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Le Nunavoix - Édition du 4 août 2021

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ISSN 2291-8914 & ISSN 2291-8922

Édition du 4 août 2021

Le Nunavoix nes du Nunavut o ph o c an fr es d Le journal

Le rideau se lève Articles de l'Arctique sur la Nunavut Theatre Company Un regard nordique Une collaboration des journaux francophones des trois territoires.

Crédit : Courtoisie

Karine Lavoie (IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix)

C’est animés par un désir d’allier leurs forces, leurs expertises et leurs intérêts au profit de leur passion de théâtre que les Franco-Nunavois Murielle Jassinthe et Alexandre Michaud ont fondé la Nunavut Theatre Company.

Le Franco-Nunavois Alexandre Michaud fait partie des membres fondateurs de la Nunavut Theatre Company.

Impliqués dans le domaine du théâtre depuis des années, les deux francophones ainsi que la troisième membre fondatrice de la compagnie, Jessie Hale, ont des projets plein la tête pour le futur de leur organisation. Ils désirent véhiculer avec une variété d’activités des valeurs d’inclusion, de respect et d’ouverture.

Crédit : Courtoisie

«  Il y a plusieurs sujets que j’avais très à cœur depuis longtemps  : de créer des liens entre les différents membres de la communauté, mais aussi de représenter différents sujets qui pouvaient toucher les gens plus personnellement; de parler de différentes réalités sociales; d’être davantage engagée  », explique d’entrée de jeu Murielle Jassinthe.

La Franco-Nunavoise Murielle Jassinthe est la cofondatrice de la Nunavut Theatre Company.

«  On s’est dit qu’ensemble, on a un plus gros réseau, on a une plus grande portée et on a plus de ressources pour éventuellement mener à terme certains projets, mais des projets qui sont plus proches de nous; des projets plus personnels  », ajoute pour sa part Alexandre Michaud.

Grâce à un financement du ministère de la Culture et du Patrimoine du gouvernement du Nunavut, la compagnie annonce la tenue de ses premiers ateliers d’exercices théâtraux destinés aux adultes avec ou sans expérience les 7 et 14 aout prochains. suite en page 2

à Ottawa : Mary Simon est la 30e gouverneure générale 

Crédit : Sgt. Johanie Maheu – Rideau Hall

Une nouvelle compagnie théâtrale voit le jour à Iqaluit  : la Nunavut Theatre Company. Fondé par deux Franco-Nunavois, l’organisme inclusif s’adresse à tous les passionnés de théâtre, que leur intérêt soit porté vers la scène, pour l’envers du décor ou tout simplement en tant que spectateur.

Mary Simon a été nommée nouvelle gouverneure générale du Canada. Originaire du Nunavik, Mme Simon, qui parle couramment l’anglais et l’inuktitut, est la première femme autochtone à occuper ce poste.  Nelly Guidici (Articles de l’Arctique)

Sa nomination est une première dans l’histoire canadienne et Mme Simon l’a souligné dans son discours d’investiture le 6 juillet 2021 : «  Ma nomination est historique et c’est un moment fort et inspirant pour le Canada. »  Dans un communiqué de presse du même jour, l’administration régionale Kativik du Nunavik rappelle que Mme Simon a toujours été «  une fervente défenseure des droits et de la culture des Inuits dans son engagement indéfectible à améliorer l’environnement ».  Présidente du Conseil circumpolaire inuit du Canada de 1986 à 1992, ambassadrice du Canada au Danemark de 1999 à 2002, voilà quelques-uns des nombreux rôles qu’elle a tenus sur la scène nordique nationale et internationale au cours de sa carrière.  Le domaine de l’éducation lui tient particulièrement à cœur. En 2011, elle participe, en tant que présidente du comité national sur l’éducation des Inuits, à la rédaction d’une stratégie nationale sur l’éducation de cette nation. Dans le rapport intitulé « Les Premiers Canadiens, Canadiens en Premiers  » (First Canadians, Canadians First), elle indique dans un message d’introduction que « nous devons bâtir un système d’éducation fondé sur la culture, l’histoire et la vision du monde inuit et dans le respect du rôle des parents ». Sa nomination, moins de six semaines après la macabre découverte des restes de 215 enfants enterrés dans une fosse commune du pensionnat de Kamloops, s’inscrit dans un élan de concrétisation de la réconciliation dont des pistes d’action ont été clairement identifiées dans le rapport de la Commission Vérité et Réconciliation. « Ma nomination est une étape importante sur le long chemin de la réconciliation. Il reflète nos progrès collectifs vers la construction d’une société plus inclusive et plus équitable, Le Nunavoix

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Édition du 4 août 2021

Mary Simon, originaire du Nunavik, est la première femme autochtone nommée au poste de Gouverneure générale. Rôle symbolique dans la démocratie canadienne, Mme Simon a déclaré vouloir contribuer à la réconciliation dans une société canadienne qu›elle souhaite équitable et inclusive.

indique-t-elle dans son discours. Je travaillerai à promouvoir le bienêtre et l’apaisement de la société à travers le Canada. » Monika Ell-Kanayuk, présidente du Conseil Circumpolaire Inuit pour le Canada, considère la nouvelle gouverneure générale comme une diplomate qui fera la différence dans le processus de réconciliation : « Elle a reçu de nombreux prix au fil des ans. Je pense qu’elle est une très bonne diplomate et qu’elle réussira dans le processus de réconciliation. »

Un modèle pour les femmes et la jeunesse Diplomate reconnue pour ses nombreuses réalisations et son rôle primordial dans la préservation de la culture inuite, Mme Simon est devenue au fil des ans un véritable modèle auprès des Inuits.  Pour Jennifer Munick, présidente de l’administration régionale Kativik, la nouvelle gouverneure générale a « été un modèle dans son dévouement à la promotion du processus de réconciliation et de l’autodétermination des Inuits du Nunavik ». Mme Ell-Kanayuk se rappelle qu’étant plus jeune, elle admirait Mme Simon. Elle considère aujourd’hui «  qu’elle est un modèle pour les jeunes inuits et les jeunes femmes inuites en particulier ». C’est le cas d’Ashley Cummings, originaire de Pangnirtung au Nunavut et membre du Conseil jeunesse du premier ministre de 2018 à 2020. « Elle est un modèle incroyable pour moi. Juste avec les différentes implications qu’elle a eues en ce qui concerne la politique, et ses différentes formes de plaidoyer pour l’Arctique en général, c’est vraiment stupéfiant  », indique-t-elle lors me d’une entrevue. M Cummings considère que la présence de personnes autochtones à des postes suite en page 2

Le rideau se lève sur la Nunavut Theatre Company (suite)

hauts placés est encore rare. Cependant, elle entrevoit cette nomination avec beaucoup d’espoir : « Il est difficile de voir des personnes autochtones, inuk ou non, dans des fonctions aussi importantes. La nomination de Mme Simon montre la validité du peuple inuit dans l’espace et je pense que c’est le début de quelque chose de beau. »

Crédit : Courtoisie

Une organisation qui bourdonne de projets Les premiers ateliers offerts viseront la transmission des connaissances théâtrales  : «  On a eu une opportunité dans notre vie de produire des ateliers et de participer à des ateliers, et nous, ce qu’on veut faire entres autres, c’est de permettre de redonner de ce que nous nous avons appris  », explique Murielle Jassinthe.

Un rapport publié en mars 2017 par Statistique Canada indiquait que l’intégration au marché du travail était plus faible pour les populations autochtones que pour les allochtones. En 2015, 83  % de la population allochtone (âgée de 25 à 54 ans) occupait un emploi contre 67  % pour la population autochtone appartenant au même groupe d’âge.

Une vision nordique 

Bien que les critères de participation ne soient actuellement pas établis, il est également prévu que des ateliers destinés aux enfants aient lieu : « Tout dépendant de nos collaborations et les besoins qui sont exprimés, on va pouvoir s’ajuster et offrir quelque chose qui est tout à fait adapté pour l’âge en question », précise-t-elle.

L’honorable Angélique Bernard est la commissaire du Yukon depuis le 12 mars 2018. Première francophone à occuper cette fonction dans le territoire, elle a suivi la nomination de Mme Simon avec beaucoup d’intérêt. « J’ai trouvé cette nomination très intéressante et très à point aussi. J’aime le fait qu’elle va apporter une vision nordique au poste. On sait que c’est un poste apolitique et plus cérémonial, mais c’est une personne qui peut faire la lumière sur les thèmes qui lui tiennent à cœur. »

Jessie Hale est elle aussi membre fondatrice de la Nunavut Theatre Company.

En plus des ateliers, la Nunavut Theatre Company prévoit la représentation de deux pièces de théâtre dans les mois à venir, dont la première, nommée Artifice, sera présentée en novembre 2021.

Représenter, servir, honorer et mettre en valeurs sont les principales fonctions du rôle du gouverneur général dont le rôle est symbolique. Cependant, Mme Bernard pense qu’avec cette nomination, une nouvelle vision nordique canadienne qui met les territoires de l’avant va émerger :

Des auditions seront annoncées vers la fin aout afin de combler cinq des rôles de cette comédie dramatique : «  On voulait une pièce de théâtre qui avait un casting quand même assez large pour aller chercher différentes personnes et offrir plus d’opportunités à différents acteurs intéressés. On voulait une pièce qui est quand même plus abordable; un peu plus légère, mais qui a quand même un fond intéressant et un certain message social », explique Alexandre Michaud.

« Mme Simon a été nommée pour apporter une vision nordique des choses. Je crois qu’elle va être capable de faire le pont entre le Sud et le Nord. Elle a vécu dans les deux cultures (…) et c’est un très bon pas en avant pour montrer justement ce qu’il se passe dans le Nord

En partenariat avec la Nunavut Black History Society, une seconde pièce de théâtre se tiendra en février 2022 afin de souligner le Mois de l’histoire des Noirs et sera quant à elle, davantage axée sur la transmission d’un message social.

parce que les gens du Sud ne savent pas finalement ce qui se passe ici. » Pour Mme Cummings, le point de vue des populations inuites va être pris en considération, car la gouverneure générale est une porte-parole reconnue des voix inuites. « Je suis tellement excitée de voir ce qu’elle va proposer dans ce nouveau poste alors qu’elle poursuit son travail de défense des droits et pour faire entendre la voix des Inuits. C’est tellement stimulant pour moi en tant que jeune inuk qui est dans la sphère de la revendication de la voir intronisée dans cette fonction. » 

L’inclusion, une valeur importante Bien que les activités de la Nunavut Theatre Company se déroulent uniquement en anglais pour le moment, l’organisation se donne comme objectif d’être inclusive et de resserrer les liens entre tous les membres de la communauté.

« Le but c’est vraiment de s’ouvrir à toutes cultures, toutes langues officielles. Alors on va collaborer avec quiconque a l’intérêt de collaborer avec nous et on a vraiment hâte de le faire », s’enthousiasme Murielle Jassinthe qui souhaiterait ultimement présenter une pièce dans toutes les langues officielles du Nunavut avec une projection de sous-titres. Avec le soutien des différents organismes et instances gouvernementales, la Nunavut Theatre Company vise à rendre accessible la tenue des évènements à tous ceux qui le souhaitent :

ALLER DE L ’ A V A N T

ENSEMBLE

« On pense avoir des soirées où les gens viennent et payent ce qu’ils veulent. On aura aussi l’option d’achat de billets communautaires. Par exemple, si j’achète un billet pour une pièce, je peux acheter un deuxième billet qui sera offert à un autre membre de la communauté », conclut Alexandre Michaud qui convie en même temps les résidents d’Iqaluit à la première assemblée générale de la compagnie le 19 septembre prochain.  

Avec l’une des populations les plus jeunes et à la croissance la plus rapide au Canada, le Nunavut est un territoire animé et dynamique, déterminé à devenir un endroit encore meilleur pour les générations futures.

AVIS DE RECRUTEMENT

En tant que gouvernement, nous renforçons notre modèle unique de gouvernance lequel intègre les valeurs sociétales des Inuit, favorise et renforce l’utilisation de la langue inuit, assure une fonction publique représentative et la collaboration avec nos voisins circumpolaires et nos partenaires pour concrétiser la réussite du Nunavut.

AIDEZ À GÉRER LES RESSOURCES NATURELLES DU NORD Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada accepte maintenant les candidatures de personnes désireuses de siéger aux offices des terres et des eaux du Nunavut, du Nunavik et d’Eeyou Istchee.

En tant qu’employeur, nous améliorons les initiatives locales d’éducation et de formation tout en continuant à offrir des possibilités de carrière stimulantes dans un environnement unique. Nous comptons sur l’expertise de nos gens – au sein de nos divers organismes, ministères et autres instances – en effectuant notre travail dans les trois langues officielles de notre territoire, dont le français.

Les candidats doivent posséder une expérience ou des connaissances liées au mandat de l’organisme auquel ils aimeraient se joindre. Les membres actuels qui souhaitent un renouvellement sont aussi invités à poser leur candidature.

Date limite : 13 août 2021

Explorez les possibilités d’emplois que nous offrons sur notre site Web. Revenez souvent consulter le site car des mises à jour sont faites chaque semaine. Découvrez des emplois en tous genres et de divers niveaux dans des domaines tout aussi variés que stimulants.

La préférence peut être accordée aux candidats qui s’identifient comme membres d’un ou plusieurs des groupes suivants : femmes, autochtones, personnes handicapées et membres des minorités visibles.

Joignez-vous au gouvernement du Nunavut pour aller de l’avant ensemble. Aidez-nous à bâtir un avenir radieux tout en réalisant pleinement votre potentiel.

Plus d’info : www.canada.ca/nominations-nord

gov.nu.ca/fr Le Nunavoix

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Mary Simon entre en poste et s’engage à apprendre le français

Elle a admis, pendant son discours, avoir été «  horrifiée  » par la découverte de tombes non identifiées sur les terrains d’anciens pensionnats autochtones.

Crédit : Sgt. Johanie Maheu – Rideau Hall

La lutte aux changements climatiques, la déstigmatisation de la santé mentale, la diversité et l’acceptation se trouvent au cœur de l’engagement de la 30e gouverneure générale du Canada. Pendant son discours inaugural, Mary Simon s’est aussi engagée formellement à apprendre le français. Mélanie Tremblay (Francopresse)

« Ma langue maternelle, l’inuktitut, est la langue qui définit les Inuits comme peuple et c’est le fondement même de notre survie. Ma langue seconde, l’anglais, m’a ouvert les portes du reste du monde. Je m’engage à apprendre l’autre langue officielle du Canada, le français  », a déclaré la nouvelle gouverneure lors de sa cérémonie d’installation à Ottawa, le lundi 26 juillet.

La 30e gouverneure générale du Canada, Mary Simon.

«  Depuis la parution, il y a six ans, du rapport de la Commission de vérité et réconciliation, nous avons su en tant que pays que nous devons apprendre la véritable histoire du Canada. L’acceptation de cette vérité nous rend plus forts en tant que pays, unit la société canadienne et enseigne à nos enfants que nous devons toujours faire de notre mieux, surtout dans les situations difficiles. »

La gouverneure générale a aussi insisté sur les principes de justice et d’équité, entre autres en soulignant le travail qu’il reste à faire en matière de respect des cultures, des langues, des ethnies et des religions, mais aussi en matière de santé mentale.

Mary  Simon a confirmé dans son discours inaugural avoir reçu l’appui de plusieurs personnes qui lui ont offert de l’accompagner dans sa formation.

« En tant que gouverneure générale, je m’engage à profiter de ce moment de l’histoire de notre pays [la pandémie] pour poursuivre le travail de déstigmatisation de la santé mentale afin qu’elle soit considérée de la même façon que les maladies physiques et qu’on y consacre la même attention, la même compassion et la même compréhension. »

L’enjeu du français dans le choix de la successeure à Julie Payette aurait fait l’objet de plus de 600 plaintes au Commissariat aux langues officielles (CLO) depuis l’annonce de la nomination de Mary Simon, le 6 juillet. Le commissaire Raymond  Théberge a confirmé la semaine dernière que les plaintes étaient recevables et qu’il mènera une enquête qui visera le Bureau du conseil privé « dans sa capacité de conseil dans le cadre de cette nomination ».

Mary Simon a aussi salué le dévouement des travailleurs essentiels pendant la pandémie ainsi que ceux qui ont sacrifié leur sécurité pendant cette période. 

La cérémonie d’installation de la gouverneure générale a été marquée par des prestations d’artistes autochtones, dont la Franco-Manitobaine Adrina Turenne, originaire de Winnipeg. Elle a interprété sa chanson En plein cœur de mai qui raconte la lutte des Métis et des francophones de l’Ouest du pays.

Au quotidien, la gouverneure générale est la représentante de la Reine au Canada. La gouverneure générale a de nombreuses responsabilités, dont les suivantes : • • • • •

La première Autochtone gouverneure générale Mary  Simon est cinquième femme de l’histoire du Canada et la première Autochtone à occuper le poste de gouverneure générale.

Nouvelles CFRT

S’acquitter de ses obligations constitutionnelles Occuper la fonction de commandant en chef du Canada Représenter le Canada au pays et à l’étranger Encourager l’excellence Travailler à rapprocher les Canadiens

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1 interprète médical francophone à l’Hôpital général Qikiqtani

Des services d'interprétation en français à la Cour de justice du Nunavut

Rendu possible grâce au soutien financier du Ministère de la Culture et du Patrimoine du Gouvernement du Nunavut et à Patrimoine canadien.

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Une nouvelle épicerie ouvre ses portes à Iqaluit Depuis le 8 juillet, les Iqalummiut peuvent bénéficier de nouveaux produits et services axés sur l’amélioration de leur mieux-être grâce à l’ouverture de l’épicerie Inuulisautinut Niuvirvik. Karine Lavoie (IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix)

Crédit : Gabrielle Poulin

Après plusieurs délais durant la dernière année, le Inuulisautinut Niuvirvik a enfin ouvert ses portes le 8 juillet dernier. Le nouveau magasin offre à la communauté d’Iqaluit une gamme de produits d’alimentation sains et frais, des cosmétiques, la première franchise nunavoise de Booster Juice ainsi que des services pharmaceutiques et d’optométrie. C’est dans l’optique d’aider ses clients à mieux vivre en perpétuant une tradition de soutien communautaire que la North West Company a travaillé à la création de cette épicerie. Son nom, qui signifie «  un endroit où obtenir des choses pour un esprit et un corps sains » en inuktitut, a été retenu à la suite d’un concours organisé dans la communauté et remporté par Opah Picco, une résidente d’Iqaluit.

Crédit : The North West Company

L’arrivée de cette nouvelle offre commerciale et, plus spécifiquement l’ouverture d’un centre optique local, a été accueillie positivement par la communauté d’Iqaluit dans un contexte où les besoins en optométrie sont criants sur le territoire.

Une approche commerciale du bien-être Le projet de cette nouvelle épicerie locale était sur les planches de travail depuis le début de l’année 2018, mais l’ouverture du Inuulisautinut Niuvirvik a été repoussée de six à huit mois en raison de différents problèmes causés par la pandémie. « Nous sommes très heureux de cette opportunité de fournir aux Iqalummiut un assortiment nouveau et complet de produits plus sains, nos tout premiers services optiques et nos services de pharmacie étoffés dans notre nouveau magasin », déclare Mike Beaulieu, vice-président des opérations des magasins canadiens pour la North West Company. Sa création représente une réponse au manque de services offerts dans ce créneau sur le territoire : « Avant, les clients devaient s’en passer, sortir de la communauté ou commander des produits de spécialité sans avoir la possibilité de les voir en premier ou d’en parler à qui que ce soit », affirme Ellen Curtis, coordonnatrice des médias pour la North West Company. Elle insiste sur l’importance que le magasin soit dirigé par la communauté et soutient que les commentaires des clients guideront les futurs développements.

« Nous souhaitons élargir notre assortiment local et recherchons activement des opportunités avec des artistes et des entreprises locales », explique-telle en indiquant que ce sont le Booster Juice et les cosmétiques qui ont été particulièrement populaires lors de la fin de semaine d’ouverture.

Gayle Harrison, la nouvelle directrice optique du Inuulisautinut Niuvirvik.

Un service plus qu’attendu Plus tôt cette année, la population nunavoise devait composer avec le fait qu’il n’y avait aucun optométriste agréé sur le territoire. Les besoins au niveau des services optiques ont augmenté de façon significative  au sein de la population  :  «  Nous avions entendu dire qu’il y avait une liste d’attente à l’hôpital de plus de 800 personnes. Nous sommes donc très reconnaissants de pouvoir aider à réduire l’arriéré de demandes. Nous enregistrons les patients maintenant et remplissons les rendez-vous petit à petit  », explique Gayle Harrison, la nouvelle directrice optique du Inuulisautinut Niuvirvik. Malgré tout le travail à accomplir, elle se dit confiante quant à la capacité de répondre efficacement aux besoins de la clientèle  : «  Je pense qu’en offrant de grands soins et un service personnalisé, nous dépasserons les attentes de la communauté. Nous ferons de notre mieux pour voir tous ceux qui ont besoin de soins en temps opportun. Les gens d’Iqaluit ont été si patients et gentils avec nous au début », affirme-t-elle.

Une volonté d’offrir ce qu’il y a de mieux Le centre optique d’Iqaluit est doté d’une technologie novatrice puisque la téléoptométrie y est utilisée, une méthode qui permet la prestation à distance de soins de la vue.

Le Nunavoix

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« La téléoptométrie est incroyable et certainement la voie de l’avenir. Elle offre tous les avantages d’un examen en personne, mais avec la flexibilité des soins pour les endroits éloignés », résume Gayle Harrison en précisant que, jusqu’à présent, les patients sont impressionnés et émerveillés par les soins et l’interaction offerts par cette méthode. Bien que l’ouverture du centre optique demeure récente, Gayle Harrison a déjà les yeux tournés vers l’avenir  : «  Nous sommes impatients de grandir dans la communauté et d’être en mesure d’offrir les meilleurs soins et plus d’options optiques. Nous voulons bien faire les choses en commençant petit, en nous assurant d’offrir les meilleurs soins et services, puis en nous développant en toute confiance  », s’enthousiasme-t-elle en remerciant au passage la communauté d’Iqaluit et la population nunavoise pour leur accueil chaleureux. En plus des bilans complets de la vue, le centre optique offre à sa clientèle divers services tels que des lunettes sur ordonnance, des lunettes de soleil, des lentilles de contact et des réparations de lunettes. Il est également possible d’obtenir des recommandations en cas de sècheresse oculaire et d’autres conseils afin de conserver une bonne santé visuelle. 

Crédit : Ministère de la Santé du Nunavut

Une pénurie de personnel soignant force la fermeture de certains centres de santé du Nunavut En raison d’une pénurie de personnel soignant, le gouvernement du Nunavut annonce des modifications importantes dans la prestation des services de certains centres de santé au cours des prochaines semaines. Karine Lavoie (IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix)

Crédit : Ministère de la Santé du Nunavut

Dans un communiqué de presse du 16 juillet 2021, le ministère de la Santé du gouvernement du Nunavut informe la population que plusieurs communautés devront composer avec une fermeture temporaire ou une réduction des services offerts dans leurs centres de santé respectifs au cours de la période estivale.

Le centre de santé de Resolute Bay doit temporairement fermer ses portes durant l’été en raison d’une pénurie de personnel soignant au Nunavut.

Plusieurs communautés affectées L’obligation de procéder à des modifications de services dans certains centres de santé du Nunavut s’explique par deux facteurs  : «  La pandémie de la COVID-19 et la pénurie nationale de personnel de santé ont compliqué le recrutement d’infirmières sur le territoire  », déclare Lorne Kusugak, ministre de la Santé du Nunavut, par voie de communiqué de presse. Selon le ministère de la Santé, l’attribution du contrat à l’Agence Bayshore Healthcare permettant de fournir des services d’infirmières et de sages-femmes sur le territoire, combinée aux efforts d’embauche des dernières semaines, permet d’éviter la fermeture d’autres centres de santé durant l’été, mais il n’est pas exclu que de nouvelles perturbations surviennent advenant un changement dans les effectifs. En date du 23 juillet, ce sont les fermetures des centres de santé de Grise Fiord et de Resolute qui ont été annoncées, alors que ceux de Pangnirtung, Taloyoak, Sanikiluaq, Kugaaruk et Cambridge Bay n’offriront que des services d’urgence.

Pallier le manque de services Afin que les populations touchées par ces

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Le centre de santé de Taloyoak fait partie des établissements touchés par la pénurie de personnel soignant au Nunavut.

modifications subissent le moins d’impacts négatifs possible, le gouvernement territorial a travaillé sur différents scénarios  : «  Le ministère de la Santé a établi des plans d’urgence pour assurer un accès rapide et approprié aux services de santé là où les centres de santé peuvent être limités. Les services varieront d’une communauté à l’autre en fonction des ressources disponibles dans la communauté et pour répondre aux besoins uniques de chaque communauté  », explique Danarae Sommerville, spécialiste des communications du ministère de la Santé du Nunavut.

en main-d’œuvre  : «  Les mois d’été peuvent être une période particulièrement difficile pour recruter et retenir le personnel de la santé  », indique Danarae Sommerville pour expliquer le fort roulement d’employés provenant du Sud du pays.

En plus de la disponibilité des services d’évacuation médicale, les communautés affectées auront accès à une combinaison de services de santé virtuels, de cliniques aériennes et de services paramédicaux d’urgence disponibles 24h/24 et 7j/7. «  Les ambulanciers paramédicaux sont spécifiquement formés pour les soins d’urgence et sont équipés pour prodiguer des soins aux patients gravement malades ou blessés en attente d’évacuation médicale », précise Mme Sommerville.

Fiona Buchan-Corey, doyenne du Campus de Kitikmeot, souligne que plusieurs programmes liés à la santé sont offerts au Collège de l’Arctique et affirme avoir bon espoir que le Nunavut acquerra des compétences dans ce domaine dans le futur. « De nombreux étudiants du Nunavut sont confrontés à des difficultés éducatives qui rendent difficile l’accès aux diplômes de premier cycle. Le programme de pré-santé a été conçu pour aider les étudiants à acquérir des compétences pour faire la transition vers notre baccalauréat en sciences infirmières de l’Arctique. Les deux programmes ont également été adaptés pour inclure la langue et le contexte culturel inuit pour les non-Inuits », explique-t-elle.

« Tout ce qui doit être vu en urgence sera référé aux ambulanciers sur place et le patient sera contacté avec un horaire pour se rendre au centre de santé », ajoutet-elle en précisant que les ambulanciers paramédicaux travaillent sous la supervision et la direction d’un médecin. Le ministère informe toutefois la population que des délais sont possibles en ce qui concerne le temps de réponse des appels téléphoniques et certains services fournis par le personnel de soutien comme l’exécution des ordonnances. «  Le ministère de la Santé prévoit qu’il y aura des retards dans l’accès aux services non urgents. Cependant, nous ne prévoyons pas que ces retards se prolongent jusqu’à l’automne  », affirme Danarae Sommerville. Si des cas de COVID-19 devaient survenir dans l’une de ces communautés, du personnel y sera déployé afin d’effectuer des tests de dépistage ainsi que la recherche et le suivi des contacts. Il demeure également possible de se faire vacciner sur rendez-vous.

Favoriser l’embauche locale En concurrence avec les autres provinces du Canada, le Nunavut peine à recruter suffisamment de personnel soignant pour combler ses besoins Le Nunavoix

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Pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre dans le domaine de la santé, le gouvernement territorial et le Collège de l’Arctique ont établi une collaboration afin d’aider les nouveaux diplômés en sciences infirmières à intégrer le marché du travail au Nunavut.

Elle conclut que les estimations d’inscriptions pour l’année 2021-2022 au Collège sont présentement de six à dix étudiants pour le programme de pré-santé et de dix étudiants en première année de sciences infirmières. 

ANNONCES COMMUNAUTAIRES Franco-Centre La location du Franco-Centre est disponible moyennant certaines modalités. Le port du masque est obligatoire pour tout visiteur du Franco-Centre. Pour contacter l'Association des francophones du Nunavut [email protected] Notre équipe Christian Ouaka, directeur général: [email protected] Ivo Vigouroux, coordonnateur du Franco-Centre : [email protected] Coordination radio CFRT : [email protected] Gabrielle Poulin, rédactrice en chef du Nunavoix : [email protected]

Beaucoup de changements à la Société Piviniit d’Iqaluit

Victime de la générosité de la communauté

La Société Piviniit d’Iqaluit, qui vend des articles d’occasion à prix abordable, a récemment dû composer avec plusieurs nouveautés et embuches au cours du mois de juillet.

Crédit : Iqaluit Piviniit Society sur Facebook

Karine Lavoie (IJL – Réseau.Presse – Le Nunavoix)

La Société Piviniit d’Iqaluit est entièrement gérée par des bénévoles.

Une nouvelle initiative pour permettre l’envoi de vêtements usagés à travers le Nunavut, un avis d’expulsion demandant la recherche d’un nouvel emplacement pour la friperie, le lancement d’une pétition communautaire… la Société Piviniit d’Iqaluit voit ses activités chamboulées par toutes sortes de changements. Entièrement gérée par des bénévoles, la Société Piviniit se compose de neuf membres au conseil d’administration ainsi que d’une équipe d’une trentaine de bénévoles, dont dix-huit ont été actifs au cours des trois derniers mois.

Avec le surplus de vêtements entreposés à la friperie, 24 boites d’environ 12 kilogrammes de vêtements ont été préparées par les bénévoles de l’organisme. Chacune de ces boites est destinée à l’une des communautés nunavoises à l’exception de la capitale : «  En envoyant les boites aux autres communautés, notre but est à la fois de partager avec les Nunavummiuts hors d’Iqaluit et de faire de l’espace dans le magasin », affirme Erin George, bénévole et membre du conseil d’administration de la Société Piviniit. Une telle initiative, qui ne dispose d’aucune forme de financement, s’était déjà produite dans le passé, mais avait principalement cessé à cause d’un changement de personnel. «  C’est dû aux efforts d’un des membres du conseil d’administration, Anika Bychok, que le projet a été relancé. Elle a fait des liens avec des membres de la GRC et le ministère des Services à la famille et c’est grâce à ces personnes que le projet fonctionne », précise Erin George. Les boites déposées au hangar de la GRC sont acheminées progressivement dans toutes les communautés nunavoises : «  La GRC joue un rôle essentiel en livrant les boites dans les communautés par avion. Quand des membres de la GRC vont dans des communautés et s’ils ont de l’espace dans leur avion, ils prennent des boites. Une fois arrivés, ils déposent les boites avec nos personnes contacts qui sont, la plupart du temps, des employés du ministère des Services à la famille », explique-t-elle en spécifiant que les vêtements sont ensuite remis aux résidents dans le besoin.

Crédit : Anika Bychok

Vers la fin juin, un trop fort volume d’articles occupait l’espace disponible dans le local de la Société Piviniit d’Iqaluit. Afin de pallier ce problème, le magasin a décidé de redistribuer les surplus de vêtements dans différentes communautés nunavoises.

Tout au long de l’été, 24 boites de vêtements usagés seront envoyées à différentes communautés à travers le Nunavut.

Une expulsion imminente Venant répondre à un besoin réel, les membres de la Société Piviniit aimeraient que ce projet se répète dans le futur, mais la suite des choses pour l’organisme est incertaine après avoir reçu un avis d’expulsion de deux mois par son propriétaire, le Centre d’alimentation communautaire Qajuqturvik. Ce dernier a récemment obtenu de nouvelles subventions qui permettront l’expansion de sa programmation dans les mois à venir, d’où le besoin de plus d’espace dans leurs locaux, dont une section est sous-louée à la Société Piviniit depuis 2009. Ainsi, d’ici la mi-septembre, la friperie devra quitter son emplacement actuel. Selon le conseil d’administration, cet avis de deux mois ne donne pas assez de temps pour trouver un nouveau local à Iqaluit où les espaces commerciaux à louer sont limités et les loyers très élevés. Une pétition a été lancée dans l’espoir de « sauver le magasin », elle contient déjà plus de 500 signatures. Une rencontre a été planifiée entre les deux organisations à la fin juillet pour discuter de projets futurs. 

Inscriptions 2021-2022 Chers parents, La CSFN vous invite à compléter l’inscription de votre enfant dès maintenant à l’un des programmes suivants en vue de la rentrée scolaire 2021-2022 :

Francisation préscolaire « La petite école » est de retour en 2021-2022! Il s’agit d’un programme de francisation de 10 heures par semaine destiné aux jeunes ayant droit de 4 ans en vue de bien préparer leur rentrée à la maternelle en français.

Maternelle à temps plein Votre enfant aura 5 ans au 31 décembre 2021? Alors, c’est le temps de l’inscrire au programme de la maternelle à temps plein offert à l’École des Trois-Soleils.

Primaire et secondaire Saviez-vous que la CSFN offre un programme complet d’études en français de la maternelle à la 12e année? Les élèves de la 9e à la 12e année peuvent compléter leurs études secondaires en français dans le cadre du programme francophone de la CSFN situé à l’école secondaire Inuksuk.

Emplois disponibles Pour connaître les postes disponibles à la CSFN, consulter notre site Internet à csfn.ca ou la page Facebook de la CSFN. Le Nunavoix

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Édition du 4 août 2021

Pour obtenir une copie des documents relatifs à l’inscription, ou pour toute question au sujet de nos programmes et services, veuillez communiquer avec la CSFN au 975-2660 ou l’École des Trois-Soleils au 979-5849.

Nous avons bien hâte d’accueillir votre famille au sein de la nôtre!

De la Côte d’Ivoire au Nunavut, le parcours audacieux de Christian Ouaka

Christian Ouaka occupe depuis le mois de décembre 2020 le poste de directeur général de l’Association des francophones du Nunavut (AFN).

Christian Ouaka n’avait pas encore 18 ans lorsqu’il a quitté la Côte d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest, pour venir étudier à l’Université de Moncton. Deux baccalauréats et une maitrise plus tard, il a «  fait son petit bonhomme de chemin » et occupe depuis le mois de décembre 2020 le poste de directeur général de l’Association des francophones du Nunavut (AFN). À 25  ans, il estime aujourd’hui que le goût de l’aventure, la curiosité, l’ouverture d’esprit et l’audace lui ont permis d’en arriver là, au nord du 60e parallèle. Ericka Muzzo (Francopresse)

« Si on regarde sur une carte, la probabilité que je quitte mon pays, qui est près de l’équateur, pour me rendre en Arctique était très, très faible. Mais là j’y suis et je suis très content! » lance Christian Ouaka.

Crédit : Courtoisie

Depuis son arrivée au Canada en 2013, il est également passé par Thunder Bay, dans le Nord de l’Ontario. Il y a occupé le poste d’agent de développement socioéconomique pour le Réseau de soutien à l’immigration francophone du Nord de l’Ontario. « Quand j’ai annoncé que je partais pour Iqaluit, un de mes amis a dit pour rigoler que j’étais en train de sortir de la Terre… J’étais à Moncton, je suis parti à Thunder Bay et maintenant je suis monté encore plus haut  », se souvient en riant le jeune directeur de l’AFN.

« Je me suis dit que s’il fallait aller à l’autre bout du monde pour avoir ce que je voulais, j’allais y aller, et quelque part, c’est un peu ce qui s’est passé! » ajoute-t-il en riant.

Il a beau être né à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire qui compte plus de quatre millions d’habitants, Christian Ouaka souligne qu’au Canada il a toujours préféré vivre dans de plus petites villes, comme Iqaluit. « J’ai toujours voulu découvrir l’Arctique parce que c’est quand même une région spéciale ; il fait froid, le soleil se couche tard, il y a des animaux qu’on ne voit pas dans le Sud […] Je me suis juste dit qu’il me fallait un autre manteau et je suis allé l’acheter! »

Une communauté multiculturelle tissée serrée Aujourd’hui, Christian  Ouaka se dit surtout «  très reconnaissant  » d’être là où il est. « Ce que j’ai pu accomplir, je ne l’ai pas accompli tout seul, ça a été grâce au concours de beaucoup de personnes. Je ne veux pas non plus m’assoir sur mes lauriers : c’est vrai que je suis jeune et que je suis directeur, mais du jour au lendemain ça peut changer et il faut toujours avoir la tête sur les épaules, ne pas devenir prétentieux ou arrogant », philosophe-t-il.

Un choix qu’il ne regrette aucunement après un premier hiver dans le Nord : « Dès qu’on se retrouve ensemble, toute la communauté, on ne sent même plus qu’il fait froid dehors. »

L’audace comme mot d’ordre

«  C’est une chose que je dis toujours à mes sœurs et à mes parents ; que si je commence à changer de personnalité ou de comportement, qu’ils me grondent un peu parce que je n’ai pas du tout envie de changer qui je suis! Je préfère rester le Christian qu’on a toujours connu », ajoute le directeur de l’AFN.

Outre la température, Christian  Ouaka se souvient d’avoir été surpris par l’architecture canadienne lorsqu’il est arrivé au Nouveau-Brunswick en 2013 : « En Côte d’Ivoire, presque toutes les maisons sont en brique et en béton, alors qu’ici c’est très rare de voir des maisons en béton ; ce sont plutôt les immeubles qui le sont. »

Il s’enthousiasme des nombreux projets en branle à l’Association, qui fête cette année son 40e anniversaire.

Il a également dû s’adapter à la langue de la région et particulièrement au chiac, qu’il « ne comprenait pas du tout! »

« Il y a la Maison de la francophonie qui est un gros projet, dont le but serait de réunir sous un même toit tous les organismes francophones basés à Iqaluit. En dehors de ça, il y a aussi le rayonnement de la francophonie au Nunavut, parce que très souvent les francophones en situation minoritaire sont comme mis à l’écart, un peu oubliés, donc il faut montrer que la francophonie est bien vivante au Nunavut et qu’elle rayonne à travers sa communauté! » souligne Christian Ouaka.

«  Quand j’étais en première année de sciences politiques, j’avais un cours d’économie et le professeur, dans les démonstrations, parlait de s’acheter un char. Dans mon pays, le char c’est un engin de guerre, un engin militaire! Ensuite j’ai compris qu’il parlait d’une voiture », se remémore Christian en riant. C’est la visite d’un représentant de l’Université de Moncton à son école secondaire, en Côte d’Ivoire, qui a convaincu le jeune homme de traverser l’océan Atlantique pour poursuivre ses études. «  J’ai choisi sciences politiques, mais en fait je ne savais pas vraiment ce que c’était en tant que tel… J’ai juste vu le mot “politique” et j’ai toujours aimé la politique! » se souvient Christian.

Celui qui a grandi «  dans un pays où les liens sociaux sont très forts  » a retrouvé avec plaisir ce sentiment à Iqaluit, notamment au sein de la communauté francophone qui compte  plus de 1000 locuteurs, selon le recensement de 2016. « À Iqaluit, les francophones sont des francophones de partout : des Français, des Africains francophones, des Canadiens francophones, des gens qui viennent d’Australie, du Madagascar, de Haïti. C’est vraiment un brassage culturel […] On est très fiers de ça à l’AFN et on travaille à développer cette francophonie plurielle là pour permettre l’épanouissement de la communauté », indique encore Christian Ouaka.

De fil en aiguille, le jeune étudiant d’alors a finalement décidé d’opter pour une majeure en sciences politiques, accompagnée d’une autre majeure en relations publiques. «  Je devais terminer en cinq ans, mais j’ai terminé en quatre ans et mon père m’a demandé ce que je voulais faire. Comme j’étais encore jeune et que j’avais reçu une invitation pour continuer à la maitrise, j’ai opté pour ça!  » relate encore celui qui a changé de branche pour se diriger en administration des affaires.

À titre personnel, il a pour projet d’inviter sa famille à le visiter « lorsqu’il fera moins froid » et que la pandémie le permettra, dans un ou deux ans : « Je veux qu’ils découvrent un peu l’autre extrême, parce qu’en Côte d’Ivoire, c’est toujours des températures au-dessus de 25 °C! »

Trouver un emploi n’a toutefois pas été si facile à Moncton. Au cours de ses études, Christian Ouaka a cumulé plusieurs petits boulots : homme de chambre dans un hôtel, assistant d’un professeur à l’université et travailleur dans une usine de crabe à Cap-Pelé – pas facile pour celui qui est allergique aux fruits de mer! Après avoir terminé sa maitrise, il a occupé pendant un an un poste d’éducateur en petite enfance à Moncton avant de se décider à quitter la région pour obtenir un emploi dans son domaine, à Thunder Bay.

Depuis qu’il est arrivé au Canada, Christian est retourné à seulement deux reprises dans son pays d’origine, en 2014 et en 2018. Cette année, il a bon espoir de pouvoir rentrer pour passer Noël avec sa famille : « Ça serait mon premier Noël avec eux depuis huit ans. »

C’est également ce qu’il recommanderait aux étudiants internationaux qui terminent leurs études : « Je dirais de ne pas hésiter à être audacieux. On a tous un peu peur quelque part, mais ce n’est pas quelque chose qui m’a arrêté dans ce que je voulais faire. J’essaye, et si ça marche tant mieux, et si ça ne marche pas je réessaye autrement! » relate Christian.

Le Nunavoix

Christian a également déposé en mars dernier sa demande de résidence permanente, via le programme Entrée express – expérience canadienne. Il prévoit que sa demande de citoyenneté canadienne suivra dès que possible, puisqu’il compte bien rester au moins un autre dix ans! 

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Crédit : Courtoisie

Nunami : un premier jeu de plateau pour apprendre certaines valeurs inuites Dans ce nouveau jeu de société, deux ou quatre joueurs s’affrontent sur six tuiles hexagonales (le plateau) en disposant des cartes triangulaires correspondant soit à l’Homme soit à la nature. Jeu de coopération et de stratégie, Nunami veut démontrer qu’une gestion saine d’un territoire est primordiale. Kelly Tabuteau (Articles de l’Arctique) Si Thomassie Mangiok a créé le jeu, il a été aidé par sa mère et sa fille ainée pour illustrer les cartes qui le composent.

En 2018, il décide de concrétiser son idée et lance une première campagne de financement participatif sur la plateforme Kickstarter. Cette plateforme aide des projets créatifs où les investisseurs n’y investissent pas uniquement de l’argent; ils reçoivent une contrepartie en échange de leur soutien, dans ce cas présent, un ou plusieurs exemplaires de Nunami. Ce premier essai est finalement un échec, M. Mangiok ne réussissant pas à atteindre l’objectif financier qu’il avait espéré. « J’en étais très heureux à la fin parce que ça m’a permis de développer une meilleure version du jeu », souligne-t-il.

Crédit : Thomassie Mangiok

Il retente une deuxième campagne en septembre 2019, qui, cette fois-ci, est un succès  : les sommes accumulées dépassent même l’objectif qu’il s’était fixé. Finalement, il reçoit un financement supplémentaire de la part de l’Administration régionale Kativik (ARK), ce qui lui permet de démarrer la commercialisation de son jeu de plateau. Il explique  : « Grâce à ma campagne de financement participatif, j’ai récolté un peu plus de 45 000 $, ce qui représentait 800 exemplaires du jeu. L’aide d’ARK m’a permis d’en produire 5 000 ! »

Tuiles hexagonales et cartes illustrées composent le jeu de plateau Nunami.

Accueil positif du public

Voilà un peu plus de six mois que le jeu de plateau Nunami est mis en vente sur le site Internet du même nom, comme sur Amazon. Pour son concepteur, l’artiste inuit Thomassie Mangiok, originaire d’Ivujivik au Nunavik, c’est la consécration ultime des efforts fournis au cours des dernières années pour élaborer un jeu, qui lui permet de promouvoir sa culture, sa langue et les valeurs de son peuple auprès du grand public.

Sur les 5000 exemplaires ainsi fabriqués, plus de 3000 se sont déjà écoulés, principalement au Québec, mais aussi dans le reste du Canada. M. Mangiok déclare : « Je voulais que la production se fasse au Canada, mais les couts étaient trop élevés. Je me suis donc tourné vers la Chine. » Que ce soit de sa communauté ou du public, les commentaires reçus sont très positifs sur le concept du jeu, qui nécessite un esprit critique obligeant les joueurs à se demander où favoriser la nature et où construire des habitations. « Un jeu fantastique, une fois que vous avez compris les règles. Mécanique simple, mais beaucoup de stratégie. Il s’est rapidement imposé dans ma rotation de jeu standard », peut-on notamment lire parmi les critiques Amazon.

De par son art, graphiste et concepteur de contenu numérique, M. Mangiok est un fervent défenseur de sa culture ou de sa langue, l’inuktitut. Il s’est notamment distingué grâce à la production de bandes dessinées, de films d’animation ou même grâce au développement d’une application en langue inuktitute, Inuit unikkausiliurusingit, qui permet aux utilisateurs de suivre l’histoire et les voyages d’une famille inuite dans l’Arctique. Dans son activisme, il aime transmettre certaines valeurs, dont celles du respect de la nature. Il confie  : « J’ai conçu Nunami pour que les gens comprennent mieux ce que c’est que de vivre dans le Nord. J’adore explorer la toundra et je voulais transmettre ce sentiment aux autres. Quand je suis dehors, je ne sais jamais ce que je vais voir, ni même qui je vais rencontrer. C’est ce que j’ai essayé de reproduire avec ce jeu de plateau, l’imprévisible. »

Quelques rétroactions ont cependant permis à Thomassie Mangiok de réviser la rédaction des règles du jeu qui pouvaient parfois être complexes à comprendre. Il avoue : « C’était finalement le point faible du jeu, j’ai appris à chaque étape puisque c’était nouveau pour moi. La dernière version des règles est bien meilleure que celle initiale. » Téléchargeables en ligne, en inuktitut, français, anglais et allemand, elles sont en cours de traduction en cri. Les cartes, elles, ne contiennent aucun texte, seulement des illustrations réalisées par M. Mangiok, sa mère Passa Mangiuk et sa fille ainée Pasa Mangiok, aujourd’hui âgée de 18 ans.

À chaque partie, le plateau est installé aléatoirement, rendant ainsi chaque expérience unique.

Symbiose avec la nature

De cette expérience, Thomassie Mangiok en tire beaucoup d’apprentissage qu’il est aujourd’hui prêt à partager aux autres. Il est notamment en train de préparer un nouveau projet, qui n’en est qu’à ses débuts : un cours en ligne, en inuktitut, sur le thème de la création de jeux de plateau. 

Inspiré de la culture inuite et des expériences vécues par M. Mangiok, Nunami, mot inuktitut signifiant « sur la terre », est un jeu éducatif qui prône une gestion équilibrée des ressources naturelles d’un territoire. Comme tout jeu, il y a nécessairement un gagnant, mais, ici, ce n’est pas celui qui a le plus de points ou celui qui possède le plus grand territoire qui remporte la partie. Jeu de collaboration et de stratégie, les joueurs, incarnant soit l’Homme, soit la nature (les cartes représentants divers éléments naturels, faune ou flore), doivent travailler ensemble pour apprendre à cohabiter.

Le Nunavoix Directeur : Christian Ouaka Rédactrice en chef : Gabrielle Poulin

Pour Mangiok, transmettre le message que « les animaux sont les égaux » de l’Homme était une valeur inuite essentielle : « Nous respectons les animaux. Si je tue un phoque, j’ai appris à lui donner de l’eau une dernière fois pour qu’il n’ait pas soif. On nous apprend à ne pas tuer pour le sport, mais pour la nourriture. » Le jeu vante donc les mérites d’une gestion saine des ressources naturelles pour renforcer la relation des humains avec la nature.

Merci à notre collaboratrice de la semaine : Karine Lavoie Si vous désirez collaborer au Nunavoix, être ajouté à la liste d'envoi ou faire paraître une publicité ou une annonce communautaire, veuillez communiquer avec nous à [email protected] Le Nunavoix est rendu possible grâce au soutien financier du ministère de la Culture et du Patrimoine du Nunavut et à Patrimoine canadien.

Financement participatif Si aujourd’hui Nunami est sur le marché, le processus de conception n’a pas été de tout repos et a pris de nombreuses années. Thomassie Mangiok a laissé germer l’idée quelques années avant de se lancer. « Vivre aussi isolé, dans une petite communauté, rend les choses difficiles, n’importe lesquelles. C’est difficile de trouver du financement, mais c’est aussi difficile de trouver des personnes pour tester le jeu », déclare-t-il.

Le Nunavoix

FIER MEMBRE

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