail de chartreux revient à un collège de 9 conservateurs appelés scriptores, tous chercheurs de haut niveau. Ils se répartissent ce patrimoine par grandes époques, spécialités et continents. Lentement et sûrement, ils éclusent les collections. « On peut passer des jours à rédiger la notice décrivant un manuscrit anonyme, sans titre, dont il faut bien comprendre le contenu. On trouve même des langues inconnues », ­commente l’un d’eux.

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© RMN - Grand Palais/Gérard Blot

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Spécial Entreprises

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Les enjeux du bien-être au travail

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La qualité de vie dans l’entreprise est un outil de performance et un critère de choix chez les candidats à l’embauche. Le palmarès établi par Great Place to Work, après avoir audité près de 500 sociétés, en distingue 100 : grands groupes ou PME, elles savent innover pour prendre soin de leurs salariés. Dossier coordonné par Bruno Jacquot avec Anne Bodescot, Annelot Huijgen, Mallory Lalanne, Guillaume Mollaret et Charlotte de Saintignon

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65/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Spécial Entreprises

Groupe LDLC, qui figure au palmarès Best Workplaces 2023, est une entreprise pionnière de la semaine de quatre jours.

Les salariés en quête de bien-être au travail

Offrir à leurs collaborateurs une bonne qualité de vie professionnelle est devenu la priorité de nombre d’employeurs. C’est à la fois un enjeu de performance économique et de ressources humaines afin d’attirer les meilleurs candidats au recrutement.

Les décevoir est risqué. « Les jeunes collaborateurs, si le management les contrarie, choisissent plus facilement de partir que de batailler en interne », ­r elate Julien Alart, fondateur de Lumm, plate-forme d’accompagnement au bien-être mental en entreprise. Garder les nouvelles recrues qu’ils ont eu tant de peine à attirer et à former devient un enjeu pour de nombreux employeurs. stress, anxiété, burn-out

Mais c’est peut-être qu’ils ont trop tardé. Les indicateurs qui pistent la santé au travail témoignent en effet d’une dégradation régulière. Le baromètre Malakoff Humanis, qui mesure l’absentéisme des salariés, témoigne

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66/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

ainsi d’une hausse constante des risques psychosociaux depuis 2016. L’an dernier, stress, anxiété ou burn-out auraient causé 20 % des arrêts de travail, contre 10 % en 2016. Ils sont devenus, derrière les maladies ordinaires comme la grippe, la deuxième cause majeure d’absence, doublant pour la première fois le mal de dos et les troubles musculo-squelettiques. Ce mal-être au travail, qui coûte cher aux entreprises, n’a pas reflué avec la fin de la pandémie. Et il n’est plus question d’en rejeter la faute sur des salariés à la santé trop fragile, ni sur le Covid-19. « Depuis les suicides chez France Télécom (condamné pour harcèlement moral institutionnel) ou chez Renault, on sait qu’il peut exister un

LDLC ; Jaberson

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tre une entreprise où il fait bon travailler ? Ce n’est plus une utopie pour quelques dirigeants éclairés, mais une nécessité pour un nombre croissant d’entreprises, ­grandes ou petites. Car le marché du travail a changé. Dans les entretiens d’embauche, sous l’œil parfois encore surpris des recruteurs, les jeunes diplômés que les employeurs s’arrachent posent des questions que leurs parents n’auraient jamais osé évoquer : combien de jours de télétravail l’entreprise prévoit-elle ? Comment veille-t-elle au bon équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle ? Quels sont ses ­engagements sociaux ou environnementaux ?

Par Anne Bodescot

problème de santé mentale collectif », pointe Victor Waknine, fondateur de Mozart Consulting et concepteur de l’Ibet (indice de bien-être au travail). Le monde du travail s’est-il à ce point durci ? Même dans la France des Trente Glorieuses, les conditions de travail étaient dures et le harcèlement courant. « Mais le collectif était très fort, analyse la sociologue Danièle Linhart. Les souffrances étaient partagées avec les collègues, des actions collectives étaient possibles. Aujourd’hui, après quarante années d’individualisation du travail, le collaborateur est isolé : l’évolution de son salaire n’est plus collective mais individualisée, comme sa carrière. Il est seul devant l’écran de son ordinateur. » Les collaborateurs vivent de plus en plus mal la contradiction grandissante entre cet isolement, accru aujourd’hui par le télétravail, et l’organisation toujours protocolaire de l’entreprise, empreinte de taylorisme, avec des process très normés à respecter et peu de latitude pour s’exprimer, comme professionnel, sur son travail. Pire, les salariés souffrent d’autant plus que le rythme du travail s’est fortement accéléré. « Depuis les années 1990 et 2000, analyse Victor Waknine, la course à la productivité, à la rentabilité et à la compétitivité a obligé les salariés à aller toujours plus vite, à être toujours meilleurs pour rester en lice, ne pas se laisser distancer par les collègues, devenus des concurrents auxquels leurs performances sont

comparées. » Une pression épuisante. Et l’arrivée des nou­velles technologies de communication, les interruptions incessantes dues aux courriels et aux messageries, qui fragmentent le travail, l’ont encore accrue. Recréer le “collectif”

Mais que faire ? Les entreprises tâtonnent. Elles questionnent leurs salariés sur leurs attentes, sur la qualité du ­management. Certaines ont interdit les réunions après 18 heures ou adopté des chartes de la parentalité au travail. D’autres prévoient des congés spéci­fiques pour ceux de leurs salariés qui s’occupent d’un parent handicapé par exemple, ou déploient pour leurs ­salariés des services autour de la santé, avec des programmes de prévention par exemple. « Elles sont de plus en plus nombreuses aussi à améliorer la restauration d’entreprise, plus variée et plus saine ; à ­proposer des services de bien-être, de santé, de sports et même d’arts (avec la participation de conférenciers artis­tiques par exemple) ; à prévoir des conciergeries sur le lieu de travail et même à domicile pour simplifier la vie des collaborateurs les jours de télétravail », énumère Latifa Hakkou, présidente de l’association Inspirer et développer les environnements de travail (Idet). Parfois, un chief happiness officer est même chargé d’apporter de la convivialité pour recréer le « collectif », le sentiment d’appartenance à un groupe. Ce qui n’est pas simple. Jaberson est le premier cabinet d’avocats figurant au classement Best Workplaces.

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67/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Comme le souligne Jullien Brezun, ­directeur général de Great Place to Work, qui réalise le palmarès Best Workplaces, les employeurs sont face à un paradoxe : l’individualisation de la relation avec le salarié et le besoin de collectif (lire p. 68). En s’engageant pour le confort de leurs salariés, les entreprises espèrent qu’ils s’engageront pour elles en ­retour. Mais elles peinent à convaincre. Selon un sondage réalisé par Great Place to Work, 58 % des salariés français estiment que leur employeur ne fait rien pour la qualité de vie au travail ou se contente d’actions « cosmétiques ». Pour 60 %, les pouvoirs ­publics eux-mêmes ne prennent pas assez en compte cette question. « En dehors de la rémunération ellemême, un salarié se sent bien dans l’entreprise et s’engage pour elle s’il a le sentiment d’être utile, reconnu pour son travail et écouté pour ses compétences professionnelles », rappelle ­Victor Waknine. C’est ce que les ­entreprises redécouvrent face aux ­revendications des jeunes générations : la rémunération, le sens, la convivialité sont les priorités des salariés interrogés pour Great Place to Work. Pour les 35-55 ans, l’équilibre des temps de vie est un critère plus ­important que le sens. Le retour de l’inflation

« De plus en plus d’entreprises tentent donc de faire évoluer leur culture managériale, en passant d’un management axé sur le contrôle à un autre basé sur la confiance, l’écoute, la capacité à s’intéresser à chaque personne. Elles aimeraient offrir de la flexibilité, de la bienveillance », résume Jérôme Ballarin, président de l’Observatoire de la qualité de vie au travail. Elles réfléchissent aussi à des solutions pour redonner du sens au travail : mieux valoriser leurs missions et leurs actions, communiquer sur leurs engagements de RSE (responsabilité sociétale des entre­prises). Avec le retour de l’inflation, la situation se corse pour les directions des ressources humaines. Ces efforts pour améliorer le bien-être au travail seront anéantis si les collaborateurs ont le sentiment que leur pouvoir d’achat diminue. Pour garder des salariés « engagés », la priorité est aussi de les aider à affronter le choc inflationniste. ■

Spécial Entreprises

Le Palmarès de la qualité de vie au travail

Jullien Brezun, directeur général de Great Place to Work, décrypte les enseignements du classement Best Workplaces 2023 des entreprises où il fait bon travailler. Propos recueillis par Bruno Jacquot

Quel est l’enseignement du palmarès Best Workplaces 2023 ? Le fait saillant de cette édition 2023 est le haut niveau de sélectivité avec 100 entreprises labellisées sur les 489 auditées, soit environ 20 %, contre 93 sur 338 l’an dernier. On retrouve dans ce palmarès de belles entreprises de technologie – Mirakl, Voodoo, Contentsquare… Confrontées ­depuis plusieurs années à une guerre des talents, elles ont, les premières, éprouvé, le besoin d’un label de qualité de vie au travail. Mais on voit de plus en plus de sociétés de tous secteurs. Par exemple, cette année, un ­hypermarché E. Leclerc, la société d’avocats Jaberson ou RTE, le réseau de transport d’électricité, font leur ­entrée au palmarès. Cela montre que la compréhension de l’importance de l’expérience collaborateur se diffuse à toute l’économie. Quels sont les traits communs à toutes ces entreprises ? Au-delà du palmarès, ces entreprises présentent trois grands traits com-

Bang Entreprise

muns. D’une part, ce sont des organisations qui considèrent le collaborateur comme un individu et non pas comme une force de travail. D’autre part, elles présentent une culture très éthique, avec un management de proximité pratiquant une communication ascendante et descendante. C’est aussi une culture collaborative qui valorise l’esprit d’initiative tout en sécurisant la prise de risque. Les attentes des salariés – des plus ­jeunes, notamment – ne sont-elles pas contradictoires ? On ne peut que constater aujourd’hui une tension entre l’individualisation et le besoin de collectif. La relation du salarié avec l’employeur s’est fortement individualisée sur le mode : travailler d’où je veux, comme je veux, avec l’outil que je veux. Cette hyper-flexibilisation est une vague très forte sur laquelle les employeurs doivent surfer ; ils n’ont pas le choix. Dans le même temps, les collaborateurs sont en quête de sens : quelle est la justification de mon action dans l’entreprise ? Quelle

Secteur

est la contribution positive a­ pportée par mon travail au-delà de l’entreprise ? Cette quête repose sur le collectif et l’inclusion. La résolution de ce paradoxe entre l’individualisation de la relation et le besoin de collectif passe par un management de proximité et horizontal, attentif à l’épanouissement du talent de chacun. La quête de sens passe par les grands enjeux de l’écologie… L’exercice de leur responsabilité ­sociale et environnementale (RSE) est le grand défi pour toutes les organisations et c’est, en particulier, un enjeu pour les directions des ressources ­humaines : elles doivent mobiliser les salariés pour qu’ils s’imprègnent de la démarche RSE et qu’ils en deviennent les moteurs et les ambassadeurs. On peut faire un parallèle avec la transformation numérique. Elle a été construite et pilotée par les DSI puis les collaborateurs se sont approprié la digitalisation. Le même phénomène de diffusion puis d’infusion est à l’œuvre pour la RSE. ■

Dirigeant

Effectif Création Au palmarès

1

Wavestone

2

DHL Express France

3

Cabinet de conseil

Pascal Imbert

3 351

1990

8 fois

Transport

Philippe Prétat

2 646

1969

4

Groupe SII

Entreprise de service du numérique

Éric Matteucci

4 658

1979

6

4

Kiabi

Prêt-à-porter pour adultes et enfants

Ouarda Ech Chykry

6 700

1978

7

5

Scalian

Conseil en Ingénierie

Yvan Chabanne

2 558

1989

1

6

Nexity

Immobilier

Véronique Bédague

8 108

2000

3

7

Deloitte

Audit et conseil

Gianmarco Monsellato

5 626

1845

1

8

In Extenso

Audit et conseil financier

Antoine de Riedmatten

5 833

1991

1

9

RTE

10

Groupe Chopard

Énergie

Xavier Piechaczyk

8 972

2000

1

Distribution automobile

Érik Chopard

2 668

1995

3

Émilie Sidiqian

1 264

1999

6

De 1000 à 2500 salariés 1

Salesforce

Entreprise de service du numérique

2

Extia

Entreprise de service du numérique

Arnaud Frey

1 882

2007

12

3

MC2I

Entreprise de service du numérique

Arnaud Gauthier

1 164

1989

4

4

Talan

Entreprise de service du numérique

Mehdi Houas

2 509

2002

3

5

Magellan Partners

Entreprise de service du numérique

Didier Zeitoun

1 142

2008

5

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Demain

68/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Source : Great place to work

De 2 500 salariés et plus

Rang Entreprise 6

Electro Dépôt

7

Hervé Thermique

8

Start People

9

Teleperformance France

10

Crédit agricole Charente Périgord

Secteur

Dirigeant

Distribution spécialisée

Stéphane March

Effectif Création Au palmarès 1 846

2003

6

Systèmes d’énergie pour le bâtiment

Emmanuel Hervé

2 282

1972

1

Recrutement et intérim

Olivier Guiraud

1 004

1963

8

Gestion de la relation client

Daniel Julien

5 400

1978

1

Banque et assurance

Catherine Galvez

1 346

1895

1

De 250 à 999 salariés 1

Hilton

Hôtellerie

Simon Vincent

531

1919

2

2

Cisco Systems France

Entreprise de service du numérique

Laurent Degré

787

1984

9

3

Stryker France

Dispositifs et équipements médicaux

Lionel Ulrich

933

1985

6

Systèmes d’alarme et télésurveillance

Cédric Bernard-Laufer

485

1995

1

Entreprise de service du numérique

Philippe Omer-Decugis

624

2012

1

Assurances

Pascal Gonzalvez

439

2010

9

Conseil financier

Frédéric Duponchel

250

2004

15 1

4

Sector Alarm

5

Contentsquare

6

L’Olivier Assurance

7

Accuracy

8

Humanskills

Entreprise de service du numérique

Jean-Sébastien Hongre

340

2011

9

ANSYS

Logiciel de simulation d’ingénierie

Florent Vogel

498

1970

1

10

Abbvie

Laboratoire pharmaceutique

Denis Hello

622

2013

9

11

Equinix France

Entreprise de service du numérique

Régis Castagne

290

1998

1

12

Novo Nordisk

Laboratoire pharmaceutique

Étienne Tichit

334

1923

1

13

Dentsu France

Communication et publicité

Pierre Calmard

880

1966

1

14

Manutan

Mobilier et fournitures professionnels

Xavier Guichard

664

1966

6

15

Groupe LDLC

Distribution de produits i-Tech

Laurent de La Clergerie

699

1996

1

16

Krys Group

17

Numbr

18

Volkswagen Financial Services

19

Advens

20

Dow France

21

Optique

Frédéric Mazeaud

611

1966

10

Audit et conseil

Xavier Goullet

406

2000

1

Financement automobile

Guénaël Geffroy

404

1964

4

Entreprise de service du numérique

Alexandre Fayeulle

328

2000

1

Chimie et matériaux

Jean-Michel Duplouis

379

1897

1

Mirakl

Entreprise de service du numérique

Philippe Corrot

416

2012

1

22

Odigo

Entreprise de service du numérique

Erwan Le Duff

491

2019

2

23

VIF

24

Isagri

25

Homeserve

26

Voodoo

27

E. Leclerc La Belle Vie

Logiciels pour l’industrie

Antoine Vignon

264

1980

1

Logiciels pour l’agriculture

Pascal Chevallier

865

1983

7

Dépannage et petits travaux domestiques

Guillaume Huser

817

1993

4

Éditeur de jeux vidéo

Fabrice Sawegnon

305

2013

2

Grande distribution

Mireille et Jean-Claude Pénicaud-Tesson

321

1985

1

28

Colis Privé

Transports

Jean-Philippe Bergougnoux

540

1993

1

29

MSD France

Laboratoire pharmaceutique

Clarisse Lhoste

880

1961

1

30

Objectware

Entreprise de service du numérique

David Pinto

536

1999

2

De 50 à 249 salariés 1

Uptoo

Conseil commercial

Didier Perraudin

219

2005

4

2

Cadence

Entreprise de service du numérique

Jean-Paul Carrière

129

1988

8

3

Elevate Agency

Entreprise de service du numérique

Aurélien Magnan et Maxime Planchou

75

2017

1

4

Sqorus

Entreprise de service du numérique

Amadou Ngom

244

1990

9

5

Quaternaire

Conseil en management et formation

Philippe Delwarde

64

1999

3

6

Tasmane

Entreprise de service du numérique

David Gelrubin

70

2019

4

7

W.L. Gore & Associés

Industrie, textile Gore-Tex

Frédéric Amariutei

69

1978

17

8

Getaround

Transports

Sam Zaid

117

2009

1

9

EPSA Tax & Innovation

Conseil en optimisation fiscale

Nicolas Goncalves

116

2011

5

10

Utopies

Conseil en stratégie RSE

Élisabeth Laville

73

1993

6

11

Informatica

Éditeur de logiciels

Georges Anidjar

87

1993

2

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Demain

69/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

___u

Spécial Entreprises

Le Palmarès de la qualité de vie au travail Rang Entreprise

Secteur

Dirigeant

Effectif Création Au palmarès

12

Eco Compteur

Électronique, solutions de comptage

Christophe Milon

104

2004

2

13

Ovalo

Entreprise de service du numérique

Grégoire Magat

55

2015

2

14

L-Expert-Comptable.com

Audit et conseil financier

Jean-Christophe Durain

119

2009

1

15

Sociabble France

Entreprise de service du numérique

Jean-Louis Benard

78

2014

3

16

DVINE

Commercialisation de produits autours du vin

Thibaut Jarrousse

71

2012

1

17

GMBA & Co

Audit et conseil

Raymond Dorge

174

1989

1

Franchises Ixina, Cuisine Plus, Cuisines References, Vanden Borre Kitchen, Cake Kitchen

Loïc Paitel

236

2002

2

18

FBD International

19

Mediabrands

Médias

Thomas Jamet

198

1975

1

20

SC Johnson

Produits d’entretien

Lorenzo Potecchi

88

1886

8

21

Robert Half

Cabinet de recrutement

Olivier Gélis

197

1948

2

22

Volvo Financial Services

Financement automobile

Yani Penet

53

1930

1

23

Lely Center

24

Valiantys

25

Rhapsodies Conseil

26

Industrie machines agricole

Guillaume Chabra

58

2007

2

Entreprise de service du numérique

Lucas Dussurget

108

2006

6

Cabinet de conseil

Olivier Barthelemy

94

2006

1

Brown Forman

Vins et spiriteux

Michel Gayraud

147

2013

8

27

Adyen France

Plate-forme de paiement

Virginie Melaine-Christensen

75

2006

1

28

Mon Courtier Energie

Courtage en énergie

Guillaume Rouaud

130

2017

1

29

Deafi

Plate-forme de service d’inclusion

Jean-Charles Correa

69

2009

2

30

Tiime

Logiciel de gestion et de comptabilité

Grégoire Lambin

158

2015

1

Communication et publicité

Mathieu Rostamkolaei

35

2010

2

Immobilier d’entreprise

Juliette Caudard

25

2015

1

Karim Mohammedi

20

2017

1

1

Mozoo

2

Valoris Real Estate

3

Fastcube

Entreprise de service du numérique

4

Inoco

Entreprise de service du numérique

Élodie Brasey

22

2018

1

5

The Trade Desk

Entreprise de service du numérique

François-Xavier Le Ray

30

2009

1

6

SentinelOne

Entreprise de service du numérique

Tomer Weingarten

34

2013

1

7

Jaberson

Société d’avocats

Charles Jamet

35

2017

1

8

Abylon

Entreprise de service du numérique

Mehdi El-Manssouri

46

2016

3

9

Pony

Transports

Paul-Adrien Cormerais

22

2019

1

10

Adopale

Conseil en santé

Franck Bienvenot

22

2003

1

11

Umiami

Agroalimentaire

Tristan Maurel

35

2020

1

12

Ausha

Médias

Maxime Piquette

22

2018

1

13

Joko

Appli de promotions, cashback et paiement fractionné

Xavier Starkloff

35

2018

1

14

Velco

Ingénierie

Pierre Régnier

35

2016

1

21

2012

1

15

PNM Expertise

Audit et conseil

Arnaud Marcerou et Christophe Polidori

16

Dix Septembre

Conseil en financement de l’innovation

Emmanuel Cognet et Julien Bouteiller

25

2010

2

17

Tanium

Entreprise de service du numérique

Orion Hindawi

36

2007

1

18

Swagelok

19

The Source

20

Sumit

L

Composants pour systèmes de fluides

Éric Delizy

39

1988

4

Médias

Fabien Gagnot

33

2017

1

Entreprise de service du numérique

Paulo De Matos

33

2006

1

Comment les entreprises ont été sélectionnées

a société Great Place to Work procède en deux temps. D’une part, le Trust Index, questionnaire en 60 points d’un modèle centré sur la perception de confiance et adressé à tous les collaborateurs de l’organisation auditée. D’autre part, le Culture Audit est un dossier complété par

l’entreprise sur ses pratiques managériales. La certification Great Place to Work est un premier niveau de reconnaissance attribué aux entreprises ayant un taux de réponses positives au Trust Index d’au moins 65 %. Le classement est élaboré par la combinaison des deux notes.

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Demain

70/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Source : Great place to work

Moins de 50 salariés

2023

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Demain

Merci à tous nos collaborateurs de faire de E. Leclerc Luçon La Belle Vie le 1er magasin alimentaire présent au palmarès Great Place To Work !

Spécial Entreprises

RTE 90 % des salariés suivent une formation chaque année RTE est classé 9e du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie des plus de 2 500 salariés.

V

ous avez dit RTE ? « Nous sommes au cœur de la vie des Français, mais les Français nous connaissent mal », explique Sophie Moreau-Follenfant, membre du directoire de RTE et directrice des ressources ­humaines. Filiale d’EDF, de la Caisse des dépôts et de CNP Assurances, l’entreprise gère les lignes à haute tension, les « autoroutes de l’énergie ». Localement, RTE passe le relais à Enedis, filiale d’EDF, qui distribue l’électricité jusque chez le consommateur final. « Au cœur de la transition énergétique, nous sommes en phase de forte croissance, précise Sophie Moreau-Follenfant. Dans les années à venir, l’électricité occupera une place de plus en plus importante tandis que reculeront les énergies fossiles. Plus d’électricité, c’est plus de réseau pour la transporter. Notre réseau doit s’adapter et se développer dans des proportions inédites. C’est tout l’enjeu de notre plan stratégique Impulsion & Vision. » C’est dans cette perspective que s’inscrivent les recrutements. En 2023, RTE, qui emploie 9 500 personnes, prévoit d’accueillir 700 à 800 nouveaux salariés. « Nous ­sommes à un moment historique et c’est assez galvanisant, souligne Sophie Moreau-Follenfant. Mais, dans cette phase de forte croissance, nous devons avancer sans qu’aucun collaborateur soit laissé au bord de la route. » RTE a déployé un important dispositif de formation. Il y consacre 6,3 % de la masse salariale et, chaque année, 90 % des salariés suivent une formation. « La promesse de RTE est que les collaborateurs s’inscrivent dans une trajectoire au sein de l’entreprise, qu’ils puis-

sent y faire une carrière, en leur proposant de vivre plusieurs vies professionnelles et en les accompagnant dans la construction de leur parcours », explique Sophie MoreauFollenfant. En moyenne, un emploi dure quatre ans. Avec le dispo­sitif de mobilité, RTE s’engage sur deux emplois consé­cutifs, sur huit ans donc. Si son emploi disparaît, un salarié est assuré que le suivant est déjà inscrit dans la suite de sa vie professionnelle. Lors de l’entretien professionnel, le manager et le salarié peuvent identifier quatre compétences comportementales individuelles (CCI) : deux qui sont des atouts et deux qu’il pourrait développer. L’objectif est de mettre en regard de ces besoins les formations B. J. ­nécessaires pour l’acquisition de ce savoir être.

Scalian Une hiérarchie qui fait confiance

E

n 2022, 40 projets ont été proposés dans le cadre du programme Bâtissons ensemble Scalian 2024, ouvert aux 5 000 collaborateurs de la société de conseil en ingénierie. Cinq projets ont été sélectionnés. Pour les développer, Scalian monte des équipes, leur alloue du temps, un budget, des ressources en interne… Toute la politique de ressources humaines se traduit par l’autonomie laissée aux collaborateurs. « Nous offrons à nos consultants seniors une forte capacité d’action, avec une ­hiérarchie qui fait confiance et qui est plus en soutien que dans le contrôle », explique Caroline Nancy, directrice des ­ressources humaines du groupe. Avec un autre programme, En route, 10 collaborateurs partent quatre à huit semaines en « expédition apprenante ». L’objectif est qu’ils découvrent un nouveau secteur et de nouvelles méthodes de travail dans une des filiales en France, en Allemagne ou en Espagne. Les collaborateurs peuvent aussi alimenter une boîte à idées en propositions sur le réseau social interne BeScalian.

Au-delà de cet écosystème, Scalian a souhaité alléger au maximum leur organisation. Cela se traduit par une grande flexibilité et une liberté au quotidien – pas d’horaires fixes, souplesse dans la prise de congés, télétravail à 50 % du temps… Avec une moyenne d’âge de 37 ans, le groupe œuvre aussi en faveur de la famille avec la création de ­crèches d’entreprise, de plates-formes de parentalité et des journées pour enfants malades. Depuis sa reprise en 2015 par son actuel président, Yvan Chabanne, l’entreprise qui emploie 80 % de son effectif en France, a fortement accéléré son développement. Avec une croissance organique de 20 % en 2022 à 550 millions d’euros de chiffre d’affaires, Scalian prévoit de recruter 2 000 personnes en 2023, essentiellement des ingénieurs ­expérimentés. Le Scalian Pact balise pendant un an l’accueil des nouveaux salariés. « Nous avons formalisé plusieurs points de contact pour monitorer l’intégration et nous assurer du respect de la promesse de nos engagements et objectifs réciproques », détaille Caroline Nancy. Charlotte de Saintignon

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Demain

72/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

RTE

Scalian occupe la 5e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie des plus de 2 500 salariés.

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Demain

Spécial Entreprises

E. Leclerc - La belle vie “La grande distribution n’est pas un monde de sauvages” Cet hypermarché vendéen est 27e au palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

P

our Jean-Claude Pénicaud, l’entrée de l’hypermarché E. Leclerc de Luçon (Vendée) au palmarès de Great Place to Work, « c’est la cerise sur le gâteau ». « Dans un mouvement comme le nôtre, analyse-t-il, nous avançons collectivement dans des domaines tels que les achats. Mais les ressources humaines relèvent de chaque ­adhérent. J’ai choisi, il y a des années déjà, d’apposer la mention La Belle Vie sur la devanture, à côté de l’enseigne. Ce n’est pas pour rien. J’ai la conviction profonde que la performance sociale est un levier de la performance financière. » Après ses études de droit, Jean-Claude Pénicaud, se destinait à la fonction publique. « J’ai quitté la préfecture de l’Aisne pour travailler au rayon bazar dans un supermarché Leclerc dont je suis devenu ensuite directeur. C’est là que la

petite graine a germé », raconte-t-il. En vingt ans, son ­hyper est passé de 27 à 88 millions d’euros de chiffre ­d ’affaires et de 100 à 350 personnes. Jean-Claude ­Pénicaud s’est documenté sur « l’entreprise libérée » puis sur la méthode des coûts cachés du professeur en sciences de gestion Henri Savall. « J’ai voulu expérimenter ce management socio-économique en grande distribution, expliquet-il. Nous avons instauré, en 2017, les séances régulières avec l’ensemble des collaborateurs sur les dysfonctionnements internes. On en compte six – dont l’organisation et les conditions de travail – communs à toutes les entreprises dans le monde. On les analyse et on met en place des actions, ­individuelles et collectives. » Chaque salarié signe tous les six mois un « happy deal », un contrat de micro-objectifs. S’ils sont atteints, ils donnent droit à un 17e mois de salaire ; l’entreprise reverse 25 % de son résultat qui font un 15e et un 16e mois. « Tous les six mois, nous refaisons le diagnostic qui nous donne de la matière première à travailler. Aucun sujet n’est tabou, y compris la rémunération. C’est cela qui crée une confiance mutuelle. » Une confiance qui incite l’équipe à aller de l’avant. Le Leclerc de Luçon a été le premier de l’enseigne à supprimer les prospectus en avril 2021 ; le premier dans la grande distribution à offrir des protections hygiéniques à ses salariées. « J’ai entendu toute ma vie que la grande distribution ressemble à Germinal. Si notre entrée au palmarès Best Workplaces peut aider à démontrer que ce n’est pas un Annelot Huijgen monde de sauvages… »

Jaberson Le management selon les hommes de robe vant de créer Jaberson en 2017, Charles Jamet, ­Antoine Aubert et Julien Anderson avaient évolué dans de grands cabinets d’avocats. C’est ce qui les a sans doute poussés à imaginer un quotidien tourné vers le bien-être des 36 avocats et collaborateurs de Jaberson. « Nous voulons prouver qu’il est possible d’exercer un métier rigoureux sur le plan technique et chronophage tout en ­s’épanouissant », explique Charles Jamet, président de ­Jaberson. Le cabinet a démarré à Marseille avant de ­s’implanter à Aix-en-Provence, Avignon et Paris. Il a fait le choix de locaux situés dans des environnements préservés. Ils sont aménagés avec des espaces de travail individuels et collectifs, des cuisines, des salles de réunion équipées d’écrans interactifs. Les fondateurs misent sur une organisation horizontale. « Un apprenti a autant de poids dans la réflexion qu’un ­associé ou un dirigeant. Nous avons pour principe de faire confiance à nos salariés, sans attendre qu’ils fassent leur preuve. Le bien-être au travail passe aussi par la quête de

sens. Ce cabinet est un projet collectif », confie Charles ­Jamet. L’organisation matérielle du travail est aussi très souple : télétravail illimité et horaires flexibles. « L’équipe peut circuler librement entre nos quatre cabinets. Cela ne doit pas poser problème, de même que partir plus tôt pour ­aller chercher un enfant », ajoute l’associé dirigeant. Le cabinet travaille sur l’articulation des rémunérations et des impératifs d’investissement. « Nous recherchons un ­alignement total entre les objectifs que l’on donne, les mécanismes d’incentive, la stratégie et la culture qu’on cherche à développer, poursuit Charles Jamet. Lorsque vous avez un salarié qui comprend que son système de rémunération est aligné avec la stratégie générale de l’entreprise, qu’il connaît la finalité et comprend la culture qu’on diffuse. Cela produit beaucoup d’effets sur la performance et le bien-être. » Jaberson mène aussi une réflexion permanente sur le partage des profits avec les collaborateurs. En 2022, la grille de rémunération a été revue à la hausse et les congés des Mallory Lalanne ­avocats sont passés de 5 à 7 semaines.

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Demain

74/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

e. Leclerc

A

La société d’avocats Jaberson occupe la 7e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie moins de 50 salariés.

Hervé Thermique reconnue comme une entreprise où il fait bon travailler ! De fortes valeurs partagées depuis plus de 50 ans avec nos collaborateurs et clients-partenaires.

#AUTONOMIE #RESPONSABILITÉ #CONFIANCE #COOPÉRATION

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Demain

herve-thermique.com

Spécial Entreprises

Colis privé Un dialogue entre tous les métiers Colis Privé occupe la 28e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

P

asser une semaine ensemble quel que soit son rang, cela cimente une équipe et crée la possibilité d’un dialogue entre tous les métiers. Dans une entreprise de notre taille (700 salariés), comptant de multiples sites, c’est déjà énorme », explique Jean-Philippe ­B ergougnoux, directeur général de Colis Privé. ­D ispensé tous les deux mois auprès des nouveaux ­a rrivants, cet exercice d’intégration est clé dans la ­société de livraison à domicile. « Nous avons toujours placé l’humain au cœur de nos préoccupations. Face à de gros opérateurs tels que La Poste, nous n’avions pas les mêmes armes, analyse Jean-Philippe Bergougnoux. Pour embarquer les équipes, il nous a toujours fallu trouver des moyens de différenciation. C’est ainsi que nous avons maintenu la confiance et réussi à se serrer les coudes dans des moments qui n’ont pas toujours été faciles. Bien sûr, cela passe par la gratification, quand c’est possible, mais pas seulement. » Colis Privé fait réaliser un baromètre qualité mensuel. « Il y a quelques années, la lecture de certains audits nous

a fait mal, mais ils nous ont permis de grandir et d’amé­liorer nos process, comme notre culture d’entreprise », analyse le DG. Pour qu’ils appréhendent la réalité des métiers de terrain et de l’activité, les salariés des services support doivent s’immerger : visite d’une agence et d’une plate-forme de transit afin de comprendre le parcours du colis, le rythme de travail en entrepôt et la place de chacun dans la chaîne de valeur. Cet état d’esprit, Colis Privé l’entretient avec la nomination d’ambassadeurs volontaires pour chaque métier. « Ce mode de fonctionnement, indépendant des relations avec les partenaires sociaux, favorise aussi le dialogue avec les représentants du personnel. C’est un plus », assure le dirigeant pour qui cette démarche « associée à l’audit Great Place to Work nous donne des pistes claires de ­progression ». Le prochain chantier de Colis Privé en matière de qualité de vie au travail : « Le confort au sein de nos entrepôts », révèle le directeur général. Il voit dans ces réalisations futures le ferment d’une meilleure rentaGuillaume Mollaret bilité pour l’entreprise.

Groupe Chopard automobile En route pour la semaine de 4 jours

A

l’instar de LDLC (lire p. 82), Groupe Chopard Automobile, l’un des cinq plus grands concessionnaires français, réfléchit à instaurer la ­semaine de travail de 4 jours. « Nous avons mis en place des groupes de travail pour accompagner cette transformation qui sera ­notre grand chantier de l’année 2023 », ­explique Joseph de Malaussène, directeur des ressources humaines de ce groupe familial. Si elle est un important levier de recrutement, elle implique un changement des contrats de travail et une modification du nombre ­d’heures travaillées par jour… Et s’ils visent à améliorer l’équilibre de vie, ces trois jours de repos hebdomadaire ne sont pas forcément revendiqués par chacun. « Bien que plébiscitée, cette nouvelle

o­ rganisation ne fait pas l’unanimité, souligne Joseph de Malaussène. C’est pourquoi nous avons créé des groupes de travail à l’écoute du terrain et de la volonté des collaborateurs dans chaque établissement. » Groupe Chopard Automobile se déploie en une soixantaine d’entités juri­diques réparties entre Troyes et Nice. Au palmarès Great Place to Work depuis 2018, ce concessionnaire de Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, DS…) et de Mercedes utilise l’audit comme un outil d’amélio­ration de la conduite du changement et de la qualité de vie au travail. « Les résultats de l’audit sont intéressants mais l’aspect le plus riche réside dans le travail mené entre deux enquêtes. Il faut les envisager comme une base de travail inspirante pour l’année qui suit, avance Joseph de Malaussène. Le sens du travail et de la satisfaction client est évident dans nos points de ventes et nos garages. En revanche, au siège, à Besançon, nous sommes un peu éloignés du terrain. Pour y remédier, nous organisons des sessions du type “Vis ma vie”. Quand un constructeur sort un nouveau modèle, nous le présentons également aux salariés du siège. » En concentration permanente depuis une dizaine ­d’années, la distribution automobile doit relever le défi de conserver une culture d’entreprise malgré les opérations de croissance externe. « L’apport de Great Place to Work est important, souligne-t-on chez Groupe Chopard ­Automobile. Il nous oblige à aborder la qualité de vie au travail avec méthode et cela rend notre action beaucoup G. M. plus efficace. »

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76/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

groupe Chopard automobile

Groupe Chopard occupe la 10e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie plus de 2 500 salariés.

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Spécial Entreprises

Sector Alarm Transparence et proximité

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Sector Alarm occupe la 4e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

’ai 20 ans d’expérience et acquis la conviction qu’il faut être heureux de venir travailler, estime Cédric BernardLaufer, directeur général de Sector Alarm France. Pour que nos clients aient le sourire, nos collaborateurs ­doivent eux aussi l’avoir. » Au sein de la filiale de l’entreprise norvégienne de systèmes d’alarme, 92 % des 650 salariés ont une perception positive de la société et de ses valeurs, en particulier des dispositifs RH. Ces valeurs sont celles de la maison mère (plus de 3 000 employés en Europe). D’abord, la proximité hiérarchique, avec des dirigeants ­accessibles. L’entreprise prône la transparence sur ses ­objectifs, sur les moyens mis en œuvre et sur les difficultés éventuelles pour les atteindre. Ces sujets sont abordés chaque mois lors d’un déjeuner avec un membre du comité de direction et auquel chaque collaborateur peut s’inscrire. Sector Alarm ménage aussi des entretiens réguliers entre les managers et un membre de leur équipe, des réunions d’équipes mensuelles, des ateliers collaboratifs, des événements comme les Summer Games (huit collaborateurs

concourent chaque année à des olympiades en Anda­lousie) ou Les Héros passionnés. Chaque année, trois ­collaborateurs sont reçus au siège, à Oslo, et immergés dans la culture norvégienne avec des activités comme le bobsleigh, le curling, le ski ou le sauna. L’entreprise promeut aussi la responsabilité. « Nous évitons les silos avec des collaborateurs à la fois en charge du ­diagnostic, de l’installation et de la maintenance. Chacun est un maillon indispensable à la sécurité de nos clients », précise Cédric Bernard-Laufer. Pour recruter ses commerciaux VRP, Sector Alarm ­recherche avant tout des candidats motivés. La Sector Way Academy leur donne les moyens de monter en compé­tences. Ainsi 80 % des vendeurs n’ont jamais suivi de ­formation à la vente. « Nous donnons leur chance à ceux qui intègrent l’entreprise, en moyenne à 21 ou 22 ans, pour ­bénéficier de promotion et de notre système méritocratique », explique Jessica Spina, directrice des ressources humaines. Charlotte de Saintignon

Électro Dépôt Salariés heureux, clients heureux

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es collaborateurs heureux font des clients heureux : c’est la philosophie chez Électro Dépôt, qui a 91 magasins en France. Et pour être ­h eureux, les 1 800 collaborateurs ont besoin d’être ­a ssociés, au sens propre car 91 % des salariés sont action­naires, comme au sens figuré. « Il y a une très forte proximité entre nos magasins et le siège, souligne ­Delphine Rossie, directrice des ressources humaines. Des ambassadeurs référents sur tous les thèmes, de la ­sécurité à l’inclusion, nous remontent les besoins et les ­irritants, qui donnent lieu à des plans d’action. Qui mieux qu’un opérationnel sait ce qu’il faut faire ? » Un exemple ? Cette « bio » – pour « bonne idée opérationnelle – d’une alternante. Elle suggérait d’afficher les avis Google sur

des produits sous forme d’un QR Code. De même plusieurs collaborateurs avaient ouvert un compte TikTok pour leur magasin. Désormais, en complément de leurs tâches, ils postent des vidéos sur ce réseau social. « Nous prenons en compte toutes les idées, explique ­Delphine Rossie. Si elles ne sont pas applicables, nous l’expliquons. Sinon, nous incitons les collaborateurs à les mettre en œuvre. Il y a un véritable effet d’entraînement : participer à la rédaction d’un module d’e-learning par exemple responsabilise et implique les salariés volontaires et incite les autres à suivre la formation imaginée par leurs collègues. » Il en est de même, à plus grande échelle, pour la formation des responsables de magasins par une ­trentaine d’experts maison. L’avis des salariés sur la politique de ressources humaines est recueilli une fois par an lors d’une enquête ­interne ou de l’audit Great Place to Work. « Nous sommes une enseigne low cost, mais notre politique de ressources ­humaines ne l’est pas », précise Delphine Rossie. Electro Dépôt se revendique aussi « low impact », constamment à la recherche d’économies pour pouvoir proposer des prix bas et consommer moins de ressources. Cela se ­traduit dans les magasins. Hors les murs aussi : chaque point de vente choisit une association locale active dans le social ou l’environnement pour lesquels les employés, bientôt tous formés à la Fresque du climat, font du bénévolat durant leur temps de travail. « Bien sûr, nous avons aussi un baby-foot, mais c’est juste pour la photo ! » Annelot Huijgen ­plaisante Delphine Rossie.

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78/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

électro dépôt

Électro Dépôt occupe la 6e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 1 000 à 2 500 salariés.

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98% des salariés pensent qu'Adyen est ® une Great Place to Work

Spécial Entreprises

Éco Compteur Le pouvoir aux salariés Éco Compteur occupe la 12e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 50 à 249 salariés.

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’ai toujours eu beaucoup d’autonomie, d’indépendance, ce qui a une incidence sur la façon dont j’ai imaginé et conçu les relations au travail. Je me suis tout de suite mis à la place des futurs salariés en me demandant si j’avais envie de rejoindre cette entreprise », confie Christophe Milon, président de Quanteo Group. Ses deux ­filiales – Éco Compteur et Quantaflow – de comptage de piétons et de cyclistes, emploient 188 salariés. Il s’est tourné en 2016 vers l’holacratie, un mode de ­management où l’autorité et la prise de décision échoient aux équipes, où la culture de la transparence prévaut. Les salariés choisissent leurs missions dans le respect de la stratégie de l’entreprise et de ses valeurs. Ils ont le pouvoir

de créer leur « rôle » et de se recentrer sur leur zone de ­talent. Ils ont aussi l’autorité pour faire évoluer les choses pour tendre vers l’efficacité. « On sait exactement qui fait quoi et qui a autorité sur quoi, détaille Christophe Milon. L’holacratie est soutenue par un logiciel qui permet de ­mettre à jour une fiche de poste en temps réel. Quand il y a une réorganisation, on ne touche pas au titre de la ­personne mais on réattribue les rôles, ce qui offre une grande fluidité car chaque poste est divisé en plein de petits morceaux opérationnels. » Pour la mise en place de l’intéressement, un groupe de ­travail s’est autoconstitué pour déterminer la formule de calcul. « Cela a abouti à un niveau assez élevé, une répartition totalement égale et pas proportionnelle au salaire », se satisfait le dirigeant, qui envisage en 2023 la mise en place de l’actionnariat salarié. La société a aussi choisi d’abandonner les entretiens individuels, qui reposent souvent sur des objectifs obsolètes un an après avoir été fixés, afin de réaliser des entretiens collectifs. « Une fois par an, ces entretiens nous permettent de faire le point sur notre fonctionnement en tant qu’équipe et en tant qu’individus dans cette équipe », commente le ­dirigeant. Chacun s’exprime sur son ressenti, son fonctionnement vis-à-vis des clients et de l’entreprise, avant d’être évalué par ses collègues. Ce management favorise la cohésion. « Nous avons très peu de turn-over, autour de 5 %. Nous sommes convaincus que nous n’aurions pas eu les mêmes résultats et la même croissance sans holacratie », Mallory Lalanne assure Christophe Milon.

Contentsquare Une dynamique de transparence

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orsqu’il a créé Contentsquare en 2012, à Paris, ­Jonathan Cherki n’imaginait pas que son entreprise de logiciel d’analyse des parcours clients ­deviendrait une licorne et rejoindrait le French Tech Next 40, le club des start-up françaises prometteuses. Dès le début, Content­square a investi sur ses valeurs. « Nous faisons de gros ­efforts pour que tous les salariés aient accès aux informations de l’entreprise, à ses objectifs, ses résultats et ses métriques financiers », explique Nicolas Fritz, responsable RH. Contentsquare a mis en place des forums où tous peuvent poser des questions à la direction et avoir des « discussions ouvertes au coin du feu » avec le PDG et des managers. « Si cette dynamique de transparence est compliquée pour les ­dirigeants, elle est saine pour l’entreprise, ­estime Nicolas Fritz. Cette pédagogie quotidienne permet d’embarquer les salariés sur toutes nos décisions. » Contentsquare offre de nombreuses opportunités à ­l’international et de mobilité interne. « Nous investissons massivement sur les primo-managers et les accélérations de

carrière sont liées à la trajectoire de l’entreprise qui croît très vite », explique Nicolas Fritz. Plutôt que le télétravail à temps plein qui est l’exception, Contentsquare loue des bureaux WeWork. « Libérés de la gestion des bureaux et des prestataires de services, nos MOMs – pour Magical Office ­Managers – peuvent être à 100 % aux petits soins pour nos collaborateurs. » Pour favoriser l’équilibre de vie, ­Contentsquare a mis en place en France un congé paternité de 16 semaines. Elle propose aussi chaque année des enveloppes de 500 euros dédiées à leur bien-être. Contentsquare a intégré les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour soutenir des causes comme autour du handicap ou du multiculturalisme. « Avec une équipe dédiée à la RSE, chapeautée par une ­d irectrice de l’impact, nous allons au-delà des sujets ­réglementaires que sont le développement durable, la diversité, l’égalité et l’inclusion, explique Nicolas Fritz. C’est un élément de fierté pour nos salariés et cela donne du sens à Charlotte de Saintignon leur travail. »

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80/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

eco computer

Contentsquare occupe la 5e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

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Spécial Entreprises

LDLC Oser la semaine de 4 jours Groupe LDLC occupe la 15e place du palmarès Great Bestworkplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

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uatre jours de travail par semaine avec 32 heures hebdomadaires payées 35… Bienvenue chez LDLC ! Le distributeur lyonnais de matériel ­informatique fait figure de pionnier en s’adaptant à la volonté de ses salariés. « Globalement, 60 % des ­c ollaborateurs voulaient leur vendredi, et 20 % leur ­mercredi, explique Laurent de la Clergerie, dirigeant ­fondateur de LDLC qui emploie 1 100 personnes. Mais en respectant strictement cette volonté, la situation n’aurait pas été tenable pour la continuité de nos services. Il a donc fallu faire des compromis. » Pour concilier les impératifs de l’activité et le choix des salariés, ceux-ci ont été invités à s’organiser en binôme pour bénéficier du jour de repos de leur choix une ­semaine sur deux en alternance. « Certains se sont montrés astucieux en se mettant en ­binôme pour un repos alterné entre le vendredi et le lundi. Ainsi, ils bénéficient parfois de quatre jours de repos consécutifs », salue Laurent de la Clergerie. Il n’a pas pu autoriser que le jour de repos soit le samedi qui est la plus grosse journée de ventes de l’enseigne. Comment la société absorbe-t-elle ce surcoût salarial ? « Très bien, assure le dirigeant. Ici le salaire minimal est de 2 137 euros brut pour 32 heures de travail et la productivité s’est considérablement améliorée. Entre 2019 et 2022, nous avons enregistré 39 % de croissance de chiffre d’affaires avec le même nombre de salariés. » Une amélioration que le dirigeant n’avait pas anticipée. « Initialement, dit-il,

nous avons lancé l’expérience dans un souci de qualité de vie au travail. Je pensais que cela me coûterait 5 % de masse salariale. Finalement, la productivité étant bien meilleure, la société y gagne ! » La semaine de 4 jours est-elle pour autant toujours positive ? « Je pense que, comme nous l’avons fait, il faut l’accompagner d’une réduction du temps de travail hebdomadaire sans réduction de salaire. Sinon, cela revient à travailler plus de 8 heures par jour et ne permet pas un équilibre entre les obligations familiales et professionnelles », analyse le dirigeant. Dans ses magasins, il a dû embaucher une quatrième personne pour qu’ils puissent rester ouverts six jours par semaine. Le prochain chantier est l’allongement paritaire des congés maternité et paternité. Ils passent à quatre mois alors qu’il est aujourd’hui de 10 semaines pour les femmes Guillaume Mollaret et de 21 jours pour les hommes.

Sumit Cultiver le sens de l’initiative des salariés lusieurs consultants de Sumit souhaitaient ­évoluer vers des postes de formateur ? Ils ont ­proposé et participé à la création en 2022 d’un ­organisme de formation, certifié Qualiopi. Depuis sa création en 2006, à Villeneuve-d’Ascq (Nord), la société d’ingénierie informatique pour l’environnement Microsoft cultive les propositions et les initiatives de ses 3­ 5 salariés. D’autres se sont démenés pour créer il y a trois ans un centre de projets plus orienté vers les clients grands comptes. Ils ont aussi poussé Sumit à sponsoriser Agi’Lille, forum consacré à la méthode agile de conduite de projets. « La prise d’initiatives est depuis toujours valorisée, explique Sonia Abdelliche, responsable des ressources humaines de Sumit. Tout se fait naturellement. On laisse la possibilité à chacun de participer à la vie de notre agence, et de la faire évoluer. » Le fondateur, Paulo De Matos, mise depuis sa création sur le management par l’humain. « Pour nous, la notion d’humain est primordiale, c’est ce qui donne du sens à nos activités quotidiennes, poursuit Sonia Abdelliche. Il faut

privilégier la personne en tant qu’individu, s’assurer qu’elle soit en phase dans son projet professionnel, dans les interactions au sein de la société et avec les clients. Assistance et présence managériale sont des engagements forts envers les consultants. » Pour retenir les talents, Sumit, qui a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 2,1 millions d’euros, est aussi engagé sur d’autres fronts. La société propose des parcours de formation et de développement professionnel à chaque collaborateur. « Notre taille humaine, avec un choix ­assumé de le rester, nous permet de concilier écoute, disponibilité et d’assurer le suivi de proximité dans le cadre de la montée en compétences », affirme Sonia Abdelliche, qui veille sur cette équité sociale. La direction ne ­manque pas de célébrer les succès de l’équipe (de 32 ans de moyenne d’âge), de marquer les temps importants. Elle a mis en place des avantages sociaux tels que la ­gratuité de la mutuelle d’entreprise ou un dispositif d’épargne salariale afin d’associer tous les salariés à la Mallory Lalanne réussite de Sumit.

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82/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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Sumit occupe la 20e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie moins de 50 salariés.

Nous sommes fiers de nos collaborateurs

Grâce à leur engagement et leur détermination, ils contribuent à améliorer la santé...

Great Place to Work pour la 6e année consécutive

+100M

de patients sont soignés chaque année dans le monde

...et font de Stryker une entreprise où il fait bon travailler.

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Rejoignez-nous sur careers.stryker.com

Spécial Entreprises

Isagri Prendre le pouls, corriger les irritants Isagri occupe la 24e place du palmarès Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés.

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sagri a démarré à Beauvais en 1983, avec trois salariés. Aujourd’hui, l’éditeur de logiciels pour le monde agricole en emploie 2 500 au total et 865 au siège pour un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros. Pour tenir une croissance annuelle de 10 %, il recrute 100 à 150 personnes par an. Et veille à ce que le bien-être de tous ne soit pas oublié en chemin. « Pour prendre le pouls de ce qui se passe sur le terrain, corriger les irritants et répondre aux diffé­rentes demandes, nous avons actionné depuis 2020 des plans d’action et d’écoute. Nous privilégions un ou deux chantiers et nos collaborateurs sont responsabilisés pour les mettre en mouvement », explique ­Jérôme Marlot, responsable développement RH & QVT (qualité de vie au travail). Isagri, qui compte six sites en France et des filiales à l’étranger, propose depuis quelques mois des conférences trimes­trielles et des ateliers découvertes où des salariés viennent partager leur talent et leur passion. « Je reçois des propositions tous les jours, détaille ­Jérôme Marlot. Depuis le début de l’année, j’ai organisé des initiations autour de la cuisine, du

poker, de la couture. Pour juin, nous avons planifié une exposition de réparation de vieux tracteurs, de véhicules anciens qui sont passés entre les mains de nos salariés. En juillet, ce sera le dressage canin. Un de nos salariés est éducateur canin le week-end. Quand ces événements sont duplicables comme l’organisation d’un vestiaire solidaire, on prévient les responsables trois semaines en amont. » Isagri organise par ailleurs des défis sportifs dont certains ont vocation à soutenir la recherche sur les maladies génétiques et rares. Le siège à Beauvais, qui accueille 800 salariés, abrite des ­espaces collaboratifs, une salle de sport avec des cours animés par une salariée, un restaurant d’entreprise ainsi qu’un service repassage géré par une conciergerie solidaire. Des ruches ont été installées, des carrés potagers mis en culture. Prochainement, ce seront des congés supplémentaires pour les parents dont les enfants demandent des soins ­particuliers. « Nous avons instauré deux jours, mais nous ­réfléchissons à aller plus loin. Ce volet parentalité mérite d’être élargi », reconnaît Jérôme Marlot. Mallory Lalanne

Advens Contre les cyberpirates et pour la planète Advens occupe la 19e place du classement Best Workplaces, dans la catégorie 250 à 999 salariés. ­dirigeant. Nous sélectionnons nos candidats, souvent cooptés par nos salariés, volontairement sur cet aspect ainsi que leur profil intrapreneurial, c’est-à-dire leur ­capacité d’entreprendre en équipe au sein de l’entreprise en faisant preuve de créativité et d’innovation. On croit en la force du collectif, que ce soit pour faire face aux cyber­attaquants très puissants ou aux défis de notre société. » Alexandre Fayeulle, qui reste actionnaire de référence d’Advens aux côtés de deux fonds d’investissement, et des salariés. À terme, c’est le fonds Advens for People and Planet qui a vocation à devenir majoritaire selon un montage, analogue à celui réalisé par Yvon Chouinard, fondateur des vêtements Patagonia afin d’avoir plus de moyens pour agir en faveur de l’environnement et pour le retour à l’emploi des personnes en situation Annelot Huijgen ­précaire.

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84/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Advens

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evenir un acteur cyber de référence en Europe et avoir un impact sociétal majeur. C’est la mission qu’Alexandre Fayeulle, président fondateur d’Advens et David Buhan, directeur général, ont donnée à l’entreprise. La société de cybersécurité emploie 400 collaborateurs. Ils seront 500 à la fin de l’année. « Les entreprises ont un rôle majeur à jouer face aux ­urgences sociales et environnementales, souligne le DG. C’est ce que nous faisons en protégeant, par exemple, les hôpitaux pour qu’ils puissent remplir leur mission, de nombreuses entreprises de l’économie solidaire comme LinkedOut, le réseau professionnel de ceux qui n’en ont pas. Mais c’est aussi notre rôle de nous mobiliser plus ­directement, pour l’environnement, l’inclusion sociale et l’éducation via notre fonds de dotation Advens for People and Planet, créée en juillet 2021. » Cette mobilisation prend des formes diverses. Ainsi, chaque collaborateur dispose d’une cagnotte abondée en temps et en argent pour financer des projets de leur choix. Ces projets sont le seul sujet de discussion au ­programme du séminaire annuel, le Spring Off. « Nous réunissons nos salariés des différents bureaux régionaux pour trois jours, poursuit David Buhan. C’était dans un camping à Biscarrosse par exemple l’an dernier. C’est un moment festif, où on ne parle pas de travail. » La prochaine édition accueillera, l’équipe d’Espagne où ­Advens s’est implanté fin 2022, après le Canada et la ­Polynésie. L’Italie suivra cette année. « Nos valeurs sont un vrai plus pour recruter, estime le

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olivier coret pour le Figaro Magazine

Q u a r t i e r s L i b r e s

86/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

En vue

Johann Naldi

L’aventurier de l’art perdu Serveur dans un Ehpad, il ne connaissait rien à la peinture… jusqu’à sa rencontre avec un pensionnaire artiste qui lui en apprit toutes les subtilités. Depuis, cet autodidacte consacre sa vie à la découverte d’œuvres inédites ou inconnues. Il se confie dans un ouvrage savoureux.

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a vraie vie a commencé… dans un Ehpad ! Johann Naldi, dont la profession actuelle pourrait être désignée sous le vocable de « chasseur de t­ résors », s’impose immédiatement par sa singularité. Au bar d’un hôtel parisien, ce quadragénaire avenant et élégant dévoile sa trajectoire si particulière avec un m ­ élange de flamme et d’humilité. « Je ne m’étais pas ­présenté au baccalauréat, le modèle classique ne me convenant pas, explique-t-il. J’officiais depuis quelques années dans la restauration et je suis devenu serveur dans une maison de retraite du sud de la France. Mon objectif était de survivre. » Sur place, il fait la connaissance d’un peintre belge ­d énommé Pierre Saint-Sorny, auquel il dédie son ouvrage autobiographique au titre explicite Hors-cadre. Combien de chefs-d’œuvre dorment dans vos greniers ? *. « Sa chambre abritait son dernier atelier, poursuit l’auteur. Il y avait beaucoup de collages réalisés par ses soins. Il s’étonnait qu’un simple employé se penchât sur sa production. Nous avons vite noué une relation forte. » Le pensionnaire l’initie à sa discipline. Lui apprend à aiguiser son œil. Et fait de lui, en deux temps trois mouvements, un quasi-expert. « J’ai tout de suite éprouvé un sentiment inexplicable – une sorte d’intuition – devant cette personnalité si pédagogue et passionnée. Un nouvel univers s’ouvrait. » En effet… Johann Naldi ne perd pas de temps. En 2003, il s’inscrit sur le site d’enchères eBay. « Je me suis acheté, pour 50 euros, un dessin de Max Papart, précise-t-il. Cela a créé une étincelle en moi et constitué une espèce d’échappatoire. Je l’ai revendu ensuite avec un fort bénéfice. Puis j’ai acquis une très jolie gra-

vure de Degas pour 10 euros avant de la revendre 3 000 euros. Je me suis dit : voilà le métier que je veux faire ! » Il soigne ses annonces, met en valeur ses pièces (principalement du XIXe siècle) avec une méticulosité rare. Les bonnes affaires se multiplient, il démissionne de ses fonctions. Dans sa nouvelle aventure, cet amateur de musique classique peut compter sur le soutien inconditionnel de sa femme. « À ­l’époque, seule ma vie privée était stable », sourit-il. Leur ­appartement ressemble à un entrepôt d’emballages. Un jour, il se rend à Paris. Nouveau choc ! « Je ne connaissais même pas Drouot de nom, se souvient-il. Je vois une vraie ­caverne d’Ali Baba. Dès le lendemain, je quitte les lieux avec ­20 tableaux que je propose sur eBay. La dynamique est enclenchée. » Sa description de la vie quotidienne au cœur de l’institution parisienne vaut le détour. Comme dans son ­livre, riche en anecdotes et en conseils pratiques, écrit avec la collaboration de Rodolphe Trouilleux, Johann Naldi nous raconte la condescendance d’éminents spécialistes à son ­encontre, les intimidations d’habitués ou les filatures de concurrents. Mais il ne se décourage pas, ouvre une ­boutique sur internet.

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87/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 Demain

un courbet pour 600 euros

D’autres défis l’attendent. « À un moment donné, je mets de côté mon activité de marchand pour rechercher des œuvres disparues des radars. » Son rêve est exaucé à maintes reprises. À Drouot, il repère la représentation d’une baigneuse signée Gustave Courbet. Estimation : entre 300 et 400 euros. ­Johann Naldi feint de ne pas s’y intéresser afin de ne pas éveiller les soupçons. Le jour de la vente, il remporte l’enchère à… 650 euros. « Tout le monde a cru qu’il s’agissait d’un faux grossier, lance le galeriste. C’était trop beau pour être vrai, comme on dit. Pour beaucoup d’experts, il n’existe pas d’œuvres inédites. C’est une aberration ! » Après bien des péripéties, il prouvera l’authenticité de la toile. Par la suite, il exhumera des Delacroix, G ­ éricault ou ces 17 œuvres parodiques du mouvement des Arts incohérents issues d’une collection particulière. Un tableau de chasse impressionnant qu’il entend bien enrichir. « J’aimerais faire d’autres découvertes, trouver des ­tombeaux en Égypte par exemple », conclut-il, sans forfanterie. Avec J­ ohann Naldi, rien n’est imPierre de Boishue possible… * Herscher, 304 p., 29 €.

Q u a r t i e r s

L i b r e s

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é v é n e m e n t

Exposition

Ces clochards épiques du désert qui débarquèrent en France en 1944 C’est un épisode peu connu de l’épopée de la 2e DB du général Leclerc que retrace cette exposition. Celui de l’entente très cordiale, pour ne pas dire de l’étroite collaboration, qui lia entre 1940 et 1943 les « Free French » du général de Gaulle aux Anglais de Churchill.

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n croit tout savoir de l’épopée de la 2e DB : le début rocambolesque en AEF (AfriqueÉquatoriale française), la conquête et le serment de Koufra, les campagnes du Tchad, du Fezzan, de Tripolitaine et de Tu n i s i e, g ag n é e s c o n t re l e s u n i t é s ­sahariennes italiennes et l’Afrikakorps de Rommel, le ­débarquement en Normandie, la percée fulgurante vers Paris et Strasbourg, libérés par les petits gars de Leclerc, sans oublier l’acte final au Berghof, le nid d’aigle de ­Hitler, pris au nez et à la barbe des Américains. Que de symboles entrés dans la mémoire collective grâce à cette geste victorieuse de bout en bout, dont on ne trouve guère d’équi­valent dans l’histoire de France, sinon peut-être l’épopée de Jeanne d’Arc et de ses compagnons d’armes. Et pourtant… L’exposition intitulée « Les Soldats du ­désert », sous-titrée « Leclerc et les Britanniques (19401943) », qui se tient jusqu’au 16 juillet au Musée de la ­Libération de Paris *, apporte d’utiles informations et précisions sur une période peu connue de cette unité que l’on n’appelait pas encore la 2e division blindée, mais la

Force L, car elle était constituée de très maigres troupes. En attendant le ralliement à la France libre de l’armée d’Afrique à la fin de l’année 1942, le général Leclerc fut en effet contraint de s’entendre avec les Britanniques et d’intégrer la VIIIe armée du général Montgomery, qui fournit alors à ces « clochards épiques », selon la formule d’André Malraux, des véhicules neufs, des pièces de ­canons antichars, ainsi que divers autres armements et équipements.

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88/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 Demain

Collections particulières

À la différence du général de Gaulle, dont les relations avec les Anglais – et surtout avec les Américains – furent houleuses, et parfois même exécrables, le général Leclerc sut toujours composer avec les autorités militaires et ­d iplomatiques envoyées en Afrique par le premier ­ministre anglais Winston Churchill, comme le démontrent de nombreux documents prêtés, parmi bien d’autres objets, par les musées ou collections particulières britanniques. Ses relations avec sir Bernard Henry Bourdillon, gouverneur du Nigeria, avec l’ingénieur

Sean Carney ; George Rodger/MAGNUM PHOTOS ; Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin (Paris musées)

Franchissement d’un col dans le désert de Libye en 1942.

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é v é n e m e n t

Le fanion de la Sahariana de Koufra remis à Leclerc en mars 1941.

En 1941, des hommes du Long Range Desert Group à l’heure du thé.

Leclerc aux côtés de soldats britanniques du LRDG en 1941.

Des hommes de la Force L devant un camion Bedford.

­ ilitaire Ralph ­Bagnold, créateur des Long Range m ­Desert Group, unités motorisées dont il s’inspira, ou ­encore avec le capitaine George Mercer Nairne, qui le choisit comme parrain de son fils, furent réellement ­cordiales. Ce talent de diplomate, qui cohabitait avec ­celui de chef de guerre, Leclerc l­ ’illustra avec encore plus de brio quelques années plus tard, lorsqu’il fut amené à ­négocier en ­Indochine avec Hô Chi Minh. Outre qu’elle abrite quelques pièces rarissimes, tels ­l’original de l’ordre de mission assignée à Leclerc par le ­général de Gaulle début août 1940 ou le fanion de la ­compagnie saharienne de Koufra pris aux Italiens en mars 1941, cette exposition multiplie, comme dans la ­plupart des musées d’aujourd’hui, les gestes pédagogiques à l’intention de la jeunesse. Des logiciels permettent ainsi d’utiliser, comme dans la vie réelle, l’armement rustique de l’époque, ainsi que toutes sortes de matériels (radars, ­radios, boussoles ou compas) qui ont pris un sacré coup de vieux. Une façon de faire prendre conscience aux nou­velles générations que la guerre dans le désert n’était pas une partie de plaisir entre 1940 et 1943. Et qu’elle ne ressemblait en rien à un wargame sur écran, fût-il tactile, animé, en trois Jean-René Van der Plaetsen dimensions ou géant. ■

* « Les Soldats du désert. Leclerc et les Britanniques (1940-1943) », Musée de la Libération de Paris Musée du Général-Leclerc Musée Jean-Moulin, Paris 14e (jusqu’au 16 juillet).

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SUR LES PLATES-FORMES

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Culturellement vôtre Jean-Christophe Buisson

une histoire d’hommes La nouvelle adaptation au cinéma des « Trois Mousquetaires » est une franche réussite.

es Trois Mousquetaires, soixante ans après. Il était temps. Les protagonistes de la dernière version française (1961) avaient fini par être oubliés dans leurs rôles de héros dumasiens, où ils excellaient pourtant. Dans la mémoire collective, le réalisateur Bernard Borderie était devenu plutôt l’homme des Angélique, Georges Descrières/Athos le facétieux Arsène Lupin du petit écran et Mylène Demongeot la fiancée de Fandor dans Fantômas. Place, pour les six prochaines décennies, au(x) film(s) de Martin Bourboulon. Le fier Gascon aura désormais le visage à la fois naïf et déterminé de François Civil ; en songeant à Athos luttant contre ses démons et refusant de mentir au risque de mourir se superposera l’image de Vincent Cassel criant « Vive le roi ! » au moment de sa condamnation à mort (mais souvenez-vous, il s’évade et survit !) ; la diabolique Milady sera pour toujours Eva Green, son chapeau de biais, son long porte-cigarettes noir et son sourire de glace ; impossible de penser à l’avenir à Louis XIII sans entendre les alexandrins sortant de la bouche de Louis Garrel. On en passe. Outre le rythme de ce film, virevoltant harmonieusement entre scènes d’action et moments intimistes, le soin porté aux décors, qui sont pour la plupart naturels (Dieu, que la France des églises, des châteaux et des ruines des temps jadis est belle !), et aux costumes (moins flamboyants, plus western), la réussite des Trois Mousquetaires. D’Artagnan tient à la manière subtile dont le récit d’Alexandre le grand a été modernisé. Dans le scénario, avec une chronologie bousculée et des ajouts opportuns, comme l’attentat final lors du mariage de Gaston d’Orléans. Mais aussi et surtout dans les dialogues tour à tour percutants, enlevés et drôles – parfois les trois en même temps. La rude Marie de Médicis à son fils cadet : « Arrêtez de parler, on vous entendra peut-être » ; le churchillien Richelieu : « La reine préfère le déshonneur à la guerre ; elle aura le déshonneur, et nous aurons la guerre. » Une réserve : l’âge trop élevé des comédiens. Mais bah !, les héros de Dumas sont éternels.

série

“succession” : la fin d’un règne La quatrième et dernière saison de la série de HBO s’est ouverte avec une question : verra-t-elle disparaître le patriarche magistralement incarné par Brian Cox ?

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a musique, désormais si célèbre, du générique de Succession * prendra-t-elle des airs de glas pour Brian Cox ? La fin de la précédente saison, il y a un an, avait laissé planer d’éternelles inquiétudes sur l’état de santé de son personnage, Logan Roy, homme d’affaires à la tête d’un empire médiatique et patriarche manipulateur d’une fratrie en compétition pour décrocher son entreprise et ses faveurs. Depuis le 27 mars, date à laquelle les fans de la série de Jesse Armstrong ont retrouvé leurs personnages favoris, l’impatience et l’autorité du paternel, désormais en conflit ouvert avec ses héritiers, les ont un brin rassurés. Mais les énigmatiques confidences de l’acteur écossais de 76 ans, lors de son récent passage à Séries Mania, ont pu laisser supposer qu’il n’irait peut-être pas jusqu’au dixième épisode, diffusé le 29 mai… Il n’empêche, le dernier chapitre de ce programme lancé sur HBO en 2018 et multirécompensé aux Golden Globes et aux Emmy Awards s’annonce encore mouvementé, entre les coups tordus de Kendall (Jeremy Strong), les sorties de route de Roman (Kieran Culkin), la cruelle séparation de Shiv (Sarah Snook) et Tom (Matthew Macfadyen) mais aussi, pourquoi pas, une échappée de Connor (Alan Ruck) ? Quant à Brian Cox, que son personnage casse sa pipe ou reste à la tête de l’empire, il restera à jamais le roi d’une inouClara Géliot bliable série. * Disponible sur Prime Video via le Pass Warner (un nouvel épisode chaque lundi).

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90/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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Comédie dramatique

Comédie dramatique

drame

Les maux bleus

Fille courage

sur le fil

★ ★ L’Établi, de Mathias Gokalp, avec Swann Arlaud, Mélanie Thierry, Denis Podalydès (déjà en salles).

★ ★ Normale, d’Olivier Babinet, avec Justine Lacroix, Benoît Poelvoorde (déjà en salles).

★ ★ About Kim Sohee, de July Jung, avec Doona Bae, Kim Si-eun (déjà en salles).

obert est un intellectuel. Sa place devrait être sur l’estrade d’une faculté. Dans la foulée de Mai 68, il décide en bon maoïste de rejoindre une usine d’assemblage de Citroën pour se fondre dans le monde ouvrier, partager sa condition et servir les luttes sociales… Cette adaptation par Mathias Gokalp de L’Établi, de Robert Linhart, a le grand mérite de rappeler l’existence méconnue de ces « infiltrés » surdiplômés, témoins de la dure réalité du travail à la chaîne. En résulte un tableau implacable d’une autre époque – quoique… – servi par l’impeccable Swann Arlaud. Intéressant ! Pierre de Boishue

ucie a 15 ans, son quotidien est loin d’être facile entre son père, atteint d’une sclérose en plaques, et ses camarades de classe qui ne la comprennent guère. Par chance, la collégienne a une propension inouïe à s’extraire de son quotidien en le réinventant dans un écrit autobiographique… Olivier Babinet glisse habilement du rêve à la réalité dans cette adaptation de la pièce Le Monstre du couloir, de David Greig. Le réalisateur parvient aussi à rendre cette histoire tendre et presque joyeuse, malgré la succession de drames vécus par l’héroïne. Une « fille courage » campée avec finesse par la prometteuse Justine Lacroix face à l’impeccable Benoît Poelvoorde. P. B.

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la vision télé de stéphane hoffmann

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oute heureuse d’intégrer un centre d’appels pour son stage en entreprise, une étudiante solaire verra son moral s’assombrir au fil des agressions des clients et des objectifs de plus en plus ambitieux de ses supérieurs. Loin d’être un cas isolé, sa situation attirera l’attention d’une enquêtrice bien décidée à dénoncer la condition de ces employés. Inspiré d’une histoire vraie révélant un grave phénomène de société, habilement mis en scène et finement interprété, ce polar coréen qui clôtura la Semaine de la critique 2022 eut un tel succès dans son pays qu’il permit l’adoption d’une loi améliorant les conditions de travail des stagiaires lycéens. Une double performance. C. G.

AU SERVICE DU ROI

Le meilleur rôle de Stéphane Bern

Karé prod ; sdp ; BEN KING PHOTOGRAPHER

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e passé est une terre étrangère », première phrase du roman de Hartley, Le Messager – ce film de Losey avec Julie Christie ! Comme Jean-Christophe Buisson l’a fait remarquer déjà dans ces colonnes, Stéphane Bern est, depuis quinze ans, avec « Secrets d’Histoire », l’un des meilleurs. Il nous donne les codes pour comprendre le passé et, par là, mieux appréhender le présent. Tout est bien dans cette émission : ce que raconte Bern, ce que précisent les spécialistes, la passion mise par tous. Dans ce numéro

consacré à d’Artagnan, le passage en revue de l’équipement du mousquetaire – armes et casaque – par Olivier Renaudeau, conservateur du Musée de l’armée aux Invalides, fait vraiment sentir l’époque et donne des fourmis dans les jambes. Les mousquetaires, nous apprend-il, sont des sortes de domestiques militaires au service du roi. Et les Gascons une petite mafia. La France, déjà une société de cour. Tout mène alors au roi. Ces mousquetaires sont braillards, turbulents, batailleurs, souvent violents. Mazarin cassera leur

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91/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Compagnie et confiera à d’Artagnan la sécurité du roi, et la sienne, pendant la Fronde. Ce que Louis XIV n’oubliera jamais en lui commandant, notamment, d’arrêter et de surveiller Fouquet. L’émission ne se prive pas de digressions. Ainsi, un long développement sur le mariage de Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz. Curiosités qui font partie des plaisirs de l’Histoire, bien servis par cette remarquable série, qui rend le passé plus familier, moins étranger. « Secrets d’Histoire – D’Artagnan, le mousquetaire du Roi-Soleil », France 3, mercredi 12 avril, à 21 h 10.

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orsqu’elle est apparue en 2012, tout le monde avait envie de ricaner devant ce physique et ce pseudonyme si peu naturels, qui sentaient la ­fabrication et le marketing à plein nez dans le ­registre néoglamour hollywoodien à tendance ­roman noir des années 1940. Et puis, Lana Del Rey, née ­Elizabeth Grant, a montré qu’elle pouvait faire de bonnes choses, comme sur les albums Ultraviolence (2014) ou, dans une moindre mesure, Norman Fucking Rockwell ! (2019). En 2023, elle sort son neuvième album en onze ans. C’est beaucoup. Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Blvd * compte 16 morceaux. C’est trop. La presse est dithyrambique, ce disque serait la plus grande invention depuis celle du grille-pain. Les journalistes devraient se faire retirer les bouchons de cérumen et écouter attentivement l’ensemble : on parle de morceaux car il n’y a ni refrains ni couplets. Donc pas de chansons. Miss Del Rey est toujours douée pour les ambiances vaporeuses à la Julee Cruise (chanteuse attitrée des films de David Lynch à une époque), Mazzy Star ou Tarnation, mais celui qui parvient à écouter cet album d’une traite a de sérieux problèmes de sommeil. Nicolas Ungemuth

* Universal.

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* Théâtre de l’Atelier, Paris 18e, jusqu’au 23 avril.

pacifisme musical À l’initiative de Julia Lagahuzère, depuis 2019, Paris accueille durant une semaine, sous la bannière d’Opera for Peace, de jeunes chanteurs lyriques qui viennent se perfectionner auprès de maîtres prestigieux, mais aussi réfléchir sur leur art lors de débats ou de conférences (notamment à Sciences Po). Originaires parfois de pays en guerre comme cette année l’Ukraine ou l’Arménie, mais aussi d’Iran, des États-Unis ou… de France, les futurs grands ténors, sopranos ou barytons de demain seront cette année au nombre de 13 – chiffre porte-bonheur. Ils donneront un concert exceptionnel à la Fondation Biermans-Lapôtre le 20 avril.

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les passe-temps d’éric neuhoff

dans le quotidien, produisent des slogans. Femme puissante, jeune fille en feu : c’étaient des titres de film ou de livre. Ce sont devenus des clichés. La presse s’en repaît. Pendant ce temps, les étudiants pensent à leur retraite. Avec de telles préoccupations, ceux-là auront sûrement un destin avec un grand D. À part ça, la masculinité est toujours toxique, et les pervers sont de plus en plus narcissiques. Pour résister à ces billevesées, un antidote efficace : écouter Gaspard Proust, ne jamais regarder « La Grande Librairie », relire Max et les ferrailleurs, attendre avec impatience la venue d’Al Pacino à la Salle Pleyel. Vaste programme, comme disait un chef d’État qui ne s’adressait pas au Journal de Mickey.

92/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 Demain

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l est Claude Nougaro. Ou presque. En vérité son sosie, comédien en bout de course qui écume les ­galas bas de gamme pour gagner sa vie. Lorsqu’il apprend le projet d’un biopic sur son idole, il rêve déjà d’en être. Grégory Montel cosigne la mise en scène d’Ici Nougaro * avec l’auteur, Charif Ghattas, et se glisse dans la peau de ce personnage aussi agaçant que ­d échirant. Quelle performance ! Avec sa sensibilité à fleur de peau, sa voix, son accent, ses attitudes si proches de celles d u c h a n t e u r, i l éclaire la pièce sans aucune fausse note. A c c o m p ag n é s u r scène par le brillant accordéoniste Lionel Suarez, l’acteur, d’abord drôle et exubérant, nous plonge peu à peu dans sa mélancolie, sa solitude, sa bien triste destinée. À l’instar d’une chanson du plus célèbre Laurence Caracalla des Toulousains.

bourre-pif e cinéma est en retard. Il a des excuses. La réalité lui fait une rude concurrence. Emmanuel Macron a donné une interview au magazine Pif. C’est son appel du 18 Juin. Le président a dû se souvenir des pois sauteurs de son enfance. C’est un peu comme si Hanouna avait réservé ses propos à la Revue des Deux Mondes. Il faudrait un Mocky pour rendre compte de tout cela. Ryan Gosling, qu’on ne voit plus beaucoup, pose dans des publicités pour des montres. Ceci explique peut-être cela. Sur des affiches pour une marque de vêtements, on reconnaît Almodóvar ou Cronenberg en noir et blanc. Il n’y a pas que le Festival de Cannes dans la vie. À quoi sert le septième art ? Où va la littérature ? Ils se diluent

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SDP ; Pierre Gondard

lana del rey : le grand sommeil

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les variations de françois delétraz

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Aix-en-Provence fête pâques en musique

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’idée était ambitieuse. Monter un festival à Aix-enProvence de la même envergure que l’illustre festival d’art lyrique qui, chaque été, attire des foules de visiteurs dans la ville. Cela demandait une sacrée dose d’énergie et… un bon carnet d’adresses. Renaud Capuçon était la personne toute désignée pour relever ce défi. C’est ainsi que cet hyperactif, toujours à l’affût d’un nouveau projet, contacte directement Dominique Bluzet, le charismatique patron des théâtres d’Aix et Marseille. Malgré leurs différences de caractère, le courant passe vite entre les deux hommes. Ils profitent de la désignation en 2013 de MarseilleProvence comme capitale européenne de la culture pour lancer leur Festival de Pâques. Dix ans plus tard, contrairement à d’autres manifestations qui ont vu le jour à la même époque, le Festival de Pâques affiche une belle santé, et célèbre son anniversaire avec éclat ; 37 concerts, des musiciens d’exception à venir écouter jusqu’au 16 avril : Alexandre

Kantorow, les sœurs Labèque (photo), Martha Argerich… Mais aussi une multitude d’événements gratuits comme ces rencontres au Teddy Bar, qui offrent au public une approche plus intimiste et plus pédagogique de la musique. Soutenue par le CIC, cette manifestation rassemble désormais plus de 30 000 personnes chaque printemps, auxquelles s’ajoutent, grâce à une plate-forme de streaming lancée durant la crise du Covid, des centaines de milliers d’internautes. Pâques oblige – et c’est aussi la signature de ce festival –, on y joue chaque année l’une des deux Passions de Bach – selon saint Jean ou selon saint Matthieu. L’ensemble vocal des Talens Lyriques interprétera la seconde pour cette édition. En guise de conclusion, place à l’avenir avec « Génération@Aix », qui met en avant les talents prometteurs lors de trois soirées : violoncelles, vents et pianos, et enfin pour cet anniversaire un bouquet final réunira les 40 participants des dix années passées.

l’acteur et ses voitures de légende

à MULHOUSE Exposition exceptionnelle ! 5 Avril au 5 Novembre 2023

musee-automobile.fr

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La France lâchée par ses Alliés

LA PAGE D’HISTOIRE DE JEAN SéVILLIA

Dans l’entre-deux-guerres, le Royaume-Uni pratiquait l’« appeasement » avec Berlin, et les États-Unis s’étaient repliés sur eux-mêmes. Nous étions seuls.

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a der des ders », clamaient les Français, pleins d’espoir, en 1918-1919. Pourtant, vingt ans plus tard, la guerre devait de nouveau s’abattre sur le pays et s’achever par « l’étrange défaite » (Marc Bloch) de 1940, humiliation que la participation française à la victoire alliée de 1945 ne suffirait pas à guérir. Ancien ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud déroule le film du tragique engrenage de l’entre-deux-guerres, afin d’expliquer ce qui s’est passé et rendre hommage aux 100 000 officiers et soldats français tués au printemps 1940, victimes dont le sacrifice ne devrait jamais être oublié. L’auteur ­défend le traité de Versailles, dont il juge qu’il n’était pas trop dur avec les Allemands, même s’il est sensible aux critiques que Bainville adressa à cette paix imparfaite. Il démonte les logiques opposées des Français, qui voulaient durablement abaisser l’Allemagne, tandis que les Anglais, encouragés par les analyses de Keynes, étaient impatients d’en refaire un partenaire économique. Dès 1920, le Sénat des États-Unis ayant refusé de ratifier le traité de ­Versailles, le système de garanties de Clemenceau ­s’effondrait. Pendant que les États-Unis ne songeaient

Nous étions seuls. Une histoire diplomatique de la France, 1919-1939, de Gérard Araud, Tallandier, 334 p., 22,90 €.

essai

biographie

l’autre russie

elle s’appelait sarah

★ ★ ★ Exilés, émigrés et agents russes, d’Andreï Soldatov et Irina Borogov, Gallimard, 409 p., 24 €.

★ ★ Sarah Bernhardt. Scandaleuse et indomptable, d’Hélène Tierchant, Tallandier, 376 p., 21,90 €.

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qu’à se faire rembourser de l’argent qu’ils nous avaient prêté, les Britanniques ne voyaient pas l’intérêt de prolonger les réparations dues par les Allemands. Ce sera ensuite le rêve pacifiste de Briand et la crise économique de 1929, qui servira de « fourrier du nazisme ». Hitler parvenu au pouvoir, la Grande-Bretagne pratiquait l’appeasement avec Berlin. Cependant la France, traumatisée par la saignée de 14-18, s’abandonnait à la protection illusoire de la ligne Maginot. La réoccupation de la Rhénanie par la Wehrmacht inaugurait les coups d’audace de Hitler qui resteront sans réponse : suivront l’annexion de l’Autriche, la crise des Sudètes, les accords de Munich, dernière étape avant l’attaque de la Pologne qui provoquera, le 3 septembre 1939, la déclaration de guerre. C’est en homme du métier que Gérard Araud raconte les dessous de cette lente glissade, où la France eut parfois des diplomates plus lucides (on songe à André François-Poncet, ambassadeur à Berlin de 1931 à 1938) que ses dirigeants. Alors que la guerre est de retour en Europe, qui saura tirer des leçons de ce tragique épisode ?

epuis la guerre en Ukraine enclenchée en février 2022, les services de sécurité russes incitent les familles à convaincre leurs parents de rentrer au pays. Poutine prétend œuvrer ainsi au rassemblement du Rousskii Mir, le « monde russe ». Les « traîtres » sont empoisonnés ou retrouvés pendus, quand ils ne tombent pas de leur balcon. Ces techniques sont vieilles comme la révolution. C’est d’ailleurs à Harbin (Chine), où sont réfugiés et traqués les officiers tsaristes que les auteurs des Héritiers du KGB débutent cette histoire « chaotique » de « l’autre Russie ». Aux Russes blancs succéderont les exdignitaires bolcheviks, les dissidents des années 1970, les « refuzniks » juifs et, aujourd’hui, les oligarques et les jeunes fuyant la conscription. Le dissident Vladimir Boukovski tenait une explication à ces vagues d’émigration : « Le peuple russe a fui le pouvoir russe, et le pouvoir a donné la chasse au peuple. » Emmanuel Hecht

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94/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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a diction nous semble aujourd’hui bien emphatique. Mais en phase avec son époque, elle la transfigurait. Un siècle après sa disparition, Sarah Bernhardt fait toujours parler d’elle. Et c’est non sans plaisir que nous lisons sa vie intense racontée par Hélène Tierchant. La Divine fut le Premier « monstre sacré » : le terme a été inventé pour elle par Jean Cocteau. De fait, elle enchaîne les tournées triomphales sur les cinq continents. À son sujet, les superlatifs affluent. « La Voix d’or », selon Hugo. « L’Impératrice du théâtre », etc. Grande tragédienne, elle joue d’instinct la comédie, jusqu’à se mettre en scène à chaque instant. Elle comprend très tôt l’importance de la « réclame ». Pratique l’art de la provocation. S’indigne de l’injustice. S’abouche avec les célébrités. Intrépide et intraitable, mais aussi rusée et avisée, il y a en elle du « Napoléon ». Nous l’admirons toujours, mais avec un zeste d’agacement. Les procédés qu’elle pratique en pionnière, nous en sommes, en effet, saturés.

Jean-Marc Bastière

Q u a r t i e r s

essai

1813, l’année qui a changé l’europe

★ ★ ★ ★ Les Couturières d’Auschwitz, de Lucy Adlington, Payot, 384 p., 24 €.

★ ★ ★ ★ Sauver l’Empire, de Charles-Éloi Vial, Perrin, 407 p., 25 €.

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la sortie du train, beaucoup de déportées arboraient les plus raffinés de leurs vêtements. L’élégance est une forme de courage. Dans les baraquements, on leur a demandé de se mettre nues, de rouler leurs bas en pelotes, de tout enlever, on a rasé leurs poils pubiens. Les étoffes précieuses naturelles, rares depuis le début de la guerre, ont disparu dans des malles. Les déportées ont ensuite pu se rhabiller ; en piochant dans des tas de chaussons trop petits, de sabots trop grands, de vêtements d’enfants. Elles « ressemblaient à des actrices dans une comédie involontairement burlesque », écrit l’historienne de la mode Lucy Adlington. Elles s’appelaient Hunya, Irene, Katka, Alida, Bracha, Marilou, Martha. Elles étaient juives, slovaques, deux étaient françaises, communistes. Elles étaient parties pour être perdues. Leur habileté en couture les a sauvées. Habillées comme l’as de pique, elles ont coupé, filé, au service des femmes des dignitaires nazis qui trouvaient ardu de se vêtir décemment en ces temps difficiles. Dans une langue souple, fine et simple, Lucy Adlington raconte la survie jour après jour dans le camp polonais mais aussi l’évolution de l’habillement durant la guerre, la fascination des nazis pour le chic. Beau et subtil. Madeleine Meteyer

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au fil de la guerre

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ncore une étude magistrale signée du jeune historien spécialiste de la Révolution et de l’Empire. Avec toujours la même incomparable qualité stylistique, Charles-Éloi Vial revisite de fond en comble (géopolitiquement, militairement, économiquement) l’année 1813. Un moment charnière au cours duquel Napoléon ne cesse de prétendre rechercher la paix tout en préparant la guerre. S’intéressant autant aux cours des futurs vainqueurs de Leipzig, aux doutes qui assaillent les Alliés de l’Ogre et les Français eux-mêmes, aux mécanismes de trahison qui s’amorcent, l’auteur brosse un tableau complet de l’Europe sur le point de changer de visage… pour un siècle. Un livre essentiel.

Jean-Christophe Buisson

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publications, piège à cons

jeanne d’entre les morts ★ ★ ★ Les Murmures du ciel, d’Erik L’Homme, Éditions Héloïse d’Ormesson, 224 p., 19 €.

★ ★ ★ Cher Monsieur l’éditeur, de Laurent Tournesac, Le Cherche-Midi, 202 p., 17,50 €.

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a logistique est toujours plus importante que le produit ; sans la première, le second n’existe pas. En conséquence, l’éditeur est plus important que l’écrivain. Laurent Tournesac, auteur impublié, évoque justement dans son premier livre la question des refus de manuscrits. Sans aucune aigreur et sans évoquer plus que cela son cas personnel – du reste sans intérêt, puisqu’il avoue laisser ses manuscrits dans son tiroir, anticipant ainsi les refus – il examine la procédure suivie par les maisons d’édition, dont le seul objet est de refouler, comme un videur de boîte de nuit privatisée, tous les candidats. Le manuscrit lui-même est, dans ce contexte, sans importance. L’écrivain doit donc, tel un citoyen soviétique en butte à une administration quelconque, contourner la procédure, éviter les comités de lecture, faire preuve de persévérance et d’inventivité. Car, tout comme un employeur ne recrutera que des candidats avec expérience sur le poste proposé, un éditeur sera rassuré par les auteurs justifiant de publications antérieures. Cette inversion avait naturellement déjà été remarquée, comme le rappelle l’auteur, par Proust : « S’ils m’éditent, ils me liront peut-être. » N’est-ce pas mieux, après tout ? Car Cher Monsieur l’éditeur est un très bon livre, qui n’aurait jamais vu le jour si les maisons d’édition étaient moins routinières. Et qui permet désormais à son auteur d’enrichir son curriculum vitæ d’écrivain d’une première expérience François Marchand réussie.

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utre son imposante œuvre d’écrivain à succès en littérature jeunesse, Erik L’Homme a signé des romans aussi singuliers qu’enthousiasmants à l’image de Déchirer les ombres ou Cosaques Blues. Son dernier en date revisite le genre historique sur un mode uchronique puisque Les Murmures du ciel proposent « une autre histoire de Jeanne dite d’Arc » en imaginant que la Pucelle, que l’on croyait morte sur le bûcher de Rouen, a survécu grâce notamment au double jeu de l’évêque Cauchon. En 1436, Jeanne, « de retour d’entre les morts », épaulée par d’anciens compagnons, s’apprête à délivrer le duc d’Orléans des mains des Anglais. S’inspirant de l’histoire authentique de Jeanne des Armoises, le romancier nous révèle aussi les véritables origines de celle officiellement née en 1412 de bergers modestes… On aime sous la plume de L’Homme la rigueur avec laquelle il habille la fantaisie et le merveilleux, jusque dans une « chronologie intempestive » clôturant l’ouvrage. On sait encore que lorsque la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende. Ce roman est un hommage aux idéalistes qui se sont battus pour un monde dans lequel ils n’auraient plus de place. Éternelle beauté des causes perdues.

Christian Authier

sanglant tartan

polar

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lasgow, avril 1974. Le printemps s’annonce chaud pour l’inspecteur Harry McCoy. Une bombe artisanale vient d’exploser dans un appartement miteux, laissant dans les débris un homme « à moitié éparpillé sur les murs, à moitié carbonisé ». Quelques heures plus tard, un gradé à la retraite de l’armée américaine, fraîchement arrivé de Boston, aborde McCoy pour lui demander

de l’aider à retrouver son fils porté disparu de la gigantesque base navale américaine de Holy Loch, sur les rives de la Clyde. Enfin le lendemain, McCoy va chercher à sa sortie de prison son vieux copain Stevie Cooper, caïd de la ville que plus d’un gangster local rêve d’éliminer. Le mois d’avril sera musclé pour l’inspecteur… L’intrigue change, mais le décor reste le même, hérissé d’immeubles délabrés et

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96/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

ponctué à chaque coin de rue de pubs puant la sueur et le tabac froid. Dans un Glasgow noir comme la violence et la misère de ses bas-fonds, Alan Parks continue sur le mode hard-boiled, avec la quatrième enquête de son jeune et fougueux héros, une impressionnante saga policière qui risque bien de faire date dans la glorieuse histoire du polar écossais. Philippe Blanchet

sdp

★ ★ ★ Les Morts d’avril, d’Alan Parks, Rivages Noir, 446 p., 21 €. Traduit de l’anglais (Écosse) par Olivier Deparis.

“Une histoire d’amour belle et puissante” LE FIGARO MAGAZINE

AVENUE B PRODUCTIONS présente

LEÏLA BEKHTI KARIM LEKLOU LOUISE BOURGOIN

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© 2023 - AVENUE B PRODUCTIONS - FRAKAS PRODUCTIONS - RTBF

AFFICHE : ©JEFF MAUNOURY POUR METANOÏA

ACTUELLEMENT AU CINÉMA

© ALEX PIXELLE - PIXELLEPHOTO.FR - CREDITS NON CONTRACTUELS

UN FILM DE GUILLAUME BUREAU

Q u a r t i e r s

L i b r e s

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L i t t é r a t u r e

le livre de frédéric beigbeder

PHILIPPE DJIAN SE DÉPENSE SANS COMPTER

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★ ★ ★ Sugar Street, de Jonathan Dee, Les Escales, 199 p., 22 €. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Élisabeth Peellaert.

par les temps qui courent : il faut jeter son téléphone, sa carte de crédit, ses papiers d’identité, éviter les autoroutes, les magasins et les motels où rôdent les caméras. La voiture, il s’agit d’en changer. Puis utiliser les petites routes pour n’être ni repéré ni contrôlé. Et finalement jeter l’ancre au cœur d’une ville sinistre, louer une chambre dans une rue baptisée Sugar Street, et dormir sur un futon à même le linoléum. S’ensuit une vie de cloporte, avec une logeuse désagréable portée sur la bouteille. Quelques enchantements subsistent : des écoliers passent sous sa fenêtre matin et soir.

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98/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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retraite anticipée

onathan Dee est apparu en France avec Les Privilèges (2011), excellent roman qui avait été finaliste du Pulitzer. Par la suite, cet ancien de la Paris Review, assistant du fantasque George Plimpton, n’a pas vraiment tenu ses promesses. Le voici de retour très en forme plus de dix ans après. La preuve : il parvient à tenir en haleine son lecteur via un roman dans lequel il ne se passe rien. Ou presque… Un homme sans nom décide de se retirer du monde. Il a près de 200 000 dollars en poche – personne ne sait d’où ils viennent – et tente de disparaître. Ce n’est pas si simple

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Sans compter, de Philippe Djian, Flammarion, 238 p., 21 €.

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le marque-page de nicolas ungemuth

menon. Le sénateur du coin est mêlé à de sombres tractations pour racheter la propriété de belle-maman. On dirait aussi un film de Claude Chabrol, sauf que c’est Tarantino qui s’est chargé du montage. Exemple d’accélération : page 59, Sylvia laisse un mot annonçant qu’elle est partie pour le week-end. Et à la page suivante, elle dort paisiblement dans la maison. De deux choses l’une : soit Djian ne s’est pas relu, soit une semaine s’est écoulée depuis la page précédente. Il existe une troisième possibilité : nous sommes dans le crâne d’un fou. Quelques pages plus loin, sa femme l’a quitté pour de bon. Et puis elle est encore là. Nathan commence à voir des feux follets partout. Il est totalement insomniaque. On le sent amoureux de sa bellemère. On se demande ce qui est vrai, ce qui est faux, et pourtant on ne peut pas le l­ âcher, comme le dernier Bret Easton Ellis. La littérature aussi peut raconter des faits alternatifs. Le roman est même, par excellence, le lieu où toutes les fake news sont permises. Philippe Djian a beau tenter des e­ xpériences nouvelles à chaque livre, il garde toujours ce style, inoxydable et inimitable : « Tu te poses de drôles de questions, quand même. Ça ne te suffit pas que je sois là, et que tu sois là, et que le monde ne se soit pas encore écroulé ? »

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athan écoute sa femme Sylvia se disputer avec sa mère dans la cuisine. En deux phrases, on sait qu’on est chez Philippe Djian : « Je suis le seul homme à la maison. Je crois qu’elles en profitent. » Ce n’était pas forcément une bonne idée d’emménager chez sa belle-mère, une poétesse flamboyante, actionnaire du journal local, surtout quand on est son e­ mployé. En gros, Nathan vit au crochet de sa belle-famille. Pour ne rien arranger, il est ­impuissant sexuellement, suite à une vasectomie ratée. Il n’a pas d’enfants mais un chien ­ridicule. Nathan enquête sur une randonneuse ­retrouvée dans la forêt, quasiment morte de froid et de faim. Comme toujours, on ne sait pas dans quelle ville se passe cette histoire, mais il fait froid. Les dialogues sont fondus dans la narration (sans tirets) pour accélérer la vitesse du récit. Il n’y a pas de chapitres ; tout s’enchaîne très vite comme dans une série télévisée. Les informations sur les personnages sont distillées au compte-gouttes. Chez Djian, tout peut basculer en un paragraphe. Le lecteur doit être attentif, il faut se méfier de tous les protagonistes mais surtout de l’auteur, qui est le plus tordu de tous. Si Nathan ne se promenait pas en peignoir et claquettes (la tenue de combat du « Big Lebowski ») en buvant du whisky japonais, on pourrait être dans un r­ oman de Si-

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Tous les ans, Philippe Djian publie son roman désabusé. Il est le phare dans la nuit des hommes au bout du rouleau.

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Jonathan Dee peint l’effacement d’un homme dégoûté par le monde, qui cite brièvement, lorsqu’il s’agit de trouver un faux nom, Thoreau. Mais au XXIe siècle, le retour à la nature se passe dans la jungle urbaine. Waldo pourrait bien péter une durite. Une vie de journées solitaires où il faut tout dissimuler, n’avoir l’air de rien, devenir un anonyme au milieu de la foule. Rien n’est gagné : vivre caché ne garantit pas de vivre heureux.

★★★★ Excellent ★★★ Très bien ★★ Bien ★ Moyen ✖ À éviter

Kirkwall Stornoway ÉCOSSE

ÉDIMBOURG Mer du Nord

Belfast ROYAUME-UNI IRLANDE PAYS DE GALLES

Fishguard

Penzance

Guernesey

Mer Celtique

D’Édimbourg à Honfleur… Honfleur… ... EN CROISIÈRE AVEC LES JOURNALISTES DU FIGARO > DU 13 AU 20 SEPTEMBRE 2023

avec Alexis Brézet

Directeur des rédactions du Figaro

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8 JOURS / 7 NUITS à partir de

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Vincent Trémolet de Villers

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* Tarif par personne sur la base d’une occupation double en cabine Deluxe, excursions et taxes portuaires incluses. Présence des invités sous réserve de désistement en cas de force majeure. Document non contractuel. Droits réservés. Crédit photo : Shutterstock.

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Carnets de voyage

Horta de Sant Joan, le village où Picasso, a, de son propre aveu, « tout appris ».

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100/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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En Catalogne, pistes et trésors du génial Picasso Le plus grand peintre de son siècle, dont l’Espagne et la France célèbrent avec faste, ce 8 avril, le 50e anniversaire de la disparition, avait fait du nord de l’Espagne le terreau de son génie. Les traces du jeune Pablo y sont toujours flamboyantes.

Par Philippe Viguié Desplaces (texte) et Éric Martin pour Le Figaro Magazine (photos)

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101/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Carnets de voyage

Au Musée Picasso, « Science et charité », peint à l’âge de 16 ans.

Coup de foudre esthétique pour les montagnes aux formes étranges d’Horta de Sant Joan.

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102/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

“Cette rencontre qu’il fait à horta avec la nature est une révélation”

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arcelone rebelle et puissante, échouée sur les berges de la modernité, n’a pas fini de nous éblouir. Cette ville inclassable, foyer permanent de contestation, épicentre cosmopolite d’une vie nocturne sans matin, semble ne jamais connaître de repos. La jeune création contemporaine en a fait en Espagne sa capitale. Une kyrielle d’artistes y creusent un sillon. « Il y a un vrai vivier ici avec des noms comme Jaume Plensa, le plus célèbre, mais aussi Lluis Cera, Montse Valdés… », énumère Bert van Zetten, qui vient d’ouvrir sur le Passeig de Gràcia, une énième galerie d’art. Le Macba (Musée d’art contemporain), en plein quartier d’El Raval, renvoie à cette dynamique de créativité qui semble avoir toujours existé. Car déjà en 1900, la Barcelone en sépia de Pablo Ruiz Picasso, ado au pantalon bouffant et aux idées très larges, semblait conçue pour enfanter le talent. Celui de Gaudí, ­Domènech i Montaner, Puig i Cadafalch… entre autres virtuoses du modernisme catalan. Quand il débarque à Barcelone, le 21 septembre 1895, accompagné de ses parents, don José Ruiz y Blasco et doña María Picasso y López, un encens de perversité parfume la ville, où le sacré se mêle au profane, dans un clair-obscur de misère et d’opulence. Il a encore 13 ans, mais étonnamment précoce, il est doué d’un sacré coup de crayon, enseigné par son père, professeur des beauxarts à Málaga. D’un sacré coup de reins aussi. Car à peine pubère, Picasso fréquente les maisons closes, ­entraîné par son condisciple Manuel Pallarès, de cinq ans son aîné, l’ami qu’il conservera toute sa vie. Les quartiers proches du port sont alors un coupe-gorge, qu’on traverse les poings serrés. De ce cloaque contrasté et de la fréquentation des arènes naîtront deux des grands thèmes qui dominent la peinture de Picasso, l’érotisme et la tauromachie. Un destin hors du commun

La Barcelone de Pablo est donc celle des premières fois. Premiers émois amoureux, premières amitiés d’homme, premier atelier, première exposition… Pétri dans l’argile tendre d’un destin hors du commun, le jeune homme se glisse avec justesse dans le fourreau de son époque. La ville, à laquelle il fut infidèle, mais qui reste celle des années de formation, cultive aujourd’hui ce peintre venu de Málaga. L’office de tourisme, en cette année jubilaire, ripoline son offre en proposant à ses visiteurs un circuit de découverte d’une quinzaine d’étapes, plus ou moins intéressantes. Quatre lieux emblématiques s’en détachent. À les découvrir on est épris de ce vertige, que confère aux mortels l’empreinte des génies. À commencer par la Llotja, l’école des beaux-arts, près du port, dans laquelle il est admis à peine âgé de 14 ans. Le bâtiment,

aujourd’hui chambre de commerce, est un petit bijou de l’architecture néoclassique. On y pénètre par cette cour superbe que traversait chaque matin le jeune Ruiz, avant d’emprunter l’escalier monumental qui le conduisait en classe. Tout à côté de là se dresse l’hôtel Serras, aménagé dans l’immeuble où Picasso eut son premier atelier, juché sur le toit. Si le rooftop accueille désormais une petite ­piscine et un bar très couru, il a conservé la fenêtre de ­laquelle Pablo observait les toits de la ville. Un superbe portrait de l’artiste, réalisé en 2014 par Rosa Galindo, semble vous suivre du regard. Le lieu est particulièrement émouvant car c’est ici qu’il a peint, à 16 ans, Science et charité, œuvre iconique de sa jeunesse. En souvenir de son plus célèbre occupant, l’hôtel organise un cours de peinture sur la terrasse (et sur inscription). « Nous voulons nous réapproprier la figure du peintre que les Catalans ne considèrent pas vraiment comme un des leurs, leurs héros sont Gaudí ou Miró mais pas Picasso », explique Ona ­Matas, directrice du Serras. Science et charité et nombre d’œuvres des débuts que Picasso avait laissées en dépôt chez ses parents (et qui furent conservées durant l’exil par ses neveux), sont en partie rassemblées au Musée Picasso de Barcelone, dans le quartier El Born, troisième étape de notre déambulation.

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103/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023 Demain

Le musée de toute une vie

Créé à partir de la donation de son secrétaire, Jaime ­Sabartés et complété par deux donations importantes de Picasso, le Musée Picasso de Barcelone est ouvert en 1963 dans l’ancien palais Aguilar. On y voit beaucoup d’œuvres des années espagnoles du peintre. « Pour autant, insiste Emmanuel Guigon, son directeur, il n’est pas seulement le musée des débuts, mais celui de toute une vie. » Malgré son opposition résolue au franquisme, ­Pablo collabore très étroitement à sa genèse : « Il a toujours eu un immense amour pour Barcelone, à qui il offre dès 1919 son chef-d’œuvre l’Arlequin », rappelle encore ­Emmanuel Guigon. À travers une quinzaine de salles, on découvre l’histoire d’un peintre et de ses périodes bleue et rose. On commence la visite par les nus académiques du début et on la termine par Les Ménines, dont il ­emprunte le thème à Vélasquez. Entre les deux, on assiste à la construction du peintre qui se révèle à travers ses ­hésitations et ses influences. La visite se complète par un passage à la boutique où le « business Picasso » bat son plein. En juin prochain, le musée connaîtra une petite « révolution » : les panneaux explicatifs et les cartels, ­jusque-là en castillan, en catalan et en anglais seront ­traduits (enfin) en français ! Dernière halte sur les traces de Picasso, dans le quartier gothique, au 44 carrer d’Avinyó. L’austère ­façade abritait le célèbre bordel fréquenté par le peintre et qui serait à l’origine d’un de ses tableaux les plus célèbres, Les ­Demoiselles d’Avignon. L’œuvre, contrairement à une idée reçue, ne devrait rien à la cité des Papes. « Il existe à ce sujet toute une mythologie, mais pourquoi pas, commente encore Emmanuel Guigon, avant de rappeler que ___u ce n’est pas Picasso qui a donné à l’œuvre son nom. »

entre premiEr amour et première toile, une parenthèse catalane fondatrice Avant son installation définitive à Paris, Pablo Ruiz ­Picasso résida à Barcelone de 1895 à 1904, période marquée par quelques absences dont un séjour fondamental de huit mois au sud de la Catalogne, à Horta de Sant Joan. Le village se situe à l’orée du Parc naturel dels Ports, aux confins de la Catalogne, là où commence l’Aragon. Ces hautes terres de la vallée de l’Èbre sont d’une étonnante beauté. Des vallées étroites, une végétation touffue, que traversent des sentiers parfumés, ­bordés d’amandiers fleuris et de cerisiers sauvages. Les montagnes aux formes étranges, tels des champignons, font irruption dans un paysage esseulé, dépourvu de bâti. F ­ atigué par une scarlatine contractée lors d’un bref séjour à Madrid, le jeune Pablo débarque ici à 16 ans, en juin 1898, avec son ami Pallarès, dont les parents pos­sèdent une maison. Il y restera jusqu’en janvier 1899. Huit mois de liberté pendant lesquels il découvre la nature, lui qui n’a connu du monde que Málaga, Barcelone, ­La Corogne ou Madrid. Il s’immerge dans un univers ­inconnu, se mêle aux travailleurs des champs, fréquente les menuisiers, les ferronniers, les tailleurs de pierre… Sur la colline de Santa BÀrbara

Le village couvre la colline dans un urbanisme presque cubique. Picasso s’en échappe pour de longues excursions dans la montagne, avec Pallarès, une mule et quelques crayons. Les amis dorment dans une grotte à La Trompeta, se ravitaillent au mas del Quiquet, explorent le monastère abandonné de Sant Salvador, passent plusieurs nuits dans un ermitage ruiné sur la colline de Santa Bàrbara et se baignent dans la rivière Estrets, où Pablo manque de se noyer… Autant de lieux, aujourd’hui balisés et qui forment une sorte de « route Picasso », dont le tracé suit le sien, à plus d’un siècle de distance mais dans un environnement i­ nchangé. « Cette rencontre qu’il fait à Horta avec la n­ ature est une révélation, il travaille dur dans les champs, dessine et décide avec Pallarès de son premier voyage à ­Paris », explique Philippe Crélot, habitant du village et fin connaisseur de la parenthèse d’Horta. Un petit m ­ usée rend hommage à ce premier séjour, suivi dix ans plus tard, en 1909, d’un second. Cette fois, il est un peintre plus reconnu et est accompagné de Fernande ­Olivier, sa compagne, qui s’ennuie à mourir. « Nous sommes e­ ntourés de toute part, de-ci, de-là, quelques champs d’oliviers », écrit Fernande à Gertrude Stein. La jeune femme, habillée à la mode de Paris, fume comme un pompier, fréquente le café plutôt que l’église du village, ce qui en fait une curiosité pour les autochtones. La ­famille Pallarès refuse d’héberger ce couple illégitime. Du coup, Pablo et Fernande louent une chambre dans une pension, à côté de la mairie. Dans un atelier voisin, ­Picasso peint une trentaine de toiles, dont les premières vues cubistes du village. On voit encore les deux maisons où il reste un mois. Pas étonnant que plus tard, se souvenant de ses deux séjours à Horta, Picasso ait ___u

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104/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

Caelis, jolie table étoilée, se met à l’heure de Picasso.

Les toits de Barcelone livrés au street art.

La seule fresque extérieure de Picasso à Barcelone.

Carnets de voyage

Les futurs Picasso à la nouvelle école des beaux-arts ?

Les piscines en rooftop, spécialité de Barcelone.

Madone, néon et palmiers, tout Barcelone est là !

Le grand escalier de la Llotja, l’école des beaux-arts que fréquenta Picasso.

Gósol vu du ciel... Ici Picasso opta pour le cubisme.

La figure de Pablo est partout en cette année jubilaire.

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105/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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à barcelone, un parcours en quinze étapes sur les traces du peintre ­ éclaré : « C’est au pays de Pallarès que j’ai tout appris. » d Fait citoyen d’honneur, en 1969, il accueille à La Californie la délégation venue de Horta par ces mots pleins d’amour : « Vous venez de mon village ! » Gósol où tout change

En 1906, Picasso, installé à Paris depuis plus d’un an, revient à Barcelone voir sa famille et se ressourcer dans un endroit calme, alors que le succès commence à venir. Un ami médecin lui conseille de se rendre dans un petit village des ­Pyrénées, à 1 400 mètres d’altitude, du nom de Gósol. ­Picasso et Fernande, à nouveau du voyage, accompagnés d’une mule qui porte les bagages, mettent une dizaine d’heures, à travers des chemins impossibles, pour parcourir la trentaine de kilomètres qui séparent le bourg de la gare de ­Guardiola de ­Berguedà. Les paysages de Catalogne du nord qu’ils traversent toisent les neiges éternelles, gardés par ­l’iconique montagne de Pedraforca. Pablo et ­Fernande s’installent dans une des deux chambres de la modeste auberge du village (une plaque a été apposée sur la façade). Le peintre et sa muse resteront près de trois mois à Gósol et Picasso y peindra beaucoup de nus académiques, des portraits et quelques vues du village, dont le trait épuré annonce le cubisme. Un petit musée l’explique par le menu. C’est durant cet été-là « que se développent secrètement chez Picasso les germes d’une véritable révolution picturale », résume Henry Gidel, dans sa passionnante biographie (Flammarion).

La route qui mène aujourd’hui de Barcelone à Gósol est en partie celle qui permet aux Barcelonais de rejoindre la principauté d’Andorre. De Guardiola de Berguedà ­débute le chemin de Picasso (camí de Picasso, en catalan), que l’on parcourt à pied jusqu’à Bellver de Cerdanya, aux portes de la France (58,8 km). Le sentier de randonnée, très bien balisé, traverse le Parc naturel du Cadí-Moixeró et les paysages rocailleux, presque lunaires, de la chaîne du Cadí. On y trouve cette terre ocre, dans l­ aquelle ­Picasso puisait les pigments de sa peinture. De nos jours, le village de Gósol donne toujours cette i­mpression de bout du monde. Des cris d’enfants qui jouent tard sur la place du village et des aboiements de chiens qui leur ­répondent, rythment une vie très authentique. À la veille du 15 août 1906, Pablo quitte Gósol pour ­Barcelone, armé d’impatience et de génie. De retour à Paris, il achèvera le Portrait de Gertrude Stein, en s’inspirant des traits primitifs de la Vierge du XIIe siècle qui ­trônait dans l’église de Gósol (une reproduction à l’identique a pris sa place depuis). Dès lors, les séjours en ­C atalogne s’espaceront. En 1934, il reviendra une ­dernière fois à Barcelone. Puis la guerre civile, le bombardement de Guernica, l’ascension du général Franco, éloigneront à jamais Picasso de l’Espagne. Les années catalanes resteront ce début de voyage qui plus tard l’amènera à franchir, en souverain des arts, les portes de Ph. V. D. l’éternité. ■

Cours de peinture à l’hôtel Serras, à l’endroit même où Picasso eut son premier atelier.

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106/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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AU musée comme à table... pablo à toutes les sauces ! Se Renseigner

Tourisme en Espagne (Spain.info) ; office de tourisme de la Catalogne (Catalunyaexperience.fr).

Y ALLER

En TGV, la SNCF exploite la ligne ParisBarcelone, via Montpellier et Perpignan en 6 h 45 (2 allers-retours quotidiens, à partir de 39 € l’aller). Beaucoup de compagnies aériennes (Air France, EasyJet, etc.) desservent de Paris, Toulouse, Nice ou Bordeaux, l’aéroport de Barcelone (à partir de 29 €). Vueling propose depuis la fin du mois de mars, une liaison entre Paris-Orly et Reus, idéale pour visiter Horta de Sant Joan (à partir de 14,99 €).

NOTRE SéLECTION D’HÉBERGEMENTS

À Barcelone Nouveauté, le Sofitel Barcelona Skipper (00.34.932.21.65.65 ; All.accor.com), premier et seul établissement de cette marque en Espagne, vient d’ouvrir, face à la mer, sur les plages de Barceloneta, peintes en son temps par Picasso (on les voit au Musée Picasso). Les couleurs bleue

!

et blanche dominent la décoration très zen des 225 chambres et suites, au mobilier épuré mais ultraconfortable et très soigné. Une collaboration avec l’artiste Yaya Tur ajoute une touche contemporaine à un ensemble classieux, qui comporte une pépite sur le toit de l’hôtel : une jolie piscine en rooftop et un restaurant, ElCielo, ouvert d’un côté sur la Méditerranée, de l’autre sur la ville et le quartier gothique proche. En rez-dejardin, une autre piscine de 16 m de long, chauffée toute l’année ajoute au confort de cet établissement écoresponsable. Tarifs raisonnables pour un 5 étoiles. À partir de 280 €. Ouvert en 2009, le Mandarin Oriental Barcelona (00.34.931.51.88.88 ; Mandarinoriental.com), l’un des plus beaux hôtels de le cité catalane, cube blanc posé dans son architecture contemporaine sur le Passeig de Gràcia, reste à la page. Il vient de se doter d’une impressionnante galerie d’art contemporain et son spa compte, depuis peu, une cabine de soins capillaires, une première en Espagne. L’hôtel organise des visites privées du Musée Picasso avec lequel il entretient des liens étroits. Parmi ses 3 tables, Moments,

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107/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

2 macarons Michelin, est emmenée par la chef espagnole Carme Ruscalleda et son fils Raül Balam. La déco des chambres, design ultrachic, n’a pas pris une ride. On est au top, y compris pour les tarifs, un rien élevés. À partir de 500 €. Sur le port, à l’entrée du quartier gothique, le Serras Hotel Barcelona (00.34.936.06.16.32 ; Serrashotel.com). Sur le toit de cet élégant immeuble, Pablo Picasso eut son premier atelier. Entièrement refait, cet hôtel à la décoration contemporaine possède en mezzanine une charmante bibliothèque consacrée à Picasso, avec de très beaux ouvrages en libre consultation. Sur le rooftop, une petite piscine jouxte un restaurant panoramique et gastronomique (1 macaron Michelin). Il est prudent de réserver. À partir de 400 €. À Horta de Sant Joan Hort de Fortunyo (00.34.636.68.61.88 ; Hortdefortunyo.com) est une belle adresse emmenée par Eric Almestoy, un enfant du pays, 27 ans, qui a récupéré la ferme familiale pour ouvrir cet établissement bourré de charme,

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Carnets de voyage

le fameux bouillon au safran dont la compagne de Picasso révélera qu’il fut un des mets préférés de son jeune amoureux. 40 € (vin compris). À Manresa Cette petite ville, attachée au souvenir du fondateur de la Compagnie de Jésus, Ignace de Loyola, est une halte à mi-chemin entre Gósol et Barcelone. Le Miami (938.76.92.16 ; Restaurantmaiami.business.site) est l’un des meilleurs restaurants de poissons de la région, installé dans un bâtiment Art déco. Autour de 40 €.

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Retrouver Picasso

Bellver de Cerdanya

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Guardiola de Berguedà Gérone

ARAGON

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CATALOGNE

Méditerranée

Lérida

Barcelone (voir zoom)

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VALENCE

40 km

Parc de la Ciutadella

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Tarragone

Horta de Couvent de Sant Salvador Sant Joan Mas del Quiquet Parc naturel dels Ports

1. Passeig de Gràcia 2. Macba 3. Musée Picasso 4. Llotja 5. Carrer d’Avinyó 6. Hôtel Serras

Place de Catalogne 2 EL RAVAL

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Port Montjuïc

une année jubilaire rythmée par 16 expositions au milieu des oliviers, avec vue sur le petit village d’Arnes. On compte 7 chambres (à 2, 3 ou 4 occupants), simples mais confortables. Ambiance familiale (on laisse les clés sur la porte), piscine et beau jardin avec un petit spa… Autre point fort, la table et son chef, Manuel Francés Sanchez, qui puise dans son potager, voisin de la piscine, l’essentiel de ses légumes. De 145 à 165 €. À Gósol L’Hostal La Cuineta de Cal Triuet (00.34.973.37.00.72) est un hébergement très modeste, qui a le mérite d’être le seul situé au cœur du village. Les randonneurs y font étape. Chambres minuscules et salles de bains obsolètes, mais la table, cuisine à partir de recettes familiales, est excellente. Autour de 70 €.

Nos bonnes tables

À Barcelone Caelis (935.10.12.05 ; Caelis.com) est une table étoilée, 1 macaron Michelin, dont le chef (toulousain) Romain Fornell est un passionné de Picasso. Il reprend dans sa cuisine quelques totems chers au peintre, comme le pigeon et les tapas, servis avec du vin de Catalogne. Menu à partir de 70 €. À Horta de Sant Joan Miralles (977.43.55.55 ; Hotelmiralles.com) est le restaurant d’un petit hôtel, à l’entrée du village, qui propose (sur réservation uniquement) un menu Picasso réalisé à partir des indications culinaires recueillies dans les lettres de Fernande Olivier à Gertrude Stein. On y trouve, notamment,

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À Barcelone Musée Picasso (932.56.30.00 ; www.museupicasso.bcn.cat). Visite possible avec un guide francophone. À Gósol Le chemin Picasso (973.37.00.55 ; Gosol.ddl.net) est un sentier de randonnée (58,8 km), très organisé, qui a fait l’objet d’une publication détaillée sous la forme d’une carte d’état-major. Il existe aussi un document qui donne tous les hébergements et renseignements pratiques, nécessaires à la réussite de son périple. Tout est très utile, mais malheureusement pas toujours traduit en français. À Horta de Sant Joan Le Centre Picasso (Centrepicasso.cat) rassemble sur 3 étages des souvenirs du passage de Pablo et Fernande, dont une table du bistrot qu’ils fréquentaient, des reproductions d’œuvres et des cartes qui permettent d’organiser ses randonnées. Attention, sur les sites, il n’y a quasiment pas de panneaux indicateurs. Mieux vaut bien préparer en amont sa balade. En Espagne Dans le cadre des célébrations Picasso 1973-2023, 16 expositions sont prévues dans tout le royaume, parmi lesquelles : au Musée Picasso de Málaga, « Picasso : matière et corps », du 8 mai au 10 septembre ; au Musée du Prado à Madrid, « Picasso - El Greco », du 13 juin au 17 septembre ; au Musée Picasso Barcelone et à la Fondation Joan-Miró, « Miró - Picasso », du 19 octobre 2023 au 25 février 2024 et au Centre d’art Reina Sofía à Madrid, « Picasso 1906 : la grande transformation », du 14 novembre 2023 au 4 mars 2024.

Ph. V. D.

infographie : le figaro

Parc naturel de Cadí-Moixeró Gósol

L’A I R D U T E M P S RICHARD MILLE - Instrument sportif

ATELIER DES CHRÉTIENS DU MONDE Pâtisseries de Damas Délices en provenance de Syrie, réalisés par des artisans locaux avec des ingrédients de grande qualité (pistaches, noix, sésame), selon des recettes traditionnelles. Partagez des moments conviviaux en faisant agréablement voyager vos papilles. Dépaysement garanti avec ces pâtisseries aux délicates saveurs orientales. La Syrie, profondément meurtrie par le terrible tremblement de terre, peine à se relever. En achetant ces savoureuses bouchées sucrées, vous permettez à ses habitants de subsister et de vivre dignement du fruit de leur travail. Vos achats soutiennent, sur les cinq continents, des artisans en grande difficulté.

(Re)connu pour ses instruments atypiques, Richard Mille dévoile sa nouvelle collection féminine RM 07-04 Automatique Sport. Disponible en six versions aux couleurs pop et acidulées, elle est associée à six athlètes inspirantes et puissantes. Ayant nécessité trois ans de développement, ces montres possèdent un boîtier de forme tonneau en Carbone TPT® et Quartz TPT®, deux matériaux exclusifs usinés par la manufacture. Très techniques, ces éditions sont animées par un mouvement de haute volée doté d’une complication intrinsèque à la marque horlogère : le sélecteur de fonctions. Associé à un poussoir, il permet d’une simple pression de choisir entre la position neutre (N), remontage (W) ou mise à l’heure (H). Ultra compact, le calibre CRMA8 alterne les finitions polies, les fraisages et surfaces satinées. Légers et résistants aux chocs, les modèles conjuguent parfaitement performance et sportivité. www.richardmille.com

HIMOLLA - La qualité allemande au service de la détente Tenté par le confort absolu d’un fauteuil ou d’un canapé de relaxation ? La qualité allemande s’impose aussi côté bien-être. Depuis plus de soixante-dix ans, Himolla est synonyme d’une combinaison unique de fonctionnalités et de détente. Lauréat de nombreux prix (design, innovation, éco-responsabilité), le petit atelier allemand est devenu l’un des plus grands fabricants de canapés et de fauteuils de relaxation en Europe.

29 ¤ les 500 g - Retrouvez la sélection de produits solidaires de l’Atelier des Chrétiens du Monde sur boutique.aed-france.org POUR VOTRE SANTÉ, BOUGEZ PLUS - WWW.MANGERBOUGER.FR

CHÂTEAU DUCRU-BEAUCAILLOU 300 ans d’inspiration en Saint-Julien

Photos DR

Pour célébrer son tricentenaire, Château DucruBeaucaillou s’habille d’une nouvelle étiquette élégante et sophistiquée. Imaginée exclusivement pour son millésime 2020, elle s’inscrit dans une démarche de renouveau poétique du modèle originel, resté inchangé depuis sa création par les Johnston en 1870. Aujourd’hui, il affiche un collage en triptyque de la tour victorienne sud du château, en référence aux trois siècles d’existence de la propriété et trois générations de la famille Borie à sa tête. Sur l’épaule de la bouteille, le logotype du tricentenaire se dévoile en caractères émaillés. Tandis que le bouchon est embossé dans la cire orange, couleur iconique de la Maison. Quand le présent et l’histoire se fondent pour servir l’excellence. www.chateau-ducru-beaucaillou.com L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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À découvrir dans l’unique showroom français au 63, rue de Convention à Paris 15e et du 27 avril au 8 mai 2023 à la Foire de Paris (pavillon 1 zone B) – www.himolla.com

TMR - Offrez-vous le Voyage de votre Vie ! Le 47ème tour du monde de TMR s’élancera du 12 novembre au 2 décembre 2023. La Havane, Carthagène des Indes, l’Île de Pâques, Tahiti, Sydney, Angkor, Hanoï et la Baie d’Halong, ou encore les « Mille et Une Nuits » de Samarcande... Cinq continents sont à découvrir en avion privé pour une aventure unique, humaine, enivrante et intemporelle. Tels des hôtes de marque, les voyageurs bénéficieront d’un service privilégié avec une sélection des plus beaux hôtels, une organisation millimétrée, un passage express aux aéroports et une équipe dédiée. Parfois copié sans avoir jamais été égalé, ce voyage exceptionnel fait la plus grande fierté du tour-opérateur français depuis 35 ans. Une invitation à rejoindre le Club Privé de ceux qui ont fait le tour du globe, 21 jours de rêve absolu, Renseignements et réservation : 04 91 77 88 99 voici le voyage d’une vie ! à partir de 19 900 ¤ - www.tmrfrance.com R É A L I S É E PA R L E S E R V I C E C O M M E R C I A L D U

FIGARO MAGAZINE

CONSEIL N°2

Choisir une autre façon de voyager en découvrant nos initiatives engagées. maisonsduvoyage.com

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Crédit photo : Pramote Polyamate / GettyImages.

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Talent

Jean-Baptiste Bissonnet Il prêche l’amour du travail bien fait

Aux Boucheries Nivernaises, nées sous le second Empire, l’agneau pascal reste un mets d’exception que ce passionné sélectionne et travaille comme le faisait son grand-père.

Lucie SASSIAT/SDP

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hez les Bissonnet, artisans bouchers, « on se transmet le couteau de père en fils, depuis six générations ». Une identité familiale forte estampillée sur la devanture de la boutique parisienne, sur le papier d’emballage ou sur les très élégants sacs cartonnés. Si aujourd’hui, la côte de bœuf, dessinée d’un trait fin, est portée comme des armoiries, l’agneau a longtemps été l’emblème des prestigieuses Boucheries Nivernaises. À quelques jours des célébrations pascales, ce produit demeure un incontournable de cette institution sise depuis 1959, au 99 rue du Faubourg-SaintHonoré, à Paris. Une adresse à quelques encablures du palais de l’Élysée et de ces tables présidentielles que la famille fournit depuis des décennies. De Gaulle payait d’ailleurs ses commandes avec son chéquier personnel. Attachée aux traditions, cette maison

de prestige qui a su élever le geste de la découpe de la viande au rang de haute couture, prépare Pâques longtemps à l’avance. C’est une période aussi cruciale que celle des fêtes de fin d’année. “Nous participons à la transhumance des brebis”

Sur les étals, les agneaux présentés sont toujours sélectionnés avec la rigueur qui s’impose chez ces perfectionnistes du billot. « Nous connaissons chacun des éleveurs avec qui nous travaillons, explique Jean-Baptiste Bissonnet, le tout jeune directeur. Mon grand-père, qui a élevé des brebis dans une ferme qu’il possédait autrefois dans la Beauce, allait lui-même sourcer les agneaux chez les petits producteurs en Lozère, dans le Quercy, à Sisteron, dans l’Aveyron ou les prés salés du Mont-Saint-Michel et de la baie de Somme. » Le temps a passé, mais rien n’a changé. Le savoir-faire,

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l’exigence et la passion du métier, la fiabilité et la traçabilité font partie du patrimoine familial. « Nous ne dérogeons jamais à la tradition, raconte JeanBaptiste Bissonnet. Nous participons chaque année à la transhumance des brebis. Nous emmenons ce grand troupeau depuis la bergerie jusque sur les hauteurs du mont Lozère. C’est à chaque fois un moment magique et une étape essentielle dans la vie de l’animal. » Si l’agneau, et son fameux gigot, reste un classique pour le repas pascal, ce mets de choix peut être décliné de différentes façons. Épaule désossée, carré d’agneau, poitrine… le champ des possibles est vaste. Il suffit de demander conseil à l’un des maîtres bouchers, que ce soit en magaNadjet Cherigui sin ou en ligne. 99, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e ; centre commercial Westfield Parly 2, 78150 Le Chesnay (Lescoffretsdesnivernaises.fr).

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la bonne mesure du tailleur scavini

ras-le-bol du slim !

Mode

le cachemire en douceur Ultra-fin ou ultra-doux, les cachemires de la jeune marque Falconeri s’imposent sur la liste des tentations du moment.

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leur tour, les Français ont ­succombé au charme voluptueux et discret du cachemire signé Falconeri. Il faut avouer que ses pulls et cardigans, déjà présents dans plus de vingt pays, ont tout pour séduire : style sobre et intemporel, large palette de couleurs allant des pastels les plus sages aux fluos les plus tendance, et des prix bien ajustés. Quel est donc le secret de ces tricots réalisés à Avio, dans le Trentin, au nord-est de l’Italie ? Pour faire entendre sa voix sur le marché hexagonal très disputé du cachemire, la jeune marque italienne du Groupe Calzedonia (également propriétaire de Calzedonia, Intimissimi et Tezenis), introduite en France en 2019, a décidé de marier techniques de pointe pour le tissage et finitions manuelles pour les détails. Elle fait aussi en sorte de séduire toutes les générations, avec un classicisme de bon aloi, pimenté par quelques audaces, ­notamment dans les couleurs. Doudounes et chemises

Coups de cœur du moment : les pulls raz de cou, extrafins, dans des tonalités embrassant la gamme des bleus, du ­l apis-lazuli au turquoise. Avec en prime des doudounes réversibles, des chemises en coton et soie, des tenues d’intérieur ou des tee-shirts de lin, les propositions sont variées, et ne se résument pas qu’à la douce laine de chèvre

de Mongolie. Néanmoins, l’atout de séduction de la griffe italienne cette ­saison réside dans une étoffe au tissage particulièrement mince, créée à partir de deux fils peignés puis roulés. des détails soignés

« Extrêmement fin et léger, le cachemire ultra-fin 2.50 reste toujours doux et soyeux en procurant une moelleuse ­sensation de légèreté. Le prestige de la matière première, confiée à notre main-d’œuvre experte, a donné vie à un cachemire unique, exclusif et original. En un seul mot : supérieur. Le prix accessible par rapport à la grande qualité ­proposée est renforcé par des détails très soignés et une recherche technologique incessante, dans le respect du savoirfaire italien », souligne fièrement la marque qui revendique une approche contemporaine fondée sur un luxe ­accessible et responsable. C’est un fait, la qualité d’exécution ­invoquée est bien au rendez-vous et les amateurs de cachemire remarqueront les montages, notamment des emmanchures, ou le remaillage des cols. Les plus exigeants regarderont vers le ­« cachemire ultra-doux 2.28 » que la maison présente comme « soyeux et ­velouté. Ses caractéristiques principales offrent une sensation chaude et douce au contact de la peau ». Difficile de résister. Frédéric Brun

Falconeri.com

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arre des vestes trop courtes et trop serrées ? Marre des pantalons tellement fuselés qu’ils sont devenus de vrais collants ? Après presque deux décennies de mode slim, le changement arrive. Lentement, mais il arrive… d’Asie, de la Corée au Vietnam où la jeunesse apprécie les coupes de tee-shirts, de pantalons amples et confortables, au tombé net grâce à des tissus relativement denses pour ne pas dire lourds. Acmé de la Vie, Comme des Garçons, 87MM sont autant de marques qui distillent une nouvelle allure. En Europe, les belles maisons cherchent, elles aussi le même esprit. Yves Saint Laurent, Hermès, Chloé et même Hugo Boss dans son dernier défilé, à Miami, mettent l’ampleur et le pantalon à pinces sur le devant de la scène. Les hommes ne sont pas faciles à faire évoluer. Toutefois, à l’échelle de mon humble atelier, perdu du côté d’Invalides, cette tendance se remarque auprès d’une clientèle jeune. Comme disent les financiers, je reçois des signaux faibles. Le goût du pantalon taille haute et d’une cuisse généreuse est là. Récemment, un jeune francoaméricain m’a demandé un costume avec une veste plus grande d’une taille et demie. Le changement arrive, patientons encore un peu !

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Cadran

Les six saisons de Richard Mille D’ordinaire, l’année ne compte que quatre saisons, mais pour l’horloger de l’extrême, le compte n’y était pas. Pour sa montre femme ultralégère, il en fallait bien une par variation.

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ix femmes, six athlètes, six sportives… et six montres. ­Richard Mille, l’horloger de l’extrême, nous a habitué, dès ses premiers tours de cadran, à tutoyer l’inédit. Matériaux quasi ­impossibles à usiner, mouvements d’une complexité indicible… Il ne restait peut-être qu’à s’adresser un peu plus à une clientèle féminine. C’est justement ce à quoi œuvrent désormais Amanda Mille, directrice marque et partenariats, et Cécile Guenat, directrice de la création et du développement de la maison. Trois années auront été consacrées à la mise au point du mouvement automatique le plus compact jamais fabriqué par ­Richard Mille. « C’est un triple défi technique auquel nous avons été confrontés : un extrême squelettage, l’intégration de l’habillage avec le mouvement et l’accueil d’un ­sélecteur de fonctions inversé », décrypte Salvador Arbona, directeur technique mouvement. « Le challenge aura été de développer un mouvement automatique maison ultracompact et résistant tout en y associant une nouvelle esthétique pour accompagner tous les instants de vie, sur et hors des terrains de sport, explique Cécile Guenat. Nous ne nous sommes pas enfermés dans un dessin épuré, mais avons fait le choix d’un mouvement squeletté à la complexité visible. »

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une triple médaillée d’or aux JO d’hiver

Résultat : une montre sportive squelettée ultralégère pesant seulement 36 grammes, bracelet compris. Son ­calibre CRMA8 est un nouveau mouvement automatique maison avec heures, minutes et sélecteur de fonctions. Pour assurer la rigidité de l’ensemble, platine et ponts sont en titane grade 5, complétés par un traitement PVD noir. Ce mouvement a subi une batterie de tests intenses validant ses capacités de résistance à des accélérations de 5 000 g. Le sélecteur de fonctions supprime toute sollicitation de la

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tige de remontoir. Associé à un poussoir en Quartz TPT situé à 4 heures, il permet d’une simple pression de choisir, comme sur une boîte de vitesses de voiture, entre position neutre, remontage ou mise à l’heure. L’aiguille à 5 heures indique la fonction choisie sur un rehaut traversant en titane grade 5. « Proposer une montre sportive squelettée féminine est un pari que peu de ­personnes avaient osé relever. Cette collection est un gage d’esthétique autant que de technique », souligne Cécile ­Guenat. Pour porter au quotidien ­– règle d’or maison – les six variations de ­couleur de cette nouvelle RM 07-04

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Automatique Sport, il aura été fait ­appel à six sportives et athlètes de haut ­niveau : Aurora Straus (5), Margot Laffite (3), Nelly Korda (4), Nafi Thiam (6), Yuliya Levchenko (1) et Ester ­Ledecká (2). Pas moins que deux pilotes, la numéro 2 mondiale de golf, deux championnes d’athlétisme et une triple médaillée d’or aux JO d’hiver… Autant de visages du temps pour personnifier cette montre sportive, aussi légère que polyvalente, qui repousse les limites de l’horlogerie comme elles repoussent celles de leurs disciplines. Judikael Hirel

Richardmille.com

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Quand le tableau devient galerie

Véritable Spotify de l’art, le cadre connecté Ionnyk évolue au gré des collections pour transformer le salon en musée. ­ apier électronique. Avec l’avantage de ne pas fatiguer les p yeux et d’offrir une autonomie atteignant un an. En ­revanche, limite de la technologie, il reste pour l’heure cantonné au noir, au blanc, un univers parfaitement adapté à la photographie d’art. Relié au net par le biais d’une application mobile, le cadre Ionnyk profite d’un système de curation pour bénéficier d’un catalogue unique et en constante évolution, excluant cependant les photos personnelles. Les clients reçoivent entre 5 et 10 œuvres par mois dès l’acquisition de l’objet. Ils peuvent également s’abonner à une bibliothèque de plus de 1 000 œuvres, créées par 100 artistes originaires de 20 pays différents. Ils favoriseront leurs clichés préférés ou pourront se laisser surprendre par des rendez-vous par thèmes ou par collections, notamment par le volet « Smart Art » qui regroupe des créations dont les artistes gardent le contrôle en les faisant évoluer au fil du temps.

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u premier regard, rien ne le distingue d’un cadre photo classique. L’image est élégante, détaillée, mais aussi changeante à la faveur des variations de lumière qui mettent en valeur une ombre, un fragment, un nuage… On aurait envie d’en posséder plusieurs et de les réunir sur un mur dédié pour profiter d’une véritable galerie d’art à la maison. Imaginé par Mathieu Demeuse et Charlotte Dubois, un couple de Belges passionnés d’art, le cadre connecté ­Ionnyk abrite une technologie d’affichage exploitant des millions de capsules d’encre noire et blanche pour afficher les reproductions avec un rendu papier semblable à celui d’un tirage photo argentique. À l’inverse d’un modèle comme le Meural de Netgear, il n’émet aucune lumière, mais apparaît sensible à l’éclairage ambiant, à l’image d’une liseuse numérique dont il reprend le concept de

un certificat numérique

À rebours d’un catalogue photo fermé et immobile, le monde Ionnyk se veut changeant, vivant. Une photo iconique d’Élisabeth II a ainsi été dévoilée au lendemain de sa mort. Dans un autre style, chaque jour pendant une ­semaine, une nouvelle prise de vue montrant les premiers pas de l’homme sur la Lune a été mise en ligne. Ionnyk est proposé en deux modèles, et deux formats. L’accès illimité au catalogue est facturé 12,99 € par mois, mais les collectionneurs préféreront peut-être acheter des œuvres en édition limitée de Laurent Baheux ou de Gaetan Caputo. Ces dernières bénéficient alors d’un certificat numérique garantissant leur authenticité (NFT). Pascal Grandmaison

Modèles Jane, L. 50 x l. 40 x P. 2,7 cm, taille de l’image 27 x 20 cm, 1 350 €, et Linn, L. 100 x l. 70 x P. 2,7 cm, taille de l’image 69 x 39 cm, 3 250 € (Ionnyk.com).

Mobilier

errasses, jardins et piscines font l’objet d’aménagements de plus en plus sophistiqués grâce à un choix exponentiel de meubles qui ne perdent rien de leur élégance en vivant dehors. La maison Roche Bobois inaugurera mi-avril un magasin de 280 m², 6, rue Denis-Poisson (Paris 17e), entièrement dédié à ses collections outdoor. Du tapis Tresse tissé à la main en polypropylène à la chaise longue Temps Calme recouverte d’un

tissu de Jean-Paul Gaultier, du fauteuil Tribal en polyuréthane armé du designer Marcel Wanders à la version extérieure des sièges

Laurence Haloche

Console Corail, L. 160 x l. 45 cm x H. 76, 3 932 € (Roche-bobois.com).

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Bombom de Joana Vasconcelos, c’est un véritable salon de plein air qu’il est possible de réaliser. Autre tendance qui se confirme ? L’usage de l’impression 3D, à l’exemple du piétement de la console Corail (photo) d’Antoine Fritsch & Vivien Durisotti. Le matériau utilisé est un béton auquel un travail sculpté donne presque une certaine poésie.

Shutterstock b ; Nicolas Gallon/SDP

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Roche bobois prend l’air

Photo : INA - Création : Simon Guaquière / Melody

EN AVRIL, LA SÉRIE CULTE LES SAINTES CHÉRIE DÉBARQUE SUR VOTRE CHAÎNE VINTAGE MELODYRA ! MICHELINE PRESLE, DANIEL GÉLIN, JEAN YANNE, JACQUES HIGELIN, JACKIE SARDOU, GÉRARD RINALDI, LES CHARLOTS...

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G a s t r o n o m i e

la table de maurice beaudoin

r jeune L e d é i ca l d e n domi

Thierry Marx

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Le Baudelaire, à Paris Installé confortablement dans un hôtel, près de la Concorde, voilà un lieu où la cuisine, excellente, surprend.

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l’abri de l’agitation, le Baudelaire, restaurant de l’hôtel Burgundy, est un lieu apaisant, discret, confortable, où règne un chef qui réalise une cuisine qui bouscule. Tables sans nappes – des sets – mais de larges serviettes blanches. Un lieu chic qui veut se différencier. Le chef est Antillais, sympathique. Il souhaite que vous soyez bien installé pour appréhender sa cuisine. Il se déplace plusieurs fois pour jeter un coup d’œil. Une étoile, mais une étoile chic. On dîne dans un bel endroit. Des plats surprenants, qu’on ne retrouve pas ailleurs. Ils sont uniques, travaillés, inspirés. La carte ? D’une originalité déconcertante. On n’est pas habitué à la manière très personnelle d’Anthony Denon. En consultant la carte, surprise. Le menu Baudelaire comporte trois, quatre ou cinq séquences. Pour composer son menu, il faut choisir parmi quatre entrées, trois plats et trois desserts. On doit réfléchir, puis piocher. Pour ma part, j’ai choisi la section « Le souvenir » : oignons, comme une Tatin, c av i a r d e l a m a i s o n P r u n i e r, bouillon perlé, accompagné d’une paille. Ensuite, « Les crustacés », la langoustine caramélisée, poireaux

iodés confits. Mais j’aurais pu aussi bien préférer les sections « Le végétal “marin” », « Le potager », « L’élevage », « La ferme », « La mer » et son plat composé de carottes grillées, lieu jaune de ligne, moutarde verte et orange sanguine. UNE fin de repas en fanfare

Pour les desserts, également trois possibilités : « La fraîcheur », « La douceur », « La signature ». J’ai choisi « La fraîcheur » : pamplemousse rose, citron noir, poivre de Timut. Un bon choix, léger et désaltérant. Une fin de repas en fanfare. Oui, plus qu’un coup de trompette, j’ai convoqué la fanfare pour célébrer ce repas concocté par le talentueux Anthony Denon. Tout à fait inhabituel, vraiment. Le Burgundy est un hôtel luxueux, discret et remarquablement situé. Un hôtel qui se cache. Il faut vite le démasquer, découvrir son raffinement et sa table, totalement insolite. Anthony Denon a décroché une étoile pour ses plats baroques, mais, franchement, ses trouvailles méritent beaucoup plus. Le Baudelaire, hôtel Burgundy, 6-8, rue Duphot, Paris 1er (01.42.60.34.12). Prix moyen : 95 € (3 plats). Ouvert pour le dîner, du lundi au vendredi.

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u’on le cantonne à l’évocation de ses déjeuners dominicaux ne le dérange pas. Thierry Marx met le même élan à parler de son engagement pour une restauration consciente de son impact social, environnemental et nutritionnel, dont son nouveau restaurant Onor * est l’illustration, qu’à confier ses recettes du dimanche. « Le samedi, j’achète chez Lorenzo, marché PrésidentWilson (16e), selon la saison et les prix, une grosse sole, un bar ou des maquereaux, cuits à la poêle côté peau après l’avoir laquée avec un vinaigre de cidre réduit. » En accompagnement, des rattes de Noirmoutier, des rosevals, des carottes de plein champ, du choufleur rôti au four. « Pour le dessert, c’est tarte fine aux pommes ou crêpes sucre, miel et citron. Peu de farine, beaucoup d’œufs, du lait, du beurre fondu dans l’appareil, le bon pochon. On rate la première, pas les suivantes. » Son restaurant du dimanche : ce chineur, passionné de l’époque d’Edo, aime aller aux puces de Saint-Ouen. À La Margarita où « les marchands se retrouvent jusqu’à 16 heures, la cuisine est familiale, l’ambiance sympa. C’est bon, on se fait plaisir, et le rapport qualité-prix est exceptionnel. » Laurence Haloche * 258, rue du Faubourg-Saint-Honoré, Paris 8e (01.85.61.60.60).

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Terroirs

Les ambitions des Oddo

Pascal Oddo et sa fille Lorraine ont créé en huit ans un groupe composé de six domaines situés en France, en Afrique du Sud et en Italie. Ce qui n’était pas si facile.

SDP ; Julie Limont / SDP ; Florent JOLIOT - Vincent Coste Architecte ; Coll perso

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out est allé très vite. En 2015, Pascal Oddo quitte le fonds d’investissement qu’il a créé et se concentre sur quelques secteurs comme l’énergie, la forêt et le vin. Son propre père a déjà été propriétaire de deux domaines à SaintÉmilion, vendus au début des années 2000. Lui et sa fille Lorraine (photo) vont miser sur la Provence. « Nous avons eu l’opportunité d’acquérir le domaine du Vallon des Glauges, dans le massif des Alpilles, raconte-t-il. Mais quand ma fille a voulu vendre notre vin aux États-Unis, nous avons compris que ce serait compliqué. » Père et fille changent de cap : « Nous n’avions qu’un seul produit à présenter. Nous avons alors décidé de lancer un vrai ­business, continue Lorraine Oddo, présidente et cogérante des domaines Oddo. J’habitais en Italie et on m’a mise en relation avec la famille ­Planeta, propriétaire de domaines en Sicile, avec qui nous nous sommes ­associés pour acquérir des terres à Sambuca di Sicilia. Puis, nous avons aussi acheté Le Piton de Sancerre en Sancerre, en association avec le vigneron Pascal Jolivet. » Elle et son père ne manquent pas d’appétit. « Nous avions aussi envie d’un domaine dans ­l’hémisphère Sud. Mais les acquisitions en Argentine et en NouvelleZélande se sont révélées difficiles ou hasardeuses. Nous avons finalement trouvé 230 hectares en Afrique du Sud,

sous la forme de trois vignobles ­différents, avec chacun leurs spécificités. Le Chant constitue une porte d’entrée vers les vins sud-africains, Pink Valley produit notre vin rosé et Taaibosch (photo, à gauche) se révèle plus classique. » Taaibosch Crescendo 2019 (cabernet franc, cabernet sauvignon, san giovese, merlot) au nez très fin, est emblématique de la montée en gamme de la production viticole ­sud-africaine contemporaine. Malgré sa jeunesse, le vin est déjà très abouti, promis à de brillantes dégustations après dix ans de cave. Vendu 35 € en France chez les cavistes (relais de ­Bacchus), il présente un joli rapport prix-plaisir. « Tous les vignobles de notre groupe sont à maturité », insiste Pascal Oddo. Et tous sont supervisés par un même œnologue, Florent ­Danot. Coup de stress

Père et fille se sont lancés dans le monde du vin avec sérieux et pragmatisme, évitant les chausse-trapes. Toutes leurs opérations ne furent pas couronnées de succès. Ainsi, un domaine en Rioja, en Espagne, est aussi vite revendu qu’acheté « car nous avons eu beaucoup de mal à trouver un partenaire pour nous développer et la taille de notre exploitation n’était pas suffisante, explique Lorraine Oddo. Et puis le dialogue avec les locaux était

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difficile. J’étais confronté à des personnes qui éprouvaient des problèmes à parler à une femme décisionnaire… Les Espagnols sont durs. » Adios la Rioja ! Par ailleurs, le milieu se révèle plus concurrentiel que prévu. « Mon plus gros coup de stress, je l’ai eu au ­s alon professionnel ProWine, à ­D üsseldorf. Sur place, j’ai pris conscience qu’il y avait autour de moi 6 000 personnes qui vendaient du bon vin… » Elle s’est finalement remise de ce choc. Et le binôme est efficace : « Quand j’ai rejoint mon père, je lui ai dit : “On part pour un galop d’essai de six mois et si nous ne nous entre-tuons pas, nous réfléchirons à l’avenir.” » Quelques années plus tard, l’attelage affiche de grandes ambitions. Elle est dans la conjoncture, déterminée, ­pugnace, lui un peu au-dessus. Aujourd’hui, les six domaines des Oddo produisent 650 000 bouteilles. « Dans cinq ans, nous pourrions osciller entre 1,7 et 2 millions de bouteilles », annonce Lorraine Oddo. Peut-être plus à la faveur de nouveaux investissements. « Nous aimerions nous développer dans la Loire. Je crois beaucoup à cette ­région », confie Pascal Oddo, avant de préciser : « Pour qu’une entreprise ­demeure, il faut qu’elle soit rentable. Nous devons monter en gamme. » Les Oddo vont dans le sens du mondovino Stéphane Reynaud contemporain. Oddo-vins-domaines.com

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Escapade dans la creuse

Aubusson ne fait plus tapisserie

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Par Philippe Viguié Desplaces

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’est tout un univers que nous fait découvrir la Cité internationale de la tapisserie, à Aubusson. Un savoir-faire d’exception inscrit au ­patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Celui des filateurs, des tein­turiers, des lissiers, des restaurateurs et des cartonniers, entre autres ­métiers, qui depuis Colbert participent au rayonnement des arts décoratifs français dans le monde. La façade iconique, rayures de laines colorées, imaginée par le ­bureau d’architectes Terreneuve, est une invitation « à transposer dans une écriture textile une œuvre d’art » (2), comme l’explique son directeur Emmanuel ­Gérard. Après s’être emparé du monde de J.R.R. Tolkien, le ­centre international de la tapisserie passe commande d’une tenture e­ xceptionnelle de cinq pièces monumentales (entre 18 et 25 mètres carrés chacune), inspirées par l’univers du mangaka japonais Hayao Miyazaki, grâce à un partenariat avec le Studio Ghibli. Des scènes ­empruntées à la Princesse Mononoké (1) , auVoyage de Chihiro, au ­C hâteau ambulant et à Nausicaä de la ­vallée du vent, qui donnent un sacré coup de jeune à l’art de ­t isser. Jusqu’en 2024, date de l’achèvement de la ­dernière œuvre, le p ­ ublic, en visite guidée, est invité à admirer en direct le travail des lissiers sur leurs immenses métiers. Dans la Nef des tentures, une vaste cathédrale de béton, où sont présentées des dizaines de tapisseries ­anciennes et contemporaines, celle achevée d’Ashitaka soulage sa b­ lessure démoniaque, un enchantement ­poétique, y a déjà trouvé sa place. Autre e­ space, Les mains d’Aubusson, permet au visiteur de ­découvrir, par

le menu, un savoir-faire qui perdure dans la ville, où ­subsistent encore trois manufactures et neuf a­ teliers, dont certains ouverts à la visite. Échauguettes et maisons d’octroi

Boostée par cette créativité retrouvée, Aubusson semble ­revigorée et offre un visage soudainement animé. Échauguettes et maisons d’octroi, petits châtelets à colombages et hôtels particuliers, s’étalent le long de ruelles bosselées et sur les rives de la Creuse, qui coule avec la vigueur d’un t­ orrent. On s’y promène à la découverte de boutiques atypiques. Celle de l’antiquaire-restauratrice Chantal Chirac vend des cartons de tapisseries que les amateurs de déco ne manqueront pas de chiner. Une petite halte au très animé Café du Commerce ponctue une balade dans la Grand-Rue, où voisinent côte à côte de dynamiques petites a­ dresses de charme. Là où il fait bon s’attarder, comme chez le bouquiniste, dont la devanture déborde de livres rares. Au restaurant Le France, les tapisseries murales donnent un supplément de chic à la table gourmande, emmenée avec brio par Benoît Corjon, ancien chef à la brasserie de l’hôtel de Crillon, à Paris (plats autour de 30 €). Un peu plus loin, dans le typique quartier de la Terrade, on s’installe aux Maisons du Pont, Suites et Spa, un hébergement de luxe, design et poutres apparentes, qu’on peine à quitter. Autant d’adresses attachantes qui font basculer Aubusson du côté de la vie et retissent les fils de l’avenir. Cité internationale de la tapisserie (05.55. 66.66.66 ; Cite-tapisserie.fr). Maisons du pont (05.55.67.72.22 ; Lesmaisonsdupont.com), autour de 100 € la chambre. Office de tourisme d’Aubusson (05.55.66.32.12 ; Tourisme-creuse.com).

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Dans la charmante petite ville, la Cité internationale de la tapisserie tisse actuellement une tenture exceptionnelle d’après les films de Hayao Miyazaki. L’occasion de s’y attarder.

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Immobilier

l’énergie va encore plomber les comptes des copropriétés cette année Malgré le bouclier tarifaire, les charges, par l’électricité et le gaz, devraient augmenter au global de 10 à 15 % en 2023.

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as de miracle à l’horizon. La saison des ­assemblées générales (AG) de copropriété qui débute va charrier son lot de mauvaises nouvelles. Les copropriétaires vont à nouveau devoir sortir le chéquier. « Ils doivent s’attendre en moyenne de 10 à 15 % d’augmentation de charges. On a commencé à l’annoncer à certains copropriétaires. Ils ont toussé », indique Olivier Safar, du cabinet d’administration de biens du même nom et responsable copropriété pour le syndicat professionnel Unis. En cause, le coût de l’énergie, qui pèse habituellement 30 à 40 % des dépenses d’un immeuble chauffé collective-

ment, et qui malgré la récente baisse des prix de l’électricité et du gaz va encore plomber durablement les comptes des immeubles. Il s’agit de régulariser les dépenses (en hausse) de l’année passée et budgéter celles (également en augmentation) à venir. « La particularité de l’énergie, c’est que l’on paye toujours en fonction des prix négociés un an avant », rappelle Jean-Marc Guillot, directeur maîtrise des charges chez Foncia. Or, l’année dernière, les tarifs du gaz et de l’électricité étaient encore au plus haut. Et les copropriétés ont beau bénéficier d’un bouclier tarifaire spécifique, qui limite l’impact de la hausse, il n’en prend en charge qu’une partie. Qui plus est, il rembourse avec six à huit mois de retard les dépenses engagées. De quoi peser encore lourd cette année dans les budgets. Mais ce n’est pas tout. L’énergie n’est pas le seul poste à avoir fortement grimpé. L’inflation actuelle pèse sur toutes les charges. Et en particulier les services – ménage, jardinage… – ou l’assurance (+ 7 % en 2022, après avoir augmenté de 5 % en 2021). Ces hausses font craindre, par effet boule de neige, une augmentation des impayés. Ces derniers sont déjà à un niveau élevé : 72 % des copropriétés dépassaient déjà les 21 % d’impayés en 2021, selon l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Cet effet « énergie » est déjà visible. « On assiste à un accroissement des incidents de paiement, confirme Géraud Delvolvé, délégué général de l’Unis, mais il est conjoncturel. Il est dû à la hausse des factures de chauffage. Ce n’est pas structurel. » La baisse des prix à l’œuvre dans l’énergie mettra au moins un an à ­produire ses effets. D’ici là, les copropriétaires vont sans Jorge Carasso doute devoir se serrer la ceinture.

Impôts

Déclaration de revenus : le Calendrier 2023 est connu

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’est parti. La campagne déclarative pour les revenus de 2022 est enfin lancée. Elle débutera le 13 avril pour l’immense majorité des contribuables qui effectuent ces démarches sur la toile. Et même un peu plus tôt pour les Français qui n’ont pas internet ou qui sont perdus devant un écran et une souris. Les déclarations papier préremplies seront envoyées par courrier du 6 au 25 avril. L’année dernière, près de 12 millions de Français – sur 34,5 millions de foyers fiscaux – ont eu accès à une

déclaration automatique, lorsqu’un certain nombre de données – salaires, pensions… – sont connues du fisc. Ils devraient être à peu près autant cette année. Ces contribuables peuvent être tentés de ne rien modifier aux informations préremplies. Erreur, l’administration fiscale n’est pas infaillible. Les réductions d’impôts – services à la personne, produits financiers… –, censées être intégrées de façon automatique, ne le sont pas toujours. La vigilance est donc de mise. Enfin, les dates limites de dépôt

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(prise en compte jusqu’à 23 h 59) sont elles aussi connues. Les contribuables demeurant dans les départements 01 à 19 ainsi que les non-résidents auront jusqu’au 25 mai 2023. Ceux habitant dans les départements 20 à 54, jusqu’au 1er juin. Enfin, ceux résidant dans les départements 55 à 974/976, jusqu’au 8 juin. La date limite de dépôt des déclarations papier est fixée, quel que soit le lieu de résidence – Français à l’étranger compris – au 22 mai. Là, le cachet de la poste fait foi. J. C.

STOCK ADOBE

Ces démarches seront accessibles en ligne à partir du 13 avril.

VOUS RÉVÈLE LES DESSOUS DE LA CULTURE

RAMSÈS II, LE ROI SOLEIL DE L’ÉGYPTE ANTIQUE Il est le pharaon le plus emblématique de l’Égypte antique, dont le règne exceptionnel de soixantesix ans se prolongea jusqu’à la dynastie suivante : presque tous les pharaons y portèrent son nom. Au XIIIe siècle avant Jésus-Christ monte sur le trône impérial un jeune homme qui garantira à l’Égypte un demi-siècle de prospérité et de paix, en signant avec son ennemi héréditaire, le peuple hittite, le premier traité international de l’Histoire. A l’occasion de la spectaculaire exposition de la Grande Halle de La Villette, Le Figaro Hors-Série réunit les plus grands égyptologues pour passer au crible de l’histoire le mythe du plus grand pharaon bâtisseur, Ramsès II : quelles traces laissa-t-il dans la vallée du Nil ? La propagande royale fut-elle proche de la réalité ? Quelles furent ses femmes préférées, parmi onze épouses royales et plus de cent concubines ? Comment façonna-t-il les arts ? Pourquoi sa momie fut-elle restaurée à Paris ? Une passionnante aventure historique et archéologique, racontée en 164 pages magnifiquement illustrées.

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La grille de Michel Laclos

Horizontalement 1. Compléments de compliments. Exposition-vente. 2. Conservés à gauche. Porteurs de charges. Fait voir double. 3. Au bout d’une bonne canne. Plus ou moins remarquable au piano. 4. Est toujours en froid avec le précédent. Soignée à l’œil. Prend l’air. 5. Dans l’auxiliaire. Juste sauvé des eaux. Ont les palmes aquadémiques. Mine. 6. Accident de moto. Lycanthrope littéraire. Savoir à savoir. 7. Ne fréquentait pas les basfonds par sécurité. Donnait beaucoup à voir ou n’y voit pas très bien. Une piste embrouillée. 8. Faire la loi. Avaient de l’esprit autrefois. Aura bien du mal à trouver un bon emploi. 9. Fatal. Manche ou bras. 10. Pierre dure. Repose en paix. Fin de mois. 11. A eu des rapports parfois difficiles avec Stevenson en France. Riment vaguement. 12. Possessif. Bruit alarmant. Nouvelle en bien des pavillons. Si on l’ouvre, il faudra ensuite le fermer et ça ne se fait jamais discrètement. 13. Grecque. On devrait pouvoir tomber dessus sans se faire trop de mal. Un homme réduit. 14. Pronom. Pas très grand avec des contours très vagues. A un côté protecteur qui est loin de déplaire. Pronom. 15. La preuve que les Allemands étaient parfois drôlement culottés ! Se passe généralement de bière. 16. Pronom. Exposition en plein air. Chiffonne. 17. À l’envers : riche en roupies. Énoncé. À l’envers : sert à serrer. Romains. Conjonction. 18. Passage de Queneau. Déviation qui éloigne du bon sens. Petit porteur. 19. Bord de Seine. Très brillante. Cellules de femmes. Un étranger. 20. Train ou pont. Plonger dans le sommeil.

Verticalement 1. Changements de propriétaires. Petite balance. 2. Éclipse. On leur a payé des bières ?

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3. Café au café. Effets de voix. Font le ménage. 4. Ne vaut pas grand-chose. On en fait une bière très ordinaire. 5. Reproductrice qui a beaucoup servi naguère. Petits chatons. Procès verbal. 6. Tranche de jambon. Pour le poète, c’était l’O (deux mots). Casser des œufs. Doublé dans une robe noire. 7. Envoie la balle. Un cours pour lequel Maunoury s’est bien battu. Donner du temps au temps. 8. A fini de servir. On y va pour la cure mais aussi pour les bains de mer. Descendait. A donc de

la fourrure sur l’écu. 9. Économie privée. Manuels religieux. Ne pas comprendre. 10. Aura du corps. Arrondissement très important. 11. Naît sans tête. Celui du Paradis perdu ou celui du Roi des resquilleurs ? Bout de pain. 12. Sans emploi. Jugement de valeur. Candide mais pas du tout voltairienne. 13. Creuser des sillons. Signe de croix. Direction. Grand ensemble. 14. De bas en haut : ordinaire pour un évêque. Pas admises. Lent et confus. 15. Un métier comme ça n’existe

Solution du 31 mars

Horizontalement

1. Pêcheurs à la ligne. ABC. 2. Ému. Tsunami. Padre. 3. Consonnes. Guilledou. 4. Hue. La. Rieur. Euler. 5. Esgourdes. Lentille. 6. Uto. Edartse. Séisme. 7. Sing. Épucera. ID. 8. Eldorado. Ox. Sang. Âne. 9. Lérot. Gel. Italien. 10. Le. Intelligible. Truc. 11. Alde. Aînesse. Ère. 12. Clin d’œil. Rose. 13. Entente. Utérus. Ou. SP. 14. Mou. Aval. Toinette.

15. Adam et Ève. Clodo. Rus. 16. Jalousie. Ai. Lb. Mains. 17. Élite. Nuits. Estampée. 18. Ti. Sex-shop. One. Su. 19. Trèves. Io. Ornière. 20. Ensevelissement. Sous.

Verticalement

1. Pêcheuse. Lèse-majesté. 2. Émoustille. Nodal. RN. 3. Cunégonde. Actualités. 4. Gorille. Motive. 5. Évolue. Rondin. Eue. Ev. 6. Nard.

Attentats. SSE. 7. Dard. Déveine. 8. Stérer. Oglio. Aveux. 9. Assiste. El. Eulé. Isis. 10. Lu. Spoliait. Athos. 11. Anguleux. Gilet. Iso. 12. Laure. Fin. Roc. Pom. 13. IMI. Nues. Béquille. Ré. 14. Gilet. Rails. Snobs. NN. 15. Luisantes. Ed. Toit. 16. Épelle. Ga. Érotomane. 17. Adélie. Lt. Out. Amers. 18. Adorés. Aires. Erip. EO. 19. Bru. Mineures. Unes. 20. Cè. Crédence. Passeurs.

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pas. Direction. Hors des vagues. En Espagne. Fait appel de l’autre côté. 16. Bâtiment très parisien. Hors de combat. Morceau de trombone. 17. Une femme qui monte… plusieurs fois. Opéra en Égypte. 18. Sortie et rentrée de liquide. Pièce pour jouer. Cousus de fil blanc. Muet. 19. Note. Lettres de Bonaparte. À l’envers : fin de partie. Douche froide. Le bout du nez. 20. Réunion électorale. Butés par-derrière. Demeurée la tête en bas.

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Les enchères, Sud donneur, tous vulnérables. Sud 2♣ 2♠ 3♦ 3SA 4♦ 5♦

O passe passe passe passe passe passe

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E passe passe passe passe passe fin



Entame : 10 de ♠. Une petite mésentente sur la réalité du fit vous a conduit finalement à cet excellent contrat. Y a plus qu’à ! M. B.

♠D9 ♥3 ♦V985 Contrat : 3SA. ♣ARV764 Entame : 6 de ♦ pour l’As d’Est. ♠ A 10 6 ♠V732 N ♥D75 ♥R842 OE ♦D64 ♦A72 S ♣ 10 8 5 3 ♣92 ♠R854 ♥ A V 10 9 6 ♦ R 10 3 ♣D Comment réussir à profiter de tous ces beaux ♣ du mort ? Une première idée consisterait à prendre la Dame de ♣ de l’As, vous permettant de gagner si les ♣ de la défense sont partagés 3-3. Il y a peut-être mieux à faire, en dégageant la Dame de ♣ et en tentant de rejoindre le mort à ♠, si d’aventure l’As de ♠ est en Ouest. Notez que cette hypothèse est quelque peu corroborée par l’entame : alors que personne dans votre camp n’a annoncé les ♠, Ouest n’a pas entamé dans la couleur : la présomption qu’il détienne l’As en est accrue. Fort bien, mais vous n’envisagez pas l’action délétère de votre adversaire : après l’As de ♦, Est, surtout s’il n’a pas l’As de ♠, va rejouer ♠ pour vous priver de votre rentrée. La solution spectaculaire découverte par Ferit Tavlan consiste à jeter le Roi de ♦ sur l’As. Le flanc rejoue ♠, vous faites la Dame du mort et rentrez en main à la Dame de ♣ avant de prendre le 10 de ♦ du Valet. Même si la Dame de ♦ est en Est, même si vous perdez ensuite deux levées de ♠ supplémentaires, vous n’aurez concédé que deux ♦ et deux ♠ et avez neuf levées à disposition. Et si Est rejoue ♦ à la seconde levée, pour vous priver de votre rentrée dans la couleur ? Outre le caractère quasi impossible de ce flanc à la table, la Dame de ♠ est alors toujours présente pour aller chercher les ♣…

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Solution la semaine prochaine

PAR PHILIPPE CRONIER, www.lebridgeur.com

f BRIDGE Fig Mag 08 avril 1

CHARLES EDELSTENNE : PRÉSIDENT MARC FEUILLÉE : DIRECTEUR GÉNÉRAL, DIRECTEUR DE LA PUBLICATION JEAN-LUC BREYSSE : DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT ALEXIS BRÉZET : DIRECTEUR DES RÉDACTIONS

Guillaume Roquette : Directeur de la rédaction du Figaro Magazine Jean-René Van der Plaetsen : Directeur délégué de la rédaction Philippe Gruson : Directeur de création Jean-Christophe Buisson : Directeur adjoint de la rédaction (culture & art de vivre) Cyril Drouhet : Directeur de la photo & des reportages Anne-Sophie von Claer : Conseiller éditorial François Delétraz : Rédacteur en chef relations extérieures ESPRITS LIBRES Vincent Trémolet de Villers : Rédacteur en chef FRANCE Carl Meeus : Rédacteur en chef Ghislain de Montalembert : Rédacteur en chef adjoint Nadjet Cherigui - Charles Jaigu - Guyonne de Montjou Judith Waintraub : Grands reporters CHRONIQUEUR François d’Orcival REPORTAGES Jean-Marc Gonin : Rédacteur en chef Cyril Hofstein - Vincent Jolly - Jean-Louis Tremblais : Grands reporters CULTURE Nicolas Ungemuth : Rédacteur en chef adjoint Pierre de Boishue : Grand reporter Clara Géliot : Chef de service CHRONIQUEURS Frédéric Beigbeder - Stéphane Hoffmann Jean Sévillia - Philippe Tesson TOURISME Bénédicte Menu : Rédactrice en chef Marie-Angélique Ozanne : Rédactrice en chef adjointe ART DE VIVRE Laurence Haloche : Rédactrice en chef adjointe Élodie Baërd - Pascal Grandmaison - Judikael Hirel - Sylvain Reisser CHRONIQUEURS Maurice Beaudoin - Éric Neuhoff IMMOBILIER & PATRIMOINE Jean-Bernard Litzler - Jorge Carasso FIG DATA - SERVICE INFOGRAPHIE Stéphane Saulnier : Rédacteur en chef SERVICE PHOTO Marie-Sylvie Demarest : Chef de service Isabelle Dureuil - Marc Quentin - Adeline Sombert

MAQUETTE Cyril Delabarre : Directeur artistique adjoint François Cachelou - Sandrine Kaufmann Corinne Laguerre - Bruno Signorino RÉVISION SR Véronique Dequatremard : Rédactrice en chef Hélène Froni : Première secrétaire de rédaction Pierre Ilias - Charlotte Peronnet - Laetitia Quintano Armelle Lecrevisse : Assistante de la direction de la rédaction Yannick Baume : Assistante culture et art de vivre Isabelle Esserméant : Comptabilité photo Robert Mergui : Éditeur Maurice Beaudoin : Directeur général adjoint Marie Müller : Communication & partenariats Bénédicte Wautelet : Directrice juridique Corinne Videau : Directrice de la production Emmanuelle Dauer : Directrice de la fabrication Anne Flageul-Créhan : Responsable syndication / Droits de reproduction [email protected] RÉGIE PUBLICITAIRE Media.figaro : 9, rue Pillet-Will 75430 Paris Cedex 9. Tél. : 01.56.52.20.00. Aurore Domont : Présidente Chantal Follain de Saint Salvy : Directrice générale déléguée Cécile Henique-Parizet : Directrice commerciale adjointe pôle news ABONNEMENTS 01.70.37.31.70 [email protected] SITE INTERNET :www.lefigaro.fr

Imprimé par GROUPE MAURY IMPRIMEUR (45330 Malesherbes). Numéro d’impression : 23M2215. ISSN 0184-9336. Imprimé en France/Printed in France. Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 65 %. Eutrophisation : Ptot 0.003 kg/tonne de papier.

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123/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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M o t s

f l é c h é s

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S u d o k u

Problème n° 2259 GALETTE MEXICAINE PROBLÈME DE GAZ

BIEN AU-DELÀ ÉTAT ALLEMAND

IL SAIT GARDER LA LIGNE PRÉNOM

DÉPLAISANT IL S’ÉLÈVE EN THESSALIE

SORTIS DU LOT SÉJOUR À L’HÔTEL

EXIGÉ BAS DE CASSE

DOIGTS

QUI A PERDU LE CAP

HABITAT SAUVAGE

LUTH HAUTEUR SUFFISANTE DE FAÇON NETTE ET PRÉCISE NÉANT LIVRÉE À DOMICILE POUR DÉSIGNER LIEUX D’AISANCES

DURCI AU FOUR FESSEMATHIEU

IL COULE AU MAGHREB INFORTUNE RELATIF À CERTAINES HUÎTRES

FÉE PERSANE QUI DONNE À GRATTER ARTICLE D’ARAGON BASSIN DE RADOUB

IL FAIT DES PANIERS SOMMET

RÉSEAU DE CADRES ARME DE TOUCHE

ROI NORDIQUE DÉCISION DE COUR

SAC D’EMBROUILLES ÉCHARPE ANCIENNE CITÉ ROUES DE FROMAGE

CESSATION

A PÂLI

LANGAGE DU WEB

CHAUFFEUR D’ISIS

AVANT L’ÉGYPTE ACTUELLE TITRE DÉPOSÉ PAS TRANSPARENTES

LE CHROME NO OU OÔ DISCIPLE DE PAUL (SAINT)

IL BROIE DU NOIR ARBRE TROPICAL ENTRE I ET C ÉTENDUE DÉSERTIQUE

TEL UN FRÈRE ÇA RÉPARE UN OUBLI

Solution du problème n° 2258

IL EST AU BORD DE LA RUINE

C C

SE LAISSENT ALLER TOUT LE TEMPS À QUATRE

CAISSE DE COLLECTION

G B

VILLE, VILLA OU FAMILLE D’ITALIE

P B

E D UMU PAR HRE OS T RE E I I E L A L I SA L K I L I S E S ER

J D A ON I MB L E AR I EN A E ENS AM I E T L AR OT A I S T E L E T ER I ON OME T R E R E E E E S S ER L O T I E R

A A US MA EOPAG L ARA E L L E U TV PE T T E LURON URO T S USE CV A I E I E E

L I E L A S S I S

La diabolique de la semaine de Bernard Gervais Ingénieur et ancien professeur de mathématiques, spécialiste du Su Doku en France.

Les astuces de la Diabolique du numéro précédent Difficulté : ✰✰✰✰✰✰

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Un partage 2/5 : H4-I6 = 1-7 (A5-B5 et G9-G7) reste 2-45-8. Découpe du secteur 3 : avec G9 = 1, G7 = 7 et un 6 en G4 ou G6, H1-I2-I3 = 1-67, G1-G2-G3 = 3-4-9 et I3 = 6 est trouvé. F1 = 6, G1 = 4, I8 = 8, G5 = 8, G6 = 2, G4 = 6, C5 = 2, H5 = 5, I5 = 4, G8 = 5, B1 = 2, B3 = 1, F5 = 9, E5 = 3, D9 = 9, H8 = 9, E8 = 6. A2-C2 = 5-9 (I1-E1), A1C1 = 3-8 et D1-H1 = 1-7. E3F3 = 2-4 (H2-B2 et D4-D8) reste 1-3-5-7-8. Tels que sont les couples 1-7 de D1H1-H4, la case D6 ne peut valoir 1 ou 7, D6 = 5 puis C3 = 5, A2 = 9, G3 = 9, G2 = 3, D3 = 3, A4 = 5, C4 = 3, A1 = 3, C1 = 8, C6 = 9, A6 = 4, B6 = 6, B9 = 5. C8-F8 = 1-7 et F6-F8 = 1-7, F4 = 4, E3 = 4, F3 = 2. Un 1 en E2 ou E4 et un 1 en H1 ou H4 ainsi D1 et I2 ne valent pas 1, D1 = 7 et I2 = 7 certains. H1 = 1, H4 = 7, E4 = 1, etc.

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124/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

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V I V R E

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Propriétés d’Excellence

D E

VAL-D'OISE Vaste propriété familiale construite dans les années 1970 co m p o s é e d ’u n e magnif ique maison de 335 m 2 avec 7 chambres. Située en bordure de forêt, elle bénéficie d’un très agréable parc arboré de 3 350 m2 et peut accueillir une piscine. Réf. : 63PRD2023. DPE : E/C. Prix : 1 620 000 €. GROUPE MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)1 53 24 54 08 · [email protected]

VOSGES

LOIRE-ATLANTIQUE

Au cœur d’une charmante cité lorraine, hôtel particulier fin XVIIe inscrit MH entièrement restauré et ayant conservé tous ses éléments authentiques. Vastes réceptions, 6 chambres sur 460 m 2 env iron. Dépendances classées MH et jardin à la française. Réf. : 1672XFF. DPE : N/A.

Nantes, cœur de SaintDonatien, situation exceptionnelle pour ce t ap p ar te m e n t a ve c jardin , dép endance e t sa vue imprenable sur la basilique. Un vrai cocon familial mêlant sérénité et vie citadine au pied des commerces, transports et écoles. Réf. : 2270NA. DPE : C/C.

Prix : 695 000 €. GROUPE MERCURE – FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)3 80 34 02 00 · [email protected]

INDRE-ET-LOIRE

VIENNE

Au cœur des châteaux de la Loire, magnif ique propriété en parfait état du XIXe comprenant château, dépendances e t p a r c d e 11 ,1 6 h a . Actuellement exploité en gîte de groupes, ce bien est idéal pour un projet familial, touristique ou professionnel. Réf. : 20328CL. DPE : E/E.

Proche Poitiers, maison de campagne de 350 m 2 r é n o v é e a v e c go û t e n gardan t d e s é l é m e n t s authentiques, possédant 6 chambres, 5 salles d ’eau. Sur près de 2 ha de parc clos, grandes dépendances et piscine. Grenier, cave. 2 garages. Réf. : 9647PO. DPE : C/B.

Prix : 2 362 500 €. GROUPE MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)6 10 55 45 17 · [email protected]

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Prix : 763 200 €. GROUPE MERCURE – FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)5 49 60 27 00 · [email protected]

GIRONDE

HAUTE-GARONNE

Bordeaux Judaïque, maison en pierre, plain-pied de 163 m2 avec 2 pièces de réception, cuisine donnant sur le jardin, 2 chambres et studio indépendant. Beaux volumes clairs avec prestations d’origine. Vue dégagée. Cave, garage. J a r d i n d e 10 0 m 2 s a n s vis-à-vis. Réf. : 900820BX. DPE : D/D.

Exclusivité. Proche SaintLys, charmante maison XIX e . 400 m 2 habitables. 9 pièces principales dont beau séjour 100 m 2 avec mezzanine, 5 chambres dont 2 au rez-de-chaussée. Beaux éléments d’architec ture. 1, 3 ha sans nuisance. Piscine. Grange ouverte 200 m2. Belle vue. Réf. : 8721TS. DPE : D/E.

Prix : 1 195 000 €. GROUPE MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)5 56 52 00 78 · [email protected]

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Prix : 615 000 €. GROUPE MERCURE - FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)2 30 32 44 44 · [email protected]

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Prix : 720 000 €. GROUPE MERCURE – FORBES GLOBAL PROPERTIES +33 (0)5 34 41 74 27 · [email protected]

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V I V R E

PARIS 6e Cherche-Midi. Au 5 e étage, appartement de 200 m 2 décoré par Christophe Delcourt. Entrée, superbe espace de réception avec salon, salle à manger et cuisine, bureau, chambre principale avec salle de bains et dressing, 2e chambre avec sa salle de douche. Appartement raffiné, prestations et matériaux haut de gamme. Prix : 6 240 000 €. VARENNE 6e 01 45 55 79 10 [email protected]

PYRÉNÉES-ORIENTALES

MORBIHAN

Location à Collioure. Villa d ’architec te panoramique climatisée en bord de vignoble et de forêt, à 15 mn à pied des plages, terrasses aménagées, vue mer et montagne. Piscine suspendue, spa, parc paysager. 5 ch. dans 3 parties séparables dont un appartement et un loft. Louable toute l’année. Prix : 2 000 € à 5 000 €/semaine.

P r o c h e d e L a Tr i n i t é s u r- M e r, d e m a g n i f iques plages et d ’un golf, demeure à louer du X VII e et XIX e siècles, de 2 3 0 m 2 , rénovée, pour 8 à 10 personnes, sur un jardin de 1 100 m2. Séjour, 4 chambres, 4 s. de bains, bureau, cuisine équipée. L inge four ni. Ménage. Gare TGV à 11 km. Prix : de 1 520 € à 3 070 €/semaine.

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GIRONDE

BOUCHES-DU-RHÔNE

Bordeaux. A proximité du jardin public, superbe hôtel particulier de 380 m2 avec jardin d’accueil de 150 m2 : entrée, pièces de réception, 4 chambres, bureau, salons, 2 bains, salle de sport, buanderie. Piscine chauffée et garage double. Réf. : BDX-3311-CSE. DPE : NC.

Aix-en-Provence, quartier Mazarin, dans un bel immeuble bourgeois. Appartement de 140 m 2 , belle hauteur sous plafond, triple exposition, vue sur jardin. Grande pièce à vivre de plus de 60 m 2 et 4 chambres. Digicode, ascenseur, double parking en sous-sol et cave. Réf. : AIX-5780-EB.

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OISE

Champ-de-Mars. Appartement de 81,27 m2 en étage élevé d’un immeuble Art nouveau. Double séjour de 38 m 2 avec balconnet, cuisine équipée, chambre avec salle de bains. Appartement aménagé par un architec te. C ave et 2 ascenseurs. Professions libérales autorisées. Exclusivité. Réf. : PM671.

Proche Compiègne, à 1 h de Paris. Exclusivité. Propriété de 300 m 2 au cœur d’un domaine d’environ 5 000 m2 piscinable. Grande pièce de vie, salon et cuisine dînatoire sur terrasse. A l’étage : suite parentale, salle de bains et 3 chambres. Sous-sol aménageable. Studio indépendant. Réf. : S8007.

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V I V R E

PARIS 7e Université côté Invalides. Exclusivité. Au troisième étage d’un élégant hôtel particulier, appartement familial et de réception de 262 m2 offrant une triple exposition et 3,68 m de HSP. Traversant, il comprend plusieurs pièces de réception ayant conservé leurs ornements d’époque et six chambres. Une cave. Réf. : 82266333. Prix : 4 850 000 €. DANIEL FÉAU Saint-Dominique 01 84 79 66 20 [email protected]

PARIS 15e

PARIS 16e

Lecourbe - Blomet. Appar tement familial au dernier étage d ’une maison de ville de 12 9 , 4 2 m 2 l o i C a r r e z . Vas te récept ion avec double exposition est-sud, 4 chambres. Cave.

Auteuil sud. Exclusivité. Villa privée de 148,53 m2, traversante avec jardin d e 3 5 m 2. 8 p i è c e s , 5 chambres. Grenier de 28,53 m 2 . Atelier de 11,80 m 2 . Local à vélos et cave.

Prix : 1 890 000 €. Vaneau Sèvres-Lecourbe 01 44 49 70 70 · [email protected]

Prix : 2 200 000 €. VANEAU Auteuil - Passy 01 56 75 20 00 · [email protected]

PARIS 6e

PARIS 16e

À d e u x p a s d e S a i n tGermain-des-Prés, dans un immeuble du XVII e s., un appartement de 49 m2 judicieusement restauré et meublé. Un véritable écrin de silence et d ’au t hent ici té dans u n h a u t- l i e u d e l a v i e culturelle et intellectuelle p ar isienne. Vente en exclusivité. Réf. : 656099.

Pro che de la place du Trocadéro, entièrement rénové, un appartement d’angle de 152 m² ceinturé de 13 m² de balcon et ses trois chambres. Son plan d’angle fonctionnel sépare confortablement l’espace nuit des vas tes pièces de réception. Vente en exclusivité. Réf. : 884533.

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BOUCHES-DU-RHÔNE

FINISTÈRE

Entre Alpilles et Camargue, sur près de 2 500 m 2 , un mas fortifié du XVIIe siècle à rénover, son pigeonnier et ses dépendances a m é n a g e a b l e s . L’ensemble architectural, à la fois modeste, noble et chaleureux, incarne tout un pan de l’histoire locale. Vente en exclusivité. Réf. : 797583.

Proche de Morlaix, sur 1,7 hectare de parc et de bois, un manoir du XVIe s. de 210 m 2, sa chapelle et sa dépendance. Restauré dans les règles de l’art, un édifice emblématique de l’architecture seigneuriale bretonne à l ’époque Renaissance. Vente en exclusivité. Réf. : 367177.

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V I V R E

LANDES Proche Dax, maison de maître d’environ 400 m2 sur un terrain d’un hectare environ. 6 chambres. Grand atelier sous charpente monumentale. Piscine. Pool house. Réf. : BIA-2020-GRA.

Prix : 900 000 €. EMILE GARCIN Côte Basque +33 (0)5 59 01 59 59 [email protected]

MAROC

ALPES-MARITIMES

A 20 minutes de Marrakech, au c alme absolu, au cœur d ’une oliveraie d’un hectare jolie propriété de plain-pied de 500 m 2 écoresponsable. Vaste réception, salon/ salle à manger, cheminée, 4 chambres. Pavillon invités, piscine chauffée, dépendances. Réf. : MAC-586-MF.

Roquefor t-les- Pins. Superbe propriété en pierres d’environ 300 m 2 plus annexes. Réceptions, bureau, 4 chambres avec salle de bains. Piscine, pool house. Très belles vues dégagées. Aucune nuisance. Réf. : MGN-2292-AG. DPE : B.

Prix : 1 270 000 €. EMILE GARCIN Marrakech +212 (0)524 31 42 42 · [email protected]

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A quelques minutes d’Etretat, chaumière de 3 0 0 m 2, r é n o v é e a v e c goût et élégance. Grande réception, salon avec cheminée et 5 chambres. Le tout sur un jardin paysager et arboré d’environ 5 600 m2. Réf. : DEV-1951-AB.

Rayol- Canadel, grand appartement neuf unique dans une résidence d’exception et de prestige, plage et cœur de village à pied, vue mer panoramique plein sud, entièrement agencé et équipé. Une réalisation Aktimo.

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Sainte-Maxime. Dans le quartier très recherché du Sémaphore, villa à rénover d’environ 264 m 2 sur un terrain de 1 689 m2, offrant une vue spectaculaire sur la mer et le village de SaintTropez. Réf. : 83000.

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V I V R E

GARD Cévennes, magnifique mas en pierre restauré avec goût, grande pièce lumineuse, 4 chambres. Terrain paysager de 1,2 ha dont une partie constructible avec piscine, oliveraie, dépendance à rénover. Réf. : CEV-3104-ADC. Prix : 1 200 000 €. EMILE GARCIN Cévennes & Languedoc +33 (0)4 66 03 24 10 [email protected]

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PARIS 3e

Proche Ferrières-enGâtinais. À 1h15 de Paris, sud Fontainebleau, manoir du XIXe siècle d’env. 500 m 2. Vastes pièces de réception avec vue sur étang, 5 chambres, 3 salles de bains. Dépendance. Parc clos arboré de 2,5 ha avec étang et rivière. Proche gare SNCF. Réf. : PPC-11157-AD. DPE : G.

Marais /Chemin Ver t . Appartement de charme de 98 m2 au 4 e étage ascenseur d’un bel immeuble : entrée, salon/ salle à manger, cuisine aménagée, 2 chambres, cave. Plan par fait , vue dégagée, belle hauteur sous plafond, climatisé. Réf. : PLM-8536-MM. DPE : E.

Prix : 1 080 000 €. EMILE GARCIN Propriétés et Châteaux +33 (0)1 42 61 73 38 · [email protected]

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PARIS 6e

Région V illeneu ve - les Avignon. Nichée sur les hau teur s de Pujau t e t implantée sur un terrain de 5 000 m 2 avec piscine et pool house, maison atypique de 360 m 2 avec vue à couper le souffle sur les Dentelles de Montmirail et le mont Ventoux. 5 chambres et 5 studios indépendants. Réf. : 15349.

Appar tement familial à Saint-Germain-des-Prés. Etage élevé, parfait état et belles prestations. Double réception, salle à manger, cuisine équipée, 4 chambres, bureau, 2 salles de bains et salle de douche. Copro : 25. Charges : 5 540 €. Honoraires à la charge du vendeur. Réf. : 21292. DPE : D.

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HAUTS-DE-SEINE

Cannes - Californie. Proche centre et Croisette, appartement de 120 m 2 habitables avec terrasse et vue mer sur la baie de Cannes jusqu'à l'Estérel. Entièrement rénové. Prestations haut de gamme. Studio indépendant de 20 m2 sur le même palier. Cave, double garage. Piscine. Réf. : 2110va.

Clamart. Appartements familiaux neufs de 3 et 4 pièces pour emménager dès maintenant ! Terrasse ou balcon pour la plupart. Au cœur d ’un quar tier animé, au pied du tram T6 et proche des commerces, restaurants et écoles.

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D e r n i è r e

n o u v e l l e

Chaque semaine, “Le Figaro Magazine” publie une nouvelle inédite d’un écrivain

héroïsme de l’amour n ce matin de Pâques, les cloches sonnaient comme des folles dans le ciel de Toscane, et les ­habitants de la ville de Lucca se préparaient pour la grand-messe. Ce jour de fête guetté comme le Messie venait renverser de sa joie le temps du carême où, tant bien que mal (mais plus mal que bien), il avait fallu faire ceinture, se priver de viandes et de gâteaux – et pour des Italiens, l’effort était pour le moins ­s urhumain ! D’ailleurs, depuis la veille, l’agneau se tenait déjà sur sa broche, et le tiramisu attendait sagement dans le ­réfrigérateur ses tifosi ! Foi, habitude, superstition ou électoralisme – pourquoi dénouer cet écheveau ? –, toute la cité, maire en tête, était au coude-à-coude dans la cathédrale San Martino pour célébrer la victoire de la vie sur la mort remportée par ce Christ, bon comme le bon pain, si bon qu’il en distribuait encore à la fin de la messe sous la forme de pagnotes bénites que les deux enfants de la famille Giannini, Vito et Maria, avec l’agilité de leurs ans (ils étaient jumeaux), se char­gèrent de récupérer au nombre de quatre « pour que papa et maman soient aussi bénis du Ciel ! » En voilà deux qui ne croyaient pas qu’en la matière, tout en l’utilisant… Journée inoubliable au jardin de leur maison, avec évidemment le repas qui n’en finissait plus : tortellini al sugo, agnello pasquale, suivis du ­tiramisu, et bien sûr d’une montagne

d’œufs en chocolat qui ne demandait qu’à s’éroder… À ce déjeuner, les quatre grandsparents se tenaient aussi autour de la table en oubliant leur âge sous la grappa qui libérait la parole, bien que celle-ci n’eût guère besoin d’un coup de chaud pour s’exprimer au pays de Dante ! Le soir de ce jour, ô combien béni, les enfants couchés, un dernier baiser sur leur front, les parents s’en ­retournèrent au jardin en se remémorant les plus jolis moments de cette journée, quand soudain, ils ­entendirent Maria qui gémissait… Sans doute un mauvais rêve, se ­dirent-ils. Adieu le jardin ! Direction la chambre des enfants où Vito dormait à poings fermés… Quant à la petite, elle continuait de gémir, et sa pâleur les effraya. D’un geste sûr, Giacomo empoigna sa fille, l’enveloppa d’une couverture et fonça en voiture aux urgences de l’Hôpital San Luca, où elle fut sur le champ prise en charge. La fièvre la dévorait, le pouls était faible et ses extrémités étaient gelées. Blanche comme le drap qui la recouvrait, Maria se dégradait… « Septicémie ! déclara le médecinchef à l’interne de garde. Agissez dans cet ordre : cathéter, injection de sérum physiologique, antibiotique en intramusculaire, prise de sang et ponction lombaire. Faites vite ! » Deux heures plus tard, le verdict tomba : leucémie foudroyante. ­Effondré, assis sur sa chaise, la tête

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130/ Le Figaro Magazine / 7 avril 2023

entre les mains, Giacomo désespéré criait vers le Ciel : « Seigneur, si vous êtes sorti vivant d’un tombeau, vous pouvez bien guérir ma petite fille ! Je vous en prie, faites votre partie comme nous allons faire la nôtre ! » * Durant les mois qui suivirent, les traitements se succédèrent sans grand résultat. Une seule solution se dressait à l’horizon : la greffe de moelle osseuse. « Je pense que son ­jumeau comme donneur serait l’idéal, avança l’oncologue. Je vérifie la compatibilité, et si tout va bien, il vous ­reviendra de préparer l’enfant. » De toute sa douceur maternelle, Chiara demanda à Vito s’il acceptait que l’on prît dans ses os « un peu de vie » pour la donner à sa sœur ­malade… « Mais oui maman ! », répondit-il avec un sérieux, dont ses yeux d’un noir profond s’étaient emparés pour bafouer son âge, ses jouets, sa chance de ne pas souffrir… encore. La moelle prélevée, à peine sorti de l’anesthésie générale, sa mère lui glissa à l’oreille : « Voilà, mon chéri, c’est terminé ! » L’enfant répondit : « Et c’est quand, maman, que je dois mourir ? » Héroïsme de l’amour chez ce petit garçon qui, à la suite du Christ, voulut bien mourir pour que la mort ne soit pas le dernier mot de la Vie. * Dernier livre paru : Dieu se promène en clandestin (Robert Laffont).

Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

E

Par Michel-Marie Zanotti-Sorkine *

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