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L’Hebdomadaire du 31 Mars 2023: -Présence Francophone présente ses trois nouvelles acquisitions (p.3) -Tragédie et humou

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MIAMSI 33. ECHO du ECOS del ECHOES from ESPECIAL INTER ECOS DE LA VIDA DE NUESTROS MOVIMIENTOS. Editorial. Mars 2015
ECHO du ECOS del ECHOES from 33 MIAMSI Mars 2015 Mouvement International d’Apostolat des Milieux Sociaux Indépendants Movimiento Internacional de

MODESTO BROCOS TRIP TO MARS
ARBOR Ciencia, Pensamiento y Cultura CLXXXV 740 noviembre-diciembre (2009) 1313-1322 ISSN: 0210-1963 doi: 10.3989/arbor.2009.740n1093 EL VIAJE A MART

Story Transcript

Le souffle francophone des Territoires du Nord-Ouest

Envoi de publication – enregistrement no10338

C.P. 456 Yellowknife, NT, X1A 2N4

Volume 38 numéro 12, 31 mars 2023

L’affaire Donovan MacPhee : un polar humoristique en français

À LIRE EN PAGE 5

(PHOTO : CRISTIANO PEREIRA)

Un monde plus vert : bande dessinée et écologie

UNE CLASSE MOYENNE FORTE UNE ÉCONOMIE ABORDABLE UN AVENIR PROSPÈRE (PHOTO : GOUVERNEMENT DU CANADA)

À LIRE EN PAGES 8 ET 9

(COURTOISIE NINA SIX)

À LIRE EN PAGE 4

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L’AQUILON, 31 MARS 2023 www.aquilon.nt.ca [email protected] C.P. 456, Yellowknife, NT, X1A 2N4 (867) 766 - 5172

Direction : Nicolas Servel Responsable de l'information : Giovanni Imidy Correction d'épreuve : Nicolas Michaud Maquette : Patrick Bazinet

Journalistes : Marie-Soleil Desautels, Cristiano Pereira,

Nelly Guidici

Journal hebdomadaire publié le vendredi depuis 1986, L’Aquilon est la propriété des Médias ténois subventionnés par Patrimoine canadien. Sauf pour l’éditorial, les textes n’engagent que la responsabilité de leur auteur.e et ne constituent pas nécessairement l’opinion de L’Aquilon. Toute correspondance adressée au journal doit être signée et accompagnée de l’adresse et du numéro de téléphone de l’auteur.e. La rédaction se réserve le droit de corriger ou d’abréger tout texte. Dans certains cas où les circonstances le justifient, L’Aquilon accèdera à une requête d’anonymat. Toute reproduction partielle est fortement recommandée à condition de citer la source. L’Aquilon est membre de Réseau.Presse et applique la graphie rectifiée. N° ISSN 0834-1443

Abonnement annuel Version papier 35 $ Abonnement annuel Version PDF 30 $ Représentation commerciale nationale : Lignes Agates Marketing 905-599-2561 Atteindre les cieux avec le Collège Aurora Il est désormais possible de prendre son envol avec le Collège Aurora. En partenariat avec l’école d’aviation Terry Harrold, le Collège offre le diplôme en commerce de l’aviation. Le programme permet aux étudiants d’obtenir un diplôme et leur licence de pilote professionnel. Davantage d’informations sont offertes sur le site Internet du Collège. BÉNÉVOLAT

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Perdu Où est le cœur de ceux que j’aime ? Imaginez ma terreur de perdre mes poèmes. Où est l’horizon de l’océan qui s’acharne contre son abandon, contre mes alarmes ? Où est mon âme ? Perdu dans le ciel ; les promesses et le blâme, lesquels sont réels ?

Représenter sa communauté au féminin L’Association des femmes autochtones des TNO est à la recherche de représentantes de la communauté. « Seriez-vous intéressée par une collaboration avec d’autres femmes autochtones dans les communautés des TNO ? » lit-on sur la publication de la page Facebook de l’association. L’appel de candidatures s’adresse aux femmes autochtones des communautés suivantes qui souhaitent représenter leur communauté au sein d’un comité : Beaufort : Sachs Harbour, Uluhaktok, Paulatuk, Sahtu : Tulita, Colville Lake, Deline, Norman Wells Mackenzie/Delta : Fort McPherson, Aklavik, Inuvik Tłı̨ chǫ : Behchoko, Wekweeti, Gameti, Whati Dehcho : Wrigley, Jean Marie River, Fort Providence, Fort Liard, Nahanni Butte, Kakisa, Slave Sud : Fort Resolution, Łutselk’e Les personnes intéressées peuvent envoyer leurs CV, ainsi que la communauté qu’elles souhaitent représenter à [email protected] Festin, danse et rassemblement linguistique à Inuvik Un festin communautaire ainsi qu’une danse traditionnelle sont organisés afin de célébrer et d’inaugurer le rassemblement linguistique gwich’in de 2023, Indòo Tr’eedàh. Le festin commence le mardi 4 avril à 17 h, à Ingamo Hall, à Inuvik. Des divertissements sont au programme, tels que les Tetlit Gwich’in Dancers, les Inuvik Drummers and Dancers, et les violonistes Eric Blake, Michael Francis et Nolan Kasook. L’organisation demeure toujours à la recherche de cuisiniers communautaires pour aider à la préparation du festin. Pour se joindre à l’aventure, il suffit de communiquer avec les responsables à l’adresse suivante : [email protected].

Collaboratrice.eur. s de cette semaine : Oscar Aguirre, Apollo Jenna et Amélie Legeay

L’AQUILON, 31 MARS 2023

Présence Francophone présente ses trois nouvelles acquisitions

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La maison d’édition fondée par Isidore Guy Makaya mise sur un recueil de nouvelles d’une ainée métisse, un nouvel auteur indien et une grammaire de vili.

Isidore Guy Makaya, fondateur des Éditions Présence Francophone (Photo : Cristiano Pereira) Cristiano Pereira La maison d’édition Présence Francophone a présenté trois nouvelles parutions le mercredi 29 mars au Sundog Trading Post à Yellowknife : le tome 2 de Notre langue à nous, de Isidore Guy Makaya, L’illusion du soi, de Kiran Manoj et Les Femmes m’ont raconté, de Dolorès Gosselin. Cette dernière était présente pour parler de son livre écrit en trois langues : en français, en anglais et en métchif. « Mes histoires me viennent dans des rêves. Pour la pièce Les femmes m’ont raconté, les femmes venaient me visiter dans mes rêves et me racontaient leurs histoires. C’étaient des histoires dures. Quand je me réveillais le matin, j’étais bouleversée. Je voulais qu’elles arrêtent de me visiter. Un jour, j’ai décidé d’écrire ces histoires. Je me levais à 6 h du matin et j’écrivais. Je ne pouvais pas écrire longtemps, car c’était pénible. Des fois, je pleurais, mais j’ai continué jusqu’à ce que j’aie fini ma rédaction. Et quand j’eus fini, les femmes ont arrêté de me visiter », explique-t-elle dans la préface de son livre. Dolorès Gosselin est une ainée métisse de la rivière Rouge et citoyenne de la nation métisse de l’ile de la Tortue. Elle se présente comme conteuse et pratique également « drumming for healing » avec son tambour. « Elle est d’une générosité incroyable », confie Isidore Guy Makaya, le fondateur des Éditions Présence Francophone. Isidore a profité de l’occasion pour présenter son nouveau livre, intitulé Notre langue à nous – Tome 2. Il s’agit d’une grammaire de vili, une langue bantoue parlée en Afrique centrale, surtout dans la République du Congo, au Gabon et à Cabinda, en Angola. Le premier tome est sorti en 2019. « Le processus de rédaction a été long, parce que j’ai dû me rendre en Afrique pour interviewer des personnes. J’avais des connaissances de base, car j’ai grandi en parlant cette langue, mais j’avais besoin d’y aller pour confirmer certaines notions et me documenter », a-t-il expliqué. Isidore sait qu’il est probablement la seule personne à parler le vili aux TNO,

mais les lecteurs potentiels sont dispersés dans le monde entier. Il estime que la grammaire du vili est importante parce qu’il n’y a pas beaucoup de documents sur cette langue menacée d’extinction. « Chaque année, des langues meurent parce qu’il n’y a plus personne pour les parler », souligne-t-il, avant d’ajouter que sa grammaire « est comme un outil pour rafraichir la mémoire. »

Dolorès Gosselin est une ainée métisse de la rivière Rouge, citoyenne de la Nation métisse de l’île de la Tortue. (Courtoisie Présence Francophone)

Au-delà des frontières Le troisième livre qui a été présenté est L’illusion de soi, de Kiran Manoj, un jeune auteur indien. Isidore dit avoir trouvé le livre lors de ses recherches sur les livres électroniques d’Amazon. « Je lis beaucoup de livres sur la connaissance de soi et la spiritualité. Celui de Kiran Manoj est un petit livre écrit avec candeur », explique-t-il. Le texte de L’Illusion de soi aborde le sujet « d’un adolescent qui se pose des questions sur le monde et qui trouve ses propres réponses », considère Isidore. « C’est très intéressant, et les adolescents de quatorze ou quinze ans pourront lire ce livre qui est comme un résumé de certains aspects d’une personne qui s’interroge. » « Il n’offre pas d’explications scientifiques, ajoute Isidore. C’est un livre simple à lire, même s’il aborde des sujets qui peuvent être difficiles pour certaines personnes, comme la mort et le suicide. » L’éditeur raconte que la prise de contact avec Kiran Manoj a surpris le jeune auteur. « Il a été étonné, car il n’avait jamais pensé qu’une personne au Canada lirait son livre. Mais il était heureux et disait que la chose la plus importante était que ses idées soient répandues et connues. » Dans un avenir proche, la maison d’édition Présence Francophone aura d’autres nouveaux titres. « On travaille sur deux manuscrits : l’un, de poèmes, et l’autre de sciencefiction », dévoile Isidore. « On ne fait pas ça pour gagner de l’argent, on n’est pas là pour chercher des bénéfices, conclut-il, mais pour chercher de nouveaux auteurs. »

Pour un corps

PLUS FORT Mars est le Mois de la nutrition!

Manger chaque jour une variété d’aliments sains fournit les éléments nutritifs dont votre corps a besoin pour son bien-être général. En choisissant des grains entiers, des légumes et des fruits, des viandes maigres et du poisson, vous pouvez réduire le risque d’infections et d’autres maladies. Ce mois-ci et à l’avenir, pensez à planifier vos repas et à cuisiner plus souvent pour bien alimenter votre corps et le rendre plus fort!

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L’AQUILON, 31 MARS 2023

Un concours lie bande dessinée et écologie L’organisme d’éducation à l’environnement EcoNova a lancé un concours de bandes dessinées écologiques « Le Futur se dessine ! ». Avec cette compétition, ouverte aux francophones et francophiles en milieu minoritaire de partout au pays, EcoNova veut lutter contre l’écoanxiété des jeunes. Les organisateurs en sont persuadés, le neuvième art va non seulement donner le gout du français aux artistes en herbe, mais aussi les sensibiliser aux enjeux environnementaux.

Marine Ernoult – Francopresse « Face à l’urgence de la crise environnementale, le pire, c’est de rester passif. On veut aider les jeunes à lutter contre leur écoanxiété, leur permettre d’exprimer leurs peurs et leurs émotions négatives à travers l’art », explique Elsa Morin, animatrice d’ateliers et d’évènements au sein d’EcoNova, un organisme d’éducation à l’environnement et au climat, basé à Vancouver. L’association organise un concours de bandes dessinées intitulé « Le Futur se dessine ! ». La compétition est réservée aux francophones et francophones de langue seconde en milieu minoritaire, âgés de 8 à 19 ans. « Il n’y a pas besoin d’être parfaitement bilingue, au contraire, la bande dessinée

est une porte d’entrée pour s’essayer au français, insiste Elsa Morin. C’est moins effrayant qu’un livre pour donner le gout de la langue. » Les jeunes peuvent participer à titre individuel, mais des enseignants ont également la possibilité d’inscrire une classe entière. Jusqu’à 11 ans, les enfants doivent soumettre une planche, écrite majoritairement en français. De 11 à 19 ans, ils doivent en concevoir deux. Tous les thèmes sont acceptés, que ce soit le récit intime, la science-fiction, l’aventure, ou encore l’humour.

Y PARTICIPER :

Le concours de bande dessinée écologique « Le futur se dessine ! » est ouvert jusqu’au 20 avril 2023. Pour s’inscrire : https://econova.ca/le-futur-se-dessine/ « La bande dessinée est très accessible et permet de toucher un large public. Les dessins facilitent la compréhension de sujets complexes, contribuent à vulgariser des concepts scientifiques  », explique Elsa Morin. Les deux jeunes femmes constatent d’ailleurs le succès grandissant en librairie du neuvième art, consacré à l’écologie.

Une image, une infinité de mots  « On fait appel à l’énergie et la créativité des jeunes. Ils vont pouvoir mettre en scène le futur qu’ils souhaitent pour notre

Nina Six, autrice de bande dessinée belge, est l’une des deux membres du jury du concours organisé par EcoNova. (Courtoisie)

La maltr aita envers le nce s aînés est inaccept able!

Vous avez le droit de vous sentir en sécurité

chez vous et dans votre collectivité.

planète, proposer des solutions et une vision concrète d’une société plus verte », détaille Elsa Morin. « On a besoin de nouvelles formes de récits pour parler d’écologie et sensibiliser les enfants et les adolescents. La bande dessinée est un médium parfait pour ça », complète Nina Six, l’une des deux membres du jury qui évaluera les œuvres envoyées à EcoNova. L’autrice de bande dessinée belge évoque les liens entre le neuvième art et l’écologie : « Pour que le monde aille mieux, on doit faire plus attention à la nature, lui accorder de notre temps. C’est la même chose quand on est devant une bande dessinée, on doit lire doucement, prêter attention aux moindres détails d’une image, car elle peut véhiculer à elle seule énormément d’idées. »

Inventer un monde plus vert « Les lecteurs sont touchés par la sensibilité de l’auteur, sa perception du monde. Ils sont comme happés par les émotions qui transparaissent à chaque page », avance Nina Six, qui a publié Les Pissenlits en 2022. Il s’agit de l’histoire d’enfants qui s’aventurent dans la mystérieuse végétation d’un camping français et en ressortent transformés. « Les auteurs partagent leur point de vue subjectif sur la crise que nous vivons. C’est un plus par rapport aux livres scientifiques, ça rend les défis plus humains, moins abstraits, ça parle aux gens », poursuit Elsa Morin. EcoNova compte attirer quelques centaines de participants de tout le pays. L’ensemble des concurrents recevront des cadeaux, mais seuls les lauréats exposeront leurs planches originales en Colombie-Britannique. L’organisation aimerait également les afficher dans des centres culturels de différentes régions canadiennes. Avec ce concours, les organisateurs espèrent voir émerger de nouveaux talents. Aux yeux d’Elsa Morin, les artistes contribueront à changer les mentalités et à démocratiser des modes de vie plus durables : « La culture fait partie des solutions pour façonner un monde meilleur. »

Route d’hiver vers Kwetııɂ̀aà (Rayrock)

Exploitation financière

Violence physique

Violence psychologique

La route d’hiver menant vers Kwetı̨ı ̨ɂaà, l’ancienne mine Rayrock, sera ouverte ce mois-ci pour la réalisation de travaux d’assainissement. Cette route est située sur la route d’hiver de Wekweètı̀, au point de franchissement de la rivière Emile. Pendant la durée des travaux, il y aura de gros camions, de l’équipement et des équipes de travailleurs le long de la route. Évitez de l’emprunter et faites preuve de prudence si vous êtes à proximité de celle-ci. Toute circulation non autorisée sur cette route est à vos propres risques.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec Ron Breadmore du gouvernement du Canada en composant le 867-446-1193.

Négligence

Violence sexuelle

Masi cho pour votre compréhension et votre coopération.

L’AQUILON, 31 MARS 2023

Tragédie et humour en français !

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Apparence, évidence, réalité ? L’incertitude et le faux-semblant règnent en maitre dans cette pièce énigmatique de la troupe du Théâtre du 62e parallèle. L’affaire Donovan MacPhee, mise en scène par Annie Larochelle, sera présentée les 30 et 31 mars au NACC. Cristiano Pereira L’histoire se déroule aux États-Unis au début des années 1980. Une famille très riche possède un empire dans l’industrie alimentaire – de grands fabricants de ketchup – lorsqu’un épisode violent vient bouleverser leur quotidien : une personne en tue une autre, pour une raison inconnue. Il faut maintenant démasquer le coupable. Ainsi se résume la prémisse de l’intrigue de L’affaire Donovan MacPhee, dont le texte est signé Frank Didier et dont la mise en scène est faite par Annie Larochelle. La pièce, qui sera présentée les 30 et 31 mars au NACC de Yellowknife, est le fruit du travail du Théâtre du 62e parallèle, la nouvelle compagnie de théâtre franco-ténois. Quelques places demeurent encore disponibles. « C’est une famille qui donne l’impression de vivre avec beaucoup d’amour, mais qu’en réalité il y a plein de petites affaires qui se passent et chacun a une double vie dedans », décrit Annie Larochelle, qui depuis sept mois gère la troupe de neuf talents. Lors de la première réunion de la compagnie, les membres ont discuté du genre de texte sur lequel ils devaient travailler ensemble. « On avait quelques idées de pièces de comédie, mais on s’est dit que ce serait une bonne idée d’avoir un meurtre. On a commencé à chercher et nous sommes tombés sur cette pièce ici », raconte la metteuse en scène. Ce qui l’a le plus attirée dans ce texte ? « Le côté parodique, avoue Mme Larochelle. On parodie les soaps américains, et c’est ça que nous avons trouvé intéressant. On peut s’amuser avec cette pièce. Je ne veux pas dire qu’on veut la rendre très comique ou clownesque, mais on peut vraiment exagérer les personnages. » « J’aime le fait qu’il s’agisse d’un murder mystery, et la balance entre le comique et l’intellectuel », affirme à son tour Clémentine Bouche, une Française arrivée à Yellowknife en aout et qui fait du théâtre pour la première fois. Elle interprète le rôle de l’Inspecteur Bradigan, le hérisson perspicace, un personnage « avec l’humour un peu décalé » qui part à la recherche de l’auteur du crime tandis que « le spectateur va toujours se demander qui a fait quoi et à quel moment ». « Ça garde les gens en haleine pour savoir ce qu’il va se passer », ajoute Valérie Garçon. La comédienne a participé à la pièce de l’année dernière, Les Voisins, et a tellement apprécié l’expérience qu’elle n’a pas raté cette opportunité de remonter sur scène. Cette fois-ci, elle incarne Dwayne, le tigre intègre, «  un homme à qui tout le monde fait confiance, très gentil, très sérieux et fier ». Deux jours avant la première, la metteuse en scène se réjouissait du travail et de l’engagement de ses acteurs au cours des sept derniers mois. Elle raconte qu’il n’y a pas que les répétitions qui rendent la pièce complète, mais aussi les séances d’accompagnement individuel et tout le travail que chacun a fait chez soi, en mémorisant le texte, en perfectionnant son langage corporel devant le miroir. « Il faut qu’ils entrent dans leur rôle, il faut qu’ils donnent une couleur au personnage, explique Annie Larochelle. C’était beaucoup d’heures d’investissement de la part de chaque acteur et c’est un dévouement extraordinaire parce que personne n’est payé ici, c’est que du bénévolat et des gens passionnés. Je lève mon chapeau, les acteurs ont fait un travail extraordinaire. »

La compagnie est le fruit d’un engouement croissant pour l’art dramatique dans la communauté franco-ténoise depuis trois ans.. (Photo : Cristiano Pereira)

Annie Larochelle, la metteuse en scène de L’affaire Donovan MacPhee, a été séduite par le côté parodique du texte de Frank Didier. (Photo : Cristiano Pereira) Une compagnie pleine d’ambition La nouvelle compagnie, le Théâtre du 62e parallèle est, pour l’instant, en cours de structuration. C’est un projet de l’Association franco-culturelle de Yellowknife « et on devrait bientôt faire un lancement formel », commente Batiste Foisy, chargé de la programmation et des communications de l’AFCY. La compagnie est le fruit d’un engouement croissant pour l’art dramatique dans la communauté franco-ténoise depuis trois ans. « On assiste à une espèce de renouveau du théâtre  », affirme Batiste Foisy. Il suggère que ce pourrait même être la pandémie qui a créé la nouvelle dynamique. Devant l’impossibilité de faire venir des comédiens de l’extérieur du territoire, la communauté francophone, et plus particulièrement certains membres de l’AFCY, ont décidé de se retrousser les manches et de se lancer dans la production de pièces de théâtre. En 2020, il y a eu une production des Monologues du Vagin.

L’année dernière, c’était l’adaptation de la pièce Les Voisins qui voyait le jour. Batiste Foisy raconte que l’AFCY a recherché un financement auprès de Patrimoine canadien pour pouvoir poursuivre les projets. L’idée est de créer des bases solides afin que la dynamique des Arts dramatiques aux TNO ne soit pas seulement des opérations ponctuelles, mais plutôt une stratégie à long terme, solide. « On a lancé cette compagnie pour avoir une structure qui permet aux gens de pouvoir lancer et de réaliser des projets en art dramatique. La compagnie Théâtre du 62e parallèle veut s’affirmer comme l’entité qui permet aux créateurs franco-ténois de se retrouver autour de la création dramaturgique où il y a plein de formes d’art différentes, des gens qui écrivent, des gens qui font de la mise en scène, des gens qui jouent ou du monde qui peut faire de la peinture pour les décors. »

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L’AQUILON, 31 MARS 2023

Bientôt un Observatoire de l’immigration francophone au Canada

L’Observatoire de l’immigration francophone au Canada (OIFC) est un projet issu d’une réflexion entre plusieurs chercheurs spécialisés en immigration, dont Amin Moghadam. Le chercheur de l’Université métropolitaine de Toronto explique les objectifs du futur Observatoire, dont il a été question lors du Symposium annuel sur l’immigration francophone, en début de semaine à Ottawa. Inès Lombardo – Francopresse Amin Moghadam fait partie de la Chaire d’excellence en recherche du Canada (CERC) sur la migration et l’intégration, à l’Université métropolitaine de Toronto, qui participe à la mise en place du projet de l’Observatoire. FRANCOPRESSE : Quel est l’objectif d’un projet comme l’Observatoire de l’immigration francophone au Canada (OIFC) ? Amin Moghadam : L’un des objectifs est d’associer la recherche sur l’immigration francophone à l’immigration internationale. Ensuite, un observatoire répond à un besoin, observe une crise, comparé à un centre de recherche par exemple. Là, on a identifié deux éléments. Le premier concerne la question démographique des communautés francophones au Canada, en contexte minoritaire notamment. Le deuxième vise à intégrer la perspective des immigrants francophones qui arrivent au Canada et qui viennent de contextes sociaux et nationaux très différents. Ils n’ont pas le même rapport à la francophonie au Canada. On a parlé en atelier [au Symposium annuel de l’immigration francophone, NDLR] sur comment faire pour associer une approche utilitaire, qui est celle du gouvernement, à la compréhension du parcours des immigrants, notamment sur leurs conditions de vie et d’employabilité.

Un autre objectif est de produire de nouvelles données sur l’immigration francophone à partir de perspectives différentes, très internationales. L’Observatoire permettra aussi de comprendre ce qui manque. Par exemple [au Symposium] il y a eu des remarques sur les approches intersectionnelles, qui existent déjà dans la recherche, mais qui sont peut-être moins représentées dans des études plus générales qui concernent les questions raciales, de classe, etc. Au sein de la Chaire, on est aussi plusieurs francophones à s’intéresser à la consolidation d’un réseau de chercheurs francophones pour l’Observatoire. Vous avez mentionné que l’Observatoire répond à un besoin, à une crise. Laquelle ? En fait, il répond à un problème dans les provinces hors Québec, où les immigrants francophones sont attirés, mais où ils rencontrent souvent des soucis d’employabilité. Au-delà des questions d’emploi, la vie quotidienne pour les immigrants francophones est aussi importante, avec des espaces de sociabilité, de rencontres. Il y a aussi la question des services en français. Il y a eu du travail là-dessus ; il n’empêche que si on ne parle que le français en contexte minoritaire, on ne s’en sort pas. Tout ça alors qu’il y a plusieurs programmes [d’immigration] pour les francophones en contexte minoritaire. L’approche de l’Observatoire, c’est d’inscrire cette problématique dans une

Les réflexions autour de l’Observatoire de l’immigration francophone du Canada (OIFC) remontent à quelques années. « On essayait de comprendre les perspectives manquantes en termes de production de la recherche scientifique au Canada, sur l’immigration francophone au Canada », explique le chercheur. Dès 2021, Linda Cardinal, professeure à l’Université de l’Ontario français (UOF), a contacté la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la migration et l’intégration de l’Université métropolitaine de Toronto [anciennement Université Ryerson, NDLR] pour inscrire les problématiques de l’immigration francophone au Canada dans une perspective plus large.

Selon Amin Moghadam, l’idée de l’Observatoire est de proposer une « complexité » dans la compréhension de l’immigration francophone. (Courtoisie) perspective internationale plus large. Si on veut comprendre les préoccupations de l’immigration francophone au Canada, il faut aussi parler de la francophonie d’ailleurs, des pays d’origine des immigrants, et même des pays où le français n’est pas forcément développé, mais qui ont mis en place des infrastructures pour faire venir des immigrants au Canada. Comme en Iran, d’où je viens, où il y a tout un réseau d’instituts français qui s’est développé et qui privilégie les immigrants francophones. Les recherches de l’Observatoire seront-elles destinées au gouvernement ? En partie au gouvernement, mais aussi au grand public, aux acteurs communautaires… Il s’agit de consolider les connaissances sur l’immigration francophone pour tous les acteurs concernés. C’est pour cela qu’on insiste sur le fait que l’Observatoire va être un lieu de partage et de sociabilité. Un lieu physique et virtuel, de rencontre d’acteurs qui viennent de milieux très différents : universitaires, communautaires, privés et gouvernementaux.

Quand le lancement est-il prévu ? On envisage un lancement de l’Observatoire en septembre, mais rien n’est confirmé. On attend encore du financement des partenaires impliqués. Vous faites partie de l’Université métropolitaine de Toronto. Quel est l’intérêt pour un établissement anglophone de faire partie du projet ? La Chaire d’excellence à l’Université métropolitaine de Toronto a été créée en 2019. C’est dans notre mandat depuis le départ de mener des activités sur l’immigration francophone, en français ou pas. Il y a aussi une collaboration avec le consulat de France à Toronto. On a mis en place une première rencontre début 2021 sur les mots des migrations. Nous sommes très intéressés par l’usage des mots anglais, français ou arabes. « Immigration », « migrants », « immigrants »… Est-ce que l’on parle de la même chose dans toutes les langues ? Notre hypothèse, c’est que lorsqu’on écrit dans une langue, on ne réfléchit pas forcément de la même manière. C’est notre volonté d’intégrer différentes manières de réfléchir et de penser.

L’AQUILON, 31 MARS 2023

Rejets toxiques en Alberta : vers un « meilleur système »

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Ottawa s’emploie à créer un « meilleur système » à la suite des lacunes observées depuis les rejets toxiques à la mine de sables bitumineux Kearl de la Pétrolière Impériale, en Alberta, a annoncé le ministre fédéral Steven Guilbeault. Marie-Soleil Desautels Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a réitéré la semaine dernière le besoin d’améliorer la surveillance environnementale et la communication d’incidents liées à l’industrie des sables bitumineux, à la suite de deux rejets toxiques sur le site minier Kearl de la Pétrolière Impériale, au nord de Fort McMurray. La colère, dans les communautés en aval, ne faiblit pas. Le ministre propose la création d’un groupe de travail mixte, fédéral, provincial et autochtone, auquel participeraient les compagnies pétrolières. « Ce groupe de travail se réunirait régulièrement pour fournir des informations de manière transparente à toutes les parties concernées et discuterait des plans d’assainissement et des mesures de confinement ainsi que de l’amélioration de la notification des incidents de déversement ou d’infiltration », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, le 20 mars. Le mandat et la composition exacts de ce groupe sont encore en discussion. Selon le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, fortement irrité de ne pas avoir été avisé par l’Alberta des incidents en vertu de l’Entente bilatérale sur la gestion des eaux, ce groupe doit s’étendre au territoire. «  Pour être efficace, le groupe de travail proposé doit inclure à la fois le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, les gouvernements autochtones en aval et les organisations autochtones des Territoires du NordOuest », a déclaré par courriel le Secrétariat du GTNO à Médias ténois. Rappelons qu’il y a eu deux incidents au site minier Kearl. D’abord, le suintement de bassins de résidus, qui s’infiltre dans les eaux souterraines, remonte à la surface depuis mai dans les environs du bassin hydrographique de la rivière Athabasca. Impériale en a alors informé le Régulateur de l’énergie de l’Alberta (AER), mais aucun drapeau rouge n’a été levé. Cette fuite n’a été réellement rendue publique que début février après un déversement de 5,3 millions de litres d’eaux usées. Ce n’est ainsi que neuf mois plus tard qu’Ottawa et des communautés en aval ont pris connaissance du suintement, confirmé comme étant nocif pour la faune, mi-mars, par des inspecteurs fédéraux. La commissaire à l’information de l’Alberta a ouvert une enquête pour se pencher sur la manière dont l’organisme de règlementation de la province a informé le public et sur ses obligations. Le Régulateur de l’énergie a annoncé, le 28 mars, rechercher un « organisme tiers qualifié et impartial » pour réaliser un exercice similaire à l’interne. Tant Impériale que le Régulateur devront aussi témoigner devant une commission parlementaire, à la suite de l’adoption d’une motion. Méfiance et colère « Notre principale préoccupation est que les quatre bassins de résidus fuient toujours, et ce depuis au moins mai 2022 », écrit le chef Allan Adam de la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca, dans un échange de courriels avec Médias ténois. La compagnie « ne sait pas depuis combien de temps ni quelle quantité de résidus toxiques s’est infiltrée, continue-t-il. Nous

n’avons donc aucune confiance dans leurs affirmations selon lesquelles aucun résidu n’a atteint l’environnement. Le fait qu’ils nous aient caché la situation pendant neuf mois ne fait qu’aggraver les choses. » Des membres de sa communauté sont allés, le 10 mars, sur le site minier Kearl à la suite du déversement de 5,3 millions de litres. « Nous avons constaté leur attitude laxiste en matière de confinement, témoigne le chef Adam. Pas de clôture, pas de mesures de sécurité, juste une zone ouverte, accessible aux humains et à la faune. » Lors de la première réunion communautaire organisée par la Pétrolière Impériale, le 22 mars, « la colère, la méfiance et la peur étaient évidentes », témoignait une journaliste de Windspeaker. Des membres de la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca, de la Première Nation crie Mikisew ou des Métis de Fort Chipewyan y ont bombardé de questions le vice-président de l’Impériale pour l’exploitation des sables bitumineux, Jamie Long. Ce dernier a affirmé qu’il « y a beaucoup de choses que nous aurions pu faire mieux », tout en rappelant que son entreprise avait signalé la fuite le 19 mai au Régulateur de l’énergie de l’Alberta et aussi via un courriel à la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca. Une copie du courriel, court, a été acheminée à Médias ténois : une conseillère socioéconomique d’Impériale y écrit qu’il y a « présence d’eau et de végétation décolorées » et que « l’Impériale a mis sur pied une équipe spécialisée pour comprendre la source de l’eau et tout impact potentiel sur l’environnement. » Selon Jay Telegdi, directeur principal des affaires intergouvernementales de la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca, « la question n’a plus jamais été soulevée ». Quatre réunions entre Impériale et la Première Nation ont suivi, dont trois sur la gestion de l’environnement. « À aucun moment, continue Jay Telegdi, ils n’ont

Selon des membres de la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca, qui ont visité le site minier Kearl le 10 mars, une pompe a été installée le veille de leur passage, près de 10 mois après le début du suintement. (Photo fournie par la Première Nation des Chipewyans d’Athabasca) mentionné que des résidus fuyaient ou que leur système d’interception était défaillant. (…) Nous avons été amenés à croire que tout allait bien. » Le suintement et le déversement de rejets toxiques se sont d’ailleurs imposés comme sujet lors du tout premier Sommet sur l’eau organisé la semaine dernière par la nation dénée, à Inuvik. « C’était sur toutes les lèvres », témoigne Jay Telegdi. Eau embouteillée, soutien et surveillance Le gouvernement fédéral a acheminé de l’eau en bouteille à des communautés en aval des rejets et en couvre les couts. La ministre fédérale des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a dit « conserver tous les reçus » lors de la conférence de presse, laissant entendre que la facture pourrait être refilée à Impériale. Les chefs Allan Adam et Billy-Joe Tuccaro de la Première Nation crie Mikisew « sont dévastés », a continué Patty Hajdu. Comme la chasse, la pêche, le piégeage ou

la cueillette de subsistance sont pratiqués dans le secteur, ils « sont inquiets de la viabilité à long terme de leur mode de vie » et de « l’impact sur la santé ». Ottawa fournit des ressources en matière de santé mentale, à la demande des communautés. Le ministre Steven Guilbeault plaide pour un « meilleur système de surveillance environnementale » et il faut aussi, selon lui, s’attaquer aux bassins de résidus. « Continuer d’accumuler de l’eau toxique dans ces immenses lacs artificiels n’est pas une solution à long terme. » Si la fuite toxique n’a pas été communiquée pendant plus de neuf mois, a rappelé le ministre, c’est « parce que, sous le gouvernement précédent de Harper, le Canada a démantelé l’évaluation d’impact. » Il croit que le projet de Loi C-69, sur l’évaluation d’impact, viendra changer la donne. Les résidus des sables bitumineux couvrent un total de 300 kilomètres carrés en Alberta.

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L’AQUILON, 31 MARS 2023

Budget fédéral – Un milliard de plus pour les langues officielles Le budget fédéral 2023 réserve 1,1 milliard de dollars pour le prochain Plan d’action pour les langues officielles, qui devrait être déposé d’ici la fin avril. Le nouveau financement se divise notamment entre l’accès à des services d’enseignement dans la langue de la minorité, l’immigration francophone et l’accès à la justice en français.

Inès Lombardo et Mélanie Tremblay – Francopresse En tout, la ministre des Finances, Chrystia Freelan a annoncé réserver près de 3,8 milliards sur cinq ans pour le prochain Plan d’action pour les langues officielles. Le nouveau financement, qui s’élève à 1 077 400 000 $ s’ajoute aux 2,8 milliards déjà inclus dans le Plan d’action précédent, qui arrive à échéance le 31 mars 2023. En 2022, ni le budget fédéral ni l’énoncé économique de novembre ne comprenaient de mesures supplémentaires pour les langues officielles ou la francophonie. Plus d’un demi-milliard pour l’enseignement de la langue de la minorité Le gouvernement investit 679,2 millions sur cinq ans dès 2023-2024 dans l’accès égal à des services d’enseignement « de qualité égale » dans la langue de la minorité. Cette somme, gérée par Patrimoine canadien, servira aussi à offrir des possibilités d’apprentissage de la langue seconde et à offrir des services gouvernementaux bilingues dans l’ensemble du Canada. Le budget fédéral ne réserve aucune somme pour les établissements postsecondaires, en contexte minoritaire ou majoritaire. Le gouvernement vise les étudiants en consacrant 813,6 millions dans l’amélioration de l’aide financière et en faisant passer le plafond des retraits pour les régimes enregistrés d’épargnes études (REEE) de 5000 $ à 8000. Peu pour les organismes communautaires, rien pour les médias Une somme de 373,7 millions sur cinq ans, dès 2023-2024, est répartie

en quat re piliers, avec l’immigration francophone en tête. La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a demandé l’automne dernier un financement de 300 millions pour les organismes francophones en situation minoritaire, en mal de financement. Selon le budget de cette année, ces organismes devront se partager 117 millions sur cinq ans avec d’autres initiatives appuyées par le gouvernement fédéral. La création d’un programme économique à part pour l’immigration francophone ne fait pas partie du budget 2023, tel que l’avaient demandé des experts. Peu pour les arts et la culture, rien pour les médias Le Fonds des médias du Canada, piloté par Patrimoine canadien, recevra 40 millions sur deux ans entre 2023 et 2025, pour appuyer la sous-représentation dans les médias et l’augmentation au contenu de langue française à l’écran. Le budget réserve aussi 14 millions sur deux ans pour développer les communautés par le biais des arts et du patrimoine et 10  millions sur deux ans pour l’Office national du film. Aucune somme n’est annoncée pour appuyer le secteur des médias spécifiquement. La plateforme TV5MONDEplus recevra quatre-millions sur deux ans à compter de 2024-2025.

La ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland. (Photo : Mélanie Tremblay) Toutes les sommes couvrent une période de cinq ans

123,2 millions – Immigration francophone  Somme destinée principalement à l’appui au recrutement des travailleurs francophones et à l’augmentation de l’aide fournie aux immigrants après leur arrivée.

117 millions – Services en français Sommes divisées entre les organismes sans but lucratif, la formation d’infirmières et de préposés aux soins aux personnes bilingues et à la promotion de la recherche en français.

111,4 millions – Bilinguisme dans la justice, activités culturelles et petite enfance  Somme divisée entre le soutien au bilinguisme dans la justice canadienne, l’appui aux activités culturelles et à la formation d’éducatrices et éducateurs de la petite enfance dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

25,5 millions – Programme de contestation judiciaire Somme destinée à fournir de l’aide dans les dossiers juridiques d’importance nationale qui clarifient et confirment certains droits en matière de langues officielles et de droits de la personne.

22,1 millions – Respect de l’application de la Loi sur les langues officielles Somme destinée au financement d’un centre d’expertise qui veillera à ce que les institutions fédérales se soumettent à leurs obligations inscrites dans la Loi sur les langues officielles.

Distribution des sommes destinées au Plan d’action pour les langues officielles. (Source : Gouvernement du Canada)

L’AQUILON, 31 MARS 2023

Un budget fédéral rouge orange

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Sur fond de « récession modérée » et de croissance plus faible, le Canada investit massivement dans la carboneutralité pour rester compétitif avec les États-Unis. Et pour alléger le cout de la vie, le budget fédéral prévoit sept milliards pour les soins dentaires, une mesure qui répond aux attentes des néodémocrates. David Dagenais et Inès Lombardo – Francopresse À l’exception du prix des aliments, l’inflation se résorbe progressivement. Dans ce contexte, une seule nouvelle mesure fiscale aidera les ménages à faibles revenus à combattre l’inflation, selon les données du budget 2023 déposé le 28 mars par la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Le gouvernement doublera à nouveau le crédit TPS cette année. Cette mesure coutera 2,5 milliards et touchera 11 millions de personnes ; une information que le gouvernement avait laissé filtrer la veille du budget. Selon leur situation, un couple avec deux enfants pourrait recevoir une aide allant de 467 $ à 234 $ pour les personnes seules sans enfant. Les personnes âgées pourraient recevoir un supplément de 225 $ en moyenne. Le budget Freeland prévoit peu de mesures pour favoriser le logement abordable contrairement à la demande du NPD et des conservateurs. Les libéraux se contentent de rappeler qu’ils ont investi 32,27 milliards pour le logement abordable à travers la Stratégie nationale sur le logement. « Le grand plan pour le logement a été annoncé en 2022, a expliqué la ministre des Finances en conférence de presse. On est en train de mettre en œuvre les programmes annoncés en 2022 ». Le budget de l’an dernier prévoyait 1,8 milliard de dollars. Pour couvrir les années de 2022 à 2027, le gouvernement avait annoncé un investissement total de 10 milliards pour les mises en chantier de construction rapide. « Le plus grand problème concernant le logement est la construction, a précisé la ministre. Vu la croissance de la population, on devra avoir plus de logements. On doit créer une approche qui permettra cela. […] Le logement n’est pas juste une question fédérale. La question principale est de trouver une façon de construire. » Le budget réserve tout de même une enveloppe de 4 milliards sur 7 ans pour le logement autochtone en milieu rural, urbain et nordique. Le gouvernement Trudeau accède ici à une autre demande du NPD. Bonification du Régime canadien de soins dentaires Le budget 2023 présente un investissement de 7,3 milliards pour les soins de santé dentaires pour les cinq prochaines années, sans toutefois préciser les prochaines étapes du plan d’expansion de la couverture. Cette somme fait partie des 13 milliards sur cinq ans déjà annoncés par le gouvernement. Cette nouvelle prestation, disponible depuis septembre 2022 pour les familles dont le revenu annuel est inférieur à 90 000 $, cible prioritairement les enfants de moins de 12 ans et s’ouvrira cette année pour les moins de 18 ans, les ainés et les personnes en situation de handicap. Le Régime canadien de soins dentaires coutera deux fois plus cher que prévu au

(Source : Gouvernement du Canada) gouvernement, qui répond de nouveau aux attentes néodémocrates. En santé, le fédéral injecte 46,2 milliards sur dix ans dans les transferts en santé aux provinces. Cette somme s’ajoute au financement déjà prévu. Décarboner en grand, demeurer compétitif avec les États-Unis Fait marquant du budget 2023, le gouvernement se dote d’une politique industrielle ambitieuse. Ce sont 80 milliards sur 10 ans qu’Ottawa consacrera à la décarbonation de l’économie et à la production d’énergie propre. Cette réponse était attendue, quelques jours après la visite officielle du président américain Joe Biden. Les États-Unis ont annoncé l’été dernier le Inflation Reduction Act (IRA), un programme de près de 400 milliards américains pour subventionner la transition écologique de leur économie. Cette initiative constitue «  un défi majeur pour notre capacité à soutenir la concurrence dans les industries qui feront prendre de l’expansion à l’économie propre au Canada », peut-on lire dans le budget 2023. Justin Trudeau avait certifié, en conférence de presse avec le président américain, que le Canada resterait compétitif avec les États-Unis. Le gouvernement fédéral entend doubler, voire tripler, la production d’énergie propre au pays d’ici à 2050. Ce sont 50 milliards sur 10 ans qui seront dédiés à la seule production d’énergie propre comme l’hydroélectricité et l’éolien, mais aussi le nucléaire, la production d’hydrogène ou la captation du carbone. Les 30 milliards restants faciliteront les investissements dans des technologies vertes dans des secteurs comme l’extraction et la transformation de minéraux critiques, le développement de batteries ou de véhicules zéro émission et de leurs composantes. Le gouvernement fédéral ne subventionnera pas les entreprises directement, mais mettra plutôt en place des crédits d’impôt ou un cadre de financement pour les entreprises canadiennes dans des secteurs ciblés. En outre, l’« assurance Poilievre », qui a fait les manchettes ces derniers jours, n’est pas nommée au budget 2023. Cette expression serait utilisée au sein du parti libéral pour qualifier l’assurance que les futurs gouvernements ne modifient pas la taxe carbone instaurée par le gouvernement Trudeau. Le budget annonce simplement que des consultations seront menées sur « l’élabo-

ration d’une approche générale des contrats sur différence pour le carbone afin de rendre la tarification sur le carbone plus prévisible […] ». Un déficit budgétaire pire que prévu, mais soutenable Le gouvernement fédéral anticipe une croissance économique plus faible que prévu cette année, ce qui aura une incidence sur le déficit à court terme. Grâce à un marché de l’emploi dynamique et à un essoufflement de l’inflation, le ralentissement économique devrait être

de courte durée. Le produit intérieur brut (PIB) devrait faire du surplace à 0,3 % cette année pour remonter à 1,6 % en 2024, selon les prévisions du ministère des Finances. Le taux de chômage très bas compense ce ralentissement du PIB réel. Fixé à 5 % en moyenne au pays actuellement, il devrait avoir légèrement augmenté à la fin de l’année 2023, selon les prévisions gouvernementales, avant de redescendre en 2024. Interrogé sur le fait de savoir si le scénario pessimiste de l’énoncé économique de l’automne 2022 se concrétise à cause de l’augmentationdesdépenses,unhautfonctionnaire du gouvernement a répondu positivement. « Il y a plus de déficit dans le budget, mais ce n’est pas parce que l’économie va moins bien, c’est parce que les investissements gouvernementaux augmentent », a-t-il souligné. Il a par ailleurs noté que le budget 2023 présente encore deux cadres, un optimiste et un pessimiste, mais que le gouvernement a choisi cette fois une voie mitoyenne dans ses prévisions pour faire face à l’incertitude économique. Le déficit budgétaire fédéral sera donc plus élevé que prévu au cours des prochaines années. Il devrait être de 40,1 milliards pour l’exercice financier 2023-24, l’équivalent de 1,4 % du PIB. À moins d’imprévus, ce rythme d’endettement devrait décroitre par la suite et rester somme toute près de l’équilibre budgétaire.

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ARTICLES DE L'ARCTIQUE, 31 MARS 2023

Une collaboration des cinq médias francophones des trois territoires canadiens : les journaux L'Aquilon, l'Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga

Des voix pour la jeunesse autochtone Les candidatures pour l’édition  2023 de Voix des jeunes leaders autochtones demeurent ouvertes jusqu’au 9  avril. Les candidates et les candidats qui souhaite être des voix pour les jeunes autochtones ont jusqu’à cette date pour soumettre un « mémoire », un court texte d’environ 500 mots qui guidera les travaux du comité. Giovanni Imidy Connue de 2016 à 2019 sous le nom de « Vision autochtone au Sénat », l’initiative qui a par la suite connu une pause de deux ans a fait peau neuve. L’année 2022 a ainsi marqué la première édition de Voix des jeunes leaders autochtones. Si l’édition 2022, qui a vu le changement de nom de l’évènement, a eu lieu dans le cadre de la première Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, l’édition 2023, dont le thème arrêté est l’éducation autochtone, se déroulera en juin, à l’occasion du Mois national l’histoire autochtone. « La première édition de Voix des jeunes leaders autochtones s’est tenue à Ottawa, au Sénat du Canada, en septembre 2022, rapporte le sénateur Brian Francis, président du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones. L’année dernière, l’évènement a marqué le premier anniversaire de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Les sénateurs ont écouté les jeunes participants parler de ce que la vérité et la réconciliation signifiaient pour eux. »

Des candidatures en provenance du Nord Les candidatures sont ouvertes pour ceux et celles de 18 à 35 ans inclusivement, une tranche d’âge à forte démographie autochtone dans le Nord du Canada. « Avez-vous une vision de l’apport de l’éducation au leadership dans les communautés des Premières Nations, métisses et inuites ? Vous êtes-vous heurté à des obstacles pendant vos études secondaires ou universitaires ? », telles sont les questions dont le comité souhaite lire les réponses, comme indiqué dans le communiqué d’appel sur le site du Sénat. Alors que l’âge médian des populations autochtones du Nord est nettement inférieur à celui de certaines provinces du Sud, comme le Québec, qui affichait, en 2016, un âge médian de 36,4 ans en comparaison aux Territoires du NordOuest (32,7 ans), au Yukon (où quatre autochtones sur dix étaient âgés de moins de 25 ans) et au Nunavut (où 57 % des Inuits étaient sous la barre des 25 ans), la question de l’implication nordique à l’initiative du Sénat se pose.

Pas clair? Demandez le français. Vous avez le droit de bien comprendre, votre santé en dépend.

Courtoisie Sénat du Canada

De gauche à droite : la cofondatrice de l’Assembly of Seven Generations Gabrielle Fayant, le coordonnateur jeunesse de Mawiw Council Inc. Tyrone Sock, la représentante des jeunes de la British Columbia Assembly of First Nations Taylor Behn-Tsakoza et le conseiller d’Addiction Rehab Toronto Jama Maxie dans l’édifice du Sénat du Canada lors de l’évènement Voix de jeunes leaders autochtones le 6 septembre 2022. « Le programme, qui remonte à son prédécesseur, a une longue histoire d’inclusion de jeunes leaders inspirants du Nord du Canada. L’une des participants de la première édition en 2016, Kluane Adamek, est aujourd’hui chef régional de l’APN pour le Yukon », note le sénateur, avant d’ajouter qu’une candidate du Nunavut était invitée l’année dernière, sans avoir pu y participer, en raison d’un conflit d’horaire inopiné. Le président du Comité sénatorial permanent des peuples autochtones a également partagé avec Média ténois sa

vision quant à la visibilité et l’inclusion des peuples autochtones du Nord. « Pour faire connaitre le programme dans le Nord, conclut le sénateur Brian Francis, nous demandons aux sénateurs de la région ainsi qu’aux organisations, telles que les centres de jeunesse, les universités et les clubs sportifs, d’encourager les jeunes de leurs réseaux à poser leur candidature. Nous demandons également aux anciens témoins du Nord de bien vouloir parler de leur expérience à d’autres membres de leur communauté. Les anciens du programme sont toujours ses meilleurs défenseurs. »

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Expressions francophones – partie 14 Amélie Legeay Quand le français s’en va-t’en guerre On chante en France mais en Angleterre, on se lamente… Pour les nobles, le français version normande demeure le seul parler distingué sur les bords de la Tamise mais on se désole de n’articuler qu’un faus franceis d’Engleterre. Pour que tous les Anglais puissent se comprendre dans un français commun et acceptable, une ordonnance du parlement de Londres recommande en 1337 à tout seigneur, baron, chevalier et honnête homme de faire apprendre la langue française à ses enfants. Cette belle intention ne sera pas particulièrement suivie puisque, vingt-cinq ans plus tard, le roi Édouard III suggèrera l’emploi de l’anglais dans les procédures judiciaires, car, selon lui, la langue française est trop desconue du public. Un texte en langue française donc qui cherche à imposer la langue anglaise, quelle étonnante contradiction ! Sa proposition ne sera pas populaire et rien ne changera pendant près de quatre siècles encore. Ce n’est qu’en 1731 que The Proceedings in Courts of Justice Act rendra obligatoire l’usage de l’anglais dans les tribunaux d’Angleterre et d’Écosse.

Si les Anglais du XIVe siècle tiennent tant à conserver la langue héritée des Normands, ce n’est pas seulement par respect de la tradition, c’est aussi parce qu’ils ont des prétentions sur le royaume de France. Et puisqu’ils rêvent de fonder un seul grand pays sur les deux rives de la Manche, ils se montrent plutôt enclins à favoriser une certaine unité linguistique… car la conquête de la France par l’Angleterre a commencé. Les deux royaumes sont entrés dans la guerre de Cent Ans. L’interminable conflit La chute de la dynastie des Capétiens semble orchestrée. Le roi de France Philippe le Bel est mort d’un accident de chasse. Son fils ainé, Louis X le Hutin, monte alors sur le trône et, un an et demi plus tard, il meurt à son tour après avoir bu un verre de vin. Son héritier, Jean le Posthume, encore nourrisson, s’éteint aussi, dans son berceau. Finalement, son successeur, Philippe V le Long, règne durant cinq années mais périt d’une dysenterie. C’est donc le dernier fils de Philippe le Bel, Charles IV, qui accède alors au trône et meurt en 1328, sans héritier masculin. Après la disparition de ce dernier, on se trouve face à un problème de succession. En effet, Isabelle, la fille de Philippe le

Motus et bouche cousue

Origine : France Date : XVe siècle Signification : pas un mot !   « Motus », apparu en 1560, n’est pas du véritable latin, mais une simple transformation plaisante de « mot » par rapprochement avec « mutus » qui veut dire « muet ». Et comme son nom l’indique, il serait bien difficile de prononcer le moindre mot si nous avions la bouche fermée par du fil à coudre.

Parler ex professo

Bel, réclame la couronne pour son fils de seize ans mais c’est impensable pour deux raisons : C’est une femme et, étant la veuve du roi Édouard II, elle est reine d’Angleterre ! De plus, elle ne parle pas parfaitement le français d’Île-de-France. On lui préfère donc le neveu de Philippe le Bel, Philippe de Valois, qui pratique la langue des Parisiens et l’imposera à sa chancellerie au détriment du latin. La France perd. Elle abandonne de nombreuses régions, et le sentiment national nourrit une haine féroce contre les Anglais. Le remaniement de la langue En Angleterre, le français perd de son aura. Et en France, il est encore sous la tutelle du latin. Il lui manque quelque chose pour égaler le latin comme langue officielle  : une grammaire ! Pourtant, l’orthographe commence à se fixer, sous l’égide des lettrés qui exigent de conserver des graphies conformes à l’étymologie latine – lesquelles avaient disparu en vieux français – mais, pour l’expression de la science, la philosophie, le droit ou la religion, le latin se révèle toujours plus précis et plus concis que le vieux français. Finalement, puisque personne ne veut voir mourir le français ni disparaitre le latin, on va remanier le français dans un inattendu mouvement de relatinisation. De manière générale, on s’efforce de toujours choisir le mot le plus proche du latin classique. Ainsi armée remplace ost, pour s’approcher d’arma, colère succède à ire, pour se rappeler cholera et liberté se substitue à franchise pour se souvenir

de liber. Les termes contrat (contractus), convention (conventio) ou habitude (habitum) apparaissent et sont choyés pour leur proximité avec le latin. Ce raz de marée latiniste fait naitre une bizarrerie lexicale : les doublets. Il s’agit de deux mots français qui ont la même origine étymologique, mais dont l’un a suivi l’évolution phonétique du latin parlé et l’autre a été directement emprunté au latin classique. Par exemple, raide et rigide viennent tous deux du latin rigidus mais le premier a subi l’évolution du vieux français alors que le second est resté dans son jus latin. C’est aussi le cas pour écouter et ausculter, qui découlent d’ausculture ou mûr et mature, de maturus, ainsi que pour volaille et volatile, de volatilis. Il existe également des doublets qui ont évolué très différemment et ne sont pas synonymes : bref et brevet, de brevis car le brevet est une courte présentation d’une invention ; étroit et strict, de strictus qui signifie serré ou bien métier et ministère de ministerium qui veut dire service. Et tout ceci témoigne de la folie latiniste du XIVe siècle, qui durera jusqu’à la Renaissance, au XVIe siècle. Selon bon nombre d’écrivains, toutes les langues et tous les dialectes issus de la racine première qu’est le latin étaient incapables de se hisser au niveau de la mère romaine et de se plier aux exigences de la littérature et de la réflexion. Le latin était donc vécu comme une langue figée sur laquelle on pouvait s’appuyer sans risque puisqu’elle n’évoluerait plus. Et c’est pourtant ce qui la perdra.

ÉQUILIBREZ votre vie. VIVEZ pleinement.

Origine : France Date : XVIe siècle Signification : parler en tant que personne compétente qui connait parfaitement son sujet À l’origine, cette locution latine avait le sens de « ouvertement ». Mais le « ex » devant est trompeur. Il n’a pas le sens de « ex » qu’on trouve dans ex-conjoint par exemple et qui signifie « précédent ». Ici, « ex » avait le sens de « selon » et « professo » était issu de « profiteri » qui voulait dire « exposer doctoralement ». Si l’expression a la signification qu’on lui connait aujourd’hui, c’est probablement suite à l’influence de la similitude apparente entre « professo » et « professeur ».

Parler de corde dans la maison d’un pendu

Origine : France Date : XVIIe siècle Signification : faire des reproches ou évoquer des sujets réveillant de douloureux souvenirs   On trouve cette expression pour la première fois en 1623 dans la version française de Don Quichotte de Cervantès et elle n’apparait dans le Dictionnaire de l’Académie française qu’en 1694. Ses origines puisent dans le bon sens de chacun. Normalement, il ne viendrait à l’idée de personne de parler d’enterrement devant une personne endeuillée, d’évoquer la construction de sa maison devant un voisin qui a vu la sienne emporter par les flammes ou encore de proposer de manger du lapin à un enfant qui vient de perdre le sien…

Parler à la cantonade

Origine : France Date : XVe siècle Signification : parler sans s’adresser à quelqu’un en particulier À cette époque, le mot « cantonade », emprunté au provençal « cantonada », désignait un angle de maison. Deux siècles plus tard, il sera surtout entendu dans le monde du théâtre où il désignera les côtés de la scène où sont assis les spectateurs privilégiés. Ces emplacements finiront par devenir les coulisses. Quant à la locution « à la cantonade », elle apparait seulement au milieu du XVIIIe  siècle. Elle s’emploie alors pour un jeu scénique lorsque l’acteur fait semblant de s’adresser à quelqu’un d’invisible, placé probablement dans lesdites coulisses.

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La langue française est étonnante, n’est-ce pas ?

Retrouvez-moi la semaine prochaine pour découvrir de nouvelles expressions. 950-328F L’Aquilon

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L’AQUILON, 31 MARS 2023

Un visage, un nom ! Avez-vous des renseignements sur les personnes, les lieux ou les activités dans cette photo ? Laissez-nous savoir en utilsant le mot-dièse #UnVisageUnNom

Groupe des Premières Nations debout à l’extérieur d’un tipi en toile, Green Lake (Saskatchewan), 1921 (Photo : Bibliothèque et Archives Canada)

Des membres de la Première Nation Shamattawa coupent du bois pour l’hiver et l’acheminent dans leur communauté à l’aide de radeaux, Shamattawa (Manitoba), vers 1959 (Photo : RCAANC – Bibliothèque et Archives Canada)

Un homme et une femme près d’un grand poêle à bois dans un bâtiment en bois, Fort St. James (Colombie-Britannique), date inconnue (Photo : RCAANC – Bibliothèque et Archives Canada

ut près d’un qamutiiq Quatre femmes inuit debo vut (anciennement Cape (traîneau), Kinngait, Nuna to : rd-Ouest), 1953-1969 (Pho Dorset, Territoires du No ) da èque et Archives Cana Charles Gimpel – Biblioth

En chassant de façon responsable aujourd’hui, nous nous assurons d’avoir des caribous pour les générations futures.

Apprenez de vos aînés

Laissez les animaux de tête passer

Ne prenez que le nécessaire

Ne laissez rien derrière vous

Partagez ce que vous avez

… pour les générations futures

Lorsque vous chassez, faites-le avec respect.

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